Dans cette vidéo, le Chef des placements Dan Chornous passe en revue les forces et les risques clés pris en compte dans ses prévisions de croissance optimistes. Il prévoit que l’inflation se stabilisera, que les taux d’intérêt à court terme s’aplatiront et qu’il discutera de ce que cela pourrait signifier pour les marchés des titres à revenu fixe et des actions.
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Transcription
Quelles sont vos perspectives pour l’économie ?
L’économie continue de profiter des réductions de taux d’intérêt et d’une quantité incroyable de mesures de relance monétaire et de programmes spéciaux, non seulement ici, mais partout dans le monde. Ce sera le cas pour le reste de 2021 et en 2022, même alors que la pandémie se terminera enfin, en quelque sorte.
Les conditions de croissance des 18 prochains mois s’annoncent tout simplement formidables. Bien sûr, parce qu’elles ont permis tout ce soutien, les finances publiques ont subi quelques dommages. Il faut donc s’attendre à des conséquences à long terme.
À court terme, cependant, c’est la santé des consommateurs qui importe encore plus. Les bilans sont assez bons, et la valeur nette aux États-Unis a atteint un sommet malgré les difficultés de l’année dernière. L’accumulation de dettes est possible grâce aux niveaux d’endettement assez faibles et aux taux d’intérêt vraiment très bas. Jamais les conditions n’ont été aussi favorables depuis que Ronald Reagan était président.
Ajoutons à tout cela l’importante demande refoulée que tous peuvent ressentir. Je pense que la croissance du PIB avoisinera les 6 % au Canada. Aux États-Unis, la croissance du PIB réel a été de 6,5 % cette année. On pourrait même atteindre une croissance d’environ 4 % l’an prochain, alors que la situation commercera à revenir à la normale, que la pandémie s’essoufflera et qu’une partie de la demande refoulée sera comblée.
En fait, si l’on tient compte de l’inflation, on arrive à des taux de croissance nominale qui dépassent ceux que la plupart d’entre nous n’ont jamais vus. On parle ici de 8 % ou de 9 %, voire un peu plus, pour de brèves périodes au cours des 12 prochains mois. L’avenir nous réserve des conditions très intéressantes.
Des risques pèsent-ils malgré tout sur vos perspectives économiques ?
Les perspectives économiques sont excellentes, mais il faut bien sûr tenir compte de certaines menaces. La pandémie semble tirer à sa fin, mais une quatrième vague pourrait survenir – sans compter les taux de transmission inquiétants de certains variants.
Nous supposons que cette menace se résorbera naturellement à mesure que le taux de vaccination de la population augmente. Bien entendu, il faut garder l’œil ouvert. D’autres tensions plus traditionnelles sont présentes sur la scène géopolitique. Le Moyen-Orient continue de préoccuper les investisseurs. Les tensions entre la Chine et les États-Unis n’ont pas disparu avec la nouvelle administration. Les relations sont même un peu tendues entre le Canada et son voisin du Sud en raison du protectionnisme qui subsiste malgré le changement de président.
Bref, l’avenir présente quelques obstacles, mais ceux-ci semblent gérables dans l’ensemble. Nous continuons donc de prévoir des conditions de croissance excellentes pour les 12 à 18 prochains mois.
Quel est votre point de vue à l’égard de l’inflation ?
L’inflation n’inquiète pas particulièrement les économistes ni les investisseurs depuis des dizaines d’années, ou presque. Elle a ralenti depuis le début des années 1980 et la venue de la discipline monétaire. Or, la hausse de l’inflation qu’on observe en ce moment est probablement la plus élevée depuis la période allant de 1980 à 1985.
Au moment où je vous parle, l’inflation dépasse 4 %, 4,5 %. Il y a des raisons derrière cette hausse et, fait très important, elle ne pourra pas durer. Prenons les goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement. Les points de comparaison sont assez faibles. En effet, on compare la situation sur un an, et il y a un an, nous étions en plein confinement presque partout dans le monde.
J’en parlais pas plus tard que ce matin avec Eric Lascelles, notre économiste. Il dit que les tout premiers indicateurs de l’inflation ont peut-être culminé ici, reste qu’il s’agit d’une menace très importante qu’il faut surveiller presque quotidiennement.
Les investisseurs et les banques centrales ne devraient pas se soucier des niveaux déclarés autant que des niveaux attendus. Le problème, c’est quand le marché s’attend à une hausse de l’inflation, qu’il se met à demander des rendements supérieurs en contrepartie, etc. Puis, le problème s’alimente lui-même, comme on l’a vu dans les années 1970 et 1980.
On n’en est pas encore là. Les attentes inflationnistes sont élevées selon les indicateurs de marché, mais elles ne sont pas bien loin des 2 %. C’est un point incroyablement important pour les investisseurs. Si l’on se trompe, et si les banques centrales tardent trop à relever les taux d’intérêt et à calmer les tensions inflationnistes, alors les taux d’intérêt vont augmenter et les cours boursiers vont tomber, car les valorisations ne peuvent pas supporter des taux bien plus élevés que les niveaux actuels. Bref, il faut absolument que les investisseurs suivent la situation de très près.
Que prévoyez-vous pour les titres à revenu fixe ?
Les perspectives économiques nous inspirent confiance pour les 12 à 18 prochains mois, mais à notre avis, il n’est pas vraiment nécessaire que les taux d’intérêt à court terme augmentent. En fait, il est possible qu’ils ne commencent qu’à augmenter que vers la fin de cet horizon.
L’économie a encore besoin de soutien tandis que nous tournons la page sur la pandémie. On sait que les banques centrales veulent s’assurer que la reprise est solide avant de retirer une partie de ce soutien. Avant même de relever les taux d’intérêt, elles voudront commencer par mettre un frein aux mesures d’assouplissement quantitatif. Bref, beaucoup d’eau peut couler sous les ponts d’ici là.
On se dirige donc vers des taux essentiellement stables à court terme, jusqu’à la fin de 2022, voire jusqu’au début de 2023. À l’heure actuelle, le taux des obligations du Trésor américain (le taux à 10 ans le plus important au monde, puisqu’il donne le ton pour tous les autres) se rapproche de 1,5 %. Donc, plus loin sur la courbe, les taux devraient culminer à environ 1,75 %, selon nous. Et même si nous faisons erreur, ils ne devraient pas monter bien plus haut que cela au cours de la prochaine année.
Le risque lié aux taux d’intérêt qui nous préoccupait plus tôt en 2021 a presque complètement disparu depuis que les taux ont augmenté, dans les trois ou quatre premiers mois de l’année. N’oublions pas les forces structurelles à plus long terme, qui devraient contenir les taux près des niveaux actuels.
Dans un stade ultérieur du cycle actuel, les facteurs qui nuisent à la croissance du PIB nominal, comme le vieillissement de la population et la préférence accrue pour l’épargne, laissent croire que les taux d’intérêt réels (compte tenu de l’inflation) ne dépasseront pas vraiment la barre de 0 % à 1 %, ce qui maintiendrait les taux obligataires à long terme en deçà d’une cible ultime de 3 % ou de 3,5 %. Attendez-vous à des rendements de moins de 5 % pour les obligations d’État au cours des 12 prochains mois. Et je ne crois pas que vous obtiendrez bien plus avec un coupon pendant très, très longtemps.
Que pensez-vous des actions ?
Plusieurs commentateurs trouvent que les valorisations des marchés boursiers sont préoccupantes, surtout aux États-Unis. Leur inquiétude est légitime : les actions américaines représentent presque 30 fois les bénéfices des 12 derniers mois.
D’un autre côté, je ne crois pas que les ratios cours/bénéfices vont revenir à des niveaux acceptables pour qui que ce soit. D’autant plus que l’on s’apprête à rapporter des bénéfices très, très élevés.
Pour ce qui est des bénéfices, compte tenu du genre d’économie que nous prévoyons, nous pensons qu’une forte hausse des produits est probable ; les marges pourraient passer de 8 % à 10 % aux États-Unis. Les bénéfices pourraient passer de 200 $ à 210 $ à la fin 2021, peut-être, jusqu’à disons 250 $ (et même un peu plus) à la fin 2022. On pourrait même accorder un ratio de 20 fois les bénéfices, ce qui est un peu plus que la normale, mais qui cadre avec le manque d’options vraiment intéressantes sur le marché des titres à revenu fixe, et avec un retour à des taux d’inflation plus raisonnables et à des taux d’intérêt stables, et l’on a des rendements d’environ 5 % aux États-Unis et de près de 10 % au Canada et en dehors de l’Amérique du Nord.
Nous avons maintenu des pondérations très fortes en actions tout au long de la période. Nous hésitons à les réduire malgré les valorisations élevées, car nous pensons que le marché s’attend tout simplement à une croissance très vigoureuse des bénéfices, et c’est ce qui se produira selon nous.
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