Les banques centrales de nombreux pays émergents ont réagi rapidement à la montée de l’inflation à la suite de la pandémie et ont amorcé le resserrement des conditions monétaires avant les banques centrales des pays développés. Nous entrons maintenant dans une situation sans précédent où les taux directeurs des pays émergents convergent avec ceux des taux des pays développés et devraient s’établir en deçà de ces derniers pour la première fois. Les taux d’intérêt corrigés de l’inflation se situent à des niveaux historiquement élevés dans les pays émergents, ce qui facilite la diminution des taux d’intérêt nominaux. Les taux directeurs ont déjà été abaissés au Brésil et au Chili, et nous nous attendons à ce que d’autres pays émergents fassent de même au cours des prochains mois.
Les cycles de resserrement précoces de nombreux pays émergents ont fait ralentir l’inflation, et les taux directeurs ainsi que les rendements obligataires semblent désormais avoir culminé dans de nombreux marchés. Par conséquent, les obligations des marchés émergents libellées en monnaie locale ont nettement surpassé celles des marchés développés ces dernières années. Contrairement aux obligations, les actions des marchés émergents ont continué d’afficher des rendements inférieurs à ceux des marchés développés, comme c’est le cas depuis dix ans. La faiblesse relative est en grande partie imputable à la Chine, qui représente près du tiers de l’indice MSCI Marchés émergents.
L’un des principaux problèmes de la Chine dans la foulée de la pandémie a été le manque de confiance des consommateurs à l’égard de l’économie, ce qui a entraîné une hausse des taux d’épargne et des dépenses de consommation anémiques. La Chine affiche déjà l’un des ratios de consommation par rapport au PIB les plus faibles au monde, et la libération du potentiel de consommation sera déterminante pour la croissance économique à long terme. Le repli de la consommation s’explique aussi par le fait que la Chine dispose d’un filet de sécurité sociale peu développé, ce qui signifie que les Chinois doivent épargner davantage pour payer les frais liés aux soins médicaux, à la vieillesse et à l’éducation.
Le gouvernement chinois a commencé à mettre en place de nouvelles mesures de relance au cours des derniers mois, notamment des règles assouplissant les exigences de mise de fonds pour les emprunts hypothécaires, dans le but de dynamiser le marché immobilier résidentiel. Cette mesure est importante, étant donné que l’immobilier représente l’un des principaux moteurs de la consommation en Chine. Nous nous attendons à d’autres mesures visant à stimuler la consommation, sous la forme de dépenses liées à l’aide sociale.
L’intensification des tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine, qui a imposé des barrières non tarifaires comme des quotas, a incité les partenaires commerciaux de la Chine à diversifier leurs chaînes logistiques. La part des importations américaines provenant de la Chine a atteint un sommet de 21 % en 2018 ; elle a depuis reculé à 14 %. Toutefois, la Chine dispose d’une main-d’œuvre hautement qualifiée, d’un écosystème industriel complet, de solides infrastructures et d’un vaste marché intérieur de la consommation. Ainsi, bien que la part des importations américaines provenant de la Chine ait diminué, sa part des exportations à valeur ajoutée continue de grimper, ce qui témoigne de l’amélioration soutenue de la compétitivité des exportations. La chaîne logistique environnementale de la Chine, qui représente un exemple de cette évolution, a contribué à compenser la perte de part de marché dans la chaîne logistique d’appareils électroniques.
Au cours des 30 dernières années, il y a eu quatre grands cycles de rendement des actions des marchés émergents, dont la durée a varié entre six et douze ans. Deux des cycles ont été caractérisés par un solide rendement relatif par rapport aux marchés développés, et deux cycles par un faible rendement. Le principal indicateur à long terme des rendements des marchés émergents par rapport aux marchés développés est la croissance des bénéfices exprimée en dollars américains. Le plus récent des cycles dure depuis maintenant 12 ans : au cours de cette période, la croissance annuelle des bénéfices dans les marchés émergents a été nulle, et le cycle a coïncidé avec une forte sous-performance par rapport aux actions des marchés développés.
Nous nous attendons à ce que le recul des taux d’intérêt des pays émergents au cours de la prochaine année se produise plus rapidement que dans n’importe quel pays développé, et à ce que la baisse des taux des pays émergents galvanise les bénéfices des sociétés de ces pays. À son tour, l’amélioration des perspectives de bénéfices des marchés émergents laisse entrevoir de meilleurs rendements relatifs pour les actions de ces marchés.
L’urbanisation représente un facteur important de la croissance du PIB des pays émergents sur le long terme. En général, nous avons observé une croissance du PIB par habitant à mesure qu’augmente le pourcentage de la population qui migre vers les villes. Par exemple, le PIB par habitant de la Chine a augmenté de façon exponentielle au cours des 30 dernières années, parallèlement à la montée en flèche des taux d’urbanisation. Certains des plus grands pays émergents en dehors de la Chine, notamment l’Inde et l’Indonésie, possèdent encore un fort potentiel d’urbanisation pour stimuler la croissance économique à long terme.
MSCI Marchés émergents : niveau d’équilibre
Valorisations et bénéfices normalisés
Source : RBC GMA
Du point de vue des valorisations, les actions des marchés émergents continuent de paraître particulièrement bon marché par rapport à celles des marchés développés. Les actions des marchés émergents se négocient à un escompte de 45 % par rapport aux marchés développés selon le ratio cours/valeur comptable, soit près du plus bas niveau en 20 ans. Le ratio CAPE de Shiller, fondé sur les bénéfices moyens sur dix ans corrigés de l’inflation, représente un autre indicateur qui donne à penser que la valorisation des marchés émergents est attrayante. Les marchés émergents se négocient à un ratio CAPE de 12,5, soit la moitié du ratio de 25 des marchés développés. Bien que les niveaux d’évaluation ne permettent généralement pas de prévoir de façon fiable les rendements à court terme, la relation à long terme entre les rendements boursiers et les valorisations est solide. Dans ce contexte, les valorisations actuelles des actions des marchés émergents semblent relativement intéressantes.
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