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Accepter Déclin
org.apache.velocity.tools.view.context.ChainedContext@7b839be2
Par  L.Bensafi, CFA, P.Kurdyavko, CFA 1 février 2023

En 2022, les investisseurs ont eu du mal à composer avec les turbulences des marchés mondiaux. Les marchés émergents offrent-ils un refuge en 2023 ? Cette année est-elle le début d’un nouveau régime ? Laurence Bensafi, gestionnaire de portefeuille et chef déléguée, Actions, Marchés émergents, RBC, et Polina Kurdyavko, première gestionnaire de portefeuille et chef, Marchés émergents, équipe Titres à revenu fixe BlueBay, BlueBay Asset Management LLP, se penchent, dans ce webinaire enregistré, sur les perspectives des marchés émergents en 2023 et parlent des répercussions pour les investisseurs.

Les sujets abordés sont les suivants :

  • L’impact de la levée des restrictions en Chine sur
  • La décarbonisation dans les marchés émergents
  • L’énigme du succès de la Turquie
  • Les perspectives entourant le conflit entre la Russie et l’Ukraine

Durée : 42 minutes 23 secondes (en anglais seulement)

Conférenciers :

  • Laurence Bensafi, Cheffe déléguée, Actions, Marchés émergents RBC, et gestionnaire de portefeuille, RBC Global Asset Management (UK) Limited
  • Polina Kurdyavko, Cheffe, Marchés émergents, et première gestionnaire de portefeuille Titres à revenu fixe BlueBay, BlueBay Asset Management LLP

Animé par :

  • Jason Pasquinelli, Premier directeur général et chef, Gestion relationnelle avec les consultants RBC Global Asset Management (U.S.) Inc.

Transcription

Bonjour et bienvenue. Je m’appelle Jason Pasquinelli. Je dirige les initiatives de RBC Gestion mondiale d’actifs en matière de Gestion relationnelle avec les consultants. Je vous remercie tous de vous être joints à nous pour notre septième webinaire annuel sur les marchés émergents. Nous avons décidé de l’intituler : « L’essor d’un nouveau contexte ». Nous espérons que vous trouverez la discussion d’aujourd’hui instructive. Nous y aborderons nos idées et nos réflexions concernant le nouveau contexte dans les marchés émergents en 2023.

Toutefois, avant de vous présenter les conférenciers d’aujourd’hui, j’aimerais régler quelques questions d’ordre administratif. Si vous avez des questions ou des commentaires tout au long de la discussion d’aujourd’hui, vous pouvez les soumettre en utilisant la fonction à cette fin qui s’affiche dans votre écran. Nous ferons de notre mieux pour les intégrer à la discussion. De plus, nous pourrons y répondre lors de la période de questions et réponses à la fin de la séance. Nous vous encourageons à poser le plus grand nombre de questions possible, et nous vous remercions à l’avance de prendre le temps qu’il faut pour ce faire.

Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas notre cabinet, RBC Gestion mondial d’actifs gère environ 400 milliards d’actifs et se compose d’équipes de placement spécialisées situées partout dans le monde. Chaque équipe s’engage à exceller dans sa catégorie de titres ou son segment de marché particulier, ce qui permet à nos clients de bénéficier d’un éventail diversifié de points de vue. Comme vous l’apprendrez aujourd’hui, les marchés émergents sont un segment dont nous avons une connaissance et expérience particulièrement approfondie ; nos bureaux responsables des actions de marchés émergents et des titres à revenu fixe y gèrent plus de 25 milliards de dollars.

Je suis accompagné aujourd’hui de deux de mes collègues londoniennes issues de l’équipe Actions, Marchés émergents de RBC Global Asset Management et de l’équipe spécialisée dans les titres à revenu fixe de BlueBay. Polina Kurdyavko, cheffe, Marchés émergents, et première gestionnaire de portefeuille, Titres à revenu fixe BlueBay, BlueBay Asset Management LLP, et Laurence Bensafi, cheffe déléguée, Actions, Marchés émergents et gestionnaire de portefeuille à RBC Global Asset Management (UK). Je vous suis très reconnaissant du temps que vous prenez aujourd’hui, et j’ai hâte d’entendre vos commentaires sur les marchés émergents.

Donc, peut-être pour avoir une meilleure idée du contexte, revenons sur l’année 2022. La flambée de l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et le raffermissement du dollar ont créé les pires conditions qui soient. Les investisseurs ont été coincés dans un marché en repli où ils disposaient d’une faible marge de manœuvre. Nous avons vu déferler une foule de rendements totaux négatifs dans de nombreuses catégories de titres, y compris dans le segment des marchés émergents. Peut-être que la meilleure façon de commencer est de demander à Mme Bensafi de nous résumer la situation actuelle dans le segment des actions.

Oui. Bonjour, Jason, merci beaucoup. Je pense qu’en ce moment, le regard sur les actions des marchés émergents commence à changer après, comme vous l’avez mentionné, une année plutôt mauvaise. Il s’agissait en fait d’une longue période de contre-performance des actions des marchés émergents, mais beaucoup abandonnent cette catégorie de titres parce qu’en réalité, la crise financière mondiale nous a plongés dans un contexte d’aversion pour le risque accompagné de taux d’intérêt peu élevés, de prix des produits de base bas et d’un dollar américain vigoureux. Tout cela a vraiment joué en faveur des actions américaines et non de celles des actions des marchés émergents.

Cela dit, il est très important de se rappeler qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Par le passé, les actions des marchés émergents ont affiché, pendant de longues périodes, des rendements supérieurs à ceux des actions des marchés développés et des actions américaines et, en parallèle, le billet vert a aussi connu des périodes de faiblesse prolongée. En général, quand le contexte change de la sorte, c’est en réponse à un événement important. La dernière fois, c’est une crise financière mondiale qui a précédé la longue période de contre-performance des actions des marchés émergents. Et ce que nous avons vécu récemment marque un autre grand tournant ; nous avons en fait subi deux chocs importants au cours des trois dernières années. Il y a donc eu la COVID-19 et, bien sûr, la guerre en Ukraine, et nous croyons que ces deux événements changent complètement la perspective par rapport à certaines questions. De fait, nous voyons l’émergence de deux nouvelles tendances qui auront des répercussions au cours des années et des décennies à venir, soit la démondialisation et la décarbonisation. À mon avis, plusieurs ont compris que ce n’était peut-être pas une bonne idée et qu’il était peut-être même dangereux de dépendre d’autres pays pour s’approvisionner en nourriture et en énergie ou pour obtenir de nombreux biens manufacturés, certains de ces pays n’étant pas nécessairement aimables, pour diverses raisons. En parallèle à ce changement que nous observons et à ces tendances qui, à notre avis, maintiendront l’inflation à un niveau élevé pendant plus longtemps, les taux d’intérêt et les prix des produits de base seront plus élevés tandis que le dollar sera plus faible, et tous ces éléments seront favorables pour les marchés émergents au cours des prochaines années.

À court terme, nous sommes convaincus que le principal moteur d’un rendement supérieur pourrait être le redémarrage en Chine, en raison de la façon dont les choses se sont passées, mais aussi parce que dans un contexte de croissance mondiale plus faible, si la croissance de la Chine gagne en force, l’écart entre la croissance économique des marchés émergents et celle du marché mondial se creusera de nouveau, ce qui est habituellement un bon indicateur du rendement supérieur des marchés émergents par rapport aux marchés développés. Enfin, le positionnement et les valorisations sont également très intéressants dans cette catégorie de titres. J’estime donc que tout cela est très positif pour les actions des marchés émergents après une période assurément difficile.

Merci, Laurence. Mme Kurdyavko, pourriez-vous nous faire part de vos réflexions sur la dette ?

Merci, Jason. Je dirais d’abord que nous bénéficions actuellement de vents favorables liés à une baisse de l’inflation puisque celle-ci a atteint son sommet, ou est sur le point de culminer, dans la majorité des pays des marchés émergents et, dans une certaine mesure, les diverses politiques monétaires adoptées dans les pays des marchés émergents sont assez orthodoxes, ce qui agit comme un facteur positif et fort pour la catégorie de titres dans son ensemble.

Le deuxième facteur favorable que Laurence a aussi mis en évidence est le contexte des dernières années dans lequel nous avons vu les prix des produits de base atteindre des niveaux relativement élevés. Cela contribue positivement, de façon assez substantielle, à la dynamique du compte courant des marchés émergents. De plus, notons que si les périodes de crises dans les marchés émergents clés ont tendance à commencer par une crise de la balance des paiements, ce n’est pas le cas cette fois-ci, puisque la dynamique du compte courant s’est améliorée, en moyenne, dans les marchés émergents.

De très forts vents favorables commenceront donc à souffler cette année. De plus, il est possible d’obtenir un rendement supérieur à 10 % même sur les indices de titres libellés en devises fortes. Les obligations d’État de marchés émergents en sont un exemple. Ces deux facteurs créent donc un contexte assez favorable pour les placements dans les marchés émergents. Toutefois, nous nous attendons à ce que la volatilité se maintienne au cours des prochaines années pour l’ensemble des actifs à risque, et les marchés émergents ne font pas exception. En ce qui concerne la source de cette volatilité, je dirais que nous nous attardons principalement à deux éléments.

Premièrement, un certain groupe de pays, ceux que nous qualifions de marchés frontières, ressent davantage le resserrement des liquidités à l’échelle mondiale et la hausse des taux de base. Leurs marchés en monnaie locale sont moins développés, et ils leur dette externe est très élevée. Ces pays pourraient être confrontés à des problèmes de refinancement de la dette et pourraient subir des restructurations, comme nous l’avons déjà vu dans un certain nombre de pays au cours des dernières années. C’est le cas du Sri Lanka et du Ghana, pour n’en citer que quelques-uns. Nous demeurons d’ailleurs très prudents dans les marchés frontières qui pourraient potentiellement rejoindre cette liste.

La deuxième source de volatilité vient des gouvernements bipolaires que nous voyons opérer dans les marchés émergents. J’utilise le terme « bipolaire » pour démontrer que si vous faites partie du gouvernement, ou si vous êtes le ministre des Finances, et que vous envisagez d’agir dans les deux ou trois prochaines années, il est clair que vous faites face à des contraintes budgétaires très élevées. Par conséquent, votre capacité de dépenser, pour des dépenses qui étaient requises en premier lieu, est relativement limitée compte tenu de la pandémie de COVID-19 et du contexte de légère récession auquel le monde est confronté aujourd’hui. En revanche, vous devez avoir un discours qui rejoint la population afin d’obtenir son soutien, ce qui nécessite souvent d’engager plus de dépenses. C’est ce phénomène que je veux souligner : souvent le gouvernement dit une chose, mais agit différemment, et cela crée de la volatilité en plus d’accentuer le risque d’agitation sociale.

En mettant tout cela en perspective, nous sommes plus optimistes, du point de vue des titres à revenu fixe, en ce qui concerne les obligations d’État libellées en monnaie forte et les titres de créance en monnaie locale, compte tenu des taux de change favorables que nous n’avions pas observés depuis plus de dix ans. Nous sommes cependant un peu plus prudents à l’égard des bilans des sociétés, en raison des perspectives et de la légère récession à l’échelle mondiale. Cela dit, nous sommes d’avis que le contexte actuel exige sans aucun doute de recourir à la gestion active compte tenu des vents contraires que j’ai mentionnés.

Merci, Polina. Donc, maintenant que nous avons parlé de l’état actuel des choses, intéressons-nous à 2023. Lorsqu’il est question des marchés émergents, je crois que la conversation gravite naturellement autour de la Chine et de son démarrage que nous commençons à observer. Polina, peut-être pouvons-nous commencer par vos réflexions concernant l’impact du redémarrage de l’économie chinoise sur le marché des titres de créance ?

Avec plaisir. Redémarrage en ChineJe dirais que la plupart d’entre nous ont été surpris par le rythme du redémarrage en Chine, et je crois qu’il est crucial de se demander quel en sera l’impact. À mon sens, cet impact se divise en trois aspects. Il y aura tout d’abord les répercussions sur les marchés financiers. Nous en constaterons aussi l’impact sur l’économie réelle et, en troisième lieu, sur la dynamique inflationniste. Commençons par les marchés financiers. À notre avis, les conséquences se sont répercutées sur les facilités de crédit d’une durée relativement courte, puisque nous avons observé une très forte hausse des prix des obligations, surtout dans les secteurs les plus en difficulté où, dans certains cas, les prix des obligations sont passés de 7 cents au dollar à 70 cents au dollar en deux mois.

Ainsi, nous pensons qu’à partir de maintenant, le rendement financier du crédit en Chine sera globalement conforme au reste de l’univers étant donné la sévérité de la correction jusqu’à présent. En ce qui concerne l’impact économique, nous pensons que cette tendance devrait soutenir, surtout à court terme, les perspectives de croissance mondiale, à mesure que le redémarrage progresse en Chine et que les chaînes logistiques se normalisent. C’est toutefois du côté de l’impact de l’inflation que se situe le plus grand débat, parce que la majorité du marché s’attend à ce que ce redémarrage soit légèrement inflationniste. Compte tenu de l’ampleur de la normalisation des chaînes logistiques, nous sommes d’avis que certains arguments misant sur l’effet désinflationniste du redémarrage pourraient, en soi, exercer une pression à la baisse sur l’inflation. Le cas échéant, nous considérerions qu’il s’agit d’un risque extrême positif. Si ce scénario se concrétise, nous estimons que les actifs à risque obtiendront de bien meilleurs résultats, au cours du premier semestre de cette année, que les estimations actuelles des analystes orientés vendeur le laissent entendre, tant du côté des titres de crédit que du côté des actions.

Laurence, avez-vous des réflexions sur les actions ?

Oui, du côté des actions, le redémarrage et la façon dont il s’est produit sont très favorables aux titres de la catégorie des actions. À court terme, nous sommes donc très optimistes pour cette catégorie de titres, car les taux du marché boursier chinois sont encore très proches des creux des 20 dernières années ; leur valorisation est donc très attrayante. Et le positionnement est aussi extrêmement bas. Ainsi, les fonds de couverture ont été les premiers à entrer dans le marché des actions il y a trois mois. Au cours des derniers mois, nous avons vu un grand afflux de capitaux dans les fonds des marchés émergents qui ont mis fin à leur sous-pondération, mais il reste encore beaucoup à faire, surtout en ce qui concerne les fonds d’actions mondiales, qui sont encore très fortement sous-pondérés en Chine.

En ce qui concerne la croissance économique, nous sommes d’avis qu’il y a un réel potentiel de hausse. Manifestement, le redémarrage a été beaucoup plus rapide que prévu, comme l’a dit Polina, et cela démontre que l’épargne excédentaire accumulée en Chine au cours des trois dernières années est énorme. De fait, ce montant est estimé à environ 3 billions de dollars, et il s’ajoute à une épargne déjà très élevée dans le pays. Nous pensons que cet argent va réintégrer l’économie, là où les gens vont d’abord sortir et voyager, et plus tard, mais probablement vers la fin de l’année, quand la confiance sera rétablie, le marché de l’immobilier recommencera à être attrayant. Nous pensons donc que la croissance du PIB pour l’année, estimée à environ 5 %, pourrait facilement dépasser ce pourcentage.

Autre aspect positif : vers la fin du mois d’octobre, l’année dernière, plusieurs croyaient que la Chine était devenue un pays où les investisseurs étrangers ne pouvaient plus investir. De toute évidence, certains redoutaient que le pays procède à un repli marqué, notamment parce que les relations avec d’autres pays étaient vraiment très mauvaises et continuaient de s’envenimer, et que l’accent n’y semblait plus être mis sur la croissance économique, mais sur d’autres éléments comme la réduction des inégalités.

J’estime donc qu’il s’agissait vraiment du point le plus bas pour les actions chinoises. Et comme je l’ai dit, la façon dont le redémarrage s’est produit et les commentaires qui ont été faits au même moment, indiquant que le pays allait se concentrer sur l’augmentation de la croissance économique et sur l’atteinte de l’objectif de croissance du PIB d’au moins 5 % pour l’année, ont été vraiment positifs pour la catégorie de titres et sont à l’origine du rebond important des actions chinoises auquel nous avons assisté. Et comme je l’ai affirmé précédemment, je crois qu’il y a encore place à la progression pour le reste de l’année.

Cela ne veut pas dire que les risques ont complètement disparu. Il y a encore beaucoup d’interrogations concernant la Chine. À plus long terme, la Chine devra vraiment commencer à se réformer et à se concentrer davantage sur la consommation pour continuer de croître à ce niveau, et d’importantes questions subsistent à cet égard. Évidemment, le président Xi concentre une grande partie du pouvoir, et nous prendrons pleinement connaissance de ses actes dans les prochaines années. Beaucoup d’investisseurs songent au risque qu’entraîne une trop grande concentration du pouvoir, puisque cela peut mener à un scénario semblable à ce que nous avons vu en Russie avec Poutine et, évidemment, le résultat final que nous connaissons.

Bref, les perspectives sont très positives à court terme pour le marché boursier, parce qu’il est sous-évalué et que peu d’investisseurs y détiennent des placements. Il pourrait nous réserver des surprises favorables dans un contexte de croissance économique. Mais à moyen et long terme, beaucoup d’interrogations subsistent.

Merci, Laurence. J’ai écrit le mot « décarbonisation » dans vos commentaires du début de la session. La décarbonisation et la Chine : il s’agit d’un thème très costaud. J’aimerais que vous vous prononciez là-dessus, et que vous nous disiez si quelque chose pourrait remettre en question la thèse de la décarbonisation.

Oui, en fait, je pense que la décarbonisation était déjà un thème qui nous intéressait beaucoup, et nous pouvions voir cela dans les grands pays importateurs d’énergie comme la Chine et l’Inde. La décarbonisation faisait déjà l’objet d’une attention grandissante, plus particulièrement dans les segments des énergies renouvelables. Mais avec la COVID-19, et plus encore avec la guerre en Ukraine, il devient vraiment nécessaire pour beaucoup de ces pays de réduire drastiquement leur dépendance à certains pays dont plusieurs, comme je l’ai dit au début, ne sont pas très amicaux. Donc même si beaucoup de pays en Asie achètent encore de la Russie, ils ne sont pas très à l’aise de le faire. Par conséquent, ils ont vraiment accéléré la transition. L’homme le plus riche en Inde, Gautam Adani, qui a récemment fait les manchettes, a construit sa fortune... Nous pourrons en reparler plus tard, mais disons seulement qu’il a fait fortune grâce aux énergies renouvelables en Inde. Ainsi, comme il est vraiment important pour ces pays de devenir indépendants en termes de production d’énergie, ils continueront à investir. Ce faisant, les pays qui bâtiront une industrie de production crédible et très avancée obtiendront un autre avantage. Par exemple, la Chine est le plus grand producteur de panneaux solaires au monde. 90 % de l’ensemble des panneaux solaires est construit en Chine, et ils sont propriétaires de la chaîne de valeur entière ; des composantes les plus en amont aux modules. C’est donc une tendance d’une importance capitale dans de nombreux pays des marchés émergents, et je crois, comme je l’ai dit, que nous l’observerons pendant de nombreuses années.

En ce qui concerne les risques, je pense qu’il y en a plusieurs. L’un d’eux est certainement celui d’une grande récession à l’échelle mondiale. Le cas échéant, cela coûterait cher. Il faut investir beaucoup d’argent dans les énergies renouvelables, et pour le moment, seuls les pays qui peuvent se le permettre, soit ceux qui n’ont pas à rembourser sur-le-champ un grand nombre d’investissements, le font. L’énergie renouvelable coûte plus cher à produire au début, du moins en ce qui concerne les dépenses en immobilisations. Il est donc possible que nous assistions à un ralentissement des dépenses. Mais pour nous, dans nos pays, c’est un mouvement qui prendra réellement de l’ampleur au cours des prochaines décennies. Aussi, les marchés émergents sont dans une très bonne posture puisqu’ils ont deux éléments essentiels : du soleil et de l’espace. En comparaison avec l’Europe, qui a la même volonté de développer son secteur des énergies renouvelables, celle-ci doit d’abord relever plusieurs défis pour être en mesure de fabriquer ce qui est nécessaire, alors que nous n’avons pas ce problème dans beaucoup de nos pays.

Merci. Polina, la décarbonisation et les thèmes similaires ont-ils disparu du radar en ce qui concerne les titres de créance ?

Pour ajouter à la réflexion de Laurence concernant le passage à l’énergie renouvelable en Inde, je voudrais aussi souligner que nous avons vu, dans certains pays du Moyen-Orient, des efforts accrus au cours de la dernière année ou année et demie pour réinvestir l’excédent généré par la vente d’énergie dans des projets plus durables, et je pense que c’est une bonne nouvelle.

Lorsque je réfléchis à l’avenir, je crois que deux aspects de la décarbonisation seront primordiaux, et qu’elle sera aussi confrontée à deux contraintes principales. Le premier aspect est la communication de l’information, et le deuxième est le financement. En matière de communication de l’information, je pense que nous avons constaté une amélioration de la part des entreprises, car elles comprennent que c’est ce qui intéresse le plus les investisseurs, mais cela nous donne aussi une grande marge de manœuvre pour nous engager, à la fois auprès des entreprises et des États. Je souligne d’ailleurs que notre engagement pris avec le gouvernement brésilien pour contrer la déforestation ces dernières années a été très efficace, étant donné qu’il exigeait une meilleure communication des données et un plus grand engagement des États en faveur des politiques de décarbonisation.

Le deuxième aspect est le financement. Comme Laurence l’a souligné, le financement peut être un défi dans les marchés émergents, surtout en contexte de raréfaction des liquidités. Cela dit, du point de vue des titres à revenu fixe, nous n’avons jamais vu autant d’intérêt pour les fonds liés aux critères ESG puisqu’ils peuvent aider les sociétés et les États à améliorer leurs cibles ou à atteindre leur objectif d’élaborer une politique énergétique durable. Et nous estimons qu’il y a un grand appétit pour le financement au moyen d’instruments fondés sur les principaux indicateurs de rendement, particulièrement dans le contexte actuel, afin d’atteindre ces objectifs. Je crois donc qu’il est possible de générer un rendement positif, mais aussi de contribuer à la décarbonisation des marchés émergents dans le segment des titres à revenu fixe.

Très bien. Polina, poursuivons avec vous. La Türkiye a récemment fait les manchettes dans les médias. C’est l’un des pays qui réduit ses taux, alors que pratiquement tout le monde les augmente. Votre équipe vient de publier un billet de blogue à ce sujet. Pouvez-vous nous éclairer au sujet de la Türkiye ?

Merci, Jason. La Türkiye est en effet un pays qui défie les lois de la gravité depuis quelques années. Mais je pense aussi que c’est un pays qui s’est créé un problème. Ce problème aurait été relativement facile à résoudre il y a plus d’un an, mais cela sera plus difficile dorénavant.

En fait, moi-même, les membres de mon équipe, ainsi que Laurence et certains membres de l’équipe Actions RBC, avons voyagé ensemble en Türkiye, il y a quelques mois, pour faire une vérification diligente sur le terrain et observer le coût de cette politique peu orthodoxe.

Nous croyons donc qu’en ce qui concerne l’État, le président a probablement réussi à obtenir créer des liens et des amitiés stratégiques qui ont été très utiles en matière de financement. Mais du point de vue des entreprises et des banques, cette politique peu orthodoxe a, dans une certaine mesure, paralysé le secteur bancaire, compte tenu des contrôles administratifs et des quelque 200 règlements imposés aux banques. Elle a ébranlé l’avantage concurrentiel des entreprises turques, étant donné l’appréciation réelle de 40 % de la lire turque au cours de cette seule année, qui a rendu moins coûteux la production de biens dans d’autres pays voisins, que ce soit en Europe de l’Est ou même au Moyen-Orient plutôt qu’en Turquie.

Et ce problème de compétitivité, à notre avis, sera désormais beaucoup plus difficile à résoudre à long terme. Nous sommes donc prudents à l’égard de la Türkiye. Parmi tous les actifs investissables, nous pensons que ceux dans lesquels nous pouvons encore investir sont les titres de créance libellés en devises fortes. En revanche, nous pensons qu’il faut faire preuve d’une grande prudence en ce qui concerne les titres de créance en monnaie locale de même que les titres de créance de sociétés et les titres de créance d’émetteurs financiers, en raison des risques qui y sont associés actuellement.

Nous espérons que le gouvernement prendra conscience du coût à long terme de ces politiques sans trop tarder.

Merci, Polina. Laurence, qu’en est-il des actions en Türkiye ?

En ce qui concerne les actions, les investisseurs étrangers se tiennent vraiment à l’écart du marché boursier turc depuis des années, car ils se méfient assurément des politiques économiques du président Erdoğan. Mais l’année dernière, le marché boursier turc était, je crois, le plus performant au monde. Il a augmenté de 90 % dans l’année, ce qui est réellement extraordinaire.

Et les investisseurs étrangers n’y ont aucunement participé. Cette hausse est attribuable à tous les investisseurs du secteur détail locaux, qui se sont servis du marché boursier comme d’une couverture contre une inflation vraiment élevée, dans un contexte de très grande faiblesse des taux d’intérêt, comme vous l’avez mentionné. Il n’y avait donc pas beaucoup d’options d’investissement, donc les gens ont misé sur le marché boursier. Et maintenant que l’inflation a commencé à baisser dans le pays, nous commençons à voir un recul de ces investissements.

Ainsi, je dirais qu’en ce qui concerne les actions, il est très peu probable que les investisseurs reviennent sur le marché boursier avant la tenue des élections. Ils voudraient voir un changement de leadership, un changement de politique, et je pense qu’ils ne réinvestiront pas dans ce pays sans un changement à la tête celui-ci. Les investisseurs étrangers reviendront au lendemain d’un changement à la présidence, après en avoir évalué les conséquences.

Mais il convient de noter que la Türkiye pourrait devenir, une fois de plus, un pays très intéressant dans lequel investir comme elle l’était par le passé, en raison de sa taille, de la taille de sa population, de la jeunesse de sa population, de son potentiel de croissance, et de la très grande qualité de ses entreprises ou sociétés en elles-mêmes. Il s’agit donc d’un pays qu’il vaut toujours la peine de surveiller, car des changements, espérons-le, surviendront à un moment donné, et ils pourraient se traduire par d’excellentes occasions pour les investisseurs.

Merci, Laurence. Il n’est pas vraiment possible d’animer un webinaire sur les marchés émergents ces jours-ci sans parler de la Russie et de l’Ukraine. Peut-être que nous commencerons par vous, Polina. En ce qui concerne vos réflexions sur la fin de l’invasion, si elle se produit en 2023, quelles en seront les conséquences ? Je vous laisse la parole.

Merci, Jason. Nous pensons que le retrait des troupes russes de Kherson a été le début de la fin de la guerre. Et notre scénario de base est que la guerre se terminera d’ici la fin de l’année.

Nous estimons que la fin de la guerre pourrait avoir certaines conséquences dans les marchés financiers. Évidemment, nous pensons en premier au prix des produits de base. Même si, à moyen terme, nous pensons que le régime de sanctions a une meilleure corrélation avec l’ampleur de la guerre, et que les sanctions ne devraient pas changer de sitôt sauf en cas de changement de régime, nous pensons qu’il y a un potentiel de volatilité du prix du pétrole, notamment dans l’éventualité où la guerre prendrait fin. Ainsi, nous pensons que si allons trop loin en territoire baissier, cette baisse du marché risque d’être compensée, car le prix d’équilibre à long terme du pétrole devrait se situer quelque part entre 50 et 60.

En outre, nous sommes d’avis qu’il est très important de mettre l’accent sur le projet de reconstruction de l’Ukraine, et c’est ce sur quoi nous nous concentrons, car l’Ukraine aura de grands besoins de financement, garanti ou non garanti, pour remettre le pays sur pied. Espérons que cela aura lieu le plus tôt possible.

Merci, Polina. Laurence, pouvez-vous nous faire part de ce qui en est du côté des actions ?

Oui. Pour ce qui est des actions, la Russie était un marché important avec une forte exposition aux marchandises, par exemple. De nombreux investisseurs détenaient des placements dans ce marché boursier, donc ce qui s’est passé a causé une réelle commotion. Et évidemment, maintenant que les sanctions sont tombées, il n’est plus question d’y investir.

Je crois d’ailleurs qu’il faudra attendre plusieurs années avant que les investisseurs en actions reviennent sur le marché russe. Et comme l’a mentionné Polina, je pense qu’un tel retour nécessitera certainement un changement de garde dans le pays. Cela prendra du temps. Cela dit, cette catégorie d’actifs bénéficiera grandement de la fin de la guerre, dénouement auquel nous espérons assister dans les prochains mois.

Excellent. Merci. Nous allons maintenant passer à la période de questions de l’auditoire. Et il semble y avoir quelques questions concernant les placements en actions en Amérique latine. Laurence, nous avons été témoins des manifestations au Brésil et d’une certaine activité au Pérou. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’Amérique latine en général ?

Il s’agit d’un segment délicat du marché des actions. C’est très volatil [inaudible]. Nous avons assisté à de nombreux changements de dirigeants dans ces pays. Et comme vous l’avez dit, il y a eu une augmentation des gouvernements de gauche ainsi qu’une forte opposition à ceux-ci. Nous avons vu les manifestations dans de nombreux pays. Et les valorisations le reflètent bien. Ces pays sont donc assez attrayants, mais nous sommes prudents et nous les évaluons vraiment au cas par cas.

Dans le cas du Brésil, je pense que les manifestations ne sont pas si conséquentes. Il n’y avait aucun risque que nous assistions à la fin de la nouvelle administration, et je pense que c’est maintenant derrière nous. Le principal risque découle plutôt de ce que la nouvelle administration va entreprendre.

Et je dirais que cela a commencé plutôt mal. Surtout lorsque nous nous penchons sur la politique budgétaire actuelle. Il est clair que le Brésil doit réduire ses dépenses. Et nous devons voir les réformes se poursuivre, les bonnes réformes mises en œuvre par l’administration précédente. Beaucoup de points soulèvent encore des interrogations au Brésil, mais il s’agit clairement de l’un des marchés les moins chers en ce moment parmi les marchés émergents. Nous avons donc l’impression que beaucoup de choses ont déjà été prises en compte au Brésil, ce qui justifie l’intérêt pour ce pays.

Le Pérou se trouve dans une situation différente, qui est très préoccupante en raison des manifestations et des grandes violences qui y ont lieu. Des élections vont probablement avoir lieu plus tôt que prévu dans ce pays. Encore une fois, il s’agit d’une situation qui pourrait évoluer rapidement. Ce marché boursier demeure néanmoins intéressant du point de vue de la valorisation. Ce sont les principales nouvelles pour ce continent.

Mais j’ajouterais une dernière chose au sujet de l’Amérique latine. Cela paraîtra peut-être étrange parce que ce n’est pas ce que les gens auraient dit il y a quelques années, mais le pays le plus intéressant est probablement le Mexique. Et cela nous ramène au sujet de la mondialisation.

Le Mexique semble être l’un des principaux bénéficiaires de ce phénomène Nous voyons déjà beaucoup d’entreprises délocalisées s’installer au Mexique, car il s’agit du meilleur endroit pour réexporter vers les États-Unis. On constate donc une grande activité dans le pays. Le secteur bancaire, par exemple, pourrait en tirer parti puisqu’il a connu une forte augmentation de son activité, en particulier dans le segment du crédit.

Il s’agit donc d’un marché très volatil, où l’on trouve aussi quelques opportunités.

Merci, Laurence. Il semble y avoir deux ou trois questions. Je vais vous les poser ensemble, Polina. Elles concernent le crédit dans les marchés émergents : étant donné que les taux américains sont élevés, quelle est l’incidence d’une augmentation potentielle des défauts de paiement ?

Merci, Jason. Au cours des dernières années, nous avons vu une augmentation des taux de défaillance du côté des titres d’État, alors que du côté des sociétés, nous avons pratiquement vu une bifurcation vers la défaillance. Ainsi, du côté des sociétés, les prévisions de défaillance s’établissent à environ 7 % pour le segment du marché des placements à rendement élevé, au cours des 12 prochains mois. Mais si nous examinons les particularités des candidats visés par les prévisions de défaillance, nous constatons qu’ils sont en fait très fortement axés sur l’immobilier chinois, ainsi que sur les titres de crédit russes et ukrainiens qui, en moyenne, se négocient autour de 30 cents au dollar. On peut donc dire que le taux de défaillance attendu est en grande partie inclus dans le prix.

Du côté des titres d’État, le plus haut taux de défaillance était vraiment centré sur les économies frontières. À cet égard, comme je l’ai mentionné plus tôt, nous restons tout de même prudents parce que nous pensons que ces pays ont besoin d’un plus grand soutien en plus de celui des créanciers multilatéraux et commerciaux. Ainsi, nous invitons le FMI à faire preuve d’un peu plus de souplesse dans son utilisation du nouveau cadre commun, pour s’assurer que tous les créanciers se concertent et trouvent des paramètres acceptables pour restructurer ces pays. Parce qu’en fin de compte, ce n’est pas l’ampleur de la marge de sécurité qui détermine le succès de la restructuration d’une dette souveraine, ce sont plutôt le moment auquel la restructuration a lieu, les politiques en place après la restructuration et la disponibilité du financement après la restructuration.

Et nous sommes très actifs à cet égard. Nous collaborons avec un certain nombre d’institutions multilatérales pour essayer d’établir un nouveau cadre permettant d’éviter que les défauts de paiement élevés, qui se situent entre 5 % et 9 %, piétinent pendant plusieurs années, et qu’ils deviennent plutôt un événement ponctuel, en quelque sorte, dont l’effet est largement pris en compte dans les marchés frontières en ce moment même.

Laurence, il y a encore quelques questions au sujet de l’Inde. Les dernières années ont été très fructueuses pour ce pays. Que pensez-vous des valorisations dans les marchés boursiers indiens ?

Oui, l’Inde est intéressante. Comme vous l’avez dit, les valorisations y sont assez élevées au lendemain de cette bonne remontée. Nous avions d’ailleurs signalé le risque d’un rendement inférieur, dans nos perspectives publiées en décembre.

La principale raison, à l’époque, était ces valorisations, qui sont très proches de leur plus haut niveau absolu. De plus, avec le redémarrage en Chine, beaucoup d’argent passe du marché indien au marché chinois, et le mouvement se fait généralement de l’un vers l’autre.

En parallèle, les investisseurs du secteur détail qui occupent une grande partie du marché boursier indien se sont détournés des actions pour se tourner vers les obligations dont les taux d’intérêt étaient plus élevés.

Dans une perspective à long terme, nous continuons de croire que l’Inde est certainement l’un des meilleurs exemples des marchés émergents en raison de sa taille, de la jeunesse de sa population, de son potentiel de croissance et des réformes qui ont été mises en place ces dernières années, mais le problème est qu’à la fin de l’année dernière, les valorisations y frôlaient la perfection, tandis qu’en Chine, elles frôlaient la catastrophe. Et c’est l’écart entre les deux qui est problématique. En soi, l’Inde est loin d’être parfaite. J’ai mentionné précédemment l’histoire de Adani Group. Elle nous rappelle que certaines entreprises indiennes ont encore des problèmes de mauvaise gouvernance et que la corruption s’y produit toujours.

Nous ne savons donc pas exactement ce qui s’est passé, mais il est probable que le cours de certaines sociétés du groupe ait été manipulé à un certain niveau afin d’obtenir plus de financement. Si cela a pu se produire au sein du plus grand groupe du pays et que l’organisme de réglementation n’a rien vu ou n’a rien fait, cela ne peut que susciter des inquiétudes et des interrogations chez les investisseurs en Inde.

Je pense donc que l’Inde traverse une période intéressante en ce moment. Il était aussi [inaudible] pour les investisseurs de se tourner vers d’autres pays à la traîne. Mais oui, la situation est intéressante en Inde. Les placements y sont encore très attrayants à long terme, mais à court terme, je pense que nous observerons une augmentation de la pression et de la surveillance en matière de gouvernance d’entreprise au pays.

Merci, Laurence. Nous avons une ou deux questions sur les tensions entre la Chine et Taïwan. Polina, voudriez-vous partager vos réflexions sur cette question ?

Merci, Jason. Nous pensons qu’il est peu probable que la Chine envahisse Taïwan, si c’est ce que sous-entend la question. Bien sûr, il est difficile de prévoir de tels événements. Je sais que nous avions pu prévoir l’escalade en Russie pour nos portefeuilles, mais ce type d’événements reste très difficile à prédire.

La raison pour laquelle nous ne pensons pas que cela se produira est que, en réalité, cette éventualité dépend de deux facteurs. Tout d’abord, la Chine doit se concentrer sur la relance économique à ce stade, compte tenu des deux années de politique zéro COVID-19, qui ont fortement miné les données fondamentales du pays. Aussi, après avoir observé l’évolution de ce que l’on pourrait appeler la « crise russe », je crois que la Chine fera preuve de plus de prudence avant de lancer toute opération militaire, étant donné le temps que cela peut prendre, mais aussi compte tenu des éléments inattendus, du point de vue russe, dans l’évolution de la guerre.

Nous estimons donc que cette probabilité est très faible en ce moment.

Merci, Polina. Pour conclure cette période, nous terminerons par une question à laquelle vous pouvez répondre toutes les deux. Elle porte sur les plus grands risques que vous avez toutes deux constatés en ce qui concerne le rendement des marchés émergents en 2023. Polina, peut-être commencerons-nous par vous.

Hier, j’étais à l’une des grandes réceptions des spécialistes des ventes. Il s’agissait d’un événement sur la macroéconomie où nous discutions des risques pour les marchés émergents. Et je pense que pendant les 45 premières minutes de la réception, tout le monde ne parlait que de l’inflation. Mais pour moi, ce n’est pas le risque auquel nous sommes confrontés dans les marchés émergents et à l’échelle mondiale. À mon sens, la question cruciale cette année n’est pas l’inflation. Ce sont plutôt les considérations budgétaires. Je crois que c’est à ce niveau que résident les risques réels.

J’ai mentionné au début de la présentation que nous nous retrouvons avec des gouvernements bipolaires partout dans le monde, qui ont du mal à accorder leurs discours à leurs actes. La Colombie est un exemple récent d’un discours porté par un président de gauche, qui a remporté le vote public et qui a reçu le soutien de l’opinion publique. Ce président veut, d’une part, promettre des mesures plus à gauche, mais, d’autre part, il veut aussi fonctionner avec un budget très serré parce que le pays n’a pas les moyens de se permettre un budget souple. Il n’est évidemment pas facile de porter un tel message. Et je pense que même si jusqu’à présent, en Colombie, ils ont réussi à faire passer ces idées, il en résulte néanmoins plus de volatilité.

C’est pourquoi je crois que dans tous les secteurs des marchés émergents comme dans les marchés développés le facteur sous-jacent de la volatilité sera la rigueur budgétaire. Mais aussi le risque que des troubles sociaux surviennent. Et la capacité à soutenir une dette qui peut se détériorer en raison de la discipline budgétaire.

Laurence, qu’en est-il de ton côté ?

En ce qui concerne les actions, je pense qu’en plus du risque d’une récession plus importante que prévu, qui aurait évidemment un effet négatif dans tous les marchés boursiers à l’échelle mondiale, l’un des risques réels est la relation entre les États-Unis et la Chine. Une guerre commerciale a eu lieu il y a quelques années. Et ce qui s’est produit au courant de la dernière année, en plus de tout le reste, n’a pas aidé. La relation entre les États-Unis et la Chine s’est vraiment détériorée. Et de grandes interrogations persistent.

Récemment, il semble y avoir une légère amélioration entre les deux pays. En fait, ils ont vraiment besoin l’un de l’autre. Et leurs disputes n’aident personne. Mais nous courons toujours le risque que leurs différends s’aggravent.

Aussi, le fait d’avoir isolé complètement la Russie et de la traiter comme un paria sur la scène mondiale est une chose, mais si cela devait arriver à la Chine, les conséquences seraient complètement différentes pour tout le monde.

Nous devrons donc attendre de voir comment la situation évoluera, mais la Chine représente encore plus de 30 % de notre indice. Il est donc primordial de tenir compte de ce qui se passe en Chine. Et je pense que si la relation avec les États-Unis s’aggrave au lieu de s’améliorer au cours de l’année, les répercussions seront plutôt défavorables.

Merci à vous deux. L’équipe du marketing a été assez aimable pour installer cette horloge géante derrière mon épaule gauche, pour s’assurer que nous respections l’horaire.

Je tiens donc à vous remercier tous les deux pour votre éclairage aujourd’hui. Je tiens aussi à remercier tout le monde d’avoir participé, en particulier ceux qui ont posé des questions. Si nous n’avons pas répondu à votre question, nous allons faire un suivi et nous communiquerons avec vous sous peu ; nous voulons nous assurer que toutes les questions soumises aujourd’hui obtiennent une réponse.

Je souligne en outre que l’équipe de Laurence et l’équipe de Polina produisent régulièrement une grande quantité de publications sur le leadership avisé. Je vous invite à consulter notre site Web pour en prendre connaissance. Vous pouvez y lire tout ce qu’elles ont publié. Vous pouvez également y voir la rediffusion de notre présent entretien. (Un lien sera ajouté ici)

Nous enverrons également un courriel de suivi. Et c’est tout le temps que nous avions pour aujourd’hui.

Je remercie tout le monde d’avoir été à l’écoute, et je vous souhaite une bonne journée.

Merci.

Merci beaucoup.


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