Dans sa première mise à jour de l’année, Jeremy Richardson livre ses réflexions sur 2022 et se penche sur les perspectives de la nouvelle année.
Les investisseurs ont cru récemment que ce qui était traditionnellement bon était devenu mauvais, et vice-versa, recevant avec scepticisme les données économiques positives, en raison des craintes d’une hausse de l’inflation. La tendance est-elle sur le point de changer ou devrons-nous anticiper d’autres incertitudes ?
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Transcription
Bonjour, je m’appelle Jeremy Richardson et je fais partie de l’équipe Actions mondiales RBC. Je vous présente aujourd’hui une nouvelle mise à jour. Je voudrais vous faire part de quelques réflexions à propos de ce qui se passe sur les marchés en ce moment.
J’ai l’impression que vers la fin de 2022, nous avons passé beaucoup de temps à penser que ce qui est bon est mauvais, et que ce qui est mauvais est bon, dans le contexte du marché. Autrement dit, les investisseurs ont accueilli les nouvelles économiques positives avec une touche de scepticisme, redoutant qu’elles indiquent des forces inflationnistes plus puissantes qui conduiraient à des taux d’intérêt encore plus élevés, alors que bien sûr, les hausses de taux d’intérêt ne sont pas favorables aux valorisations du marché de façon générale.
Maintenant, le vent a tourné. Pour quelle raison ? Eh bien, je pense que c’est parce qu’aux États-Unis, nous venons de connaître deux mois de données d’inflation légèrement meilleures que ce que le marché attendait. Et je crois que c’est important, parce que cela encourage les investisseurs à considérer, disons, que l’inflation a déjà culminé.
Et si c’est le cas, les investisseurs pourraient être en mesure d’anticiper le pic des taux d’intérêt. Et bien sûr, lorsque nous voyons le pic des taux d’intérêt, cela signifie que la hausse des taux d’intérêt commence à avoir moins d’impact négatif sur les valorisations, et qu’il y a moins de dynamique négative pour la catégorie d’actif en général. Donc c’est un changement plutôt bénéfique, je dirais. Nous avons mentionné par le passé que l’éventail des résultats attendus était assez large, donc cela signifierait, je pense, un rétrécissement de l’éventail des résultats, et à mon avis, ce serait un facteur favorable.
Mais avant de nous laisser emporter par ces tendances positives que nous commençons à déceler, nous devons être conscients que de nouvelles incertitudes font leur apparition. Et l’incertitude la plus importante concerne, je pense, ce qu’impliqueront ces taux d’intérêt plus élevés, ces conditions monétaires plus strictes, pour les bénéfices des sociétés. C’est quelque chose que nous n’avons jamais connu. J’en suis sûr, la plupart d’entre vous gardent à l’esprit que de nombreux économistes et stratèges parlent de récession pour l’année 2023. Et c’est vrai. On a l’impression que de nombreux consommateurs se comportent déjà comme si une récession était en marche, mais nous n’avons pas encore vu de répercussions significatives dans les bénéfices des sociétés. Nous n’en sommes pas encore là, en ce début de 2023, et la prochaine période des résultats sera un excellent moyen de déterminer la gravité de la baisse des bénéfices, si elle se produit. Donc à mon avis, les investisseurs sont dans l’expectative, ils observent ce qui se passe, et ils regardent le paysage en se demandant jusqu’où les estimations de bénéfices pourront descendre avant de toucher le fond.
Toutefois, si nous regardons vers l’avenir, peut-être jusqu’au deuxième semestre de l’année, nous espérons qu’à ce stade les estimations de bénéfices auront atteint un plancher. Et s’ils atteignent un plancher, et cela se combine au fait que peut-être, la hausse des taux d’intérêt commence à montrer des signes d’apaisement, peut-être pourrions-nous même anticiper des réductions d’ici la fin de 2024. Un tel contexte serait beaucoup plus positif, je pense, pour la catégorie d’actif en général. Et je dirais que c’est en fait là que les prévisions générales du marché commencent à se consolider, et le consensus est assez fort. Et cela me semble tout à fait raisonnable, cette division de 3 à 6 mois d’incertitude en ce qui concerne les bénéfices des sociétés, puis un second semestre civil plus solide.
Mais si vous me demandez où se situe l’équilibre des risques dans ces prévisions générales, je pense que si vous m’aviez posé cette question l’année dernière, j’aurais dit que tout était assez équilibré. Mais aujourd’hui, je suis plutôt d’avis que l’équilibre des risques se déplace vers le côté positif. Et la raison pour laquelle je dis cela est que les sociétés ont maintenant l’occasion de prendre leurs propres mesures pour protéger leurs bénéfices. Et nous commençons à voir les premiers signes de cette tendance, avec les publications de plusieurs sociétés dans les journaux, et aussi dans certaines conversations que nous avons eues avec des sociétés.
Parmi les bons exemples, de nombreuses sociétés technologiques revoient leur base de coûts et réduisent une partie de leurs charges opérationnelles afin de refléter les changements de la conjoncture économique. Nous voyons aussi des signes que les prix des marchandises, notamment les prix de l’énergie, commencent à se répercuter sur le coût des biens vendus. Et c’est aussi, je pense, peut-être, une dynamique positive. Il existe donc quelques leviers que les équipes de direction peuvent actionner pour tenter de protéger leurs bénéfices. Et il est donc possible que dans certains secteurs du marché, nous ayons des surprises positives par rapport aux attentes plutôt prudentes.
Et je pense que pour nous, investisseurs fondamentaux, j’espère que c’est une dynamique positive dont nous pourrons tirer profit, étant donné que nous passons beaucoup de temps à essayer de nous concentrer sur les sociétés de qualité qui disposent d’équipes de direction efficaces, qui bénéficient d’une forte capacité d’exécution, et qui excellent dans l’exploitation de leurs activités.
L’autre chose que nous regardons de près, c’est l’environnement de risque, d’autant plus que les risques se sont avérés très élevés au cours de l’année 2022. Certaines données récentes ne sont pas aussi mauvaises que celles que nous avions connues jusqu’à présent. Donc encore une fois, un peu d’espoir, quelques petits signes d’encouragement, parce que si nous constatons une amélioration dans l’environnement de risque, cela aussi, à mon avis, soutiendra la catégorie d’actif en général. Et ce que nous avons vu dans le passé, c’est qu’un meilleur environnement de risque a tendance à créer un environnement plus propice aux sélectionneurs de titres. Il semble que dans ce genre de situation, l’incertitude macroéconomique s’estompe, ce qui permet à l’alpha des actions de se régénérer.
J’espère que vous avez apprécié ma présentation, et j’ai hâte de vous retrouver bientôt.