La constitution d’un portefeuille ne se limite pas à une collection de meilleures idées. En tant qu’investisseurs actifs, nous savons que le risque ne peut pas être évité. Il est donc important de comprendre les risques inhérents à ces meilleures idées pour réussir en placement.
La gestion des risques de portefeuille fait partie intégrante de la philosophie de placement, qui définit les buts ou objectifs de l’investisseur et, par conséquent, transforme l’investissement systématique en un exercice de prise de risque reproductible.
Le marché sous-estime souvent l’incidence des facteurs extrafinanciers des entreprises, créant ainsi des inefficiences exploitables. Nous sommes d’avis qu’il est important de prendre des risques conformes à cette croyance. Ce sont de tels risques que nous voulons prendre dans nos portefeuilles et qui devraient générer de bons résultats (« risques intentionnels » ou « risques propres aux actions »). Notre philosophie de placement ne tient cependant pas compte des risques non intentionnels fortuits, dont les effets sur le rendement prévu sont inconnus.
Risque intentionnel et rendement : la parfaite combinaison
Comme investisseurs, nous pensons comme des propriétaires d’entreprise à long terme et considérons toutes les formes de capitaux d’une entreprise. Nous ne nous limitons pas aux données que nous fournissent les informations financières traditionnelles, mais regardons aussi à ce qui fait la particularité d’une entreprise, à savoir le lancement d’un produit novateur ou un changement positif au sein de la direction.
Nous utilisons les critères ESG et nous concentrons sur des aspects spécifiques qu’aucune autre société ne communique. Cela nous permet d’identifier les sources de risques intentionnels, c’est-à-dire le type de risque que nous, investisseurs actifs, qui privilégient la méthode ascendante de sélection des titres, souhaitons voir prendre. Le marché évalue souvent mal ces sources de risques.
Nous devrions, en nous assurant que les profils de risque de nos portefeuilles intègrent majoritairement ces risques propres aux actions, obtenir des rendements attrayants ajustés au risque.
C’est un exercice risqué.
Il est également essentiel de gérer les risques résiduels en regard des risques non intentionnels, notamment les risques liés aux taux d’intérêt, à la monnaie ou au pays.
L’utilisation de modèles de risque peut permettre de relever les tendances cachées au sein des portefeuilles et d’éviter de mauvaises surprises aux investisseurs. Notre philosophie de placement n’intègre pas de tels risques qui sont susceptibles d’accroître la volatilité et laissent les résultats au hasard. Ils doivent par conséquent être contrôlés, réduits et diversifiés.
Il est, par exemple, facile de choisir une société spécifique en se fondant sur sa marque et sa technologie, et d’ignorer le pays où elle se trouve. Les rendements du portefeuille pourraient alors être compromis au cas où se produirait un événement à risque dans ce pays.
Il faut se rappeler que les placements sont un monde complexe où se produisent fréquemment des événements. Et il existe de nombreuses sources de risques secondaires non intentionnels. La diversification peut permettre de les atténuer. Les investisseurs tireront avantage en leur capacité à savoir quand il leur faut détenir moins d’actifs selon leur conviction ou en rajouter pour diversifier les risques secondaires connexes. C’est l’un des défis inhérents à la constitution efficace d’un portefeuille.
Il s’agit d’un exercice d’équilibre.
Un portefeuille qui se concentre sur ces sources de risques intentionnels devrait pouvoir offrir les meilleurs rendements corrigés du risque si nous arrivons à définir les risques propres aux actions. Les risques courants qu’ont en commun plusieurs entreprises deviennent des produits dérivés non intentionnels. Ce pourrait être le pays de constitution, le type d’industrie, la taille d’une entreprise ou le type de matières premières qu’achète une entreprise.
Il est normalement impossible d’acheter un alpha propre aux actions non associé à une exposition systématique aux facteurs de risque (bêta), mais en pratique il est possible d’atténuer leur incidence sur les rendements du portefeuille grâce à la diversification. Plus il y aura des sources de risques non intentionnels, moins le portefeuille sera exposé à chacune d’elles, et il est moins probable que leur rendement aura moins tendance à augmenter.
L’alpha propre aux actions peut être fort utile, puisqu’il peut non seulement aider à obtenir des rendements progressifs, mais aussi aider à diversifier les sources de rendement. La nature non corrélée des alphas offre des avantages de diversification potentiellement précieux aux investisseurs qui cherchent à obtenir des primes de risque et à bâtir un portefeuille efficace offrant des rendements optimaux en contrepartie d’un niveau acceptable de risque.
Conclusion
Nous croyons que les risques propres aux actions continueront de favoriser les rendements des titres de grandes entreprises qui affichent des valorisations attrayantes dans toutes les conditions boursières.
Cela signifie, en pratique, que le rendement relatif à long terme est déterminé par les sociétés détenues, et non par des expositions aux risques non intentionnels ; autrement dit, il découle de la performance supérieure générée par la sélection des actions. Une entreprise qui a une excellente équipe de direction (caractéristique propre à une entreprise) pourra être gérée de façon responsable, faire preuve d’ingéniosité et de résilience. Ce sont deux caractéristiques que les investisseurs recherchent particulièrement dans un contexte d’incertitude.
Le secteur des placements continuera d’évoluer, mais nous sommes d’avis que le risque actif axé sur les grandes entreprises capables de tirer parti des occasions dans un monde de changements continuera d’offrir éventuellement de la valeur au fil du temps.