Aperçu
Cette semaine, le #MacroMémo présente un résumé des dernières tendances liées au virus avant de traiter d’un large éventail d’enjeux économiques et politiques. Un aperçu des élections canadiennes, les mauvaises surprises sur le plan économique, les difficultés des fabricants asiatiques et les nouvelles concernant le marché américain de l’emploi aux États-Unis figurent parmi les sujets abordés. Nous nous intéressons aussi à ce que font les ménages américains avec leur épargne, à la question de savoir s’il faut s’inquiéter de la récente baisse du PIB canadien et aux perspectives concernant les banques centrales des pays développés. Enfin, nous nous penchons sur l’inflation élevée et discutons de la pénurie de micropuces.
Dans l’ensemble, les tendances liées à la COVID-19 sont devenues un peu moins préoccupantes, tandis que celles relatives à l’économie se sont détériorées.
Diminution des cas de COVID-19
À l’échelle mondiale, les infections et les décès attribuables à la COVID-19 continuent de diminuer (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 dans le monde
Au 2 septembre 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
L’amélioration se limitait initialement aux pays émergents. Cependant, on commence maintenant à observer certains changements positifs dans les pays développés (voir le graphique suivant).
Nombre de cas de COVID-19 dans les pays émergents et dans les pays développés
Au 12 septembre 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien d’infections. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
Il est à noter que les fluctuations des infections mondiales ont semblé suivre une tendance récurrente (voir les barres bleu clair dans le graphique suivant) au cours des trois dernières vagues. Le nombre de nouveaux cas par jour augmente pendant environ deux mois, puis diminue pendant environ deux mois, avant de commencer un autre cycle.
Le taux de transmission dans le monde tourne autour du seuil critique de 1
Au 12 septembre 2021. Le taux de transmission correspond à la variation sur sept jours de la moyenne mobile sous-jacente sur sept jours du nombre de nouveaux cas par jour, lissée à l’aide de la moyenne mobile sur 14 jours. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
Le processus est possiblement aussi mécanique qu’il paraît, la flambée des chiffres suscitant une plus grande prudence, d’où la baisse subséquente des infections. Nous soupçonnons toutefois qu’il s’agit surtout d’une coïncidence. Autrement dit, on ne peut pas vraiment prédire avec exactitude l’arrivée et la fin de chaque vague.
La vague de l’automne dernier a été favorisée par l’assouplissement des restrictions, le refroidissement des températures et la réouverture des écoles. Des règles plus strictes sont ensuite venues renverser cette tendance au début de l’année. Le variant Alpha, plus contagieux que la souche originale, a alors pris le dessus. Le nombre de cas a bondi jusqu’à ce qu’un pourcentage suffisant de personnes soient vaccinées et que le taux d’infection rebaisse. Enfin, le variant Delta, encore plus contagieux, s’est imposé, poussant les infections plus haut. La croissance des taux de vaccination, le vaccin obligatoire dans certaines situations, les passeports sanitaires et la prudence accrue de la population semblent maintenant faire reculer les chiffres.
En bref, plusieurs vagues n’auraient jamais eu lieu sans la survenue des variants, et les vagues précédentes auraient mis plus de temps à se résorber sans l’intervention des vaccins. Il n’y a rien d’automatique dans tout cela. De même, rien ne garantit que les infections continueront de chuter, d’autant plus que le temps se refroidit dans l’hémisphère nord.
Au Royaume-Uni, le taux d’infection demeure élevé et légèrement en hausse, mais avec un niveau tolérable d’hospitalisations, de sorte que le pays choisit de maintenir l’ouverture complète (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et hospitalisations causées par la COVID-19 au Royaume-Uni
Au 12 septembre 2021. Sources : OMS, Our World in Data, Macrobond, RBC GMA
Néanmoins, le taux d’hospitalisation continue d’augmenter, ce qui signifie que nous ne pouvons pas conclure avec certitude que l’approche du Royaume-Uni est un succès. Fait plutôt inquiétant, l’Écosse est maintenant aux prises avec un nombre de cas très élevé et un taux de mortalité croissant (voir le graphique suivant). Elle a été un indicateur précurseur pour le Royaume-Uni lors des vagues précédentes et a ouvert ses écoles avant le reste du pays.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 en Écosse
Au 9 septembre 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
Au Canada, la courbe du nombre quotidien d’infections semble s’aplatir (voir le graphique suivant). Au niveau provincial, les chiffres se sont provisoirement stabilisés en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec. Il reste à voir si cette tendance se maintiendra avec le refroidissement des températures et la rentrée des classes.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 au Canada
Au 12 septembre 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
Il est encourageant de constater qu’aux États-Unis, le nombre de cas semble maintenant diminuer, lui qui était en train de culminer au moment de la rédaction de notre dernière mise à jour (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 aux États-Unis
Au 12 septembre 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
Le nombre d’États américains où les données sur les infections quotidiennes étaient en hausse a plongé assez assez abruptement, passant de la quasi-totalité à moins de la moitié (voir le graphique suivant).
Nombre d’États américains dont le taux de transmission est supérieur au seuil clé de 1
Au 13 septembre 2021. Le taux de transmission correspond à la variation sur sept jours de la moyenne mobile sous-jacente sur cinq jours du nombre de nouveaux cas par jour, lissée au moyen de la moyenne mobile sur sept jours. Un taux de transmission supérieur à un signale une augmentation du nombre quotidien de nouveaux cas. Comprend Washington D.C. Sources : Haver Analytics, Macrobond, RBC GMA
L’amélioration est particulièrement marquée dans les États qui ont été les plus touchés, comme la Floride (voir le graphique suivant). Dans la mesure où la Floride n’a pas officiellement resserré ses restrictions au cours des derniers mois, il semble que le résident moyen se comporte plus prudemment ou que la protection contre le virus ait atteint un niveau élevé grâce à l’effet combiné de la vaccination et des infections.
État de la Floride
Au 10 septembre 2021. Données sur les hospitalisations avant le 10 juillet 2020 provenant du U.S. Department of Health & Human Services (HHS). Sources : Centers for Disease Control and Prevention (CDC), HSS, Macrobond, RBC GMA
La prudence a la cote
Le public préfère toujours les passeports sanitaires et l’obligation de se faire vacciner aux confinements comme mesures de contrôle de la pandémie. Aux États-Unis, la Maison-Blanche s’est récemment aventurée sur la voie du vaccin obligatoire. Après avoir imposé cette exigence au personnel fédéral, elle a fait de même pour toutes les entreprises comptant plus de 100 employés, faute de quoi ces derniers devront subir un test chaque semaine. Ce décret couvre un total impressionnant de 80 millions de travailleurs américains. De plus, les employés de tous les hôpitaux du pays qui reçoivent des fonds de Medicare ou de Medicaid devront aussi être vaccinés.
Au Canada, l’Alberta a récemment rétabli le port obligatoire du masque. Elle a aussi retardé les plans visant à mettre fin à son programme de dépistage, de recherche de contacts et d’isolement et a instauré un incitatif de 100 $ pour les personnes qui se font vacciner.
Enfin, nous pouvons supposer que les gens se comportent plus prudemment de leur propre chef. Il n’y a pas eu de changement important dans les mesures imposées par les gouvernements ni dans les données récentes sur la mobilité. Et pourtant, probablement à cause du variant Delta, les Américains font preuve de plus de prudence. Des rapports anecdotiques d’entreprises révèlent une récente baisse des sorties au restaurant et du tourisme. Entre-temps, faisant écho au comportement des consommateurs durant la phase initiale de la pandémie, Procter & Gamble signale une augmentation de la demande de papier hygiénique et d’essuie-tout. De toute évidence, certaines personnes se terrent à nouveau chez elles.
Le secteur manufacturier de l’Asie est affaibli
Les fabricants asiatiques éprouvent des difficultés, en grande partie parce que le variant Delta touche finalement le continent, qui avait réussi à repousser les vagues précédentes. L’indice des directeurs d’achats du secteur manufacturier de sept pays d’Asie du Sud-Est a chuté pour un troisième mois consécutif, s’établissant maintenant à seulement 44,5, soit bien en deçà de la barre des 50, qui indique une production stable.
Certains pays de la région se remettent de la dernière vague, notamment l’Indonésie. D’autres par contre, comme les Philippines et le Vietnam, affichent encore des niveaux d’infections élevés.
L’indice Caixin du secteur manufacturier chinois a également reculé, de 50,3 à 49,2. Il signale ainsi une contraction pour la première fois depuis que la reprise a commencé en avril 2020. Le nombre de cas reste extrêmement faible en Chine, mais, en raison de sa politique de tolérance zéro, le pays a ordonné la fermeture temporaire de plusieurs usines et ports névralgiques.
Un autre problème entrave l’activité en Chine. Les travailleurs migrants ne sont pas tous retournés dans les usines après la première phase de la pandémie. Fin 2020, leur nombre avait décru de cinq millions par rapport à 2019. Certains craignent d’être infectés en ville ou au travail et d’autres préfèrent un emploi dans le secteur des services, dont la croissance explose à mesure que le pays s’enrichit.
En résumé, les perturbations de la chaîne logistique ne sont pas uniquement attribuables aux changements des habitudes de consommation des Occidentaux, mais aussi au fait que l’offre est inférieure à la demande. Cette distorsion devrait également s’atténuer au fil du temps, mais elle s’ajoute aux facteurs qui empêcheront l’inflation élevée de revenir à la normale à court terme.
Décélération de la croissance
L’activité économique a récemment ralenti. Selon le Livre beige de la Réserve fédérale américaine, la croissance a légèrement ralenti en juillet et en août, probablement à cause du variant Delta, la décélération étant principalement attribuable à des activités à contacts fréquents, comme les sorties au restaurant, les voyages et le tourisme. Les pénuries d’approvisionnement dans les secteurs de l’automobile et de l’habitation ont également freiné la croissance.
L’indice du secteur des services de l’Institute for Supply Management (ISM) est passé de 64,1 (excellent) à 61,7 (très bon). Notre indice de l’activité en temps réel montre également un ralentissement de la reprise économique (voir le graphique suivant).
L’activité économique croît moins rapidement aux États-Unis
Au 4 septembre 2021. L’indice d’activité économique correspond à la moyenne de neuf séries de données économiques à périodicité élevée mesurant la variation en pourcentage par rapport à la même période en 2019. Sources : Bank of America, Goldman Sachs, OpenTable, Macrobond, RBC GMA
Il n’est donc pas étonnant que les surprises économiques ne soient plus extraordinairement positives comme au début de la reprise, quand presque toutes les données dépassaient les attentes. À l’heure actuelle, les données déçoivent les prévisions générales (voir le graphique suivant).
Les surprises économiques tombent en territoire négatif à l’échelle mondiale
Au 7 septembre 2021. Sources : Citigroup, Bloomberg, RBC GMA
Par ailleurs, les prévisions moyennes de croissance à court terme du PIB des États-Unis ont baissé. Parmi les prévisionnistes les plus optimistes, certains ont considérablement réduit leurs projections, en particulier pour le troisième trimestre de 2021. Selon GDPNow, le modèle de la Réserve fédérale d’Atlanta que beaucoup considèrent comme fiable, la croissance s’établira autour de 4 % au troisième trimestre, alors que les prévisions générales avoisinent 6,5 %.
Pour notre part, nos prévisions sont déjà quelque peu inférieures à la moyenne pour l’année à venir.
Cela dit, il demeure évident que l’économie américaine croît et se rapproche peu à peu de la normale. D’après le Livre beige dont nous parlions précédemment, la plupart des entreprises demeurent optimistes quant aux perspectives à court terme en dépit des récents obstacles.
Par ailleurs, bien que tragiques et coûteux, le passage de l’ouragan Ida à La Nouvelle-Orléans et les ravages qu’il a causés ailleurs aux États-Unis risquent peu de causer un choc économique important. Les digues et les pompes de La Nouvelle-Orléans ont tenu le coup et la production de pétrole n’a été interrompue que temporairement.
Résilience du marché américain de l’emploi
En créant seulement 235 000 emplois en août, le marché américain de l’emploi a inscrit des résultats inférieurs aux attentes générales, qui étaient de 733 000. Cela dit, cette piètre performance ne nous inquiète guère pour les raisons suivantes :
- Les 235 000 emplois créés en un mois (auxquels s’ajoutent 110 000 autres emplois, compte tenu des révisions nettes) sont nettement supérieurs aux besoins démographiques sous-jacents. C’est donc dire que les personnes au chômage continuent de retourner sur le marché du travail. La baisse du chômage, qui est passé de 5,4 % à 5,2 %, vient appuyer cette théorie.
- Force est de constater que la piètre performance découle en grande partie du variant Delta. En effet, le secteur des loisirs et de l’hébergement n’a pas créé de nouveaux emplois en août.
- Le nombre de demandes initiales de prestations de chômage continue de baisser à vue d’œil : au cours de la dernière semaine, il a reculé pour passer à tout juste 310 000 (voir le graphique suivant).
Les inscriptions au chômage aux États-Unis atteignent leur creux de la pandémie
En date de la semaine se terminant le 4 septembre 2021. La zone ombrée représente une récession. Sources : Département du Travail, Haver Analytics, RBC GMA
- Il ne faut pas en déduire que les entreprises ne tentent plus d’engager de travailleurs, puisque les postes à pourvoir sont toujours à des sommets sans précédent (voir le graphique suivant). En fait, les chômeurs semblent réticents à retourner au travail (mais on pourrait dire que les employeurs devraient les attirer en augmentant les salaires).
Les postes à pourvoir aux É.-U. n’ont jamais été aussi nombreux
En date de juillet 2021. Estimations pour toutes les entreprises non agricoles du secteur privé. La zone ombrée représente une récession. Sources : Bureau of Labour Statistics des États-Unis, Macrobond, RBC GMA.
Le recul structurel du taux d’activité de la population, causé par les départs à la retraite anticipés pendant la pandémie, a beaucoup fait parler de lui. Cependant, ce phénomène est temporaire : les personnes concernées auraient pris leur retraite d’ici quelques années de toute façon. Pendant ce temps, et tant que le télétravail demeure une option viable, une nouvelle catégorie de candidats pourrait tenter d’entrer sur le marché du travail grâce à la tombée des limites géographiques et aux nouvelles possibilités de choisir son horaire.
Une autre source de discussions est la fin, aux États-Unis, de nombreux programmes gouvernementaux d’aide aux chômeurs. L’exemple le plus récent est l’expiration, au 6 septembre dernier, des prestations fédérales de chômage de 300 $ par mois.
Les optimistes diront que ce changement pourrait inciter encore plus de personnes à réintégrer le marché du travail, ce qui est possible. Mais en pratique, des études comparant l’expiration de prestations spéciales dans certains États à leur reconduite dans d’autres États révèlent que l’expiration des programmes n’entraîne pas nécessairement une hausse de l’emploi.
Quant aux pessimistes, ils sont d’avis que la fin des prestations supplémentaires nuira aux dépenses de consommation, ce qui est également possible. Dans les faits, les consommateurs n’ont déployé qu’une infime partie de l’épargne excédentaire qu’ils ont accumulée pendant la pandémie. On pourrait dire à tout le moins que cette situation viendra réduire le transfert de richesse de l’État vers les ménages.
Actifs de ménage liquides
Toujours en ce qui concerne la richesse supplémentaire des ménages, nous avons soutenu par le passé que les dépenses ne devraient pas augmenter soudainement, et pour cause. À ce moment-là, les ménages n’avaient toujours pas dépensé leur épargne supplémentaire, et ce, même si des secteurs économiques avaient repris leurs activités après les avoir interrompues.
Aujourd’hui, force est de constater que ces prévisions tiennent de moins en moins la route pour deux grandes raisons :
- Tout d’abord, même si les ménages n’ont effectivement pas dépensé leur épargne supplémentaire, le retour pur et simple à un taux d’épargne normal pourrait encore augmenter la part des revenus consacrée aux dépenses de plusieurs points de pourcentage.
- Ensuite, d’après une analyse des instruments employés par les ménages, les produits qui connaissent la plus forte augmentation des dépôts sont également les plus liquides, par exemple les dépôts à terme ou avec privilège de chèques, ainsi que les fonds du marché monétaire (voir le graphique suivant). Malheureusement, ces produits n’ont pas profité de l’appréciation importante qu’ont connue les prix de presque toutes les autres catégories d’actifs – des habitations jusqu’aux actions. Cela dit, les consommateurs n’auront qu’à dépenser cette somme ou à l’investir dans les actifs à long terme mentionnés plus tôt.
Évolution des actifs financiers détenus par les ménages américains et les OSBL
Au T2 2021 pour l’épargne personnelle, au T1 2021 pour les autres chiffres. Sources : Haver Analytics, RBC GMA.
Rien à craindre pour le Canada
Au cours du dernier mois, l’économie canadienne a généré des chiffres étonnamment faibles. En effet, le PIB pour le deuxième trimestre a reculé de 1,1 % sur une base annualisée, alors que les prévisions moyennes tablaient sur un gain de 2,5 %. Parallèlement, les chiffres préliminaires de Statistique Canada laissaient présager une baisse supplémentaire de 0,4 % en juillet.
Mais tout n’est pas aussi sombre qu’il y paraît. Le recul du deuxième trimestre, bien que techniquement inattendu, n’est pas totalement surprenant. On considère généralement que l’économie canadienne s’était contractée en avril et en mai en raison des mesures de confinement qui avaient été prises à l’époque, de sorte que cela n’a laissé qu’un mois de croissance. De plus, alors que le PIB a chuté de 1,1 %, la demande intérieure a augmenté de plus de 3 % au cours du trimestre. Les Canadiens ont continué de dépenser. Les exportations ont tiré l’économie vers le bas, en grande partie à cause des exportations d’automobiles qui ont diminué de 18,9 %, notamment en raison de la pénurie de puces.
La baisse du PIB en juillet est plus difficile à comprendre. D’autres indicateurs mettent en évidence une reprise de l’activité économique durant cette période. Par exemple, 94 000 personnes ont trouvé un emploi en juillet. Cela nous porte à examiner la situation de plus près.
Les données économiques du mois d’août sont excellentes : 90 000 emplois supplémentaires ont été créés et l’indice PMI Markit de l’industrie manufacturière canadienne a grimpé à un niveau élevé. L’étude menée par la National Federation of Independent Business (NFIB) sur l’ouverture à l’égard des petites entreprises montrent également des signes d’optimisme.
Nous prévoyons une certaine décélération de l’économie canadienne au cours des prochains mois en raison de la propagation du variant Delta. Mais jusqu’à présent, l’évolution a été plus positive qu’il y paraît.
Pivot des banques centrales
En Corée du Sud, la banque centrale a été la première parmi les pays développés à relever les taux, bien qu’elle ait été précédée par plusieurs banques centrales de marchés émergents. D’autres pays développés se montrent plus prudents.
La Réserve fédérale américaine a indiqué il y a quelques semaines qu’elle pourrait réduire ses achats d’obligations d’ici la fin de l’année, mais elle est encore loin d’augmenter son taux directeur.
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’elle ralentirait modérément son rythme d’achat d’obligations. Bien qu’une telle décision soit qualifiée habituellement de resserrement, la BCE insiste sur le fait qu’il s’agit plutôt d’un recalibrage. À son crédit, l’institution a augmenté son rythme d’achat en mars, ce qui signifie qu’elle a déjà pris une telle orientation depuis un certain temps. Cela n’a pas fait ciller le marché obligataire, puisque les taux européens ont chuté en réaction à l’annonce.
Dans l’intervalle, la Banque du Canada (BdC) a déjà procédé à un resserrement depuis quelque temps en réduisant à deux reprises son rythme d’achat d’obligations. Sa dernière décision n’a pas révélé de véritable changement : l’institution s’attend à ce que les capacités excédentaires de l’économie disparaissent au cours du deuxième semestre de 2022, après quoi le taux directeur pourrait commencer à augmenter. La BdC n’a pas été perturbée par le récent fléchissement du PIB, et a fait valoir que la situation économique est meilleure qu’il y paraît. Elle devrait réduire de nouveau ses achats d’obligations en octobre.
Une réduction des mesures d’assouplissement quantitatif moins probable
Il y a indéniablement un risque que les marchés financiers procèdent à un retrait des mesures d’assouplissement quantitatif lorsque les banques centrales commenceront à réduire leurs formidables mesures de relance au cours de la prochaine année. Pourtant, c’est loin d’être certain, et ce, pour plusieurs raisons :
- Contrairement à ce qui s’était produit avant la crise de la réduction de la relance en 2013, les banques centrales ont fourni des indications prospectives détaillées. Aussi, il ne devrait pas y avoir autant de surprises qu’à l’époque.
- Les marchés financiers se rendent compte qu’ils ont réagi de façon excessive lors des phases précédentes de retrait des mesures de relance, et ils sont donc rapidement revenus à des niveaux d’avant-crise.
- Cette fois-ci, les banques centrales se montrent plus prudentes. Contrairement à ce qui s’est produit lors du retrait progressif des mesures de relance en 2013, l’inflation aux États-Unis est plus élevée, la croissance est plus forte et le taux de chômage est plus bas.
- Les banques centrales ont également établi une distinction plus claire entre un resserrement et une hausse des taux. Cette fois-ci, cette hausse ne devrait intervenir que beaucoup plus tard dans la plupart des pays.
- Comme les déficits budgétaires devraient être nettement moins importants en 2022, l’offre d’obligations devrait être également beaucoup plus faible. Même si les banques centrales achèteront moins d’obligations, l’offre publique d’obligations d’État pourrait, en fait, être plus élevée cette année que l’an prochain.
L’inflation pourrait encore atteindre des sommets
D’après divers indicateurs, l’inflation aux États-Unis pourrait avoir atteint un plafond :
- L’indice de prix des dépenses de consommation personnelle, qui est la mesure de l’inflation privilégiée par la Fed, a augmenté de 0,4 % d’un mois sur l’autre en juillet, en baisse par rapport aux mois précédents où la hausse atteignait jusqu’à 0,6 %.
- Les indices ISM des secteurs manufacturier et non manufacturier ont tous deux reculé par rapport aux sommets qu’ils avaient atteints (ils demeurent toutefois élevés).
- Les manchettes sur l’indice des prix à la production en août, qui a été publié récemment, ont mis l’accent sur l’augmentation de 8,3 % d’une année sur l’autre. Mais le point le plus notable a été la baisse de la variation mensuelle après deux hausses mensuelles consécutives de 1,0 % à 0,7 %.
- Les mesures de l’inflation en temps réel continuent d’indiquer une augmentation légèrement inférieure à ce qu’elle était au printemps, mais on ne peut pas dire que la baisse soit soutenue.
C’est pourquoi nous continuons d’affirmer que la hausse de l’inflation n’est pas sur le point de disparaître complètement. Les chaînes logistiques continuent d’être très perturbées. La pénurie de puces est également sérieuse et devrait durer encore longtemps.
La pénurie de puces
La grave pénurie de puces informatiques a contribué à la forte inflation pour une variété de produits, dont les véhicules de tourisme. Le problème n’est pas tant que les puces représentent une part importante du coût d’une voiture, mais plutôt que les voitures ne peuvent tout simplement pas être fabriquées sans elles, et qu’elles ne sont pas disponibles en quantité suffisante. Cela entraîne une réduction de l’offre de véhicules et, inévitablement, augmente leur prix bien au-delà de la hausse du prix des puces.
L’approvisionnement en puces a d’abord chuté
Le secteur de la fabrication des puces a été marqué pendant longtemps par des phases d’emballement et d’effondrement, notamment lorsque l’économie a chuté en mars 2020 et que les usines ont alors fortement réduit leur production. Il a fallu du temps pour que la production revienne à un niveau normal, d’autant plus qu’elle a été depuis perturbée par des éclosions du virus.
Les fabricants d’automobiles, en particulier, ont diminué considérablement leurs commandes de puces, de sorte que l’offre de puces destinée à ce secteur a baissé nettement.
De plus, les frictions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine ont poussé des fabricants chinois de semi-conducteurs à limiter leur production depuis qu’ils n’ont plus accès à certaines technologies américaines.
La demande a alors grimpé en flèche
Cependant, l’activité économique a commencé à redémarrer à une vitesse étonnamment rapide au printemps 2020, de sorte que les fabricants de puces ont été pris de cours alors que la demande augmentait.
Parallèlement à cela, d’autres événements se sont produits :
- La demande d’ordinateurs et de produits électroniques a augmenté parce que les gens ont dû passer soudainement à la vidéoconférence pour le travail ou les études, et aussi parce que les dépenses ont été redirigées des services vers les biens.
- La demande de voitures a fini par augmenter au-dessus de la normale, les gens se sentant moins à l’aise de prendre les transports en commun à cause des risques d’infection dans un environnement bondé.
- Sans rapport avec la pandémie, la demande de puces augmente structurellement à mesure que la technologie occupe une place de plus en plus centrale dans le monde.
Rétablir l’équilibre
Selon les spécialistes, il faudra peut-être des années avant de rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande de puces.
Une partie du déséquilibre est en voie d’être corrigée, étant donné que des usines qui avaient été fermées reprennent leurs activités. Toutefois, les transitions technologiques se produisent chaque année ou tous les deux ans, de sorte que les entreprises doivent constamment investir dans leurs usines rien que pour en assurer la rentabilité. En outre, il faut de deux à cinq ans pour construire un tout nouveau site de fabrication ; par conséquent, il s’écoulera un certain temps avant que l’offre puisse surpasser les niveaux d’avant la pandémie. De nombreuses entreprises investissent actuellement dans leurs capacités de production, mais entre-temps les carnets de commandes ne cessent de s’allonger.
Le déséquilibre est particulièrement prononcé du côté des puces destinées aux automobiles, et ce, pour trois raisons. Les deux premières, comme nous l’avons vu, sont liées à l’annulation des commandes au début de la crise, alors que la demande a fini par augmenter. Les constructeurs automobiles se retrouvent donc à la fin de la file d’attente pour les livraisons. Troisièmement, les constructeurs automobiles utilisent habituellement des puces moins perfectionnées et donc moins rentables pour les fabricants qui, par conséquent, ne leur accordent pas la priorité.
Pour toutes ces raisons, les prix des puces augmentent. Taiwan Semiconductor Manufacturing Company – qui produit plus de la moitié des puces dans le monde, selon certaines mesures – a relevé ses prix de 10 % à 20 % et cessera d’offrir des réductions à ses principaux clients.
Aperçu des élections au Canada
Les élections canadiennes auront lieu dans moins d’une semaine. Les sondages révèlent que si les libéraux étaient donnés favoris dans un premier temps, ils se retrouvent désormais au coude-à-coude avec les conservateurs pour le vote populaire.
Cependant, ils profitent d’une meilleure répartition des votes, de sorte que la plupart des modèles continuent de pointer vers un gouvernement libéral minoritaire.
- Selon le modèle de la Société Radio-Canada, les libéraux rafleraient 155 sièges, contre 118 pour les conservateurs.
- 338Canada prévoit que 145 sièges iront aux libéraux et 129 aux conservateurs.
- Plusieurs sites de paris estiment à 75 % la probabilité d’une victoire des libéraux.
- À l’inverse, le modèle de Polly accorde une légère avance aux conservateurs, de 137 sièges contre 134 pour les libéraux.
De grandes idées
Les programmes des deux principaux rivaux sont imposants, comme souvent en campagne électorale. C’est tout particulièrement vrai cette fois-ci : le nombre de propositions d’envergure est impressionnant.
À notre avis, plusieurs raisons expliquent ces ambitions :
- La pandémie n’est toujours pas terminée et pourrait justifier l’adoption de nouvelles mesures de soutien importantes.
- L’ampleur des mesures prises par le gouvernement en réaction à la pandémie a largement banalisé les interventions massives, qu’elles soient nécessaires ou non.
- Les taux d’intérêt sont si bas depuis si longtemps que les finances publiques ne semblent représenter une contrainte pour personne (même si les conservateurs s’engagent à revenir à l’équilibre budgétaire, ce ne serait pas avant dix ans). Bref, aucun parti ne fait campagne en faveur d’un « gouvernement restreint ».
Par ailleurs, il semble que tous les partis se soient déplacés un peu vers la gauche sur l’échiquier politique. Les libéraux promettent un nombre considérable de nouveaux programmes qui auraient pour effet d’accroître encore plus la taille du gouvernement. Soucieux de ne pas être en reste, les conservateurs sont ceux qui semblent avoir le plus bifurqué à gauche, du moins suffisamment pour occuper le centre de l’échiquier politique, qui était jusqu’à tout récemment le territoire des libéraux. Eux aussi envisagent de nouveaux programmes d’envergure.
Les conservateurs semblent s’inspirer des stratégies de leurs homologues britanniques. Ils cherchent à obtenir l’appui des mouvements ouvriers et des électeurs de la classe ouvrière, et n’accordent plus la même importance aux grandes entreprises et à la prudence budgétaire.
Selon une perspective budgétaire descendante, le plan des libéraux prévoit une augmentation des dépenses de 78 G$ sur les cinq prochaines années, contre 51 G$ pour les conservateurs. Cependant, cette différence est probablement exagérée puisque les deux camps anticipent un déficit budgétaire assez semblable dans cinq ans : 32 G$ pour les libéraux et 25 G$ pour les conservateurs. À tout le moins, les libéraux envisagent une politique budgétaire un peu plus expansionniste, qui alourdira la dette publique.
Programmes politiques
On peut difficilement comparer une à une les centaines de mesures proposées par chaque parti. À la place, nous vous offrons un survol des propositions les plus pertinentes sur le plan économique.
Fiscalité : les libéraux proposent une forte hausse d’impôt pour les plus grandes banques et compagnies d’assurance, ce qui générerait 5,3 G$ de recettes publiques supplémentaires sur quatre ans. On redoute qu’ils relèvent aussi le taux d’inclusion des gains en capital ou l’impôt des contribuables à revenu élevé, mais leur programme n’en fait pas mention. En revanche, les conservateurs promettent un congé de TPS en décembre de cette année afin d’inciter les consommateurs à dépenser davantage dans les commerces de détail.
Immigration : les deux partis y demeurent résolument favorables, mais leurs visions diffèrent légèrement en ce qui a trait à la mise en œuvre de certains aspects. Les conservateurs proposent de signer des accords commerciaux et des ententes de permis de travail ouverts avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni. De leur côté, les libéraux se sont montrés déterminés à soutenir le libre-échange durant leurs mandats précédents et ont conclu des accords en ce sens. Les différences à ce chapitre sont donc minces.
Emploi : un grand nombre de propositions visent les travailleurs. Les conservateurs souhaitent que les travailleurs autonomes soient admissibles à l’assurance-emploi et que les prestations de cette dernière soient augmentées en cas de récession. Ils comptent également verser jusqu’à 50 % du salaire des nouveaux employés pendant six mois après l’expiration de la Subvention salariale d’urgence du Canada. Les conservateurs proposent en outre de doubler le montant de l’Allocation canadienne pour les travailleurs, ce qui représente 1 400 $ de plus pour les personnes dont le revenu annuel est inférieur à 24 573 $. Ils entendent mettre en place des prêts partiellement transformables en subvention à l’intention des petites entreprises du commerce de détail, du tourisme et de l’hôtellerie. Enfin, ils envisagent de subventionner généreusement la restauration pendant un mois, afin de relancer le secteur.
En plus de maintenir la série de mesures actuellement en place pour aider les travailleurs touchés par la pandémie, les libéraux prévoient verser une aide pour le paiement des salaires et des loyers aux entreprises touristiques et subventionner les événements culturels dont la capacité d’accueil a été réduite. Ils élargiraient l’admissibilité à l’Allocation canadienne pour les travailleurs, plutôt que d’en accroître le montant, de sorte qu’elle profiterait à un million de personnes supplémentaires. Les libéraux augmenteraient le Supplément de revenu garanti versé aux personnes âgées à faible revenu, de 42 $ par mois en moyenne, et relèveraient le seuil de l’aide au remboursement des prêts étudiants fédéraux.
Entreprises : En ce qui concerne les entreprises, les conservateurs ont de grandes idées qui s’éloignent considérablement de leurs anciens programmes électoraux. Les conseils d’administration des grandes entreprises sous réglementation fédérale (banques, sociétés d’assurance, de télécommunications et de transport aérien) devront inclure des représentants des employés. Un gouvernement conservateur remanierait également le Code canadien du travail afin que la syndicalisation soit plus facile dans certaines situations.
De façon plus conforme à leurs positions passées favorables au marché, les conservateurs permettraient aux sociétés de télécommunications étrangères de s’établir au Canada, ce qui pourrait représenter un défi de taille pour les entreprises d’ici. Le parti propose aussi un crédit de 5 % sur les investissements en capital pour les deux prochaines années et un crédit d’impôt de 25 % sur les investissements personnels dans les petites entreprises.
Vaccins : Les deux partis veulent accélérer la vaccination. De façon générale, les conservateurs semblent plus tolérants envers les personnes non vaccinées dans la mesure où elles se soumettent régulièrement à des tests de dépistage.
Logement : Les deux partis proposent de restreindre davantage l’accession à la propriété aux étrangers ; tous deux proposent aussi de construire beaucoup plus de logements. Les libéraux proposent par ailleurs d’imposer une taxe sur la revente de propriétés détenues depuis moins d’un an, d’abaisser le coût de l’assurance hypothécaire et de mettre en place un nouveau programme d’épargne libre d’impôt pour les mises de fonds.
Autres : En matière de santé, les programmes ne diffèrent guère. Le plan des libéraux pour les garderies est beaucoup plus vaste que celui des conservateurs. Enfin, les politiques vertes des deux partis ont convergé considérablement au cours des deux dernières années, bien que le plan libéral semble plus simple à mettre en pratique.
Incidences
Il est difficile de s’avancer davantage lorsque l’issue des élections demeure entachée d’une grande incertitude. Étant donné les contraintes d’un gouvernement possiblement minoritaire et la différence entre les promesses électorales et la réalité du pouvoir, bon nombre de mesures projetées ne verront pas le jour.
Néanmoins, si les libéraux sont réélus, ils disposeraient d’une marge de manœuvre considérable, puisqu’ils peuvent s’attendre à ce que le Nouveau Parti démocratique ou un certain nombre d’autres partis appuient des mesures progressistes. Bien sûr, cela représenterait dans les faits une continuité du gouvernement actuel, ce qui ne changerait guère la donne.
Par ailleurs, un gouvernement conservateur minoritaire aurait le champ un peu moins libre. Le parti a moins d’alliés naturels au Parlement. Il ne faut toutefois pas sous-estimer la capacité d’un gouvernement minoritaire à se maintenir au pouvoir et à mettre en œuvre des politiques, comme l’ont fait les conservateurs de M. Harper. De plus, plusieurs projets présentés par les conservateurs au cours de la présente campagne devraient trouver grâce aux yeux des autres partis.
En fin de compte, les trajectoires budgétaires sont assez similaires pour les deux partis. Bien que les détails diffèrent et que nous passions outre à une poignée de mesures susceptibles de modifier progressivement le taux de croissance de la productivité, le rythme global de la croissance du PIB serait assez similaire, quel que soit le parti élu.
Il convient peut-être de faire deux autres observations :
- Les élections ne scellent pas le sort ; elles accordent le pouvoir de gouverner durant au plus quatre ans. Si le Canada s’enlise, il y aura amplement d’occasions de corriger sa trajectoire.
- Les marchés financiers sont peut-être moins partisans que l’on se l’imagine généralement. Il est vrai qu’ils préfèrent en général les gouvernements de droite. Cela dit, le parti de droite en question propose un certain nombre de mesures potentiellement préoccupantes pour les dirigeants d’entreprise. Les résultats obtenus aux États-Unis au cours des cinq dernières années montrent que les marchés sont aussi capables de prospérer sous des administrations de droite que des administrations de gauche.
– Avec la contribution de Vivien Lee
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