Dagmara Fijalkowski présente des prévisions opportunes sur les titres à revenu fixe pour le premier trimestre de 2026, en abordant les tendances de la dette liée à l’IA, l’hésitation de la Fed et l’apaisement des tensions géopolitiques. Dan Mitchell fait part de son point de vue sur la baisse du dollar américain et sur les occasions offertes par les devises des marchés émergents.
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Transcription
Quelle sera l’incidence de l’inflation et des politiques budgétaires sur les marchés des titres à revenu fixe au premier trimestre de 2026 ?
Dagmara Fijalkowski
Après l’élan boursier de septembre, les deux derniers mois ont été dominés par la prudence. Les investisseurs avancent avec méfiance, comme s’ils gravissaient un mur d’inquiétude. Mais sous la volatilité se cache une certaine résilience. Analysons nos perspectives pour le premier trimestre de 2026. Les regards se tournent vers les principaux risques. Les fragilités du crédit, longtemps dissimulées dans les marchés privés, se retrouvent désormais au centre des préoccupations. L’effondrement de First Brands et de Tricolor a mis en lumière les liens sensibles entre les sociétés d’expansion des affaires et les banques.
Deuxièmement, les géants de la technologie ont commencé à financer la croissance de l’IA par l’endettement. La part des dépenses d’investissement liées à l’IA dans la dette de catégorie investissement a atteint 14,5 % de l’indice J.P. Morgan investment-grade. C’est plus que pour le secteur financier. Troisièmement, l’hésitation de la Fed. Le procès-verbal de la réunion d’octobre a terni les espoirs d’une baisse des taux en décembre. À la fin de novembre, l’indice VIX a bondi à 25 %, alors que l’indice S&P 500 n’était plus qu’à 2 % de ses sommets, ce qui témoigne de la résilience du marché.
Sur le plan géopolitique, les tensions ont diminué. Les relations entre les États-Unis et la Chine se sont stabilisées après le fiasco des terres rares. L’accord au Moyen-Orient et le retour des otages ont réduit les risques dans la région. Même les incertitudes domestiques, comme les préoccupations sur l’indépendance de la Fed, se sont calmées pour le moment. La croissance du PIB reste robuste. Les baisses de taux passées, les réductions fiscales, la déréglementation et l’inflation liée aux droits de douane qui s’atténue sont des facteurs positifs. Nous anticipons un nouvel assouplissement de la Fed à mesure que les pressions inflationnistes s’atténuent, et les marchés prévoient quatre baisses de taux au cours des 12 prochains mois.
Nous constatons une plus grande nuance dans la fixation des prix du marché. Il ne s’agit pas d’une prévision, mais plutôt d’une moyenne d’au moins deux trajectoires concurrentes. La première, avec moins de baisses si l’inflation reste élevée. La deuxième, avec des baisses plus importantes qui pousseraient les taux sous 3 % si le chômage augmente. Un éventuel changement de cap sous l’impulsion du nouveau président de la Fed pourrait faire pencher la balance vers davantage de baisses si l’inflation n’augmente pas.
Parlons obligations et soulignons leur résilience ! Cette année, le taux de l’indice américain à 10 ans a fait fi des prévisions de pessimisme, s’établissant à 4,3 % en moyenne depuis l’élection de l’an dernier. Notre scénario de base ? Des rendements proches de ceux de la liquidité, sauf si la croissance ralentit fortement. Pour l’instant, nous privilégions les liquidités aux obligations, tout en restant attentifs aux flambées de déficit ou à d’éventuelles mauvaises surprises budgétaires. Enfin, un mot sur les marchés du crédit : ils sont en phase de consolidation avancée, la plus longue du cycle. Les gains en capital sont restreints, mais les rendements des coupons restent intéressants. Nous recommandons de privilégier les placements à forte conviction. Par exemple, sur la portion courte de l’univers des obligations de catégorie investissement au Canada, en réduisant l’exposition aux risques élevés. En bref, les marchés resteront volatils, mais les moteurs de croissance et les politiques favorables persisteront. Nous restons concentrés sur la qualité, surveillons les changements de cap de la Fed et nous préparons à tirer parti des occasions qui se présenteront.
Calme et patience : telle est la posture d’ouverture du marché obligataire en 2026.
Le déclin du dollar américain se poursuivra-t-il en 2026 ?
Daniel Mitchell
Les marchés des changes ont encore une fois connu une année mouvementée, notamment en raison du débat houleux sur le sort du dollar américain. Au cours du premier semestre de 2025, le billet vert a reculé d’environ 10 % après pondération en fonction des échanges. Ensuite, durant l’été, il est resté plutôt stable en raison de l’accélération de la croissance économique, d’un certain report des baisses de taux d’intérêt prévues, et des dépenses en IA des grandes sociétés technologiques, qui l’ont en quelque sorte soutenu pendant un certain temps.
Par ailleurs, les droits de douane du président Trump ont allégé quelque peu les pressions sur l’économie américaine, tandis que la question de l’indépendance de la Fed a été mise sur la touche pour le moment. Mais ces deux thèmes restent d’actualité. Et n’oublions pas que l’accord commercial entre les États-Unis, le Canada et le Mexique arrive à échéance au début de 2026 et que le nouveau président de la Fed sera nommé en janvier. Donc, les politiques de la Maison-Blanche continueront d’être un facteur déterminant pour les marchés des changes au cours de la nouvelle année, et il ne serait pas étonnant qu’elles contribuent au maintien d’une pression à la baisse sur la monnaie. Que ce soit parce que la Fed est influencée ou non, il est probable qu’on ait droit à des baisses de taux supplémentaires aux États-Unis, alors que d’autres banques centrales dans le monde commenceront à envisager des hausses. Les États-Unis sont donc une destination de placement moins intéressante pour les investisseurs étrangers, qui se demandent aussi s’ils devraient couvrir leurs importants portefeuilles d’actifs américains.
Nous prévoyons pour notre part une autre année de déclin pour le billet vert, ce qui sera probablement avantageux pour toutes les devises à l’échelle mondiale. Cela dit, il se peut que les devises les plus performantes l’an prochain soient celles des marchés émergents, soutenues par la faible volatilité des marchés et un appétit toujours favorable pour le risque. Juste pour mettre les choses en contexte, nous prévoyons des rendements de 5 % à 8 % pour l’euro, le yen et le dollar canadien, alors que les devises des marchés émergents pourraient, selon nous, produire des rendements totaux supérieurs à 10 %.