L’élan peut-il se poursuivre dans un contexte de resserrement du marché ?
À la lumière des événements du dernier mois, Jeremy Richardson analyse les éléments suivants :
La nature bénéfique et volatile des élections
Le retour de la concentration du marché, sous l’impulsion des grandes entreprises technologiques
Les facteurs fondamentaux stimulent à nouveau les cours des actions, en dépit de l’incertitude et de l’agitation.
Durée : 6 minutes, 18 secondes
Transcription
Bonjour, je m’appelle Jeremy Richardson et je fais partie de l’équipe Actions mondiales RBC. J’aimerais vous faire part de quelques réflexions sur les élections. Pour beaucoup d’entre nous, les élections peuvent être considérées comme un moment de changement. Et cela crée de l’incertitude quand on songe à investir. Mais je pense que lorsque nous examinerons notre parcours de placement au fil des ans, très peu d’entre nous se souviendront des moments d’élections et les verront se refléter dans nos relevés d’évaluation.
En dépit de certains des graphiques de rendement à long terme, on pensera plutôt aux étapes importantes du parcours de placement en fonction de ces grands événements du marché. Des choses comme la bulle Internet ou la crise financière mondiale, plutôt que ce genre de cadence régulière marquée par des élections tous les quatre ou cinq ans.
Et cela s’explique en partie par le fait que les élections ont tendance à être avantageuses pour les investisseurs. N’oublions pas que les gouvernements en place veulent créer de bonnes conditions économiques pour qu’ils puissent être réélus et que les opposants veulent trouver un ensemble de politiques qu’ils jugent meilleures. Et bien sûr, immédiatement après une élection, en théorie du moins, vous n’aurez probablement pas de plus grande période de visibilité des perspectives politiques, ou à tout le moins du programme politique.
Donc, à bien des égards, en fait, les élections ne devraient pas, en théorie, être des événements à craindre. Cependant, nous avons eu la nouvelle d’une élection inattendue : le président français Macron a réagi aux mauvais résultats des élections européennes et a lancé un défi aux autres partis politiques. Ils ont réagi et il semble maintenant qu’au lieu d’avoir un ensemble de politiques plus centristes, envisagées comme une possibilité, nous nous retrouvons maintenant avec des politiques plus périphériques qui sont en train d’être mises en œuvre.
Pour les investisseurs, cette situation crée un certain degré d’incertitude, qui se reflète sur les marchés obligataires européens. Ainsi, la prime, c’est-à-dire l’écart entre les obligations d’État françaises à dix ans et l’équivalent allemand, est aujourd’hui supérieure d’environ 75 points de base à ce qu’elle était avant l’annonce de ces élections inattendues.
Il convient de replacer ces chiffres dans leur contexte, car 75 points de base ne représentent que la moitié de la prime que les investisseurs en obligations internationales exigent de l’Italie par rapport à l’Allemagne. Néanmoins, vous savez que cela provoque un certain degré d’anxiété. Et cela remet en question, je pense, l’amélioration de la situation en Europe dont nous avons discuté au cours de téléconférences antérieures.
Le deuxième point que je voulais mentionner, c’est qu’au cours du dernier mois, nous avons assisté à une sorte de retour à la dynamique précédente de concentration du marché. Un marché très étroit où prédomine un petit nombre de grandes entreprises technologiques. La réalité était que le reste du marché avait suivi le rythme des grandes entreprises technologiques. Mais depuis un mois environ, c’est moins le cas. Pourquoi ? Eh bien, je pense que le catalyseur de cette évolution a été l’accroissement des préoccupations sur la santé des consommateurs américains, en particulier les groupes dont les revenus plus faibles. Et si l’on s’inquiète de la viabilité des dépenses de consommation aux États-Unis, peut-être que la viabilité de la croissance de l’économie américaine peut être remise en question.
Et si vous envisagez un environnement économique plus fragile, il peut être judicieux d’être un peu plus défensifs. Certaines grandes entreprises technologiques dotées d’un bilan solide sont moins dépendantes du cycle économique pour assurer la croissance recherchée par les investisseurs. Il s’agit donc d’une évolution vers une position plus défensive, alors que le marché s’inquiète de plus en plus de la rareté de la croissance de l’économie américaine. Bien entendu, l’autre élément qui contribue à cette évolution est l’énorme confiance et, si j’ose dire, l’enthousiasme pour l’intelligence artificielle, soutenues par des niveaux élevés de dépenses d’investissement, de dépenses d’entreprises cherchant à établir des activités dans ce domaine, et la plupart des gains qui en découlent reviennent à un nombre relativement restreint de gagnants dans ces industries. Aujourd’hui, le secteur de l’intelligence artificielle reste très dynamique. Et nous avons vécu un moment important, je pense, ce mois-ci, lorsque Apple a présenté au marché ses projets en matière d’intelligence artificielle et qu’elle a proposé une collaboration avec ChatGPT.
En tant qu’investisseurs, nous cherchons à mieux comprendre une grande partie des détails. Et bien sûr, oui, ces plans n’ont pas encore été présentés aux utilisateurs réels et aux clients d’Apple. Néanmoins, il s’agit peut-être d’une étape importante dans le développement continu de l’industrie, car jusqu’à présent, l’intelligence artificielle a vraiment été un outil utilisé par les entreprises et les instituts de recherche. Elle n’a pas vraiment été mise entre les mains du grand public pour une utilisation quotidienne.
C’est lorsque cela se produit que cette sorte de ruche se met au travail et commence à utiliser ces outils d’une manière nouvelle. Et je suis sûr qu’il en résultera de nouveaux modèles d’entreprise et de nouvelles occasions potentielles pour les investisseurs aussi. Je pense donc qu’il s’agit d’une dynamique à long terme plutôt favorable par rapport à ce à quoi nous sommes confrontés à court et à moyen terme.
Je dirais que les caractéristiques du marché dont nous avons déjà discuté, en fait depuis la fin de l’année dernière, à savoir que ce sont à nouveau les facteurs fondamentaux qui déterminent les prix des actions, continuent à être très présentes, ce que nous trouvons plutôt rassurant malgré toutes les discussions sur les élections françaises, les taux des obligations européennes, etc. Ces considérations restent, pour l’instant du moins, quelque peu marginales.
Et en fait, ce sont les données fondamentales de ces entreprises qui semblent stimuler le cours des actions. Et avec la saison des résultats du deuxième trimestre qui s’annonce, nous espérons que cela nous donnera une raison supplémentaire de penser que les données fondamentales vont une fois de plus l’emporter. J’espère que vous avez aimé ma présentation. J’ai hâte de vous retrouver bientôt.