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Accepter Déclin
44 minutes pour lire Par  Eric Lascelles 27 mai 2025

Contenu de cet article :

– Avec la collaboration de Josh Nye, de Vivien Lee, d’Aaron Ma et d’Ana Ardila

Webémission mensuelle sur l’économie

Sachant qu’il ne reste plus que quelques jours avant l’enregistrement de la prochaine webémission mensuelle sur l’économie, nous vous invitons à regarder l’édition de mai (enregistrée le 1er mai). Son contenu reste généralement pertinent et elle donne un bon aperçu du contexte macroéconomique pour ceux qui préfèrent regarder une vidéo sur l’économie plutôt que de lire un article à son sujet : Le flux et le reflux des droits de douane.

Dernières nouvelles concernant les droits de douane

Comme nous le verrons, la tendance est plutôt positive en ce qui concerne les nouvelles sur les droits de douane, notamment la détente à l’égard de la Chine et l’accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni. À son tour, la confiance selon les nouvelles aux États-Unis s’est légèrement améliorée (voir le graphique suivant).

L’indice de confiance selon les nouvelles quotidiennes aux États-Unis s’est amélioré

L’indice de confiance selon les nouvelles quotidiennes aux États-Unis s’est amélioré

En date du 18 mai 2025. Sources : Federal Reserve Bank de San Francisco, S&P Global, Macrobond, RBC GMA.

Le contexte est toutefois loin d’être parfait. Les menaces de la Maison-Blanche persistent, notamment :

  • une proposition visant à porter les droits de douane à l’égard de l’Union européenne (UE) à un taux astronomique de 50 % – ces droits ont récemment été reportés –,

  • une menace d’assujettir les appareils iPhone d’Apple produits à l’étranger à des droits de douane de 25 %,

  • une proposition visant à imposer des droits de douane de 100 % sur les films produits à l’étranger.

Dans ce contexte de contradictions apparentes, quelques thèmes se dégagent néanmoins.

Le premier est que certaines balises deviennent visibles au sein du processus tarifaire.

Les droits de douane importants, comme ceux de 145 % qui ont été brièvement imposés à la Chine et les droits de douane de plus de 20 % imposés à une grande partie du reste du monde, se sont révélés trop douloureux pour les États-Unis. Ce fait donne à penser qu’il est peu probable que des droits de douane aussi élevés soient permanents. De même, la Maison-Blanche s’est montrée encline à accorder des exemptions lorsque la situation dans certains secteurs devient trop difficile, comme dans le cas des téléphones portables et des ordinateurs fabriqués en Chine, et en ce qui concerne le niveau des droits de douane sur les importations d’automobiles.

De nombreuses personnes ont remarqué que le classique « interventionnisme de la Fed » – selon lequel la banque centrale américaine vole à la rescousse chaque fois que les marchés financiers ou l’économie se portent mal – semble être en pause. La Fed continue plutôt à se concentrer sur l’inflation en attendant des précisions sur les politiques. Un « interventionnisme de la Maison-Blanche » a apparemment pris sa place. Autrement dit, la Maison-Blanche a pris l’habitude d’annoncer de bonnes nouvelles concernant les droits de douane lorsque le marché est au plus mal.

En ce qui concerne les balises de l’autre côté de la route, le fait que le Royaume-Uni reste assujetti à des droits de douane de 10 % même après avoir conclu un accord commercial montre que les droits de douane ne disparaîtront pas – il s’agit d’une balise supplémentaire, même si elle est moins bien accueillie. Nous persistons à croire qu’un niveau intermédiaire de droits de douane est vraisemblablement la destination ultime.

Le risque est que les droits de douane s’établissent à un niveau au moins légèrement supérieur aux attentes actuelles du marché, et ce, pour deux raisons.

  1. Ayant été convaincu de faire marche arrière en raison du recul des marchés financiers en avril, le président Trump pourrait maintenant profiter des hausses subséquentes des marchés pour continuer d’avancer vers son objectif. Autrement dit, la Maison-Blanche semble avoir tendance à augmenter ou du moins à menacer d’imposer de nouveaux droits de douane lorsque les marchés financiers semblent suffisamment solides pour encaisser le coup. Il se peut que d’autres droits restent à venir.

  2. Les premiers résultats des négociations tarifaires entre les États-Unis et diverses parties montrent que les États-Unis s’efforcent d’arracher des concessions de la part des autres pays et qu’ils sont beaucoup moins intéressés par la recherche d’accords mutuellement avantageux impliquant des rajustements significatifs des deux parties. Par conséquent, les possibilités de réduire fortement les droits de douane de part et d’autre pourraient être limitées.

Un dernier thème lié aux droits de douane est que le degré d’incertitude, même s’il a considérablement diminué par rapport à ce qui a été observé au début du mois d’avril, reste très élevé par rapport à tout autre moment de l’histoire moderne (voir le graphique suivant). La situation pourrait donc encore évoluer de bien des façons.

L’incertitude liée à la politique commerciale mondiale a diminué, mais elle reste élevée

L’incertitude liée à la politique commerciale mondiale a diminué, mais elle reste élevée

Au 25 mai 2025. La zone ombrée représente une récession aux États-Unis. L’indice se fonde sur les recherches à propos de sujets touchant l’économie, la recherche et le gouvernement dans les flux de nouvelles de Bloomberg News et First Word. Sources : Bloomberg, Macrobond, RBC GMA.

Situation actuelle

Actuellement, le taux de droits de douane effectif moyen des États-Unis à l’égard de leurs partenaires commerciaux s’élève à environ 13 %. Il s’agit d’une réduction, dans la foulée des récents accords avec la Chine et le Royaume-Uni, par rapport au sommet de 22 % atteint au début du mois de mai (voir le graphique suivant).

Le taux moyen des droits de douane américains est actuellement d’environ 13 %

Le taux moyen des droits de douane américains est actuellement d’environ 13 %

Les taux effectifs sont estimés en fonction des droits de douane imposés par l’administration Trump jusqu’au 16 mai 2025. Exclut l’effet de minimis. Sources : Evercore ISI (suivi des droits de douane), Fonds monétaire international (FMI), Macrobond, RBC GMA.

Nous continuons de penser qu’en définitive, le taux effectif moyen des droits de douane imposés par les États-Unis se situera autour de 15 % et que de nouveaux secteurs seront visés. Nous nous attendons par ailleurs à ce que les exemptions croissantes et les accords commerciaux modestes exercent une contre-force à peu près équivalente. En fin de compte, de nombreux pays seront vraisemblablement assujettis à des droits de douane de l’ordre de 8 à 15 %, tandis que la Chine devrait tirer la moyenne légèrement vers le haut, avec une surtaxe attendue de 25 à 50 %.

Quels sont les pays les plus touchés ? Pour le savoir, il faut déterminer lesquels sont soumis aux droits de douane les plus élevés et lesquels dépendent le plus des États-Unis pour leurs exportations (voir le graphique suivant).

Le niveau des échanges commerciaux avec les États-Unis et des droits de douane imposés par ces derniers varie

Le niveau des échanges commerciaux avec les États-Unis et des droits de douane imposés par ces derniers varie

Les taux effectifs sont estimés en fonction des droits de douane imposés par l’administration Trump jusqu’au 12 mai 2025. Sources : Evercore ISI (suivi des droits de douane), FMI, Macrobond, RBC GMA.

D’une part, la Chine reste le pays visé par les droits de douane les plus élevés, avec un taux moyen de 39 %. Aucun autre pays ne dépasse 15 %, étant donné le report à juillet de l’entrée en vigueur de l’intégralité des droits de douane réciproques. D’autre part, le Vietnam et le Mexique sont de loin les pays qui dépendent le plus de l’économie américaine.

Si l’on combine les deux dimensions (voir le tableau suivant), selon les données actuelles, ce sont le Mexique et le Vietnam qui devraient être les plus touchés, suivis loin derrière par la Thaïlande, la Corée du Sud, la Chine, la Malaisie, Taïwan et le Canada.

Classement des pays en fonction de l’impact actuel des droits de douane américains

Classement des pays en fonction de l’impact actuel des droits de douane américains

Les taux effectifs sont estimés en fonction des droits de douane imposés par l’administration Trump jusqu’au 12 mai 2025. Sources : Evercore ISI (suivi des droits de douane), FMI, Macrobond, RBC GMA.

Apaisement des tensions avec la Chine

Les États-Unis et la Chine n’ont pas conclu d’accord commercial le 12 mai, mais ont convenu de désamorcer la situation douanière pendant les négociations.

Officiellement, les droits de douane imposés par les États-Unis sur les produits chinois sont passés de 145 à 30 %, mais compte tenu de la multitude d’autres taxes ciblées et d’exemptions qui persistent, le taux effectif a baissé de 105 à 39 %. De l’autre côté, les droits de douane imposés par la Chine sur les produits américains ont été ramenés de 125 à 10 %, mais là encore, avec toute une série d’exceptions.

Plus précisément, le taux s’appliquant aux importations de produits chinois de faible valeur aux États-Unis passera de 120 à 54 % (après avoir été de 0 % jusqu’à récemment). La Chine, quant à elle, a mis la pédale douce sur certaines contre-mesures non tarifaires : elle a autorisé la livraison d’avions Boeing sur son territoire et suspendu l’interdiction d’exporter des terres rares vers les États-Unis.

Bien entendu, si aucun accord commercial satisfaisant n’est conclu d’ici le 11 août, les droits de douane augmenteront – quoique seulement partiellement par rapport à leur sommet antérieur (il en résulterait un taux effectif de 53 % pour la Chine).

Les négociations sont loin d’être gagnées. Il sera extrêmement difficile pour les États-Unis de faire baisser l’excédent commercial de la Chine. Si tel est le critère pour lever les droits de douane, il est peu probable que cela réussisse. Si les États-Unis sont disposés à accepter de simples progrès dans cette direction, ils pourraient centrer leurs exigences sur les points suivants :

  • Subventions industrielles de la Chine qui nuisent à la concurrence des autres pays

  • Pratiques non commerciales de la Chineen général

  • Respect de la propriété intellectuelle étrangère

  • Incapacité de la Chine de se plier aux engagements qu’elle a pris dans le cadre de l’accord commercial signé en 2020

La Chine n’a jamais effectué que 57 % des achats qu’elle avait promis (bien que la pandémie ait compliqué les choses). Ellen’a pas non plus entièrement tenu ses engagements en matière de propriété intellectuelle et de libéralisation des services financiers. Les États-Unis demanderont aussi sans doute de l’aide pour déprécier le dollar américain et endiguer le flux de fentanyl, entre autres.

Il est difficile de dire exactement où tout cela va s’arrêter, mais nous avons tendance à penser que par rapport au taux effectif actuel de 39 % sur la Chine, un résultat favorable à la croissance serait un taux effectif permanent d’environ 25 %. Un résultat moins souhaitable – reflétant l’échec des négociations et peut-être même un antagonisme accru – serait un taux effectif oscillant autour de 50 %.

Accord commercial entre le Royaume-Uni et les États-Unis

C’est avec une certaine surprise que le 8 mai, le Royaume-Uni est devenu le premier pays à conclure un accord commercial (ou plutôt une ébauche d’accord commercial) avec Washington. Cela dit, peut-être n’aurions-nous pas dû nous étonner autant, compte tenu du succès du pays à négocier plusieurs autres accords commerciaux ces dernières semaines, comme nous le verrons plus loin.

Il s’agit d’un pas important pour les deux pays, mais aussi pour le reste du monde, car cela donne un aperçu de ce que les États-Unis veulent et des points qu’ils sont prêts à laisser tomber.

La conclusion n’est pas particulièrement encourageante. Des droits de douane substantiels, bien que réduits, subsistent.

L’accord prévoit le maintien de la surtaxe américaine de base de 10 % sur les produits britanniques. Toutefois, cela ne relève pas vraiment de l’exploit, le Royaume-Uni faisant déjà partie du peu de pays pour lesquels le taux intégral des droits de douane réciproques n’était que de 10 %. Il n’y avait donc pas de menace imminente de doublement ou de triplement en juillet, comme c’est le cas pour beaucoup d’autres pays. De même, le fait que le Royaume-Uni continuera à payer des droits de douane généraux, alors qu’il est l’un des rares pays à afficher un déficit commercial avec les États-Unis, n’est pas non plus de bon augure pour le reste du monde.

Là où le Royaume-Uni a réussi à obtenir des concessions, c’est au niveau des droits de douane sectoriels. Par exemple :

  • Le taux s’appliquant aux automobiles fabriquées au Royaume-Uni est réduit de 25 à 10 %, mais avec un quota annuel de 100 000 véhicules, ce qui correspond à peu près au volume actuel des exportations vers les États-Unis.

  • En ce qui a trait à l’acier et à l’aluminium, les droits de douane passent de 25 à 0 %, mais là encore, sous réserve d’un quota et seulement pour 2025.

  • Les moteurs d’avion britanniques sont exemptés de droits de douane, et le Royaume-Uni s’est engagé à acheter un nombre important d’aéronefs américains.

  • Le Royaume-Uni profitera par ailleurs d’un traitement préférentiel en ce qui concerne les futurs droits de douane sectoriels (prévus pour les produits pharmaceutiques, le bois d’œuvre, le cuivre et les puces informatiques).

  • Il obtient également un quota d’accès en franchise de droits au marché américain du bœuf et accorde le même privilège à l’industrie bovine américaine.

En échange, le Royaume-Uni a accepté les exigences américaines de sécurité pour ses industries sidérurgique et pharmaceutique. Cela signifie essentiellement que la Chine ne sera plus autorisée à participer à ces chaînes logistiques. La thèse selon laquelle les pays seront contraints de choisir le parapluie sous lequel s’abriter se concrétise : c’est l’équipe des États-Unis contre l’équipe de la Chine. Le Royaume-Uni a également levé ses droits de douane sur l’éthanol américain. En fin de compte, les droits de douane effectifs imposés aux États-Unis par le Royaume-Uni passent de 5,1 % à 1,8 %. Ceux que les États-Unis imposent au Royaume-Uni passent de 11,5 % à 8,8 %.

L’accord permet également au Royaume-Uni d’obtenir la clarté tant désirée et d’éviter de nouvelles concessions.

Le principal message véhiculé par l’accord est qu’il est peu probable que les droits de douane disparaissent complètement, même pour les pays les plus inoffensifs, comme le Royaume-Uni. Ces accords commerciaux ajouteront de nouveaux points de friction aux échanges commerciaux (non seulement par la perception de droits de douane, mais aussi par l’imposition fastidieuse de quotas). L’avenir nous dira si les États-Unis respectent l’accord ou le renient.

Toutefois, le fait que les États-Unis n’aient pas adopté la ligne dure pour exiger des concessions est somme toute un point positif : malgré certaines déclarations contradictoires, il semble que le Royaume-Uni n’ait pas eu à abandonner sa taxe sur les services numériques (mais nous y reviendrons plus tard). Sa taxe sur la TVA n’a pas été mentionnée. Les États-Unis n’ont pas insisté pour obtenir un meilleur accès aux secteurs des services britanniques protégés. De plus, ils n’ont pas imposé d’objectifs stricts de dépenses de défense.

Nouvelle ronde de menaces de droits de douane

Le marché boursier s’étant en grande partie remis de son premier accès d’inquiétude concernant les droits de douane (voir le graphique suivant), la Maison-Blanche a apparemment eu l’occasion de s’engager une nouvelle fois dans la voie du protectionnisme. La tendance n’est plus clairement à l’allègement des droits de douane, comme c’était le cas depuis le début du mois d’avril jusqu’à tout récemment.

L’agitation règne sur le marché boursier à cause des préoccupations concernant les droits de douane

L’agitation règne sur le marché boursier à cause des préoccupations concernant les droits de douane

Au 23 mai 2025. Sources : S&P Global, Macrobond, RBC GMA.

Le 4 mai, le président Trump a déclaré aux médias que les États-Unis fixeraient de nouveaux droits de douane pour de nombreux partenaires commerciaux dans les deux ou trois semaines suivantes. Cette décision a été prise en partie parce qu’il est impossible de négocier avec plus de 100 pays simultanément. Si le moment choisi s’est avéré suspect, il témoigne de l’incertitude chaotique qui persiste. Ilsoulève des questions comme la raison pour laquelle le report de l’application des droits de douane réciproques n’est plus prévu au début du mois de juillet, et si ces nouveaux droits de douane seront différents des droits de douane réciproques (et pourquoi).

Le 23 mai, le président Trump a annoncé son intention d’imposer des droits de douane de 50 % à l’UE le 1er juin. Cette décision a depuis été reportée au 9 juillet après une conversation constructive avec les représentants de l’UE, ce qui permet d’aligner le calendrier sur le report de 90 jours de l’application des droits de douane réciproques. Mais, fait inquiétant, la proposition montre que le contexte des droits de douane reste chaotique (le chiffre de 50 % est apparemment sorti on ne sait d’où – l’UE était initialement visée par un taux de 20 % et paie actuellement un taux de 10 %). Il semble que les États-Unis veulent exercer plus de pression lorsqu’ils sont en pleine négociation d’un accord commercial. Les droits de douane réciproques publiés ne représentent peut-être pas tout à fait le pire des scénarios pour les pays.

Également le 23 mai, le président Trump a annoncé son intention d’imposer des droits de douane de 25 % sur tous les iPhones et autres cellulaires fabriqués en dehors des États-Unis. Il semble que cette décision ait été prise en réponse au projet d’Apple de transférer une part importante de sa production de téléphones de la Chine vers l’Inde, plutôt que vers les États-Unis.

Par ailleurs, la menace planant sur l’iPhone confirme notre thèse selon laquelle la Maison-Blanche pourrait de plus en plus recourir à des menaces et à des mesures au niveau des entreprises – en tirant parti non seulement des droits de douane, mais aussi de la persuasion morale et de la capacité à modifier l’interprétation et l’application des réglementations propres aux entreprises et aux secteurs – pour faire pression sur les entreprises américaines et étrangères afin qu’elles augmentent leur production sur le territoire américain. Le problème des droits de douane est qu’ils nuisent sur-le-champ aux Américains, alors qu’il faut des années pour déplacer la production vers les États-Unis. Faire pression directement sur les entreprises et les secteurs peut favoriser des engagements moins coûteux à court terme, mais dont le résultat est semblable à long terme (augmentation de la production nationale, mais en contrepartie d’une hausse potentielle des prix pour les Américains).

Un autre exemple de menace au niveau des entreprises est la demande de la Maison-Blanche que Walmart ne répercute pas la hausse des prix sur les consommateurs. Si elle est respectée, les marges bénéficiaires de Walmart devraient diminuer. Amazon a également subi des pressions dans le même sens.

Il n’apparaît pas clairement qu’une autre menace de droits de douane brandie par la Maison-Blanche au début du mois de mai, à savoir l’imposition d’un droit de douane de 100 % sur les films produits à l’étranger, soit légale ni pratique d’un point de vue logique, étant donné qu’il s’appliquerait sur un service plutôt que sur un bien. Néanmoins, elle signale la possibilité inquiétante que les droits de douane dépassent le domaine traditionnel des biens échangés.

Efforts de négociation avec les États-Unis

De leur côté, de nombreux pays font de leur mieux pour négocier avec les États-Unis les droits de douane et répondre à leurs griefs.

Cela s’avère assez difficile à réaliser, pour plusieurs raisons. L’une d’entre elles est tout simplement la logistique. Plus de 100 pays tentent de négocier avec les États-Unis avant la date limite du début juillet. Pendant le premier mandat de Trump, il a fallu 14 mois pour négocier avec seulement une poignée d’entre eux.

Un autre problème est que les représentants américains ne seraient même pas en mesure de formuler des demandes précises à leurs homologues. Il est donc impossible d’évaluer si ces demandes sont réalisables ni de progresser vers un accord.

Celui qui a été conclu avec le Royaume-Uni offre un certain cadre. L droits de douane de base seront probablement maintenus, des droits de douane sectoriels sont en jeu et les exigences américaines ne s’aventureront peut-être pas trop au-delà du contexte commercial traditionnel. Cependant,c’est une tout autre affaire que de trouver quelqu’un en position d’autorité avec qui négocier lorsque la décision finale semble relever d’une seule personne – le président.

En substance, Trump aime les droits de douane. Il souhaite le retour de l’industrie manufacturière aux États-Unis. En outre, il se dit enclin à faire des offres à prendre ou à laisser plutôt que de s’engager dans le processus de négociation commerciale traditionnel.

Afin de préserver l’une des plus importantes relations commerciales bilatérales au monde, l’UE a exprimé plusieurs souhaits :

  • Réduire mutuellement les barrières douanières

  • Réduire mutuellement les barrières non douanières

  • Coopérer sur les enjeux mondiaux, tels que la surproduction chinoise

  • Accroître les investissements européens aux États-Unis

  • Augmenter les achats européens de produits américains, tels que le gaz naturel et les technologies

La plupart de ces éléments devraient intéresser les États-Unis, mais la Maison-Blanche n’était apparemment pas très satisfaite de la proposition initiale.

On entend aussi peu à peu parler des négociations menées par d’autres pays :

Japon : Les États-Unis semblent résolument contre l’idée de lever les droits de douane de base ou sectoriels visant le Japon. Ce dernier semble se diriger vers des conditions encore plus défavorables que celles applicables au Royaume-Uni. Les États-Unis veulent sans doute entraver plus particulièrement l’imposant secteur automobile japonais. Malgré son mécontentement, le Japon a indiqué qu’il n’envisageait pas, comme tactique de négociation, de vendre des bons du Trésor américain.

Taïwan : Taïwan est l’un des pays les plus touchés par les droits de douane américains. Sa monnaie s’est envolée, portée en partie par l’espoir d’un accord, non seulement parce qu’il engendrerait des retombées économiques positives, mais aussi parce que le pays s’engagerait à contribuer à la dépréciation du billet vert.

Inde : L’Inde semble de plus en plus disposée à supprimer ses barrières commerciales. Cependant, son irritation grandit face aux tentatives des États-Unis d’utiliser les droits de douane pour l’influencer sur des questions géopolitiques.

Vietnam : Le Vietnam a rapidement approuvé un projet de la Trump Organization (annoncé pour la première fois avant l’élection de l’automne dernier). Cette décision est considérée par certains comme un geste de bonne volonté qui pourrait aider le pays à éviter des droits de douane réciproques parmi les plus élevés. Les enjeux sont importants, étant donné que le Vietnam est désormais le pays dont les liens économiques avec la Chine sont les plus importants, devançant même le Mexique et le Canada à cet égard.

Certains pensent que le pouvoir de négociation des États-Unis pourrait s’émousser avec le temps, à mesure que l’économie et les marchés américains se replient. Toutefois, les marchés financiers font preuve de résilience, en se focalisant sur l’évolution de l’économie américaine au cours des mois à venir. Certains pays pourraient jouer la carte de la lenteur pour cette raison.

Contre-offensive juridique aux droits de douane du président Trump

Reste à savoir si les droits de douane du président Trump, qui se fondent sur une interprétation large de la législation, survivront à la vague de poursuites judiciaires. Dans l’ensemble, la réponse est un « oui » nuancé par quelques rebondissements.

L’administration Trump fait face à de multiples poursuites judiciaires aux États-Unis pour avoir utilisé l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA) afin d’imposer des droits de douane généralisés. M. Trump a invoqué l’IEEPA pour deux raisons principales :

  • Pour déclarer plusieurs urgences nationales (immigration illégale, trafic de drogues et déficits commerciaux)

  • Pour imposer des droits de douane sur les importations en provenance de la Chine, du Canada et du Mexique, puis de presque tous les partenaires commerciaux des États-Unis, lors du « jour de la libération ».

L’IEEPA est la justification légale de la plupart des droits de douane américains actuellement en vigueur, les droits sectoriels reposant sur d’autres législations.

En général, les plaignants soutiennent que l’IEEPA ne mentionne pas les droits de douane ; elle donne seulement au président le pouvoir de « réglementer » ou d’« interdire » des importations. Ils affirment également que le recours à cette loi représente un abus de pouvoir de la part de l’exécutif. En vertu de la Constitution, les droits de douane relèvent du législatif, bien que le Congrès ait délégué une partie de ce pouvoir au président. Le fait que les déficits commerciaux puissent constituer une urgence nationale et justifier un droit général de 10 % est également remis en question.

L’IEEPA a été adoptée en 1977, mais n’a jamais été utilisée pour imposer des droits de douane, jusqu’à présent. Le président Nixon a toutefois eu recours à la Trading With the Enemy Act, une loi antérieure à l’IEEPA et qui comprend des dispositions similaires, pour taxer un fabricant japonais de fermetures à glissière en 1971. Les tribunaux ont confirmé cette décision en 1974, et le gouvernement actuel soutient que ce précédent s’applique encore aujourd’hui.

L’une des principales affaires est entendue par le Tribunal de commerce international des États-Unis. Plusieurs propriétaires d’entreprise demandent une injonction permanente contre les droits de douane du « jour de la libération » et des dommages-intérêts équivalents aux droits déjà perçus. Les arguments sont présentés à un panel de trois juges, qui pourraient statuer sur une injonction provisoire dans le courant du mois de juin. Une poursuite similaire intentée par 12 procureurs généraux d’État, qui demandent une injonction contre les droits de douane liés à la protection des frontières et au trafic de fentanyl, a débuté devant le même tribunal durant la seconde moitié du mois de mai.

Une injonction provisoire pourrait empêcher le gouvernement de percevoir les droits imposés en vertu de l’IEEPA pendant que l’affaire suit son cours. Toutefois, il faudrait pour cela que les plaignants prouvent que leurs entreprises ou les États subissent un préjudice irréparable, autre qu’une perte de profits. Cette éventualité paraît difficile. Et même si elle est accordée, l’injonction provisoire pourrait être suspendue pendant que le gouvernement porte la cause en appel.

Si les tribunaux l’empêchent d’invoquer l’IEEPA, le président Trump dispose d’autres options (voir le tableau). Les droits de douane visant à lutter contre les pratiques commerciales déloyales aux termes de l’article 301 ont été imposés à la Chine pendant le premier mandat de M. Trump. Ils demeurent en vigueur et constituent probablement la solution de rechange la plus appropriée. Le représentant américain au commerce devrait alors enquêter sur les pratiques commerciales de chaque pays avant de pouvoir mettre en place des droits de douane. Cependant, une grande partie des importations américaines pourrait être traitée d’ici la fin de l’année. Dans l’intervalle, des droits pourraient être adoptés aux termes de l’article 122 pendant une période maximale de 150 jours.

Il est bon de suivre les contestations juridiques des droits de douane mis en place par M. Trump aux termes de l’IEEPA, qui pourraient être suspendus au plus tôt d’ici un mois. Cela dit, en fin de compte, nous pensons que l’administration Trump juge utile d’imposer des droits de douane généralisés à la plupart des partenaires commerciaux des États-Unis. Par conséquent, la contre-offensive juridique pourrait être un ralentisseur plutôt qu’un obstacle au protectionnisme.

Solutions pour justifier les droits

Solutions pour justifier les droits

Sources : Bloomberg Economics, Congressional Research Service, RBC GMA.

Mesures relatives au commerce dans le reste du monde

D’autres pays ont refait le point sur leurs propres relations commerciales avec des pays autres que les États-Unis.

Fait important, le Royaume-Uni a récemment signé des accords commerciaux non seulement avec les États-Unis, mais également avec l’Inde et l’UE. L’accord avec l’UE est particulièrement intéressant, car il implique de revenir partiellement sur les concessions liées au Brexit, un sujet qui a dominé l’actualité politique et dicté la politique commerciale du Royaume-Uni pendant la majeure partie de la dernière décennie.

Au cœur de cet accord figurent des mesures visant à renforcer la coopération entre le Royaume-Uni et l’UE en matière de défense, et à mieux aligner leurs secteurs agricole, par exemple :.

  • Le Royaume-Uni prendra part au fonds de défense de l’UE d’un montant de 150 milliards d’euros.

  • Leurs systèmes d’échange de quotas d’émission de carbone seront reliés.

  • Londres et Bruxelles poursuivront leur discussion sur la mise en place d’un programme en faveur de la mobilité des jeunes qui permettrait à un plus grand nombre d’entre eux de franchir la frontière.

  • L’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques et des pêcheurs britanniques aux eaux européennes est reconduit sur 12 ans, prolongeant ainsi le système actuel.

Il est intéressant de noter qu’après que les États-Unis ont soudainement fait marche arrière sur l’exemption de minimis concernant les produits étrangers de faible valeur en provenance de Chine, l’UE et le Japon envisagent d’adopter des mesures similaires. De telles mesures corrigeraient efficacement une faille qui permet à certains produits étrangers d’entrer dans un pays sans être assujettis au régime tarifaire habituel. L’approche de l’UE serait particulièrement innovante. En effet, plutôt que de s’engager dans un processus compliqué pour évaluer la valeur de chaque colis séparément et d’appliquer des droits de douane sur la base d’un pourcentage, l’UE propose d’imposer des frais fixes de deux euros par colis.

Incidence économique des droits de douane jusqu’à présent

Certains éléments de l’incidence macroéconomique des droits de douane semblent se préciser, tandis que d’autres aspects restent difficiles à cerner.

L’idée selon laquelle les entreprises et les ménages anticiperaient leurs importations et leurs dépenses de consommation en prévision de l’imposition des droits de douane s’est avérée exacte. Les importations de biens de consommation aux États-Unis ont véritablement explosé dans les mois qui ont précédé l’offensive tarifaire d’avril (voir le graphique suivant). En mars, les ventes au détail aux États-Unis ont également progressé plus vite que d’habitude, soit juste avant l’annonce des droits de douane les plus élevés.

Les importations de biens de consommation aux États-Unis ont augmenté avant l’entrée en vigueur des droits de douane

Les importations de biens de consommation aux États-Unis ont augmenté avant l’entrée en vigueur des droits de douane

En date de mars 2025. Sources : Census Bureau des États-Unis, Macrobond, RBC GMA.

Dans un contexte où la récente détente tarifaire entre la Chine et les États-Unis encourage d’autres expéditions massives avant que des droits de douane plus élevés ne soient à nouveau imposés, une reprise des achats anticipés est actuellement observée. Dans la semaine qui a suivi l’annonce de l’accord entre les États-Unis et la Chine, le nombre hebdomadaire de réservations de transport de conteneurs depuis la Chine vers les États-Unis a plus que doublé.

L’incertitude, considérée en théorie comme un frein à l’économie puisque les entreprises et les ménages attendent d’y voir plus clair avant d’engager des dépenses importantes, a atteint un niveau extrêmement élevé, mais elle diminue actuellement tout en demeurant à des niveaux toujours élevés.

Quelques indicateurs nous donnent une idée des dommages économiques que cause cette incertitude. Seulement environ la moitié des sociétés cotées en bourse ont fourni des prévisions de bénéfices comme à l’accoutumée et on pourrait penser qu’elles sont également peu enclines à faire des paris audacieux sur l’avenir. Les fabricants américains signalent que le nombre des nouvelles commandes a considérablement chuté en raison des inquiétudes liées à l’incertitude (voir le graphique suivant). Selon une enquête de la Fed de Dallas, 39,6 % des dirigeants d’entreprise au Texas prévoient réduire leurs dépenses d’investissement, tandis que seuls 10,1 % d’entre eux envisagent de les augmenter.

En ce qui concerne la consommation, les reventes de logements sont également en net recul après avoir augmenté compte tenu de la baisse des taux d’intérêt à la fin de l’année dernière. En bref, l’incertitude semble causer de réels dommages économiques, même s’il est difficile de distinguer parfaitement ces dommages de ceux résultant des droits de douane eux-mêmes ou d’autres forces liées.

Les nouvelles commandes et les prévisions se sont effondrées depuis l’annonce des droits de douane du président Trump

Les nouvelles commandes et les prévisions se sont effondrées depuis l’annonce des droits de douane du président Trump

Données en avril 2025. Les nouvelles commandes et les prévisions de nouvelles commandes correspondent au cumul normalisé des nouvelles commandes provenant d’enquêtes sur les entreprises manufacturières menées par l’université Chapman, l’université Creighton, l’Institute for Supply Management (ISM), la Federal Reserve Bank de Dallas, la Federal Reserve Bank de Kansas City, la Federal Reserve Bank de New York, la Federal Reserve Bank de Philadelphie, et la Federal Reserve Bank de Richmond. Sources : Macrobond, RBC GMA.

Les nouveaux droits de douane ne font pas ployer fortement l’économie américaine. Dire le contraire est erroné, du moins pour l’instant. Au cours du mois dernier, les principaux indicateurs des surprises économiques américaines ont en fait été positifs partout (voir le graphique suivant).

L’indice des surprises économiques axé sur les États-Unis devient positif

L’indice des surprises économiques axé sur les États-Unis devient positif

Au 20 mai 2025. L’indice des surprises économiques axé sur les États-Unis représente la moyenne équipondérée des données normalisées relatives aux surprises des composantes sous-jacentes. Sources : Bloomberg, RBC GMA.

L’indice économique hebdomadaire de la Fed de Dallas tire peut-être quelque peu vers le bas, sans volteface toutefois (voir le graphique suivant). Les demandes hebdomadaires de prestations d’assurance-emploi ont augmenté (un facteur négatif), de manière toutefois marginale à nouveau (voir le graphique suivant).

L’indice économique hebdomadaire de la Fed de Dallas pourrait tirer vers le bas

L’indice économique hebdomadaire de la Fed de Dallas pourrait tirer vers le bas

Données pour la semaine se terminant le 10 mai 2025. L’indice économique hebdomadaire se compose de 10 indicateurs de l’activité économique réelle, mis à l’échelle pour s’aligner sur le taux de croissance du PIB sur quatre trimestres. Sources : Federal Reserve Bank de Dallas, Macrobond, RBC GMA.

Les demandes de prestations d’assurance-emploi aux États-Unis indiquent toujours que tout va bien

Les demandes de prestations d’assurance-emploi aux États-Unis indiquent toujours que tout va bien

Données pour la semaine se terminant le 17 mai 2025. Sources : Département du Travail des États-Unis, Macrobond, RBC GMA.

Certains secteurs américains profitent même des droits de douane. Tel est le cas de l’industrie sidérurgique américaine, dont la concurrence étrangère est entravée (voir le graphique suivant). La croissance du crédit aux États-Unis s’est également accélérée dans l’immédiat. Nous pensons toutefois que cela est principalement dû au fait que les entreprises puisent dans leurs lignes de crédit pour s’assurer des liquidités suffisantes si la conjoncture se détériore (voir le graphique suivant).

Aux États-Unis, la production d’acier brut tire parti des droits de douane

Aux États-Unis, la production d’acier brut tire parti des droits de douane

Données pour la semaine se terminant le 17 mai 2025. Sources : American Iron and Steel Institute, Haver Analytics, RBC GMA.

Aux États-Unis, la croissance du crédit s’est accélérée

Aux États-Unis, la croissance du crédit s’est accélérée

Données pour la semaine se terminant le 16 avril 2025. La zone ombrée représente une récession. Sources : Réserve fédérale, Macrobond, RBC GMA.

Incidence économique future des droits de douane

Pour l’avenir, les entreprises de logistique et de transport sont globalement pessimistes. Certaines prévoient ou signalent des licenciements. L’économie pâtira encore dans une certaine mesure.

Les prévisions générales du produit intérieur brut (PIB) américain pour 2025 et 2026 continuent de se dégrader (voir le graphique suivant). En fait, les prévisions générales de croissance de quasi chaque pays sont en baisse.

Les prévisions générales de la croissance américaine ont été revues à la baisse

Les prévisions générales de la croissance américaine ont été revues à la baisse

En date de mai 2025. Sources : Consensus Economics, RBC GMA.

Malgré les fortes craintes de récession (voir le graphique suivant), l’ampleur des dommages économiques liés aux droits de douane semble s’être un peu réduite par rapport à celle redoutée au départ. Cela est dû en grande partie au fait que les droits de douane chinois sont passés de trois à deux chiffres. Voilà la différence entre des produits qui ne valent même pas la peine d’être importés (d’où les pénuries et les rayons vides) et ceux qui ont tout simplement renchéri.

Ces prix plus élevés impliquent toujours que les revenus réels ont effectivement baissé. Cette baisse laisse entrevoir une évolution à la baisse des dépenses. Nous continuons d’intégrer une baisse du taux de croissance de l’économie américaine d’environ 1,3 point de pourcentage. Il ne s’agit toutefois probablement pas d’une récession.

 D’ailleurs, les dégâts économiques pourraient survenir un peu plus tard que prévu, car les stocks tiennent plus longtemps. La première hypothèse d’une diminution de la consommation à partir de mai et juin pourrait devenir plus apparente dans les statistiques de juillet et d’août.

Tendance actuelle : renforcement des craintes de récession aux États-Unis

Tendance actuelle : renforcement des craintes de récession aux États-Unis

Données en avril 2025. Le nombre de recherches Web sur le sujet dans Google par rapport au nombre total de recherches effectuées dans Google au fil du temps a été réduit et normalisé en vue d’établir le degré d’intérêt au fil du temps. La zone ombrée représente une récession. Sources : Google Trends, Macrobond, RBC GMA.

Effets initiaux des droits de douane sur les prix ?

Les effets des droits de douane sur les prix mettent également du temps pour se faire sentir. L’indice des prix à la consommation (IPC) américain pour le mois d’avril est légèrement plus bas que prévu (seulement +2,3 % d’une année sur l’autre). Les droits de douane n’ont pas eu d’effet visible sur les prix des véhicules motorisés ou des vêtements, ou dans d’autres secteurs dépendants du commerce (voir le graphique suivant).

Facteurs contribuant le plus au plus récent taux d’inflation mensuel aux États-Unis

Facteurs contribuant le plus au plus récent taux d’inflation mensuel aux États-Unis

Données en avril 2025. Sources : Bureau of Labor Statistics des États-Unis, Macrobond, RBC GMA.

S’agissant de la chaîne logistique, l’inflation des importations reste ordinaire (voir le graphique suivant). Une bonne interprétation de ce point est essentielle, quoique paradoxale. Les prix à l’importation ne devraient pas augmenter en raison des droits de douane, car l’entrée en vigueur de ceux-ci suit immédiatement l’importation du produit. En fait, on pourrait imaginer une diminution des prix à l’importation, car les importateurs ont répercuté en partie leurs nouvelles dépenses sur les fabricants étrangers (sous la forme de prix à l’importation moins élevés). Cette tendance n’est toutefois pas non plus observée – jusqu’à présent, il s’agit de nombreuses répercussions sans effet.

L’inflation des prix à l’importation reste anodine

L’inflation des prix à l’importation reste anodine

Données en avril 2025. Sources : Bureau of Labor Statistics (BLS) des États-Unis, Macrobond et RBC GMA.

Une augmentation des prix devrait néanmoins se profiler, tant d’un point de vue théorique que parce que les fabricants indiquent que leurs coûts commencent à augmenter fortement (voir le graphique suivant).

Bond du prix des matières premières ; ralentissement des livraisons des fournisseurs

Bond du prix des matières premières ; ralentissement des livraisons des fournisseurs

Données en avril 2025. La zone ombrée représente une récession. Sources : Institute for Supply Management (ISM), Macrobond, RBC GMA.

Il faudra un certain temps avant que le coût des intrants se répercute dans la chaîne logistique, mais ce ne sera pas trop long. L’enquête de la Fed de Dallas auprès des dirigeants texans montre que 51 % d’entre eux prévoient d’augmenter leurs prix un mois après l’entrée en vigueur des droits de douane. Vingt-six pour cent indiquent qu’ils le feront dans un délai d’un à trois mois.

 En revanche, une autre enquête – celle de la National Federation of Independent Businesses – ne montre qu’une légère augmentation de la proportion d’entreprises prévoyant d’augmenter leurs prix (voir le graphique suivant).

Le pourcentage d’entreprises américaines qui prévoient augmenter leurs prix a progressé à la suite de l’imposition des droits de douane par Trump

Le pourcentage d’entreprises américaines qui prévoient augmenter leurs prix a progressé à la suite de l’imposition des droits de douane par Trump

Données en avril 2025. La zone ombrée représente une récession. Sources : National Federation of Independent Business, Macrobond, RBC GMA.

Alors que les anticipations d’inflation des consommateurs ressortant des enquêtes ont grimpé en flèche, d’autres indicateurs plus fiables, p. ex., les anticipations d’inflation fondées sur le marché, affichent une hausse beaucoup moins importante (voir le graphique suivant). Une autre raison de penser que le sursaut inflationniste n’est peut-être pas extrême est que les pressions salariales s’atténuent considérablement (voir le graphique suivant).

Les anticipations d’inflation aux États-Unis augmentent à des degrés divers

Les anticipations d’inflation aux États-Unis augmentent à des degrés divers

Attentes du marché au 12 mai 2025, attentes des consommateurs et des entreprises évaluées par des sondages, en date d’avril 2025. Sources : Federal Reserve Bank d’Atlanta, conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, sondages auprès des consommateurs de l’Université du Michigan, Haver Analytics, RBC GMA.

Les pressions salariales se sont apaisées aux États-Unis

Les pressions salariales se sont apaisées aux États-Unis

Données en avril 2025. L’indice composite des pressions salariales reflète les intentions des entreprises d’augmenter les salaires. La zone ombrée représente une récession. Sources : Macrobond, RBC GMA.

Dans l’ensemble, nous réaffirmons que les prix devraient augmenter quelque peu à cause des droits de douane. Cette hausse ne s’est toutefois pas encore répercutée sur les consommateurs. L’effet global pourrait en fait être un peu moins important que celui imaginé habituellement. Nos modèles indiquent que les prix à la consommation seront « seulement » de 1,1 point de pourcentage plus élevés que dans d’autres circonstances.

Vérification croisée des entreprises

La période de publication des résultats aux États-Unis touche à sa fin. Plus de 90 % des entreprises du S&P 500 avaient publié leurs résultats au moment de cette analyse. Nous avons donc eu l’occasion d’examiner les principaux thèmes du dernier trimestre. Sans surprise, les droits de douane ont dominé les conversations des conférences téléphoniques sur les résultats : leurs mentions ont enregistré de loin la plus forte augmentation par rapport au trimestre précédent (voir le tableau). Les entreprises des secteurs des produits industriels, des soins de santé et de la consommation sont celles qui sont revenues le plus sur ce sujet.

D’autres thèmes intéressants ressortent des transcriptions des conférences sur les résultats :

  • Outre les droits de douane, la stratégie de fixation des prix, les coûts des matériaux et le ralentissement économique ont été des sujets beaucoup plus mentionnés au deuxième trimestre. Cette évolution souligne l’impact stagflationniste potentiel (hausse de l’inflation, ralentissement de la croissance) des politiques protectionnistes. Les entreprises des secteurs des produits industriels, des matériaux et de l’énergie sont celles qui ont le plus mentionné les coûts des matériaux, tandis que les entreprises des secteurs des produits industriels et de la consommation discrétionnaire ont abordé la stratégie de fixation des prix. Le ralentissement économique a été le principal sujet des sociétés financières.

  • Les perturbations et changements de la chaîne logistique ont été plus mentionnés sans que les entreprises ne mettent nécessairement l’accent sur les frais de transport. Ces statistiques semblent concorder avec les données des chaînes logistiques et d’autres anecdotes laissant croire à une volatilité de la demande dans le secteur du transport et quelques problèmes logistiques, avec une augmentation toutefois limitée des coûts globaux d’expédition.

  • La confiance des consommateurs a été évoquée plus souvent. Nous supposons alors qu’elle est généralement négative du fait de la récente détérioration des données sur la confiance des consommateurs. Ce sont les mentions des entreprises des secteurs de la consommation discrétionnaire et de base qui ont enregistré la plus grande augmentation. Ces dernières ont également noté de plus nombreuses « réductions des dépenses », ce qui donne à penser à des signes de frugalité de la part des consommateurs.

  • Malgré les plus nombreuses mentions d’un ralentissement économique, les suppressions d’emplois n’ont pas été plus abordées qu’au trimestre précédent. Une fois de plus, cela semble concorder avec la résilience des données sur les salaires et les demandes de prestations d’assurance-emploi jusqu’à présent.

  • Les relocalisations ont été plus citées contrairement aux délocalisations à proximité. Nous trouvons cela logique, car la menace de droits de douane universels (même si le Canada et le Mexique sont relativement moins visés à ce stade) n’encourage pas vraiment la régionalisation des chaînes logistiques.

  • Les boycottages n’ont pas été plus mentionnés, bien que plusieurs agences de voyages et sociétés de cartes de crédit aient noté une diminution des voyages aux États-Unis, en particulier de la part des Canadiens. Nous y voyons là une preuve de boycottage. Cette dynamique transparaît aussi dans les données sur le tourisme et le passage des frontières.

Dans l’ensemble, ces tendances semblent confirmer de manière anecdotique ce que nous observons dans les données économiques et les enquêtes. Elles offrent une perspective intéressante sur les canaux par lesquels les différents secteurs sont (ou ne sont pas) touchés par les droits de douane.

Sujets abordés par les sociétés lors des conférences téléphoniques sur les résultats

Sujets abordés par les sociétés lors des conférences téléphoniques sur les résultats

Nota: Au 23 mai 2025. Au prorata du nombre de téléconférences sur les bénéfices jusqu'à présent au T2 par rapport au T1. Il se peut que les totaux des secteurs ne correspondent pas à ceux de l'indice S&P 500 en raison du calcul au prorata.

Le point sur le cycle économique

Comme chaque trimestre, nous avons mis à jour notre feuille de pointage du cycle économique. Nous avons notamment revu à la baisse la probabilité d’un début de nouveau cycle, tout en augmentant le risque de fin de cycle ou de phase de récession (voir le graphique suivant).

D’après la feuille de pointage du cycle de l’économie américaine, le risque de « fin du cycle » ou de récession augmente

D’après la feuille de pointage du cycle de l’économie américaine, le risque de « fin du cycle » ou de récession augmente

Au 2 mai 2025. Calcul effectué à l’aide de la technique de la feuille de pointage par RBC GMA. Source : RBC GMA.

Ce retournement est logique si l’on considère la situation d’un trimestre à l’autre. En effet, les droits de douane sont survenus sans crier gare au cours du dernier trimestre. Dans la foulée, la perspective d’un repli de l’économie et le risque de récession ont fortement augmenté.

Deux mises en garde s’imposent.

Premièrement, le risque lié aux droits de douane a quelque peu diminué depuis cette mise à jour au début du mois de mai. Nous avons donc ramené notre évaluation du risque de récession aux États-Unis au cours des 12 prochains mois de 40 % à 30 %. Le pourcentage reste élevé. Il implique toutefois sque la prochaine mise à jour de la feuille de route du cycle économique pourrait indiquer une certaine amélioration.

Deuxièmement, la feuille de pointage du cycle économique est surtout utile pour interpréter les effets de forces économiques organiques, par exemple une économie en surchauffe ou une économie fatiguée et vieillissante. Elle estmoins efficace pour interpréter ou saisir les chocs politiques exogènes comme la décision des États-Unis d’imposer des droits de douane à leurs partenaires commerciaux ou les nombreux ajustements apportés depuis cette décision initiale. Nous continuons de mettre à jour la feuille de pointage et pensons qu’elle apporte une certaine valeur ajoutée. Cependant, elle est moins centrale dans notre processus de prévision que pendant d’autres périodes de l’histoire.

Évolution de la situation budgétaire

La « grande et belle loi » de Trump est adoptée par la Chambre des représentants

Les législateurs américains vont de l’avant dans l’extension des baisses d’impôt (adoptées en vertu de la loi Tax Cuts and Jobs Act (TCJA) promulguée pendant le premier mandat de Trump) et dans la mise en place de dégrèvements fiscaux et de réductions de dépenses supplémentaires, ces initiatives étant regroupées au sein d’une loi unique baptisée la « grande et belle loi ». Apparemment, les investisseurs en obligations ne voient pas cette législation d’un très bon œil, compte tenu de ses retombées sur la dette et le déficit. Les taux des obligations du Trésor à long terme ont récemment franchi la barre des 5 % pour la deuxième fois depuis 2007. L’estimation de la « prime de terme » des obligations du Trésor – c’est-à-dire le supplément de rémunération que les investisseurs reçoivent en échange de l’immobilisation de leur argent pendant une plus longue période – a atteint son niveau le plus élevé depuis 11 ans.

Pourquoi cette inquiétude ? Selon le modèle de budget de Penn Wharton, le projet de loi (avant quelques ajustements de dernière minute) augmenterait le déficit primaire d’un montant cumulé de 3 200 milliards de dollars en 10 ans. Toutefois, cela suppose que certains des nouveaux dégrèvements fiscaux et crédits d’impôt temporaires soient autorisés à expirer au bout de quatre ans. Si ces mesures devenaient permanentes – comme c’est le cas actuellement avec les réductions d’impôts de la loi TCJA – le coût sur dix ans atteindrait 4 800 milliards de dollars. Au lieu d’une augmentation de 7 % de la dette publique au cours de la prochaine décennie par rapport à la projection de base, la prolongation de ces changements budgétaires entraînerait une augmentation de 11 %.

Les baisses d’impôt augmenteront considérablement les déficits budgétaires, surtout si elles sont permanentes

Les baisses d’impôt augmenteront considérablement les déficits budgétaires, surtout si elles sont permanentes

Au 20 mai 2025. Sources : Modèle budgétaire de Penn Wharton, Congressional Budget Office (CBO), comité mixte sur la fiscalité, comités de la Chambre, RBC GMA.

Les principaux dégrèvements fiscaux et crédits d’impôt et les nouvelles dépenses au titre du projet de loi présenté à la Chambre des représentants sont les suivants :

  • Prolongation et extension des dégrèvements fiscaux au titre de la TCJA qui devaient arriver à expiration à la fin de l’année

  • Prolongation et extension temporaire des crédits d’impôt pour enfant

  • Augmentation de la déduction standard pour les contribuables célibataires et les personnes âgées – cette dernière proposition en lieu et place de la promesse de Trump de cesser d’imposer les prestations de sécurité sociale, ce qui est difficile sur le plan législatif

  • Suppression de l’impôt sur les pourboires et les heures supplémentaires

  • Augmentation des dépenses militaires et frontalières

Ces mesures sont partiellement compensées par quelques économies :

  • Réduction des prestations Medicaid et SNAP (anciennement connues sous le nom de « food stamps »), étant donné que le renforcement des exigences en matière d’emploi réduira le nombre de bénéficiaires

  • Plafonnement de la déduction liée aux impôts locaux et d’État (SALT), plutôt que de laisser expirer le plafond précédent, ce qui aurait diminué les recettes

  • Retrait progressif des incitations fiscales en faveur des énergies propres de l’ère Biden

La réduction des prestations Medicaid et SNAP amène le Congressional Budget Office (CBO) à calculer que le projet de loi pourrait réduire les ressources des 10 % de personnes aux revenus les plus bas, tout en profitant aux 10 % de personnes les plus aisées. Mais dans l’ensemble, le projet de loi a un effet global de stimulation, même par rapport à la politique de référence actuelle qui suppose le maintien des réductions d’impôts prévues par la loi TCJA. Du côté des ménages, ces mesures de relance deviendront visibles au printemps prochain, lorsque les contribuables recevront les remboursements prévus au titre des réductions de l’impôt sur le revenu des personnes physiques avec un effet rétroactif au début de cette année. La stimulation fiscale et l’augmentation du déficit budgétaire qui en découle seront partiellement compensées par l’incidence des droits de douane et les réductions de dépenses du DOGE, qui ne sont pas prises en compte dans les projections budgétaires.

Il convient de noter que ce projet de loi fiscale a encore un long chemin à parcourir dans le processus législatif. Il a été adopté à la Chambre des représentants avec la plus petite des marges (215 contre 214) et il va maintenant être présenté au Sénat, où des changements sont probables – auquel cas, les changements devront ensuite être approuvés par la Chambre des représentants. Les législateurs espèrent que le projet de loi sera déposé sur le bureau du président d’ici le 4 juillet. Du fait que le projet inclut également un relèvement du plafond de la dette de 4 000 milliards de dollars, il doit être adopté avant le mois d’août, échéance à laquelle le Trésor pourrait se trouver à court de liquidités si sa capacité d’emprunt n’était pas augmentée.

Hausse des impôts américains à l’égard des investisseurs internationaux

Dans ce document budgétaire gargantuesque de 1 100 pages, figure l’article 899 qui propose une taxe de rétorsion contre les pays étrangers qui appliquent des « taxes discriminatoires ou injustes », notamment des taxes sur les services numériques.

Entre autres, le Canada, le Royaume-Uni, la France, l’Italie et l’Espagne sont des pays qui appliquent une taxe sur les services numériques. Ces taxes ont un impact disproportionné sur les géants américains de la technologie, du simple fait que les sociétés américaines sont les géants mondiaux de la technologie (à l’exclusion de la Chine).

Si les pays visés ne lèvent pas leur taxe sur les services numériques, ils subiront des impôts plus élevés sur les revenus générés aux États-Unis. Par exemple :

  • Les sociétés étrangères qui reçoivent des dividendes de filiales américaines verraient leur taux de retenue à la source passer du taux actuel de 5 % à un taux maximal de 50 %, soit une augmentation de 5 points de pourcentage par an.

  • Les personnes physiques étrangères qui détiennent directement des titres américains paient actuellement un taux de retenue à la source de 15 % en vertu de la convention fiscale en place. Ce taux pourrait augmenter jusqu’à un maximum de 50 %.

Si le budget proposé est mis en œuvre, les États-Unis seront en position de force pour négocier avec leurs pairs et faire pression sur les autres pays pour qu’ils suppriment leurs taxes à l’égard des ventes de services numériques. Cela pourrait expliquer pourquoi il n’a pas été demandé au Royaume-Uni d’abandonner sa taxe sur les ventes de services numériques dans le cadre de l’accord commercial bilatéral – un autre point de pression était en préparation.

Cela dit, la mise en œuvre de cette taxe de rétorsion ne serait pas totalement gratuite pour les États-Unis, car les investisseurs internationaux seraient nettement moins intéressés par des investissements aux États-Unis si le taux d’imposition effectif sur les dividendes était beaucoup plus élevé. Il en résulterait un déclin des flux de capitaux vers les États-Unis.

Nous continuons de penser que la plupart des pays visés, y compris le Canada, abandonneront probablement leurs taxes sur les ventes de services numériques pour échapper à cette taxe.

Préoccupations à l’égard du budget des États-Unis

Le 16 mai, l’agence de notation Moody’s a finalement abaissé la notation des États-Unis à un niveau équivalent à AA+, s’alignant ainsi sur les conclusions des deux autres grandes agences de notation quant à la situation budgétaire américaine.

Bien que de façon générale, une note AA+ ne soit pas mauvaise en soi, il semble que cette notation relève d’une interprétation généreuse de l’avantage unique qu’ont les États-Unis de posséder la monnaie de réserve mondiale, en plus de représenter un marché du Trésor significatif et un moteur économique important.

Si nous examinons la situation budgétaire des États-Unis sur une base comparable à celle d’autres pays, elle apparaît nettement moins favorable que ne le suggère cette notation.

Selon notre indice de santé budgétaire, si l’on combine le déficit, la dette et les autres paramètres budgétaires pertinents, les États-Unis occupent désormais la position la plus préoccupante parmi les principaux pays du monde (voir le tableau suivant).

La feuille de pointage de la santé budgétaire de pays importants indique un affaiblissement des États-Unis

La feuille de pointage de la santé budgétaire de pays importants indique un affaiblissement des États-Unis

Données de 2024 pour tous les indicateurs, à l’exception des versements d’intérêts (2023) et de la croissance du PIB (prévisions du Fonds monétaire international pour l’année 2030 utilisées comme l’indicateur d’une situation normale). Le rajustement budgétaire désigne la réduction nécessaire du déficit budgétaire pour stabiliser le ratio de la dette au PIB. Sources : FMI, Macrobond, RBC GMA.

Les États-Unis devraient procéder à l’un des plus importants ajustements budgétaires pour rétablir un ratio dette/PIB stable. Toutefois, leur dernier budget va en réalité dans la direction opposée, proposant 3 200 milliards de dollars supplémentaires de dette. Cela dépasse largement les recettes attendues provenant des droits de douane et les économies réalisées grâce au DOGE.

Sous un angle un peu différent (voir le graphique ci-dessous), les États-Unis disposent de la moindre marge de manœuvre budgétaire parmi les grands pays, si l’on examine la part de leurs dépenses publiques consacrée aux prestations sociales, aux versements des intérêts et aux dépenses militaires. Compte tenu des ajustements budgétaires nécessaires pour stabiliser leur ratio dette/PIB, les États-Unis se démarquent clairement des autres pays.

Rajustement et souplesse budgétaires, pays membres de l’OTAN

Rajustement et souplesse budgétaires, pays membres de l’OTAN

Au 21 mai 2025. Sources : RBC GMA, Bureau of Economic Analysis (BEA) des États-Unis, Office for National Statistics (ONS) du Royaume-Uni, FMI, EuroStat, Statistique Canada, OTAN.

Les marchés financiers ont réagi à ces défis auxquels sont confrontés les États-Unis. Le dollar américain a fortement baissé depuis la dégradation de la cote et le taux des obligations américaines à 30 ans dépasse désormais 5,00 %. Ces deux tendances seront examinées plus en détail dans un prochain rapport, dans le contexte général de la perte de confiance et du déclin de l’exceptionnalisme américain.

Le point sur le Royaume-Uni et l’Union européenne

Après un deuxième semestre médiocre en 2024, l’économie britannique s’est redressée au début de 2025. Elle a enregistré une croissance du PIB de 0,7 % au premier trimestre (données non annualisées). Ce rythme pourrait toutefois être difficile à maintenir, le commerce net représentant environ la moitié de cette progression, l’économie semblant avoir bénéficié d’un avancement des exportations avant l’entrée en vigueur des droits de douane. Le Royaume-Uni a été le premier à conclure un accord commercial avec les États-Unis, mais celui-ci n’offre qu’un allègement de certaines taxes sectorielles et maintient un taux de douane de base de 10 %. Par rapport aux autres grandes économies, nous pensons que le Royaume-Uni sera moins touché par les frictions commerciales croissantes avec les États-Unis, mais que la croissance pourrait tout de même être légèrement freinée.

Les dépenses de consommation au Royaume-Uni, quant à elles, ont été peu impressionnantes et pourraient rester en difficulté, car le marché du travail continue de s’affaiblir progressivement. Par exemple :

  • Le taux de chômage a désormais effacé la moitié de son recul enregistré après la pandémie.

  • Les données sur l’emploi montrent une baisse des effectifs, sous l’effet de la hausse des prélèvements sociaux (annoncée dans le budget de l’automne dernier) entrée en vigueur en avril.

  • L’affaiblissement du marché du travail n’a pas encore atténué les pressions salariales, ce qui limite la marge de manœuvre de la Banque d’Angleterre (BdA) en matière de baisse des taux.

La BdA a procédé à une réduction de 25 points de base en mai, mais a laissé entendre que le rythme des baisses trimestrielles amorcées en août dernier devrait se poursuivre. À 4,25 %, le Royaume-Uni affiche toujours l’un des taux directeurs les plus élevés du G10.

Le taux de chômage au Royaume-Uni a effacé la moitié de son recul enregistré après la pandémie

Le taux de chômage au Royaume-Uni a effacé la moitié de son recul enregistré après la pandémie

En date de février 2025. Sources : ONS, Macrobond, RBC GMA.

L’activité économique semble également avoir progressé au premier trimestre dans la zone euro. Voici quelques faits saillants :

  • La production industrielle a augmenté de près de 5 % au cours du trimestre, soit le rythme le plus rapide de l’histoire du bloc monétaire en dehors du rebond enregistré immédiatement après la pandémie.

  • Le PIB a augmenté de 0,3 % au premier trimestre, les quatre plus grandes économies de la zone euro (représentant près des trois quarts de la production) ayant progressé simultanément pour la première fois depuis un an.

  • La BCE devrait procéder à une nouvelle baisse des taux en juin, compte tenu de la baisse des prix de l’énergie et de l’appréciation de la monnaie qui ont contribué à faire reculer l’inflation. Le cas échéant, elle aura procédé à deux baisses toutes aussi importantes que celles qu’a faites la Banque d’Angleterre au cours de l’année écoulée, et ce en partant d’un niveau plus bas.

L’Union européenne progresse plus lentement vers un accord commercial avec les États-UnisApparemment frustré par cette lenteur, Donald Trump a récemment menacé d’imposer des droits de douane de 50 % sur les importations provenant de cette région dès le 1er juin (cette date a par la suite été repoussée au 9 juillet).

L’UE aurait présenté une nouvelle proposition visant à baisser progressivement les droits de douane à zéro (des deux côtés) pour les produits agricoles et industriels non sensibles. Toutefois, il semble que M. Trump estime que leur offre est inférieure à celles présentées par d’autres pays. Le taux effectif des droits de douane actuellement imposés à l’UE est d’environ 10 %. Même sans la menace de droits de douane de 50 %, ce taux effectif pourrait augmenter considérablement si d’autres droits de douane sectoriels sont appliqués, en particulier aux produits pharmaceutiques, qui représentent un quart des exportations de marchandises vers les États-Unis.

La production industrielle de la zone euro a bondi au premier trimestre avant l’imposition éventuelle de droits de douane

La production industrielle de la zone euro a bondi au premier trimestre avant l’imposition éventuelle de droits de douane

Au premier trimestre de 2025. Sources : Eurostat, Macrobond, RBC GMA.

On a beaucoup parlé du prochain soutien budgétaire en Europe, vu l’Allemagne qui a délié les cordons de sa bourse et les règles budgétaires de l’UE qui permettent d’augmenter les dépenses de défense. Selon des estimations récentes de la Commission européenne, le fonds d’infrastructure allemand de 500 milliards d’euros sur 12 ans (11,6 % du PIB en 2024) pourrait faire grimper de 1,25 % l’économie du pays d’ici à 2029 – avec une reprise dès le second semestre de cette année. Parallèlement,les autres États membres devraient bénéficier de répercussions légèrement positives

 La « clause dérogatoire » temporaire pour les dépenses de défense dans l’UE permet aux États membres de dépasser les règles budgétaires de l’UE pour augmenter leurs dépenses de défense de 1,5 % du PIB. Cette hausse devrait permettre à l’activité économique de croître d’un demi-point de pourcentage environ d’ici 2028.

Les frictions commerciales croissantes avec les États-Unis incitent le Royaume-Uni et l’Union européenne à revoir leurs propres liens commerciaux. Ils ont donc annoncé récemment un nouvel accord qui porte sur le commerce, la défense, le climat, l’énergie, les droits de pêche et la circulation des personnes. En voici certains éléments :

  • Harmoniser les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS, selon le sigle anglais) pour réduire les contrôles aux frontières sur les produits alimentaires et d’origine animale

  • Lier les marchés du carbone de l’UE et du Royaume-Uni, afin de s’exempter mutuellement des taxes sur le carbone qui se profilent à l’horizon

  • Un « programme de mobilité pour les jeunes » permettant d’offrir des visas de travail limités dans le temps aux jeunes âgés de 18 à 35 ans, sous réserve de quotas

Cet accord n’annule en fin de compte qu’une petite partie des mesures de séparation provoquées par le Brexit. Le gouvernement britannique affirme que les ententes liées aux mesures SPS et au marché du carbone devraient stimuler son économie de près de 9 milliards de livres d’ici 2040. Ce chiffre correspond à 0,35 % du PIB actuel. Il ne représente qu’un dixième de la perte de 4 % qu’a causé le Brexit sur la productivité à long terme de l’économie britannique, selon les estimations de l’Office for Budget Responsibility.

Vous aimeriez connaître d’autres points de vue d’Eric Lascelles et d’autres dirigeants avisés de RBC GMA ? Vous pouvez lire leurs réflexions dès maintenant.

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