Bienvenue à notre webémission économique de mai. Rejoignez l'économiste en chef Eric Lascelles alors qu'il examine les défis et opportunités actuels dans le paysage économique mondial, avec un accent particulier sur l'évolution des politiques commerciales et leurs implications pour l'économie canadienne.
Dans cette session, vous obtiendrez une compréhension approfondie de :
L'impact continu des importants tarifs et leurs vastes implications
Les preuves des dommages économiques subis par le Canada dans un contexte de dynamiques commerciales changeantes
L'incertitude persistante entourant la politique commerciale des États-Unis et ses effets plus larges
Restez informé sur ces enjeux critiques et explorez une richesse d'autres perspectives économiques dans la dernière webémission d'Eric.
Durée : 35 minutes, 32 secondes
Transcription
Bonjour et bienvenue. Je m'appelle Eric Lascelles. Je suis l'économiste en chef de RBC Gestion mondiale d'actifs et je suis très heureux de partager avec vous notre dernière webdiffusion économique mensuelle pour le mois de mai 2025. Le titre de cette présentation est Flux et reflux tarifaires. Bien entendu, les droits de douane sont au centre de l'attention, comme c'est le cas chaque mois depuis plusieurs webdiffusions.
Il me paraît approprié d'envisager la question sous l’angle de flux et de reflux, dans le sens où nous avons certainement eu un flux de tarifs, en particulier juste après notre dernière webdiffusion au début avril, avec les tarifs réciproques qui ont été annoncés et d'autres dommages tarifaires qui ont été causés. Depuis lors, cependant, il y a eu au moins un timide reflux des droits de douane.
Nous avons eu droit à des exclusions pour certains produits. Les droits de douane réciproques, ou du moins en partie, ont été reportés de 90 jours. Nous avons vu la Maison-Blanche fléchir un peu à cet égard. Et les perspectives ne sont peut-être pas aussi inquiétantes qu'elles ne l'étaient au départ, lorsqu'il est apparu que les droits de douane seraient très élevés et peut-être même permanents.
Nous pouvons parler de cela et de toutes sortes d'autres choses qui se passent.
Bulletin de notes. Commençons par le bulletin, comme toujours. Pour parler des thèmes négatifs, il y a encore de vrais défis à relever. Les tarifs douaniers causent de réels dommages économiques, c'est certain. Commençons par dire que l'incertitude politique a quelque peu diminué.
Elle est encore très élevée. Je vous montrerai un graphique à ce sujet dans un instant, mais elle a légèrement baissé. En d'autres termes, le monde et les politiques publiques américaines en particulier peuvent encore évoluer de bien des façons, mais peut-être un peu moins qu'avant. En particulier, nous pouvons dire que la menace de droits de douane énormes et permanents semble être un peu plus faible qu'elle ne l'était auparavant.
Malgré tout cela, les droits de douane américains restent très élevés. Et cela cause des dommages économiques. Le Canada et le Mexique sont toujours menacés. Certains droits de douane sectoriels devraient entrer en vigueur d'ici peu. Il est évident que des droits de douane signifient une baisse de la croissance économique. Nous parlons d'une augmentation de l'inflation.
Ou, en tout cas, dans le sens d’une stagflation. Nous avons été obligés de revoir à la baisse nos perspectives de croissance et de revoir à la hausse nos perspectives d'inflation. Ni l'un ni l'autre ne sont souhaitables. Il faut reconnaître que les droits de douane risquent d'avoir des conséquences différées. Ainsi, si les données économiques n'ont pas été trop mauvaises jusqu'à présent, elles n'ont pas non plus été très bonnes.
Il y a des raisons de penser qu'il y aura d'autres faiblesses plus tard. Cela fait partie de l’équation.
En effet, nous pensons que le risque de récession a augmenté au cours des derniers mois. Ainsi, pour les États-Unis et pour le Canada, le risque de récession est de l'ordre de 40 % au cours de l'année à venir. Ce n'est pas le résultat le plus probable, mais ce ne serait pas une grande surprise s'il y avait une légère récession, essentiellement à cause des droits de douane.
Nous pouvons constater des dommages réels dans l'économie canadienne, des pertes d'emplois, d'autres éléments qui suggèrent que la grande incertitude pèse sur le Canada, même si les droits de douane n'ont pas été aussi sévères pour le Canada récemment. Je rappelle également que l'inflation était déjà très élevée avant l'entrée en vigueur des droits de douane. Nous sommes donc confrontés à ce problème en plus de celui des droits de douane.
Voilà pour les points négatifs. La liste est assez longue. Je dirais qu'il y a encore des problèmes importants dans le monde.
De même, du côté positif, il s’agit d’une bonne nouvelle que de voir la Maison Blanche céder et réduire certains droits de douane. Elle avoue ainsi que sa tolérance à l'égard de la souffrance économique et des marchés a une limite.
Le Canada et le Mexique ont, étonnamment, évité les tarifs douaniers réciproques mis en œuvre le 2 avril. On pensait qu'ils seraient frappés de plein fouet, mais ils ne l'ont pas été du tout. Aujourd'hui, ils sont néanmoins soumis à d'autres droits de douane, sur l'acier et l'aluminium, sur le secteur de l'automobile, etc. Mais il s’agit d’une agréable surprise et d’un développement positif.
Je peux dire que l'économie américaine est toujours en vie. Je dirais même qu'elle est toujours en croissance. Tout n’est pas parfait car le PIB du premier trimestre vient d'être publié et il est en baisse, mais ce, pour des raisons particulières. Les importations ont grimpé en flèche, car les gens ont commencé à acheter des produits à l’avance. Nous pensons que, pour une raison ou une autre, les données sur les stocks n'ont tout simplement pas rattrapé cette hausse des importations d'une manière qui aurait pu compenser des dommages causés à l'économie.
Nous continuons donc de penser que la tendance générale de l'économie américaine est à la croissance. Mais cette croissance est menacée par les droits de douane. Selon nous, les droits de douane ne sont pas une garantie de récession. Comme nous l'avons dit, il s'agit d'une nouvelle négative, mais pas d'une récession automatique.
Ce n'est pas ce que nous prévoyons pour l'instant. Les droits de douane ne sont pas excessivement inflationnistes en dehors des États-Unis. Quand il impose des droits de douanes, un pays se fait du tort à lui-même en même temps qu’il fait du tort au pays qu'il frappe. L'impact inflationniste de ces droits de douane se fait sentir chez lui. Ses prix augmentent sans que les prix du pays qu'il vise n’augmentent nécessairement.
Ce pays va souffrir d'une diminution de ses exportations et d'un affaiblissement de son économie. Ensuite, dans la mesure où les pays ripostent, il y a bien sûr des implications en termes d'inflation pour eux aussi, mais pas autant, et je pense peut-être moins que ce que l'on imaginait au début.
Je peux également dire, si l'on regarde le reste du monde, sans se concentrer uniquement sur les États-Unis ou le Canada, que la plupart des pays ne dépendent pas tant que cela des exportations américaines. Ils ne seront donc pas si durement touchés, à notre avis.
En effet, alors que les États-Unis se retirent de leurs responsabilités internationales antérieures, des opportunités s'offrent à la Chine. L'Europe aussi peut en profiter. Et en effet, nous continuons à obtenir des bribes de réduction des taux d'intérêt. Je ne pense pas qu'il y en aura beaucoup cette année, mais il est possible de voir se poursuivre l'assouplissement monétaire.
Enfin, sur le plan de ce qui est intéressant, il est intéressant de continuer à suivre l'évolution de l'ordre mondial à laquelle nous assistons actuellement. Nous en parlerons un peu. Nous parlerons également de la montée du patriotisme. En fait, nous le ferons spécifiquement dans un contexte canadien à la fin de cette présentation. Je n’ai pas de diapos concernant les élections canadiennes.
Mais celles-ci ont eu lieu le lundi 28 avril. Les libéraux ont remporté une victoire minoritaire. Mark Carney demeure Premier ministre. Lorsque nous examinons le dosage des politiques, il nous semble qu'il y a des éléments favorables à la croissance, comme des réductions d'impôts mineures et peut-être des améliorations qui facilitent un peu l'engagement dans des projets d'exploitation des ressources et peut-être aussi dans des infrastructures supplémentaires.
Dans l'ensemble, il est probable que l'impulsion fiscale se traduise par un déficit plus ou moins important. Si les politiques pour relancer la croissance dans les années à venir sont de bon augure, pour l'instant, la préoccupation dominante du Canada demeure celle des droits de douane. Certaines des décisions à cet égard relèvent du bureau du Premier ministre.
Mais bien sûr, une grande partie de ces mesures sont également prises par la Maison Blanche et ne dépendent donc pas entièrement du Canada.
Très bien, allons de l'avant et entrons dans le vif du sujet. Revenons sur les thèmes que je viens d'évoquer mais en approfondissant un peu. Voici l'incertitude de la politique commerciale mondiale.
L'incertitude liée à la politique commerciale des États-Unis reste très élevée, mais elle est en nette diminution. Vous pouvez constater que nous avons atteint des sommets inégalés au cours des derniers mois. Nous n'avions jamais connu un tel niveau d'incertitude commerciale. Elle est maintenant en baisse notable, car nous voyons plus clair quant aux droits de douane qui étaient prévus début avril, et plus clair quant au fait que la Maison Blanche ne va pas pousser pour des droits de douane maximaux, et qu'elle démontre une certaine sympathie pour les secteurs lésés.
L'incertitude a donc diminué. Elle reste cependant très élevée. Pour moi, la principale conclusion, au-delà du fait qu'il est difficile de prédire l'avenir, est que pour les entreprises et les ménages, ce n'est probablement pas encore le moment d'engager beaucoup de dépenses d'investissement et d'achats importants, comme l'achat d'une maison ou d'une voiture.
Il est donc probable que l'incertitude laisse encore des traces.
La guerre commerciale a provoqué la chute des marchés boursiers mondiaux, suivie d’un rebond partiel. Le marché boursier n'a pas beaucoup apprécié les droits de douane et a reculé de manière assez significative. Il a amorcé une reprise partielle pour les raisons que j'ai mentionnées, à savoir qu'il semble que les tarifs douaniers les plus importants et les plus élevés ne seront pas appliqués indéfiniment. Cela dit, le marché demeure en baisse.
Nous ne pouvons pas affirmer avec certitude qu'il s'agit du niveau le plus bas que nous avons vu. Une certaine faiblesse persiste. Il est logique qu'il y ait une faiblesse parce que l'économie est sérieusement mise à l'épreuve, même si nous voyons certains droits de douane légèrement allégés. N'oublions pas que les dommages économiques réels et les dommages aux bénéfices des entreprises vont devenir plus visibles au fil du temps, d'une manière qui pourrait encore créer des vents contraires supplémentaires pour le marché boursier à court terme.
Il s'agit donc d'un risque important pour l'instant.
Situation tarifaire. En ce qui concerne la situation des droits de douane, parlons de trois catégories. La première consisterait à reconnaître que des droits de douane importants sont toujours en place.
La plupart des pays du monde, à l'exception du Canada et du Mexique, paient des droits de douane réciproques de 10 %. La Chine a été frappée par des droits de douane à plusieurs reprises. Ce taux tarifaire est déjà tout au moins supérieur à 100 %. Dans certains cas, il va jusqu'à 245 %, avec un nombre important de produits à 145 %. Je vous dirai dans un instant quel est le taux effectif moyen.
Et puis, selon les secteurs, des droits de douane sur l'acier, sur l'aluminium et dans le secteur automobile ont été appliqués. La Chine, le Canada et une poignée d'autres pays ont pris des mesures de rétorsion. Il y a donc de véritables tarifs douaniers en place. Ils feront des dégâts. C'est le premier point, avec un « x » en rouge à côté.
Deuxième point, de façon plus constructive, la tendance récente en matière de droits de douane est de les abaisser légèrement et d'augmenter les exemptions.
Il y a un délai de 90 jours pour les droits de douane réciproques. Les produits électroniques et certains secteurs concernant les produits chinois ont été exemptés des droits de douane américains. L'iPhone peut être importé et ne pas coûter 3 000 dollars, pour ne citer qu'un exemple. Certaines exemptions de droits de douane sur les automobiles viennent d'être annoncées.
Cela atténue légèrement le choc. On cherche à éviter la double tarification. Ne pas imposer des droits de douane sur l'acier pour ensuite en imposer d’autres sur la voiture qui en contient, mais continuer à imposer des droits de douane dans le secteur.
Et de la même manière, on parle au moins de conclure un accord avec la Chine. La Chine semble un peu plus réticente à s'engager. Néanmoins, les États-Unis ont montré qu'ils aimeraient éviter que ce niveau de douleur économique ne persiste indéfiniment.
Mais j’en reviens au « x », et au risque de vous confondre encore un peu, il faut reconnaître que si la situation s’est allégée, il y a encore de la douleur à venir. Rappelons que le délai de 90 jours sur les tarifs réciproques expire au début juillet.
Peut-être qu'un accord sera conclu. Il y en aurait plusieurs à conclure dans un laps de temps relativement court. Je pense donc que le risque est de voir certains de ces droits de douane reprendre. Les renégociations de l'ACEUM sont en cours et ce sera une période difficile pour l'Amérique du Nord avec le risque de droits de douane supplémentaires pour des pays comme le Canada, ou la menace d'une telle mesure comme tactique de négociation de la part des États-Unis.
D'autres tarifs sectoriels sont à coup sûr prévus. Au moment où je vous parle, les pièces automobiles sont sur le point d’être touchées. Nous sommes le 1er mai, soit dit en passant. Les tarifs sur le cuivre, la sylviculture, les puces électroniques, les produits pharmaceutiques, tous ces secteurs sont également prévus à des degrés divers.
D’autres exemptions aux États-Unis prennent fin le 2 mai.
On parle de demain, mais pour vous, c’est peut-être déjà passé. Au final, les produits chinois les moins chers auront franchi la frontière américaine, directement vers les consommateurs, ou pour des produits pouvant atteindre 800 dollars — donc pas exclusivement les produits bon marché — et cette exemption aura pris fin. Le taux tarifaire majoré de 100 % s'appliquera à ces produits.
Il s’agira d’un moment pivot pour le consommateur américain. Cela dit, fondamentalement, les États-Unis ont encore des griefs à l'égard des autres pays. Ils veulent réduire leur déficit commercial. Ils veulent que les autres pays en fassent plus. Je ne pense donc pas que les discussions sur les droits de douane soient terminées. Et bien sûr, nous savons que la douleur économique liée aux droits de douane arrive avec un certain décalage.
Si nous n'en avons pas encore vu beaucoup, nous en verrons de plus en plus à l’avenir. Très bien.
Quelle est l'économie la plus exposée aux droits de douane américains ? Ce tableau vous est peut-être familier. Nous l'avons modifié et même amélioré. Le graphique montre deux choses :
- Les barres bleu foncé montrent l'orientation commerciale de chaque pays vers les États-Unis.
Quelle fraction de leur production économique est consommée par les Américains ? Vous voyez les exemples du Vietnam, du Mexique et du Canada. Ce sont les trois plus importants. Étonnamment, chaque fois que nous mettons à jour les chiffres concernant le Vietnam, ils augmentent. Il a maintenant numéro un, avant même le Mexique. Une exposition significative là-bas. L'exposition à Taïwan, en Malaisie, en Thaïlande et en Corée du Sud n'est pas négligeable, mais au-delà de ceux-là, elle devient nettement moindre.
Et cela nous conforte dans l'idée que de nombreux pays ne sont pas affectés par les droits de douane américains.
- L'autre indicateur, ces petits tirets dorés, est le taux tarifaire effectif moyen que les États-Unis appliquent à chaque pays à l'heure actuelle.
Il ne s'agit pas de la menace tarifaire réciproque. Nous avions un tableau sur ce point à un moment donné et ce n'est pas de cela qu'il s'agit.
Il s'agit du taux effectif moyen actuel. Si vous regardez la Chine, vous verrez qu'elle est tout en haut de l'échelle. En fait, nous avons dû remettre l'échelle à jour. Le tarif moyen est donc de 104 %, avec quelques éléments qui atteignent 245 %.
Certains produits sont à 145 %, mais d’autres sont à 0 % en ce moment, avec certaines exemptions sectorielles existantes. La moyenne est donc de 104 %.
Pour les autres pays, les chiffres sont généralement plus faibles. Nous parlons de chiffres de l'ordre de 5, 10, 15 ou 20 %.
Il n'en reste pas moins qu'il y a un réel impact. Pour le Canada, si vous vous posez la question, le chiffre se situe entre 4 et 5 %. Pour le Mexique, le taux moyen des droits de douane effectifs est actuellement de l'ordre d'une petite dizaine de points. Ainsi, bien sûr, les pays les plus exposés sont ceux dont l'exposition commerciale est importante et dont le taux tarifaire est élevé en même temps. C'est donc ce mélange que nous examinons.
Vous pouvez donc constater que certains pays, dont la Thaïlande, le Mexique et le Vietnam, sont particulièrement vulnérables en ce moment. Ce sont les pays les plus durement touchés.
Principales forces économiques liées aux tarifs. Passons en revue quelques facteurs importants pour établir nos prévisions.
Je pense qu'il y a trois catégories de considérations.
- La première est la force en amont. Une forte incertitude est très lourde à porter en amont. Elle a un effet négatif sur l'activité, les dépenses d'investissement, etc. La demande est également concentrée en amont, car les entreprises — et les ménages dans une moindre mesure — essaient d'acheter des produits avant l'entrée en vigueur des droits de douane. On constate que cela compensait l'effet de l'incertitude et que l'économie paraissait en bonne santé.
- Il y a ensuite les forces à court terme. La première est donc les droits de douane eux-mêmes, ce qui semble assez évident. Mais bien sûr, les droits de douane font leurs dégâts, augmentent le coût des choses, réduisent les revenus réels, diminuent les niveaux de productivité, réduisent la demande, etc. C'est donc le principal canal. On peut certainement dire que le boycott est également un élément à prendre en considération.
Nous assistons à des boycotts qui vont bien au-delà du fait qu'un produit soit désormais plus cher dans un autre pays. Il y a le dumping. Je ne suis pas convaincu que le dumping soit une force importante. Voyez qu'il n'y a pas de couleur qui y est associée dans cette analyse. Concernant le dumping, la Chine vendait beaucoup de produits aux États-Unis.
Peut-être qu’elle ne le fera plus. Peut-être va-t-elle écouler ses produits sur d'autres marchés, réduire les prix et, bien sûr, faire de la concurrence aux entreprises locales, etc. Je pense donc qu'il y a probablement un peu de cela. Il ne faut pas oublier non plus qu'il y aura des pénuries, à l’extérieur des États-Unis, de produits que ceux-ci fournissent normalement et que les prix de ces produits vont augmenter pour constituer une compensation importante.
Les États-Unis vont avoir un excédent de certains produits, y compris les produits agricoles, et devront peut-être les vendre à perte. Avec autant de produits à vendre, les prix pourraient baisser dans ces secteurs. Mais dans les secteurs où les États-Unis ne produisent pas assez, les prix pourraient augmenter.
Je ne suis donc pas sûr qu'il y ait un effet net, mais il s'agit certainement d'une force qui sera pertinente pour certains secteurs.
Effets sur la richesse. Avec la chute du marché boursier, les gens sont plus pauvres, ils dépensent moins, et les mesures de relance monétaire et budgétaire sont en mesure d'apporter une aide limitée. Il s'agit donc d'une compensation à court terme. Mais bien sûr, au final, l'ensemble des effets tarifaires est négatif.
- Parlons des effets à long terme. La délocalisation vers les États-Unis en est un. Nous pensons qu'il y aura probablement quelques usines supplémentaires qui trouveront leur place aux États-Unis au cours des prochaines années, en partie à cause des pressions tarifaires. C'est quelque chose de réel. Je ne suis pas convaincu qu'il s'agira d'une force positive ou assez importante pour compenser tous les aspects négatifs ailleurs, mais l’effet est réel.
Inversement, une perte de confiance. Le reste du monde perd confiance dans les États-Unis. Il se peut que les primes de risque et le coût du capital soient plus élevés aux États-Unis et que la volonté de faire affaire avec ce pays soit moins grande.
Voilà beaucoup d'informations.
Scénarios tarifaires et implications économiques. Beaucoup de chiffres ici, mais l'idée derrière ce tableau n'est pas que tous ces chiffres ont de l'importance ou qu'il faut prêter une attention particulière à tous. Il s'agit plutôt du fait que nous avons connu tellement de rebondissements et, plus récemment, de flux et de reflux en matière de droits de douane, qu'il ne faut pas prétendre que nous pouvons résumer ce qui va se passer en un ou deux scénarios.
Il y a beaucoup de façons de procéder. Examinons l'ensemble des résultats concevables. Nous effectuons une simulation pour savoir ce qu'il adviendrait des économies, de l'inflation et du chômage dans tous les scénarios. S'il n'y avait pas de droits de douane ? S'il y avait des droits de douane gigantesques ? S'il y avait des droits de douane moyens ? Et toute la gamme entre ceux-là.
Vous pouvez voir que les zones ombrées en doré correspondent à notre meilleure estimation des résultats les plus probables pour les taux tarifaires effectifs sur les différents marchés.
Vous voyez ce que nous pensons être l'impact sur l'économie et l'inflation. Bien sûr, les droits de douane ont un effet négatif sur l'économie. Des rapports négatifs du PIB. Pour les États-Unis, nous pensons qu'il s'agit d'un coup palpable, d'un coup significatif — de l'ordre de 1 à 2 points, voire plus proche de 2 points de pourcentage — sur la croissance économique.
En théorie, cela laisse encore une marge de manœuvre pour une légère croissance cette année. C'est donc ce que nous prévoyons dans nos chiffres. Mais l'effet est important. Et ce n'est pas une science exacte. Il pourrait encore y avoir des surprises et des barres d'erreur. Lorsque nous examinons d'autres marchés, un pays comme le Canada où le taux moyen des droits de douane est inférieur, connaîtra tout de même des dommages économiques considérables.
Cela s’explique par le fait que le Canada est très axé sur le commerce avec les États-Unis. Vous pouvez constater que pour les autres pays, l'impact de l'inflation est généralement plus faible, ou moindre que l'impact économique, et ce, pour les raisons que j'ai évoquées précédemment. Pour le reste du monde, s'il n'y a pas de réciprocité complète avec les droits de douane américains, il n'y a aucune raison de penser que l'inflation devrait augmenter dans les mêmes proportions.
Considérations économiques liées aux tarifs. Réfléchissons à quelques considérations supplémentaires avant de poursuivre. Les prévisions que je viens de partager sont notre meilleure estimation des dommages économiques. Mais s'il y a un risque, c’est que les dommages soient un peu plus importants plutôt qu'un peu plus faibles.
Cela s'explique en partie par le fait que l'incertitude provoque ses propres dégâts d'une ampleur incertaine, en grande partie à cause d’effets asymétriques. Je vous fais remarquer qu’il n'y a pas eu de droits de douane importants dans la majeure partie du monde au cours des dernières décennies. Tous nos modèles sont donc construits sur l'hypothèse qu'un droit de douane de 20 % est dix fois pire qu'un droit de douane de 2 %.
Et des droits de douane de 2 % correspondent à ce que nous avons connu au cours des dernières décennies. Il y a donc un risque que les dommages soient dix fois plus importants avec des droits de douane de 20 %. Un droit de douane de 2 % est peut-être embêtant, mais il ne nous fait guère changer notre comportement. Un tarif de 20 % peut rendre les entreprises non viables.
Il peut vraiment modifier le comportement d'une manière qui amplifie les dommages. Il peut donc en résulter des dommages supplémentaires.
Le boycott a un effet supplémentaire. Les distorsions de la chaîne d'approvisionnement ont un effet supplémentaire. Les attentes en matière d'inflation ne sont guère bonnes après le choc inflationniste de ces dernières années. Une augmentation des prix est peut-être déjà inscrite dans les attentes au point de rendre plus difficile une sortie du cercle inflationniste.
Les dégâts pourraient être plus importants qu'on ne le pense. C'est là que réside le risque. Je rappelle aux gens qu'il s'agit d'une sorte de mécanique. Il n'y a pas de rebondissement possible après un tarif douanier, sauf si l'on s’en débarrasse complètement. Ce n’est pas la même chose qu’en cas de choc économique négatif ou même de récession, quand la croissance devient plus rapide que la normale les années suivantes pour rattraper le retard accumulé.
Les droits de douane ne permettent pas de rattraper ce retard. Ils appauvrissent tout le monde et réduisent la taille de l'économie. L'économie peut certes renouer avec la croissance, mais peut-être à un taux de croissance normal, au lieu de rebondir à la manière d'une balle de caoutchouc, comme c'est généralement le cas après des périodes de difficultés économiques.
Quant aux bénéfices des entreprises, ils sont plus variables que le PIB. Si l'économie perd 1 ou 2 points de pourcentage, il faut multiplier ce chiffre par 2 à 6 pour connaître l'effet sur les bénéfices des entreprises. Normalement, ce serait 2 à 3 fois, parce que c'est le commerce qui est touché.
Le commerce est en fait le domaine des entreprises multinationales, souvent cotées en bourse. Elles sont plus touchées que le segment moyen de l'économie. C’est pourquoi on multiplie par 2 à 6, ce qui est significatif. Ce ne serait pas le pire scénario, mais un scénario négatif qui, dans l'hypothèse de base, pourrait complètement anéantir la croissance des bénéfices des entreprises américaines pour l'année en cours.
Et puis, quelques réflexions, du point de vue du calendrier. Nous pensons qu'au moins une partie des dommages économiques initiaux a été masquée par le chargement initial que j'ai mentionné plus tôt. On dit qu’il y a un décalage d’environ huit semaines entre l’usine chinoise et le rayon de vente au détail américain, en raison du temps d'expédition.
Vous devez épuiser vos stocks de produits moins chers avant d'augmenter vos prix. Certaines entreprises concluent des contrats à prix fixe, de sorte que les prix de leurs intrants n'augmentent pas immédiatement. D’autres croisent les doigts et choisissent pour l'instant de ne pas répercuter les hausses de prix, dans l'espoir de conserver leur part de marché et de fidéliser leur clientèle.
Elles espèrent que les droits de douane disparaîtront. Elles ne pourront tenir indéfiniment. Et si les droits de douane sont maintenus, les prix augmenteront plus tard. Les effets internationaux, auxquels j'ai fait allusion, pourraient être moindres. Une grande partie du reste du monde n'est pas exposée à la demande américaine. L'inflation dans le reste du monde ne sera pas nécessairement beaucoup plus élevée.
Il s'agit donc d'une réflexion un peu plus constructive sur l'inflation que celles que nous avons partagées dans le passé.
Très bien. Un dernier point là-dessus.
Le risque de récession mondiale a augmenté en raison de la guerre commerciale. Il s'agit de l'indicateur de probabilité de récession basé sur le consensus ou le marché. Je le mentionne simplement parce que, même s'il y a des mouvements dans un certain nombre de directions, la tendance au cours des deux derniers mois a été vers le haut et que le risque de récession s'est accru. Si l'on considère les États-Unis, il semble que le risque est de l'ordre de 30 %.
Nous disons qu'il s'agit plutôt d'un risque de 40 %. Il y a quelques compensations. L'une d'entre elles est le prix du pétrole.
La baisse des prix du pétrole apporte un certain soutien économique. Les prix du pétrole sont en baisse. En fait, même depuis que nous avons créé ce graphique, ils ont encore baissé. Le baril de pétrole West Texas est actuellement à moins de 60 dollars. Je dirais qu'il y a trois facteurs macroéconomiques qui ont contribué à la baisse des prix du pétrole ces derniers temps.
- L’un d'entre eux est l'affaiblissement de l'économie mondiale et les prévisions qui s’en suivent. On prévoit une baisse de la demande de pétrole parce que l'économie tournera plus lentement.
- C'est en partie à cause de l'OPEP, le cartel pétrolier qui a une influence considérable sur le prix du pétrole. L'OPEP a augmenté sa production afin de punir ses partenaires qui ne respectaient pas ses engagements.
Certains partenaires de l'OPEP produisaient plus qu'ils n'étaient censés le faire, un moyen de gagner plus d'argent à court terme. Mais ce manque de discipline a fait baisser les prix. L'OPEP a décidé d’augmenter sa production afin de punir les pays qui ont agi de la sorte.
En lisant entre les lignes, on pourrait penser qu'il ne s'agit pas d'une condition permanente, mais c'est là où nous en sommes pour l'instant.
- Et enfin, les négociations éventuelles entre les États-Unis et l'Iran. Cela a été au moins discuté. Je vais dire que je le croirai quand je le verrai. Quoi qu'il en soit, l'Iran pourrait voir sa production de pétrole augmenter si un accord était conclu.
Tout cela a donc fait baisser les prix du pétrole. L'une des conséquences est que l'économie croît un peu plus vite parce que la baisse du prix du pétrole signifie que l'inflation est un peu plus faible et que les coûts sont un peu moins élevés pour l'entreprise et le ménage moyens. C'est donc un point positif. Pas forcément pour le secteur pétrolier, mais pour tous les autres.
L'inflation auraient pu diminuer progressivement, mais malheureusement, nous pensons toujours que nous en verrons plus, et non moins, dans les mois à venir à cause des droits de douane. Nous aurions connu moins d'inflation si les prix du pétrole avaient été le seul facteur pris en compte.
Et puis, juste un commentaire sur la devise.
La baisse du dollar américain pourrait partiellement amortir le choc économique. Voici le dollar américain pondéré en fonction des échanges commerciaux. Vous pouvez voir sur la droite qu’il est en baisse, de façon notable. En fait, il n'a jamais été aussi faible depuis plusieurs années. Je dirais donc qu'il s'agit là d'une évolution notable. Et bien sûr, une devise plus faible rend en principe l'économie américaine un peu plus compétitive.
En principe, cela signifie que les droits de douane pourraient rendre les produits importés encore plus chers. Ils deviennent chers en raison de la devise et des droits de douane. Cela ajoute donc peut-être une pression supplémentaire. Mais selon moi, malgré toutes les actions récentes, peu de choses ont changé dans l'ensemble. Nous sommes revenus à la limite inférieure de la fourchette.
Nous étions dans le haut de la fourchette normale. Le dollar reste assez cher. Nous avons connu plusieurs cycles historiques, le plus évident étant celui du milieu des années 1980, puis celui du début des années 2000, au cours desquels le dollar s'est affaibli pendant plusieurs années. Le résultat le plus probable est celui d’un dollar qui continue à baisser à partir de maintenant.
Cela aura un effet plus important sur l'économie et l'inflation au fil du temps. Pour l'instant, cependant, je ne voudrais pas extrapoler. Disons simplement que cela fournit une compensation utile, au moins d'un point de vue économique, aux droits de douane.
Les mesures quotidiennes de l'inflation ont commencé à augmenter en avril. Nous attendons tous avec crainte les signes d'une reprise de l'inflation.
Et c'est peut-être ce qui est en train de se passer. Cette ligne bleu foncé concerne à la fois les États-Unis et le Canada. Il s'agit d'une mesure quotidienne de l'inflation. On parcourt l'internet à la recherche de prix en temps réel et cela nous donne une idée beaucoup plus fraîche de ce qui se passe que les communiqués mensuels officiels. Vous pouvez voir que ces lignes bleues ont récemment suivi une tendance à la hausse.
Aux États-Unis, l’inflation est maintenant plus élevée qu’elle ne l’a été depuis bien plus d'un an. Qui plus est, lorsque les chiffres de l'inflation d'avril seront publiés, on peut s’attendre à ce qu’ils soient encore plus élevés. Et je pense que c’est en grande partie dû aux tarifs douaniers. En fait, la baisse des prix du pétrole aurait plutôt favorisé une baisse de l'inflation.
Le fait que ce ne soit pas le cas suggère que nous pourrions voir un effet très réel des tarifs douaniers. Nous sommes sur le point de commencer à en avoir une idée. Bien sûr, c'est un résultat indésirable.
Très bien. Passons maintenant à la géopolitique.
Changements géopolitiques structurels. Nous avons déjà présenté un graphique de ce genre, mais cette fois-ci, nous y allons plus en profondeur que par le passé.
Reconnaissons qu'il existe des tendances géopolitiques antérieures ou préexistantes. La plus importante est le passage d'un monde hégémonique à un monde multipolaire, la Chine ayant atteint un certain niveau de puissance économique et militaire au cours des deux dernières décennies. C'était déjà le cas avant ces trois derniers mois, avec une élévation des barrières internationales au cours des dix dernières années environ.
Il n'y a donc pas que les États-Unis et les droits de douane. Nous avons assisté à la mise en œuvre d'un plus grand nombre de politiques d'achat au niveau national et d'un plus grand nombre de politiques industrielles. Le président Trump n'est pas le seul à agir de la sorte, mais il le fait à un niveau que nous n'avons jamais vu ailleurs. Et puis, il y a une érosion progressive. Nous avions déjà constaté une certaine érosion du dollar américain en tant que monnaie de réserve.
Elle demeure la monnaie de réserve. Je pense qu'elle restera très importante sur ce plan, mais elle le devient de moins en moins au fil du temps. Une partie de cette évolution avait déjà commencé. Vous vous souvenez, par exemple, que les États-Unis ont, pourrait-on dire, militarisé le dollar en imposant des sanctions à la Russie, en limitant l'accès de la Russie à ses propres réserves de devises en dollars et en empêchant les entreprises et les banques d'interagir avec la Russie par l'intermédiaire du système de paiement SWIFT.
Il y avait donc déjà une certaine érosion du statut de valeur refuge et de monnaie de réserve du dollar. Mais ce n'est pas tout. Les États-Unis se sont retirés du monde, d'un point de vue commercial, militaire ou en termes de soutien aux organisations internationales. Il en résulte une perte de confiance envers les États-Unis.
Il y a donc eu davantage d'antagonisme de la part des États-Unis envers le reste du monde, un chaos politique chez eux, des excès de la part de l'exécutif avec, comme résultat, une perte de confiance à leur endroit. La question est de savoir ce qui va se passer ensuite. Quelles sont les implications de cette situation ? La réponse est qu'il y en a beaucoup. Faisons le tour de la question.
L'une d'entre elles serait la formation de cliques de pays. Chez certaines puissances multipolaires, le protectionnisme a tendance à augmenter. C’est là qu’apparaissent les tarifs douaniers et le nationalisme. Les normes internationales sont sapées. Elles s'avèrent donc moins efficaces. Les dépenses militaires, jusque-là négligées, ont tendance à augmenter.
Le monde devient plus dangereux, on le constate. On a tendance à avoir un peu moins de croissance, un peu plus d'inflation, des primes de risque plus élevées. Il y a tout cela à la fois.
Le statut particulier du dollar américain s'érode et l'appétit pour les obligations américaines diminue dans une certaine mesure.
Il en résulte donc des rendements plus élevés ou un coût du capital plus élevé. C'est un peu ce qui se passe. Les superpuissances mondiales s'enhardissent, que ce soit sur le plan géographique, avec leurs frontières, ou sur d'autres fronts. Nous voyons qu'elles vont bientôt se heurter l'une à l'autre.
Et il y a des opportunités à saisir. L'Europe, l'euro et peut-être les bunds allemands ont la possibilité de jouer un rôle plus central dans le monde. La Chine a la possibilité de combler le vide laissé par les États-Unis d'un point de vue économique, d'un point de vue de leadership ou militaire.
Enfin, il faut reconnaître que ces tendances peuvent persister pendant une longue période. Il s'agit de tendances importantes qui pourraient s'avérer tout aussi déterminantes que l'effet des droits de douane à court terme.
Érosion de l'exceptionnalisme américain ? Vous pouvez constater ici une diminution de l'exceptionnalisme américain. Il s'agit de la taille de la prime à terme américaine.
Il s'agit essentiellement de la différence de rendement entre une obligation à dix ans et une obligation à court terme. Historiquement, vous aurez reçu plus d'argent pour détenir cette obligation à plus long terme. Mais en fait, au cours des dix dernières années environ, vous n'avez pas reçu beaucoup d'argent, voire rien du tout, pour cela. Et nous sommes en train de revenir, comme le montre la flèche vers le haut sur la droite, à un niveau où la prime de terme est à nouveau positive.
Il s'agit en partie d'éliminer les distorsions des années 2010. Mais nous pensons qu'une partie de ce phénomène est due au fait que les investisseurs internationaux ne veulent peut-être pas s'aventurer aussi loin et détenir autant d'actifs américains, ou détenir de la dette américaine dont l'échéance est fixée à une décennie ou plus.
Simplement parce que beaucoup de choses pourraient se produire d'ici là. Les États-Unis sont donc désavantagés et leurs emprunts coûteront plus cher.
L'économie chinoise pourrait résister malgré les droits de douane. Un mot sur la Chine, une diapositive au moins. La Chine peut toujours être résiliente malgré les tarifs douaniers.
Il est évident qu'il y a des défis à relever. Et tout cela est peut-être relatif à des attentes plutôt baissières. Mais nous pensons que la Chine ne subira que des dommages assez limités. Seuls 2,5 % de ce qu'elle produit sont consommés par les États-Unis. Et même cette définition plus large indique que 3,5 % de ce que la Chine produit indirectement est consommé directement par les États-Unis.
Ce n'est donc pas un coup fatal. La Chine dispose également d'une position de négociation assez forte par rapport aux États-Unis. La Chine semble véritablement innover et ne pas se contenter de copier. La question est de savoir, une fois que la Chine aura atteint la frontière technologique, si elle augmentera sa croissance et aller de l’avant ?
Elle semble aller de l'avant dans le domaine des véhicules électriques et IA, des panneaux solaires et des drones, entre autres. Elle semble être véritablement à la frontière technologique, ce qui est assez impressionnant. Une bonne nouvelle pour la Chine. De toute évidence, le gouvernement a fait la paix avec le secteur privé qui se libère un peu et peut se développer plus rapidement.
Pendant plusieurs années, ce secteur a été tenu en laisse de manière assez stricte. Il est donc à nouveau libéré. Les mesures de relance axées sur les consommateurs ont été largement mises en œuvre. C'est l'une des clés de la croissance de l'économie chinoise. Des réductions d'impôts et d'autres mesures ont donc été prises pour encourager les dépenses de consommation.
Et puis, la stabilisation du marché immobilier. Nous pensons que le marché immobilier chinois se stabilise. Nous pensons même que les prix de certains logements dans les marchés les plus importants commencent à augmenter un peu plus rapidement. L'essentiel n'est pas que la Chine connaisse une croissance rapide, mais qu’elle n'est pas aussi mal en point qu'on pourrait le penser.
Et les droits de douane ne sont pas la force dominante qui affecte la Chine à l'heure actuelle.
Les petites entreprises canadiennes très inquiètes des menaces de Trump. En ce qui concerne le Canada, nous constatons certainement que les tarifs douaniers et la politique américaine suscitent beaucoup d'inquiétude. Les données sur les petites entreprises le montrent clairement. La confiance des petites entreprises est tombée au niveau le plus bas jamais enregistré depuis vingt-cinq ans. Nous avons constaté au moins un léger rebond.
Nous en tiendrons compte. Cela s'explique sans doute par le fait que les tarifs douaniers réciproques n'ont pas touché directement le Canada, mais le niveau de pessimisme reste très élevé. Nous pensons que nous assistons à une faiblesse économique réelle. L'effet d'incertitude est donc réel pour l'économie canadienne.
L'incertitude élevée cause déjà des dommages économiques au Canada. Si l'on passe à la diapositive suivante, sur l'emploi au Canada, on constate que le nombre d'emplois a chuté au mois de mars, de façon assez importante, la pire baisse que nous ayons connue depuis plusieurs années.
Le mois précédent, février, n’avait pas été très bon. Il était resté stable. Il y a donc une réelle faiblesse du côté de l'emploi. Je peux dire qu'il y a aussi une réelle faiblesse du côté du PIB. Le PIB du Canada pour le mois de février a été publié. Il a baissé de 0,2 %. Nous constatons une certaine faiblesse. Nous ne sommes pas convaincus de l'imminence d'une récession, mais il est probable qu'il y aura une période de ralentissement, dans un premier temps, en raison de l'incertitude.
Ensuite, nous verrons un certain ajustement aux droits de douane et, bien sûr, le secteur automobile et un certain nombre d'autres secteurs seront particulièrement touchés.
Le boycott des États-Unis par les Canadiens devient tangible. Nous pouvons constater qu'il existe un véritable effet de boycott des Canadiens vis-à-vis des États-Unis. Voici les données concernant les voyages par voie terrestre du Canada vers les États-Unis.
Sur deux mois, nous voyons une baisse cumulative de 25 % du nombre de personnes visitant les États-Unis. Cela nuit au secteur touristique américain. Mais le boycott porte également préjudice au Canada. Les boycotts sur les biens de consommation que les Canadiens achètent ici mais qui sont d'origine américaine portent également préjudice aux détaillants canadiens.
Le boycott ne consiste pas seulement à se tourner vers un nouveau produit fabriqué dans le pays, mais plutôt à demeurer les bras croisés. Cela nuit donc à l'économie. Mais il s'agit surtout d'un phénomène américain et on le voit dans leurs chiffres. Il ne s'agit pas uniquement d'un phénomène canadien. Cela apparait aussi dans les voyages internationaux.
Un plus grand patriotisme, un plus grand nationalisme et une plus grande unité canadienne. Passons maintenant au patriotisme et au nationalisme. Il y a eu une forte poussée de nationalisme à l’extérieur des États-Unis, en grande partie en réponse aux menaces de tarifs douaniers américains. Les pays se sont réveillés, en quelque sorte, et c’est particulièrement visible au Canada.
Pour résumer, d'un point de vue général, on peut dire que cela renforce et met davantage l'accent sur la culture canadienne et sur ce qui différencie le Canada des États-Unis, ce qui le fait se tourner un peu plus vers l'intérieur.
Moins de conflits internes, moins de tendances séparatistes, etc. Nous voyons des efforts pour réduire les barrières commerciales internes, en particulier, plus de penchants pour l'achat de produits canadiens. Peut-être même des budgets plus importants pour le sport et la culture, dans la mesure où ils reflètent également le patriotisme et le nationalisme.
D'un point de vue économique, la poursuite de grands projets en est l'implication la plus évidente.
Des frontières plus solides, des dépenses militaires accrues, une plus grande présence dans l'Arctique, davantage de projets d'exploitation des ressources, davantage de projets d'infrastructure de diverses natures ont été articulés. Des efforts pour approfondir les liens avec d'autres marchés non américains et pour réduire les barrières interprovinciales ont également été déployés.
Pour ce qui est des aspects négatifs, il faut admettre que le mot « nationalisme » est un peu péjoratif.
Il crée une mentalité du « nous contre eux ». Il représente un recul de la mondialisation et encourage le protectionnisme. Il crée des inefficacités économiques quand un pays fait en parallèle des choses qui pourraient être mieux faites par un autre. Et bien sûr, en théorie, il augmente également le risque de conflit international, si les pays se sentent encore davantage nationalistes.
Il y a donc du bon et du moins bon là-dedans. Il y a aussi des choses intéressantes. Nous devrons prendre les choses au fur et à mesure qu’elles nous arrivent.
Je vais conclure en vous remerciant de votre temps et en espérant que vous avez trouvé cela utile et intéressant. Comme toujours, si vous voulez en savoir plus, vous pouvez me suivre de plus près via X ou LinkedIn ou, mieux encore, sur rbcgam.com, dans l'onglet « perspectives ».
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