Dernière ligne droite avant les élections aux États-Unis
Il ne reste plus qu’une semaine avant les élections aux États-Unis. Nous avons décrit les répercussions sur l’économie et les marchés que pourrait avoir la victoire de chaque candidat à la présidence. Vous trouverez les commentaires les plus récents ici et ici.
La course demeure serrée, bien qu’un écart vienne peut-être d’apparaître entre les deux candidats. Après la longue lune de miel de Kamala Harris, l’ancien président Donald Trump semble avoir récemment repris la tête. Les marchés des paris signalent tous ce rebondissement, mais divergent quant à l’ampleur de l’avance. Le marché des paris PredictIt attribue une probabilité de 57 % à la victoire de M. Trump (voir le graphique suivant), tandis que Polymarket lui attribue une probabilité plus élevée de 65 % (voir le deuxième graphique suivant).
Donald Trump est maintenant donné favori
Au 25 octobre 2024. D’après les marchés de prédiction et les calculs de RBC GMA. Sources : PredictIt, Macrobond, RBC GMA
M. Trump jouit d’une avance confortable selon Polymarket
Au 25 octobre 2024. Sources : Polymarket, Macrobond, RBC GMA
Le marché des paris le plus fiable a longtemps fait débat. Polymarket a pour principal avantage de ne pas plafonner la taille des paris. Cet aspect est sans doute assez important pour le bon fonctionnement d’un marché. En revanche, il s’agit d’une bourse étrangère à laquelle les Américains, c’est-à-dire les personnes les plus directement concernées par les élections, n’ont pas facilement accès et qui exige l’utilisation d’une cryptomonnaie pour effectuer des opérations.
En outre, la plateforme a été critiquée pour le fait que la récente remontée des chances de victoire de Donald Trump est largement attribuable à un petit nombre de paris gigantesques. Si ces parieurs sont simplement des investisseurs avisés, alors leurs paris sont plus pertinents et les nouvelles probabilités reflètent peut-être la réalité. Par contre, si ces personnes essaient d’influencer les médias en faisant croire que M. Trump a le vent en poupe ou si leur but est de couvrir un risque pour leurs affaires en cas de victoire de M. Trump et que, ce faisant, elles influencent le marché, en raison du volume relativement faible des opérations, alors l’information tirée de Polymarket a peut-être beaucoup moins de valeur.
PredictIt est à l’opposé à pratiquement tous les égards. La plateforme est située aux États-Unis ; seuls les Américains peuvent parier et la taille des paris est limitée à 850 $ US par personne. Par conséquent, il faut qu’un changement important se produise dans l’opinion pour provoquer une fluctuation de ce marché ; un seul parieur confiant ne suffit pas. Toutefois, le montant modeste des paris n’incite pas les gens à réfléchir sérieusement au résultat. Les investisseurs disposant d’information plus fiable préfèrent utiliser une autre plateforme. Enfin, un parieur qui a atteint le montant maximum ne peut pas augmenter son pari s’il devient en possession de nouveaux renseignements.
Si nous devons choisir, nous avons une légère préférence pour PredictIt. Cependant, il est encore plus judicieux d’utiliser un composite des opinions des marchés des paris. D’après cette mesure, M. Trump aurait environ 60 % de chances de gagner, contre 40 % pour Mme Harris. Cela signifie à la fois que l’ancien président a environ 1,5 fois plus de chances de remporter l’élection et qu’aucun des deux résultats ne serait très surprenant.
En fin de compte, le résultat de l’élection tiendra à une poignée d’États et peut-être à seulement quelques dizaines de milliers de voix dans ces États pivots. En fait, l’issue du scrutin dépendra probablement d’à peine 0,1 % de la population américaine totale.
Alors que les sondages et les modèles politiques abondent, pourquoi le résultat n’est-il pas plus prévisible ?
La fiabilité des sondages n’a cessé de diminuer. En effet, les taux de réponse ont régulièrement baissé et sont maintenant inférieurs à 10 % selon certaines estimations. Cette faible participation entraîne de nombreux biais que les sondeurs doivent tenter de corriger en intégrant leurs propres hypothèses aux résultats. Les sondages nationaux, en particulier, ont peu de valeur pour ce qui est de la présidentielle, étant donné que le vote du collège électoral peut donner lieu à un écart important entre les suffrages exprimés et le résultat de l’élection. (Normalement, les démocrates doivent recueillir un nombre nettement plus élevé de voix pour remporter l’élection. Par conséquent, leur légère avance selon ce paramètre ne garantit rien.)
Les modèles politiques ont tendance à être surajustés, car les données historiques sont insuffisantes et de nombreuses variables exogènes ne sont pas prises en compte. Ils sont donc généralement moins utiles qu’on pourrait le croire.
En fin de compte, le résultat de l’élection tiendra à une poignée d’États et peut-être à seulement quelques dizaines de milliers de voix dans ces États pivots. En fait, l’issue du scrutin dépendra probablement d’à peine 0,1 % de la population américaine totale.
Il y a de fortes chances que les républicains s’emparent à la fois de la Maison-Blanche, du Sénat et de la Chambre des représentants.
Compte tenu des événements qui ont suivi la présidentielle de 2020, il est loin d’être certain que le vainqueur sera connu le 5 novembre. Il faudra sans doute plusieurs jours, voire des semaines, pour compter et recompter les bulletins de vote, et pour que les tribunaux puissent trancher si des résultats seront contestés.
Le résultat des élections au Congrès est une autre grande source d’incertitude électorale. Il semble de plus en plus probable que les républicains devraient remporter le Sénat, tandis que les démocrates devraient contrôler la Chambre des représentants. Les attentes concernant le contrôle de la Chambre semblent toutefois un peu moins précises, tout comme la probabilité d’une victoire de Harris qui a diminué au cours des dernières semaines. Si l’on admet qu’il existe une corrélation positive entre ces trois élections majeures, il y a de fortes chances que les républicains s’emparent à la fois de la Maison-Blanche, du Sénat et de la Chambre des représentants. En revanche, une victoire de Harris à l’élection présidentielle permettrait probablement aux démocrates de remporter la Chambre des représentants, mais pas le Sénat. Cela signifie que s’il était élu président, Trump se retrouverait en meilleure posture pour mettre en œuvre son programme politique que Harris dans la même situation.
L’économie américaine a plutôt bien résisté au cours des derniers mois, mais il est indéniable qu’une grande incertitude politique planera jusqu’à la tenue des élections, et persistera même encore un certain temps après, jusqu’à ce que le nouveau président soit investi de ses pouvoirs et transforme ses paroles en actions. Cette incertitude semble particulièrement affecter les petites entreprises, comme l’illustre l’indice d’incertitude de la National Federation of Independent Business, qui a atteint un sommet record (voir le graphique suivant).
L’indice d’incertitude des petites entreprises a atteint un sommet record avant les élections américaines
En date de septembre 2024. La zone ombrée représente une récession. Sources : National Federation of Independent Business, Macrobond, RBC GMA.
À notre avis, même s’il s’agit d’une élection très importante, le niveau d’inquiétude actuel des petites entreprises paraît quelque peu exagéré et n’est manifestement pas plus élevé qu’au tout début de la pandémie ou que lors de la course à la présidentielle de 2020. L’amélioration générale du niveau de confiance des ménages américains (voire un optimisme franc selon certains indicateurs en temps réel, voir le graphique suivant) semble confirmer cet avis.
L’Indice Twitter de la confiance envers l’économie montre un regain d’optimisme aux États-Unis
Indice Twitter de la confiance envers l’économie en date du 15 octobre 2024 ; indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan en date d’octobre 2024. Sources : Goldman Sachs Global Investment Research, Université du Michigan, Macrobond, RBC GMA.
L’activité aux États-Unis se maintient
L’économie américaine tient toujours le coup. Après une remontée causée selon nous par les ouragans, le nombre des demandes de prestations d’assurance-emploi est retombé à son creux précédent (voir le graphique suivant).
Les demandes de prestations d’assurance-emploi aux États-Unis demeurent à un niveau satisfaisant, abstraction faite des distorsions causée par les ouragans
Données pour la semaine se terminant le 19 octobre 2024. Sources : Department of Labor des États-Unis, Macrobond, RBC GMA.
Même si le marché du travail américain n’est pas aussi vigoureux qu’il y a deux ans, son évolution actuelle montre essentiellement un retour à la normale et non de réelles faiblesses. Non seulement le taux de chômage de 4,1 % se situe dans une fourchette acceptable (entre 4,0 % et 4,5 % environ), mais d’autres mesures du marché du travail, comme le nombre de postes vacants et le taux de démission, montrent également un repli et un retour à des niveaux proches de ceux d’avant la pandémie (voir le graphique suivant).
Le nombre de postes vacants et le taux de démission aux États-Unis sont revenus à la normale
En date d’août 2024. Estimations pour toutes les entreprises non agricoles du secteur privé. La zone ombrée représente une récession. Sources : Bureau of Labor Statistics (BLS) des États-Unis, Macrobond et RBC GMA.
Concernant le marché du travail, la prochaine grande étape consistera à stabiliser durablement ces niveaux de mesures. C’est loin d’être certain, car une fois que le taux de chômage a commencé à remonter, l’histoire montre que la situation peut rapidement se détériorer. Néanmoins, les premiers signes sont plutôt bons. Non seulement le taux de chômage a reculé de quelques dixièmes par rapport à son récent sommet, mais le taux d’embauche et le taux de postes vacants semblent s’être stabilisés.
Le rapport sur l’emploi d’octobre, qui sera bientôt publié, devrait nous éclairer. On s’attend à ce qu’il soit un peu plus faible que ceux des mois précédents, en raison des ouragans. Selon la moyenne historique, on compte 50 000 emplois de moins pour les mois où un ouragan se produit. Dans ce contexte, les prévisions générales tablent sur la création de 110 000 emplois en octobre, comparativement à plus de 150 000 en septembre. Cela dit, le total réel a dépassé 254 000 en septembre. Nous signalons un risque de baisse, en partie parce que la hausse de septembre, trop rapide, semble insoutenable, mais surtout à cause des deux ouragans survenus aux États-Unis au cours de la même période. Ces facteurs indiquent queles résultats sont susceptibles de s’écarter davantage de la normale.
Par ailleurs, l’indicateur du climat économique fondé sur le livre beige a légèrement rebondi et demeure dans une fourchette connue, quoique plutôt morose (voir le graphique suivant). Les entreprises qui ont répondu au sondage ont cité plusieurs motifs de pessimisme : incertitude élevée, faiblesse du secteur manufacturier, baisse de la demande des consommateurs et dommages causés par les ouragans. À l’inverse, les raisons d’être optimiste incluaient la réduction des taux d’intérêt, la stabilisation de l’activité immobilière et la fin de la grève des débardeurs.
L’indicateur du climat économique fondé sur le livre beige a légèrement rebondi
En date d’octobre 2024. L’indicateur quantifie les réponses de points de contact locaux en attribuant des pondérations différentes à un éventail de mots positifs et négatifs utilisés dans le livre beige de la Réserve fédérale pour décrire le climat économique global. Sources : Réserve fédérale américaine, RBC GMA.
Entre-temps, l’indice de confiance selon les nouvelles a pris une tangente plutôt positive, ce qui concorde avec certaines bonnes surprises économiques (voir le graphique suivant). Dans l’ensemble, à l’heure actuelle, il ne semble pas y avoir de raison de s’inquiéter outre mesure à propos de l’économie.
L’indice de confiance selon les nouvelles quotidiennes est devenu positif
Au 20 octobre 2024. Sources : Federal Reserve Bank de San Francisco, Macrobond, RBC GMA.
L’économie et la hausse des taux des obligations
À l’heure où les banques centrales diminuent les taux d’intérêt (pour stimuler l’économie), il convient de noter que ces dernières semaines, les taux des obligations à terme ont augmenté, les marchés réduisant partiellement leurs attentes à l’égard d’autres baisses. D’après nous, cela s’explique d’une part par la stabilisation de l’économie à la suite d’une période de faiblesse et, d’autre part, par les perspectives électorales qui penchent en faveur d’une victoire de Donald Trump (voir le graphique suivant).
La robustesse de l’économie américaine et les préoccupations entourant les perspectives budgétaires font remonter les taux des obligations
Au 23 octobre 2024. La zone ombrée représente une récession. Sources : Department of Treasury des États-Unis, Macrobond, RBC GMA.
Le taux des obligations américaines à 10 ans est passé de 3,62 % à la mi-septembre à 4,28 %. En parallèle, le marché anticipe maintenant deux baisses de 25 points de base de moins d’ici la fin de 2025, bien qu’un certain nombre de réductions soient toujours prévues. Si cela freine quelque peu l’élan économique, il faut savoir que les taux obligataires demeurent inférieurs à ce qu’ils étaient au printemps 2024 et à l’automne 2023, et que la moyenne mobile sur 100 jours se situe toujours à son niveau le plus bas en plus d’un an.
De surcroît, le contexte financier général reste favorable, la vigueur du marché boursier et le resserrement des écarts de crédit contribuant à des conditions financières avantageuses par rapport à la norme des dernières années (voir le graphique suivant).
Les conditions financières se sont assouplies, malgré une légère hausse récente
Au 24 octobre 2024. Sources : Goldman Sachs, Bloomberg, RBC GMA.
En outre, dans la mesure où la reprise des taux obligataires tient en partie à une amélioration de la situation économique, tout signe de faiblesse attribuable à des taux plus élevés justifierait alors une réduction de ceux-ci.
Essentiellement, cette hausse des taux doit être gérable, et tout comme nous pensions qu’ils étaient trop bas en septembre, ils pourraient maintenant être trop élevés. En particulier, il est difficile de justifier l’ampleur des fluctuations des attentes des marchés quant à la politique monétaire américaine. Il est tout à fait compréhensible qu’on débatte à savoir si la Fed va baisser les taux d’intérêt de 25 ou de 50 points de base ou quand elle va commencer à marquer des pauses entre les réductions. En revanche, il est plus difficile de justifier les variations substantielles dans les attentes concernant le plancher des fonds fédéraux.
Au cours de la dernière année, le marché a parfois cru qu’il s’établirait autour de 4,25 % et d’autres fois, à 2,8 %. On ne s’entend pas toujours sur ce qui constitue un taux d’intérêt neutre, mais il n’y a habituellement pas un tel balancier. L’issue la plus probable se trouve sans doute au milieu, ce qui correspond à la fourchette actuellement anticipée par les marchés (voir le graphique suivant).
La Réserve fédérale américaine démarre un cycle d’assouplissement en trombe
Au 25 octobre 2024. Sources : Bloomberg, RBC GMA.
Taux d’épargne élevés
Dans le monde développé, à l’exception des États-Unis, les taux d’épargne des ménages sont actuellement au-dessus des moyennes prépandémiques (voir le graphique suivant).
Les taux d’épargne des ménages dépassent la norme d’avant la pandémie (% du revenu disponible)
En date d’août 2024 pour les États-Unis et du deuxième trimestre de 2024 pour tous les autres pays. La période prépandémique correspond à la moyenne de 2017 à 2019. Sources : Macrobond, RBC GMA.
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène : l’incertitude est élevée, les ménages sont encore traumatisés par le récent choc inflationniste, et nombreux sont ceux qui délaissent les dépenses au profit du remboursement des dettes vu que les taux d’intérêt sont beaucoup plus élevés qu’avant. Ce n’est probablement pas un hasard si le taux d’épargne a grimpé surtout au Canada et au Royaume-Uni, où l’accessibilité à la propriété est particulièrement difficile et où la durée des prêts hypothécaires est particulièrement courte.
Par conséquent, nous ne devrions pas nous attendre de sitôt à un miracle au chapitre des dépenses de consommation. Toutefois, sur une note encourageante, dans la mesure où les banques centrales réduisent les taux d’intérêt et où l’économie continue de croître, il est théoriquement possible que les dépenses de consommation augmentent plus rapidement que les revenus dans les prochaines années. Il ne faut pas nécessairement s’attendre à un retour complet à la normale, car la création de richesse qui résulte de la hausse des prix des maisons risque de s’essouffler, obligeant les ménages à épargner un peu plus. Mais il y a du positif.
Aux États-Unis, le taux d’épargne ne sous-tend pas le même potentiel latent de hausse de la consommation. Nous croyons néanmoins que les perspectives sont bonnes, étant donné les avantages qui devraient découler de la diminution des taux, du niveau d’embauche raisonnable, de la forte croissance des salaires et de l’augmentation graduelle de la confiance des consommateurs.
On pourrait aussi conclure qu’une bonne partie de la contre-performance économique de certains pays comme le Royaume-Uni, le Canada et l’Allemagne reflète une demande insuffisante plutôt qu’une offre insuffisante. Autrement dit, c’est la demande qu’il conviendrait de stimuler ; or, c’est exactement l’objectif des baisses de taux d’intérêt.
Aux États-Unis, le taux d’épargne ne sous-tend pas le même potentiel latent de hausse de la consommation. Nous croyons néanmoins que les perspectives sont bonnes, étant donné les avantages qui devraient découler de la diminution des taux, du niveau d’embauche raisonnable, de la forte croissance des salaires et de l’augmentation graduelle de la confiance des consommateurs.
Mais pourquoi les États-Unis font-ils exception ? Le taux d’épargne des ménages américains avant la pandémie s’est révélé exceptionnellement élevé par rapport à la moyenne à long terme du pays, de sorte qu’il pourrait y avoir là un problème d’étalonnage partiel. Mais, de manière plus fondamentale, les ménages américains étaient moins endettés que ceux de certains autres pays lorsque le choc des taux d’intérêt s’est produit, et leurs taux d’intérêt n’ont pas remonté au même rythme en raison de la structure du marché hypothécaire. Par conséquent, les ménages n’ont pas eu besoin d’épargner davantage pour rembourser des dettes problématiques.
Détérioration des données démographiques
La population du monde et des pays a son importance. Parmi les nombreux facteurs qu’elle influence, mentionnons la qualité de vie des habitants actuels, le rythme des changements climatiques, le taux de croissance économique, le niveau d’inflation et la taille des entreprises.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) représente le principal prévisionniste des tendances démographiques à long terme. L’organisation met à jour tous les deux ans ses perspectives sur la population jusqu’en 2100. La plus récente mise à jour est maintenant disponible, et les perspectives démographiques continuent de fléchir. L’ONU prévoit désormais que la population mondiale atteindra un sommet de 10,29 milliards d’habitants en 2084, alors qu’elle tablait auparavant sur un plafond à 10,43 milliards d’habitants en 2086 (voir le graphique suivant). Cela représente 140 millions de personnes de moins. La réduction la plus importante a été effectuée entre 2020 et 2022, étant donné qu’avant 2022, on s’attendait à ce que la croissance de la population mondiale se poursuive jusqu’à la fin de l’horizon prévisionnel (voir le graphique suivant).
La population mondiale devrait atteindre un sommet de 10,3 milliards de personnes parallèlement au ralentissement de la croissance
Sources : Projections démographiques mondiales de l’ONU, 2022 et 2024 ; Macrobond, RBC GMA.
Les Nations Unies abaissent leurs prévisions concernant le pic de la population mondiale depuis 2019
Sources : Projections démographiques mondiales de l’ONU, 2019, 2022 et 2024 ; Macrobond, RBC GMA.
Par ailleurs, la population mondiale devrait continuer à vieillir, au point que d’ici la fin des années 2070, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus devrait dépasser celui des jeunes de moins de 18 ans.
Voici les projections pour différents pays :
La plus forte révision à la baisse par rapport aux prévisions de 2022 concerne la Chine, où la population prévue en 2050 a été fortement réduite de 52 millions d’habitants (voir le graphique suivant).
La Chine est suivie du Nigeria et des Philippines, où la population prévue est réduite de 23 millions et de 22 millions d’habitants, respectivement.
C’est au Bangladesh que les prévisions ont été révisées en plus forte hausse, avec une augmentation prévue de 13 millions d’habitants d’ici le milieu du siècle par rapport aux prévisions de 2022.
La Chine est le principal facteur expliquant la révision à la baisse de la croissance de la population mondiale
Variation de la croissance démographique selon la révision des prévisions de 2022 et de 2024. Sources : Projections démographiques mondiales de l’ONU, Macrobond, RBC GMA.
Pour notre part, nous restons d’avis que les Nations Unies surestiment les perspectives démographiques. Les taux de fécondité se sont effondrés depuis la pandémie, non seulement dans les pays développés, mais aussi dans les pays en développement. Il existait déjà une tendance baissière auparavant.
Le taux de fécondité de l’Inde, qui était d’environ quatre enfants par femme en 1990, n’est plus que de deux enfants – ce qui le situe au taux de remplacement – et il continue de baisser.
Le taux de fécondité du Nigeria, qui était d’environ six enfants par femme en 2010, se situe maintenant autour de 4,5 et il continue de fléchir.
Pour cette raison, nous croyons que la population mondiale n’atteindra jamais tout à fait 10 milliards d’habitants et qu’elle plafonnera un peu avant 2084.
En Chine, le taux de fécondité a continué de chuter, malgré l’élimination de la politique de l’enfant unique du pays, pour s’établir à tout juste un enfant par femme. L’ONU suppose en fait que le taux de fécondité de la Chine remontera par rapport à son niveau actuel, une situation pour laquelle il n’existe guère de précédent moderne. Malgré tout, les prévisions officielles laissent entrevoir que la population de la Chine chutera et passera d’environ 1,4 milliard d’habitants aujourd’hui à seulement 633 millions d’ici l’an 2100 (voir le graphique suivant). Nous pensons que cette estimation est exagérée et préférons tabler sur une population de seulement 406 millions d’habitants (ou un peu plus), selon le scénario de faible taux de fécondité du pays.
La population de la Chine diminuera plus rapidement selon les dernières projections de l’ONU
Perspectives de la population mondiale 2022 et 2024, Nations Unies, Macrobond, RBC GMA
Entre-temps, dans un monde multipolaire, le scénario de taux de fécondité moyen aux États-Unis laisse croire que la population américaine s’établira à 421 millions de personnes d’ici l’an 2100. Il n’est pas juste de comparer le scénario de faible taux de fécondité de la Chine au scénario de taux de fécondité moyen des États-Unis. Nous n’affirmons donc pas que la population américaine sera plus importante que celle de la Chine d’ici la fin du siècle, mais l’écart devrait se resserrer substantiellement. Si l’on compare deux scénarios de taux de fécondité moyen, la population de la Chine passe d’une proportion effarante de 4,2 fois supérieure à celle des États-Unis à seulement 1,5 fois d’ici la fin du siècle (voir le graphique suivant). Il y a à peine deux ans, on s’attendait à ce que la population chinoise représente le double de celle des États-Unis à la fin du siècle.
L’avantage démographique de la Chine s’estompe
Perspectives de la population mondiale 2022 et 2024, Nations Unies, Macrobond, RBC GMA
Pour ce qui est d’autres pays importants, on s’attend toujours à ce que la population de l’Inde, du Canada et du Mexique augmente à un rythme particulièrement rapide jusqu’en 2050 (voir le graphique suivant). Celle des États-Unis et du Royaume-Uni devrait aussi connaître une importante croissance. Il faut être prudent concernant les pays développés qui figurent dans le graphique ci-dessous, car leurs prévisions démographiques reposent largement sur leur politique d’immigration. Celle-ci dépend à son tour des politiciens qui se relaient approximativement tous les quatre ans. Il reste de nombreux cycles électoraux d’ici le milieu du siècle, et l’attitude à l’égard de l’immigration change considérablement.
La croissance de la population du Canada dépassera celle d’autres pays
Les données de ce graphique reflètent la révision de 2024. Sources : Projections démographiques mondiales de l’ONU, 2022 et 2024 ; Macrobond ; RBC GMA.
Des pays comme le Japon et la Chine valent la peine d’être suivis attentivement au cours des décennies à venir, car ils révéleront dans quelle mesure les pays et les économies gèrent habilement (ou maladroitement) la diminution de la population.
Est-ce que l’automatisation remplace les travailleurs qui partent à la retraite, stimule-t-elle la productivité et l’économie ? Ou est-ce que de véritables écueils émergent parce qu’il y a moins de jeunes preneurs de risques et d’entrepreneurs pour stimuler l’innovation et la productivité ?
Les économies s’orientent-elles vers un déclin perpétuel et, si c’est le cas, les répercussions sont-elles gérables parce que chaque personne se porte bien en moyenne ? L’effritement des infrastructures devient-il problématique, ou n’a-t-il pas trop d’incidence parce que la population qui en a besoin est moins importante ? Les grandes villes cèdent-elles du terrain ou conservent-elles plutôt la même taille et attirent-elles la population des petites villes et des zones rurales ?
Les finances budgétaires deviendront probablement à tout le moins plus difficiles à mesure que le ratio de dépendance augmentera.
Les perspectives démographiques peuvent être établies avec une confiance inhabituelle, étant donné que les bébés d’aujourd’hui seront assurément les trentenaires de 2054. Les taux de fécondité devraient rester faibles et continuer à baisser. De plus, la longévité devrait continuer à augmenter (elle a récemment regagné le terrain perdu durant la pandémie).
Les surprises de taille ne sont toutefois pas impossibles. À mesure que la population diminue, la baisse du prix des maisons et la hausse de la qualité de vie globale pourraient-elles persuader les jeunes familles d’avoir plus d’enfants, inversant ainsi la tendance ? Les nouvelles technologies pourraient aider à former des couples compatibles, rendre la grossesse et l’accouchement moins désagréables et dangereux, et faciliter la garde des enfants. Plus prosaïquement, les gouvernements pourraient rendre plus attrayant le fait d’avoir des enfants grâce à un congé parental plus long, à des services de garde d’enfants subventionnés ou gratuits et à d’autres incitatifs financiers. Les perspectives démographiques ne sont pas gravées dans la pierre.
Renversement de la tendance en matière d’immigration au Canada
L’immigration a atteint des sommets sans précédent au cours des trois dernières années au Canada, alimentée de façon disproportionnée par l’augmentation des résidents temporaires (voir le graphique suivant).
L’immigration nette a bondi au Canada
Au deuxième trimestre de 2024. Sources : Statistique Canada, Macrobond, RBC GMA.
Au cours de la dernière année, le gouvernement fédéral s’est vu confronté à une saturation considérable associée à cette explosion démographique, qui va de l’aggravation de la pénurie de logements à l’augmentation du chômage chez les jeunes et à la baisse de la productivité.
Il a donc commencé à prendre des mesures et resserré bon nombre de règles en matière d’immigration.
Bien qu’elle soit importante, la hausse marquée de l’immigration au Canada n’a jamais été principalement attribuable aux résidents permanents, mais aux résidents temporaires. Il s’agissait principalement d’étudiants internationaux et de travailleurs étrangers temporaires.
Le changement le plus récent – annoncé fin octobre – vise à réduire le nombre d’immigrants permanents admis au Canada de 20 à 25 % par année par rapport aux dernières années. Cela signifie passer de 485 000 nouveaux résidents permanents en 2024 à 395 000 en 2025, puis à 380 000 en 2026.
Bien qu’elle soit importante, la hausse marquée de l’immigration au Canada n’a jamais été principalement attribuable aux résidents permanents, mais aux résidents temporaires. Il s’agissait principalement d’étudiants internationaux et de travailleurs étrangers temporaires. Ces deux groupes seront également réduits à l’avenir, l’objectif étant de ramener la proportion de résidents temporaires de 7,3 % de la population au milieu de 2024 à 5 % d’ici la fin de 2026.
À cette fin, le gouvernement vise une réduction cumulative de 45 % de l’admission annuelle des étudiants étrangers au cours des deux prochaines années. Selon les rumeurs, le déclin initial est déjà en cours ou en avance sur le calendrier à ce chapitre.
Nous ne nous attendons cependant pas à ce que l’accroissement de la population ralentisse autant que ne le prévoit le gouvernement. Bien que bon nombre de règles aient déjà changé au cours de la dernière année, le taux d’immigration trimestrielle demeure assez élevé.
Les changements apportés aux programmes de travailleurs étrangers temporaires visent principalement à renverser les modifications apportées aux règles pendant la pandémie qui ont eu pour effet d’élargir les programmes. Il s’agit notamment de réduire la part de la main-d’œuvre d’une entreprise qui peut être des travailleurs temporaires et de les interdire tout simplement – dans certains secteurs – lorsque le taux de chômage dans la région est supérieur à 6 %. Comme le taux de chômage est actuellement supérieur à 6 % à l’échelle nationale, cette mesure sabrera de nombreux programmes.
Le gouvernement fédéral prévoit que ces changements entraîneront une diminution de 446 000 travailleurs temporaires en 2025 et 2026. Il prévoit ainsi que la population globale du Canada diminuera de 0,2 % pour chacune des années 2025 et 2026, avant de revenir à un taux de croissance modéré de 0,8 % en 2027. Il faut noter que la population a augmenté d’un taux spectaculaire de 3,2 % en 2023.
Nous ne nous attendons cependant pas à ce que l’accroissement de la population ralentisse autant que ne le prévoit le gouvernement. Bien que bon nombre de règles aient déjà changé au cours de la dernière année, le taux d’immigration trimestrielle demeure assez élevé (voir le graphique suivant).
Au Canada, le taux d’immigration, élevé, ralentit toutefois
Au deuxième trimestre de 2024. Sources : Statistique Canada, Macrobond, RBC GMA.
Plus précisément, l’arrivée de nouveaux résidents temporaires ralentira peut-être plus lentement que prévu, et une partie non négligeable de ceux qui ont un visa expiré peut demander le statut de réfugié (lequel accorde un séjour supplémentaire de trois ans dans le pays pendant la durée de la demande et des appels) ou rester comme des résidents sans papiers. Il en résulte un accroissement démographique continu, quoique plus lent qu’auparavant (voir le graphique suivant). Nous prévoyons que le rythme le plus lent de l’accroissement démographique atteindra entre 0,4 % et 0,5 % par année en 2025 et 2026, au lieu de devenir carrément négatif.
L’accroissement de la population canadienne devrait ralentir à cause des objectifs d’immigration réduite
Au 28 octobre 2024. Les estimations du plan du gouvernement sont fondées sur le Plan des niveaux d’immigration 2025-2027 du gouvernement fédéral publié le 24 octobre 2024. Sources : Statistique Canada, Macrobond, RBC GMA.
Soit dit en passant, la Banque du Canada prévoit un accroissement démographique beaucoup plus rapide que le nôtre pour 2025 et 2026, soit un taux annuel de +1,7 %. Cette prévision est légèrement dépassée, car elle est intervenue avant la dernière annonce du gouvernement, bien que cette annonce précise ne fasse que réduire l’accroissement démographique d’environ 0,3 point de pourcentage. Nous faisons cette remarque, non pas pour affirmer que l’accroissement démographique devrait être carrément rapide, mais pour appuyer notre point de vue selon lequel il ne sera pas aussi faible que celui projeté par le gouvernement.
Peut-être coupons-nous toutefois les cheveux en quatre, car nos propres prévisions annoncent une réduction du taux d’accroissement démographique par huit de 2023 à 2025. Voilà une prévision qui a certainement son importance, et des incidences profondes :
La pénurie de logements devrait diminuer, ou du moins ne plus s’aggraver.
L’accessibilité à la propriété devrait aussi s’améliorer.
Le taux de croissance de la main-d’œuvre devrait ralentir, et ainsi moins contribuer à la croissance du PIB (produit intérieur brut).
La croissance de la productivité s’accélérera peut-être à mesure que l’indigestion provoquée par l’augmentation de l’immigration prendra fin et que la main-d’œuvre non qualifiée quittera la population active.
Les entreprises qui se sont appuyées sur les programmes de travailleurs étrangers temporaires devraient voir leurs charges salariales augmenter.
Les établissements d’enseignement postsecondaire qui étaient très tributaires des étudiants étrangers verront leur situation financière se dégrader.
Une grande question est la suivante : l’économie canadienne peut-elle croître pendant cette période difficile ? D’un point de vue mécanique, sans accroissement démographique, le PIB diminuerait, en l’état actuel des choses, d’environ 3 % d’une année sur l’autre (voir le graphique suivant). En cas de ralentissement brusque de l’accroissement démographique, la croissance de la productivité devra s’accélérer d’un montant équivalent pour éviter un ralentissement économique.
La croissance a nettement ralenti au Canada
Au deuxième trimestre de 2024. Sources : Statistique Canada, Macrobond, RBC GMA.
Cela ne semble plausible que dans la mesure où il est très rare que la productivité chute pendant une période prolongée, et qui plus est, d’autant. Une grande partie du manque de productivité semble liée au caractère soudain de l’afflux récent d’immigrants, et la productivité pourra donc théoriquement reprendre à mesure que s’inverse l’immigration. Il faut toutefois se montrer confiant pour imaginer un déroulement à point nommé des deux tendances, soit le renversement d’une tendance précisément au moment de la reprise de l’autre, et selon des proportions équivalentes. Cela inaugure quelques trimestres difficiles en 2025.
En bref
Une médaille d’or pour l’or
Nous avons évoqué le sujet de l’or en juin dernier, en soulignant sa vigueur remarquable et en évaluant les divers facteurs à l’appui. Nous avions abouti à la conclusion que l’or se renchérit principalement parce que les banques centrales en achètent beaucoup après avoir perdu une partie de leur confiance dans la dette souveraine, à la fois du fait des difficultés budgétaires et de l’utilisation du dollar à des fins répressives contre la Russie.
À l’inverse, on ne peut pas dire que l’or s’est enchéri à cause des craintes concernant l’inflation, parce que celles-ci ont bien diminué.
Depuis juin, le prix de l’or a encore augmenté de 16 %, battant un nouveau record pour atteindre un montant d’environ 2 745 $ US l’once troy aujourd’hui (voir le graphique suivant).
Les prix de l’or ont monté en flèche
Au 23 octobre 2024. Sources : Macrobond Financial AB, Macrobond, RBC GMA
L’or bénéficie de facteurs théoriques favorables, notamment les baisses de taux directeurs en cours qui atténuent le désavantage lié à l’investissement dans des actifs sans rendement comme l’or, et le contexte d’incertitude grandissante en raison de l’élection aux États-Unis et des risques géopolitiques en général. (Bien qu’il soit curieux que les prix du pétrole ne soient pas perturbés par les risques géopolitiques, malgré leur exposition beaucoup plus directe).
Le niveau élevé et la hausse des prix de l’or sont particulièrement favorables au marché boursier canadien, étant donné que les sociétés d’extraction et d’exploration aurifère représentent une part importante de l’indice – selon certaines estimations, plus de 10 %.
Stimulation en Chine
L’économie chinoise reste fondamentalement en difficulté, tandis que les responsables politiques se démènent pour stabiliser la situation. La dernière mesure politique a été une réduction du taux préférentiel de la Chine, dans le sillage des importantes mesures de relance mises en œuvre à la fin de septembre et de la série d’initiatives accumulées au cours des dernières années (voir le graphique suivant).
Mesures de relance en Chine : d’autres mesures importantes sont attendues, notamment pour stimuler la demande
Nota : Politiques mises en œuvre/annoncées au 24/10/2024. Source : RBC GMA.
Nous attendons toujours un soutien supplémentaire qui devrait bénéficier à bon nombre des catégories énumérées dans le graphique. En définitive, les gouvernements locaux demeurent dans une situation précaire, les banques pourraient encore avoir besoin d’aide et le marché immobilier reste faible, entre autres.
Toutefois, fait inhabituel en Chine, les nouvelles mesures pourraient inclure des mesures de relance de la demande avec en particulier un élargissement du filet de sécurité sociale du pays. Du fait que les ménages chinois ne dépensent pas, des mesures sont nécessaires pour renforcer leur confiance ou du moins pour réduire leur besoin compulsif d’épargner. À notre avis, la Chine fait face à de nombreux problèmes, mais le pessimisme à l’égard du pays, de son économie et de ses marchés est probablement exagéré, même dans le contexte d’une élection américaine particulièrement importante. Il est rassurant de constater que seulement 2 % du PIB chinois provient de la demande américaine.
Élection japonaise
À la suite de scandales en série, les premiers résultats de l’élection japonaise du 27 octobre ont montré la désapprobation des électeurs à l’égard du Parti libéral-démocrate (PLD) depuis longtemps au pouvoir, et le parti a perdu sa majorité à la Chambre basse.
Cependant, il est peu probable que ce résultat se traduise par un départ complet du parti au pouvoir. Un gouvernement minoritaire ou de coalition est le scénario le plus probable sous l’égide du premier ministre Ishiba, lequel a pris ses fonctions le 1er octobre seulement. Cela dit, Ishiba pourrait démissionner à cause des résultats médiocres des élections. Quoi qu’il en soit, deux partis plus petits pourraient constituer des partenaires de coalition pour le PLD, et il existe aussi la possibilité que le PLD accepte un certain nombre de représentants indépendants qui reviendraient dans son giron après avoir été expulsés du parti en conséquence d’un récent scandale financier.
Sur le plan des implications économiques, le Japon présente un plus grand risque d’instabilité politique dans un avenir immédiat, le gouvernement étant contraint de rechercher le soutien d’autres partis pour poursuivre son programme. Le résultat des élections devrait être stimulant sur le plan budgétaire étant donné que les partis d’opposition exigent le respect des dépenses qu’ils jugent prioritaires pour soutenir le gouvernement. Ce résultat a de plus en plus une incidence négative sur le yen et risque de retarder le durcissement monétaire de la Banque du Japon, puisque celle-ci voudra probablement attendre que les choses se calment avant de procéder. Les réformes japonaises en matière de gouvernance d’entreprise ne devraient pas trop ralentir et les entreprises devraient garder leur attention axée sur la maximisation des profits, selon nous.
La présentation du budget du gouvernement britannique approche
Le nouveau gouvernement travailliste britannique s’apprête à dévoiler un budget austère qui augmentera les impôts et limitera les largesses fiscales afin de remettre la trajectoire budgétaire du pays sur les rails, malgré le défi que représente le coût élevé du service de la dette. L’anxiété est grande, vu la crise que le budget proposé en 2022 avait déclenchée sur le marché obligataire.
La Banque du Canada voit grand
La Banque du Canada a procédé à une importante réduction du taux de 50 points de base le 23 octobre (voir le graphique suivant). Cette décision fait suite à trois baisses de taux de 25 points de base. La banque centrale a été encouragée par une inflation particulièrement faible (l’IPC global (indice des prix à la consommation) n’est plus que de 1,6 % d’une année sur l’autre – en dessous de la cible de 2,0 %) et par les importantes capacités excédentaires au sein de l’économie, La Banque du Canada totalise ainsi 125 points de base d’assouplissement et se positionne désormais en tête de la parade des réductions des taux des grands pays développés.
La politique monétaire nord-américaine est résolument en mode de réduction des taux
Au 18 octobre 2024. Sources : Haver Analytics, RBC GMA.
La prochaine décision de la Banque du Canada aura lieu le 11 décembre, et le marché est actuellement divisé à parts presque égales entre une réduction de 25 ou de 50 points de base. Les deux options restent tout à fait plausibles. Les données économiques qui seront publiées d’ici là influenceront probablement cette décision.
Nous estimons cependant, dans le contexte des récentes baisses des objectifs d’immigration du pays, que les prévisions démographiques de la Banque sont probablement trop élevées, et que le repli de la croissance économique et des pressions sur le logement qui en résulterait pourrait entraîner une nouvelle baisse de taux de 50 points de base. Le dernier communiqué de la Banque du Canada laisse aussi clairement entrevoir d’autres baisses de taux, contrairement au message du communiqué précédent qui n’était qu’implicite.
Enfin, il est important de relever que l’IPC excluant les charges d’intérêts hypothécaires augmente d’à peine 1,0 % d’une année sur l’autre (voir le graphique suivant). Les charges d’intérêts hypothécaires sont une composante tout à fait réelle des dépenses des ménages moyens et restent élevées en raison du décalage associé à la réinitialisation des hypothèques, mais ne devraient cependant pas empêcher la Banque du Canada de réduire ses taux. Les réductions de taux contribuent, de manière inhabituelle, à faire baisser cette composante de l’IPC. La Banque du Canada devrait donc se concentrer sur l’IPC hors les charges d’intérêts hypothécaires dans sa politique monétaire, ce qui signifie qu’une baisse substantielle des taux serait appropriée.
L’inflation au Canada, hors intérêts hypothécaires, est nettement inférieure à la cible
En date de septembre 2024. Sources : Statistique Canada, Macrobond, RBC GMA.
Le Rapport sur la politique monétaire de la Banque du Canada contient des informations intéressantes :
La Banque s’attend à ce que les prix des maisons au Canada commencent à augmenter (nous sommes moins convaincus).
L’écart de production est maintenant de -1,25 % du PIB.
Les dépenses par personne devraient recommencer à augmenter après une période de déclin.
– Avec la contribution de Vivien Lee et d’Aaron Ma
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