Dagmara Fijalkowski, cheffe, Titres mondiaux à revenu fixe et devises, analyse les perspectives des marchés des titres à revenu fixe dans un contexte de ralentissement du rythme du relèvement des taux.
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Transcription
Qu’est-ce qui comptera le plus pour les investisseurs en titres à revenu fixe en 2023 ?
À l’aube de l’année 2023, j’aimerais vous faire part de quelques réflexions sur les titres à revenu fixe. Tout d’abord, la hausse des taux de rendement est un élément favorable. Elle laisse entrevoir des rendements futurs plus élevés. Les taux des portefeuilles de titres à revenu fixe sont trois fois plus élevés qu’ils ne l’étaient à la fin de 2020. Ensuite, nous parlons de la corrélation entre les titres à revenu fixe et les actions. Les obligations n’ont pas rempli leur rôle de garantie pour nos portefeuilles, et ce, en raison de la forte et rapide augmentation des taux d’intérêt due à l’inflation.
Alors que la Fed approche de la fin de son cycle de resserrement, cette corrélation redevient généralement négative. Troisièmement, nous pensons que la Fed lutte pour sa survie et qu’elle est prête à diminuer la croissance au profit de la crédibilité. Lors de la rencontre de Jackson Hole en août 2022, Jay Powell a mentionné quarante-six fois le mot « inflation », huit fois le mot « économie » et une seule fois le mot « emploi » dans un discours de huit minutes.
À propos, il a aussi déclaré à deux reprises que la Fed garderait le cap jusqu’à ce que l’inflation soit maîtrisée. Et « Keeping At It (gardez le cap) » est le titre de l’autobiographie de Volcker. Le quatrième point est que des indicateurs fiables mettent en évidence un affaiblissement de l’économie en vue. Si l’on n’évite pas la récession, les obligations constitueront une bonne catégorie d’actifs à détenir en 2023. Si elle pouvait être évitée, ce serait probablement grâce à des mesures de relance importantes de la Chine, un scénario peu probable.
Cinquième point : en ce qui concerne la courbe des taux, nous avons connu en 2022 un aplatissement baissier « très néfaste pour les obligations ». En général, ce scénario est suivi d’une accentuation haussière, favorisant ainsi les obligations à long terme et les obligations de catégorie investissement, et mettant en garde contre les obligations à rendement élevé. Sixièmement, même si le resserrement quantitatif aura un effet négatif sur les obligations en 2023, le volume de titres de créance émis l’année prochaine sera nettement inférieur et, par conséquent, le déséquilibre entre l’offre et la demande s’améliorera et profitera aux obligations d’environ 1 billion de dollars, selon les recherches de J.P. Morgan.
Le dernier élément concerne le dollar américain. Cette année, il s’est apprécié de plus de 20 % par rapport à la parité des pouvoirs d’achat. Ces dépassements durent souvent des mois, et non des années. Si la vigueur du dollar américain s’inverse en 2023, les actifs des marchés émergents, qui ont souffert cette année à cause de la hausse des taux d’intérêt et de l’appréciation du dollar, bénéficieront grandement de cette évolution.
En bref, nous pensons qu’il ne faut pas exclure les titres à revenu fixe d’un portefeuille en 2023.