Neil Abbott, RBC Global Asset Management (UK) Limited's premier gestionnaire de portefeuille, passe ses journées à examiner les sociétés de consommation. Le secteur de la consommation est incroyablement vaste et diversifié, allant des constructeurs automobiles traditionnels aux groupes hôteliers, en passant par les sociétés de commerce électronique. Il est donc bien placé pour illustrer notre processus de prise de décision et souligner la façon dont nous gérons les fonds de nos clients.
Dans cette première partie de notre série sur le secteur de la consommation, Neil Abbott et Kilian Niemarkt, RBC Global Asset Management (UK) Limited's gestionnaire de portefeuille client, expliquent comment repérer les sociétés qui se démarquent dans les secteurs en croissance.
Qu’est-ce qui rend le secteur de la consommation attrayant ?
Le secteur est étendu et il s’est toujours distingué par son large éventail de sociétés. À notre avis, cette caractéristique le rend si fascinant. Les entreprises varient de celles qui existent depuis plus de 250 ans, dont des sociétés réputées dans le secteur de la bière et de l’alimentation, à celles qui, comme Amazon, n’ont pas encore fêté leur 25e anniversaire. On y trouve des sociétés à caractère cyclique, telles que Toyota et BMW du secteur automobile, et des sociétés à caractère non cycliques, telles que les détaillants alimentaires. Ce secteur englobe aussi bien les multinationales que les entreprises locales, de taille importante ou non. Certaines sociétés disposent de chaînes logistiques internes et d’autres dépendent davantage de fournisseurs externes. Il y a les sociétés que nous souhaitons détenir en période de croissance économique, et celles que nous préférons lors des périodes marquées par des craintes de récession. En résumé, on peut remarquer dans ce secteur l’ensemble des défis associés au placement. Voilà le tableau général.
À la découverte du secteur de la consommation
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Comme vous le dites, le secteur est à l’évidence très diversifié. Par où commencez-vous votre évaluation des diverses industries et des entreprises qui les définissent ?
Nous commençons notre recherche par les industries ayant des sources de profits intéressantes, en nous demandant par exemple : « L’industrie en question est-elle en croissance ou en décroissance ? Quelles sont les perspectives pour les marges de l’industrie ? Les occasions de placement se multiplient-elles ? »
Si tel est le cas, et que nous voulons faire avancer notre recherche, nous étudions les acteurs de l’industrie et évaluons le moment favorable d’un cycle, car il existe des industries cycliques et non cycliques dans le secteur de la consommation.
Nous examinons ensuite les entreprises individuelles afin de repérer celles qui présentent un avantage concurrentiel solide et durable. Cette démarche représente une part essentielle de notre philosophie de placement et se trouve au cœur de nos activités. Il importe de souligner que nous nous engageons auprès des équipes de direction des sociétés dans lesquelles nous investissons, car ce sont elles qui assument la responsabilité de produire des rendements financiers pour les actionnaires.
Nous pensons que le volet ESG revêt également une grande importance pour la durabilité des entreprises et pour les rendements financiers qu’elles peuvent générer. Nous nous efforçons de collaborer avec des équipes de direction en qui nous avons confiance, qui comprennent les critères ESG et s’y engagent, et qui cherchent à forger une culture d’entreprise florissante.
Il faut du temps pour comprendre la culture d’une entreprise et, en tant qu’élément incorporel, elle ne se reflète pas dans les comptes financiers de l’entreprise. Toutefois, nous pensons que les entreprises dotées de facteurs extrafinanciers compétitifs (p. ex. une culture forte) offrent de meilleurs rendements aux actionnaires à long terme.
Dans un secteur aussi dynamique, on aimerait connaître quelques exemples concrets. Pouvez-vous citer des industries qui possèdent des « sources de profits intéressantes » ?
Un certain nombre d’industries tirent profit des changements structurels, et d’autres présentent un attrait fondamental à long terme.
Selon nous, l’industrie des véhicules électriques (VE) constituera une composante importante du secteur de la consommation dans les prochaines décennies. La transition des moteurs à combustion interne vers les VE pose un défi fascinant à l’industrie automobile, que ce soit pour les entreprises traditionnelles, telles que Ford, Toyota et General Motors, qui travaillent dur pour gérer cette transition, ou pour les nouveaux venus, comme Tesla, et d’autres acteurs qui suivent le mouvement. Il s’agit d’une industrie très dynamique qui se caractérise par d’importants investissements à venir, une richesse technologique et, à notre avis, un potentiel de changements offrant une occasion intéressante de rentabilité financière.
Une autre industrie de ce type est celle des voyages et des loisirs. Habituellement, cette industrie affiche une croissance deux fois supérieure à celle du PIB, est légèrement cyclique, et témoigne de l’expansion de la classe moyenne. De plus, elle tire parti de la technologie, car les progrès technologiques ont permis aux gens de travailler moins, de gagner le même salaire et d’avoir plus de temps libre. La croissance des classes moyennes en Chine et en Inde joue un rôle particulièrement important, car les habitants de ces pays ont une très forte propension à voyager.
La santé et le bien-être sont une tendance qui influe sur les segments des aliments, des boissons et de la mode, et toute une industrie s’est développée autour de ce concept. La pandémie a contribué à accélérer cette tendance. Les consommateurs étant de plus en plus enclins à accroître leurs dépenses pour se maintenir en bonne santé, nous essayons de trouver des occasions de profiter de cette situation.
Il y a aussi l’industrie du luxe, que nous trouvons intéressante en raison de son caractère non cyclique ; le commerce électronique, qui induit des transformations structurelles et technologiques ; et la diffusion en continu, qui offre de nouvelles façons de consommer des produits médiatiques, qu’il s’agisse de musique ou de vidéos, par l’intermédiaire de nouveaux acteurs, de nouvelles industries et de modèles d’affaires fascinants.
Nous croyons que toutes ces industries sont susceptibles de représenter une part plus importante de la consommation au fil du temps.
Pouvez-vous nous parler d’une industrie qui présente une source de profits croissants et dans laquelle vous n’avez actuellement aucun placement ?
Jusqu’à présent, nous n’avons investi dans aucune société du domaine des véhicules électriques. Les critères ESG sont l’une des raisons pour lesquelles nous nous abstiendrons d’investir dans une entreprise. À titre d’exemple, nous avons examiné Tesla à quelques reprises au cours de la dernière décennie, mais nous avions des doutes quant au style de gestion, au taux de roulement très élevé du personnel et à la structure du conseil d’administration. Même si Tesla a connu un succès considérable, nous ne sommes toujours pas à l’aise avec certains aspects. Il existe toutefois d’autres façons d’accéder à cette industrie, par exemple les actions de sociétés industrielles dont les chaînes logistiques sont liées au secteur, ou les sociétés automobiles traditionnelles qui arrivent sur le marché des VE.
Nous continuons d’analyser ces sociétés et de réévaluer notre travail en permanence, en tenant compte des sources de profits potentielles de l’industrie et de l’étape du cycle à laquelle nous nous situons.
Dans la deuxième partie de notre série sur le secteur de la consommation, qui sera bientôt disponible, nous examinerons les facteurs qui confèrent un avantage concurrentiel aux entreprises du secteur, ainsi que les difficultés survenues récemment.