La baisse soutenue des indicateurs économiques avancés laisse croire que la croissance mondiale ralentit. Plusieurs facteurs macroéconomiques, dont un important resserrement des conditions financières, la lutte continue de la Chine contre la COVID, la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui s’ensuit en Europe, assombrissent les perspectives. Soulignons toutefois que les économies se sont montrées relativement résilientes dans ce contexte. Le marché du travail reste solide et les données ont globalement été moins mauvaises que ce que l’on craignait au départ. Nous avons abaissé nos prévisions de croissance économique par rapport au dernier trimestre et continuons de nous attendre à une récession d’ampleur moyenne au cours de notre période de prévision d’un an, mais notre pessimisme s’est quelque peu atténué au cours des derniers mois (figure 1).
Figure 1 : PIB réel moyen pondéré selon les prévisions générales
Estimations de croissance des principaux pays développés
Nota: Données en décembre 2022. Source : Consensus Economics
L’inflation commence à baisser
Après avoir atteint son plus haut niveau en quatre décennies, l’inflation pourrait enfin commencer à fléchir, car bon nombre des facteurs qui ont provoqué la flambée des prix à la consommation font maintenant marche arrière. Les perturbations des chaînes logistiques se sont atténuées, la politique monétaire se resserre, la politique budgétaire a un léger effet négatif par rapport à il y a un an et les prix des marchandises ont considérablement reculé depuis leurs récents sommets. Nous croyons que l’inflation diminuera de façon marquée au cours de la prochaine année. Nos prévisions sont inférieures à la moyenne, mais demeurent supérieures à la cible de 2 % de la Réserve fédérale. Les données mensuelles sur l’inflation seront particulièrement importantes pour déterminer si les pressions exercées sur les prix à la consommation évoluent dans la bonne direction et à un rythme jugé acceptable par les banques centrales (figure 2).
Figure 2 : Inflation des prix à la consommation aux É.-U.
Prévisions en % de variation d’une année sur l’autre
Nota : Données au 31 octobre 2022. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Les banques centrales pourraient bientôt ralentir le rythme des hausses de taux
Jusqu’à présent, le resserrement monétaire opéré par les banques centrales semble fonctionner, mais il est difficile de dire si les mesures prises suffiront, étant donné les effets à retardement variables et à long terme des changements de taux d’intérêt sur l’économie. Ayant procédé à plusieurs hausses de taux massives, la Réserve fédérale a relevé les taux d’intérêt à court terme de 375 points de base (pb) en seulement huit mois, ce qui représente le cycle de resserrement le plus énergique depuis les années 1970, et les taux d’intérêt pourraient encore augmenter. Sur le marché des contrats à terme, les prix laissent envisager d’autres relèvements totalisant 100 pb (une hausse de 50 pb, suivie de deux hausses de 25 pb) d’ici le début de 2023, ce qui ferait grimper le taux à un sommet de 5,0 % (figure 3). Soulignons que le marché prévoit maintenant que la Réserve fédérale commencera à assouplir sa politique vers la fin de l’année prochaine, anticipant un taux des fonds fédéraux de 4,5 % à la fin de 2023. Il convient de reconnaître que la trajectoire de la politique monétaire est souple et qu’elle devrait s’adapter à l’évolution des données.
Figure 3 : Taux implicite des fonds fédéraux
Contrats à terme sur 12 mois au 1er décembre 2022
Sources : Bloomberg, Réserve fédérale américaine, RBC GMA
Les taux obligataires fléchissent après avoir atteint des sommets, car les craintes d’inflation s’atténuent
Au cours du trimestre, le taux des obligations américaines à dix ans a atteint un sommet de 4,33 % en octobre et l’indice mondial des obligations d’État a effacé tous ses gains des quatre dernières années. Toutefois, les prix des obligations ont rebondi depuis, soutenus par des preuves de plus en plus nombreuses que l’inflation a plafonné et que la croissance mondiale ralentit. Nos propres modèles indiquent que si l’inflation s’atténue, comme nous nous y attendons, et que les taux d’intérêt réels (c.-à-d. corrigés de l’inflation) reviennent dans une fourchette de 0,5 % à 1,0 % qui cadre avec le contexte démographique et les tendances économiques à long terme, le point d’équilibre du taux des obligations américaines à dix ans pourrait finir par tomber à 3,4 % dans cinq ans (figure 4). C’est pourquoi, à la suite de la flambée des taux obligataires depuis le début de l’année, le risque de nouvelles pertes considérables et durables pour les obligations d’État a nettement diminué. Nous reconnaissons toutefois que si nous avons tort et que l’inflation demeure élevée, une hausse sensible des taux restera possible.
Figure 4 : Taux des obligations du Trésor américain à dix ans
Fourchette d’équilibre
Nota : Données au 30 novembre 2022. Source : RBC GMA
Après une survente massive, les actions se redressent, en particulier les titres cycliques et les actions internationales
Les actions ont connu une énorme volatilité durant le trimestre. Après avoir atteint de nouveaux creux au début de la période, elles ont enregistré un impressionnant rebond et fini le trimestre en légère hausse. Au pire de la période, l’indice S&P 500 était en baisse de 26 % par rapport à son sommet, les investisseurs étaient extrêmement pessimistes et, selon divers indicateurs techniques, les actions mondiales affichaient des niveaux de survente correspondant aux principaux creux antérieurs du marché. Notre indicateur composite des cours boursiers mondiaux se situait alors sous la juste valeur pour la première fois depuis mars 2020 et, bien que le S&P 500 soit resté au-dessus de la juste valeur, quoique légèrement, les actions des autres régions présentaient une sous-évaluation particulièrement intéressante par rapport à leur juste valeur respective (figure 5). Les données sur l’inflation aux États-Unis publiées le 13 octobre, qui se sont révélées meilleures que prévu, ont joué un rôle clé dans le redressement de la confiance. Elles ont donné aux investisseurs l’espoir que l’inflation suivait maintenant une trajectoire descendante et réduit les pressions exercées sur la Réserve fédérale et, en fin de compte, sur les valorisations. Fait intéressant, la forte reprise observée depuis a été alimentée par les secteurs cycliques, les sociétés à petite capitalisation, les titres de valeur et les actions internationales, tandis que les sociétés américaines à mégacapitalisation du secteur technologique, qui avaient dominé le marché haussier précédent, ont tiré de l’arrière.
Figure 5 : Indice composite des marchés boursiers mondiaux
Indices des marchés boursiers par rapport au point d’équilibre
Nota: Données au 30 novembre 2022. Source : RBC GMA
Les bénéfices pourraient encore être vulnérables à un ralentissement économique à venir
La durabilité de la reprise pourrait dépendre de la mesure dans laquelle les bénéfices des sociétés se maintiendront pendant la période prévue d’affaiblissement économique à venir. Les analystes ont déjà commencé à abaisser les prévisions de bénéfices pour le S&P 500, en raison du ralentissement de la croissance et des pressions exercées sur les marges par l’augmentation des coûts. Cependant, même les estimations revues à la baisse sont relativement optimistes. Les prévisions générales tablent sur une croissance des bénéfices de 6,5 % pour les sociétés de l’indice S&P 500 en 2022 et de 6,3 % en 2023 (figure 6). À notre avis, ces chiffres semblent incompatibles avec le début d’une contraction de l’économie, les données historiques révélant que les bénéfices du S&P 500 ont chuté en moyenne de 25 % lors des périodes précédentes de repli économique. Des pressions baissières accrues sur les prévisions de bénéfices dans l’éventualité d’un affaiblissement continu de l’économie pourraient refroidir l’enthousiasme des investisseurs et limiter la progression des actions.
Figure 6 : Indice S&P 500
Estimations générales des bénéfices
Nota : Données au 30 novembre 2022. Sources : Thomson Reuters, Bloomberg
Composition de l’actif – Maintien d’une légère surpondération des actions et sous-pondération des obligations
Le contexte macroéconomique reste très incertain et, même si la situation pourrait s’améliorer, nous croyons qu’une approche prudente quant à la prise de risques demeure justifiée. Les banques centrales ont opéré un important resserrement monétaire dans le système financier, l’économie ralentit et une récession est probable. Cela dit, les prix des actifs se sont largement adaptés à ces attentes. Les taux obligataires ont monté en flèche et les cours boursiers ont plongé, ce qui a fortement réduit le risque d’évaluation et stimulé le potentiel de rendement de la plupart des grandes catégories d’actif. Vu l’augmentation des taux, les obligations offrent maintenant une meilleure protection contre une baisse des valeurs boursières en cas de repli de l’économie. Par conséquent, nous conservons une pondération en titres à revenu fixe plus importante que par le passé, bien qu’encore légèrement inférieure à notre position stratégique neutre. Tout au long de l’année, nous avions réduit notre pondération en actions alors que les risques s’intensifiaient, mais nous avons décidé de faire un pas dans la direction opposée ce trimestre-ci, l’augmentant légèrement à la fin de septembre. Nous avons puisé dans les titres à revenu fixe pour accroître de 50 points de base la pondération des actions, car la chute des actions mondiales en deçà de la juste valeur estimée par nos modèles et le pessimisme extrême des investisseurs se sont traduits par une amélioration du ratio risque-rendement dans un large éventail de scénarios possibles. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 62,0 % en actions (pondération stratégique « neutre » de 60 %), 37,0 % en obligations (pondération stratégique « neutre » de 38 %) et 1,0 % en liquidités (figure 7).
Figure 7 : Composition d’actifs recommandée
Données au 30 novembre 2022. Source : RBC GMA
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