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Au cours de la dernière année, les investisseurs se sont heurtés à une série de perturbations. Le flux de nouvelles au sujet des événements géopolitiques, des taux d’intérêt et de l’inflation a rappelé à quel point les marchés financiers sont compliqués. En outre, divers facteurs structuraux à long terme ont ajouté à leur complexité. Ces facteurs n’influent pas obligatoirement sur les fluctuations du marché au jour le jour. Cependant, ils peuvent entraîner des changements systémiques accompagnés d’effets en cascade.
Au milieu de toute cette actualité, les gros titres liés au changement climatique suscitent toujours un grand intérêt. Et ce n’est pas étonnant. L’année dernière, par exemple, a connu des inondations dévastatrices au Pakistan et des vagues de sécheresse en Californie. Plus récemment, des incendies de forêt ont fait rage partout au Canada. Les évènements de ce type seront sans doute encore plus graves d’ici quelques décennies. Dans son Rapport sur les risques mondiaux 2023, le Forum économique mondial a indiqué que les risques liés à l’environnement étaient parmi les plus élevés, et que leur impact le plus lourd était attendu pour les 10 prochaines années.1
À RBC Gestion mondiale d’actifs (RBC GMA), notre approche de l’investissement responsable repose sur la conviction que l’intégration des principaux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans nos processus de placement peut améliorer les rendements ajustés au risque à long terme. À cet égard, nous intégrons d’importantes considérations liées aux changements climatiques dans nos décisions de placement pour les types de placement applicables.2
Pour donner un aperçu de ce que cela implique, ce résumé présente certaines des méthodes que nous utilisons pour mesurer et surveiller les risques et les occasions liés au climat dans nos portefeuilles. Plus loin, nous expliquerons l’analyse réalisée à l’échelle de la société et publiée dans notre Rapport climatique RBC 2022.3
Les changements climatiques et l’investisseur à long terme
Les changements climatiques représentent un sérieux problème qui pourrait avoir des répercussions sur les économies, les marchés et les sociétés, tout en présentant des occasions et des risques financiers pour les émetteurs et les investisseurs. La question des changements climatiques constitue un facteur financier important si l’on considère les risques suivant:
- Risques physiques. La hausse des températures mondiales due aux émissions de gaz à effet de serre (GES) est à l’origine des répercussions physiques liées aux changements climatiques. Cela ce traduit notamment par une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, et par des changements à long terme dans les modèles climatiques.
- Risques liés à la transition. En raison des efforts visant à réduire les émissions de GES, les changements climatiques posent des risques liés à la transition. Ces risques résident en particulier dans les politiques et les règlements des États, l’augmentation des poursuites judiciaires et des réclamations, les perturbations et la transformation technologiques, et l’évolution de l’offre et de la demande ainsi que des attentes des consommateurs et des employés en ce qui a trait aux changements climatiques.
Compte tenu de la diversité des facteurs en jeu, chacun de ces facteurs impliquant un horizon temporel différent, il est difficile de comprendre les répercussions que les changements climatiques peuvent avoir sur les placements. À RBC GMA, nous avons recours à un large éventail de données sur le climat afin de cerner les risques et les occasions les plus importants.
Évaluation des émissions de carbone associées à nos portefeuilles
À notre avis, l’analyse des émissions de carbone est un point de départ raisonnable pour évaluer les risques et les opportunités liés au climat. Cette approche donne un aperçu de l’exposition relative des portefeuilles, des secteurs et des émetteurs aux risques liés à la transition, y compris les risques découlant de l’évolution des politiques, des marchés et de la technologie. L’un des paramètres que nous examinons est l’intensité moyenne pondérée des émissions de carbone, qui donne une image des risques et des positions au regard des émetteurs à forte intensité de carbone.
Points à retenir de notre analyse des émissions de carbone
À l’échelle des portefeuilles, l’intensité moyenne pondérée des émissions de carbone (en part des ventes) dépend généralement de la répartition sectorielle. Les secteurs à fortes émissions de carbone tels que l’énergie, les services publics, les produits industriels et les matières ont tendance à être les plus générateurs d’émissions de carbone. Ces secteurs représentent 88 % de l’intensité moyenne pondérée des émissions de carbone (en part des ventes) pour nos placements en actions, toutes régions confondues. En même temps, la répartition sectorielle est plus concentrée pour ce qui est de nos titres à revenu fixe. Dans cette catégorie, les secteurs des services publics et de l’énergie représentent collectivement 89 % de l’intensité moyenne pondérée des émissions de carbone (en part des ventes).
Figure 1 : Intensité moyenne pondérée des émissions de carbone en part des ventes (émissions des périmètres 1 et 2), par catégorie d’actif et par région 4
L’analyse des émissions de carbone s’est avérée utile pour évaluer les risques et les occasions liés au climat. Mais c’est un paramètre de nature statique et rétrospective. Il donne un aperçu des émissions passées d’un émetteur, mais ne reflète pas nécessairement leur niveau futur. L’analyse des émissions de carbone ne rend pas compte des mesures qu’un émetteur prend ou prendra pour gérer les risques liés au climat ou pour tirer parti des occasions. C’est pourquoi nous cherchons à compléter cette analyse à l’aide de points de vue prospectifs.
Prise en compte des objectifs liés au climat
Pour compléter l’analyse des émissions de carbone, nous évaluons notre investissement dans les émetteurs qui ont établi des objectifs de réduction des émissions de carbone (objectifs liés au climat). Cette approche donne un aperçu prospectif, car elle permet de mesurer l’engagement relatif des sociétés dans lesquelles nous investissons et de prévoir la trajectoire de leurs émissions.
Le difficulté est que les objectifs liés au climat peuvent varier considérablement. Les périmètres des émissions examinées peuvent être différents. Les objectifs de réduction des émissions peuvent être plus ou moins ambitieux. La probabilité que la société atteigne son objectif peut également varier.
Pour cette raison, nous préférons les objectifs vérifiés, conformes à une norme établie. Il est ainsi plus facile d’évaluer et de comparer les plans des sociétés. Dans notre analyse, nous tenons compte des objectifs fondés sur la science (aussi appelés conformes à l’Accord de Paris ou à l’objectif zéro émission nette) dès lors qu’ils ont reçu l’approbation de la SBTi5. RBC GMA reconnaît également que tous les émetteurs ne peuvent pas choisir ou être admissibles6 à une norme facultative telle que celle de la SBTi. Pour cette raison, nous surveillons les placements investis dans les émetteurs indépendamment de leurs objectifs de réduction des émissions de carbone.
Points à retenir de notre analyse
- 35 % (78,3 milliards de dollars US) de nos placements en actions et en titres à revenu fixe de sociétés correspondent à des émetteurs ayant des objectifs – vérifiés ou annoncés – fondés sur la science (sur la base des objectifs SBTi).
- 76 % (172 milliards de dollars US) de nos placements en actions et en titres à revenu fixe de sociétés correspondent à des émetteurs ayant des objectifs de réduction des émissions de carbone (y compris des objectifs SBTi vérifiés ou annoncés, et autres objectifs climatiques).
Figure 2 : Pourcentage des actifs sous gestion investis dans des émetteurs ayant un objectif lié au climat, par catégorie d’actif et par région7
Sur le plan des régions, nos portefeuilles d’actifs canadiens et des marchés émergents ont un pourcentage plus faible d’investissement dans des émetteurs ayant un objectif – vérifié ou annoncé – fondé sur la science. Ces résultats sont globalement en accord avec le rapport d’étape de la SBTi, qui identifie ces régions comme ayant une moindre pénétration des objectifs SBTi.8
Au Canada, la couverture plus faible est probablement due au fait que la SBTi n’accepte pas les engagements et ne vérifie pas les objectifs provenant des secteurs du pétrole et du gaz ou des combustibles fossiles. Or, ces secteurs constituent une part importante de l’économie canadienne.9 Dans le portefeuille d’actions de la région Asie-Pacifique, 23 % des investissements sont réalisés dans des émetteurs qui se sont engagés à fixer un objectif SBTi au cours des 24 prochains mois10, principalement des émetteurs de la Chine, de Hong Kong et du Japon. S’ils sont mis en œuvre avec succès, ces nouveaux objectifs de réduction des émissions pourraient conduire à une diminution des émissions de carbone associées aux placements de notre portefeuille à l’avenir.
Prise en compte de l’objectif de température
Les émissions de carbone et les objectifs liés au climat donnent un aperçu du rendement et de l’engagement des émetteurs dans le domaine des émissions. Nous pouvons compléter cette analyse en examinant l’augmentation implicite de la température associée à un portefeuille. Ce paramètre modélisé et prospectif indique quelle serait l’augmentation de la température mondiale en 2100 si l’économie mondiale était un reflet du portefeuille.
Points à retenir de notre analyse de l’objectif de température
- La plupart de nos portefeuilles d’actions affichent une augmentation de la température globale semblable à celle de leur indice de référence, à une exception près : notre portefeuille d’actions de marchés émergents. Ce portefeuille présente un objectif de température inférieur, en raison de la sous-pondération actuelle et habituelle des placements dans les secteurs de l’énergie et des matières.
- Parmi nos placements en titres à revenu fixe, l’objectif de température plus élevé pour le portefeuille d’obligations de sociétés canadiennes s’explique en grande partie par le positionnement sectoriel. Ce portefeuille est sous-pondéré dans le secteur de la finance et surpondéré dans le secteur des services publics par rapport à sa référence (l’indice des obligations de toutes les sociétés FTSE Canada).
Figure 3 : Hausse de température prévue, par catégorie d’actif et par région11
Il est important de noter qu’aucun de nos portefeuilles ni leurs indices de référence respectifs n’ont actuellement un objectif de température inférieur à 2 °C. Gardons à l’esprit que l’objectif de l’Accord de Paris est de limiter le réchauffement de la planète à un niveau « largement inférieur à 2 °C » d’ici 2100, et que l’ambition est de parvenir à 1,5 °C. Selon les Nations Unies, les dernières données suggèrent que la planète est actuellement sur une trajectoire qui ne lui permettra pas d’atteindre cet objectif. En fait, la planète semble sur la voie d’une hausse de la température comprise entre 2,4 et 2,6 °C d’ici la fin du siècle.12
Cela dit, notre analyse a fait ressortir une lueur d’espoir du côté des émetteurs. Parmi nos placements, 45 % (101,7 milliards de dollars US) des actions et titres à revenu fixe de sociétés sont investis dans des émetteurs dont l’objectif de température est inférieur à 2 C.
Prise en compte des occasions liés au climat
RBC GMA examine l’exposition des placements aux occasions liées au climat au cas par cas pour les types de placements applicables. Nous utilisons plusieurs jeux de données de tiers pour évaluer les occasions liées au climat. Ces données comprennent l’analyse des revenus verts, l’investissement des émetteurs dans des brevets concernant des activités à faibles émissions de carbone, et l’identification des émetteurs qui offrent des solutions climatiques.
Points à retenir de notre analyse des occasions liées au climat
- 4 % (9,9 milliards de dollars US) de nos portefeuilles sont investis dans des émetteurs qui offrent des solutions climatiques13
- 9 % (19,6 milliards de dollars US) sont investis dans des émetteurs dont la part des revenus verts dépasse 10 %.14
- 27 % (60,2 milliards de dollars US) sont investis dans des émetteurs qui ont une certaine part de revenus verts (plus de 0 %).15
Une évolution constante
En tant que gestionnaire de placements d’envergure mondiale, présent dans bon nombre de régions et marchés des capitaux, RBC GMA s’efforce d’anticiper les changements et de gérer les complexités. Les événements de l’année écoulée n’ont fait que souligner l’importance de ces efforts, ainsi que la nécessité d’adopter une approche éclairée et réfléchie dans le domaine de l’investissement responsable.
L’intégration des critères ESG à nos décisions de placement demeure une priorité importante pour RBC GMA.16 Au cours de la dernière année, nous nous sommes efforcés d’élargir notre gamme d’outils dans ce domaine. Nous avons par exemple établi une infrastructure interne de données ESG permettant de consulter les données ESG de façon personnalisée. Nous avons aussi élargi et approfondi nos tableaux de bord des changements climatiques, et complété les données que nous fournissions à nos équipes de placement depuis 2020 – nous offrons maintenant des vues personnalisées sur les données relatives aux portefeuilles, aux secteurs et aux émetteurs.
À titre de gestionnaire digne de confiance des avoirs de nos clients, il nous incombe d’examiner tous les facteurs pertinents susceptibles d’influer sur les rendements ajustés au risque de nos placements.17 À RBC GMA, nous croyons que nous pouvons améliorer le rendement à long terme et ajusté au risque de nos portefeuilles en intégrant les critères ESG à notre processus de placement. Les changements climatiques comptent parmi ces facteurs16
Ressources supplémentaires
Pour en savoir plus à propos de notre approche, consultez https://institutional.rbcgam.com/fr/ca/responsible-investment/our-approach.