Alors que les actions de marchés émergents continuent de suivre l’évolution des titres à revenu fixe, Philippe Langham présente son point de vue sur les facteurs de croissance et les occasions liées aux actions.
Principaux sujets de discussion :
Approche de notre équipe de placement
Incidence de la Chine sur les marchés émergents
Actions technologiques sur les marchés émergents
Ce qui nous attend sur les marchés émergents
Durée : 35 minutes, 36 secondes
Transcription
Bonjour et bienvenue à tous et à toutes. Je m’appelle Alissa Howard et je travaille avec notre équipe Actions, Marchés émergents RBC, ici à RBC Global Asset Management (U.S.) Inc. à titre de spécialiste de produit.
Je tiens d’abord à vous remercier de participer à notre webinaire aujourd’hui. Nous allons parler des risques, mais plus important encore, des occasions que nous voyons aujourd’hui sur les marchés émergents (ME). Nous espérons que la discussion d’aujourd’hui vous sera utile. Nous allons vous faire part de nos idées qui façonnent les perspectives sur la catégorie d’actif aujourd’hui.
Avant de vous présenter notre conférencier, j’aimerais régler quelques questions d’ordre administratif. Si vous avez des questions ou des commentaires tout au long de la discussion d’aujourd’hui, n’hésitez pas à les soumettre en utilisant la fonction à cette fin qui s’affiche dans votre écran. Nous allons faire de notre mieux pour essayer d’en intégrer certaines tout au long de notre discussion. Nous aurons aussi une période de questions à la toute fin.
J’aimerais vous donner un peu d’information sur RBC Gestion mondiale d’actifs, sur notre société. Nous sommes un gestionnaire d’actifs mondial avec un peu plus de 400 milliards de dollars américains d’actifs sous gestion et des équipes de placement spécialisées réparties dans le monde entier. Notre équipe Actions, Marchés émergents RBC, avec laquelle nous discutons aujourd’hui, est établie à Londres. Elle peut se spécialiser dans une catégorie d’actif ou un segment de marché précis, ce qui permet à nos clients de bénéficier de perspectives solides et éclairées dans chaque catégorie d’actif.
Il est maintenant temps d’accueillir Phil. Comme vous l’apprendrez aujourd’hui, nous avons une connaissance et une expertise particulières des marchés émergents. L’équipe Actions, Marchés émergents RBC gère aujourd’hui plus de 16 milliards de dollars américains sur notre plateforme d’actions de marchés émergents. Phil Langham, notre chef, Actions, Marchés émergents, est le gestionnaire principal de portefeuille de notre stratégie phare. Phil cumule plus de 30 ans d’expérience en placement dans la catégorie d’actif. Il est particulièrement bien renseigné sur les occasions et les risques pour les investisseurs dans la catégorie d’actif aujourd’hui.
Bonjour, Phil.
Bonjour, Alissa. Nous vous remercions tous et toutes de vous joindre à nous.
Parfait. Je pense que nous allons sans plus tarder plonger dans le vif du sujet. Ainsi, comme le suggère le titre de ce webinaire, nous parlons beaucoup de la Chine quand nous pensons aux marchés émergents. Nous sommes conscients que la faiblesse de la Chine continue à faire les gros titres. Mais outre la Chine, Phil, comment vont les autres principaux marchés émergents ? Comment se comportent-ils ? Qu’est-ce qui se passe à l’extérieur de la Chine aujourd’hui ?
Oui, c’est tout à fait exact. La Chine a donc fait les manchettes et joué un rôle déterminant, je dirais au cours des trois dernières années, dans la baisse du rendement global des marchés émergents par rapport aux marchés développés.
Mais si nous regardons les marchés émergents hors de la Chine, ils se sont généralement comportés comme les marchés développés. Et beaucoup de marchés émergents en dehors de la Chine ont en fait des histoires très convaincantes. Le Mexique par exemple profite de la délocalisation dans un pays allié, qui favorise l’investissement en général dans ce pays. Taïwan et la Corée profitent grandement de l’amélioration du cycle technologique. L’Inde continue d’afficher une croissance du PIB extrêmement forte. Les marchés comme ceux du Moyen-Orient et d’autres en Amérique latine tirent parti de la vigueur des marchandises et de l’amélioration générale de leur contexte macroéconomique.
Et en fait, si nous examinons le prochain graphique, l’une des répercussions du meilleur rendement en dehors de la Chine, illustrées par les barres bleues, est que, pour la première fois depuis 2006, 2007, les sept plus grands marchés émergents au chapitre de la capitalisation boursière en dehors de la Chine et de Hong Kong, ont surpassé des derniers. Et c’est vraiment important parce qu’il y a trois ans, lorsque la Chine représentait environ 43 %, 44 % de l’ensemble de la catégorie d’actif, on pouvait affirmer que la catégorie d’actif manquait de diversité. Cela commence à changer avec la contre-performance relative de la Chine ces trois dernières années.
Une dernière chose que j’estime important de mentionner est l’importance des marchés émergents dans la croissance globale du PIB mondial. Nous pouvons voir ici que les marchés émergents contribuent en fait à 70 % de la croissance du PIB. La majeure partie de cette croissance est attribuable à la Chine, mais nous allons commencer à voir d’autres marchés émergents prendre les devants. Plus particulièrement, vous pouvez voir que l’Inde, en deuxième place, contribue maintenant plus à la croissance du PIB mondial que les États-Unis.
Et à propos de l’Inde, il est le pays émergent qui a fait la plupart des manchettes positives.
Selon vous, qu’est-ce qui fera en sorte que l’Inde se comportera bien à l’avenir ?
Ce que nous constatons, c’est que l’Inde suit un parcours très semblable à celui de la Chine il y a 20 ans, et vous pouvez voir sur le graphique à quel point cette forte croissance du PIB est susceptible de faire progresser l’Inde.
Un certain nombre de facteurs ont grandement contribué à soutenir cette très forte croissance en Inde. L’un des facteurs clés a été les réformes que nous avons vues sous le gouvernement actuel de Modi. Quelques-unes des réformes les plus importantes ont été de se débarrasser des goulots d’étranglement, de considérablement faciliter les affaires, mais aussi de mettre l’accent sur les infrastructures.
Si nous passons à la diapositive suivante, nous pouvons voir la croissance spectaculaire dans un certain nombre de segments des infrastructures en Inde à l’heure actuelle.
L’autre chose importante que je dirais à propos de l’Inde est qu’elle part de très loin. Donc, si nous examinons le graphique suivant, nous pouvons voir que l’urbanisation est encore relativement faible en Inde comparativement à d’autres marchés émergents, à la Chine, à l’Indonésie. Il y a un lien très fort entre l’urbanisation et la croissance future du PIB. En ce qui concerne les autres régions, la pénétration de l’Inde est encore faible, bien inférieure à celle d’autres marchés émergents.
Donc, par exemple, si nous regardons le taux de pénétration des prêts hypothécaires en pourcentage du PIB. En Inde, il oscille autour de 10 %. Habituellement, pour la plupart des autres marchés émergents, il se situe entre 20 % et 30 %. Et dans les pays développés, c’est généralement autour de 80 %. Nous en sommes encore aux premiers stades du boom de croissance du PIB que nous nous attendons à voir en Inde.
En parlant de l’Inde, nous savons qu’il y a des élections là-bas en ce moment, et en fait beaucoup d’élections majeures se déroulent dans le monde cette année. Quelle importance ces élections pourraient-elles avoir, que ce soit en Inde ou ailleurs dans le monde ?
À l’heure actuelle, nous constatons que les élections en Inde – et en fait pour la plupart des élections que nous avons vues jusqu’à présent dans les marchés émergents – n’apporteront pas beaucoup de changements. Donc, pour la plupart, ce que nous voyons c’est que les élus actuels sont susceptibles de demeurer en poste. Et je dirais que cela reflète beaucoup le fait que les populations en général, dans les marchés émergents, sont plutôt satisfaites du statu quo. C’est certainement le cas en Inde. C’est le cas pour la plupart des autres élections que nous avons vues jusqu’à présent et aussi pour celles que nous attendons. Le Mexique serait un bon exemple.
Des élections se tiendront à la fin du mois en Afrique du Sud où nous croyons qu’encore une fois, le statu quo sera probablement maintenu. Le parti du CNA (Congrès national africain) est au pouvoir depuis plus de 30 ans. Il y a certainement un risque extrême que le CNA puisse, tout d’abord, perdre sa majorité, mais qu’il soit forcé de former une coalition avec l’un des partis de gauche. Nous pensons que c’est relativement improbable, mais c’est un risque extrême qui ne peut pas être ignoré. Nous en saurons plus à la fin du mois, au terme de ces élections sud-africaines, un événement à surveiller.
Nous assistons donc à des élections où les partis en place, le président et le premier ministre sortants sont susceptibles d’être réélus. L’issue des élections dans les marchés émergents est peut-être plus claire que ne l’est celle des élections américaines. Elles se tiendront un peu plus tard, mais quelles répercussions pourraient avoir les élections américaines sur les marchés émergents ?
Je dirais qu’avant les élections, il y a certainement un risque que nous voyions plus de volatilité, plus de bruit. Il y a de bonnes chances que nous voyions peu de changements sur le plan de la politique concernant la Chine notamment. Et nous avons certainement vu un exemple cette semaine où les droits de douane ont été augmentés sur les exportations chinoises. Ce sont des mesures courantes depuis quelques années et, pour être honnête, nous pouvons nous attendre à ce qu’elles se poursuivent.
Les exportations de la Chine restent très fortes. La Chine cherche à progresser le plus possible sur la courbe de valeur ajoutée, à s’éloigner de la fabrication pure et à s’orienter davantage vers des secteurs comme les véhicules électriques, les énergies renouvelables, mais aussi à s’éloigner des exportations vers les marchés développés, vers les États-Unis ; elle exporte de plus en plus vers les marchés émergents, des tendances qui se maintiendront à notre avis.
En ce qui concerne la différence entre Biden et Trump, en supposant que les élections se jouent entre eux, nous ne voyons pas nécessairement une différence énorme entre les deux au chapitre de la politique concernant les marchés émergents et la Chine. La principale différence entre les deux serait que Biden se concentre davantage sur la sécurité nationale, sur le fait d’empêcher la Chine de gravir la courbe de valeur ajoutée et d’essayer de limiter l’accès de la Chine au secteur des technologies de pointe, alors que Trump est beaucoup plus centré sur le commerce. Nous estimons qu’étant donné les deux choix possibles, pour la Chine, il est beaucoup plus important de progresser sur la courbe de la valeur ajoutée. Donc, la Chine craindrait peut-être plus la réélection de Biden plutôt que l’élection de Trump.
C’est logique, et je sais que nous essayons de rester loin de la Chine et de parler des autres occasions qu’offrent les marchés émergents, mais il est vraiment impossible de parler des marchés émergents sans parler de la Chine, donc nous pouvons parler de l’éléphant dans la pièce maintenant. Il est clair, comme nous l’avons dit plus tôt, que la Chine a freiné le rendement des marchés émergents au cours des trois dernières années, tandis qu’elle en était auparavant le moteur. Qu’envisagez-vous à court et à long terme pour la Chine ?
Comme nous l’avons montré plus tôt, la Chine a enregistré une importante contre-performance au cours des trois dernières années. Au cours des six ou sept dernières semaines, nous avons en fait commencé à y constater une très forte reprise. À partir des creux, le marché chinois a en fait progressé d’environ 28 %-29 %, ce qui a vraiment aidé les marchés émergents au cours des dernières semaines à surpasser les marchés développés.
De toute évidence, l’une des principales raisons de la reprise de la Chine à partir de ces creux est les niveaux de valorisation extrêmement bas, ce que nous pouvons voir sur le graphique de gauche. De plus, la prime de risque en Chine était beaucoup trop élevée.
En ce qui concerne l’économie chinoise dans son ensemble, nous avons commencé à voir des signes de reprise dans de nombreux secteurs. Si nous examinons le prochain graphique, nous pouvons voir qu’en dehors du secteur de l’immobilier, les exportations et la consommation intérieure se sont plutôt bien comportées et ont commencé à montrer des signes de redressement.
Si nous passons à la suivante, l’un des points clés à propos de la Chine est que l’une des principales raisons de la faiblesse de l’économie est que la politique elle-même n’a pas été énergique. Les décideurs en Chine ont sans aucun doute beaucoup de marge de manœuvre pour être beaucoup plus dynamiques qu’ils ne l’ont été. Nous pouvons voir sur le graphique de droite que les taux d’intérêt réels sont encore très élevés, de sorte qu’il est possible au chapitre de la politique monétaire de réduire les taux considérablement.
En ce qui concerne la politique budgétaire, ce que les gens recherchent vraiment, c’est l’aide financière pour le secteur de l’immobilier, surtout en ce qui concerne la prise en charge de l’offre très élevée. Elle ne s’est toujours pas matérialisée. Nous avons commencé à voir des signes que de mesures plus énergiques seront peut-être prises par le gouvernement plus tard cette année. Un grand plénum aura lieu en juillet et nous voyons souvent des annonces de politique très importantes autour de cette période.
Aujourd’hui, l’un des problèmes auxquels la Chine est confrontée, en pensant davantage à long terme, est l’équilibre global de son économie. Si nous passons à la diapositive suivante, ce que nous pouvons voir en comparant la Chine à d’autres marchés, c’est que la consommation en pourcentage du PIB est extrêmement faible. C’est ce qu’illustrent les barres bleues à gauche. Nous commençons à voir des signes d’une reprise de la consommation. Il est certain que l’un des problèmes majeurs pour les décideurs en Chine à long terme sera d’essayer d’augmenter cette très faible consommation en pourcentage du PIB. La principale raison pour laquelle la consommation est si faible est le taux d’épargne très élevé en Chine. C’est en grande partie à cause d’un très mauvais filet de sécurité sociale.
Ainsi, l’un des objectifs politiques que nous nous attendons à voir en Chine au cours des prochaines années est d’améliorer ce filet de sécurité sociale et d’essayer de commencer à réduire le taux d’épargne très élevé. Et si nous passons à la diapositive suivante, nous pouvons voir qu’il y a actuellement des signes que l’épargne a commencé à diminuer et que la confiance des consommateurs, actuellement très, très faible, commence à s’améliorer.
Pour résumer les perspectives, étant donné les niveaux de valorisation très bas, le soutien du gouvernement pour l’économie et le secteur privé, et le positionnement très faible pour la plupart des investisseurs, nous pensons qu’à court terme, il y a de fortes chances que la Chine puisse considérablement se redresser, certainement au cours des six à douze prochains mois. À long terme, la Chine est manifestement confrontée à des problèmes structurels, et nous pensons que d’autres marchés émergents, au cours des cinq ou dix prochaines années, feront probablement mieux que la Chine.
Merci, Phil. Nous avons beaucoup parlé des pays et des perspectives plus macroéconomiques des marchés émergents, mais nous pourrions nous pencher davantage sur les secteurs. Nous avons constaté au cours des 10 ou 20 dernières années une évolution réelle de la catégorie d’actif, auparavant davantage axée sur les marchandises, maintenant plus orientée vers la technologie. Le secteur de la technologie a gagné en importance non seulement dans les marchés émergents, mais les marchés émergents deviennent de plus en plus importants dans la chaîne logistique technologique mondiale.
Pourriez-vous nous parler de la catégorie d’actif, mais aussi des répercussions de notre position dans le cycle technologique mondial et de ce que cela pourrait signifier pour les marchés émergents ?
Alissa, vous avez tout à fait raison. Je pense que les gens associent souvent les marchés émergents aux marchandises, mais comme vous le dites, nous avons vu un vrai changement dans la composition sectorielle des marchés émergents en général. Nous pouvons voir en jaune que les secteurs comme les marchandises et d’autres secteurs plus anciens de l’économie, comme les télécommunications, ont connu un déclin spectaculaire depuis 2007. Nous sommes donc passés d’une pondération d’environ 60 % de ces secteurs à environ 25. Alors que la nouvelle économie, les TI et certains des secteurs plus nationaux, comme la finance et la consommation, compose maintenant la majorité de l’indice de référence des marchés émergents. Ces secteurs sont de plus grande qualité, offrent un meilleur rendement des capitaux propres et sont beaucoup plus stables. En fait, la composition des marchés émergents en marchandises est largement semblable à celle des marchés développés. Il s’agit donc d’un changement très important.
En ce qui concerne le secteur technologique lui-même, il a tendance à être plutôt volatil. Il évolue au même rythme que celui des marchés développés, et ses moteurs sont sensiblement les mêmes. Il a été le secteur le plus faible des marchés émergents en 2022, mais au cours des 18 derniers mois, il a été le secteur le plus solide.
Pour ce qui est de la position dans le cycle, si nous passons à la prochaine diapositive, nous constatons que le cycle tend à évoluer dans les marchés émergents environ neuf mois avant les bénéfices. Lorsque nous examinons une série de mesures, la valorisation, où nous sommes sur le plan de la révision des bénéfices, au chapitre du cycle de hausse des bénéfices, toutes ces mesures nous laissent croire que nous sommes relativement à la fin de ce cycle et peut-être dans quelque chose comme la septième à la neuvième manche. Nous avons commencé à voir des signes de rotation au détriment de la technologie. Savoir exactement quand nous avons atteint ce pic est très difficile, et le seul danger d’en sortir trop tôt est que la fin d’un mouvement dans le cycle peut être très forte ; nous pensons cependant que ce cycle commence à s’éterniser.
L’une des choses importantes à considérer dans le cadre de ce cycle est ce qui l’a dominé. Ce que nous constatons, c’est que l’IA est de loin le principal moteur. Si nous passons à la diapositive suivante, l’une des choses qui nous incitent un peu à la prudence est que les secteurs hors IA – essentiellement les barres bleu foncé ici, qui représentent en fait tout ce qui n’est pas l’IA – ne se sont pas très bien comportés, n’ont pas vu d’augmentation de la demande et sont dans l’ensemble vraiment en difficulté. Tout ce cycle a essentiellement été alimenté par l’IA, qui représente généralement entre 10 % et 15 % de l’ensemble du secteur des TI. Nous craignons donc que ces 10 à 15 % ne soient pas suffisants pour continuer à faire progresser l’ensemble du secteur.
Merci. Nous avons reçu une question à propos d’un sujet que nous voulions aborder ; elle s’éloigne un peu des pays et des secteurs et met davantage l’accent sur les marchés émergents dans leur ensemble. Le rendement des marchés émergents par rapport à celui des marchés développés semble soulever quelques inquiétudes, d’autant plus que les actions américaines continuent d’atteindre de nouveaux sommets. Mais pensez-vous que nous avons atteint un tournant ? Quelle dynamique permettra aux ME de surperformer à l’avenir ?
Historiquement, les modèles de rendement des marchés émergents par rapport à ceux des marchés développés ont tendance à durer très longtemps.
Le graphique qui remonte à 1989 indique qu’essentiellement, au cours des 36 dernières années, nous avons vu deux cycles de très forte hausse et deux cycles de très forte baisse des marchés émergents. Dans l’ensemble, au cours de cette période, les marchés émergents se sont comportés à peu près comme les marchés développés. Manifestement, nous sortons d’une très longue période de 12 ans de rendements inférieurs des marchés émergents.
Maintenant, un certain nombre de facteurs différents sont les moteurs de ces cycles, mais les deux plus importants ont de loin été les bénéfices et le dollar américain.
En commençant par les bénéfices, si nous passons à la diapositive suivante, nous pouvons voir qu’au cours des deux périodes où les marchés émergents ont très bien réussi, la croissance des bénéfices dans les marchés émergents a été forte. Donc, 13,1 % par an pendant la première période, et 13,9 % par an pendant la deuxième période. Alors que les deux périodes au cours desquelles les ME ont affiché de piètres résultats, nous pouvons constater que les bénéfices ont été relativement faibles, soit moins 2,7 % par an, et moins 0,9 % par an sur les 12 dernières années.
Maintenant, nous constatons que ce sont les marges qui ont tendance à alimenter ces cycles de bénéfices. Ainsi, lorsque les bénéfices se portaient très bien, les marges augmentaient et lorsque les bénéfices peinaient, les marges diminuaient. Ce qui est intéressant concernant les marges, c’est que sur de très longues périodes, elles ont toujours tendance à revenir à la moyenne. Donc, en regardant les séries, peu importe le marché que vous examinez – en remontant à plus de cent ans –, les marges ont toujours eu tendance à avoir quelques bonnes années suivies de quelques mauvaises années. Après quelques bonnes années, comme celles que les marchés émergents ont connues entre 2001 et 2009, le marché a tendance à attirer beaucoup d’investissements, à conduire à beaucoup de surcapacité, et finalement à déboucher sur une période de marges plus faibles.
Nous avons donc l’impression – en ce qui concerne la situation actuelle des marges sur les marchés émergents – que nous venons de traverser une très longue période de faiblesse cyclique et nous commençons à voir des signes de hausse des marges, de croissance des bénéfices dans les marchés émergents par rapport aux marchés développés.
L’autre facteur qui est vraiment important concernant le rendement relatif des marchés émergents est le dollar américain. En général, la faiblesse du dollar américain favorise la vigueur des marchés émergents et vice versa. La vigueur du dollar américain a tendance à freiner le rendement des marchés émergents. Ce que nous pouvons voir dans ce graphique, c’est qu’entre 2001 et 2010, lorsque les marchés émergents étaient très forts, le dollar américain s’est affaibli. À l’inverse, au cours des 11 ou 12 dernières années, le dollar américain s’est raffermi, ce qui a nui au rendement des ME. En général, nous constatons qu’aux sommets et aux creux des cycles du dollar, le dollar américain a tendance à être soit très surévalué aux sommets, soit très sous-évalué aux creux.
Donc, si nous passons à la diapositive suivante, nous pouvons voir qu’en 2009, le dollar était extrêmement bon marché. À la fin de l’année dernière, il était cependant très cher. En 1973, le dollar américain n’a qu’une seule fois été aussi cher qu’à la fin de l’année dernière et c’était pendant la période de 1984, 1985. Ainsi, non seulement le dollar américain est-il très cher, mais d’autres facteurs qui, selon nous, en favoriseraient la dépréciation seraient l’envolée du compte courant et du déficit budgétaire que nous constatons aux États-Unis, ainsi que des données fondamentales généralement beaucoup plus solides dans la plupart des marchés émergents, des excédents du compte courant, des taux réels élevés et une meilleure gestion économique.
En ce qui concerne le moment, toujours très difficile à prédire, mais je dirais que l’une des raisons pour lesquelles le dollar américain s’est maintenu beaucoup plus longtemps que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre est le cycle de taux d’intérêt que nous avons observé aux États-Unis, où les taux sont restés beaucoup plus élevés plus longtemps que prévu. Il est certain que le principal catalyseur de la dépréciation du dollar américain serait de voir des signes de baisse des taux aux États-Unis.
J’ai une autre question pour vous avant de passer à certaines questions du public. Je pense que vous avez très bien souligné certains des problèmes et des préoccupations concernant les marchés émergents, qui offrent aussi beaucoup de bonnes occasions. Quelle approche les investisseurs aux États-Unis devraient-ils adopter à l’égard des marchés émergents à votre avis ?
Je dirais tout d’abord qu’en ce qui concerne les marchés émergents, le contexte macroéconomique ne peut être ignoré, j’espère que les problèmes que nous avons soulignés l’ont bien établi ; on doit considérer des facteurs comme la politique, la monnaie, la croissance du PIB. Ultimement, une chose très importante en ce qui a trait aux marchés émergents est qu’il y a une énorme différence entre les très bonnes sociétés et les très mauvaises, il y a beaucoup de sociétés d’État dans les marchés émergents qui ne sont vraiment pas gérées pour les actionnaires à long terme. C’est une chose que les gens peuvent considérer quand il s’agit d’investissement passif ; il y a énormément de sociétés très mal gérées.
Ce que nous avons constaté, c’est qu’une différence essentielle entre les sociétés très bien et très mal gérées est tout d’abord la qualité de la gestion, mais aussi l’accent mis par les sociétés sur la gouvernance d’entreprise. La gouvernance d’entreprise est très importante dans les marchés émergents, et en mettant l’accent sur les sociétés très bien gérées, nous avons constaté que cela a eu tendance à faire une très, très grande différence pour le rendement à long terme.
C’est tout à fait logique. Merci, Phil. J’ai reçu quelques questions et je pense qu’en fait, elles se complètent. Nous avons reçu ces questions en dehors de ce webinaire. Nous avons vu que les occasions en Arabie Saoudite ont considérablement gagné en importance au sein de l’indice de référence ces dernières années. Ensuite, quelle pourrait être la prochaine vague de pays, le Vietnam par exemple ?
Je dirais d’abord qu’en ce qui concerne l’Arabie saoudite et le Moyen-Orient en général, nous constatons de très grandes améliorations du point de vue macroéconomique et de la gouvernance, et nous pensons que les perspectives macroéconomiques pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et en particulier pour l’Arabie saoudite, au cours des prochaines années sont très bonnes. Je dirais que le plus gros problème avec les investissements en Arabie Saoudite et dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est la qualité des sociétés, la qualité de la gestion, les problèmes de gouvernance d’entreprise dont je viens de parler.
Une grande partie du travail que nous avons fait laisse croire qu’il y a des problèmes avec bon nombre de ces sociétés. Beaucoup d’entre elles sont des sociétés d’État – détenues par l’État ou sur lesquelles l’État a beaucoup d’influence. Et lorsque nous faisons une analyse approfondie de ces sociétés, nous constatons souvent que nous pouvons trouver de bien meilleures sociétés en dehors de la région. Donc, je dirais qu’en ce qui concerne notre position actuelle, bien que nous reconnaissions les améliorations macroéconomiques, nos préoccupations concernant la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord viennent en grande partie de l’analyse ascendante.
Le Vietnam présente en fait une histoire très semblable. Encore une fois, une excellente analyse descendante, d’excellentes données démographiques et une population jeune, intelligente, éduquée. Encore une fois, d’un niveau très bas, la pénétration dans beaucoup de secteurs est très faible. Mais le pays est encore à un stade assez précoce de développement en ce qui a trait notamment à la gouvernance d’entreprise, à la qualité de la gestion, et il y a aussi beaucoup de problèmes avec la liquidité et avec la détention de bonnes sociétés, voire l’accès à de bonnes sociétés, ce qui n’est pas facile dans un pays comme le Vietnam.
Nous pensons que, dans les deux ou trois prochaines années, la situation va probablement s’améliorer. Mais pour l’instant, nous jugeons qu’elle pose des obstacles majeurs à l’investissement dans ce pays en particulier.
Je pense que c’est en fait toutes les questions qu’on nous a posées. J’ai essayé de les intégrer à notre discussion. Merci à tous et à toutes, nous avons vraiment apprécié les questions qui ont été soumises. Merci, Phil, pour le temps que vous nous avez accordé aujourd’hui, pour avoir dressé un portrait des risques et des occasions dans les marchés émergents.
Donc, comme tout le monde peut le constater, nous sommes très enthousiastes à l’égard de la catégorie d’actif dans son ensemble, et si vous avez des questions de suivi ou si vous voulez en savoir plus sur les marchés émergents ou nos stratégies dans la région, n’hésitez pas à communiquer avec votre représentant RBC.
Encore une fois, merci de votre participation aujourd’hui, bonne fin de journée.
Conférencier invité :
Philippe Langham, premier directeur général, premier gestionnaire de portefeuille et chef, Actions, Marchés émergents, RBC Global Asset Management (UK) Limited
Animatrice :
Alissa Howard, gestionnaire de portefeuille institutionnel, RBC Global Asset Management (U.S.) Inc.