Bienvenue à notre dernière webémission économique. Notre économiste en chef, Eric Lascelles, observe un paysage économique plus équilibré. Du côté positif, il explore :
La baisse des taux par les banques centrales
L’atténuation des pressions inflationnistes
Une trajectoire de croissance modérée et un atterrissage en douceur
Un recul du risque de récession
Pour compléter son analyse, Eric souligne les incertitudes qui persistent malgré l’amélioration des perspectives. Tout cela et plus encore dans la webémission de ce mois-ci.
(en anglais seulement)
Durée : 45 minutes, 36 secondes
Transcription
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Bonjour et bienvenue. Je m'appelle Eric Lascelles. Je suis l'économiste en chef chez RBC Gestion mondiale d'actifs. Très heureux de partager à nouveau avec vous notre dernière webdiffusion économique mensuelle, pour le mois de février 2025. Vous avez le titre devant vous, l'heure des droits de douane ? (avec un point d'interrogation).
Bien sûr, il s'agit d'une référence au fait que le président américain Trump est maintenant installé dans ses fonctions. Il existe un certain nombre de points d'interrogation et d'incertitudes quant au type de politique qui émergera dans les semaines et les mois à venir. Mais il est certain que les droits de douane font l'objet d'une attention particulière et je dirais même d'une préoccupation. Nous passerons donc pas mal de temps à en parler dans cette émission.
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Le point d'interrogation s’explique par le fait qu'il n'est pas tout à fait certain que nous verrons des droits de douane substantiels et durables. Ces menaces tarifaires servent au moins en partie d'outil de négociation pour obtenir des concessions de tiers pays. Il faut donc l'envisager sous cet angle.
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Très bien. C'est parti. Comme d'habitude, nous commencerons par un bilan. Passons en revue quelques-uns des thèmes que je vais aborder.
Le bilan. Il serait tentant de penser que la seule chose qui compte, ce sont les tarifs. Il s’agit certainement d’un élément important, mais en tant qu'investisseur à moyen et long terme, nous devrions au moins réfléchir à d'autres questions qui sont susceptibles de nous accompagner pendant une longue période.
Sur le plan positif, il est plausible que les mesures de relance budgétaire aux États-Unis se profilent à l'horizon. Nous entendons beaucoup parler de réductions d'impôts et de déréglementation. Et nous avons également observé ce que je qualifierais d'esprit animal ou d’un enthousiasme croissant suite à l'élection de Trump. C'est un élément qui peut également soutenir l'économie.
Les banques centrales continuent de réduire leurs taux. La Banque du Canada l'a fait la semaine dernière, à l'heure où j'enregistre ces lignes, c'est-à-dire à la toute fin du mois de janvier. Nous assistons toujours à des réductions de taux, même si elles sont moins nombreuses, comme je l'expliquerai dans un instant, et qu’elles risquent de l’être encore à l'avenir.
Les pressions inflationnistes ne sont plus aussi fortes, même si, bien sûr, il reste encore du travail à faire.
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Nous pensons que la croissance économique est en bonne voie pour atteindre un taux d'expansion modéré. Nous pensons qu'il s'agit là d'un atterrissage en douceur. En d'autres termes, les résultats économiques sont encore assez bons.
Dans le même ordre d'idées, nous pensons que le risque de récession continue de diminuer. Le risque n'est que de 15 % aux États-Unis au cours de l'année à venir, et une bonne partie de ce risque est probablement liée aux droits de douane, sur lesquels nous reviendrons dans un instant.
Nous avons vu récemment des données économiques solides, et nous pensons qu'il y a plus de place pour les mesures de relance chinoises. Il y a donc certainement des éléments positifs.
Je vais maintenant vous présenter les points négatifs. Vous remarquerez que beaucoup d'entre eux riment avec les points positifs, ce qui semble assez contradictoire puisque les uns sont bons et les autres mauvais. Mais l'idée est que certains des bons thèmes qui nous ont vraiment aidés au cours de l'année écoulée deviennent peut-être un peu moins utiles à certains égards.
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Commençons par les politiques. Une fois encore, les mesures de relance budgétaire aux États-Unis semblent prometteuses — réductions d'impôts et autres. Cependant, les droits de douane sont l'un des éléments politiques les plus importants de l’autre côté du bilan. Les droits de douane pourraient nuire à la croissance et aggraver l'inflation. Là encore, nous en parlerons plus en détail dans un instant.
Les réductions de taux ont lieu, mais elles ralentissent. En fait, la Réserve fédérale américaine vient de marquer une pause. Il n'est pas certain qu'il y ait des baisses de taux au cours du premier semestre de cette année, du moins aux États-Unis, parce que l'inflation y est un peu plus forte qu'ailleurs et que l'économie y est aussi un peu plus vigoureuse.
Dans le même ordre d'idées, l'inflation s'est récemment révélée quelque peu persistante, en particulier aux États-Unis, où les chiffres se situent toujours autour de 3 %.
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Ce n'est pas si mal. Et je devrais dire que ce n'est pas incompatible avec l'augmentation de la prospérité, des marchés ou de la croissance économique. Alors qu'à l'époque, une inflation de 8, 9 ou 10 % était tout simplement incompatible avec ce genre de choses. Néanmoins, elle est plus élevée que les objectifs des banques centrales. Elle est plus élevée que ce qui est probablement idéal à long terme pour l'économie. C'est ce qui retient les banques centrales. Ce n'est pas l'idéal.
Même si nous pensons que le risque de récession a diminué dans une certaine mesure, disons au cours des six derniers mois ou de l'année écoulée, nous pensons que le risque de surchauffe a augmenté quelque peu. Ce n'est donc pas l'issue la plus probable. Le scénario d'un atterrissage en douceur et d'une croissance modérée reste le plus probable à nos yeux.
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Mais nous ne pouvons pas exclure complètement le scénario de la surchauffe, compte tenu de la situation actuelle de l'inflation et de la croissance. Bien sûr, cela nécessiterait des hausses de taux. On pourrait alors s'attendre à des faiblesses économiques plus tard, en réponse à cela.
Je dirais que les préoccupations économiques chinoises sont toujours présentes. En fin de compte, l'économie chinoise a connu une croissance d'environ 5 % en 2024, ce qui n'est pas si mal. Nous pensons qu'elle peut atteindre une croissance de 4 % en 2025. Mais il y a certainement encore des préoccupations.
Le marché immobilier est faible, les consommateurs sont moins actifs. Et bien sûr, il y a des menaces de tarifs douaniers dont nous devrons parler dans le contexte de la Chine également.
Les risques géopolitiques restent importants. L'incertitude quant à la manière dont les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine, et les relations entre la Chine et les États-Unis seront résolus, en particulier avec un nouveau président américain dont les opinions diffèrent de celles de l'administration précédente.
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Et puis, pour ajouter un mot sur le Canada, je dirai qu'en ce qui concerne les deux prochains trimestres, nous observons à l'heure actuelle une croissance décente. C'est assez prometteur. J'en parlerai plus tard. Mais il serait juste de reconnaître en même temps qu'il y a une incertitude assez importante autour du Canada, la possibilité d'une certaine instabilité économique.
On peut donc penser à certaines forces négatives qui se préparent, notamment les droits de douane et le risque d'une forte baisse de la croissance démographique. On peut penser à certaines forces positives qui se préparent en termes de réduction des taux, en termes de possibilité de reprise de la croissance de la productivité. Il est très difficile de dire exactement comment ces forces s'additionnent et dans quel délai.
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Nous ne serions pas surpris de constater une légère faiblesse au cours du premier semestre de l'année.
Par ailleurs, comme vous le savez, et comme je l’ai mentionné tout à l’heure, le président Trump aux États-Unis a maintenant été installé dans ses fonctions.
Économiquement parlant, l'exceptionnalisme américain persiste. C'est toujours l'économie qui connaît la croissance la plus rapide parmi les principales économies développées du monde. Nous pensons que cette situation perdurera cette année, même si elle pourrait être un peu moins marquée d'ici la fin de l'année.
Nous sommes de plus en plus attentifs au plafond de la dette américaine, qui a été récemment atteint, bien qu'ils aient maintenant recours à des mesures extraordinaires. Et cela a des conséquences que j'évoquerai plus tard.
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Bien sûr, les élections canadiennes se profilent à l'horizon. Pendant un certain temps, nous avons pensé que le printemps était la période la plus probable, mais en fait, les chances commencent à pencher vers l'automne. Ou, à tout le moins, que les deux scenarios sont possibles.
J'en parlerai également. Voilà donc notre résumé, ainsi que notre plan pour les prochaines minutes. Entrons dans le vif du sujet et commençons par ceci.
Les implications macroéconomiques d'une présidence Trump avec un Congrès républicain. C'est précisément ce dont nous avons parlé au cours des derniers mois, à savoir qu'une présidence Trump a des conséquences en cascade sur l'économie, l'inflation et les marchés.
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Il y a un certain degré d'incertitude à ce sujet. Ne prétendons pas tout avoir compris. On suppose en particulier que certains des éléments les plus négatifs de la campagne, tels que les droits de douane, la réduction de l'immigration et les coupes dans les dépenses publiques, seront finalement mis en œuvre sous une forme modérée, par opposition à la version maximale qui a été évoquée pendant la campagne.
C'est une hypothèse que nous formulons et avec laquelle nous sommes encore assez à l'aise, sur la base de ce que nous entendons de la Maison Blanche jusqu'à présent, une semaine ou deux seulement après le début de la présidence. Nous supposons simultanément qu'il y aura une déréglementation utile, une politique pétrolière favorable, des réductions d'impôts, un vent d’enthousiasme, de sorte que nous pensons que l'économie américaine peut encore croître plus vite sous la présidence Trump, au moins à court terme. Nous sommes moins convaincus qu'il y ait plus de croissance à moyen terme. Nous penchons pour une impulsion neutre.
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Nous nous attendons certainement à ce que l'inflation soit un peu plus forte que d'habitude, en partie à cause de la croissance supplémentaire, en partie à cause des tarifs qui sont inflationnistes. Il y a également des implications pour le marché. Le marché boursier semble apprécier le programme de Trump. Le marché obligataire, peut-être un peu moins, ce qui signifie que les rendements obligataires finiraient par augmenter. On ne le voit pas ici, mais le dollar américain augmente également.
Bien sûr tout cela est centré sur les États-Unis. Pour ce qui est du reste du monde, la croissance y est probablement un peu moins bonne, en partie à cause des tarifs douaniers, en partie à cause du potentiel de flux de capitaux vers les États-Unis avec un taux d'imposition et un régime réglementaire plus favorables.
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Telle est la toile de fond. Elle n'a pas changé. Notre réflexion est restée la même depuis que nous savons que Trump a remporté l’élection et que le Congrès a été balayé par les Républicains. Nous le savons depuis plusieurs mois.
Mais parlons de certaines choses intéressantes qui se sont produites plus récemment.
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L'esprit animal s'est emballé après les élections; l'économie a été stimulée avant même qu'une seule mesure politique ne soit prise. Le niveau de confiance des petites entreprises américaines, on le constate, a énormément changé par rapport à il y a quelques mois. Le niveau de pessimisme des petites entreprises américaines était très élevé pour une grande partie de l'année 2024. Cette tendance s'est inversée. Je dirais même qu'il s'agit d'un niveau d'optimisme assez élevé.
Quant à savoir si cela est rationnel ou peut être entièrement justifié par les réductions d'impôts attendues et d'autres mesures similaires, ainsi que par des changements de politique, ou s’il s’agit simplement d’une question de psychologie, cette question reste ouverte.
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Quoi qu'il en soit, lorsque les entreprises se sentent aussi bien, elles sont généralement plus enclines à investir et à embaucher. Il s'agit donc d'une source de force économique potentielle pour les États-Unis.
Voici donc l'acte principal. Le titre de cette présentation était l’heure des droits de douanes ? (avec un point d'interrogation). Prenons le temps d'en parler.
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Les principes tarifaires de Trump. Je pense qu'il est peut-être utile de commencer par quelques principes de base, ce que nous pensons de la façon dont Trump pense aux tarifs et au commerce. Ensuite, nous pourrons nous pencher sur ce que nous pensons qu'il pourrait réellement se passer. Je ne vais pas vous ennuyer trop longtemps avec cela. Nous allons parler de cinq scénarios tarifaires différents que nous pensons être les plus probables, et nous parlerons également de leurs implications économiques.
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La première grande idée est que la menace de droits de douane doit être considérée comme un outil utilisé par les États-Unis et par M. Trump pour atteindre leurs objectifs internationaux. Il ne s'agit pas de tarifs douaniers pour eux-mêmes, bien qu'il y ait un peu de cela, comme nous le verrons dans un instant.
Mais il s'agit surtout d'utiliser la menace comme levier de négociation pour atteindre d'autres objectifs. Le message le plus important pour les décideurs politiques est le suivant : écoutez très attentivement ce que Trump demande en échange pour éviter les droits de douane. À titre d'exemple, dans le contexte mexico-canadien, la sécurité des frontières a été clairement identifiée. Ces pays ont probablement la possibilité de faire beaucoup sur ce front et, par conséquent, d'éviter le pire des tarifs douaniers.
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Nous savons que la réduction de l'immigration illégale et du flux de drogues illégales aux États-Unis est un point central. Nous savons que la menace des droits de douane vise en partie à obtenir des balances commerciales américaines plus favorables.
Les États-Unis auraient des déficits avec un certain nombre de pays. Nous pouvons dire que l'objectif est de réduire ces déficits. Je ne suis pas tout à fait sûr que les droits de douane y parviendraient, d'autant qu'ils sont susceptibles de faire l'objet de réciprocité. Néanmoins, il s'agit d'un objectif sous-jacent et d'une friction, si l'on peut dire, que la Maison Blanche ressent dans l'environnement commercial actuel.
Un autre objectif est de réduire le protectionnisme étranger. Il est assez ironique de menacer un pays de protectionnisme pour tenter d’en éliminer le sien.
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Mais dans la mesure où d'autres pays, y compris le Canada, peut-être dans un contexte de gestion de l'offre, ont des industries qui sont à l'abri de la concurrence américaine, les États-Unis n'aiment pas beaucoup cela et aimeraient que ces mesures soient supprimées.
Enfin, nous savons que M. Trump tient beaucoup à ce que le reste du monde supporte son propre fardeau militaire et se défende davantage, ou qu'il consacre une plus grande part de son budget à la défense.
Il s'agira donc probablement d'un objectif clé. Et les pays sont bien avisés d'écouter.
En ce qui concerne les droits de douane en tant que tels, il se peut qu’ils soient avant tout un outil permettant d'obtenir d'autres résultats.
Cela dit, Trump a également parlé des droits de douane comme d'un outil de génération de revenus, lesquels serviraient à financer des réductions d'impôts.
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Je ne sais pas s'il y aurait beaucoup d'argent supplémentaire au bout du compte, dans la mesure où l'économie serait affaiblie par les droits de douane et qu'il y aurait d'autres conséquences en cascade. Néanmoins, même d'un point de vue comptable, pour faire passer une loi aux États-Unis, il est très utile de pouvoir dire qu'elle est entièrement payée ou qu'elle l'est de manière significative. Ainsi, la question de savoir si les droits de douane génèrent effectivement des recettes qui ne sont pas compromises par des pertes ailleurs, dans un deuxième temps, n’a plus beaucoup d’importance.
Il y aura de l'argent collecté par les droits de douane. Cet argent peut être utilisé pour financer des réductions d'impôts. Il faut prendre au sérieux l'idée qu'il y aurait des réductions d'impôts.
Un objectif des droits de douane est de protéger les entreprises américaines. Un autre est d'améliorer la sécurité nationale en veillant à ce que les États-Unis puissent produire eux-mêmes ce dont ils ont besoin. Ils seraient, le cas échéant, moins dépendants de pays avec lesquels ils pourraient être en guerre.
Ensuite, du point de vue de la théorie du commerce, Trump considère tout simplement que les déficits commerciaux sont une mauvaise chose. Et il en impute précisément la faute aux autres pays. Bien sûr, dans les faits, il faut être deux, dans le commerce, pour danser le tango.
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Gardons à l'esprit que toutes les parties au commerce sont consentantes et que chaque dollar échangé contre un bien étranger l'est de plein gré. Avec l’implication que chaque partie s’en trouve gagnante.
Il convient également de noter que si l'on essayait d'équilibrer le déficit commercial des États-Unis, il faudrait augmenter le taux d'épargne national. Les États-Unis empruntent au reste du monde en lui donnant de l'argent en échange de biens. Les États-Unis devraient simplement faire le choix d'épargner davantage au niveau national afin d'être en mesure de ne plus avoir à emprunter au reste du monde.
Et puis, en termes de principes économiques généraux, la Maison Blanche ne semble pas accorder une importance particulière à des idées telles que les gains du commerce ou l'avantage comparatif.
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Il est tentant de penser que si un pays est meilleur dans tous les domaines qu'un autre pays, il n'y a aucun intérêt à ce que ces deux parties échangent des services ou des biens. Dans les faits, ce n’est aussi simple. Il s'agirait d'un avantage absolu.
Il vaut mieux considérer l'avantage comparatif. Vous, en tant qu'adulte, pourriez être meilleur que votre enfant dans toutes les tâches domestiques. Et pourtant, il serait logique que votre enfant fasse certaines corvées. Et vous pourriez choisir une corvée pour laquelle il n'est pas trop mauvais. Ou peut-être que l'écart entre vos compétences et les siennes n'est pas aussi important.
C'est exactement la même chose dans le domaine du commerce. Un pays peut être meilleur dans tous les domaines. Cela ne signifie pas qu'il n'a pas besoin de commercer avec d'autres pays.
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Tant que le rapport entre les compétences d'un pays et celles d'un autre est différent, toutes les parties ont la possibilité de tirer profit du commerce. Encore une fois, ce n'est pas quelque chose auquel la Maison Blanche pense beaucoup en ce moment.
Pour ce qui est du point de vue de Trump sur le commerce et les droits de douane, quel est son champ d'action ? Réfléchissons-y.
Les possibilités d'action de Trump en matière de droits de douane. Je pense que le champ d'action est considérable avec les droits de douane cette fois-ci, simplement parce que l'administration Trump a beaucoup appris du premier mandat en termes de menaces, de façons de faire passer des droits de douane précisément là où se trouvent les leviers des gouvernements.
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De même, il serait tout à fait juste de dire que les partenaires qui entourent le président Trump, que ce soit au Congrès, qui est républicain, à la Maison Blanche, ou même dans le système judiciaire, sont tous davantage alignés avec lui, de telle sorte que son champ d'action est plus grand.
Nous devons donc prendre les droits de douane au sérieux.
La possibilité qu'ils soient durables ou significatifs est plus grande, je pense, qu'elle ne l'était au cours de la période 2017-2020. Il faut cependant garder à l'esprit qu'il existe un gouverneur et qu'il y a des restrictions quant à l'ampleur de ce que Trump peut réellement faire.
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Trump ne veut pas faire des choses qui nuisent à l'économie. Les tarifs douaniers ne sont généralement pas très bons pour l'économie. Notez que Trump est célèbre — et c'est tiré de The Art of the Deal, son livre, qui date des années 1980 — pour dire qu'il faut commencer les négociations par des menaces maximales. Et lorsque vous faites une grosse menace, cela normalise des positions moins extrêmes qui vous sont encore favorables.
Ainsi, l'autre partie pense qu'elle a bien agi et qu'elle a réussi à vous faire renoncer à l'issue extrême. Pourtant, vous avez quand même gagné, avec une position plus modérée mais néanmoins favorable. Je pense que c'est ainsi que l'on réfléchit aux droits de douane : allons-nous imposer à jamais des droits de douane de 25 % à ces pays sur tous les produits ?
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Probablement pas. Mais peut-être que les pays pensent que c'est une victoire s'ils n'ont que 5 % de droits de douane plus tard ou s'ils font un certain nombre de concessions sur d'autres fronts et évitent complètement les droits de douane. Il faut donc garder cela à l'esprit.
Trump se soucie des marchés boursiers. Et le marché boursier n'est pas un fan des droits de douane.
- Trump est entouré de nombreux investisseurs et chefs d'entreprise qui ne veulent pas d'une économie faible, ni d'entreprises faibles. Comme le montre un graphique, il est soutenu par les petites entreprises, semble-t-il. Celles-ci comptent sur lui pour ne pas trop endommager l'économie. Et bien sûr, nous savons que Trump ne veut pas non plus d'une hausse de l'inflation.
En fait, il parle de réduire l'inflation. Les droits de douane ont la réputation d'augmenter l'inflation.
Sur un certain nombre de fronts, on ne peut donc pas s'attendre à ce que des droits de douane maximaux restent en place très longtemps. C'est d'ailleurs la conclusion à laquelle nous parvenons. Il est donc probable que nous continuerons à entendre des menaces de tarifs douaniers élevés. Je vous informe que j'enregistre ces propos à la fin janvier. Vous l'écouterez probablement au début du mois de février.
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Entre-temps, le 1er février a été signalé comme la date à laquelle les droits de douane seraient appliqués aux États-Unis. Il y a bien sûr un risque que cela se produise. Il convient donc de noter que certaines de nos évaluations peuvent être légèrement erronées.
Je pense toujours qu'il y a une ligne de démarcation, c'est-à-dire que nous pourrions voir une certaine déviation. Nous pourrions même voir d'importants tarifs douaniers appliqués pendant une courte période, comme je l'expliquerai dans un instant.
En fin de compte, cependant, nous pensons que cette analyse se maintiendra. Et si nous nous transportons dans un an, à quoi la situation pourrait-elle ressembler ? Quels types de négociations auront eu lieu, quels droits de douane seront encore en place ?
Il est juste de dire que nous allons entendre beaucoup parler de menaces tarifaires importantes. Il est moins probable que nous assistions à la mise en place de tarifs douaniers importants, du moins pas pour longtemps. En fin de compte, nous pensons que des droits de douane plus modestes et potentiellement ciblés sont le résultat le plus probable à long terme. Très bien.
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Toute une série d'impacts tarifaires possibles; les tarifs partiels restent les plus probables. Cela nous amène aux différents scénarios. Il y a beaucoup de chiffres ici. Nous n'avons pas besoin de les aborder tous. Je me contenterai d'indiquer que nous avons tout d'abord cinq scénarios tarifaires. Il s'agit de grands ensembles. Il pourrait y avoir des variations, évidemment. Mais pour faire court, nous pensons qu'il s'agit là des scénarios les plus probables.
Je vais vous confondre un peu. Je vais commencer par le bas avec l'un des scénarios qui lui ne prévoit pas de droits de douane. Nous entendrions un grand nombre de menaces et en fin de compte, aucun droit de douane ne serait durable, et peu d’entre eux seraient appliqués, même temporairement. Nous n'attribuons pas une forte probabilité à ce scénario. Nous disons qu'il y a 10 % de chances.
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Bien sûr, il s'agirait du meilleur scénario. Comme vous pouvez le constater, il n'y aurait aucun dommage économique. C'est donc le scénario le plus au bas, qui n'est pas très probable.
Il reste quatre scénarios. Deux très négatifs en rouge. Deux plus modestement négatifs en jaune. Parlons donc des deux grands scénarios négatifs.
Il s'agit essentiellement de différentes choses que Trump a dites. Le plan tarifaire initial prévoyait des droits de douane de 60 % sur la Chine et des droits de douane globaux de 10 % sur le reste du monde. Cela reste possible. Nous pensons que l'autre mauvais scénario tarifaire est celui des tarifs axés sur l'Amérique du Nord. Il s'agirait, bien sûr, des fameux droits de douane de 25 % sur le Canada et le Mexique et de 10 % sur la Chine.
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Vous pouvez constater que nous ne pensons pas que l'un ou l'autre de ces résultats soit très probable. Nous avons 10 % de chances pour chacun d'entre eux. Je tiens à souligner que ce serait le cas si ces tarifs étaient appliqués de manière permanente, ou au moins pour une période de plusieurs années. C'est peut-être là que réside le problème. Néanmoins, nous ne nous attendons pas à ce que ces droits de douane importants soient appliqués de manière permanente.
Nous ne pensons pas que ce soit très probable, mais si cela devait arriver, il y aurait de réels dommages économiques. Vous pouvez voir ces impacts sur le produit intérieur brut. C'est dire à quel point les pays verraient leur croissance diminuer. Ils ne reculeraient pas nécessairement, mais leur croissance serait inférieure à la normale. Cet impact s'étalerait sur quelques années.
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Je ne peux affirmer que le plan tarifaire initial entraînerait une récession, mais on le sentirait. Au Canada, la croissance serait deux fois moins importante que la normale. Aux États-Unis, la croissance annuelle pourrait n'être que de deux tiers par rapport à la normale au cours des prochaines années. L'impact du plan tarifaire initial serait palpable.
L'Amérique du Nord se porterait particulièrement mal, si les droits de douane y étaient concentrés, comme vous pouvez le deviner. Nous pensons qu'il s'agirait d'une récession complète pour le Canada et le Mexique. Le Canada perdrait alors quatre points et demi de pourcentage de production. Le Mexique perdrait environ quatre points de pourcentage. Les États-Unis, quant à eux, perdraient nettement moins, soit un point et demi. Il n'en reste pas moins que les dommages réels seraient importants.
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Il s’agirait d’un scenario de récession pour le Canada et le Mexique, le scénario à éviter à tout prix. C'est aussi celui dont nous avons le plus entendu parler ces derniers temps.
Nous pensons toutefois que les scénarios légèrement négatifs sont les plus probables. En fait, entre les deux, nous pensons qu'il y a 70 % de chances que ce soit le cas.
Le premier de ces deux scénarios modérément négatifs consisterait en des droits de douane substantiels mais temporaires. Il y aurait bien une des deux conséquences négatives que nous venons d'évoquer, mais elle ne durerait que quelques mois ou quelques trimestres, et non des années ou une éternité. Les dommages économiques ne seraient donc pas aussi importants, mais ils seraient bien réels.
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Au Canada, la production serait inférieure d'un point de pourcentage à ce qu'elle serait autrement, ce qui est certainement à éviter. Mais il ne s'agirait pas d'une récession totale.
L'autre scénario quelque peu négatif consisterait en des droits de douane partiels, et il s’agit de notre hypothèse de base depuis le début. Nous pensons encore aujourd'hui qu'il s'agit du scénario le plus probable, même s’il s’élève à 45 % de chances.
On ne peut dire que c'est plus probable qu'improbable, mais ce l’est davantage que les autres scénarios. Voilà comment voir les choses. Il s'agirait de droits de douane moins élevés, plus ciblés, ni des 10 % ou des 25 % appliqués de manière générale. Les dommages économiques demeurent, car il s'agit toujours de droits de douane, mais ils seraient gérables et correspondraient plus à l'expérience de 2018 et 2019.
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C'est l'une des raisons pour lesquelles nous pensons que c'est assez probable, simplement parce que c'est ce qui s'est passé la dernière fois. Encore une fois, le niveau d'incertitude est élevé. Il y a collectivement peut-être 20 % de chances qu'il y ait un coup dur. Il y a 10 % de chances que le Canada et le Mexique soient frappés de plein fouet. Mais il y a 70 % de chances que nous ayons des dégâts plus modestes.
Il y a 10 % de chances que nous n'ayons aucun dommage, ce qui serait une bonne surprise. Il existe donc un éventail de résultats. Et je m'attends à ce que ces chiffres fluctuent un peu.
Les tweets sont à ce point fréquents que je doute que ces chiffres restent les mêmes pendant longtemps. Mais ce n'est pas un mauvais cadre pour réfléchir aux différentes voies que cela pourrait prendre.
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En cette fin du mois de janvier, il s’agit de notre meilleure estimation.
Les exportations chinoises sont bien diversifiées, ce qui les met à l'abri des droits de douane américains. Vous serez peut-être surpris d’apprendre que les dommages économiques subis par la Chine ne semblent pas très importants. Après tout, le premier scénario prévoyait des droits de douane de 60 % sur la Chine. On aurait pu penser que ce serait un coup fatal pour un pays qui vend beaucoup aux États-Unis.
La réponse est que l'économie chinoise est si importante que ses ventes aux États-Unis, ou en Amérique du Nord, ne représentent pas une part si importante des exportations ou du PIB. Avant d'aborder ce graphique circulaire, mentionnons qu'environ 82 % de ce que la Chine produit est consommé sur le territoire national. La majeure partie de ce que la Chine produit est donc achetée sur le marché intérieur.
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Les droits de douane n'ont pas d'impact direct sur ce marché. Seuls les 18 % qui sont exportés sont concernés. Dans ces 18 %, vous pouvez voir que près de la moitié est exportée vers le reste de l'Asie. C'est donc le principal client de la Chine.
Le deuxième partenaire commercial est l'Europe, avec une part de 21 % des exportations chinoises. L'Amérique du Nord ne représente que 16 % des exportations chinoises.
Comme je l'ai dit, le commerce ne représente que 18 % du PIB chinois. Vous pouvez faire quelques calculs pour comprendre où je veux en venir. En gros, seulement 3 % de ce que la Chine fabrique est vendu à l'Amérique du Nord. Seuls 2,5 % environ des produits chinois sont vendus spécifiquement aux États-Unis. Cela ne veut pas dire que les droits de douane n'ont pas d'importance.
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Cela ne veut pas dire qu'il ne pourrait pas y avoir d'autres frictions commerciales, qu'il s'agisse de l'accès aux puces informatiques, qui pourraient avoir des conséquences. Mais la Chine est un peu plus protégée que ce que beaucoup de gens semblent penser en ce qui concerne les droits de douane. En réalité, ce sont donc au Canada, aux États-Unis et au Mexique que les dommages seront les plus importants. Très bien.
L'effet d'un tarif douanier sur les prix peut se manifester à différents endroits. Je n’aborderai pas tous ces points. Inutile de lire tout ça, à moins que vous n’ayez la patience pour vous faire une idée de certaines élasticités et de certains raisonnements sous-jacents.
L'essentiel est qu’un tarif douanier va évidemment augmenter le coût d'un produit. La question est de savoir qui supporte cette charge. Le consommateur final ? Le fournisseur étranger ? Est-ce le taux de change ? Gardez à l'esprit que si vous imposez des droits de douane de 10 % et que le taux de change fluctue également de 10 %, le producteur étranger obtient le même argent qu’il a toujours obtenu.
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L'importateur national paie la même somme d'argent qu'il a toujours payée dans sa devise et le taux de change, en théorie, pourrait absorber le tout. Nous ne nous attendons pas à cela, mais en fin de compte, les droits de douane peuvent se répartir à différents endroits de la chaîne d'approvisionnement. Théoriquement, ils pourraient se situer n'importe où. Dans la pratique, cependant, il est fonction des élasticités marginales de la demande et de l'offre et d'autres concepts de ce genre.
Cela varie beaucoup selon le secteur, le produit, etc., à court terme, voire à long terme.
En 2018 et 2019, lors de la précédente série de droits de douane, nous n'avons pas constaté d'effet sur les prix encourus par les fournisseurs étrangers. En fin de compte, ceux-ci ont pu pratiquer leurs prix habituels. Le coût supplémentaire s'est retrouvé à l'extrémité opposée de la chaîne d'approvisionnement, à savoir le consommateur américain et les consommateurs finaux en général, qui ont supporté le plus gros du fardeau et vu les prix augmenter presque entièrement en réponse aux droits de douane.
On peut donc s'attendre à ce que cela se reproduise. Je ne sais pas si ce sera aussi extrême ou non. Au fil du temps, si les droits de douane sont permanents, une partie de la charge n’est plus axée sur le consommateur, comme c’est le cas au départ. On pourrait penser que cela se répercute ensuite sur l'inflation. En effet, lorsque nous faisons certains calculs d'inflation, pour les scénarios légèrement négatifs, il y a quelques dixièmes de pourcentage d'inflation supplémentaires dans certains pays.
00:24:29:04 - 00:24:47:00
Dans un scénario très négatif, on parlerait d'une augmentation des prix pouvant aller jusqu'à deux points de pourcentage. Il s'agit d'une situation ponctuelle et non-permanente. Les banques centrales sont plus susceptibles de réduire leurs taux d'intérêt que de les augmenter, simplement parce que les dommages économiques deviennent le problème le plus grave. Il n'en reste pas moins qu'une certaine augmentation des prix se fait sentir du côté des consommateurs.
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Parlons un peu de géopolitique.
Les risques géopolitiques abondent, et nombre d'entre eux sont potentiellement inflationnistes. J'aborde ce sujet dans le contexte d'un environnement géopolitique incertain depuis un certain temps. La guerre en Ukraine, les guerres et les conflits au Moyen-Orient et, bien sûr, les frictions entre la Chine et l'Occident. Mais bien sûr, cette toute nouvelle administration américaine, et les tarifs douaniers et la politique étrangère, représentent autant de points d'interrogation assez importants pour l'instant.
Le potentiel d'inflation découlant de ces éléments existe, tant au niveau des tarifs douaniers que de la politique étrangère, et pourrait faire grimper les prix du pétrole. Ce n'est pas une certitude. Il existe un scénario où un cessez-le-feu est conclu en Ukraine. Les chances que cela se produise sont à la hausse. Un autre scénario envisage la paix au Moyen-Orient, auquel cas, les prix du pétrole pourraient baisser.
00:25:29:22 - 00:26:05:04
Il ne s'agit donc pas d'une voie à sens unique, mais d'une source d'incertitude sur les prix. Dans le coin inférieur gauche, soulignons l'effritement progressif de l'ordre mondial. Par suite des élections aux États-Unis, un président non-conventionnel est en place et il y a des conséquences géopolitiques à cela.
Mais plus spécifiquement, le monde a changé dans les dix dernières années. Il ne s’agit pas d’une toute nouvelle histoire en soi.
Lorsque nous pensons à la rupture de l'ordre international, nous pouvons en voir des exemples partout.
00:26:05:04 - 00:26:42:15
Fracture de l'ordre international. Désolé pour cette autre diapositive très chargée. Appuyez sur pause si vous désirez entrer dans les détails. Nous avons vu les grandes puissances du monde faire pression pour obtenir davantage de territoires. Nous pensons que les frontières géographiques sont fixes et, en effet, elles l’ont été, relativement, depuis la Seconde Guerre mondiale ou depuis le rideau de fer.
La Russie, bien-sûr, s'est emparée d'une partie de l'Ukraine et d'une partie de la Géorgie à la fin des années 2000. La Chine n'est pas vraiment active sur ce plan, mais elle a repoussé ses frontières maritimes dans la mer de Chine méridionale et construit des îles pour valider ses revendications. Elle s'est montrée plus agressive dans ses visées sur Taïwan.
00:26:42:18 - 00:27:20:15
Aux États-Unis, le président Trump parle de la Destinée Manifeste, ou de cette vision selon laquelle les États-Unis sont destinés à dominer l'Amérique du Nord d'un océan à l'autre. Il a parlé d’annexer le Groenland, le Panama et le Canada en tant qu'éventuel 51e État, autant de choses assez improbables.
À vrai dire, il pourrait y avoir des possibilités de resserrer les liens et d'améliorer l'accès aux ressources. Mais reconnaissons que la carte du monde n'est pas tout à fait statique à l'heure actuelle. Nous avons vu des organismes internationaux sapés. L'Organisation mondiale du commerce en a été affaiblie et à toutes fins pratiques, le mécanisme de règlement des différends ne fonctionne plus.
00:27:20:15 - 00:27:59:20
Les gouvernements américains successifs n'ont pas nommé les juges qui gèrent ce mécanisme de règlement des différends. Les litiges sont en quelque sorte ignorés. Les Nations Unies ont connu récemment de nombreux blocages, en particulier au sein du Conseil de sécurité. Les États-Unis retiennent une partie de leur financement.
Les pays émergents ne sont pas satisfaits de leur rôle à l'ONU, à la Banque mondiale ou au Fonds monétaire international (FMI). Ils créent des substituts, notamment l'organisation des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine et autres pays).
Les États-Unis remettent en question l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord). Ils se sont retirés de l'Organisation mondiale de la santé et de l'Accord de Paris.
Ce n'est donc pas une période de force pour les organismes internationaux. Nous assistons à une certaine fracturation. Et l'ordre réglementé perd de la vigueur. Nous nageons en eaux troubles.
00:27:59:23 - 00:28:39:05
Et puis, bien sûr, nous assistons à une montée du protectionnisme. Autrefois, le monde était hégémonique et bien ordonné, avec les États-Unis comme leader incontesté. Aujourd'hui, il est un peu plus chaotique. Il s’agit d’un monde multipolaire. La Chine est devenue l’un de ces pôles. Les petits pays doivent choisir leur orbite, quand ce n’est pas que celle-ci est choisie pour eux par d’autres.
On assiste à une régionalisation plutôt qu'à une mondialisation. On assiste à une augmentation des droits de douane, à des délocalisations en pays amis et à des délocalisations à l'étranger. Dans le cas de l'Europe, nous parlons d'une taxe carbone aux frontières, qui ferait payer les pays ou les entreprises qui n'ont pas encore payé la taxe carbone dans leur propre pays. Cela peut sembler logique, mais il s’agit là d’un obstacle supplémentaire au commerce.
00:28:39:08 - 00:29:37:04
Nous assistons à une coercition économique. Les États-Unis menacent d'imposer des droits de douane pour forcer les autres pays à faire ce qu’ils veulent. La Chine a déjà fait ce genre de choses, pas spécifiquement par le biais de droits de douane, mais avec l'Australie, la Corée du Sud, le Japon, le Canada et d'autres pays encore. On a vu des câbles sous-marins et des pipelines sabotés. Et il semble que certains acteurs politiques soient impliqués dans ces histoires.
L'essentiel est de prendre acte que l'ordre international est en train de se fracturer. Bien sûr, il y a quelques contre-arguments. L'OTAN s'est récemment élargie. Des accords de libre-échange sont encore conclus ici et là. Mais dans l'ensemble, cette ère de fracture multipolaire tend à être associée à un peu moins de croissance, à un peu plus d'inflation et peut-être aussi à un peu plus d'incertitude.
C'est le monde dans lequel nous vivons. Et ce n'est pas nouveau cette année. Et cela ne va pas s'arrêter l'année prochaine.
Bon, je vais m'éloigner un instant des tarifs douaniers et de la géopolitique. J’y reviendrai cependant à la fin, avec d'autres réflexions sur le Canada. Mais d'ici là, voici un aperçu de la situation économique.
00:29:37:04 - 00:30:35:21
Après un retournement de tendance, les surprises économiques repartent à la hausse. Les surprises économiques sont reparties à la hausse. Nous sommes revenus en territoire modestement positif, une façon détournée de dire que la croissance économique est toujours assez bonne. Aucun signe de récession. Au contraire, les économies reprennent un peu de vigueur. Il suffit d'examiner les données du Livre Beige, spécifique aux États-Unis. Il s’agit là de données qualitatives que nous tentons de quantifier.
Le Livre Beige, en progression et en bonne santé. Voici notre façon de le quantifier. Il semblerait que les entreprises se sentent un peu mieux, et cela va dans le sens d’une croissance économique qui se poursuit. Il y avait eu une certaine faiblesse auparavant, mais cette faiblesse semble maintenant avoir disparu.
Un dollar américain fort. Un mot sur les devises et le dollar américain avec ce graphique à long terme.
Vous pouvez voir que le dollar américain a traversé ces périodes de force extrême, mais qu'il a depuis perdu de sa force. Nous avons connu une période de vigueur et, en effet, récemment, si vous regardez bien vers la droite du graphique, le dollar américain s'est à nouveau raffermi. Pour l'instant, la situation se maintient, et les tarifs douaniers devraient renforcer le dollar, et non l'affaiblir.
00:30:35:24 - 00:31:29:09
Mais je pense qu'il y aura un moment, que ce soit dans les prochains mois, l'année prochaine ou plus tard, où nous commencerons à parler de l'inversion de la tendance du dollar. Nous reconnaissons qu'il est en fait assez cher, par rapport aux normes historiques. Il y a donc de la place pour une certaine dépréciation. Mais dans l'état actuel des choses, il est demeuré fort.
Il pourrait le rester à court terme. Il faut garder à l'esprit qu'il y a des fonctions économiques à cela. Cette vigueur s'explique en partie par le fait que l'économie américaine est apparemment en meilleure santé que les autres. C'est un moyen de s'adapter à l'éventualité de tarifs douaniers. Elle permet de compenser les droits de douane imposés aux pays étrangers sur les produits qu'ils exportent vers les États-Unis.
Il y a donc une certaine valeur à cela. Un dollar américain fort permet également, en théorie, d'éviter que l'inflation américaine ne devienne trop forte, à la fois en limitant l'économie et en rendant les importations moins chères. Pour toutes ces raisons, je dirais que la force du dollar est probablement plus utile qu'inutile d'un point de vue macroéconomique.
Parlons un peu du plafond de la dette.
00:31:29:09 - 00:32:03:14
Le plafond de la dette américaine a été atteint à la fin du mois de janvier et devrait être résolu dans le courant de l'année. Le plafond de la dette oblige le gouvernement américain à adopter une loi lui permettant d'emprunter davantage d'argent. Vous voyez ces lignes horizontales historiques en bleu foncé. Le plafond de la dette indique que l'on ne peut pas emprunter plus que cela.
L’ennui c’est que les politiciens désirent réduire les impôts et augmenter les dépenses. Et ces deux concepts sont en conflit l'un avec l'autre. Ce qui se passe, c'est qu'on se heurte au plafond de la dette et qu'il y a une mini-crise. Et finalement, le plafond de la dette est levé. Cela a toujours été la solution par le passé. Nous n'avons jamais eu de défaut de paiement, sauf si l'on remonte à deux cents ans en arrière.
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Il est donc très probable que cela se reproduise. Nous pensons qu'au cours des prochains mois, le plafond de la dette sera relevé. Cela ne devrait pas être si difficile. Trump a dit qu'il n'aimait pas le plafond de la dette. Comme il y a une majorité républicaine, les politiciens sont plutôt d'accord avec lui.
Mais je tiens à souligner que le plafond de la dette a été atteint au cours des deux dernières semaines. Le département du Trésor peut prendre des mesures extraordinaires pour éviter que le gouvernement ne se retrouve en défaut de paiement. Il fouille en quelque sorte sous les coussins du canapé et, il dispose à cet effet d'un compte général du Trésor. C'est un peu comme un compte courant. Normalement, il est préférable d'avoir un solde important sur ce compte, car les dépenses sont irrégulières, et la facture de la carte de crédit et d'autres choses entrent et sortent.
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Il faut donc garder une marge de manœuvre. Il en va de même pour le gouvernement. Ils gardent normalement une réserve de quelques centaines de milliards de dollars. Cela permet de payer les salaires et de gérer l'émission d'obligations et ce genre de choses. Essentiellement, maintenant qu'ils ne peuvent plus emprunter sur le marché obligataire et qu'ils sont toujours en déficit, ils vident ce compte.
Pour l'instant, tout va bien. Et je pense qu'ils trouveront une solution avant qu’il ne soit trop tard. Il est intéressant de noter qu'il s'agit d'argent qui est normalement inutilisé. De l'argent dormant, en quelque sorte, qui ne circule pas dans l'économie. Soudain, cet argent est débloqué, le compte courant est vidé et cet argent est renvoyé dans l'économie.
Il s'agit en fait d'une injection de liquidités qui agit comme une baisse de taux. Il est amusant de constater que si la Fed ne réduit pas ses taux en ce moment, une autre action stimulante est en cours. Cela pourrait contribuer à faire progresser l'économie américaine au cours des prochains mois. Le problème, bien sûr, c'est que le plafond de la dette s’en retrouve relevé.
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Le département du Trésor souhaitera alors reconstituer ces liquidités et les retirer de l'économie. Et c'est le contraire qui se produira. L'économie s’en trouvera moins aidée que d'habitude. Il s’agit d’une sorte de flux et de reflux intéressant qui pourrait se produire au cours du premier semestre de cette année.
Revenons aux tarifs douaniers dans le contexte canadien et suivons quelques diapositives canadiennes.
Considérations sur les droits de douane au Canada. Parlons-en à nouveau. Il y a beaucoup de texte, mais il y a beaucoup de choses qui se passent. Et je veux m'assurer que toutes les réflexions sont partagées avec vous. Tout d'abord, nous sommes quelque peu sceptiques à l'idée qu'un droit de douane général de 25 % sera appliqué au Canada.
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- Trump a l'habitude de commencer par des demandes exagérées, puis de sécuriser ses demandes moins extrêmes. Je pense qu'il est juste de le supposer.
- La menace de tarifs douaniers est explicitement liée à la réalisation d'autres objectifs comme la sécurité des frontières. Le Canada a donc tout intérêt à écouter, à consacrer beaucoup d'argent à cette question et à faire tout ce qu'il peut sur ce front dès maintenant. Si vous faites cela, on ne vous infligera pas en retour les droits de douane.
Il suffit de penser à ce qui s'est passé en Colombie le week-end dernier, au moment où je vous parle. La Colombie ne voulait pas accueillir les migrants sans papiers qui étaient sur le point d'être expulsés. Et Trump a proposé des droits de douane de 25 %. La Colombie a capitulé et a accepté les migrants. Les 25 % de droits de douane ont disparu. Cette stratégie a déjà été mise en pratique en ce début de cycle électoral.
Des droits de douane réciproques seraient préjudiciables à l'économie américaine. Il est difficile de penser que Trump voudrait appliquer un tarif de 25 % sur le pétrole et l'énergie canadiens dans la mesure où 4 millions de barils par jour de pétrole canadien sont acheminés vers les États-Unis.
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C'est à peu près un tiers du pétrole que les États-Unis consomment et ils ne veulent pas payer plus. Ils veulent payer moins pour le pétrole.
Il serait difficile pour le secteur automobile américain de fonctionner aussi bien, étant donné qu'il est tellement intégré à l'échelle de l'Amérique du Nord. J'ai vu des estimations suggérant que la voiture américaine moyenne coûterait 3 000 dollars de plus si ces droits de douane de 25 % étaient appliqués. Nous sommes sceptiques quant à l'issue de cette affaire pour ces raisons.
Si l'on se penche sur l'expérience des droits de douane entre 2018 et 2020, je pense qu'il y a des leçons intéressantes à tirer. L'une d'entre elles est que les droits de douane ont été utilisés comme une menace pour forcer la renégociation de l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain).
Trump a également brandi la menace d'un droit de douane de 25 % sur les automobiles, qui n'a jamais été appliqué. À l'époque, Trump a menacé le Mexique d'un droit de douane général de 5 %. Ce tarif augmenterait de cinq points de pourcentage par mois jusqu'à ce qu'il atteigne 25 %. Cela ne s'est jamais produit. Une fois de plus, les menaces ont tendance à être plus importantes que la réalité.
Trump a imposé des droits de douane sur l'acier et l'aluminium pendant environ un an.
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Le Canada et le Mexique ont répondu, à peu près proportionnellement, en ciblant des secteurs politiquement sensibles comme le bourbon, le ketchup, l'acier, les produits alimentaires, etc. Le différend a finalement été résolu. Il a été résolu par la signature de l'accord commercial ACEUM entre le Canada, les États-Unis et le Mexique au printemps 2019. Tous les droits de douane imposés par toutes les parties ont disparu à ce moment-là.
Trump a bien appliqué un petit tarif douanier pendant un mois au Canada en 2020, mais cela a été de courte durée. Il y a donc des leçons à tirer de cette expérience. Le tarif le plus élevé n'est pas appliqué. Il y a des menaces d'escalade tarifaire. Récemment, le secrétaire au Trésor a parlé d'un droit de douane de 2,5 % qui pourrait passer à 20 %.
00:36:36:29 - 00:37:17:22
Cela nous est familier. Je suis un peu sceptique. Il s’agit d’une tactique de négociation classique.
Je pense que de véritables droits de douane pourraient être appliqués. Ils peuvent être ciblés. Il est possible de les négocier au fil du temps. Il y a peut-être un peu moins de possibilités de les négocier cette fois-ci. En partie parce que Trump semble compter sur les recettes des droits de douane pour financer les réductions d'impôts.
Il se peut qu'une partie de ceci soit mis en place, mais nous sommes sceptiques quant à la mesure dans son ensemble.
Réponse probable du Canada aux tarifs douaniers. Quant à la réaction probable du Canada aux tarifs douaniers, il se peut qu'elle ait déjà eu lieu au moment où vous regardez ceci. J'espère que ce n'est pas le cas. Mais elle pourrait se faire en deux temps. La première serait une riposte, qui consisterait en gros à imposer des tarifs douaniers de taille à peu près égale aux États-Unis, en ciblant certains secteurs.
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On pourrait penser que c'est la stratégie idéale, au moins pour les secteurs politiquement sensibles pour Trump, tandis que la demande canadienne est très élastique. Les Canadiens vont se dire qu’ils ne vont pas acheter tel ou tel produit s’ils n’en ont pas besoin. Ou bien, l'effet des droits de douane est supporté par le producteur étranger et non par le consommateur canadien.
Et lorsqu'il existe des produits équivalents autres qu’américains, les Canadiens peuvent continuer à acheter ce qu'ils aiment, simplement en changeant de produit ou de marque. C'est la première étape.
La deuxième étape consiste à négocier, en faisant des concessions sur un certain nombre de fronts. On peut donc s'attendre à ce que certains domaines fassent l'objet de discussions. La sécurité aux frontières est le plus important. Je pense que le Canada peut en faire davantage de ce côté.
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À propos des dépenses de défense, le Canada dépense à peine plus de la moitié de ce que demande l'OTAN. Trump demande même encore plus que cela. Je pense que cela va être une véritable source de pression. La taxe sur les services numériques, qui frappe les géants internationaux de la technologie, mais surtout les Américains, est très impopulaire aux États-Unis.
Les secteurs canadiens qui sont eux-mêmes protectionnistes, bloquant l'accès aux marchés américains, comme le secteur des produits laitiers et des œufs, feront, je pense, partie de la discussion. Il est encore question du bois-d’oeuvre. Ce n'est pas tout à fait juste dans la mesure où le bois d'œuvre fait déjà l'objet de droits de douane importants, mais on peut néanmoins penser qu'il fera également partie de la mêlée.
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Il est à noter que la dernière fois, la Chine s'était engagée à acheter davantage de produits américains. Si l'une des plaintes concerne le déficit américain, vous pouvez promettre d'acheter plus de produits X. En pratique, je ne suis pas sûr que la Chine ait réellement acheté ces produits. On peut se demander s'il est logique de promettre une telle chose. Qui achète et comment faire respecter cette promesse ?
Quoi qu'il en soit, je ne serais pas surpris que l'on parle de cela.
Et puis, bien sûr, la réouverture de l’ACEUM. Cela semble presque certain. Que ce soit tout de suite ou en 2026, date à laquelle il est prévu de le réexaminer, ce n'est pas très clair.
00:38:58:24 - 00:39:46:15
Il y a un scénario dans lequel le Mexique est en quelque sorte sacrifié. Une grande partie des préoccupations de Trump concerne la sécurité des frontières avec le Mexique, les flux de drogues illégales, les coûts de fabrication bon marché au Mexique, le transbordement de marchandises chinoises et leur finition au Mexique.
Il s'agit en grande partie d'un projet axé sur le Mexique. Il est sans doute possible d'apporter quelques modifications à l'accord pour satisfaire les trois parties de manière égale. Mais je ne serais pas surpris s’il n'y avait plus que des accords commerciaux bilatéraux plutôt qu'un large accord trilatéral.
Dans les négociations, le Canada a la possibilité de jouer le jeu de Fortress America, faisant valoir que si Trump tient tant à contrôler cette sphère d'influence régionale et à avoir accès aux ressources nord-américaines, que ce soit au Groenland, au Canada ou ailleurs, il ferait mieux de chercher une meilleure forme d’intégration que de chercher à se désinvestir.
00:39:46:15 - 00:40:32:17
En d’autres termes, supprimer les barrières commerciales et permettre des flux d'investissement encore plus importants.
La solution de rechange, dont je ne pense pas qu'elle serait mise en œuvre tout de suite, si dans un mois ou deux plus tard, les grands tarifs douaniers n'étaient pas résolus et que les négociations n'allaient pas bon train, consisterait à appliquer certaines mesures dont nous avons entendu parler jusqu'à présent dans les médias, à savoir des taxes à l'exportation et autres restrictions.
Il s'agirait de limiter certains produits canadiens essentiels afin de nuire aux États-Unis et d'exercer une certaine pression. On verrait des efforts du côté de l'Asie et de l'Europe pour montrer qu'il existe d'autres amis et partenaires commerciaux avec lesquels on peut échanger, même si, dans la pratique, il n'est pas si facile de modifier les flux commerciaux aussi rapidement. Pas dans le temps d'une seule présidence, et encore moins dans le temps des négociations sur les tarifs douaniers.
Et puis il y a des options non conventionnelles, et cette liste est sans limite. Je vous en montre une version incomplète.
00:40:32:17 - 00:41:15:12
Les restrictions de l'espace aérien en seraient une, les avions américains ne pouvant survoler l'espace aérien canadien. Normalement, ils le font en direction de l'Europe et de l'Asie, par exemple.
On pourrait interdire le transbordement de marchandises américaines dans les ports canadiens. On pourrait mettre des barrières non tarifaires qui ne sont pas des droits de douane comme tels, mais si vous n'avez pas la bonne étiquette ou si vous ne remplissez pas les exigences en termes d'ingrédients, alors le produit ne peut pas entrer au Canada.
On verra bien. Je pense que ces mesures sont moins probables. Elles seraient moins souhaitables à plusieurs égards, mais cette possibilité existe aussi.
En fin de compte, nous pensons qu'il y aura des droits de douane ciblés. Le Canada fera certainement des concessions. Nous pensons qu'il est moins probable qu'il s'agisse d'un droit de douane important et permanent de 25 %.
00:41:15:14 - 00:41:53:01
- Les élections fédérales canadiennes auront probablement lieu au printemps. Et puis, deux ou trois autres choses sur le Canada. D’abord, il y aura des élections fédérales cette année. Les libéraux se livrent actuellement à une course à la direction. Les conservateurs attendent dans les coulisses, en tête des sondages. Comme vous pouvez le constater, l'avance est assez importante. On peut s'attendre à une majorité conservatrice si ces chiffres se maintiennent, quelle que soit la date des élections.
Le titre parle d’élections au printemps, probablement. Je continue de penser qu'il y a de bonnes chances que ce soit au printemps. Je signale cependant, sur la base de preuves récentes, que le NPD pourrait choisir de soutenir à nouveau le Parti libéral, en raison de la nécessité d'une relance budgétaire. Si des droits de douane importants sont appliqués, il ne serait pas surprenant que les élections soient reportées à l'automne.
00:41:53:01 - 00:42:54:24
Nous verrons qui obtiendra la direction du parti libéral. Il y a quelques candidats importants en lice en ce moment. Il est possible que cela revitalise le parti libéral. Je pense qu'à ce stade, il est peu probable que cela suffise à inverser le résultat de l'élection.
Nous continuons donc à penser que les conservateurs l'emporteront probablement. Mais je me garde de faire des prédictions. Nous verrons comment se déroule la course à la direction du parti libéral. Nous verrons comment se déroulera toute course électorale par la suite.
Nous avons déjà dit que nous pensions qu'il y avait une chance de voir apparaître une politique plus favorable à l'économie après les élections, mais nous en parlerons une autre fois.
Quelques autres informations sur le Canada.
La croissance de la population canadienne ralentit maintenant, comme prévu. Il s'agit de la croissance de la population canadienne. Bien sûr, elle a été étonnamment rapide, presque sans précédent, au cours des dernières années. Toutefois, les règles d'immigration ont été modifiées en profondeur et la croissance se ralentit.
Je signale que nous disposons des dernières données trimestrielles. Vous pouvez constater que le taux de croissance de la population ralentit assez rapidement à l'heure actuelle. Il reste cependant positif, et le chiffre demeure important. Nous ne sommes toujours pas en train de faire marche arrière, mais on s'attend à ce que la tendance se poursuive, en particulier au cours de la première moitié de l'année 2025.
00:42:54:24 - 00:43:37:09
Nous ne sommes donc pas tout à fait dans le camp de ceux qui pensent que la population va baisser régulièrement d'une année sur l'autre. C'est pourtant ce que pense le gouvernement. Nous pensons qu'il n'y aura qu'une légère croissance. Néanmoins, il est probable qu'elle soit beaucoup plus lente. Et bien sûr, il faudra peut-être résoudre certaines frictions sociétales, certaines pénuries de logements, ou du moins les rendre moins aiguës à l'avenir.
De même, la croissance économique est fonction de l'augmentation du nombre de travailleurs et de la productivité. Ce seraient aussi les travailleurs qui sont en train de disparaître. Il s’agit là potentiellement d’un frein à la croissance économique.
Les pressions salariales au Canada s'atténuent à mesure que l'économie se calme. Les pressions salariales s'estompent. Bien sûr, les travailleurs apprécient que les salaires augmentent rapidement. Mais si l'on pense plus largement à la stabilité et aux objectifs économiques, ce n'est pas la pire chose au monde car, bien sûr, nous cherchons toujours à bloquer ce taux d'inflation canadien plus bas.
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Il se situe actuellement à 1,8 %. Il a reçu un coup de pouce temporaire au niveau des taxes canadiennes, ainsi que quelques autres éléments. Quoi qu'il en soit, l'inflation va bien au Canada.
Mais je dirais que la croissance des salaires a été, malgré tout, exceptionnellement rapide. Quand on analyse ces chiffres pour les intentions et les attentes salariales à l’avenir, ils semblent s’atténuer et soutenir l'idée que leur croissance peut encore être très raisonnable et très modérée.
Cette croissance n'est probablement pas aussi robuste qu'elle l'était.
Mais les entreprises canadiennes commencent à envisager l'avenir avec plus d'optimisme. Et je terminerai par ceci. Les perspectives des entreprises canadiennes continuent de s'améliorer ou, du moins, de ne pas empirer. On peut dire que les entreprises canadiennes ont traversé une période assez sombre ces dernières années. Il reste bien sûr des défis majeurs à relever et des questions de productivité à résoudre.
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Si les États-Unis réduisent les impôts, le Canada peut-il suivre le rythme ? Les questions ne manquent pas. Néanmoins, nous constatons que les entreprises se sentent un peu mieux. Et je pense que c'est logique car, bien sûr, la Banque du Canada s'est lancée dans la réduction des taux avec plus d'enthousiasme que n'importe quelle autre banque centrale, à juste titre d'ailleurs, étant donné le fardeau que représentent les taux élevés pour une économie fortement endettée et axée sur le logement comme celle du Canada.
Mais il est agréable de constater qu'à mesure que ces taux diminuent, nous commençons à voir un sentiment meilleur. Nous constatons également que les consommateurs se sentent un peu mieux. Nous savons qu'il y a des prêts hypothécaires qui vont encore augmenter au cours des prochaines années, et nous ne savions pas exactement à quel point cela allait être problématique.
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Nous ne le savons toujours pas avec certitude. Mais jusqu'à présent, les consommateurs se sentent un peu mieux, un peu moins inquiets pour leurs finances, ce qui est certainement une chose positive.
Sur ce, je vous remercie. J'espère que cette discussion sur les tarifs vous a été utile. Si vous avez trouvé cela utile, si vous êtes à la recherche des dernières réflexions — et bien sûr, il s’agit d’une conjoncture qui évolue rapidement — n'hésitez pas à nous suivre sur Twitter, sur LinkedIn, ou peut-être mieux encore, à visiter notre site web de recherche, qui est rbcgam.com/insights.
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