L’économiste en chef Eric Lascelles nous fait part de ses perspectives pour la nouvelle année. Selon lui, l’économie suit une foule de trajectoires encourageantes, même si le risque de récession au cours de la prochaine année est considérable.
Les taux obligataires sont en forte hausse depuis 2020, mais ils ont beaucoup diminué depuis l’automne 2023.
La Réserve fédérale des États-Unis indique que des baisses de taux pourraient avoir lieu dans un avenir rapproché.
L’inflation a diminué dans le monde depuis 2022 et continue de s’atténuer.
Il discute aussi du calendrier chargé d’événements politiques à venir et nous indique ceux qui retiendront l’attention au cours des prochains mois.
Durée : 34 minutes
Transcription
Bonjour, je m'appelle Eric Lascelles. Je suis l'économiste en chef de RBC Gestion mondiale d'actifs et voici notre plus récente webdiffusion économique mensuelle. Vous voyez le titre : Lueurs d'espoir au milieu de nuages sombres. Pour expliquer ce titre emballant et les nuages sombres en question, nous pensons toujours qu'il existe un risque réel et assez élevé de récession au cours de l'année prochaine.
Mais certaines choses se sont plutôt bien passées ces derniers mois. Les rendements obligataires ont baissé, la Réserve fédérale américaine a envisagé de réduire ses taux d'intérêt et d'autres facteurs ont amené une lueur d'espoir et rendu plausible le scénario d'un atterrissage en douceur. Nous avons reçu davantage de bonnes nouvelles que de mauvaises, mais il n'en reste pas moins que certains problèmes se posent.
Commençons, comme d'habitude, par le bilan et voyons ce qui va bien et ce qui va moins bien dans le monde d'aujourd'hui.
Le bilan. Pour ce qui est des aspects positifs, commençons par une affirmation plutôt évidente, à savoir que l'économie, du moins dans le contexte américain, continue de croître.
Ce n'est pas quelque chose qui mériterait d'être souligné en temps normal, mais dans un monde où l'on craint la récession et où beaucoup de pays ne connaissent pas une croissance très fiable, nous devrions nous réjouir du fait que l'économie américaine continue de progresser. Nous pouvons certainement nous réjouir — et ce, à l’échelle mondiale — que l'inflation diminue à nouveau et ce, de façon convaincante, ce qui n'est pas rien.
L'inflation élevée a été le principal problème économique et la situation s'améliore beaucoup. Comme je l'ai mentionné il y a un instant, la banque centrale américaine, la Réserve fédérale, a indiqué qu'elle s'orientait vers des réductions de taux. Elle a parlé de manière assez explicite de baisses de taux cette année et les marchés ont intégré cette information. En effet, même les acteurs de la Fed prévoient des baisses de taux d'ici le milieu de l'année, voire un peu plus tôt.
Il s'agit d'un élément pertinent et les marchés ont tendance à se montrer très enthousiastes lorsque les banques centrales s'orientent vers des baisses de taux. Cela contribue à expliquer la récente vigueur des marchés boursiers de même que celle des marchés obligataires, à mesure que les rendements obligataires ont chuté. Les rendements obligataires avaient, disons-le, connu une évolution en dents de scie. J'y reviendrai plus en détail dans un instant.
- Les rendements obligataires avaient beaucoup augmenté au cours des dernières années, mais ils ont considérablement baissé au cours des deux derniers mois. Par conséquent, le retour à la baisse et la diminution des rendements en général sont favorables à l'économie.
- Les prix du pétrole ont baissé. Il s’agit là d’un facteur important de l'inflation, et cette baisse est utile.
- Enfin, comme je l'ai mentionné il y a quelques instants, nous voyons un certain optimisme quant à la possibilité d'un atterrissage en douceur. Sans que la croissance ne retourne tout à fait à la normale, un atterrissage en douceur permettrait d’éviter le scénario de la récession, et c’est ce que les marchés ont commencé à intégrer.
Comme je l'expliquerai dans un instant, nous avons également augmenté cette probabilité dans nos propres scénarios. Pas au point d'en faire le scénario le plus probable, car nous pensons toujours qu'une récession l’est davantage, mais un atterrissage en douceur demeure néanmoins plus concevable qu'il y a quelques mois.
Voilà pour les thèmes positifs. Passons maintenant aux aspects négatifs. Je commencerai par dire que même si les rendements obligataires baissent, les taux d'intérêt restent élevés. Cela demeure un frein net. Nous savons qu'il y a de longs délais avant que les taux plus élevés n'aient un impact sur l'économie. Nous pensons que les taux d'intérêt constituent toujours un vent défavorable important, plutôt que le contraire, mais moins qu'il y a quelques mois.
Nos travaux sur le cycle économique indiquent toujours que nous sommes à un stade assez avancé du cycle. Une réelle vulnérabilité demeure présente. Cela vaut la peine d'être souligné.
Nous avons tendance à nous concentrer sur les États-Unis dans une grande partie de notre analyse, simplement parce que l'économie américaine reste la plus importante du monde, qu'elle est pertinente à l'échelle mondiale, pour les Canadiens et certainement pour tous les investisseurs. Mais je peux dire que les économies des pays développés autres que les États-Unis montrent des signes d’essoufflement. Disons qu’elles ne progressent pas beaucoup.
En fait, pour ne parler que du Royaume-Uni, de la zone euro et du Canada, ceux-ci ne progressent pas du tout. Ces pays enregistrent des trimestres de croissance négative aussi souvent que des trimestres positifs, ce qui n'est tout simplement pas normal. On discerne déjà une certaine souffrance dans ces pays.
Nous pensons que le risque de récession aux États-Unis demeure élevé. Un risque de récession dit normal serait de l’ordre de 10 % sur une année. Nous pensons que la probabilité est de 60 % pour l'année prochaine. C'est moins que les 70 % ou même les 80 % dont nous avons parlé à l’occasion dans le passé, mais nous pensons toujours qu'il s'agit d'une probabilité élevée et certainement beaucoup plus élevée que la normale.
Autre question, moins importante celle-là : vous vous souviendrez que le monde avait été paralysé par des problèmes de chaîne d'approvisionnement à différents moments au cours des dernières années, ce qui avait nui à l'économie et aggravé l'inflation. C'est peut-être un peu prématuré de le dire, mais il y a un risque que voyions un peu plus de complexité ou de problèmes dans la chaîne d'approvisionnement alors que la mer Rouge devient de moins en moins accueillante pour les navires de transport. Il s’agit d’une des principales routes maritimes mondiales et on commence à voir certains coûts de transport maritime augmenter.
Au final, je doute que cela ressemble à ce que nous avons connu en 2020, 2021 et une partie de 2022. Mais cela vaut la peine d'être signalé. Un léger problème à prévoir de ce côté.
Je terminerai par un dernier point, dans la catégorie «intéressant», qui n'est en soi ni bon ni mauvais. La saison politique s'annonce très chargée. 2024 sera une année record pour les élections en termes de la fraction de la population mondiale qui ira voter pour des dirigeants nationaux. Certaines élections se dérouleront très bientôt, et j’y reviendrai un peu plus tard. Et cela inclut, bien sûr, l'élection présidentielle américaine, dont nous parlerons également vers la fin de cette présentation.
Autre idée intéressante, celle de la pression fiscale mondiale. Nous avons connu un monde de grands déficits et de nombreuses mesures de relance budgétaire. Selon nous, ces déficits sont désormais insoutenables. Il est probable que nous allons observer une certaine austérité graduelle sur plusieurs années dans le but de réduire ces déficits. Ce n'est pas nouveau, mais nous devons y réfléchir.
Lorsque le débat quant à savoir si nous allons entrer ou non en récession sera passé — lequel dominera sans doute une bonne partie de l’année — nous allons commencer à accorder davantage d'attention à l’assainissement des positions budgétaires.
Voilà pour le bilan. Entrons maintenant dans le vif du sujet, si vous le voulez bien.
L'optimisme du marché est en grande partie dû à l'orientation de la Fed vers des réductions. Commençons par ce qui a peut-être été le plus grand moteur de l'enthousiasme du marché récemment. Aux États-Unis, le président de la Réserve fédérale, M. Powell, a indiqué que les baisses de taux pourraient survenir plus tôt que tard. Il a clairement suggéré que des baisses de taux s’en viennent et que des baisses au printemps ou au moins à l'été sont à envisager.
Ce graphique, soi-dit en passant, montre les fluctuations des derniers mois. Si on commence par le mois d'août, la ligne bleu clair, on voit que les marchés s'attendaient déjà à des baisses de taux, mais avec une certaine prudence. Il est intéressant de noter qu'à partir de l'été et de l'automne, jusqu'à cette ligne dorée ici, nous avons vu les marchés s'attendre à des réductions de taux. L'inflation a été un peu chancelante pendant quelques mois et la Fed n'a pas donné beaucoup de signaux en ce sens.
Le marché était donc moins convaincu de l'imminence d'une baisse des taux, ou du moins ne l'envisageait pas autant. Et tout cela s'est inversé aujourd'hui de manière significative. Depuis la fin octobre jusqu'au début de 2024, vous pouvez constater que le marché anticipe un taux directeur beaucoup plus bas dans un an, voire dans deux ans, et une trajectoire de réduction des taux plus prononcée.
À ce stade-ci, notre point de vue s’aligne à peu près sur les attentes du marché. On aurait peut-être envisagé un taux ultime des fonds fédéraux légèrement plus bas dans quelques années, mais l'idée que la réduction des taux puisse commencer au printemps ou à l'été nous semble juste. Encore une fois, cela a été un facteur important de baisse des rendements obligataires, comme nous pouvons le voir sur le graphique suivant.
Les rendements sont en forte hausse depuis 2020, mais en forte baisse depuis l'automne. Il y a donc vu une augmentation considérable des taux d'intérêt de 2020 jusqu'à l'automne de cette année, puis une baisse assez importante a suivi. Là encore, on peut débattre de ce qui est le plus pertinent : le fait que les taux soient encore beaucoup plus élevés qu'il y a quelques années, ou le fait qu'ils soient beaucoup plus bas qu'il y a quelques mois.
Je pense que les deux sont pertinents à différents égards. Nous avons beaucoup parlé à l'automne de la forte augmentation des taux des mois précédents comme d'un élément qui augmentait la probabilité d'une récession. Nous serions donc incohérents ou malhonnêtes si nous ne disions pas que cette baisse des taux réduit maintenant un peu ce risque.
En d'autres termes, les conditions financières sont aujourd'hui plus faciles qu'il y a quelques mois et c'est quelque chose qui aide l'économie. Nous pensons toujours qu'il y a suffisamment de freins pour qu'une récession demeure plausible. D'un point de vue historique, lorsque les taux augmentent autant et lorsque les banques centrales augmentent les taux autant sur une courte période, on assiste généralement à une récession.
Je reviendrai sur ce point plus en détail ultérieurement. Nous pouvons tout de même nous réjouir que les rendements aient baissé et qu'ils exercent un peu moins de pression sur les bilans des ménages, sur les entreprises et sur l'économie en général.
Il est désormais clair que les marchés évaluent la probabilité d'une récession à un niveau nettement inférieur. Cela se voit à la façon dont le marché boursier a grimpé en flèche et dont les prévisions de bénéfices sont assez bonnes en ce moment.
Si les marchés semblent avoir réduit la probabilité d'une récession, les économistes, eux, ne l'ont pas autant fait. Il est intéressant de noter que le consensus des économistes sur la probabilité d'une récession n'a pas beaucoup évolué. Il s'agit ici d'un graphique assez chargé, avec de nombreuses couleurs qui évoluent dans toutes sortes de directions. Mais il s'agit essentiellement des prévisions consensuelles de récession pour divers pays.
À l'exception peut-être du Japon et de la Chine, la majorité de ces pays se voient attribuer une probabilité de récession de 40, 50, 60, voire 70 ou 80 %. Ce sont des probabilités élevées. Difficile d’aller plus haut.
Les économistes continuent de penser qu'une récession est plus probable qu'improbable dans la plupart des cas, et ils ne sont pas si nombreux à avoir revu leurs estimations à la baisse. Nous étions dans une position où nous pensions que la probabilité était plus élevée que ce que pensait le marché, mais je dirais que nous sommes maintenant dans une position où nous sommes probablement un peu plus proches du consensus des économistes.
Il n’en reste pas moins un curieux décalage entre ce que disent les économistes et ce que pensent les marchés. J’ai beau être économiste moi-même, je ne peux pour autant affirmer que les économistes ont raison. Les marchés sont eux aussi très intelligents. Ils se sentent un peu mieux à ce sujet. Mais nous demeurons plus prudents par rapport à ce que le marché évalue.
Nos deux principaux scénarios macroéconomiques pour les États-Unis en 2024. Alors que nous réfléchissons à l'avenir et à la voie à suivre pour la prochaine année, même si notre scénario de base est une récession — ce que l'on pourrait appeler un atterrissage brutal — je continue de croire en la dynamique des probabilités et de réfléchir aux scénarios qui s’offrent à nous. Les données ont beau aller dans tous les sens, quand on entre dans les détails, les deux scénarios les plus probables demeurent un atterrissage en douceur — où l'on évite la récession, mais où demeure une certaine faiblesse économique en raison des taux encore élevés — et un atterrissage brutal, c'est-à-dire une récession.
La différence entre les deux n'est peut-être pas aussi grande qu'on pourrait l'imaginer, car notre scénario d'atterrissage brutal prévoit une récession plutôt légère, et non d'une récession profonde. On parle d'une récession assez légère, assez courte, dont on pourrait se remettre assez rapidement. Mais la différence existe tout de même. Historiquement, les marchés n’aiment pas les récessions ou les atterrissages brutaux. On peut donc imaginer qu'il y aurait un certain recul des actifs à risque dans ce scénario.
Les raisons pour lesquelles nous pensons que ces deux scénarios sont viables. Dans le cas d’un atterrissage en douceur, il est indéniable que l'économie américaine, en particulier, a tout simplement refusé d'abandonner. Cela n’a rien de scientifique, mais nous avons observé une croissance surprenante tout au long de l'année dernière, alors que beaucoup s'attendaient à une récession. C'est indéniable. Et il semble qu'il y ait toujours un bon niveau de dynamisme.
Comme je l'ai mentionné il y a un instant, les taux d'intérêt ont un peu baissé au cours des derniers mois et il s’agit là d’un coup de pouce pour l'économie. La Réserve fédérale se montre plus optimiste, moins inquiète de l'inflation, laquelle s'est bien comportée. Elle veut maintenant se concentrer davantage sur la poursuite de la croissance économique. Et il s’agit là d’une idée prometteuse.
On pourrait dire que le «Fed put» est de retour. Historiquement, lorsque l'économie se porte mal, les banques centrales se précipitent à la rescousse et minimisent l'ampleur des dégâts. Et cette fois-ci, on ne pensait pas, par la suite, assister à un relâchement de la part de la Fed, parce qu’elle semblait vouloir demeurer concentrée sur la lutte contre l'inflation, tolérant par le fait même la faiblesse de l’économie.
Mais l'inflation diminue suffisamment pour qu'elle puisse se reconcentrer sur l'économie et l'aider un peu en réduisant les taux au moment opportun. Cela plaide donc potentiellement en faveur d'un atterrissage en douceur.
De même, il s'agit d'une sorte de choc de confiance positif. Les gens sont très enthousiastes. Les marchés ont beaucoup progressé ces derniers mois. Et le simple fait de se sentir mieux, voire de penser qu'une récession est moins probable rend justement celle-ci moins imminente parce que les gens se comportent de manière plus confiante et dépensent davantage.
Je le répète, l'atterrissage en douceur est un scénario parfaitement concevable. Il est plus probable qu'il y a quelques mois. Nous lui donnons 40 % de chances.
Le scénario de l'atterrissage brutal ou de la récession conserve 60 % de chances de se réaliser. Pourquoi croyons-nous toujours qu’il s’agit de l'issue la plus probable ? Nous avons eu droit à un nombre impressionnant de hausses de taux au cours des derniers mois et cela continue à se produire. La hausse des taux intervient avec un décalage important. Historiquement, c'est à peu près à ce moment-là que l'on commence à ressentir le maximum de douleur, et nous ne sommes donc pas en retard pour cette souffrance. Elle est toujours au rendez-vous.
De nombreux signaux classiques de récession sont encore bien réels. Nous reviendrons plus tard sur certains d'entre eux, notamment les courbes de rendement inversées et d'autres éléments de ce type qui, historiquement, ont précédé une récession. Nos travaux sur le cycle économique, comme je l'ai mentionné précédemment, ne sont pas nouveaux et ils indiquent que nous sommes probablement à la fin d'un cycle.
Les économies internationales, comme nous l'avons mentionné, sont déjà très faibles. Elles ne progressent plus. Il s'agit d'une véritable souffrance qui s'accumule. Le soutien de la politique budgétaire et des dépenses de consommation chez les américains est peut-être le billet gagnant qui a permis à leur économie de surpasser presque toutes les autres en 2023. Nous pensons que ces éléments vont s'estomper en 2024 et nous allons commencer à voir des données économiques un peu plus faibles, simplement en termes de tendance.
Là encore, nous pensons qu'un atterrissage brutal est plus probable. Mais l'équilibre des risques s'est un peu modifié et nous sommes moins convaincus qu’il s’agit là de la seule issue possible.
Poursuivons en célébrant quelques développements positifs en matière d'inflation.
L'inflation mondiale avait chuté, puis a légèrement rebondi, mais elle rechute à nouveau. L'inflation semble bien meilleure qu'il y a un an ou deux. Nous sommes passés d'une inflation de 8, 9 et même 10 % dans les pays développés. Nous vivons aujourd'hui dans un monde où l'inflation est plutôt de l'ordre de 2, 3 ou 4 %.
Cela reste plus élevé que l'idéal et ne correspond pas encore à l’objectif de 2 % que recherchent de nombreux pays. Mais il y a eu beaucoup de progrès. Nous avons connu un ralentissement à la fin de l'été et au début de l'automne, lorsque les prix du pétrole étaient en hausse.
Depuis, ceux-ci ont baissé et l'inflation a commencé à se stabiliser quelque peu. Signalons que lorsque les chiffres de l'inflation de décembre sortiront en janvier — car il faut du temps pour que ces chiffres sortent — nous pensons qu'ils pourraient être un peu moins favorables.
Mais en général, la tendance est bonne. D'une manière générale, nous pensons que l'inflation peut encore s'améliorer, si l’on suit la tendance.
La baisse des prix du pétrole favorise l'inflation et la croissance mondiale. La baisse des prix du pétrole est très utile. Nous sommes passés d'un prix du pétrole West Texas qui approchait les trois chiffres à l'automne à quelque chose comme 70 dollars le baril à l'heure actuelle, ce qui représente une énorme amélioration.
Il faut rappeler que le pétrole était à 130 dollars le baril à son pire moment, au début de la guerre en Ukraine. Et nous sommes maintenant très loin de ces niveaux. Les prix du gaz nous aident donc un peu.
La tendance à l'inflation devient beaucoup plus favorable. Examinons la tendance générale. Ce graphique est très chargé, mais les couleurs sont révélatrices. On remarque beaucoup plus de vert et peut-être un peu moins de rouge et d'orange foncé dans la colonne de gauche.
Voici la tendance sur douze mois d'un grand nombre d'indicateurs de l'inflation aux États-Unis. Sur une base annuelle, on peut y voir encore beaucoup de chiffres de 3 et 4 % et même de 5 %. D’une année sur l'autre, l'inflation demeure encore beaucoup trop élevée.
Il vaut peut-être mieux de regarder les chiffres sur une base de trois mois, soit la deuxième colonne en partant de la gauche. On commence à voir des chiffres de l'ordre de 2 %, mais essentiellement, il s’agit encore d'un monde à 3 %.
Il y a encore du travail à faire. L'inflation des services doit encore baisser et l'inflation des logements n'est pas tout à fait là où nous voudrions qu'elle soit, comme vous pouvez le voir ici en bas. Nous constatons des progrès mais pensons que d'autres sont encore nécessaires.
Je résume en disant que nous sommes légèrement optimistes quant à la capacité de l'inflation à continuer à se stabiliser. Peut-être pas précisément à 2 %. Il s'agit d'un long parcours qui aurait pu s'avérer encore plus difficile, mais nous ne restons pas bloqués à 3 % et plus.
Les inquiétudes concernant la chaîne d'approvisionnement augmentent à nouveau en raison de la perturbation en mer Rouge — risque d'inflation et risque économique. Comme je l'ai déjà mentionné, les questions relatives à la chaîne d'approvisionnement deviennent un peu plus préoccupantes. Par ailleurs, tout le monde surveille les rebelles houthis au Yémen, mais il devient également de plus en plus difficile pour les navires de traverser la mer Rouge, l'une des principales routes maritimes entre l'Asie et l'Europe, ce qui n'est pas sans conséquence. Vous pouvez voir ici que le coût du transport maritime a augmenté. C'est un fait notable.
Je dois dire que ce n'est pas la seule mesure concernant le transport maritime, mais les autres sont moins révélatrices. Mais il est nécessaire d’intégrer dans nos chiffres ces complications au niveau de la chaîne d'approvisionnement, lesquelles perturbent quelque peu la tendance de l'inflation à court terme. Mais nous ne croyons pas qu'il s’agisse d'une situation permanente.
Les coûts du logement au Canada, s’ils divergent, s'avèrent néanmoins résistants. Permettez-moi de faire un commentaire rapide sur les coûts du logement dans un contexte canadien. Les frais de logement ont été une partie plus sensible du panier de prix de l'inflation pour de nombreux pays, avec de nombreux décalages intégrés dans le système. Je dirais que cela s'avère particulièrement délicat au Canada, pour quelques raisons.
- Les prix de l'immobilier coopèrent. La ligne bleu clair montre que les prix des logements sont effectivement en baisse. La composante qui apparaît dans l'IPC (indice des prix à la consommation) est donc en baisse. Cela favorise l'inflation.
- Les deux autres éléments compliquent la situation. Vous voyez ce qui correspond aux loyers en bleu foncé. L'inflation des loyers continue de résister, non pas de façon extrême, mais à plus de 5 %. C'est considérable.
On peut imaginer que les personnes qui ont un prêt hypothécaire et qui louent leur appartement voient leurs paiements hypothécaires augmenter considérablement. Les loyers augmentent eux aussi considérablement. Et avec la croissance démographique que connaît actuellement le Canada, il y a tout simplement une pénurie de propriétés disponibles. Cela n’arrange pas les choses.
Il n'est pas certain que la situation s'améliore à court terme. Je pense qu'une récession pourrait changer la donne. Je ne vois pas quoi d’autre pourrait le faire.
- Ensuite, bien sûr, il y a cette composante particulière qu'est le coût des intérêts hypothécaires. Par définition, comme les taux d'intérêt ont augmenté, les coûts des intérêts hypothécaires ont augmenté aussi. Cela contribue donc à l'inflation. Il s’agit d’un cercle vicieux bien particulier dans lequel la Banque du Canada tente de réduire l'inflation en augmentant les taux. Pourtant, cette curieuse composante de l'IPC augmente davantage, au lieu de diminuer.
Il s'agit donc d'un cercle vicieux. L'augmentation des taux d'intérêt atténue les autres composantes de l'inflation, mais pas celle-ci.
Le problème, c'est que même si la Banque du Canada a fini d'augmenter les taux — et c'est probablement le cas — et même si elle commence à les réduire cette année — c'est aussi probablement le cas —, il faudra un certain temps pour que l’immobilier baisse à son tour, parce que beaucoup de Canadiens n'ont pas encore transféré leur hypothèque à un taux plus élevé. Je pense donc que les chiffres resteront élevés pendant un certain temps.
Par conséquent, les frais de logement au Canada ne sont pas encore réglés. Il s’agit là d’un exemple de la façon dont l'inflation pourrait rester plus élevée que la normale pendant un certain temps. Mais, encore une fois, pas nécessairement à un taux de plus de 3 %.
D’accord, quittons l'inflation et intéressons-nous à l'économie.
J'ai parlé de la possibilité d'un atterrissage en douceur. Je veux maintenant changer de registre et soulever d’autres éléments qui ne vont pas aussi bien et qui expliquent pourquoi, en fin de compte, nous nous attendons toujours à une récession, quoiqu’avec moins de conviction.
La hausse des taux commence à se faire sentir. L’économie commence à souffrir. Ce graphique montre les taux d'impayés des cartes de crédit aux États-Unis.
On constate une augmentation notable des prêts sur cartes de crédit en souffrance, tant les nouveaux que ceux de 90 jours ou plus. Pendant un certain temps, nous avions constaté une augmentation du taux d'impayés à 30 jours, mais elle ne se répercute pas vraiment sur le taux d'impayés à 90 jours. Les gens effectuaient un paiement, mais peut-être avec 45 jours de retard.
La ligne bleue augmente également. Les consommateurs sont sollicités de tout côté. Nous pensons que cela diminue leur capacité à dépenser.
La contraction de l'activité manufacturière mondiale n'est pas seulement en cours, elle est déjà la plus longue depuis un quart de siècle. Examinons les indices de l'activité manufacturière mondiale, les indices PMI, ou indices des directeurs d'achat. Il s'agit d’un graphique un peu particulier. Je l'aime bien, mais il nécessite quelques explications.
La raison pour laquelle ces pyramides ou ces triangles paraissent si bien formés est qu'ils représentent le nombre de mois pendant lesquels ces indices manufacturiers sont en mode d'expansion par rapport au mode de contraction. Par définition, il s'agit d'un triangle ascendant ou descendant jusqu'au moment de franchir le seuil de 50, soit la croissance depuis le déclin.
La plupart du temps, ces indices enregistrent des secteurs manufacturiers en croissance, tout comme les économies passent la majeure partie de leur temps à croître. De temps à autre, un triangle pointe vers le bas. C'est la situation dans laquelle nous nous trouvons depuis un certain temps. En fait, je peux dire que cela fait maintenant plus d'un an que le secteur manufacturier mondial est en déclin.
Il s’agit d’un record qui remonte à un quart de siècle, lorsque les données ont commencé à être collectées, et qui témoigne d'une situation inhabituelle d’un certain degré de faiblesse économique. J'hésite à dire que cela signifie qu'une récession est imminente — ou l’était à d’autres moments — mais le simple fait que le secteur manufacturier soit faible suggère que le risque de récession est élevé. Cela me semble logique.
Bien sûr, les optimistes diront que cela fait plus d'un an que l'économie se contracte sans pourtant aboutir à une récession. Peut-être que l'économie est tellement résistante à d'autres égards que cela ne se produira pas. Je dirais que c'est un bon argument. C'est pourquoi nous pensons qu'il existe des scénarios dans lesquels l'économie continue de croître et d'autres dans lesquels elle ne croît pas.
Pour faire simple, disons que les fabricants souffrent en ce moment et que ce n'est pas bon pour l'économie. Je vais m'en tenir à ça.
Si l’on se fie à l’histoire, les cycles monétaires annonceraient une récession au printemps 2024. Lorsque nous parlons de cycles historiques de resserrement monétaire — et ne vous sentez pas obligés de mémoriser toutes ces dates — il s'agit d'une preuve supplémentaire ou d'une munition de plus pour étayer ce que je suis sur le point de dire.
Quand on regarde l'histoire aux États-Unis, lorsque la banque centrale commence à relever les taux, combien de temps s'écoule-t-il avant qu’une récession ne se produise ? Car plus souvent qu’autrement, une récession s'ensuit. La première colonne de chiffres montre une large fourchette. L'écart entre la première hausse des taux d'intérêt et la récession est très variable. L'expérience médiane est un écart de 27 mois entre la première hausse et la récession.
Si vous vous posez la question, pour le cycle actuel, cela signifierait juin 2024, si la logique se maintient cette fois-ci.
Mentionnons également qu'il semble que les banques centrales en aient fini avec les hausses de taux. Elles parlent même de réductions à ce stade. Et si on a donc vu le pic des hausses, quel est le délai normal entre l'atteinte du pic et la récession ?
Réponse : avec des variations considérables, la médiane est de neuf mois. Si l'on calcule ce délai à partir du moment où la Fed a cessé de relever ses taux au début de l'automne 2023, cela nous amène à avril 2024.
La conclusion est que nous ne sommes pas en retard. Normalement, il n'y a pas de récession au cours de l'année ou des deux années qui suivent le début de la hausse des taux.
Selon cette logique, nous pourrions connaître une récession au printemps de cette année. Cela correspond à nos prévisions actuelles, mais il n'y a pas de garantie puisque des épisodes ont eu lieu par le passé où la hausse des taux n'avait pas provoqué de récession. C'est généralement le cas, mais pas toujours. Des épisodes ont eu lieu où le timing avait été très différent.
Mais il s'agit là d’une tendance forte qui nous incite à être très attentifs aux deux prochains trimestres.
Les économies autres que l’américaine flirtent déjà avec la récession. Comme je l'ai déjà mentionné, il s’agit des économies autres que l’économie américaine, dont le Royaume-Uni. Depuis le milieu de l'année 2022, l'économie britannique n'a pas connu de performances normales. Vous pouvez voir ces barres se rétrécir.
Les taux de croissance ne sont plus élevés, ni même normaux. Une croissance normale serait de plus de 2 %. Il y avait bien eu une croissance impressionnante pendant un temps, lorsque le Royaume-Uni s'est remis de la pandémie, mais on peut constater que l'économie britannique n'évolue plus et qu’elle a connu deux trimestres de déclin, ou en tout cas, deux trimestres de croissance quasi nulle ou carrément anémique.
Le quatrième trimestre 2023 s’annonce négatif pour le Royaume-Uni. Techniquement, il s'agirait donc de deux trimestres négatifs consécutifs. Certains appellent cela une récession technique. Ce n'est pas mon cas, mais je reconnaîtrais certainement une faiblesse et je suggérerais que tout ne va pas bien au Royaume-Uni. La situation est très similaire en Europe.
On peut aussi dire que la situation n'est pas très différente au Canada.
L'économie canadienne continue d’en arracher. Voici le profil trimestriel canadien du PIB. Vous pouvez constater que la croissance est inférieure à ce que nous avions l'habitude de voir —inférieure à la normale, pour l'essentiel, au cours de l'année écoulée — et qu'elle a baissé pendant deux trimestres. Et le prochain trimestre que nous suivons pourrait être plat.
Le Canada ne connaît donc pas de croissance fiable à l'heure actuelle.
Je le répète, l'expérience est différente aux États-Unis. Ils ont bénéficié récemment de mesures de relance budgétaire plus importantes, de dépenses de consommation plus enthousiastes et d'une moindre sensibilité à la hausse des taux d'intérêt. Tout cela a permis à l'économie américaine de se maintenir.
Nous pensons cependant qu’elle aussi va finir par s'essouffler. Mais il est encore plus certain d’affirmer que le reste du monde développé s’essouffle déjà et qu'il est encore plus susceptible de succomber à une véritable récession.
Les signaux de récession indiquent principalement «oui» ou «peut-être». Nous ressortons cette diapositive tous les deux mois. Je vais donc la répéter sans entrer dans les détails. Il s'agit d'une liste des outils heuristiques que nous utilisons et de ce qu'ils disent sur la probabilité d'une récession. Nous sommes toujours dans une position assez inhabituelle, puisque plus de la moitié de ces heuristiques seraient déjà déclenchées, selon ce graphique.
Elles nous disent que, oui, une récession est plus probable qu'improbable. On y voit un certain nombre de «peut-être». On y voit un «non». La plupart de ces réponses devraient être des «non», la plupart du temps, mais même ces «peut-être» indiquent qu'il existe un risque de récession élevé par rapport à la normale à l'heure actuelle.
Là encore, nous estimons à environ 60 % la probabilité d'une récession au cours de l'année à venir. En regardant ce tableau, on aurait pu croire à un chiffre encore plus élevé, mais il y a d'autres facteurs à prendre en compte, et c'est pourquoi nous parlons d'un risque de 60 %.
La carte de pointage du cycle économique indique qu’il est déjà bien avancé. Je vous montre ce tableau qui représente notre travail sur le cycle économique. C'est la première fois que nous le voyons ainsi. La raison de ces barres et de tous ces points du cycle économique est que nous demandons à une centaine de variables d’évaluer où nous en sommes dans le cycle, et il semble qu'elles ne soient pas du tout d'accord entre elles.
Certaines variables pensent que nous sommes au début du cycle, mais elles ne sont pas nombreuses. Cependant, la façon de lire ceci est de regarder quelles barres sont les plus hautes. Vous voyez que l'on peut débattre de la question de savoir si nous sommes à la fin du cycle. S'agit-il déjà d'une récession ? S'agit-il simplement d'une fin de cycle ? Mais la grande majorité des votes, ou les barres les plus hautes se situent toutes à la toute fin du cycle.
Nous pouvons donc affirmer en toute confiance qu'il s'agit d'un cycle avancé. Nous ne pourrions pas dire avec précision s'il va s'effondrer demain ou dans six mois ou à un autre moment, mais il s’agit d’un cycle qu’on pourrait dire assez vieux.
Il y a donc un risque important qui existe là aussi.
Voyons ce qu'il en est. Nous sommes au début de l'année 2024 et, selon le moment où vous l'entendez, certaines de ces choses se sont peut-être déjà produites. Pour la plupart, cependant, parlons d'un futur imminent.
Prochains événements politiques à surveiller. Le calendrier du mois ou des six semaines à venir est chargé, sinon d'un point de vue économique, au moins d’un point de vue politique.
Tout d'abord, le processus d'investiture du parti républicain américain pour l'élection présidentielle est sur le point de commencer. Le caucus de l'Iowa a lieu le 15 janvier. Celui du New Hampshire débute le 22 janvier; celui du Nevada, le 6 février. Nous allons donc commencer à nous faire une idée de la situation.
Le consensus veut que l'ancien président Trump ait toutes les chances de remporter ces caucus. La question est de savoir qui arrivera en seconde position. Commencerons-nous à voir se consolider un soutien suffisant autour d'un candidat secondaire pour, en théorie, détrôner Trump ? Il s'agit d'une question hautement spéculative. Impossible de savoir pour l’instant.
Pour l'instant, Haley et DeSantis sont les deux candidats les plus évidents pour cette deuxième place. Nous verrons s'il y a une consolidation du soutien autour d'eux. Il pourrait s'agir d'un soutien plus modéré. Cela reste à voir. Mais cela devrait s'avérer très intéressant.
Dans le contexte budgétaire américain, vous vous souviendrez que des fermetures du gouvernement ont presque eu lieu aux États-Unis, à quelques reprises au cours des derniers mois. Le prochain risque de ce genre arrive le 19 janvier, puis le 2 février. Différents volets du budget expirent à ces dates, et une partie du gouvernement pourrait s’en trouver fermée.
Il y a là un risque. Ce serait, bien sûr, mauvais pour l'économie, mais il s'agirait d'une situation temporaire. Nous supposons qu'elle sera évitée, comme cela a été le cas à l'automne. Les politiciens avaient réussi à l’éviter à quelques reprises. Personne ne tient à ce genre de gâchis au cours d'une année électorale.
Bref, nous supposons qu'il n'y aura pas de fermeture, mais le risque existe.
Point à souligner, quelques élections internationales à venir à court terme pourraient s'avérer déterminantes. L'une d'entre elles est celle de Taïwan, qui aura lieu le 13 janvier. Nous le mentionnons en raison des frictions qui existent entre la Chine et les États-Unis en ce qui concerne Taïwan.
À ce stade, le parti au pouvoir est favorisé, mais il est possible qu'un parti plus favorable à la Chine soit élu, ce qui pourrait avoir l’effet de réduire les tensions au lieu de les augmenter. Mais nous verrons ce qui se passera.
Et puis pour l'Indonésie, c'est le 14 février, une élection de la Saint-Valentin. L'Indonésie est le quatrième moteur de la croissance mondiale, on l’oublie souvent. Il s’agit d’une économie fort importante à l’échelle mondiale. Nous devons donc être attentifs à ce qui se passe là-bas.
Le parti au pouvoir est favorisé. Les mandats étant limités, le président sortant ne pourra se représenter. Cependant, son fils est le candidat à la vice-présidence et il semble qu'il ait toutes les chances de l'emporter. Il est donc probable que l'Indonésie suivra une voie politique similaire à l'avenir.
Les élections américaines de 2024 approchent. Je terminerai par quelques réflexions sur les élections américaines. Elles approchent à grands pas. Elles auront lieu en novembre de cette année. Nous avons trois façons différentes d'évaluer — dans un scénario Trump contre Biden — qui pourrait remporter ce face-à-face. Ils sont considérés comme les candidats les plus probables de leurs partis respectifs.
À ce stade, Trump savoir avoir une légère avance selon trois mesures différentes. La première est basée sur les sondages. Deux sont basées sur les marchés de paris. L'un d’eux est le marché académique, l'autre est un marché de paris financiers. Tous ces indicateurs donnent une légère avance à Trump. Il y a donc une chance très réelle que le président Trump obtienne un second mandat.
Mais j’insiste pour dire que c’est encore très serré et qu'il est encore tôt. Ces prévisions peuvent changer cent fois au cours des onze prochains mois avant l'élection. Mais il semble que Trump menace de l’emporter, alors que l'on aurait pu penser le contraire suite à sa défaite contre Biden il y a trois ans — le président sortant jouissant généralement d'un avantage important.
Bref, Trump représente un candidat sérieux.
Aperçu de la plate-forme électorale américaine. Je vous montre ce tableau. Appuyez sur pause si vous voulez l'étudier en détail, car je n’ai pas quinze minutes à passer là-dessus. Certes, ces programmes seront étoffés au cours des prochains mois et nous en apprendrons davantage.
Nous aurons peut-être aussi une meilleure idée de la manière dont le Congrès sera formé. On le sait bien, vous avez beau être président, si le Congrès ne vous est pas favorable, vous ne pourrez pas mettre grand-chose en œuvre. Je souligne qu'il ne s'agit là que d'aspirations de ces candidats, et non de réalisations certaines. Mais quelques points sont importants.
Si Biden obtient un second mandat, il a parlé d'un taux d'imposition plus élevé pour les entreprises de même que pour les mieux nantis. Il a évoqué des lois antitrust plus strictes, peut-être au détriment des entreprises technologiques. Il a parlé de renforcer la réglementation, dans une certaine mesure, et peut-être d'augmenter le salaire minimum.
De son côté, et dans une direction opposée, Trump parle de réduire l'impôt sur les sociétés, de réduire les dépenses publiques et d'assouplir la réglementation des banques. Il réclame une baisse des taux d'intérêt, bien que plus modérée que lors de son premier mandat.
Les divergences commerciales sont également nombreuses. Ni l'un ni l'autre n'aime beaucoup la Chine, mais Trump serait probablement plus hostile à elle et plus enclin à imposer des droits de douane ailleurs également.
En ce qui concerne les affaires étrangères, Joe Biden soutient l'Ukraine, Israël et Taïwan. En ce qui concerne Trump, pas de réel changement du côté d'Israël, mais moins de soutien pour l'Ukraine et Taïwan, selon toute vraisemblance.
En ce qui concerne l'immigration, tous deux parlent de réduire l'immigration illégale, mais Biden veut la remplacer par davantage d'immigration légale. Trump est plus généralement anti-immigration à ce stade, bien qu'il ait pris la peine de parler d'un système basé sur le mérite.
En ce qui concerne l'environnement, parlons de la loi sur la réduction de l'inflation, qui contient de nombreuses mesures d'incitation en faveur de l'environnement. Cette loi prend l’allure d’une industrie aux États-Unis et Trump a parlé de l'éliminer, ce qui serait pire pour l'environnement.
- Biden a également parlé d'un ajustement frontalier du carbone, l'idée étant que, si vous importez des produits en provenance de pays sans taxe sur le carbone ou de pays très polluants, vous auriez à ajouter votre propre taxe sur le carbone pour que la concurrence avec les entreprises nationales soit équitable. L'Europe s'est déjà engagée dans cette voie.
En résumé, Biden, comme on peut s'y attendre, en tant que président sortant, serait plus favorable au statu quo. Il pourrait se montrer un peu moins favorable aux entreprises, selon la théorie standard des Démocrates versus les Républicains. Sur le plan fiscal, il pourrait se montrer plus expansif, comme il a été enclin à dépenser beaucoup au cours des trois dernières années.
Trump, quant à lui, pourrait représenter un atout à court terme pour les investisseurs dans la mesure où il cherche à moins réglementer les banques et abaisser les taux d'intérêt et les taux d'imposition. Autant de facteurs que les investisseurs ont tendance à apprécier.
Mais on ne sait si toutes ces mesures seraient effectives à court ou à moyen terme. On le voit, les différences sont importantes en matière de commerce, d'affaires étrangères, d'immigration et de politique environnementale, et probablement aussi en matière d'expansion fiscale.
Aucun des deux candidats à la présidence ne semble s'inquiéter des déficits. À mon avis, ils devraient commencer à s’en préoccuper au cours des prochaines années, mais aucun des deux ne se sent très contraint par les réalités budgétaires à l'heure actuelle. Même si l'un préfère dépenser et l'autre réduire les impôts, cela revient un peu au même en matière de déficit.
Je pense qu'il serait juste de dire et de conclure qu'une présidence Trump serait moins prévisible. Cela me semble plus difficile de comprendre où il veut aller et il y a peut-être plus de risques associés à cela.
Je terminerai ici. C’est l’endroit idéal pour le faire. J'espère que vous aurez trouvé cela utile.
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