Les élections occupent l’esprit de notre économiste en chef dans la webémission de ce mois-ci. Comme il le dit, les élections se déroulent actuellement dans le monde entier, avec beaucoup de plaisir et de jeux. Il examine les répercussions économiques des changements de gouvernement à travers le monde, notamment dans les régions suivantes :
des marchés émergents comme l’Afrique du Sud, l’Inde et le Mexique
l’Europe et le Royaume-Uni
les États-Unis
Eric Lascelles se penche ensuite sur les données économiques américaines et canadiennes (y compris l’inflation) et fait le point sur les réductions de taux d’intérêt. Il termine par une analyse des nouveaux médicaments amaigrissants et de leurs conséquences, au-delà de leur effet sur le poids. Tous ces sujets et plus encore sont abordés dans cette webémission sur l’économie.
Durée : 41 minutes, 14 secondes
Transcription
Bonjour et bienvenue à notre webinaire économique mensuel. Je m'appelle Eric Lascelles et je suis l'économiste en chef de RBC Gestion mondiale d'actifs. Comme toujours, je suis heureux de partager avec vous nos dernières réflexions économiques. Commençons par le titre: Les élections en point de mire. Par ailleurs, disons-le, il se passe beaucoup de choses dans le monde en ce moment.
Nous aurions pu choisir un grand nombre de titres. Nous aurions pu nous en tenir aux thèmes que nous avons abordés ces derniers mois, à savoir les atterrissages en douceur, l'économie toujours en vie, etc. Ces affirmations sont toujours d'actualité, soit-dit en passant, mais il faut reconnaître que nous vivons une période où un grand nombre d'élections se profilent à l'horizon, et certaines très bientôt.
Nous allons donc passer un peu de temps à en parler. Mais ce n'est pas le seul sujet que nous aborderons aujourd'hui.
Le bulletin de notes. Commençons par le bulletin de notes comme nous le faisons toujours. Jetons un coup d'œil sur les thèmes positifs pour commencer, puis sur les thèmes plus négatifs et sur les thèmes simplement intéressants qui défient les deux catégories précédentes.
Je souligne que la liste, si elle n’est pas très longue, comporte des points importants. Le premier est que l'inflation américaine a de nouveau baissé en mai. Au cours des premiers mois de l'année, nous avions observé des tendances inflationnistes regrettables, en particulier aux États-Unis.
Le mois d'avril s'est légèrement amélioré. Les données du mois de mai ont ensuite été bien meilleures, et j'en parlerai plus en détail dans un instant. Mais cela a permis de dissiper une grande partie des craintes concernant l'inflation. Cela a également créé, comme je l'expliquerai dans un instant, la possibilité d'une nouvelle baisse des taux, ce qui est essentiel pour les perspectives économiques.
La croissance économique se maintient. Je le dis parce que c’est vrai, mais permettez-moi de mentionner qu’elle s'est un peu ralentie. Et bien sûr, cela fait partie des thèmes négatifs. Mais je ne veux pas perdre de vue que la croissance économique est toujours au rendez-vous.
Il n'y a pas de récession en vue pour le moment, pour autant que nous puissions le dire. Nous continuons à penser qu'un atterrissage en douceur, c'est-à-dire l’option d’une économie qui continue de croître, est une option plus probable qu’un atterrissage brutal. Il s’agit du même point de vue que nous avons eu depuis le début de 2024.
Par ailleurs, comme je l'ai dit, les banques centrales ont commencé à réduire les taux d'intérêt. Au cours du mois dernier, la Banque du Canada et la Banque centrale européenne ont procédé à leurs premières baisses de taux. Auparavant, la Suisse et la Suède, ainsi qu'un certain nombre d'autres banques centrales des marchés émergents, avaient également réduit les leurs.
Les États-Unis ne font pas encore partie du lot, mais on s’en rapproche.
Quoi qu'il en soit, il semble que nous entrions dans une période de baisses de taux, et c'est important car les taux d'intérêt élevés sont le principal frein à la croissance économique.
En ce qui concerne les aspects négatifs, ne vous attardez pas trop au nombre de points.
Cinq points contre quatre ne signifie pas que les choses vont moins bien dans le monde, tandis que certains points négatifs ne sont que des variations de ce que je viens de mentionner.
Je l’ai dit, les économies continuent de croître, mais l'activité économique ralentit. Nous assistons donc à un ralentissement de la croissance. C'est aux États-Unis que ce phénomène est le plus évident, alors que le pays partait d'un point de départ particulièrement fort.
Mais nous constatons un léger ralentissement en Europe, au Japon et dans certains autres pays, bien que ce ralentissement nous paraisse relativement bénin dans l'ensemble.
Malgré ces baisses de taux d'intérêt, ceux-ci sont encore très élevés et il est probable qu'ils le demeurent au cours de l'année à venir, même s'ils commencent potentiellement à baisser.
Ce vent contraire est bien présent, ainsi que la douleur que cela provoque. Même si un atterrissage en douceur nous parait l'issue la plus probable, nous ne pouvons pas exclure une récession. Nous voyons des signes de stress dans les ménages en raison des taux d'intérêt élevés. Nous voyons des signes de ralentissement de l'économie.
Elle devrait ralentir vers un taux de croissance raisonnable, mais on ne peut exclure complètement l'idée d'un ralentissement plus pernicieux.
Reconnaissons que les risques géopolitiques sont toujours importants. Qu'il s'agisse de guerres ouvertes entre la Russie et l'Ukraine ou au Moyen-Orient, ou de simples frictions entre les États-Unis et la Chine, ou encore des élections à venir, les événements ne manquent pas.
Et je dirais que les risques penchent un peu plus vers le négatif que vers le positif dans la façon dont ces questions pourraient être résolues.
On se réjouira de la baisse de l'inflation américaine. Je mentionnerai que les dernières données sur l'inflation canadienne sont allées dans la mauvaise direction. Elles ont été plus élevées que prévu.
Il faut dire que l'inflation canadienne s’était très bien comportée au cours des quatre derniers mois de l'année. Je ne pense donc pas qu'il faille accorder trop d'importance à ce mois qui pourrait être un accident de parcours. Nous pensons qu'il y a encore de la place pour une amélioration. Mais les chiffres canadiens n'ont pas été aussi coopératifs qu'on l'espérait. L'une des conséquences possibles est que le marché n'est plus aussi convaincu que la Banque du Canada réduise à nouveau ses taux en juillet.
Cela semble un peu moins probable qu'auparavant. Je dirais que la probabilité est peut-être même inférieure à 50% à l'heure actuelle.
Et puis, il y a des éléments intéressants qui n'entrent dans aucune des deux catégories. Tout d'abord, ce calendrier électoral chargé. Je vais cesser de vous titiller dans un instant.
Nous allons aborder ce sujet avec la prochaine diapositive.
À propos des consommateurs, des ménages et des prix des maisons au Canada, jetons un coup d'œil à leur situation.
Les défis sont nombreux, mais il semble que la majorité des ménages canadiens les relèvent assez bien.
Et puis, dans un tout autre ordre d’idée, les fameux médicaments pour la perte de poids.
Comment cela s'intègre-t-il dans une évaluation économique? Les progrès réalisés dans le domaine des médicaments amaigrissants sont si importants qu'ils commencent à avoir des implications non seulement sociétales, mais aussi économiques. Nous en parlerons à la fin. Voilà pour le menu d’aujourd’hui. Demeurez jusqu'à la fin. Je pense que ce sera intéressant.
2024, l'année des élections. Entrons dans le vif du sujet. Passons en revue tout ce qui se passe.
Une année d’élections, donc. Il s'agit de la plus grande fraction de la population mondiale à voter lors d'élections nationales dans l'histoire. Certaines ont déjà eu lieu. Il y a eu l'Indonésie, Taïwan, la Russie.
Plusieurs sont déjà passées. Certaines récentes ont eu des conséquences importantes. Parlons-en.
Du côté des marchés émergents, trois grandes élections ont eu lieu récemment: en Inde, en Afrique du Sud et au Mexique. Toutes ont réélu le parti sortant. Cela peut sembler ennuyeux et sans histoire, mais en réalité, dans les trois cas, les marchés n'ont pas été entièrement satisfaits.
Dans le cas de l'Inde, le parti au pouvoir a remporté un plus petit nombre de sièges qu'auparavant, soulevant ainsi la crainte qu’elle ne soit en mesure de mettre en œuvre toutes les réformes économiques souhaitées.
En Afrique du Sud, le parti de l'ANC, qui était au pouvoir depuis Mandela, soit depuis plus de trente ans, n'a pas obtenu la majorité.
L'ANC a dû s'associer à d'autres partis, soulevant des inquiétudes quant à la suite des choses. Et puis au Mexique, le parti sortant l’a remporté avec une plus grande marge encore, contrairement aux deux autres. Mais le marché n'était pas entièrement satisfait, car les politiques ne sont pas toutes favorables à l'économie. Dans tous les cas, les marchés ont été quelque peu déçus.
Cela dit, les inquiétudes se sont nettement estompées, du moins pour l'Inde et l'Afrique du Sud. Dans le cas de l'Inde, il semble que les réformes puissent se poursuivre, comme le souhaite le marché. En Afrique du Sud, il semble que le parti au pouvoir se soit associé à au moins un parti favorable aux entreprises et que la conduite des affaires se fera de façon satisfaisante.
Le Mexique, de son côté, continue de susciter quelques inquiétudes.
Je vous présente ici une analyse prospective, puisque j’enregistre ceci à la fin du mois de juin avant que les premières élections françaises n’aient lieu le 30. Vous connaîtrez donc probablement les résultats au moment où vous lirez ces lignes, mais je le mentionne. Les élections françaises se déroulent toujours en deux tours. On parle ici de l'élection de l'assemblée, et non l'élection présidentielle.
Le premier tour aura donc eu lieu le dimanche 30 juin. D'après les sondages, il semble que le parti au pouvoir ne soit pas favori. L'extrême droite, en particulier, ainsi qu’une coalition de partis à l'extrême gauche sont les plus susceptibles de tirer leur épingle du jeu.
Cela suscite une certaine inquiétude. L'euro s’en trouve un peu plus faible qu'il ne l'était avant l'annonce de ces élections.
Mentionnons qu’il s'agit d'une élection surprise. Les rendements des obligations françaises sont plus élevés et l'écart avec les rendements des obligations allemandes s'est considérablement élargi, ce qui exprime un certain niveau d'inquiétude. Sans parler d'un moment charnière pour les finances publiques françaises, cela demeure significatif dans la mesure où le déficit budgétaire français allait être de l'ordre de 6% du PIB avant cette élection.
Il s'agit d'un déficit important, même s'il n'est pas sans précédent. Les États-Unis sont encore plus mal lotis. La France n’est pas la pire, mais son déficit est énorme. Les principaux partis, autres que celui du gouvernement actuel, ont fait des promesses qui pourraient être coûteuses. Avec un déficit aussi élevé, certaines de ces promesses seront difficiles à tenir.
La notation de la dette française a été revue à la baisse il n'y a pas longtemps et les marchés sont nerveux. Le niveau d'inquiétude est élevé. Il est fort probable que le parti d'extrême droite remporte le plus grand nombre de sièges.
Un tel résultat ne sera pas unique dans le contexte européen. L'Italie et l'Irlande ont toutes deux élu des gouvernements non conventionnels dans un passé récent.
Dans les deux cas, un certain recentrage s’est opéré et on a dû reconnaître les limites de ce que la politique fiscale peut accomplir. Nous pensons donc qu'en fin de compte, tout ira bien. Mais il s’agit d’une source d'incertitude et d’un certain risque.
Il n’a jamais été question que la France quitte l'Union européenne, bien que certains aient parlé, en plaisantant, de Frexit.
Souvenez-nous du Brexit, qui a vu la Grande-Bretagne quitter l'Union européenne. Mais on ne s’attend pas à cela. Ce parti français d'extrême droite est peut-être eurosceptique, mais pas au point de vouloir se séparer de l'Union européenne. Je pense plutôt que certains termes de l'accord seront renégociés.
Par exemple, il est question que la France quitte l’union de l’énergie qui existe au sein de l'UE. L'Espagne, soit-dit en passant, s’en est déjà retirée.
Ce ne serait pas sans précédent. La France pourrait vouloir exercer des contrôles supplémentaires aux frontières. Il ne s’agit pas d’une pratique courante dans l'Union européenne, mais le Danemark et la Suède exercent tous deux des contrôles frontaliers supplémentaires. Il ne serait pas surprenant de voir apparaître des initiatives de ce genre.
À propos des élections britanniques qui ont lieu peu de temps après les élections françaises. En fait, les deux ont lieu presque simultanément, puisque dans le cas de la France, un deuxième tour aura lieu juste après, afin de couronner le gagnant.
Les élections britanniques du 4 juillet, donc, annoncent un véritable changement.
Le parti conservateur britannique, au pouvoir depuis quinze ans, est en voie de perdre lourdement. Le parti travailliste, demeuré à l'écart pendant ces quinze années, a toutes les chances de l'emporter.
Mais il ne faut pas s'attendre à de grands changements économiques immédiats. Le parti travailliste a promis de ne pas augmenter l'impôt sur les sociétés ou les individus, ni de faire de changements importants dans la première année. Je ne m'attends pas à de grands changements de ce côté.
Néanmoins, d'un point de vue économique, on parle d’un rapprochement économique avec l'Union européenne, peut-être par le biais d'accords commerciaux et autres initiatives, et sur un certain nombre d'autres fronts, sans pour autant annuler le Brexit dans sa forme actuelle.
Bien sûr, cela aurait des conséquences pour le Royaume-Uni qui semble en voie d’élire un gouvernement un peu moins favorable aux entreprises et à l'économie. Il faut en être conscient.
Je vous signale que les élections américaines auront lieu dans quatre mois environ.
Elles approchent à grands pas. La course est encore serrée entre Trump et Biden. Mais Trump est maintenant en tête, d'après les sondages et les marchés de paris, de même que dans les états qui pourraient basculer d’un côté comme de l’autre. Il faut en tenir compte et y prêter attention.
Et si Trump devait gagner, d’un point de vue strictement économique, on pourrait parler de tarifs douaniers supplémentaires, ce qui pourrait s’avérer négatif pour la croissance. Cela pourrait également augmenter l'inflation, ce qui n'est pas souhaitable. Bien sûr, d'autres éléments du programme de Trump pourraient plaire aux marchés, comme les réductions d'impôts et la déréglementation, même si de telles mesures nécessiteraient un vote du Congrès (fort incertain) ou d'autres mesures tout aussi incertaines.
Attendons-nous à de telles possibilités. Il est peut-être même temps de voir à préparer les portefeuilles à ce type de résultats politiques.
Rassurez-vous, vous n’avez pas manqué d'élections canadiennes. Elles sont censées avoir lieu en octobre 2025, ce qui n'est pas si loin. Mentionnons qu’une élection partielle au résultat surprenant vient d’avoir lieu. Un siège détenu par le gouvernement libéral, lequel l’emportait traditionnellement par une marge de trente points, est passé aux mains des conservateurs dans le centre-ville de Toronto.
Il s’agit d’une nouvelle tendance qui reflète les derniers sondages montrant que le public canadien penche fortement vers le parti conservateur et s'éloigne du parti libéral sortant.
Simple signal d’alarme. Beaucoup de choses peuvent changer, bien sûr, au cours des quinze ou seize prochains mois. Néanmoins, un risque important demeure qu'il y ait un changement de gouvernement au Canada, peut-être l'année prochaine.
Voilà une éventualité à laquelle il faut peut-être commencer à penser.
En conclusion, il y a plusieurs enjeux électoraux qui ont cours en ce moment ou qui vont se poursuivre au cours des prochains mois et peut-être au cours des prochaines années.
Passons maintenant à des sujets économiques plus traditionnels.
L'inflation américaine s'améliore enfin. Parlons de l'inflation. Voici la tendance à l'amélioration de l'inflation que j'ai mentionnée.
Il s'agit de l'évolution mensuelle des prix pour l'ensemble des produits, en bleu foncé, et pour l'inflation de base, en doré. Vous pouvez voir que ces barres et ces lignes sont orientées vers le bas, et c'est ce que nous voulons. Les pressions inflationnistes s'atténuent à nouveau après une période de pression plus intense au début de l'année.
Vous ne pouvez pas voir la barre bleu foncé du mois de mai parce qu'elle est à zéro. Les prix sont donc restés stables en mai. Il devrait y avoir une barre ici, mais comme elle est nulle, on ne la voit pas sur le graphique. Cela dit, il s'agit d'une amélioration significative.
Des données plus granulaires sur l'inflation confirment le ralentissement. En approfondissant un peu, toutes ces couleurs apparaissent. On peut détailler ce dernier rapport sur l'inflation américaine tant qu’on veut. Qu’on s’attarde à l'inflation globale, à l'inflation de base, à des mesures médianes, moyennes, ou plus extrêmes, ou même à des mesures alternatives de l'inflation comme le PCE de base (dépenses de consommation personnelle) et le PCE médian, et les tranches du bas, comme les biens par rapport aux services, par rapport au logement, par rapport à l'alimentation.
Dans tous les cas, on constate des améliorations générales. Tout semble s'être amélioré au cours du mois dernier par rapport à la tendance de l'année dernière et certainement par rapport à la performance des mois précédents. Vous remarquez qu'il reste une barre rouge dans la colonne de gauche. Il s'agit du logement. Toujours l’élément qui semble ralentir le moins vite.
Mais il y a des décalages dans ce domaine. La situation n'est pas aussi surprenante d'un mois à l'autre. Le rythme ne semble pas encore ralentir. Cela se fera avec le temps, compte tenu des décalages et de la stabilisation des prix de l'immobilier. Et bien plus tard, l’indice des prix à la consommation pour le logement devrait se stabiliser. Tout le monde n'achète pas une nouvelle maison ou ne loue pas un nouvel appartement tous les mois.
Il faut juste du temps pour que tout cela se mette en place. Nous sommes convaincus que cela peut exercer moins de pression à l'avenir, mais si ce n’est pas tout à fait le cas pour l’instant.
L'inflation des assurances commence enfin à baisser. Ces derniers mois, l'inflation dans le secteur de l'assurance a donné du fil à retordre. Nous en avons beaucoup parlé au cours des derniers mois.
La ligne bleu foncé représente l'inflation des assurances. La ligne dorée représente l'inflation globale. Vous pouvez donc constater que l'inflation des assurances a tendance à être beaucoup plus volatile. C'est le premier commentaire. Le deuxième est qu’elle a été très élevée ces derniers temps. Vous pouvez voir comment la ligne bleue à l'extrême droite est montée en flèche. Nous avons constaté une inflation de l'assurance de 20 à 25% d'une année sur l'autre, ce qui est énorme.
Mais la bonne nouvelle est que, historiquement, l'inflation des assurances est un indicateur tardif. On s'en rend compte en observant certaines tendances historiques. On observe un pic d'inflation générale en doré. Puis, au cours de l'année et demie qui suit, on voit l'inflation de l'assurance grimper en flèche. Le décalage existe parce que les gens sont coins dans des contrats d'assurance d'une durée d'un an.
Il faut du temps pour que ces contrats soient résiliés et que les nouveaux prix s'établissent. Dans certains cas, les prix des assurances sont réglementés par les gouvernements des provinces ou des États. Il faut du temps pour qu'ils autorisent des augmentations de prix plus importantes.
Tout ça pour dire qu’il y a un décalage important. C'est pourquoi nous pensons depuis un certain temps que l'inflation dans le secteur de l'assurance devrait commencer à baisser un peu, ce qui est important pour ralentir l'inflation globale.
D'autres facteurs peuvent l’expliquer, notamment le fait que nous observons une légère baisse des vols de voitures de même que des prix des voitures qui commencent à baisser. Ce sont ce que les données de mai nous indiquent. Ce n’est pas encore très évident. Il y a encore du chemin à parcourir.
Mais vous pouvez voir que la ligne bleue a commencé à baisser légèrement. Techniquement, les prix de l'assurance ont baissé de 0,1% au mois de mai. Ils avaient augmenté d'environ 2% le mois précédent. Il s'agit donc d'un tournant important et il faut espérer que cela se poursuive. Historiquement, comme vous le voyez, l'inflation peut s’avérer persistante.
Lorsqu'elle augmente, elle continue d'augmenter. Lorsqu'elle baisse, elle continue à baisser.
Très bien. Continuons sur le dossier de l'inflation. Qu'en est-il des risques liés à l'inflation? En voici un.
Une nouvelle complication de la chaîne d'approvisionnement apparaît. Les coûts d'expédition et les problèmes liés à la chaîne d'approvisionnement s'intensifient à nouveau. Nous avons déjà parlé de ce léger sursaut. L'année dernière, à la même époque, la mer Rouge avait été fermée à la plupart des navires et le canal de Suez était devenu inaccessible.
Mentionnons également le niveau d'eau très bas dans le canal de Panama. Cela limite la taille des navires et le nombre de bateaux qui peuvent transiter.
Mais le problème commençait à s'estomper et nous avons cru que tout irait mieux. Aujourd'hui, il semble que le phénomène s'intensifie à nouveau. Vous pouvez voir que la ligne ascendante ne ressemble plus du tout à 2021 et 2022. Sans blague.
Elle a augmenté d'environ 40% par rapport à ce qu'elle était en 2021-2022. Je continue de croire que cela n’aura pas de conséquences sur l'inflation à ce point. Dans la mesure où les problèmes de la chaîne d'approvisionnement d'il y a quelques années n'étaient pas principalement liés au coût du transport. Il s'agissait surtout de l'indisponibilité des produits, qui faisait grimper en flèche les prix.
Il ne s'agissait pas que de frais d'expédition. En fait, les frais d'expédition représentaient une part assez insignifiante du prix total d'un produit. Cela dit, cette augmentation n'est pas une bonne nouvelle. Un risque de hausse de l'inflation est lié aux problèmes de la chaîne d'approvisionnement. Sachons-le.
L'inflation canadienne a stagné au cours du dernier mois. J'ai déjà mentionné les mauvaises nouvelles au Canada. Les données sur l'inflation du mois de mai n’ont pas été positives.
L'inflation a encore augmenté. Il faut plisser les yeux pour le voir, mais cette ligne bleue est un peu plus haute. Ce serait plus clair dans d'autres graphiques que je n’ai pas aujourd’hui, malheureusement. Pardonnez-moi.
Mais je voudrais souligner un autre point, qui est visible ici, à savoir qu'il ne faut pas sous-estimer les progrès réalisés au Canada. Si vous regardez l'inflation, hors logement, elle est déjà inférieure à 2%.
Elle est là où on la voudrait. Le travail a été fait. Ce qui n’arrange pas les choses, c'est l'inflation des logements. C'est la ligne dorée sur ce graphique. Les prix de l'immobilier se sont stabilisés, pour l'essentiel. Ce n’est pas là le problème. Le problème réside au niveau du coût du loyer et du coût du paiement des intérêts d'un prêt hypothécaire.
Bien sûr, les intérêts d'un prêt hypothécaire sont fonction des taux d'intérêt. Et puisqu’il s’agit d’un problème d'inflation, cela n'empêchera pas la Banque du Canada de réduire ses taux. En fait, la baisse des taux devrait aider à résoudre ce problème. Ce n'est donc pas cela qui retient la Banque. On peut s’attendre à ce que la situation s'améliore à mesure que les taux d'intérêt commencent à baisser.
Ce qui m'inquiète, c'est l'inflation des loyers qui continue d'augmenter. En fait, elle s'est même légèrement accélérée en mai. Elle a atteint 9% d'une année sur l'autre. Nous avons récemment réalisé des modèles à ce sujet. Je ne dirais pas qu'ils sont parfaits. En fait, ils n'expliquent qu'un tiers de ce qui se passe, ce qui est un peu frustrant.
En d'autres termes, il est difficile de prédire ou de comprendre exactement l'évolution des loyers. Nous avons considéré les taux d'intérêt comme un facteur déterminant. Les personnes qui possèdent un appartement et le louent devront peut-être augmenter le loyer lorsque leurs propres paiements hypothécaires augmenteront. C'est certainement un facteur d'influence.
L'idée que les taux d'intérêt commencent à baisser devrait pouvoir alléger un peu la pression.
Les prix de l'immobilier sont également un facteur important, comme on s’en doute. Et ils ont une incidence sur le logement, bien sûr. Les prix de l'immobilier se sont plus ou moins stabilisés au Canada. On peut donc s'attendre à une certaine décélération. En fait, le modèle indique que l'inflation des loyers devrait rester forte, mais se ralentir quelque peu d'ici la fin de l'année et l'année prochaine.
Voilà une bonne chose. La troisième variable du modèle que nous avons exécuté concerne la croissance démographique, laquelle, comme on le sait, est très rapide au Canada. Elle explique mieux que quoi que ce soit pourquoi les loyers sont si élevés et pourquoi les prix des maisons n'ont pas baissé autant.
Et pourtant ce modèle ne considère pas que la croissance de la population soit si déterminante. Je ne peux pas dire qu'elle explique des loyers aussi élevés. Historiquement, la croissance de la population au Canada a été assez régulière. Il est clair qu'elle a été beaucoup plus rapide récemment et c'est peut-être davantage une crainte de notre part.
Le modèle indique que l'inflation des loyers peut diminuer. Nous craignons un peu qu'il ne sous-estime l'importance de toutes ces personnes supplémentaires qui sont arrivées au Canada ces dernières années. C'est quelque chose qu'il faut surveiller, en particulier l'inflation des loyers.
Les données quotidiennes de PriceStats sur l'inflation suggèrent des améliorations à venir. Projetons-nous un peu dans l'avenir, ne serait-ce que pour voir les mesures de l'inflation en temps réel fournies par PriceStats. Ces lignes bleu foncé représentent ce que PriceStats, l'indicateur d'inflation quotidienne sur Internet, estime qu'il devrait se passer par rapport à l'inflation officielle. Et vous pouvez voir très clairement, à la fois pour les États-Unis sur la gauche et pour le Canada sur la droite, des lignes très clairement à la baisse.
Ces lignes bleu foncé en baisse suggèrent donc que la ligne dorée de l'inflation mensuelle devrait suivre. En d'autres termes, l'inflation a coopéré aux États-Unis en mai, mais pas au Canada. Mais elle devrait coopérer en juin dans les deux pays. Nous pensons donc qu'il est possible que l'inflation s'améliore, même si nous nous inquiétons des coûts du logement.
Les banques centrales du monde entier passent progressivement des hausses aux baisses. Cela nous amène logiquement aux banques centrales. Les banques centrales sont bien sûr encouragées par l'amélioration de l'inflation, non seulement en mai, mais aussi de manière générale au cours des deux dernières années. Nous sommes passés d'un grand nombre de banques centrales mondiales qui augmentaient leurs taux (en doré) à un grand nombre qui les réduisaient (en bleu).
Nous sommes passés d'un environnement de hausse des taux à un environnement de baisse des taux. Nous pensons que c'est effectivement ce qui est en train de se produire.
L'ère des baisses de taux dans les pays développés commence. Quand on regarde les pays développés, comme je l’ai dit, on voit maintenant des baisses de taux. Je crois que j'ai utilisé ce même tableau le mois dernier. La différence est que le Canada et la zone euro ont maintenant réduit leurs taux.
La dernière fois, nous parlions de la possibilité de baisse de taux. Nous constatons donc qu'un nombre croissant de banques centrales de premier plan assouplissent leur politique monétaire. Le Royaume-Uni pourrait réduire ses taux en août; les États-Unis, peut-être en septembre. Le Japon fait quelque chose de très différent. L'Australie, également. C'est quelque chose que nous essayons de mieux comprendre et que nous pourrons partager avec vous, peut-être, dans un mois.
Mais ce qu'il faut retenir, c'est que certaines banques centrales importantes procèdent à des réductions. D'autres semblent en passe de le faire. Nous nous attendons donc à des baisses de taux.
La Banque du Canada procède à sa première baisse de taux, et d'autres sont à venir. Laissez-moi passer au graphique suivant. Personne ne s’attend à un assouplissement spectaculaire. Voici les États-Unis en bleu, et le Canada en doré. Voyez l’audacieuse réduction de taux du Canada, qui penche en bas à l'extrême droite.
La Banque du Canada a réduit son taux de 5% à 4,75%. Juillet est toujours dans les cartes. Le marché estime à 40% les chances de voir une nouvelle baisse des taux en juillet. Ce serait plus difficile suite à un mauvais résultat d'inflation. On attend un autre chiffre de l'inflation juste avant que cette décision ne soit prise. Le Canada pourrait donc encore réduire ses taux en juillet.
Je dirais qu'il est un peu plus probable qu'ils fassent une pause et qu'ils réduisent leur taux en septembre. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que la réduction des taux sera probablement assez douce. Nous croyons à des baisses de taux peu nombreuses et quelque peu espacées.
Les banques centrales reconnaissent qu'il n'y a pas d'urgence. Les économies ne sont pas en train de tomber en récession. Bien sûr, il y a des pressions pour les réduire parce que des taux plus élevés sont douloureux, en particulier dans un pays sensible aux taux comme le Canada. Mais moins aux États-Unis.
Pour terminer, je dirai qu'à mesure que l'inflation diminue, il n'est plus nécessaire que les taux d'intérêt soient aussi restrictifs qu'auparavant, mais personne ne parle de taux neutres ou carrément stimulants.
Il s'agit là d'une discussion qui ne pourra avoir lieu que dans un ou deux ans.
Très bien, passons en revue les données économiques générales.
Le sentiment économique en temps réel est tout à fait satisfaisant. C'est ici qu’on dira que l'économie s'est en fait un peu ralentie. Voici une mesure que nous avons partagée avec vous à plusieurs reprises au cours des derniers mois. Il s'agit de l'indice de confiance économique de Twitter ou de X.
C'est la ligne bleu foncé. Elle est fluctuante, elle rebondit. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que nous n'assistons pas à un grand effondrement. Et nous aimons y revenir parce que certains chiffres mensuels sur la confiance avaient été plus faibles. Voyez comme la ligne dorée montre une baisse assez notable au cours du dernier mois.
Les données plus élevées ne semblent pas corroborer cela. Nous pensons toujours que la confiance des consommateurs se maintient. Il y a des raisons de penser que les consommateurs pourraient être plus prudents au cours des prochaines années, à mesure qu'ils ressentent le poids de taux et d’une inflation plus élevés, et peut-être d'une croissance de l'emploi plus lente.
Nous pensons que la confiance des consommateurs n'est pas aussi mauvaise que certains des indicateurs mensuels traditionnels le prétendent. Il est certain qu'il y a des contradictions dans ce qui se passe dans l'économie. C'est ce que nous démontrons ici.
La conjoncture envoie des signaux contradictoires. La ligne bleue représente l'indice manufacturier.
Il s'agit d'un indicateur de la confiance et des attentes du secteur manufacturier. La ligne dorée est l'indice des services, l'équivalent pour le reste de l'économie, si l’on veut. J’insiste peut-être mais il me semble que les lignes ne sont pas si éloignées l'une de l'autre. Cela dit, nous avons un indice des services qui est plus élevé et qui a rebondi récemment et qui, demeure au-dessus de 50, ce qui signifie qu'il est en mode croissance.
Et nous avons un indice manufacturier qui reste en dessous de 50 et qui a même légèrement baissé. Nous recevons donc des signaux différents. Si l'on ne considère que l'industrie manufacturière, on se sent plutôt inquiet, et si l'on ne considère que les services, on se sent plutôt bien, voire assez bien. Il y a donc beaucoup de contradictions dans l'économie en ce moment.
J'aimerais que tout soit simple et que tout aille dans la même direction, mais ce n'est pas le cas. Nous devons vivre avec cela. Nous recevons des signaux contradictoires.
Dans l'ensemble, nous pensons que nous avons suffisamment de preuves que l'économie est toujours en vie et qu'elle continue de croître. Je ne suis jamais satisfait lorsque certains de ces indices sont inférieurs à 50. Je dirai que l'indice manufacturier a été inférieur à 50 pendant la majeure partie de l'année et demie écoulée.
Et nous n'avons pas connu de récession depuis un an et demi. L'industrie manufacturière est à la traîne et ne parvient pas à suivre le rythme du reste de l'économie. Mais je ne suis pas convaincu que cela nous indique que nous sommes en grande difficulté. En fait, si vous regardez la ligne bleue, même si la dernière donnée est à la baisse, je dirais que sur une base tendancielle, on peut affirmer que l'activité est en train de se redresser plutôt que de décélérer.
Nous pensons donc que les choses vont bien, même si l'environnement économique n'est pas parfait.
Le marché du travail s'affaiblit légèrement. C'est peut-être ici que la décélération est la plus évidente. J'aurais peut-être dû commencer par ce graphique, qui représente les demandes hebdomadaires d'allocations chômage. C'est un bon indicateur parce qu'il est hebdomadaire, donc très frais, mais aussi parce qu'il porte sur le marché du travail.
Il est le point central de maintes décisions économiques et vous pouvez voir qu'il y a maintenant une tendance à la hausse. Les demandes d'allocations chômage augmentent, ce qui indique que l'économie n'est pas particulièrement performante, mais il pourrait s’agir ici d’un faux-fuyant. À l'été de l'année dernière, on constatait une augmentation, puis il y a eu une baisse sans qu’il n’y ait suite.
Il se pourrait donc qu’on assiste à quelque chose de semblable, sans grande signification. Je dois dire que ce graphique ne dit pas tout, car il ne porte que sur quatre ans, mais quand on examine les données d'une ou deux décennies, même avec près de 250 000 nouvelles demandes par semaine, la situation demeure plutôt bonne.
Je me souviens des cycles précédents où 300 000 était considéré comme excellent. C'était le signe d'une économie très saine. Nous avons une économie qui se calme un peu, mais je ne dirais pas que c'est le signe d'un problème particulier. Un véritable problème, comme une économie qui tombe en récession, verrait les demandes d'allocations chômage augmenter considérablement.
Et ce n'est pas le cas en ce moment. Nous pensons que cela fait partie du processus de stabilisation par lequel l'économie américaine, en particulier, devient un peu moins tendue, tout en réussissant, comme on l’espère, à atterrir en douceur.
Très bien. Quelques autres points.
Les préoccupations croissantes des entreprises à l’égard des consommateurs à faibles revenus. Nous constatons une certaine inquiétude à l'égard des consommateurs et nous l’avons exprimé dans le passé.
Nous constatons que certains ménages vivent une situation difficile. Vous en voyez un exemple ici. Ce graphique montre les entreprises du S&P 500 et la fréquence à laquelle elles abordent la notion des consommateurs à faibles revenus, la fréquence à laquelle elles en parlent dans leurs transcriptions, leurs rapports trimestriels et leurs appels aux investisseurs. Voyez comme ces allusions sont beaucoup plus nombreuses qu'elles ne l'étaient il y a un ou deux trimestres.
Il s’agit du groupe sur lequel on se concentre le plus, celui qui en arrache le plus, celui qui est le moins en mesure de supporter des taux d'intérêt plus élevés. Ces gens sont souvent les premiers à perdre leur emploi, le cas échéant, comme ce fut le cas récemment. Il s’agit d’un domaine à surveiller.
Et nous constatons que les taux d'impayés sont plus élevés au sein de ce groupe.
Quittons les États-Unis et les sociétés du S&P 500 — elles sont axées sur le monde entier, mais sont domiciliées là-bas.
Les consommateurs canadiens dépensent prudemment au niveau individuel. Faisons un petit tour d'horizon des consommateurs canadiens, car ils sont plus endettés que les Américains et sont donc particulièrement sensibles aux taux d'intérêt.
Chez nous, le marché hypothécaire est ainsi structuré que l'accessibilité au logement est moins facile. Il convient donc d'accorder une attention particulière à ce groupe de consommateurs.
Que peut-on conclure? Tout d'abord, les gens ne dépensent pas avec enthousiasme. Si l'on tient compte de l'inflation et de la croissance démographique, on peut dire que les ventes au détail réelles par habitant ont en fait baissé.
L'individu moyen achète un peu moins de biens par mois qu'il y a un an et qu'il y a quelques années. Il y a bel et bien un repli de ce côté. Ce phénomène a peut-être été masqué par des prix plus élevés. Il se peut donc que vous dépensiez plus, mais que vous obteniez moins.
Le phénomène est certainement masqué par le fait que la population canadienne a beaucoup augmenté. En d’autres termes, les détaillants bénéficient de ventes plus importantes sans pour autant que les individus dépensent davantage.
Les individus sont plus nombreux, tout simplement. Nous constatons donc un certain ralentissement. Ce n'est pas tout à fait normal, mais cela ne nous surprend pas non plus, surtout si l'on tient compte de l'impact de la hausse des taux d'intérêt.
Mais ce qui ressort des prochains graphiques est que les corrections nécessaires sont en cours. Les gens s'acquittent davantage de leur dette à mesure que les taux d'intérêt augmentent.
Le résultat est qu’ils dépensent plus en intérêts et moins en dépenses de consommation. Ils dépensent moins pour rembourser le capital. Il y a donc eu une réaffectation vers le paiement des intérêts.
La hausse des taux nuit à certains ménages. On peut voir ici des signes modestes de tensions. Au Canada, les taux de défaillance augmentent, bien que de façon minime, pour les prêts hypothécaires, les marges de crédit, les cartes de crédit et les prêts automobiles.
On constate une certaine augmentation. Il est logique que les défauts de paiement des lignes de crédit augmentent plus que ceux des prêts hypothécaires. Les lignes de crédit offrent souvent un taux flottant, et la hausse a un effet immédiat. Pour les prêts hypothécaires, le processus est plus lent.
C'est également logique pour les cartes de crédit. Les gens se sont beaucoup tournés vers elles ces dernières années. On constate aussi une augmentation des impayés sur les prêts automobiles.
Contrairement aux États-Unis, du moins pour les prêts automobiles et les cartes de crédit, le Canada semble établir de nouveaux records de la décennie en termes de taux d'impayés. Nous sommes revenus à peu près au niveau où nous étions avant la pandémie. Ce n’est pas encore démesuré, mais la tendance est toujours à la hausse.
Et cette tendance pourrait se poursuivre encore pendant un certain temps, même si la Banque du Canada commence à réduire ses taux. La situation va donc empirer avant de s'améliorer.
Le taux d'épargne des ménages canadiens a baissé mais demeure élevé. Mentionnons que les ménages canadiens se comportent de manière assez raisonnable. Ils font au moins ce qui doit être fait. Disons-le, le taux d'épargne des ménages était très élevé depuis plusieurs années.
Il a été très élevé pendant la pandémie, lorsque les gens étaient enfermés et n'avaient aucun moyen de dépenser. Il a ensuite chuté de façon assez brutale. Mais le point clé pour le Canada, à la différence des États-Unis, c'est que ce taux s'est finalement stabilisé à un niveau plus élevé que celui où nous étions avant la pandémie.
En réalité, il augmente peut-être un peu. Cela donne un coussin aux gens, ce qui est une bonne chose. Je pense que cela reflète le fait que les gens sont stressés par des taux plus élevés. Ils pensent que ce n'est pas le moment de dépenser, mais plutôt de consolider leurs dettes et d'épargner. Je pense que c'est précisément ce que nous observons.
Les gens essaient de rembourser leurs dettes. Mais en fin de compte, le fait est que nous observons un taux d'épargne plus élevé que la normale, ce qui constitue une sorte de tampon, à la fois parce que les gens accumulent des richesses et aussi parce que, s'ils en avaient besoin, ils pourraient dépenser un peu plus sans se heurter à des contraintes absolues.
Les coûts de la dette augmentent pour les ménages canadiens. J'en ai parlé un peu plus tôt. Je vous le montre en deux parties. La ligne bleue représente les remboursements de la dette en pourcentage du revenu des ménages. Il est fascinant de constater qu'ils ne sont pas plus élevés qu'ils ne l'étaient avant la pandémie. Jusqu'à présent, pas plus d'argent qu'avant, en moyenne, n’est consenti à l’hypothèque.
Pour les personnes qui viennent de renouveler leur prêt hypothécaire, le montant est sans doute beaucoup plus élevé, mais en moyenne, ce n'est pas le cas. Ce qui a changé c’est la composition. La ligne dorée montre que le montant consacré au paiement des intérêts de la dette a beaucoup augmenté. Il est beaucoup plus élevé qu'avant la pandémie.
C'est le niveau le plus élevé que nous ayons connu depuis le milieu des années 90, au moment, bien sûr, de la dernière crise immobilière au Canada. Il faut en tenir compte. Les gens paient beaucoup plus d'intérêts, simplement par extension, et moins en capital.
Les gens ne remboursent pas leur hypothèque dans la même mesure. Ils ne remboursent pas aussi rapidement. De nombreux rapports anecdotiques font état d'hypothèques dont la durée est passée de trente à trente-cinq ans. Les gens font les ajustements nécessaires pour rester solvables.
Passons un moment sur le logement au Canada. Ensuite, un mot sur les provinces canadiennes et enfin sur les médicaments amaigrissants.
Des forces s'exercent sur le prix des maisons au Canada. Le logement demeure un sujet épineux. Si nous pensons aux prix des maisons au Canada, il y a des forces qui poussent vers le haut et vers le bas. Plusieurs questions auxquelles nous n'avons pas de bonnes réponses.
Si vous êtes optimiste, vous évoquerez les bienfaits de l’immigrations. Les contraintes de l'offre versus la pénurie de logements qui pourraient justifier des prix plus élevés.
Si vous voulez être pessimiste, vous noterez que l'accessibilité au logement est très faible. Les taux hypothécaires augmentent. Ils ont augmenté au cours des dernières années avec la hausse des taux directeurs, mais aussi au cours des prochaines années, d'une manière profonde. Des taux hypothécaires bas bloqués en 2020 et 2021 devront être renouvelés après cinq ans.
Les forces en présence sont nombreuses. Les prix de l'immobilier devraient faire du sur-place à partir de maintenant, ce qui, historiquement, dénoterait une certaine faiblesse. Tout comme pour la période de l'effondrement de l'immobilier dans les années 1990, où une chute brutale au début avait été suivie d'une période de malaise qui a duré plusieurs années. Nous prévoyons le même type de scénario.
Le point d'interrogation concerne la psychologie des acheteurs. Combien d'acheteurs sont simplement en attente? Combien de demandes refoulées sont dans l’attente de taux plus bas? Une première baisse des taux a déjà été faite, et d’après ce qu’on lit ou d’après l’évaluation des agents immobiliers, nous n’avons pas vu une explosion de ces demandes refoulées.
On pourrait croire que les acheteurs ont une mentalité différente aujourd'hui, ce qui permet de penser que les prix de l'immobilier resteront bas. Mais ce n'est pas certain.
Nous avons connu une frénésie immobilière d’une vingtaine d’années. Il n'est pas impossible que cette attitude revienne, en particulier lorsque les taux d'intérêt commenceront à baisser.
La croissance économique canadienne varie considérablement d'une province à l'autre. Une petite remarque. Il ne s'agit pas de chiffres officiels. Il n'existe pas de PIB provincial mensuel au Canada. Nous essayons de créer une approximation en assemblant les informations dont nous disposons. Nous examinons les ventes au détail mensuelles, l'emploi mensuel, le commerce mensuel et d'autres éléments que nous pouvons collecter au niveau provincial.
Et nous les fusionnons, en quelque sorte. Il ne s'agit donc pas d’un relevé officiel du PIB. Je doute que l'Alberta et la Nouvelle-Écosse enregistrent réellement une croissance de plus de 4% par an, ou que la Saskatchewan progresse deux fois moins vite que l'Alberta. Ces chiffres sont donc très fluctuants, mais je pense qu'il vaut la peine d'y jeter un coup d'œil de temps en temps.
Mais une chose est claire, l'Alberta et la Nouvelle-Écosse connaissent une croissance rapide. La Nouvelle-Écosse, en particulier, a connu un boom démographique et un boom de la construction. L'Alberta se porte mieux que beaucoup d'autres régions du pays. Son marché de l'immobilier continue de progresser comme ce n'est pas le cas dans la majeure partie du pays.
Les prix du pétrole sont élevés et il y a un afflux de personnes en Alberta, dont certaines en provenance de régions plus chères du pays. Je pense donc qu'il y a une certaine légitimité à ce classement, même si les chiffres ne sont pas précis.
À l'inverse, l'Ontario et le Québec, les grandes provinces, progressent plus lentement que la moyenne et affichent un taux de croissance peut-être inférieur à 2%.
Nous pensons qu'il existe des différences, sans pour autant qu'elles soient structurelles ou immuables. Mais il est intéressant de jeter un coup d'œil au niveau provincial à l’occasion.
Les médicaments amaigrissants peuvent avoir des conséquences considérables. Je terminerai par les médicaments amaigrissants. J'aurais aimé vous montrer de plus beaux graphiques et moins de texte, mais cela me guidera de toute façon.
Nous sommes à une époque de changements technologiques que je qualifierais de passionnants. Une grande partie de cet enthousiasme tourne autour de l'IA, de l'IA générative et des modèles de langage naturel. On pourrait ne se concentrer que là-dessus, voire spéculer sur la prochaine technologie à usage général ou sur toute croissance plus rapide de la productivité.
Mais d'autres changements technologiques passionnants sont à venir. Notamment dans les soins de santé, avec l’ARNm et l'édition génomique CRISPR, le repliement des protéines et les innovations pour la santé humaine. L’une de ces innovations nous est déjà accessible, à savoir les médicaments GLP-1 pour la perte de poids.
On en trouve déjà plusieurs sur le marché qui réussissent à réduire l'obésité d'une manière que les médicaments et les chirurgies antérieurs n'ont pas réussi à faire. Il s'agit d'un problème médical majeur qui touche 42% des Américains considérés comme obèses. Une fraction importante du monde entier d'ailleurs.
Ces médicaments présentent potentiellement toutes sortes d'avantages. La réduction de l'obésité en est un. L'obésité est considérée comme une maladie et il est certainement souhaitable de la réduire. On peut imaginer une amélioration de la qualité de vie, voire une longévité accrue. Des études suggèrent aujourd'hui que ces nouveaux médicaments GLP-1 réduisent les maladies liées au poids comme le diabète, les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux.
C'est important. Cela soutient indirectement les progrès médicaux dans ces autres domaines majeurs.
Nous en sommes encore à l’étape des essais sur les animaux, mais on spécule que ces médicaments GLP-1 pourraient réduire tout un tas d’autres dépendances. On sait déjà qu’ils réduisent les envies de manger, ce qui aide à lutter contre l'obésité, mais ils pourraient également réduire les envies de drogue, d'alcool et de nicotine. Autant de problèmes qui pourraient être résolus par ce type de médicament.
Il est permis de spéculer sur une plus grande longévité humaine et une meilleure qualité de vie, en raison de moins de maladies et de pathologies associées à l'obésité ou au surpoids.
Permettez, puisque je suis un économiste travaillant pour un gestionnaire d'actifs, de parler des implications pour les marchés. Il est évident qu’on pourrait voir d’importants bénéfices pour les entreprises qui fabriquent ces médicaments, et des pertes pour les entreprises alimentaires.
La personne qui prend ces médicaments consomme en moyenne 40% moins de calories. Elle perd l’appétit. Un coup dur pour les entreprises alimentaires. Les entreprises traditionnelles de perte de poids seraient aussi menacées, de même que les fabricants de médicaments pour le cœur ou le diabète.
Moins d'incidences de ces maladies vont signifier des pertes pour ces entreprises. Les conséquences sont nombreuses. Peut-être des bénéfices pour les entreprises qui ciblent les maladies de la vieillesse puisque les gens vivent plus longtemps. Ils auraient évité les maladies ou les décès prématurés qui pourraient résulter de l'obésité.
On finit tous par mourir de quelque chose, alors il se pourrait que les dépenses de santé se portent sur des maladies différentes. Les gens deviendront peut-être plus actifs et cela profitera aux entreprises de loisirs ou d'athlétisme. Les implications pour le marché sont très intéressantes.
D'un point de vue économique, il est plausible que les coûts des soins de santé diminuent. Le débat est ouvert. Les coûts des pensions deviendront peut-être plus élevés pour les gouvernements. Si les gens vivent plus longtemps, cela leur coûte plus cher. Il pourrait donc y avoir des implications fiscales. Difficile de dire pour l'instant si elles seront bonnes ou mauvaises, mais il y en aura.
Le taux de participation de la population active plus élevé, avec des gens en meilleure santé et à même de travailler plus longtemps. Une main-d'œuvre plus productive. Des recherches ont suggéré que les facultés mentales de certaines personnes pouvaient être accrues par l'utilisation de ces drogues. Pour l’instant, cela ne concerne que les personnes dont les facultés mentales ont été entravées par les effets secondaires de certains types de diabète.
On parle d'une main-d'œuvre un peu plus productive. Grâce à ces nouvelles technologies passionnantes qui se profilent à l'horizon, l'économie en sortira peut-être plus forte, mais ne perdons pas de vue l'essentiel, à savoir une population en meilleure santé.
Bon. J'espère que vous avez trouvé cela intéressant.
Personnellement, ce sont des sujets que je trouve fascinants. Si vous êtes de cet avis, n'hésitez pas à nous suivre en ligne sur X. Vous pouvez également nous suivre sur LinkedIn, où nous publions régulièrement des articles. Et bien sûr, nous publions tous nos travaux sur le site rbcgam.com, dans l'onglet Perspectives. Alors n'hésitez pas à nous suivre.
Je vous remercie, comme toujours, pour le temps que vous m'avez accordé. Je vous souhaite beaucoup de succès dans vos investissements et je vous donne rendez-vous le mois prochain.