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Accepter Déclin
Par  Eric Lascelles 5 juin 2024

Dans sa webémission de juin, notre économiste en chef met en lumière l’inflation et les perspectives de baisse des taux d’intérêt. Il élargit son analyse de la situation au Canada et aux États-Unis pour englober l’économie mondiale. Selon lui, certains risques persistent, mais les nouvelles sont généralement bonnes, par exemple :

  • L’atterrissage en douceur de l’économie se poursuit.

  • Les prévisions pour 2024 annoncent une tendance favorable à la croissance.

  • Les consommateurs américains se comportent plutôt bien.

  • Les actifs à risque offrent de bons rendements.

Il analyse également l’augmentation de la productivité en Chine, le marché du logement, l’essor de la technologie et d’autres sujets.

Durée : 40 minutes, 54 secondes

Transcription

Bonjour et bienvenue. Je m'appelle Eric Lascelles. Je suis l'économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs et je suis très heureux de partager avec vous notre plus récente webdiffusion économique mensuelle. Lors des dernières émissions, l'expression « atterrissage en douceur » figurait en bonne place dans le titre. Ce n'est pas le cas cette fois. Nous allons plutôt nous concentrer sur l'inflation et les réductions de taux. Et je pense que c'est justifié.

L'inflation a baissé de manière timide mais significative au cours du mois dernier. Et nous pensons qu’il reste encore de la place pour une progression. C'est très important.

Nous sommes sur le point de voir des baisses de taux d'intérêt dans certains pays importants, et peut-être même d'ici à ce que vous regardiez cette émission. Je pense donc que c'est à juste titre qu'il faut se concentrer sur ce point.

Mais sur la question d’un atterrissage en douceur, nous nous y attendons toujours. Il est toujours plus probable que la croissance économique se poursuive plutôt que les pays entrent en récession.

Bon, allons-y. Comme toujours, commençons par le bilan.

Le bilan. Nous commencerons par le côté positif du bilan. Passons en revue les bonnes et les moins bonnes choses.

  • Pour commencer — et c'est vrai depuis un certain temps, mais cela vaut la peine d'être célébré chaque mois — la croissance économique persiste. Nous continuons à voir les économies se développer. Nous nous attendons toujours à ce qu'elles soient capables de continuer à croître. C'est en quelque sorte la première question qui se pose à l'économiste.
  • L'inflation a recommencé à baisser. Je parle d’une baisse parce qu’aux États-Unis en particulier, mais aussi ailleurs dans le monde, il y avait eu un regain de l'inflation au cours du premier trimestre de 2024. Et ce n'était pas du tout ce que nous souhaitions. Il semble que nous commencions à la voir redescendre. Les chiffres d'avril semblent meilleurs. Nos prévisions indiquent que les chiffres de mai pourraient l’être encore davantage. C'est donc très important.
  • Et tout cela nous amène au point suivant, à savoir le fait que les banques centrales s'apprêtent à réduire leurs taux d'intérêt. En fait, certaines d'entre elles, peut-être les moins importantes, ont déjà réduit leurs taux. J'enregistre cet article à la toute fin du mois de mai. Au début du mois de juin, il est très probable que la Banque centrale européenne réduise les siens.

Il est possible que la Banque du Canada fasse de même. Il y a un débat entre juin et juillet, mais il y a une bonne chance que ce soit en juin. On se rapproche donc d'une baisse des taux d'intérêt, ce qui était bien sûr l’enjeu le plus important. Cet inconvénient pourrait commencer à disparaître, ce qui serait très bien.

  • Je voudrais mentionner que le consommateur américain se porte bien. Cela peut sembler évident, mais je vais passer en revue quelques raisons de s'inquiéter, puis les raisons pour lesquelles nous ne sommes finalement pas si inquiets.
  • Nous parlerons également de la Chine. La Chine est, selon certains critères, la plus grande économie du monde. D'après d’autres mesures, elle est la deuxième, mais elle est au moins dans le peloton de tête. Nous devons donc nous en préoccuper à l'avenir. La Chine a récemment mis en place des mesures de relance dans le secteur de l'immobilier de manière importante, ce qui laisse à penser qu'elle a vraiment l'intention de stabiliser un marché de l'immobilier qui a été très faible.
  • J'ajouterai également — et c'est vrai depuis un certain temps, je suis heureux de le dire — le retour des actifs à risque. C'est le signal pour le marché boursier, le crédit et ce genre de choses, qui sont pour la plupart positifs ces jours-ci, exprimant plus de contentement que de mécontentement. Et bien sûr, nous aimons cela. Nous sommes ici pour donner des conseils aux investisseurs, et nous attendons donc plus souvent qu'autrement une hausse des marchés, mais c'est aussi le signe que les perspectives économiques ne sont peut-être pas si mauvaises, car les marchés ont tendance à être tournés vers l'avenir.

Voilà pour les aspects positifs. Qu'en est-il des moins bons aspects?

  • Eh bien, les taux d'intérêt plus élevés. Tout d'abord, les taux restent élevés. Je devrais peut-être commencer par cela. Cela reste donc important. C'est le grand vent contraire avec lequel nous sommes toujours aux prises. Même si les taux commencent peut-être à baisser, nous allons être confrontés à ce problème dans un avenir prévisible, au moins pendant l'année à venir.
  • Le risque de récession est toujours présent. Nous pensons qu'il s'agit d'un risque gérable. Nous pensons que c'est un risque qui se situe à ce stade bien en deçà de 50%. Mais il s'agit d'un risque important de récession qui ne peut pas être complètement ignoré. Ce n'est donc peut-être pas le moment d'investir de manière agressive, même si le scénario de base est plutôt positif.
  • Je peux dire que l'espace géopolitique reste compliqué. Les élections américaines se rapprochent de plus en plus. Elles auront lieu dans cinq mois. Le Moyen-Orient est en proie à de nombreuses turbulences. La guerre en Ukraine est toujours d'actualité. Les frictions entre la Chine et les États-Unis persistent, avec l'introduction récente de droits de douane par les États-Unis. Il y a des risques de hausse de l'inflation et de baisse de la croissance qui émergent de cet espace. Il s'agit simplement d'une source d'incertitude généralisée.
  • Je me suis devancé moi-même à l’instant, mais je dirai quand même que les élections américaines approchent à grands pas et qu'elles seront déterminantes. Il semble que ce soit serré, mais les propositions politiques et les programmes de Biden et de Trump sont très différents, ce qui aura des conséquences. Et il y a plusieurs nuances à apporter.

Le marché boursier pourrait être assez satisfait d'une victoire de Trump, étant donné qu’il parle de réductions de l'impôt sur les sociétés et de déréglementation. L'économie pourrait l'être un peu moins, dans la mesure où il est également question de tarifs douaniers et de réduction de l'immigration. Il y a donc toutes sortes de conséquences différentes dans différentes directions. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que nous devons être attentifs à tout cela.

Souvent, l'été précédant les élections, on a une bonne idée de qui va gagner. À ce stade, nous n'avons pas vraiment cette clarté. Les résultats semblent très serrés. On pourrait peut-être dire que Trump est très légèrement en avance sur Biden, mais c'est très serré et cela pourrait aller dans les deux sens. C'est vraiment la seule façon de le présenter pour l'instant.

Et pour ce qui est des aspects intéressants, plus présente qu’à l’ordinaire sur ma longue liste de points, il y a cette notion de divergence et de convergence économiques.

  • Il y a eu divergence économique en 2023. L'économie américaine a continué à progresser à toute allure et toutes les autres ont trébuché dans une certaine mesure. Nous constatons aujourd'hui un certain degré de convergence. Les États-Unis deviennent un peu moins exceptionnels. Leur croissance s'est quelque peu ralentie. Le reste du monde, du moins dans le monde développé, s'est un peu redressé. Les États-Unis et tous les autres se ressemblent davantage qu'ils ne l'ont fait pendant un certain temps.
  • Sur le plan fiscal, l'une des grandes surprises de 2023 a été de constater à quel point la politique fiscale américaine a été favorable à la croissance. C'est vraiment la source — l'une des principales sources, du moins — de la surprise économique américaine. Nous sommes donc très attentifs aux chiffres budgétaires mensuels qui seront publiés.

Parlons de la situation actuelle, quitte à me répéter un peu plus tard. L’impulsion en ce moment est plutôt neutre. Il n'y a pas de nouvel élan important, mais il n'y a pas non plus de ralentissement. Le niveau de dépenses ou de déficit est à peu près le même que l'année dernière.

  • J'ai mentionné il y a quelques instants que les tarifs douaniers et les frictions entre les États-Unis et la Chine se multipliaient. La Maison Blanche vient d'appliquer un nombre important de droits de douane sur des industries stratégiques, les voitures électriques et, dans une certaine mesure, les panneaux solaires, les batteries électriques et ce genre de choses. Une fois de plus, on continue à interférer avec le commerce, d'une manière qui, à notre avis, réduit un peu la croissance mondiale et ajoute un peu à l'inflation.
  • Du côté canadien — et j'aurai un joli petit graphique à l'appui tout à l'heure, donc je ne vais pas en parler trop pour l’instant — mais nous avons vu un grand pic dans les faillites d'entreprises canadiennes qui a rendu les gens assez nerveux. L’augmentation est bien réelle. En réalité, les taux d'intérêt plus élevés font mal, mais nous pensions qu'il y avait aussi en jeu des facteurs artificiels et temporaires. Il semble que cette interprétation ait été la bonne, car nous avons constaté que les faillites d'entreprises canadiennes commençaient à redescendre. Nous pensons donc qu'en fin de compte, il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure, du moins en ce qui concerne le signal économique que cela envoie.

Voilà pour le bilan. Allons de l'avant et commençons par l'inflation.

L'inflation s'améliore enfin à nouveau. L'inflation a encore été le sujet principal de 2024. Les trois premiers mois de l'année ont été décevants. C'est particulièrement vrai aux États-Unis. Vous avez les chiffres américains sous les yeux.

Nous avons constaté une accélération significative du taux mensuel d'augmentation des prix aux États-Unis. Cela était vrai à la fois pour l'inflation globale et pour l'inflation de base, qui exclut les denrées alimentaires et l'énergie. Cela a suscité des inquiétudes. L'inflation se situait soudain aux alentours de 3,5% au lieu de 3%, et ces derniers mois, à un taux annualisé plus proche de 5%.

Ce n'était pas du tout ce que l'on attendait ou ce que l'on espérait. Nous avons pensé qu'il s'agissait d'un accident de parcours. Nous savions qu'il y avait des distorsions saisonnières qui disparaîtraient en avril. Nous savions que d'autres facteurs nous donneraient un petit coup de pouce.

La bonne nouvelle, c'est que les pressions inflationnistes ont commencé à s'atténuer en avril. Comme vous pouvez le voir sur ce graphique, ces deux lignes ont commencé à s'abaisser un peu récemment. Nous prévoyons maintenant l'inflation du mois de mai, qui ne sera pas disponible avant la mi-juin. À l'heure où je vous parle, nous pouvons dire que les prévisions pour le mois de mai sont plutôt bonnes.

  • Les prix de l'essence ont baissé.
  • Les coûts du logement ont probablement baissé un peu.

Nous pensons qu'il y a encore de la place pour une amélioration. La route est encore longue pour revenir à quelque chose qui ressemble à 2%. Il s'agira probablement d'un voyage mouvementé. Il peut y avoir encore quelques épisodes de nervosité lorsque l'inflation ne coopère pas pleinement. Nous pensons toutefois que les forces en présence sont plus favorables que défavorables à l'avenir.

Permettez-moi de vous présenter quelques-unes de ces considérations — bonnes et mauvaises — sur l'inflation.

L'inflation des assurances devrait bientôt diminuer. L'une des sources d'inflation intense au cours des derniers mois a été celle des assurances. Cela s'explique de plusieurs façons. L'élément le plus important est sans doute le fait que l'inflation des assurances est notoirement à la traîne de l'inflation générale.

Par rapport au pic de l'inflation globale représentée ici par la ligne dorée, vous pouvez voir à chaque fois — ou en tout cas la plupart du temps —, un an ou un an et demi plus tard, on constate un pic dans l'inflation des assurances.

La raison pour laquelle l'évolution est si lente est double. D'une part, les gens souscrivent souvent des contrats d'assurance habitation ou automobile, par exemple, pour une durée d'un an. Ainsi, même si le coût de l'ensemble des produits augmente immédiatement pour la compagnie d'assurance, celle-ci n'a pas la possibilité de répercuter ce coût supplémentaire avant 364 jours. Il y a donc un décalage dans la structure même du contrat.

Par ailleurs, nous savons qu'au moins dans certaines juridictions, les taux d'assurance sont réglementés. L'état ou la province a son mot à dire sur les tarifs que ces compagnies sont autorisées à pratiquer. Il faut un certain temps aux compagnies d'assurance pour convaincre les gouvernements qu'elles méritent d'augmenter les prix. Elles doivent prouver que leurs bénéfices s'effondrent et que leur activité n’est pas viable, ce qui prend du temps.

En fin de compte, la tendance veut que la ligne bleue monte en flèche de manière assez fiable environ un an et demi après la ligne dorée et c’est ce que nous voyons ici, avec ce pic de la ligne bleue. Nous pensons être sur le point de voir l'inflation des assurances culminer et commencer à redescendre.

D’autres raisons à ce pic, il y a eu beaucoup de catastrophes naturelles l'année dernière, probablement plus que ce à quoi on pouvait s'attendre, même au-delà des changements climatiques. Ce n'est peut-être pas aussi grave cette année. Il y a eu beaucoup de vols de voitures l'année dernière, mais il semble, croyez-le ou non, que cela commence à s'estomper un peu.

Nous pensons donc que nous sommes dans une position où nous pouvons commencer à voir cette tendance s'inverser. C'est donc une force utile pour faire baisser l'inflation.

Les salaires ne freinent pas la baisse de l'inflation. Quand on parle des coûts de la main-d'œuvre — et c’est là que la situation devient un peu plus délicate — il ne s'agit pas que des salaires. Dans l'absolu, les salaires ne sont pas à la baisse.

Quand on ajuste la rémunération des travailleurs en soustrayant l'inflation et en tenant compte de la productivité — laquelle augmente au fil du temps — on obtient ceci. Il s'agit des salaires, en tenant compte des prix et de la productivité. Et la tendance a été à la baisse pendant des décennies.

Il est fascinant de constater que les années 2010 ont été stables. Je ne sais pas si j'ai une bonne réponse pour expliquer cela, mais c'est ce qui a finalement prévalu. Il pourrait s'agir d'une déclaration sur la faiblesse de l'inflation, peut-être, mais l'essentiel est qu'à la fin, à l'extrême droite, vous pouvez voir une flèche vers le bas au cours des deux dernières années.

Cela signifie qu'une fois ajustés à l'inflation et à la productivité, les salaires n'augmentent pas. En fait, ils baissent même un peu. Difficile, donc, d’affirmer que la croissance des salaires est le moteur de l'inflation. C'est encore délicat. On soustraie l'inflation. L'inflation est élevée. La croissance des salaires est donc assez rapide. Nous disons simplement que c'est logique parce que l'inflation est élevée.

Bien sûr, dans une certaine mesure, les entreprises fixent les prix à l'avenir sur la base des salaires actuels. Cela ne veut donc pas dire que les travailleurs et les salaires n'ont rien à voir avec le fait que l'inflation reste un peu élevée. Mais je ne dirais pas qu'ils sont les principaux responsables de l'inflation. Ce type de tendance suggère donc que nous pouvons, une fois de plus, probablement continuer à voir l'inflation diminuer. Les salaires des travailleurs ne vont pas s'y opposer complètement.

La hausse des prix de l'immobilier aux États-Unis est un signe d'optimisme économique. Les prix de l'immobilier. Le coût du logement est en fait la composante la plus importante du panier de l'IPC (indice des prix à la consommation) de la plupart des pays, du moins en Amérique du Nord. Nous avons constaté une forte baisse de l'appréciation des prix de l'immobilier. En fait, elle s'est stabilisée pendant un moment. Nous assistons aujourd'hui à une légère reprise.

Il y a deux choses à dire ici. Évidemment, cette reprise nous rend un peu nerveux et nous amène à nous demander si l'inflation n'a pas du mal à diminuer. Mais je pense que ce n'est peut-être pas la bonne chose à faire. Il y a aussi des décalages intentionnels.

Tout le monde n'achète pas une nouvelle maison chaque année. Si vous êtes locataire, votre bail ne prend pas fin immédiatement. Et parfois, le loyer, les changements de taux sont en quelque sorte décalés par rapport à ce que les conditions du marché pourraient dicter. Il existe parfois des formes de contrôle des loyers qui ralentissent même ce phénomène, en fonction de la juridiction.

En fait, le point le plus important est que l'inflation des prix de l'immobilier ayant fortement ralenti il y a quelques années, nous devrions continuer à bénéficier d'une force négative pendant un certain temps. Et donc contribuer à tirer l'inflation vers le bas. En fin de compte, la hausse récente devient pertinente. En fait, même dans ce contexte, le taux d'augmentation est assez modéré aujourd'hui. Nous pensons donc qu'il reste compatible avec une inflation tolérable.

Il faut simplement reconnaître qu'il y a des risques à vouloir garder ce point de vue réconfortant.

Une nouvelle complication apparaît au niveau de la chaîne d'approvisionnement. L'un des principaux risques est certainement le suivant: le coût de l'expédition d'un conteneur, à l'échelle mondiale. Nous avons eu d'énormes problèmes en 2021 et 2022, qui ont contribué à l'inflation. Ces problèmes se sont en grande partie résorbés et, bien sûr, l'inflation a partiellement baissé. Nous avons ensuite connu une légère hausse vers le début de l'année 2024.

Les rebelles houthis ont tiré sur les navires qui tentaient de traverser la mer Rouge, rendant le canal de Suez plus difficile d'accès. Et cela a fait grimper le coût du transport maritime — mais pas autant qu'il y a quelques années — et nous voyons cette tendance s'estomper.

Mais pas complètement. Même si la mer Rouge a été rouverte, le transit s’en trouve encore très limité. Les compagnies maritimes ont jaugé la situation et plutôt décidé de réorganiser leurs itinéraires. Elles contournent l'Afrique, ce qui leur prend dix jours, mais elles y arrivent. Mais on commence à voir les choses se rétablir. La réalité est que certaines complications persistent en raison de ce réacheminement des navires.

Vous l’ignorez peut-être, mais il y a aussi un problème de niveau d'eau dans le canal de Panama. Les navires qui transitent par le canal sont moins nombreux et moins chargés en raison de la sécheresse qui y sévit. Il y a donc plusieurs enjeux. On pourrait aussi évoquer le port de Baltimore, même si je pense qu'il s'agit d'une considération de moindre importance à ce stade.

Le fait est que le coût du transport maritime augmente à nouveau. Nous devons y prêter attention. Cela pourrait exercer une légère pression à la hausse sur les prix.

Encore une fois, nous ne pensons pas que la situation soit semblable à celle d'il y a quelques années. Nous ne pensons pas que cela aura un tel effet. Mais ce n'est pas non plus complètement insignifiant et la tendance à la hausse est récente.

D'accord. Pivotons à partir de là. J'espère que je ne vous ai pas laissé une mauvaise impression sur l'inflation. La grande nouvelle, c'est qu'elle a recommencé à baisser. Nous pensons qu'il est possible d'aller plus loin malgré certains risques et certains problèmes. Cela a permis aux banques centrales d'envisager au moins des baisses de taux.

L'ère des baisses de taux d'intérêt commence. Si l'on considère un ensemble assez sélectif de juridictions, certes axées sur les pays développés, on s'attend à ce que les banques centrales réduisent leurs taux pour la plupart. L'exception est le Japon, en bas de l'échelle. Ce pays, qui marche à son propre rythme, est un indicateur à la traîne. Ils viennent juste d'augmenter leurs taux, mais encore une fois, nous pensons qu'ils sont un indicateur à la traîne.

Certaines banques centrales développées ont réduit leurs taux. La Suisse a réduit ses taux en mars. La Banque centrale de Suède a réduit ses taux en mai. La zone euro — je répète que j’enregistre ceci à la fin mai — semble très susceptible de réduire ses taux. Le marché a une probabilité d'environ 90% d'une baisse des taux pour le 6 juin.

Canada. Le Canada pourrait réduire ses taux le 5 juin. En fait, il pourrait même agir plus rapidement que la zone euro. C'est tout à fait possible. Je pense qu'il est très probable que la Banque du Canada réduise ses taux en juin ou en juillet. Personnellement, je pense que les chances sont de 50/50 entre les deux. Le marché pense qu'il s'agit plutôt de 60% en juin et de 40% en juillet. Le mois de juin est donc tout à fait envisageable. Il pourrait y avoir une bonne surprise dans un avenir assez proche.

Mais que ce soit pour juin ou pour juillet, l'essentiel est qu'il y ait une tentative d'assouplissement en cours, compte tenu du fait que l'inflation canadienne est maintenant inférieure à 3% et qu'elle l’a été pendant quatre mois consécutifs. L'économie tourne un peu en dessous de son potentiel.

C'est le genre d'environnement dans lequel on envisage de lever certaines restrictions, d'autant plus qu'il s'agit d'un niveau de taux assez restrictif au départ. Il semble qu’il y ait un peu de marge.

Une chose dont il faut être conscient — et cela s'applique à toutes les banques centrales de cette liste, à l'exception du Japon, qui prend une direction différente — l'assouplissement, la réduction des taux devrait être assez lente, assez timide, assez graduelle, un peu inégale dans le sens où l'on coupe, on regarde, on attend de voir ce qui se passe et puis on recommence.

Historiquement, lorsque les banques centrales réduisent leurs taux, elles prennent l'ascenseur pour aller plus vite. Il s'agit souvent de réductions importantes et agressives, mais c'est normalement dans le contexte d'une récession. Nous ne pensons pas qu'il y aura une récession cette fois-ci. Le risque n'est pas nul, mais nous ne pensons pas que ce soit le scénario le plus probable.

Par conséquent, les banques centrales vont agir beaucoup plus lentement. Mais il est important de faire comprendre qu'un taux d'intérêt neutre ou normal se situe en deçà des taux à court terme actuels.

Nous pensons qu'il est possible, en théorie, de réduire les taux de quelques points de pourcentage au cours des prochaines années. Je pense que c'est ainsi qu'il faut voir les choses.

Ce n'est donc pas la nouvelle normalité. La nouvelle normalité est plus élevée qu'en 2020, c'est certain, plus élevée que dans les années 2010, selon nous. Mais probablement pas aussi élevé qu'aujourd'hui. Il y a donc une certaine marge de manœuvre pour éliminer un peu la douleur des taux.

Mais je me suis laissé distraire. Revenons à ce tableau. Le Royaume-Uni pourrait réduire ses taux en août. On a cru à la fin du mois de juin, mais des élections ont été convoquées pour le 4 juillet. Il est très probable que le parti travailliste l'emporte, ce qui marquera un changement de gouvernement au Royaume-Uni, à moins d'un revirement spectaculaire au cours des prochaines semaines.

Les États-Unis pourraient réduire leurs taux en septembre. À un moment donné l'année dernière, on pensait que ce serait au printemps, mais cela ne s'est pas produit.

Il y a une semaine ou deux, il semblait que le mois de septembre était assez probable. Aujourd'hui, il y a un peu de frilosité et le calendrier se décale encore. Je dirais toujours que le mois de septembre est possible. C'est probablement la première date plausible à laquelle la Fed (Réserve fédérale américaine) pourrait procéder à une réduction. Il se peut qu'elle le fasse un peu plus tard. Et bien sûr, il y a les élections avec lesquelles composer.

Et puis, comme je l'ai mentionné, le Japon prend une direction différente. En fait, le rendement japonais à dix ans vient de dépasser 1% pour la première fois en onze ans. Le Japon va dans la direction opposée et, au demeurant, on pourrait voir une légère hausse et une réduction des achats d'obligations parce que le Japon est en train d'échapper à une très longue période de taux d'intérêt ultra-faibles.

Très bien, passons à autre chose. Simplement réitérer certains des points que je viens d'évoquer.

Les banques centrales du monde entier passent des hausses aux baisses. La fraction des banques centrales mondiales qui augmentent les taux est en doré. La fraction des banques centrales mondiales qui les réduisent est en bleu. J'ai déjà partagé cette information. Mais je l'aime bien. Vous pouvez voir que presque toutes les banques centrales ont relevé leurs taux pendant le choc inflationniste.

Aujourd'hui, très peu de banques centrales augmentent leurs taux. Un nombre restreint mais croissant de banques centrales procèdent à des assouplissements. Et nous pensons que cette tendance se poursuivra à l'avenir.

Nous pensons que nous sommes en train de passer à un environnement d'assouplissement. Les rendements obligataires, y compris ceux des obligations à terme, pourraient être un peu plus bas dans un an plutôt qu'un peu plus élevés.

Je dis un peu parce que le marché a déjà intégré une partie de la réduction des taux. Il est déjà au courant. Les rendements sont déjà inférieurs à ce qu'ils auraient été sur cette base.

Laissons de côté l'inflation et les banques centrales pour nous intéresser un instant à l'économie proprement dite.

L'activité économique mondiale se redresse légèrement. Ce n'est pas un mauvais aperçu de la situation mondiale actuelle.

Les enquêtes mondiales sur les indices des directeurs d'achat (PMI) donnent une idée de la situation actuelle et de l'évolution possible de l'économie. Des indicateurs utiles, fraichement publiés, mensuels et opportuns. Bien sûr, les différentes juridictions expriment des points de vue différents. Mais en général, les gens se sentent mieux dans la situation actuelle qu’il y a un ou deux trimestres.

Je dirais que les perspectives s'améliorent progressivement. Elles ne sont pas optimistes dans l'absolu — les niveaux ne sont pas si élevés — mais suffisantes pour assurer une croissance économique modeste à modérée. Et c'est ce que nous recherchons.

En fait, nous sommes proches du scénario idéal. Je rappelle que nous ne voulons pas d'une croissance économique trop vigoureuse pour l'instant, car cela risquerait non seulement d'entraîner une surchauffe des économies, mais aussi de faire grimper l'inflation et de forcer les taux à rester élevés, voire à augmenter. Deux choses que nous ne voulons pas.

Ce que nous voulons pour l'instant, ce sont des économies qui progressent à un rythme normal. Permettre à l'inflation et aux taux d'intérêt de baisser et aux choses de se normaliser. Et les indicateurs que nous observons en ce moment vont tous dans ce sens. C'est donc un bon signe.

Convergence économique  les États-Unis ne surpassent plus les autres pays. En ce qui concerne la notion de convergence économique ou peut-être la fin de l'exceptionnalisme économique des États-Unis, ce graphique ne dit pas tout.

En fait, il ne donne qu'une petite perspective. Mais je dirais qu'il faut se concentrer sur l'écart entre ces deux lignes. La ligne bleue a été plus élevée que la ligne dorée pendant la majeure partie de l'année dernière. Il s'agit de l'économie américaine, qui a connu plus de surprises économiques positives que le reste du monde. Ce n'est pas tout à fait la même chose que de dire que l'économie américaine était plus forte. Mais en résumé, c'est ce qui s'est passé.

L'économie américaine était forte. Le reste du monde l’était un peu moins. Aujourd'hui, il y a eu un léger revirement. Ce n'est pas énorme. Nous verrons s'il se maintient. Mais le plus important c’est que les États-Unis ne sont plus à ce point le plus élevé des deux, à l'heure actuelle. Techniquement, la ligne dorée est un peu plus haute que la ligne bleue.

Cela indiquerait que les États-Unis connaissent en ce moment des surprises économiques légèrement négatives. Les chiffres ont davantage déçu que satisfait, alors qu'au niveau mondial, c’est le contraire, dans une certaine mesure. Cela dit, les États-Unis ne sont pas en train de chuter à ce point non-plus.

C'est plutôt qu’ils allaient très vite et qu'ils ralentissent maintenant pour atteindre un taux de croissance modéré. Sans doute une bonne chose pour eux. Le reste du monde évoluait plutôt lentement en 2023. Il s'accélère maintenant pour atteindre un taux de croissance modeste à modéré. C'est également une bonne chose. Quelque part au milieu, c'est probablement le remède dont tout le monde a besoin.

Dans ce contexte, parlons du consommateur américain. On peut se montrer un peu inquiet pour le consommateur américain. Ces derniers temps, on m’a posé beaucoup de questions à ce sujet. D'où les prochaines diapositives que je vais vous présenter.

Les inquiétudes des consommateurs américains augmentent. Si l'on s'inquiète pour le consommateur américain, il faut savoir que la hausse des taux d'intérêt lui fait mal. Voici les taux d'impayés sur les prêts hypothécaires, les prêts automobiles et les cartes de crédit. Et ils sont tous en hausse. Ces taux d'impayés sur les voitures et les cartes de crédit en particulier sont assez élevés, par rapport aux deux dernières décennies.

Nous constatons donc une certaine souffrance. Certains Américains en arrachent dans le contexte de taux d'intérêt élevés. On ne peut l'ignorer.

On ne le voit pas ici, mais une autre préoccupation est qu'il semble que les Américains aient plus ou moins dépensé leur surplus d'épargne pandémique. Ils avaient accumulé beaucoup d'épargne durant la phase initiale de la pandémie, les mesures de relance du gouvernement y ayant contribué en partie, mais les possibilités limitées de dépenser y étant pour beaucoup.

Nous voici dans une situation où il semble que les Américains aient dépensé la majeure partie de leur épargne. Mais cela dépend des hypothèses. Certaines mesures disent qu'il n'y a plus rien. D'autres, que c’est vrai, mais seulement en partie. Quoiqu’il en soit, le taux d'épargne personnel est aujourd'hui assez bas. Il n'est que de 3%. Historiquement, le plus bas est de 1%.

Il y a peu d’espace pour que les dépenses progressent de manière agressive sans que les revenus n’y soient pour quelque chose. Et cela a de quoi rendre nerveux. En fin de compte, il est raisonnable de s'attendre à ce que la croissance des dépenses de consommation soit un peu plus faible au cours des prochaines années, et que celles-ci ne soient pas le principal moteur de la croissance.

Vous m'avez déjà entendu prononcer ces termes à plusieurs reprises, mais un taux de croissance des dépenses de consommation plus modeste ou modéré est probable, tout comme pour l'ensemble de l'économie. Mais nous pensons qu'il y a encore de la place pour une croissance des dépenses. Je vais vous montrer quelques graphiques qui étayent cette idée.

Les dépenses de consommation peuvent encore augmenter. La valeur nette des ménages est en hausse et assez élevée. Mais il ne faut pas s’y méprendre. Il y a bien eu un petit pic il y a un an ou deux et il semble que nous soyons en train de chuter aujourd’hui, mais tout cela est dû à une sorte de distorsion pandémique. Pour l'essentiel, nous ne pensons pas que ce soit un reflet durable de la situation.

Pour moi, l'histoire est celle d'une tendance à la hausse. Objectivement, les marchés boursiers sont en hausse. Objectivement, les prix de l'immobilier sont bien plus élevés qu'il y a cinq ans dans presque tous les pays du monde. Ainsi, pour ce qui est de la capacité des consommateurs à dépenser, on peut bien sûr examiner le montant de l'épargne sur un revenu.

La richesse ne s'accroît pas uniquement grâce à l'épargne, mais aussi grâce à l'appréciation. Et l'appréciation a été très positive. Nous avons vu la valeur nette des ménages beaucoup augmenter en conséquence. Il existe donc une marge de manœuvre pour dépenser sur ce front également.

Le marché du travail américain se porte toujours bien. Le marché du travail se porte bien. Certes, la création d'emplois a ralenti — et ce ralentissement est sain — mais nous la voyons toujours.

Au final, pour les consommateurs, le principal indicateur des dépenses de consommation est le fait qu’ils aient ou non un emploi. De toute évidence, la réponse est oui. La création d'emplois se poursuit.

L'un des plus récents indicateurs est celui des demandes hebdomadaires d'allocations chômage, que vous avez sous les yeux. Elles sont très faibles. Difficile de dire à quel point ce chiffre est bas — on ne voit ici que quelques années de données — mais il est très bas par rapport aux normes historiques et continue de faire du sur-place. Nous ne constatons pas de détérioration importante, et nous n'en prévoyons pas non plus. Nous pensons que cela va rester ainsi.

J'ai parlé plus tôt des salaires — après les coûts de l’inflation, de la main-d'œuvre et de la productivité — qui ne vont pas très bien. Mais en réalité, les salaires après inflation sont plus élevés. Les gens ont plus d'argent à dépenser. Peut-être pas autant qu'ils le mériteraient, si l'on se réfère aux résultats de la productivité. C'est là qu'il y a un débat. Mais les gens ont plus d'argent à dépenser. C'est donc un élément qui favorise également les dépenses.

En conclusion, nous pouvons dire qu'il est logique que les consommateurs continuent à dépenser, même si ce n'est pas avec enthousiasme. Nous ne voyons aucun signe de faiblesse particulière lorsque nous examinons les données en temps réel. L'un des rares points positifs de la pandémie aura tout de même été cette multitude d'indicateurs en temps réel qui ont été générés pour nous.

Aucun signe de faiblesse des consommateurs dans les données en temps réel. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Il s'agit de l'indice des cartes de crédit de Bank of America. RBC en tient un pour le Canada. Mais je parle ici des États-Unis. Quand on regarde de leur côté, on constate toujours une performance plutôt normale de la part des consommateurs. Cette ligne semble faire du sur-place, avec quelques fluctuations, sans signe réel de grande détresse à ce stade.

Il convient de dire que même avec des taux plus élevés douloureux pour tout un groupe d'Américains, lorsque l'on examine les coûts du service de la dette aux États-Unis pour les ménages, une part tout à fait normale du revenu est consacrée au paiement des intérêts et du capital de la dette.

Cette part a été exceptionnellement basse pendant la pandémie. À l'heure actuelle, elle n'est pas plus élevée qu'avant la pandémie. Aujourd'hui, elle pourrait commencer à augmenter. La situation changera peut-être, mais pour l'instant, le fardeau n'est pas si lourd que l’on pourrait croire.

Vous m'entendez parler d'une croissance économique modeste à modérée, comme si c'était une bonne chose, par opposition à une croissance forte.

La raison fondamentale en est que l'économie américaine, du moins, est un peu en surchauffe. Le taux de chômage est probablement un peu plus bas qu'il ne devrait. Le niveau de production serait un peu plus élevé que le niveau supportable, si nous voulons vraiment que l'inflation revienne à la normale.

Plusieurs points peuvent étayer cette affirmation. Historiquement, on constate que les taux de chômage sont encore assez bas à l'heure actuelle. Ce serait la façon la plus simple de le dire.

Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

Un atterrissage en douceur implique une certaine décélération économique. Nous disposons de cinq indicateurs différents pour mesurer la situation de l'économie américaine par rapport à son potentiel. Certes, une économie peut être en-deçà de son potentiel, mais il arrive aussi qu’elle le dépasse. Il arrive qu’elle fonctionne à un rythme plus élevé que ce qu'elle peut supporter de façon durable.

La raison pour laquelle ce n'est pas durable est que, lorsque les taux augmentent, l'inflation reprend de plus belle, ce qui nuit à l'économie et nous ramène sur terre. D’où cette notion d'économie fonctionnant à son potentiel. Cette marge s’appelle l’écart de production, et c'est ce que montre ce graphique. En résumé, ces cinq lignes ne sont pas exactement identiques, mais elles se suivent.

C'est la nature même de l'économie: gérer les contradictions et essayer de trouver des tendances. Il n'y a pas si longtemps, ces cinq indicateurs auraient tous indiqué que l'économie américaine était en situation de demande excédentaire et de surchauffe. Ils affirment maintenant que l'économie américaine commence à redescendre sur terre. Mais certains d'entre eux diraient qu'il y a encore un peu de travail à faire.

Nous avons donc probablement besoin d'une économie qui tourne un peu plus lentement, ne serait-ce que pour ramener l'inflation à son juste niveau, abaisser les taux et tout le reste.

En 2024, la croissance du PIB américain devrait être équivalente à celle de 2023, mais ralentir en 2025. Voici un graphique que nous présentons de temps en temps. Je l'aime bien. Il est intéressant à plusieurs égards.

Il est assez étonnant de revenir sur la pandémie et de constater qu'en 2019, les perspectives pour 2020 semblaient à peu près normales. Puis tout a changé lorsque la pandémie a frappé. Chacune de ces lignes représente les prévisions et la façon dont elles ont changé cette année-là. La chute vertigineuse de la ligne marron montre à quel point les perspectives économiques se sont détériorées au moment de la COVID en 2020.

En 2021, la reprise s'est accélérée et s'est avérée plus impressionnante que presque tout le monde ne l'avait prévu. Chaque année a sa petite histoire. En regardant à l'extrême droite, on peut voir quelques éléments concernant les années 2024 et 2025.

Comme tout le monde, nous sommes devenus plus optimistes pour 2024 au cours des six à neuf derniers mois. À un moment donné, nous étions très inquiets à l'idée d'une récession. Nous ne sommes pas encore totalement sortis d'affaire, mais nous sommes moins inquiets à l'idée d'une récession à l'heure actuelle. Vous pouvez voir cette ligne — je ne sais pas de quelle couleur elle est —, la ligne 2024, comme nous l'appellerons, augmente légèrement.

On redevient optimiste avec une prévision de croissance d'environ 2,4% aux États-Unis, ce qui n'est pas très loin de nos propres prévisions.

Vous remarquerez que les prévisions pour 2025 sont un peu plus basses. C'est peut-être là que réside le problème. Les prévisionnistes commencent à peine à travailler sur 2025. La ligne est encore courte.

Il n'y a pas encore beaucoup de mouvement en 2025.

Mais la pensée par défaut — que nous partageons — est que la croissance en 2025 devrait être un peu plus lente. C'est donc l'idée d'un retour sur terre de l'économie, dans une certaine mesure. Il s'agirait plutôt d'un taux de croissance de l'ordre de 1% pour 2025, ce qui est décevant par rapport aux normes américaines. Techniquement, il s'agirait de la pire année de croissance depuis 2020, depuis la pandémie.

Mais c'est plus qu’acceptable. En fait, encore une fois, c'est probablement ce qu'il faut pour ramener l'inflation là où nous le souhaitons.

La trajectoire budgétaire des États-Unis en 2024 reste très similaire à celle de 2023. Quelques autres réflexions à ce sujet. Tout d'abord, sur le plan budgétaire, je vous ai donné le préambule dans la table des matières. Je me contenterai de répéter qu'une grande partie de la croissance de 2023 était due à une énorme impulsion budgétaire qui n'avait pas été complètement anticipée.

Nous avons été très attentifs.

On constate parce que la ligne orange, celle de 2023, est plus élevée que la ligne bleu clair, celle de 2022. Cela revient à dire que des déficits budgétaires plus importants se traduisent par une augmentation des dépenses publiques. Il s'agit donc d'une impulsion fiscale positive qui a contribué à faire progresser l'économie.

Ce qui importe, c'est l'écart entre les lignes des années adjacentes. On peut maintenant commencer à dire des choses sensées sur 2024, qui est la ligne bleu foncé. En comparant la ligne bleu foncé à la ligne orange, on peut se demander si l’impulsion fiscale est positive ou négative pour 2024 jusqu'à présent.

Et la réponse est qu'il n'y a pas d'impulsion fiscale. Cette ligne bleu foncé est difficile à distinguer de la ligne orange. Les deux suivent une courbe très similaire. Il s'agit donc d'une force neutre. La raison pour laquelle nous insistons pour la suivre d'un mois sur l'autre, et la raison pour laquelle elle oscille autant, c'est qu'il y a des facteurs saisonniers ici et là.

Il ne serait pas tout à fait juste de prétendre que l'expérience s'est déroulée sans heurts. Mais elle a été très similaire. Je dirais donc qu'à ce stade, le volet budgétaire est neutre, qu'il n'ajoute ni ne retranche rien à la croissance. Cela vaut la peine de s'en souvenir, étant donné les surprises de l'année dernière.

Très bien. Quelques questions rapides. La première est la suivante:

Les risques géopolitiques sont plus élevés que la normale. Nous avons déjà parlé des risques géopolitiques. Je vous ai déjà dit que les élections américaines, le Moyen-Orient, l'Ukraine, les relations entre la Chine et les États-Unis, voire entre la Chine et l'Occident, soulevaient des questions et des problèmes. Les risques géopolitiques et le fait qu'ils soient vraiment plus élevés que la normale donnent lieu à beaucoup de contorsions.

Mais je demeure sceptique dans la mesure où si l'on choisissait au hasard une année du siècle dernier, on y trouverait deux ou trois guerres, des événements peu réjouissants et des conflits sociaux. Je ne suis pas sûr que nous vivions une époque à ce point inhabituelle, mais il est vrai que nous connaissons un peu plus de problèmes géopolitiques que d'habitude en ce moment.

La bonne chose c’est qu’on peut le quantifier. Voici un graphique sur le risque géopolitique qui confirme que nous connaissons un niveau de risque plus élevé que la normale. Regardez ces petits moments où il y a des pics. Ce graphique a été construit en recherchant dans les journaux des mots ayant un rapport avec la géopolitique.

C'est l'une des tâches que les ordinateurs savent très bien faire. Bien sûr, nous ne sommes pas au milieu d'une nouvelle guerre qui viendrait de commencer. Les grands titres ne sont pas unanimes. Nous ne sommes pas dans l'une de ces périodes de pointe. Néanmoins, les nouvelles géopolitiques font davantage les manchettes par rapport à la norme.

Donc, oui, il y a plus de risques. Et la nature malheureuse des risques géopolitiques est qu'ils sont un peu plus susceptibles de devenir négatifs. Ils sont orientés à la baisse, voilà la façon de le dire. Ils peuvent être résolus, et ce serait tant mieux. Mais un grave problème peut toujours se produire.

Il y a toujours un élément de risque négatif plus important. Nous en sommes donc conscients.

Et lorsque nous pensons à nos propres investissements, il est certain que nous prenons des risques et que nous investissons dans les actions et les crédits, mais on espère capitaliser sur des économies en croissance et des conditions positives.

Même si nous pensons que l'économie peut continuer à croître, il est entendu que nous ne prenons pas de risques énormes. Et ce pour plusieurs raisons.

L'une d'entre elles est que nous pensons être en milieu ou en fin de cycle, ce qui permet normalement au mieux d'obtenir des rendements modérés plutôt qu'énormes. C'est aussi parce qu'il y a peut-être plus de risques que d'habitude.

Nous ne pouvons pas exclure complètement une récession. Certains de ces éléments plaident moins en faveur de la prise de risque. Le marché boursier américain est cher. Les écarts de crédit sont faibles. Ce n'est pas comme si les marchés étaient particulièrement bon marché en dehors des actions internationales. Cela motive en fin de compte une prise de risque modérée actuellement.

Les rendements des actions sont généralement modérés si nous sommes en milieu ou en fin de cycle. Ce point suivant me permet de faire une transition pour la suite. Je viens juste de le dire, nous pensons être au milieu ou à la fin du cycle. Une fin de cycle ne devrait pas nous rendre nerveux. Une fin de cycle annonce un certain nombre d'années de croissance à venir.

Cela ne veut pas dire que les choses vont se gâter demain. Un milieu ou une fin de cycle signifie, historiquement, une bonne période pour le marché boursier. Voici le S&P 500 et les rendements médian et moyen, ainsi que la distribution des rendements. On peut y voir ce à quoi on s’attendait, mais il est agréable de voir la théorie s'aligner sur la réalité.

Cela se produit moins souvent que je ne le souhaiterais dans l'espace économique. C'est pourquoi un tel graphique m'enchante. Les plus grands rendements des actions se produisent au tout début du cycle. Le marché boursier est déprimé après une récession. Si vous êtes suffisamment agile ou rapide pour prévoir la fin, ou même la gravité d’une récession, c'est là que vous pouvez gagner le plus d'argent.

En général, le marché se porte très bien en début de cycle, pendant la première ou les deux premières années d'une reprise. Il est plus modéré en milieu et en fin de cycle.

Et lorsqu’on se trouve en fin de cycle ou à l'aube d'une récession — voire en récession pure et simple — c'est généralement à ce moment-là qu’on perd de l'argent ou que les rendements sont négatifs.

Pas de surprise donc. Mais il est agréable de voir que la théorie s'aligne sur la réalité.

Nous pensons, comme je l'ai dit, que nous sommes en milieu ou en fin de cycle. Cela correspond à des gains au niveau des actions, ce qui est bien, mais à des gains modérés et non énormes.

Très bien. Il nous reste encore quelques graphiques. Parlons un peu du Canada.

Le Canada dans le contexte mondial. Il s'agit d'une vue d'ensemble, mais il est bon de présenter le Canada de façon un peu plus détaillée.

Parlons de cette carte. Tout d'abord, la planète a été confrontée à des enjeux mondiaux au cours des dernières années. La pandémie était certainement mondiale, tout comme la réponse en termes de fermetures, et ce genre de choses. L'inflation excessive était plus ou moins mondiale. La Chine et le Japon ne l'ont pas autant vécu, mais le reste du monde oui.

Les taux d'intérêt élevés ont été très répandus dans le monde entier. Il s'agit donc d'une expérience commune et partagée.

Le Canada a cependant des spécificités qui ne sont pas totalement partagées. Reconnaissons que le Canada fait partie des économies les plus sensibles aux taux d'intérêt. Cela s'explique par l'endettement important des ménages et la faible accessibilité au logement.

En outre, la nature et la structure du marché hypothécaire rendent le Canada nettement plus sensible aux taux d'intérêt que les États-Unis, et peut-être même un peu plus qu'un certain nombre d'autres pays. Cela affecte le Canada. Les hausses de taux font plus mal. Les baisses de taux, si elles ont lieu dans les prochains mois, pourraient aider davantage, ce qui est plutôt encourageant.

Un soutien fiscal important. Comme pour de nombreux pays, il y a peut-être eu trop de soutien fiscal pendant la phase de rétablissement après la pandémie. Mais ces dernières années, en dépit de toutes les récriminations et de toutes les plaintes au sujet d'un déficit persistant qui, à mon avis, n'a pas lieu d'être, le Canada ne s’est pas lancé dans autant de dépenses déficitaires que les États-Unis et que beaucoup d'autres pays.

Sur ce point, le Canada devrait être félicité. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter autant d'un ralentissement de la croissance à moyen terme parce que le Canada ne connaîtra pas ce niveau d'austérité budgétaire auquel beaucoup d'autres pays pourraient être confrontés au cours des prochaines années. C'est donc une bonne chose.

Nous avons et allons continuer de parler du fait que le Canada a connu un boom de l'immigration qui a contribué, en théorie, à la croissance.

Mais cela a également créé des maux de tête et des complications. Ce boom se poursuit selon les dernières données, bien qu'il doive ralentir un peu cette année. À l'inverse — et peut-être en conséquence de cela — on assiste à un effondrement de la productivité, en partie due à une indigestion de l'immigration et suite aux effets de la pandémie.

D'autres facteurs sont de nature plus structurelle et n’ont pas été suffisamment considérés. Certains problèmes sont spécifiques au Canada.

Pour résumer le tout, en bas de page, j’ai mentionné que des taux plus bas devraient être utiles pour le Canada. Il faut s'en réjouir, surtout si vous avez une hypothèque ou autre emprunt.

Nous prévoyons une croissance, bien que modeste, et ce, malgré les difficultés persistantes des ménages. Nous pensons que l'inflation canadienne peut baisser. Elle se comporte déjà mieux que celle des États-Unis. Le point d'interrogation et le problème pour le Canada est l'inflation des loyers. Elle est plus forte et moins encline à baisser.

Bien sûr, elle est très sensible à la forte croissance démographique récente. Cela pourrait être un point plus délicat et compliqué en regard de l'inflation et de la Banque du Canada. C'est un point à souligner.

C'est une évidence, mais les élections américaines dans cinq mois sont importantes pour les États-Unis et pour le monde.

Le Canada s'en préoccupe beaucoup. La période 2016-2020 a été délicate pour le Canada, et l'accord commercial a été renégocié — et pas nécessairement en sa faveur. Cela pourrait bien être une autre période délicate, en particulier s'il devait y avoir une présidence Trump et certaines inclinations à l'isolement qui en résulteraient.

Le Canada doit au moins y réfléchir. Il se passe beaucoup de choses au Canada. Mais on peut conclure à une croissance économique au moins modeste, ce qui est une bonne chose.

Le pic de faillites d'entreprises au Canada était en effet temporaire, comme on s'en doutait. Je terminerai par cette parenthèse. Une source d'inquiétude qui n’en était pas vraiment une: cette ligne bleue représente les faillites d'entreprises au Canada.

Il y a eu un pic important. Nous parlons d'une augmentation de l'ordre de trois ou quatre fois. Cela peut paraître grave, mais est-ce un signe que l'économie s'effondre? Je pense qu'il y a une part de vérité. Il est indéniable que les taux sont plus élevés et que l'économie ne progresse pas très rapidement.

Mais nous pensions qu'il y avait des distorsions — et nous le pensons encore plus maintenant que nous commençons à voir la théorie se concrétiser. La distorsion réside dans le fait que le gouvernement avait mis en place un vaste programme de prêts suite à la pandémie, et qu’un remboursement allait inévitablement être exigé à terme. Pour l'essentiel, tout est arrivé à échéance au début de l'année 2024.

Certaines petites entreprises se sont avérées non viables. L'effet sur l'économie n'est donc pas énorme, même s'il ne faut pas minimiser la douleur ressentie par les propriétaires. Néanmoins, beaucoup d'entreprises se sont dit qu'elles allaient cesser leurs activités et qu'elles n'étaient pas viables en raison de la nature de ces prêts qui arrivaient à échéance.

Nous avons donc constaté un pic, mais nous commençons maintenant à le voir se résorber. Nous pensons donc que la majeure partie de ce pic est liée à l'expiration de ce programme de prêts et à certains des problèmes qui en ont découlé temporairement.

Très bien. Je vous remercie pour votre temps.

Comme toujours, si vous avez trouvé cela intéressant comme je le souhaite, n'hésitez pas à nous suivre en ligne. Nous avons un fil Twitter (ou un fil X comme on l'appelle maintenant). Nous avons un flux LinkedIn où de nombreuses recherches sont partagées. Vous pouvez vous rendre directement à la source de l'information, c'est-à-dire sur rbcgam.com.

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Je vous remercie encore une fois. Merci de m'avoir accordé votre temps. Je vous souhaite beaucoup de succès dans vos investissements et je vous donne rendez-vous le mois prochain.

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