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Accepter Déclin
Par  Eric Lascelles 3 mai 2024

Dans sa webémission de mai, notre économiste en chef livre des réflexions approfondies sur la situation dans le monde entier. Malgré les risques persistants, les perspectives de croissance pour 2024 sont favorables. À l’heure actuelle, le portrait de l’économie offre plus de bonnes nouvelles que de mauvaises. En voici des exemples :

  • La croissance économique a été régulière pendant le premier tiers de 2024.

  • Les prévisions actuelles d’atterrissage en douceur se maintiennent sans heurt.

  • Les nouvelles concernant l’économie chinoise sont bonnes.

  • L’inflation a beaucoup diminué depuis son sommet.

Notre économiste en chef discute aussi des taux d’intérêt, des risques géopolitiques, des élections aux États-Unis et d’autres sujets.

Durée : 36 minutes, 8 secondes

Transcription

Bonjour et bienvenue à notre nouvelle webdiffusion économique mensuelle. Je m'appelle Eric Lascelles. Je suis l'économiste en chef de RBC Gestion mondiale d'actifs et je suis heureux de partager avec vous nos dernières réflexions économiques.

Le titre de cette présentation est L'atterrissage en douceur reste d'actualité, malgré une inflation tenace. Ce titre fait référence à deux choses :

  • D'une part, les chiffres de l'inflation, en particulier aux États-Unis, ont été plutôt mauvais au cours des derniers mois. L'inflation s'est légèrement accélérée par rapport à la tendance à la baisse que nous avions observée et que nous souhaitions voir se prolonger.

Ce n'est pas idéal. J'y reviendrai plus en détail dans un instant.

 

  • Malgré ce défi, malgré les répercussions sur les taux d'intérêt, nous pensons toujours qu'un atterrissage en douceur est l'issue la plus probable. Et pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce terme, l'atterrissage en douceur fait référence à une économie qui peut continuer à croître et éviter une récession malgré certains des défis qui se posent en ce moment.

Alors, allons-y.

Le bilan : Commençons par un bilan. Du côté positif, commençons par nous réjouir que la croissance économique ait persisté pendant le premier tiers de l'année 2024. Soit-dit en passant, j'enregistre cet entretien à la toute fin du mois d'avril et vous l'écouterez sans doute en mai. Mais la croissance économique s'est poursuivie tout au long de cette période.

Ce n'était pas gagné d'avance si l’on se fie au discours qui prévalait à l'approche de 2024. On s'attendait à ce que la première moitié de l'année soit une période difficile, et l'on se demandait s'il y aurait une récession ou simplement une croissance assez lente. Mais en fait, la croissance est plutôt satisfaisante pour l'essentiel.

Le récit d’un atterrissage en douceur se maintient, et nous pensons qu'il est plus probable que les économies continuent de croître plutôt que de tomber en récession. En ce sens, certains signaux de récession se sont inversés de manière positive. Un ou deux de plus se sont inversés par rapport à il y a quelques mois.

Voilà une bonne chose.

L'inflation est inférieure à son pic. Je le mentionne non pas parce qu'il s'agit d'une nouvelle tendance, mais simplement pour ne pas perdre complètement cela de vue. Dans un instant, je vais me plaindre d'une inflation qui se situe dans les 3 %. Nous aimerions qu'elle soit de 2 % et tout le monde est un peu contrarié par cette situation.

Mais n'oubliez pas que l'inflation était de 8, 9, 10 %, selon les pays développés, au milieu de 2022. Nous avons fait d'énormes progrès. Une inflation de 10 % était probablement incompatible avec la croissance économique sur une période de temps prolongée. C'était un grave problème.

Nous sommes aujourd'hui confrontés à un problème moins important. Si nous devions rester bloqués à un niveau d'inflation de 3 ou 3,5 %, personne ne s'en réjouirait.

Mais l'économie pourrait croître. Ce n'est pas incompatible avec la croissance économique. Nous avons fait beaucoup de progrès. On devrait s’en réjouir avant de se plaindre des progrès qui restent à faire.

Je signale qu'en Chine, nous assistons à un léger rebond économique. C’est le discours que nous tenons depuis un certain temps : le pessimisme à l’égard de la Chine nous semble exagéré.

Il y a beaucoup de raisons d'être pessimiste, mais peut-être pas à ce point. Je pense que cela tombe sous le sens.

J’attire votre attention sur les actifs à risque. En un mot, le marché boursier a été plus enclin à monter qu'à descendre — avec un peu moins d'enthousiasme au cours du mois dernier. Néanmoins, on constate des gains impressionnants en 2023 de même que des écarts de crédit plus étroits.

Et si le marché fait un pari sur les perspectives économiques, son pari est essentiellement positif. Voilà pour les aspects positifs.

Pour ce qui est des aspects négatifs, il y en a un certain nombre à examiner. Parlons-en. Tout d'abord, comme nous l'avons mentionné, l'inflation a été décevante ces derniers mois, principalement aux États-Unis, mais pas exclusivement, ce qui explique certaines surprises par rapport aux attentes du consensus.

En conséquence, les rendements obligataires ont augmenté. Nous sommes donc confrontés à des taux un peu plus élevés qu'il y a quelques mois. On ne parle pas de menace pour l'économie, mais cela la ralentit assurément.

Cela ralentit donc un peu la croissance. En passant, cela pourrait aussi faire partie de la solution, car un ralentissement de la croissance pourrait aider à maîtriser l'inflation. Mais en soi, le ralentissement de la croissance n'est pas nécessairement le bienvenu.

Nous continuons à signaler un risque non négligeable de récession. Nous avons dit, il y a un mois je crois, qu'il y avait 35 % de chances qu'il y ait une récession au cours de l'année à venir.

Ne perdons pas complètement cela de vue, même si c'est le moins probable des deux principaux résultats possibles. Reconnaissons également qu'il existe des incertitudes dans un contexte plus large. Ainsi, je pense qu'il faut admettre, après la récente inflation galopante, que le risque de rester bloqué à un niveau d'inflation plus élevé est plus grand qu'il ne l'était. Ce n'est pas notre scénario de base.

Notre scénario de base est que l'inflation continue à baisser. Mais il n'est pas impossible que nous passions plus de temps dans les 3 %. Et l'une des explications en serait que certains risques géopolitiques dans le monde se déclenchent. On pourrait se retrouver avec un prix du pétrole plus élevé si les problèmes au Moyen-Orient s'intensifient, ou peut-être les problèmes en Ukraine, ou ailleurs.

Et puis il y a un autre thème négatif — non pas que les élections américaines soient un thème négatif; je devrais les classer dans la catégorie des thèmes neutres. Mais je dirais que l'incertitude entourant le résultat de l'élection américaine est un thème négatif en soi. Nous ne savons pas quelles politiques seront mises de l’avant au début de l'année 2025. Et la lutte demeure très serrée à ce stade.

Par ailleurs, il est intéressant de noter que certaines banques centrales ont commencé à réduire leurs taux d'intérêt. Je vais me plaindre dans un instant de ce que la Fed a apparemment retardé le début de son cycle de réduction des taux, ce qui est peut-être justifié compte tenu de la hausse de l'inflation. Mais nous avons vu un grand nombre de banques centrales des marchés émergents réduire leurs taux. La Banque nationale suisse, dans le monde développé, a réduit les siens.

Nous ne sommes pas très loin des réductions de taux dans d'autres pays, y compris potentiellement au Canada en juin ou juillet. Il est donc probable que nous aurons encore des baisses de taux. La croissance économique, si tant est qu’elle va se poursuivre, doit être considérée comme une continuation du cycle existant, et non comme le début d’un prochain cycle idyllique de dix ans.

En d’autres termes, la croissance à venir ne sera peut-être pas celle d'un nouveau cycle.

Je vais répéter quelque chose que vous êtes sans doute las d'entendre, à savoir que dans une perspective à moyen terme, nous devons penser aux finances fiscales. De nombreux pays enregistrent des déficits importants et il faut s'attendre à ce que cela devienne de plus en plus déterminant dans les années à venir, à mesure que ces déficits se transformeront en une dette plus importante.

Simultanément, étant donné que les obligations sont assorties de taux d'intérêt plus élevés, le service de la dette publique devient plus coûteux.

Voilà donc un aperçu des principaux points et de la direction que nous allons prendre. Passons maintenant aux chiffres et à certains graphiques et idées spécifiques.

Je vous présente rapidement une séquence de trois graphiques qui résument assez bien ce qui a rendu les gens quelque peu nerveux ces derniers temps.

La tendance récente de l'inflation américaine va dans la mauvaise direction : Tout commence ici. Les plus récents rapports de l'inflation aux États-Unis sont plus chauds. La ligne bleu foncé représente la variation mensuelle de l'IPC (indice des prix à la consommation) aux États-Unis.

Nous avons constaté une accélération d'un mois sur l'autre au cours des quatre ou cinq derniers mois. Il s'agit donc bien d'une hausse générale, même si elle est due en grande partie au prix du pétrole, dont il est loin d'être certain qu'il va continuer à augmenter. Néanmoins, nous avons observé des pressions mensuelles plus fortes sur les prix.

La ligne dorée correspond à l'inflation de base. L'inflation de base n'a donc pas été aussi importante. Mais il n'en reste pas moins qu’à un moment donné, l'inflation de base aux États-Unis a augmenté de 0,2 %, ou un peu plus de 0,3 %, ce qui au fond n'était pas si mauvais, puisque cohérent avec une inflation de 2,5 % ou 3 %.

Nous avons récemment enchaîné quelques 0,4 %, ce qui correspondrait à une inflation de base de 5 %. Il ne s'agit donc pas d'une tendance annuelle réjouissante. Nous voyons donc une fois de plus l'inflation aller un peu dans la mauvaise direction.

À partir de là, en raison de la mauvaise orientation de l'inflation, les gens ne s'attendent pas à ce que les banques centrales réduisent autant leurs taux d'intérêt.

Une moindre marge de manœuvre de la Fed en matière de réduction des taux : À titre d’exemple, aux États-Unis, la ligne dorée correspond à nos attentes au début de l'année. Le marché tablait sur six baisses de taux, soit 625 points de base en 2024, puis d’un autre assouplissement substantiel en 2025.

Et vous pouvez voir que le marché pensait que le taux directeur pourrait descendre jusqu'à environ 3 %, voire moins, au début de l'année 2026.

Une grande partie de ces prévisions s'est dissipée. La ligne bleue représente désormais les prévisions pour les prochaines années. La réduction des taux commencera plus tard. Elle sera plus progressive. Elle descendra à un niveau moins bas. Personnellement, je doute que le niveau le plus bas du taux des fonds fédéraux sera beaucoup plus élevé qu'auparavant.

Je ne pense pas que nous allons rester bloqués à un taux de 4,25 %. Mais je dirais qu'à court terme, pour le prochain trimestre ou les deux prochains, il semble que la Fed ne réduira probablement pas ses taux. Peut-être qu'elle s'y mettra à l'automne, bien qu'il soit un peu délicat d'entamer une nouvelle action monétaire au moment des élections présidentielles.

Ça se complique. Il pourrait n'y avoir qu'une petite réduction des taux cette année, alors que l'on s'attendait à une réduction beaucoup plus importante. L'environnement inflationniste ne s'y prête tout simplement pas.

Les rendements obligataires augmentent, au détriment de l'économie : Cela nous amène au troisième graphique de la séquence, sur les rendements obligataires. Il n'est pas surprenant que les rendements obligataires aient augmenté au fur et à mesure que le marché anticipait des baisses de taux.

Les rendements obligataires sont déterminants à plusieurs égards. Mais l'une des façons de les considérer est qu'ils représentent une anticipation pondérée du futur taux directeur sur une période donnée. Ainsi, le rendement à dix ans a récemment augmenté en raison de l'hypothèse selon laquelle les taux à court terme seront un peu plus élevés au cours des prochaines années.

Le rendement des obligations américaines à dix ans est donc plus proche de 5 % que de 4 %. Il n'est pas encore aussi élevé qu'il l'était, disons-le. À la fin de l'année 2023, il avait même touché 5,0 %. Il a donc augmenté, et quand cela se produit, l'économie s’en trouve ralentie.

Nous avons fait une modélisation qui montre que cela devrait ralentir un peu l'économie. Il n'est pas évident qu'il s'agisse d'une récession. Ce n'est qu'une question de marge, mais cela ralentit un peu l'économie. Et comme je l'ai dit plus tôt, c'est peut-être une bonne chose, car pour obtenir un atterrissage en douceur, il en faut bien un atterrissage.

L'économie doit ralentir et l'inflation diminuer. Et des taux plus élevés sont un bon moyen d'y parvenir.

On verra comment les choses se passent. Mais il est certain que cela a entraîné une hausse des taux. C’est bien sûr frustrant si vous êtes un emprunteur ou si vous avez un prêt hypothécaire qui arrive à échéance et que ces taux ne sont plus aussi bas qu'ils l'étaient.

Malheureusement, il s’agit d’une des conséquences de l'inflation.

Un atterrissage en douceur reste probable pour les États-Unis : Voici les deux principaux scénarios. Nous nous concentrons sur les États-Unis, mais cela rime beaucoup avec le Canada et d'autres pays développés. Nous pensons toujours que le scénario d'un atterrissage en douceur est le plus probable. Les chances sont de 65 %. Pourquoi pensons-nous cela ? En partie parce que l'économie continue de croître et de dépasser les attentes.

Une autre raison est qu'au fil du temps, l'économie s'adapte progressivement à des taux plus élevés. Ce processus n'est d'ailleurs pas terminé. Les taux d'intérêt vont encore faire souffrir. Mais nous assistons à une adaptation et le risque de récession commence à se réduire un peu, alors que nous sommes entrés depuis deux ans dans cette période de taux d'intérêt plus élevés.

Comme nous l'avons mentionné, les banques centrales envisagent de réduire leurs taux. Il se peut qu'elles en fassent moins, et que cela se produise un peu plus tard que prévu, mais cette question demeure au cœur du problème. Voilà ce qui menace et ralentit l'économie. Que les réductions de taux soient probables ou pas — et nous pensons qu'elles le sont — il faut garder à l'esprit que les banques centrales sont désormais en mesure d'apporter leur aide en cas de besoin.

Si l'économie devait s'effondrer plus que prévu, il pourrait y avoir des baisses de taux. Les banques centrales ne sont plus totalement dépendantes de l'inflation.

Enfin, comme je l'ai déjà mentionné il y a un mois ou deux, de la longue liste des signaux de récession que nous suivons, plusieurs se sont inversés.

Certains des éléments qui prédisaient une récession ne la prédisent plus. Il est très inhabituel que ce changement se produise sans qu'il y ait d'abord eu une récession. C'est pourtant ce qui s'est produit. Et nous pensons que cela augmente les chances d'un atterrissage en douceur.

En ce qui concerne l'atterrissage brutal, le risque de récession est de 35 %. C'est la réciproque de l'atterrissage en douceur.

Pourquoi ce risque n'est-il pas encore totalement négligeable ? Eh bien, certains signaux de récession sont encore intacts. Les courbes de rendement sont toujours inversées. C'est l'un des signaux classiques que nous observons. L'inflation, comme nous venons de le dire, reste tenace. Elle met plus de temps à baisser, ce qui complique les choses. Il y a même un risque que les taux augmentent encore.

Pour ce qui est des rendements obligataires, plutôt que de voir les banques centrales relever les taux, je pense que ceux-ci vont simplement rester élevés plus longtemps.

Et puis, la question du resserrement monétaire. Je pense qu'il sera mis en œuvre avec un certain décalage. L'économie pourrait donc souffrir davantage en cours de route. C'est déroutant, et ce n'est pas idéal de parler de multiples scénarios qui sont diamétralement opposés les uns aux autres.

De manière simpliste, je dirais que nous pensons que l'atterrissage en douceur est le plus probable. Mais nous ne devrions pas investir uniquement sur cette base. Il n'y a aucune garantie que ce soit le cas. C'est simplement le plus probable des deux scénarios.

D'accord, passons en revue quelques graphiques qui soutiennent la croissance en ce moment.

Vent arrière pour la croissance américaine en 2023 et 2024 — l'immigration clandestine est à l'origine d'un boom démographique sous-estimé : Ce n'est pas aussi simple que ça. Les Canadiens peuvent se moquer de ces chiffres beaucoup plus modestes que les leurs. Mais les États-Unis ont connu une croissance démographique sournoisement rapide au cours des dernières années.

Nous n'en avons pas pris toute la mesure. Nous savions que l'arrivée d'immigrants sans papiers à la frontière sud des États-Unis suscitait de vives inquiétudes. Cette question a fait la une des journaux et a été au cœur des campagnes électorales, mais nous ne disposions pas de chiffres fiables sur le nombre de personnes qui entraient réellement sur le territoire.

Le Bureau du recensement, dont la tâche principale est d'estimer la population, fournissait des chiffres plutôt modestes. Il indique que la croissance de la population en 2023 sera de 0,5 %, ce qui n'est pas très différent de la normale. En théorie, ils devraient inclure les immigrants sans papiers, mais il semble qu'ils aient été très conservateurs dans leur méthodologie. Il semble qu'ils aient probablement omis certains éléments.

Tournons-nous vers le Bureau du budget du Congrès, qui semble plus audacieux et qui fait des estimations plus crédibles quant au nombre d'immigrés sans papiers qui entrent dans le pays. C'est ce qui explique ce graphique, et en particulier le côté droit. Vous pouvez constater qu'il y a eu une véritable poussée de croissance de la population américaine en raison de cette immigration. La croissance de la population aurait été d'environ 1,2 % l'année dernière et devrait être d'environ 1,2 % cette année.

Elle devrait ralentir quelque peu à partir de là, mais il serait imprudent de s’avancer sur l'immigration en 2025 ou au-delà, en raison des élections. Les deux candidats font toutes sortes de promesses pour réduire l'immigration ou en modifier les modalités. Il est donc difficile de prédire l'avenir.

Cela dit, pour 2024, la tendance est assez rapide. Et cela a été un vent arrière. En temps normal, la croissance démographique aux États-Unis est d'environ 0,5 %.

Ainsi, lorsque nous nous demandons comment il se fait que l'économie américaine ait dépassé les prévisions en 2023, la liste des raisons est assez courte. Tout d’abord, comme on l’a dit, ils avaient mis en place davantage de mesures de relance budgétaire que ce qui avait été prévu.

Les consommateurs se sont montrés plus enthousiastes encore à l'idée de dépenser. Nous avons dit que l'économie américaine est moins sensible aux taux d'intérêt que d'autres économies, en raison d'un endettement moindre et de périodes d'amortissement plus longues pour les prêts hypothécaires.

Mais il y a peut-être eu un troisième facteur, à savoir cette poussée de la population.

Il est important de noter que cette augmentation de la population se poursuivra jusqu'en 2024. Et c'est une autre raison pour laquelle il pourrait y avoir un peu plus de croissance. Pour comprendre en quoi c'est important, ces nouveaux arrivants se mettent à acheter des biens et à travailler. Et ce sont là deux facteurs qui contribuent à l'économie.

L'économie mondiale dépasse les attentes : Parlons des surprises économiques, non seulement aux États-Unis, mais dans le monde entier. Nous sommes dans une période de surprises économiques particulièrement positives. Autre façon de dire que l'économie tourne plus vite que prévu. Comme je l'ai mentionné plus tôt, le premier semestre de cette année s’annonçait plutôt comme une période difficile en raison des taux d'intérêt élevés.

Mais au contraire, nous constatons que les données économiques sont tout simplement résilientes, pour parler prudemment. En fait, elles dépassent les attentes. Je vous montre aussi les surprises économiques mondiales. On sait tous que l'économie américaine se porte bien, mais il est clair que d'autres économies se sont également redressées. Et certains indicateurs à court terme et en temps réel montrent des signes d'une légère accélération au Canada également.

Nous venons de recevoir les chiffres du PIB (produit intérieur brut) de la zone euro pour le premier trimestre 2024. Nous constatons une croissance après une période de stagnation au cours du second semestre de l'année dernière. Ainsi, sur un certain nombre de fronts, nous avons le sentiment que l'économie, au minimum, va de l'avant, contrairement aux attentes de faiblesse.

Les mentions de «récession» dans les transcriptions des entreprises du S&P 500 ne cessent de diminuer : Voici deux données amusantes. Bon, peut-être que seuls les économistes vont les trouver amusantes, mais ce sont deux observations différentes, faites à partir de données non conventionnelles.

Nous vivons une période bénie pour ce qui est des données non conventionnelles. Plus besoin d'attendre les chiffres du PIB ou l'agence de statistiques qui publie les ventes au détail six semaines après la fin du mois. Nous disposons maintenant de toutes sortes de données en temps réel et de sources alternatives.

Voici l'une d'entre elles. Il s'agit de transcriptions d'entreprises dans lesquelles nous recherchons des mots-clés particuliers à travers les milliers de pages de transcriptions des entreprises du S&P 500. On peut y rechercher ce que l’on veut. Alors, nous tapons le mot «récession» et plusieurs données utiles nous apparaissent.

Le terme «récession» était dans tous les esprits au deuxième trimestre de 2020. À ce moment-là, on parlait de récession profonde suite aux fermetures liées à la pandémie. Vous pouvez constater que ces inquiétudes se sont dissipées en 2021 avec l'essor de l'économie. Elles sont revenues en 2022 et en particulier au début de 2023, lorsque les taux ont augmenté et que la Chine s’est fermée, et que toutes sortes de mauvaises choses se produisaient.

Le risque de récession était alors très élevé. Les dirigeants d'entreprise en étaient parfaitement conscients et voyaient peut-être même des faiblesses dans leurs propres bilans et comptes de résultats. Vous pouvez constater que ce terme est en train de disparaître. À chaque trimestre, on constate moins de références que le trimestre précédent. On ne peut donc pas dire qu'il y a récession en ce moment.

On ne peut pas dire non-plus que les entreprises sont particulièrement inquiètes. Bien sûr, elles sont tournées vers l'avenir. Alors, c’est une bonne chose. Et cela ne concerne pas uniquement le premier trimestre de 2024. Cela nous donne un aperçu de ce à quoi les entreprises pensent pour les prochains trimestres, et elles ne semblent pas préoccupées. Du moins, les grandes entreprises ne le sont pas.

Voici l'autre indicateur intéressant que nous avons étudié récemment. Vous avez sans doute beaucoup entendu parler de l'intelligence artificielle et des modèles de langage naturel qui envahissent le monde. Et il s'agit ici de déployer des modèles de langage naturel au profit de nos prévisions économiques.

Le sentiment économique en temps réel a grimpé en flèche : Il s'agit donc d'un excellent outil qui examine les tweets de Twitter ou de X. Il recherche les tweets à saveur économique et évalue s'ils sont optimistes ou pessimistes. Il les suit dans le temps, et il s’agit de la ligne bleu foncé que vous voyez ici. Il y aurait peut-être deux choses à dire ici.

La première, c'est qu'il semble que l'on ait réussi à imiter le bon vieil indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan, une série de données mensuelle bien connue de tous. Vous pouvez voir que sur Twitter, lorsque le sentiment est optimiste, la mesure plus conventionnelle l'est aussi, et vice versa. C'est intéressant. Cela semble donc fonctionner.

Et ce qui est encore plus génial, puisque les données Twitter sont publiées en temps réel, à la seconde près, nous pouvons suivre l’évolution depuis les derniers indicateurs de sentiment plus conventionnels. Nous verrons donc si cette tendance se maintient.

Je sais qu'il y a des fluctuations, mais si vous regardez la ligne bleue à l'extrême droite, il semblerait que le climat économique se soit nettement amélioré au cours des dernières semaines.

Je ne sais pas si cela signifie qu'il y a accélération, mais on ne constate pas d'effondrement soudain de l'économie. Et c'est ce que nous essayons tous de surveiller. Les modèles d'intelligence artificielle font également preuve d'un certain optimisme économique.

Cela dit, les petites entreprises ne semblent pas profiter pleinement de la vigueur de l'économie.

Les petites entreprises ne participent pas pleinement à la vigueur économique : Nous avons suivi l'évolution de la situation et il paraît évident que les petites entreprises expriment des inquiétudes. Elles sont moins optimistes. Ce que l’on mesure ici ce sont les entreprises qui déclarent que leur problème le plus important est la faiblesse des ventes. Il ne s'agit pas d'une fraction si importante, mais la fraction des entreprises qui se plaignent des ventes est en croissance.

Si l’on veut être optimiste, on pourrait dire deux choses. La première serait qu'il s'agit là presque d'un luxe. Auparavant, les entreprises étaient surtout préoccupées par l'inflation. Lorsque les préoccupations liées à l'inflation disparaissent, et comme il faut bien répondre quelque chose, elles sont peut-être simplement passées au problème suivant. Autrement dit, ce n’est peut-être pas que ce problème s'aggrave, mais que le précédent problème s’est atténué.

Ce serait une façon optimiste de voir les choses, si ce n’est un peu trop.

Une autre façon de voir les choses serait qu'en fait, les petites entreprises ont été déconnectées de l'économie dans son ensemble pendant un certain temps. Dans certaines des enquêtes que nous suivons, en comparant l'optimisme des petites entreprises à l'optimisme économique général, on constate qu’elles ont été plus pessimistes depuis des années.

C'était déjà vrai avant la pandémie de 2020. C'est pourquoi cette ligne à la hausse ne me dit rien de bon. Elle suggère qu’il faut rester sur nos gardes, et qu’un risque de récession n'est pas nul. Cependant, d'autres éléments que nous suivons en ce moment me paraissent plus importants, même si cela est tout à fait réel et pertinent, pour ne pas dire douloureux pour ces petites entreprises.

On pourrait même débattre des questions de réseau et d'échelle qui deviennent de plus en plus déterminantes. Il est tout simplement plus difficile pour les petites entreprises de rivaliser avec ces grandes entreprises qui, dans certains cas, leur mangent la laine sur le dos.

D'accord. Parlons maintenant des risques de récession.

Le risque de récession est plus élevé que la normale, mais il est loin d'être une certitude : Nous avons de tout temps cette longue liste de signaux de récession, et nous avons repéré ceux qui l’annonçaient et ceux qui la niaient. Cette liste a été mise à jour et améliorée. Plusieurs éléments ont été ajoutés par rapport à la dernière version. Nous découvrons sans cesse de nouveaux signaux de récession et des éléments que nous devrions surveiller, et je m’excuse de ne pas les avoir ajoutés plus tôt.

Il m’arrivait de parler de certains signaux qui ne figuraient même pas sur la liste.

Nous avons donc corrigé cela, et nous avons ici la liste complète, sujette, disons-le, à des changements inévitables. Il s’agit d’une bien longue liste et on pourrait presque en tirer ce qu’on veut.

Voyez la symétrie dans ce graphique. Cinq facteurs disent «oui» à une récession. Cinq disent «non», et cinq disent «peut-être» ou «probablement». On aurait envie de tout laisser tomber tant les données sont contradictoires. Mais je pense qu’on peut quand même dégager quelques idées.

Tout d'abord, le risque de récession est plus élevé que la normale. La plupart du temps, ces indicateurs disent «non». Le risque de récession est donc nettement plus élevé que la normale, de l’ordre de 35 %, comme on l’a dit précédemment.

Mais on est bien loin d’un consensus. Beaucoup d’indicateurs disent «non», mais d'autres disent «peut-être». Nous n’en sommes pas à 100 %.

On pourrait débattre de la question si c'est 20 % ou 60 %, mais ce n'est pas 100 %.

Ce qu’on ne peut voir ici, et dont je suis par ailleurs au courant, c'est le mouvement important qui s’est opéré. Nous avons des signaux de récession qui disaient «oui» et qui disent maintenant «peut-être» ou même «non». De moins en moins de signaux sont restés sur leur position d’un «oui».

Rien ne garantit que cette tendance se poursuive. Mais il y a une certaine dynamique en cours. Je ne serais pas surpris si nous continuions à observer une évolution subtile vers le «non». Quand on se tourne vers d’autres éléments, force est d’admettre que le risque de récession est d'environ 35 %. Cela demeure élevé, mais inférieur à ce que c’était. Et cela ne semble plus l’issue la plus probable.

Très bien.

La question de savoir si nous avons évité une récession reste ouverte. Mais si c’était le cas, comment devons-nous envisager toute croissance future ?

Toute nouvelle croissance doit être considérée comme une continuation du cycle précédent : Il serait tentant de clamer : À la bonne heure! Nous avons un nouveau cycle devant nous avec dix années de croissance à venir.

Je ne suis pas sûr que ce soit exact. Les nouveaux cycles commencent normalement avec une économie faible, un taux de chômage élevé, une inflation faible, des taux d'intérêt bas, une faible valorisation des actifs à risque, un faible ratio CB (cours-bénéfice) sur le marché boursier, des écarts de crédit importants, etc. Et au contraire, nous n'avons rien de tout cela.

Nous avons plutôt des économies fortes et un faible taux de chômage, une inflation élevée, des taux d'intérêt élevés et, dans certains cas, des valorisations d'actifs à risque élevées. Nous serions donc à l'opposé d'un nouveau cycle. Je ne pense pas que nous puissions dire que, parce que nous aurions évité une récession, il s’agit d'un nouveau cycle avec dix belles années de croissance devant nous.

Désolé si je m’égare un peu, mais il serait plus réaliste de dire que le cycle sera plus court. Sous toute réserve, nous prévoyons une croissance supplémentaire de deux à cinq ans, en partie par le fait que ce cycle en est déjà à sa quatrième année.

Parlons donc d'un cycle de six à neuf ans, ce qui serait un cycle normal. Nous disons cela en partie parce qu’au début de la reprise, vous vous en souviendrez, la croissance a été absolument fulgurante. Elle était si rapide que nous avons absorbé une grande partie du ralentissement économique, lequel aurait dû prendre des années à se résorber.

Il y a donc moins de marge de manœuvre, en quelque sorte, pour aller de l'avant, après toute cette avancée. On le constate lorsque l’on cherche dans le passé des périodes où le taux de chômage, après avoir cessé de baisser pendant un certain temps, s’est remis à baisser. Un phénomène très rare.

1967 est un exemple; 1995 en est un autre. Ce sont peut-être les deux seuls cas aux États-Unis qui s’en approchent. Après 1967, il n'y a eu que deux ans de croissance supplémentaire. Après 1995, il y a eu cinq ans de croissance, avant la récession suivante. Cela éclaire donc de manière significative le commentaire sur les deux à cinq ans.

Je pourrais faire une parenthèse en suggérant que les cycles durent peut-être plus longtemps à l'ère moderne. On serait moins soumis aux caprices du cycle économique et on pourrait continuer à progresser, à moins d’être frappé par des chocs exogènes tels qu'une pandémie, une crise financière ou l'effondrement des dotcom, par exemple. Ces questions demeurent ouvertes.

Mais partons du principe que nous continuons. Avec peut-être deux à cinq ans, et non pas six à dix ans de croissance à venir.

D'accord, parlons encore un peu de l'inflation.

Nous avons déjà souligné qu'elle avait été décevante ces derniers temps. Je pense que j'ai bien insisté sur ce point. Disons-le, il y a place à l'amélioration.

Les données sur l'inflation en temps réel indiquent que les pressions pourraient commencer à s'atténuer : Regardez la ligne bleu foncé. Il s’agit d’une société épatante qui publie cela. Des robots qui parcourent l’internet à la quête des prix à la consommation.

Ils sont capables, en temps réel, d'estimer où en est l'inflation. Nous n'avons plus besoin d'attendre la publication mensuelle de l'IPC (indice des prix à la consommation) des semaines plus tard. Ils récupèrent les prix des voitures sur les sites Internet de vente, ils récupèrent les prix de l'essence sur GasBuddy. Ils ne font que ça. Ils naviguent sans doute sur Amazon et tous les autres sites de vente en ligne.

Ils sont en mesure de saisir une grande part du panier de l'IPC. Il s’agit donc d’un bon indicateur avancé. Et vous pouvez voir que la ligne bleu foncé commence à descendre. En cela, elle correspond à la rapide croissance mensuelle des prix. Toutefois, elle est moins rapide que ces derniers mois. Il ne faut donc pas s'attendre à des miracles lorsque les chiffres d'avril seront publiés.

Mais il semble que les indicateurs en temps réel soient à la baisse et que nous ayons dépassé le pic.

La croissance des salaires aux États-Unis ralentit sensiblement : D'une manière générale, nous nous sentons mieux en ce qui concerne la croissance des salaires. Je ne devrais peut-être pas dire ça. La croissance des salaires est une bonne chose, et c'est ainsi que les travailleurs gagnent de l'argent.

Mais pour la maîtrise de l'inflation, la croissance des salaires est vraiment rapide, alors qu'elle stimulait l'inflation de manière problématique. Il est préférable de passer d'une croissance des salaires très rapide à une croissance plus modérée. Cela devrait permettre de ralentir un peu l'inflation.

Je mentionne tout de suite — et je n'ai pas de graphique pour illustrer cela — que nous avons passé du temps à examiner l'inflation des assurances.

Une grande part de l'inflation récente est due à l'augmentation des coûts d'assurance automobile et d'assurance habitation. C'est surtout vrai aux États-Unis. Et c’est dû à plusieurs facteurs. Il y a plus de vols de voitures, ce qui augmente le coût de l'assurance. Les catastrophes naturelles ont détruit plusieurs habitations américaines, et le changement climatique y est sans doute pour quelque chose.

Mais 2023 a probablement été une très mauvaise année à cet égard. Les réparations des voitures coûtent de plus en plus cher. Les voitures sont munies de plus d’ordinateurs et les mécaniciens sont plus difficiles à trouver et plus chers. Il y a une longue liste de raisons pour lesquelles nous constatons une augmentation de 20 % des coûts de l'assurance automobile au cours de l'année dernière.

Mais nous pensons que nous sommes sur le point d'atteindre le point culminant de ce phénomène. Les gouvernements réglementent l'ampleur de la hausse des prix. On croirait qu’ils pourraient simplement leur demander de ne pas augmenter leurs prix, mais les compagnies d'assurance quittent plusieurs états américains parce qu'elles ne peuvent plus gagner d'argent. Par exemple, plusieurs compagnies d'assurance ont quitté la Californie.

Les incendies et autres problèmes y sont nombreux. Et c'est le signe que ces frais doivent probablement augmenter. Les gouvernements ont capitulé et les prix ont donc beaucoup augmenté. Mais il ne s'agit pas d'une procession sans fin. Pour l'essentiel, les gens renégocient les contrats d'un an et nous nous retrouvons donc avec des coûts matériellement plus élevés.

Il faut espérer que les choses se tasseront à partir de là. Je peux dire qu'historiquement, les coûts de l'assurance automobile sont normalement en retard sur l'inflation d'environ seize ou dix-huit mois. Et si tant est que l’inflation a atteint son pic il y a un an et demi ou deux ans, nous serions en ce moment dans la période de pic des coûts d'assurance et ceux-ci devraient pouvoir commencer à baisser.

Désolé de parler de cela alors que vous avez un graphique des salaires sous les yeux.

Une autre raison pour laquelle l'inflation peut devenir un peu moins élevée est la suivante.

La Chine exporte des pressions déflationnistes dans le monde entier : Voici donc les prix en Chine et les taux d'inflation. L'inflation en Chine a été négative récemment. Elle est à nouveau légèrement positive. Mais le plus important est que la Chine ne connait pas beaucoup d'inflation.

Les prix à la production chinois sont stables. Les prix de leurs exportations sont stables, voire en baisse en ce moment. Cela témoigne d'une certaine faiblesse de l'économie chinoise. C'est leur histoire.

Mais pour le reste du monde, cela veut dire que la Chine exporte la déflation. Les produits fabriqués par la Chine arrivent dans le reste du monde et sont moins chers.

Ce n'est pas que le coût des importations de biens soit seule responsable de l'inflation, mais il s'agit néanmoins d'une pression à la baisse.

Les banques centrales du monde entier passent des hausses aux baisses : Cela nous amène aux banques centrales. Voici mon graphique préféré à ce propos. Il s'agit des banques centrales mondiales qui augmentent leurs taux par rapport à celles qui les réduisent. Plusieurs d’entre elles les augmentent.

Mais le plus important c’est qu’en ce moment, un nombre croissant d’entre elles les réduisent. Les barres bleues en bas à droite montrent que de plus en plus de banques centrales réduisent leurs taux. Elles sont encore peu nombreuses, mais il y en a de plus en plus. Plusieurs sont celles des marchés émergents, ce qui n'est pas sans importance car elles sont souvent un bon indicateur avancé. Et comme je l'ai mentionné au début, la Banque nationale suisse a réduit ses taux.

La Banque de réserve d'Australie s’en approche. La banque centrale suédoise également. Le Canada aussi. On parle de juin pour la première baisse de taux du Canada. Je parierais un peu plus sur juillet, mais juin est certainement possible aussi. Nous nous rapprochons donc de ces baisses de taux. Mais elles pourraient se produire un peu plus lentement qu'on ne l'espérait, simplement parce que l'inflation s'avère un peu plus difficile à maîtriser, comme nous l'avons dit.

Les élections américaines de 2024 se rapprochent : Un petit clin d'œil à l'élection présidentielle américaine. Au moment où j'enregistre ces lignes, nous sommes à un peu plus de six mois de l'élection. C'est très proche. Prenons-y garde. Je ne reviendrai pas sur tous les points de politique générale. Nous en avons déjà parlé. Mais pour résumer les choses, Biden est le candidat le plus favorable au statu quo.

Trump, bien sûr, est le candidat le moins conventionnel. Sous toute réserve, Trump pourrait être un atout au marché boursier. Il a promis des réductions d'impôt sur les sociétés, des déréglementations, etc. Mais il pourrait aussi s’avérer négatif pour l'économie, dans la mesure où il préconise moins d'immigration et davantage de droits de douane, ce qui est négatif sur le plan économique.

Voilà pour un résumé politique en trente secondes. Ce que vous avez devant vous, ce sont les sondages et les marchés des paris, avec le gagnant potentiel.

Ce qu'il faut retenir, c'est que la lutte s’annonce serrée. Un sondage les place à égalité, un autre place Biden en tête, et un autre, Trump.

Concluons simplement que nous ne savons pas encore qui va gagner. Mais je rappellerai que Trump était plus nettement en tête il y a quelques mois.

Cela semble plus serré qu’avant. Non pas que Biden soit clairement en tête. Un sondage dirait qu'il l'est, mais c'est redevenu serré. C'est intéressant. On verra dans les mois à venir si Biden continue sur sa lancée.

Je terminerai par deux graphiques sur la Chine, en apparence aléatoires, mais intéressants et qui ont de l'importance.

La demande chinoise de logements sera nettement plus faible au cours de la prochaine décennie : Voici la demande de logements en Chine. Le mois dernier, nous avons parlé de l'accessibilité du logement en Chine, qui est faible. Voici les données pour ce mois-ci. En passant, nous les avons prises au FMI (Fonds monétaire international). Si les couleurs sont différentes, c'est pour cette raison. Mais le FMI ne voit pas d'inconvénient à ce que nous les lui empruntions. Et c’est fascinant. Je voulais les partager.

Je commencerai par dire ceci : la population chinoise diminue. De manière simpliste, vous aurez deviné que la Chine n'a pas besoin de nouveaux logements. Sa population diminue et voilà tout.

Ce n'est pas aussi simple que cela. La Chine aura besoin de nouveaux logements au cours de la prochaine décennie. La barre centrale et la barre blanche représentent une estimation haute et basse du nombre de logements dont la Chine aura besoin chaque année au cours de la prochaine décennie.

Ils ont besoin de nouvelles maisons parce que les anciennes se dégradent. Il faut les remplacer. C'est la zone ombrée en bleu. Le budget prévoit des appartements un peu plus grands. C'est la toute petite zone rouge. Ils partent du principe que la taille des ménages diminue. Il y a donc peut-être moins de personnes, mais pas moins de ménages.

De plus en plus de personnes âgées vivent seules. Elles auront besoin d'un endroit où vivre, même s'il s'agit d'une seule personne au lieu de deux.

Enfin, l'urbanisation. L'urbanisation est un facteur déterminant. Les Chinois quittent la campagne pour s'installer dans les villes. Pour faciliter cette évolution, il faut toujours plus de biens immobiliers.

Le déclin de la population est-il un frein ? En un mot, oui. C'est le vert foncé tout en bas. Mais c'est assez faible. Les autres facteurs sont tous plus importants. Le déclin de la population semble être un facteur négligeable.

Mais malgré ce besoin de logements et avec une population en baisse, la Chine aura besoin de moins de logements au cours de la prochaine décennie qu'au cours de la décennie précédente.

J'ai ignoré la barre de gauche. Lors de la dernière décennie, la Chine a eu besoin d'environ 1,7 million de logements supplémentaires par an. À l'avenir, la Chine aura besoin d'environ 1,2 million à 800 mille logements supplémentaires par an. Il s'agit donc d'une baisse d'environ 45 % du nombre de logements dont la Chine a besoin chaque année par rapport au passé. Cela montre bien les défis auxquels est confronté le marché du logement en Chine.

Les constructeurs ne vont pas revenir à leur niveau antérieur. Fondamentalement, la demande est moindre, mais on peut aussi se demander si la demande dans le passé n’était pas artificielle. Beaucoup de gens considéraient l’achat de logement comme un investissement.

Il faut savoir que les Chinois ne paient pas d'impôts sur la propriété personnelle, sauf dans quelques grandes villes.

Il s'agit d'un investissement assez attractif, avec un coût de détention peu élevé. Mais il devient moins intéressant lorsque les prix des maisons sont plus bas, lorsque l'accessibilité est faible. En définitive, le secteur du logement en Chine devrait continuer à peser sur l'économie.

À l'avenir, de manière générale, nous pensons que la Chine peut croître. Nous voyons les ventes au détail augmenter, bien que prudemment.

Nous constatons une croissance assez enthousiaste de l'industrie manufacturière et du commerce. Le reste du monde se plaint que la Chine est en train de sous-coter d'autres marchés. C'est probablement le cas dans une certaine mesure. Néanmoins, nous pensons que la Chine peut se développer, mais cela ne se fera pas grâce au secteur du logement.

La croissance de la productivité chinoise ralentit, mais reste étonnamment bonne : Je terminerai sur la Chine par la croissance de sa productivité.

Je vais remettre les choses en perspective. Au cours des dernières décennies, la croissance de la productivité chinoise a parfois atteint 14 % par an, ce qui est incroyable. Il s'agit d'un indicateur de la vitesse à laquelle la prospérité peut augmenter. On parle d'augmentations phénoménales.

Mais ce n'est plus le cas.

La croissance de la productivité chinoise s'est considérablement ralentie au fil du temps. Elle s'élève aujourd'hui à environ 5 % par an. Cela peut surprendre. Ne dit-on pas que l’économie chinoise croît à un rythme de 4 % par an ? C’est bien vrai, mais la population, elle, diminue. Et c'est ainsi qu’on en arrive à ce calcul, lorsque la productivité augmente plus vite que l'économie.

C'est logique. Cela dit, ces 5 % sont tout de même assez bons. Les pays développés se comptent chanceux quand leur productivité croît de 1,5 %. Alors, ce n'est pas si mal.

J'ai fait quelques calculs, et sans entrer dans les détails, si vous pouviez maintenir une croissance de 5 %, même si elle devait ralentir, votre prospérité serait doublée à tous les quatorze ans.

Votre revenu aurait essentiellement doublé. Ce n'est pas si mal. On parle de quadrupler la prospérité à chaque génération.

On ne peut donc pas dire que la Chine fait du sur-place, puisque les générations s'enrichissent. Voilà probablement la clé de la viabilité et du succès du Parti communiste.

Les gens se sentent plus riches. Ils sont plutôt satisfaits de leurs perspectives financières. Les choses ont peut-être un peu ralenti, mais il faut garder à l'esprit qu’en Chine, une croissance économique de seulement 3 ou 4 % permet encore une croissance de la productivité de 4,5 %, ce qui n'est pas si mal.

Ce ne sont pas les chiffres mirobolants du passé, mais il s’agit toujours d’une Chine qui s'en sort fondamentalement bien économiquement.

Je terminerai ici. J'espère que vous aurez trouvé cela intéressant. Si vous aimez ces exposés, n'hésitez pas à nous suivre en ligne. Vous pouvez le faire sur Twitter ou X, comme on l'appelle maintenant, ou LinkedIn, comme vous pouvez le voir ici, ou simplement visiter rbcgam.com.

On y trouve un excellent onglet «perspectives», des vidéos, des webinaires et toutes sortes de rapports de recherche. J'espère que vous en tirerez quelque chose d'intéressant.

Je vais placer cet exposé en ligne et je vous remercie encore une fois pour le temps que vous m'avez accordé. J'espère que vous avez trouvé cela intéressant. Je vous donne rendez-vous le mois prochain.

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