Aperçu des catégories d’actifs
Depuis le début de 2024, les actions des marchés émergents enregistrent de bons rendements. Elles ont progressé de 7,7 % jusqu’au 30 novembre, mais restent toutefois à la traîne des pays développés, puisque l’indice MSCI Monde a augmenté de 21,9 % pendant la même période. Taïwan, qui a progressé de 29,4 %, continue de se démarquer parmi les marchés émergents en raison de sa forte présence dans le secteur des sociétés technologiques liées à l’intelligence artificielle. La pondération de Taiwan Semiconductor dans l’indice MSCI Marchés émergents frôle 10 %. La société se classe désormais au rang des dix plus grandes sociétés au monde par capitalisation boursière. Dernièrement, nous avons cependant commencé à observer un regain de popularité de la Chine auprès des investisseurs ; ce pays dame le pion à tous les autres depuis l’annonce par le gouvernement central d’un plan de relance économique à la fin de septembre.
Perspectives
Au cours des prochains mois, nous prévoyons une période de volatilité alors que le président américain élu, Donald Trump, s’apprête à prendre le pouvoir en janvier 2025. Les perspectives des actions des marchés émergents pour les douze prochains mois sont plutôt favorables pour les raisons suivantes :
Les monnaies des marchés émergents se sont appréciées depuis que la Réserve fédérale américaine s’est mise à réduire les taux d’intérêt. Par ailleurs, de nombreux pays émergents ont des soldes budgétaires et des balances commerciales solides.
L’écart de croissance économique, qui favorise les marchés émergents par rapport aux marchés développés, devrait se creuser. Voilà une évolution qui, par le passé, a été propice aux marchés émergents.
La diversification des actions des marchés émergents s’agrandit tandis que la domination de la Chine diminue. La pondération de la Chine dans l’indice des marchés émergents est passée d’un pic de 42 % en 2021 à 26 %. Les tensions relatives aux tarifs douaniers n’ont guère d’effets sur les marchés émergents importants tels que l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud.
La Chine, qui demeure le plus grand marché émergent, offre un important potentiel de gains. Le risque de replis marqués y est relativement limité puisque le gouvernement intervient pour stimuler la croissance et redresser le marché immobilier.
D’après le ratio cours/valeur comptable, les titres des marchés émergents se négocient à un rabais historique de 50 % par rapport à ceux des marchés développés.
Marchés émergents – Pondérations sectorielles recommandées
Nota : Au 30 novembre 2024. Source : RBC GMA
Fourchette d’équilibre, indice MSCI Marchés émergents
Valorisations et bénéfices normalisés
Nota : Les estimations de la juste valeur sont présentées à titre indicatif seulement. Des corrections sont toujours possibles et les valorisations ne limiteront pas le risque de dommages résultant de chocs systémiques. Il est impossible d’investir directement dans un indice non géré. Source : RBC GMA
Imposition potentielle de tarifs douaniers
La menace de M. Trump d’imposer des tarifs douaniers supplémentaires au Mexique et à la Chine représente un obstacle à court terme pour les marchés émergents. Nous croyons toutefois que la situation budgétaire aux États-Unis, caractérisée par un important déficit budgétaire et une dette colossale, pourrait bloquer d’importantes réformes. Fait à noter, la Chine et le Mexique peuvent négocier des accords commerciaux avec M. Trump, et l’ont déjà fait.
Par ailleurs, les exportations de la Chine sont demeurées vigoureuses, puisqu’elles ont été canalisées vers d’autres régions. Le pays s’attache aussi à établir des liens commerciaux solides avec d’importants pays tels que l’Inde et l’Arabie saoudite.
Chine
En septembre, la Chine a pris les investisseurs de court en dévoilant un vaste programme de relance économique. Cette décision impromptue a rappelé la manière dont le gouvernement s’y était pris pour supprimer les mesures relatives à la COVID-19 à la fin de 2022. Les deux décisions résultent du mécontentement grandissant de la population à l’égard du marché immobilier et de la sécurité de l’emploi. Les entreprises ressentaient aussi le contrecoup du ralentissement économique, en particulier celles liées à la consommation intérieure. Cette année, la Chine disposait d’un seul moteur pour assurer sa forte croissance : les exportations. En effet, la faiblesse de l’inflation intérieure lui a permis d’offrir des biens meilleur marché aux pays où l’inflation et les salaires se sont accrus. Quoi qu’il en soit, les exportations ne suffiront pas pour assurer une croissance de 5 % à la deuxième économie mondiale. Nous nous attendons à ce que les marchés boursiers chinois conservent leur attrait à court terme, alors que le gouvernement déploie ses mesures pour redresser le marché immobilier et redonner confiance aux consommateurs. Malgré la récente envolée des actions chinoises, les sociétés chinoises demeurent attrayantes par rapport à leurs homologues d’autres marchés émergents, à en juger par les rendements des capitaux propres et le ratio cours/valeur comptable.
À long terme, il faudra s’interroger sur la capacité et la volonté du gouvernement chinois de générer une croissance économique durable sans passer par des réformes. Le vieillissement rapide de la population s’ajoute aux défis auxquels est confronté le pays au moment où il cherche à passer de l’état de pays à revenu intermédiaire à celui de pays développé.
Inde
Ces dernières années, l’Inde est devenue un modèle à suivre au sein des marchés émergents. Son marché boursier demeure l’un de nos placements à long terme favoris après avoir surclassé l’indice boursier des marchés émergents de plus de 20 points de pourcentage au cours des deux dernières années. Désavantagées par des valorisations proches de leurs sommets sans précédent, les actions indiennes ont néanmoins rapporté moins que l’indice étendu des marchés émergents au cours des trois derniers mois. Les indicateurs économiques et les révisions des bénéfices laissent entrevoir un nouvel affaiblissement au cours des prochains mois.
Afrique du Sud
Après des années de rendement inférieur, les actions sud-africaines ont repris du poil de la bête après la formation inattendue d’une coalition politique favorable aux entreprises lors des élections générales ayant eu lieu en mai. Pour la première fois depuis la fin de l’apartheid en 1994, le Congrès national africain au pouvoir n’a pas recueilli la majorité. Les dirigeants du parti ont choisi de cohabiter avec l’Alliance démocratique de droite au lieu des partis d’extrême gauche qui, dans un cas, plaidaient en faveur d’expropriations des terres. Depuis l’arrivée au pouvoir de l’alliance entre le Congrès national africain et l’Alliance démocratique, la confiance des entreprises et des consommateurs s’est accrue. Même en l’absence d’une forte augmentation des investissements et de la consommation, les bénéfices de 2025 témoigneront d’une solide reprise cyclique dans un contexte de réduction des pannes générales provoquées par des coupures d’électricité.
Plusieurs défis empêchent l’Afrique du Sud d’accroître sa croissance économique au-dessus du niveau moyen de 2 % des dix dernières années. La résolution de quelques-uns de ces problèmes serait toutefois très profitable. Prenons le cas de la société portuaire et ferroviaire d’État Transnet, mal gérée. Des réformes de Transnet contribueraient grandement à rétablir les exportations au niveau où elles se trouvaient en 2020 et permettraient au PIB du pays de progresser de 1,5 point de pourcentage. Le tourisme, dont les chiffres restent inférieurs à ceux d’avant la COVID-19, est un autre exemple. Le gouvernement a pris des mesures notamment destinées à simplifier le processus d’entrée des touristes indiens et chinois. Il s’agit là d’une décision qui pourrait décupler le nombre de visiteurs en provenance des deux pays. Un retour au nombre d’arrivées en 2019 améliorerait de 0,5 % le solde du compte courant et ajouterait presque un point de pourcentage au PIB. Notons que les actions sud-africaines demeurent attrayantes par rapport aux moyennes historiques et à l’indice des marchés émergents.