En 2024, l’indice MSCI Marchés émergents a affiché une appréciation des titres de 5 % en dollars américains et produit un rendement inférieur à celui de l’indice MSCI Monde tous les pays. Toutefois, une grande partie de la contre-performance est attribuable à la vigueur des actions américaines, puisque l’année dernière, les actions du MSCI Marchés émergents ont dégagé de meilleurs rendements que les actions des marchés développés représentées par l’indice MSCI Monde tous les pays hors États-Unis. À plus long terme, nous observons également un modèle caractérisé par deux extrêmes. Les piètres résultats des actions des marchés émergents (ME) au cours des cinq dernières années s’expliquent par l’exceptionnalisme américain et la faiblesse de la Chine.
En 2025, la croissance des bénéfices devrait devenir un moteur de rendement important pour les actions des marchés émergents. À la suite de la forte croissance de 2024, les bénéfices par action (BPA) des ME devraient également connaître une forte croissance en 2025. La solide croissance des BPA enregistrée en 2024 et prévue en 2025 représente un changement considérable et une accélération importante par rapport à la moyenne de 2 % des dix années précédentes. Les valorisations des titres des marchés émergents sont aussi devenues particulièrement attrayantes. Les actions des marchés émergents sont actuellement 35 % moins chères que celles des marchés développés (MD) sur la base du ratio cours/bénéfice, soit l’escompte le plus important des 15 dernières années. Si les valorisations ne représentent pas un moteur de rendement à court terme, elles devraient offrir un soutien à plus long terme.
Nous voyons trois facteurs structurels et cycliques clés pour un changement dans la croissance des BPA des marchés émergents : le rebond du rendement des capitaux propres (RCP) en Chine, l’assouplissement des politiques monétaires et la poursuite d’investissements importants à l’échelle mondiale dans la technologie, étant donné qu’une grande partie de la chaîne de valeur se trouve dans les marchés émergents.
Malgré les défis macroéconomiques, les sociétés chinoises ont enregistré une excellente croissance du BPA en 2024, la troisième plus importante parmi les marchés émergents. De plus, une forte croissance du BPA est encore attendue en 2025, et le redressement du BPA s’étend des sociétés de l’Internet et de la technologie aux sociétés industrielles et de consommation. Le facteur sous-jacent à la forte croissance du BPA est la reprise du RCP. Le RCP de la Chine a atteint un plancher entre 2021 et 2022, puis a fortement rebondi en 2024. Cette embellie est attribuable à la normalisation de la capacité excédentaire dans la plupart des secteurs, y compris l’immobilier, et à une rotation des actifs plus favorable grâce à des améliorations dans le paysage de la consommation et dans l’environnement réglementaire. Le gouvernement chinois a dernièrement renforcé son rôle, au moyen d’annonces politiques et de mesures de soutien à l’économie. L’une des principales différences par rapport aux actions antérieures du gouvernement chinois est que les nouvelles mesures s’adressent davantage aux marchés de la consommation et de l’immobilier, ce qui diverge de son plan habituel d’injection de capitaux dans des projets d’infrastructure au risque d’aggraver un problème d’offre excédentaire déjà important.
Marchés émergents – Pondérations sectorielles recommandées
Nota : Au 28 février 2025. Source : RBC GMA
En 2025, la consommation intérieure est un autre moteur de croissance pour les économies des ME. Cela résulte de deux facteurs : une inflation plus faible et des taux plus bas. L’inflation a diminué de moitié dans les ME par rapport à son sommet de 2022, mais la croissance réelle des salaires est restée très robuste. Cette dernière dynamique, conjuguée à un faible taux de chômage, maintient un environnement favorable aux dépenses de consommation. En outre, presque toutes les banques centrales des ME devraient réduire leurs taux en 2025, ce qui bénéficiera également à la consommation.
Le secteur de la technologie devrait également afficher une croissance soutenue en 2025, alors que les investissements dans l’intelligence artificielle (IA) demeurent élevés. Bien que les sociétés américaines soient généralement considérées comme les premières bénéficiaires de l’IA, il ne faut pas perdre de vue que la majeure partie de la chaîne logistique de la technologie et de l’IA est située dans des marchés émergents tels que Taïwan, la Corée du Sud et la Chine. Le secteur de l’IA est devenu un moteur important et structurel de la croissance des bénéfices et du rendement des actions dans la catégorie d’actifs. Toutefois, la demande de semi-conducteurs a fondamentalement changé. Les téléphones intelligents, tablettes, ordinateurs personnels et autres gadgets de consommation ont constitué le plus gros de la demande des dix dernières années. Aujourd’hui, la croissance de la demande est principalement attribuable aux serveurs et, depuis 18 mois, à l’intelligence artificielle. Les produits technologiques sont devenus plus complexes à fabriquer, compte tenu des cycles de vie des produits plus courts et des besoins de capitaux plus élevés, ce qui a entraîné une consolidation des structures de marché et une rentabilité plus élevée.
Fourchette d’équilibre, indice MSCI Marchés émergents
Valorisations et bénéfices normalisés
Nota : Les estimations de la juste valeur sont présentées à titre indicatif seulement. Des corrections sont toujours possibles et les valorisations ne limiteront pas le risque de dommages résultant de chocs systémiques. Il est impossible d’investir directement dans un indice non géré. Source : RBC GMA
Le principal risque à l’égard des perspectives positives décrites ci-dessus demeure d’ordre géopolitique, avec notamment les tensions commerciales qui pourraient découler de l’introduction de droits de douane sur les importations américaines. Bien que les circonstances puissent changer rapidement, nous croyons que les droits de douane représentent davantage une tactique de négociation qu’un outil de génération de recettes pour Trump. Trump s’intéresse bien plus à la négociation d’accords qu’aux questions idéologiques, ce qui signifie que sa réglementation pourrait s’avérer plus accommodante pour la Chine et d’autres pays. Lorsqu’il lui a été demandé pourquoi il avait mentionné des droits de douane à l’égard du Canada et du Mexique uniquement, il a déclaré que ces deux pays autorisaient l’entrée d’une énorme quantité de personnes et de fentanyl aux États-Unis. Les menaces de Trump à l’encontre du Mexique et du Canada démontrent que les droits de douane pourraient principalement être utilisés en tant que levier de négociation pour obtenir des concessions de la part de pays alliés. Pour preuve, à la fin de janvier, les droits de douane à l’encontre de la Colombie ont été retirés en moins de 48 heures, après que le gouvernement latino-américain eut accepté les exigences américaines de rapatriement de migrants. Bon nombre des thèmes qui intéressent les États-Unis (plus de contrôles aux frontières, achat de plus de produits américains, protection de la propriété intellectuelle, fentanyl, accords commerciaux pour les entreprises et investissements aux États-Unis, etc.) peuvent faire l’objet de pourparlers avec le Mexique, le Canada et la Chine, à notre avis, et les droits de douane constituent la monnaie d’échange de Trump.
Nous reconnaissons la possibilité que les conversations et négociations entre les parties concernées ne se déroulent pas comme prévu, et que des droits de douane supplémentaires ou nouveaux soient imposés, que ce soit à titre temporaire ou à long terme. Le Mexique, le Vietnam et la Thaïlande semblent être les pays les plus exposés à ce risque, compte tenu de leurs exportations importantes vers les États-Unis. La Chine est également menacée, compte tenu de l’objectif de Trump de réduire le déficit du compte courant américain dont près de la moitié est attribuable à la Chine. Certains facteurs d’atténuation existent, par exemple le découplage du commerce des ME par rapport aux MD qui se poursuit. Historiquement, la majeure partie des exportations des ME a desservi les marchés finaux des MD. Toutefois, les échanges commerciaux continuent de croître rapidement au sein des ME, et près de la moitié des exportations des ME est maintenant destinée à d’autres ME. Cette tendance offre deux avantages aux économies des ME, dans la mesure où elle réduit leur corrélation avec le cycle économique des MD et les exigences de financement en dollar américains, ce qui atténue l’impact des taux d’intérêt des États-Unis et de la vigueur du dollar américain.