L’intense pression économique exercée par les taux d’intérêt élevés s’estompe et un allégement est en vue, car la réduction des pressions inflationnistes a ouvert la voie à un assouplissement des conditions monétaires par les banques centrales. Dans ce contexte de baisse des taux, nous pensons que l’économie est susceptible de réaliser un atterrissage en douceur, caractérisé par une croissance économique suffisante pour faire augmenter les bénéfices des entreprises et les cours des actions. Les valorisations élevées des actions technologiques de sociétés à grande capitalisation pourraient notamment limiter le potentiel de rendement.
La croissance diminue, mais l’atterrissage en douceur est le scénario le plus probable
L’économie mondiale continue de ralentir et, bien qu’une légère récession soit possible en raison de la détérioration des marchés du travail, nous pensons que le scénario le plus probable est une expansion économique continue pendant notre période de prévision. La combinaison bienvenue de la croissance modérée et de la baisse de l’inflation a incité les banques centrales à réduire les taux d’intérêt par rapport aux niveaux restrictifs actuels pour soutenir la croissance au cours des mois et des trimestres à venir. Le ralentissement de la croissance économique, la diminution des pressions sur les prix à la consommation et la chute des taux d’intérêt devraient créer un environnement macroéconomique plus conforme aux normes historiques dans quelques années. Dans notre scénario de base, les économies des pays développés croissent à un rythme modeste au cours des prochains trimestres, puis s’accélèrent légèrement en 2025, aidées par l’avantage différé des baisses de taux d’intérêt. Nous nous attendons à ce que les marchés émergents suivent une trajectoire similaire, mais la croissance sera probablement plus rapide en Inde et en Chine. Nos perspectives favorables sont sujettes à divers risques, les principales sources d’incertitude étant les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, en Ukraine et en Chine, ainsi que les élections de novembre aux États-Unis.
L’inflation se rapproche grandement des objectifs fixés
L’inflation, qui était au centre des préoccupations des investisseurs et des décideurs politiques dans les années qui ont suivi la pandémie, devient moins préoccupante. Aux États-Unis, l’inflation globale des prix à la consommation, qui avait culminé à 9,1 % à la mi-2022, a chuté à 2,5 % en août 2024. Diverses autres mesures de l’inflation ont aussi considérablement diminué. En outre, les principaux facteurs de l’inflation montrent des signaux encourageants pour l’avenir. L’économie américaine n’est plus en surchauffe, la croissance des salaires continue de ralentir et les entreprises sont moins enclines à augmenter leurs prix. Les attentes en matière d’inflation restent donc bien ancrées. Toutefois, si l’économie devait croître plus rapidement que prévu, les pressions inflationnistes pourraient s’avérer plus difficiles à contenir. D’autres risques de hausse de l’inflation sont liés à d’éventuels chocs liés au prix du pétrole, peut-être en cas d’escalade des tensions géopolitiques. Dans l’ensemble, nous prévoyons une nouvelle décélération progressive de l’inflation en 2025, avec des chiffres qui semblent de plus en plus normaux et qui se rapprochent des objectifs de 2 % des banques centrales.
Le dollar américain s’affaiblit
Le dollar américain a cédé une grande partie de ce qu’il avait gagné au cours du premier semestre de l’année et se situe désormais 8 % en dessous de son plus haut niveau de 2022. Nous nous attendons à ce que le billet vert continue de chuter au cours des prochains mois. D’ailleurs, les récents développements indiquent que la baisse plus importante que nous prévoyons pourrait finalement se produire. À notre avis, la devise la plus performante des marchés développés par rapport au dollar au cours de la prochaine année sera l’euro, qui rapportera des rendements dépassant 10 %. Nous pensons que d’autres devises bénéficieront également de la faiblesse généralisée du dollar américain.
D’autres banques centrales commencent à suivre la tendance à la baisse des taux, les États-Unis n’étant pas loin derrière
Les taux d’intérêt partant de niveaux élevés et l’inflation se rapprochant de 2 %, des réductions de taux sont désormais justifiées pour soulager les consommateurs et les entreprises. La plupart des grandes banques centrales du monde ont déjà commencé à abaisser leurs taux, notamment la Banque centrale européenne, la Banque du Canada et la Banque d’Angleterre, tandis que la Réserve fédérale américaine a indiqué qu’elle réduirait probablement ses taux en septembre. Dans le contexte de nos prévisions de croissance économique modeste et de ralentissement de l’inflation, il est raisonnable de s’attendre à un assouplissement monétaire régulier au cours de l’année 2025. Une période prolongée d’allégement des taux d’intérêt s’impose, étant donné que les taux directeurs des États-Unis dépassent actuellement de pas moins de 2,5 points de pourcentage les niveaux neutres. Même si les banques centrales ne parviennent pas à ramener les taux au point neutre au cours de notre période de prévision d’un an, des progrès sensibles dans cette direction sont probables. L’ampleur et la rapidité de l’assouplissement dépendront en fin de compte de la trajectoire de l’économie.
Le potentiel de rendement des obligations d’État a diminué à la suite de la chute des taux
Le taux des obligations américaines à dix ans étant passé sous la barre des 4 % en août et ayant atteint son niveau le plus bas depuis un an, nous pensons que les obligations d’État sont maintenant raisonnablement évaluées. En supposant que les taux d’intérêt réels, ou après inflation, s’établissent autour de 1 % et que la prime d’inflation intégrée dans les obligations classiques est d’environ 3 % et diminuera jusqu’à 2 % à long terme, le milieu de notre fourchette d’équilibre pour les obligations du Trésor américain à dix ans se situe aux alentours de 4 %. Nos modèles indiquent que les taux pourraient continuer de baisser, mais légèrement à moyen et à long terme. La baisse des taux observée depuis le printemps est conforme à ce qui s’est produit lors des périodes d’assouplissement monétaire précédentes. Si l’on se fie à l’histoire, l’essentiel de la baisse des taux obligataires est déjà derrière nous lorsque les taux directeurs entament leur descente. Par conséquent, nous nous attendons à ce que l’évolution des taux obligataires soit la plupart du temps latérale au cours de l’année à venir. Bien que les investisseurs en quête de revenu fixe aient enregistré des gains de 5 % rien qu’au cours du dernier trimestre, nous pensons que les rendements des obligations d’État devraient baisser en dessous de 5 % au cours des 12 prochains mois aux États-Unis et probablement moins ailleurs.
Poursuite des gains des actions, risque d’évaluation concentré sur les actions de croissance des sociétés américaines à grande capitalisation
Sur les marchés boursiers, les actions technologiques de sociétés à grande capitalisation ont largement profité de l’optimisme concernant les améliorations de la productivité que l’intelligence artificielle pourrait apporter, mais l’enthousiasme pour ces valeurs pourrait être mis à l’épreuve. Au cours de la dernière année, les « sept magnifiques» ̶ un groupe d’actions américaines de sociétés technologiques à grande capitalisation ̶ ont gagné en moyenne 38 %, dépassant de loin les rendements d’autres parties du marché. Les valorisations extrêmes qui en résultent pourraient limiter les gains ultérieurs. D’ailleurs, malgré des bénéfices récents impressionnants, les actions américaines de sociétés technologiques à grande capitalisation ont chuté au cours de la dernière partie du trimestre qui s’est achevé le 31 août. Bien que l’indice S&P 500 se situe près du sommet de sa fourchette de juste valeur, les actions au Canada, au Royaume-Uni, en Europe et dans les marchés émergents se négocient toutes en deçà de leur juste valeur et, dans certains cas, à des prix particulièrement intéressants. Si l’économie connaît un atterrissage en douceur, des occasions attrayantes se présenteront dans des secteurs qui n’ont pas pleinement contribué à la hausse des actions mondiales depuis le début de l’année, comme les sociétés à petite capitalisation, les actions internationales et les titres de valeur, dont les gains se sont accélérés depuis juillet. Dans l’ensemble, nous prévoyons que les actions dégageront des rendements de 5 % à 10 % au cours de l’année à venir, et nous privilégions les segments du marché où les valorisations sont moins élevées.
Répartition de l’actif – réduction de la part des obligations pour adopter une légère sous-pondération
Afin d’équilibrer les risques et les rendements potentiels, nous avons réduit notre pondération en titres à revenu fixe pendant le trimestre, en transférant le produit vers les liquidités. La baisse substantielle des taux obligataires au cours du dernier trimestre signifie qu’une grande partie de l’ajustement prévu des taux d’intérêt vers un niveau neutre est déjà prise en compte dans les marchés des titres à revenu fixe. Par conséquent, nous pensons que les obligations offriront des rendements moins attrayants en l’absence de récession. Nous avons réduit la part des titres à revenu fixe de 150 points de base, la faisant passer d’une légère surpondération à une légère sous-pondération. Nous avons choisi de ne pas placer les fonds directement dans des actions, étant donné le risque d’une volatilité accrue à court terme, les investisseurs attendant que la trajectoire de l’économie apparaisse plus clairement. Nous serions davantage convaincus que les actions peuvent connaître une hausse soutenue si nous obtenions des preuves supplémentaires que l’économie se dirige vers un atterrissage en douceur, ou si nous observions un changement durable du leadership du marché en faveur des actions de sociétés à petite capitalisation, des titres de valeur et des actions internationales. Pour un portefeuille mondial équilibré, nous recommandons actuellement la répartition de l’actif suivante : 60 % en actions (position neutre stratégique : 60 %), 37 % en titres à revenu fixe (position neutre stratégique : 38 %) et le reste en liquidités.
Composition d’actifs recommandée Comité des stratégies de placement RBC GMA
Nota : Au 31 août 2024. Source : RBC GMA