Les investisseurs sont enthousiasmés par la combinaison d’une inflation modérée, du repli des taux d’intérêt et de la victoire électorale de Trump, qui signale une croissance plus forte aux États-Unis, une baisse des impôts et un allégement de la réglementation. Les actions ont donc grimpé à des niveaux records. Le risque de valorisation est principalement concentré sur les actions de croissance de sociétés américaines à grande capitalisation, mais de nombreux marchés boursiers mondiaux offrent encore un potentiel de rendement intéressant.
Les perspectives économiques s’améliorent, soutenues par une administration américaine favorable à la croissance
L’économie s’est stabilisée ces derniers mois, les craintes d’inflation diminuant et les obstacles créés par la hausse des coûts d’emprunt se dissipant à la suite des baisses de taux d’intérêt. Un risque circonstanciel important a également été résolu avec l’élection américaine, qui a donné lieu à une victoire des républicains à la Maison-Blanche et au Congrès. Bien que l’incertitude persiste quant à savoir lesquelles des idées du président élu Donald Trump seront mises en œuvre, nous supposons que les politiques tarifaires et d’immigration qu’il propose seront considérablement atténuées. Ainsi, les effets des baisses d’impôt, de la déréglementation et du regain d’optimisme pourront dominer, stimulant modérément les perspectives de croissance à court terme des États-Unis. Le risque de récession semble avoir encore diminué et nous estimons désormais à 75 % la probabilité d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine. Comme d’habitude, notre scénario de base comporte divers risques. Parmi eux figurent l’incertitude liée à la nouvelle administration américaine, la politique sur les taux d’intérêt et l’instabilité géopolitique dont témoignent les événements en Ukraine et au Proche-Orient, ainsi que les problèmes de logement en Chine. Dans l’ensemble, nos prévisions quant au PIB continuent de tabler sur une poursuite de la croissance économique, à un rythme modéré au cours du premier semestre de 2025, suivie d’une accélération plus tard dans l’année. Nos perspectives de croissance pour 2025 aux États-Unis se sont améliorées au cours du dernier trimestre, passant de 1,7 % à 2,3 %. En revanche, les prévisions pour les autres pays développés sont généralement stables ou en baisse, les taux de croissance prévus étant plus lents que ceux des États-Unis. Dans les marchés émergents, la croissance économique globale pourrait ralentir légèrement en 2025 par rapport à 2024.
L’inflation continuera probablement de ralentir, mais les droits de douane compliquent les perspectives
Bien que l’inflation soit bien inférieure aux sommets atteints en 2021-2022, elle n’est pas encore entièrement revenue à la normale et la tendance baissière a été un peu moins constante ces derniers mois. Les pressions additionnelles exercées par les tarifs douaniers et la croissance accrue découlant des mesures proposées par la nouvelle administration nous ont incités à porter de 2,3 % à 2,6 % nos prévisions d’inflation pour 2025 aux États-Unis. Cette prévision est légèrement inférieure au taux moyen en 2024, grâce aux baisses différées des coûts d’habitation et à l’approche moins conciliante de la Réserve fédérale américaine (Fed). Dans d’autres pays développés, les défis relatifs à l’inflation sont moins importants, et nous sommes confiants que l’inflation convergera vers la cible de 2 %.
Nous marquons une pause quant à nos perspectives baissières sur le dollar américain
Nous avons mis en pause nos prévisions baissières concernant le dollar américain à la suite des élections de novembre. Les politiques proposées par le président Trump en matière de commerce, de fiscalité, de déréglementation et d’immigration donneront vraisemblablement du fil à retordre aux partenaires commerciaux des États-Unis et, même si elles sont assouplies, il est probable qu’elles empêcheront la Fed de réduire les taux d’intérêt autant que nous l’avions prévu. En conséquence, nous nous attendons à ce que le billet vert conserve sa vigueur de manière prolongée, même si les valorisations indiquent une faiblesse du dollar au-delà de notre horizon prévisionnel. À notre avis, l’approche de la nouvelle administration ainsi que les perspectives économiques plus difficiles en Europe sèmeront plus d’embûches à l’euro, tandis que le yen, la livre sterling et le dollar canadien résisteront mieux. Le renminbi chinois sera également malmené par les tensions commerciales. Son rendement dépend néanmoins fortement des mesures prises par la banque centrale chinoise.
Les banques centrales vont ralentir leur rythme d’assouplissement
Les banques centrales de tous les grands pays développés – à l’exception de la Banque du Japon – ont commencé à réduire les restrictions monétaires, même la Fed qui a mis du temps à décréter une première baisse de 50 points de base en septembre, avant d’en commander une autre de 25 pb en novembre. Les banques centrales sont en mesure de poursuivre l’assouplissement, mais peut-être avec moins de vigueur que ce qui a été fait jusqu’à présent. Outre le fait que les taux d’intérêt ne sont plus aussi restrictifs, la combinaison d’une inflation et de données économiques plus solides signifie qu’il y a moins d’urgence à effectuer de nouvelles baisses. Bien que la Fed puisse probablement abaisser son taux directeur à 3,5 % d’ici à la fin de 2025, ce chiffre est plus élevé que les 2,8 % fixés par le marché des contrats à terme à la mi-septembre. Dans d’autres pays développés, les taux neutres sont plus bas, ce qui signifie que leurs taux directeurs pourraient descendre dans une fourchette de 2 % à 3 %.
L’augmentation des taux obligataires accroît le potentiel de rendement et réduit le risque de valorisation
Le taux des obligations américaines à 10 ans est descendu jusqu’à 3,60 % en septembre et a fortement rebondi pour atteindre environ 4,40 % après les élections américaines de novembre. Avec la remontée des taux obligataires, nous pensons que le prix des obligations est approprié sur la plupart des grands marchés des obligations d’État, à l’exception du Japon, le potentiel de rendement allant d’une valeur inférieure à 5 % à une valeur voisine de 5 %, le potentiel de rendement le plus élevé étant celui des titres du Trésor américain. Notre modèle pour le taux des obligations, qui combine les taux d’intérêt réels à une prime d’inflation, laisse entrevoir une fourchette de 3,4 % à 4,5 % pour le rendement américain à 10 ans sur l’horizon de prévision. Selon nous, ces repères servent de fourchettes pour gérer tactiquement les positions en titres à revenu fixe. Nous prévoyons que le taux des obligations américaines à 10 ans se situera vers le milieu de cette fourchette, à savoir 4,00 %, au cours de l’année à venir. Ainsi, les investisseurs en obligations pourraient conserver leur coupon et même réaliser un léger gain en capital.
Les actions ont atteint de nouveaux records, bien que les valorisations soient raisonnables en dehors des titres de sociétés américaines à mégacapitalisation
Les actions mondiales ont enregistré des gains impressionnants au cours de la dernière année et de nombreux marchés ont atteint des sommets. Les actions de sociétés technologiques américaines à mégacapitalisation ont dégagé les meilleurs rendements, mais les gains ont commencé à se généraliser durant l’été, car d’autres segments ont enregistré d’excellents rendements. Les marchés internationaux ont produit des rendements inférieurs, en particulier après la victoire électorale de Donald Trump. En effet, ses propositions politiques favorisent la croissance intérieure au détriment des économies internationales et des marchés émergents. Après une telle progression des actions mondiales, de nombreux investisseurs peuvent craindre une surévaluation des actions. Nos propres modèles montrent que les excès de valorisation sont concentrés dans les actions de sociétés américaines à mégacapitalisation et que, en dehors de ce groupe de sociétés, les prix des actions varient de justes à intéressants. Si une nouvelle accélération de la croissance économique favorise une amélioration généralisée des bénéfices, les actions de sociétés américaines à petite et moyenne capitalisation et les marchés boursiers à l’extérieur des États-Unis pourraient enfin offrir des rendements supérieurs.
Répartition d’actifs – élimination de la sous-pondération antérieure des obligations
En équilibrant les risques et les occasions potentielles, notre répartition d’actifs est maintenue à notre position stratégique neutre. À notre avis, les obligations semblent avoir un cours raisonnable et les taux obligataires devraient se négocier dans une fourchette au cours de l’année à venir, offrant aux investisseurs en quête de revenu à taux fixe, des rendements allant d’une valeur inférieure à 5 % à une valeur voisine de 5 % et un risque de valorisation modéré. Les actions offrent un meilleur potentiel de rendement que les obligations, même si nous craignons qu’une poignée d’actions de sociétés à mégacapitalisation continuent de représenter la majeure partie de la pondération et des rendements du marché américain. Au cours des derniers trimestres, nous avons été plus tactiques quant à la gestion de nos placements en titres à revenu fixe. Au cours du présent trimestre, nous avons ajouté un point de pourcentage à notre position en titres à revenu fixe, car les taux ont dépassé les 4 %, éliminant ainsi la sous-pondération qui a été mise en place au trimestre précédent à la suite de la chute des taux. En maintenant notre répartition tactique des actifs à sa position stratégique neutre, nous prenons acte de la prime de risque exceptionnellement faible qui existe actuellement pour les actions, tout en nous permettant de tirer parti de la volatilité du marché qui survient. Dans le cadre de notre répartition neutre en actions, nous privilégions les régions qui bénéficieront d’une administration favorable à la croissance et centrée sur l’Amérique, ce qui signifie une préférence pour les actions nord-américaines et les actions de sociétés à moyenne et petite capitalisation. Pour un portefeuille mondial équilibré, nous recommandons actuellement la répartition de l’actif suivante : 60 % en actions (position neutre stratégique : 60 %), 38 % en titres à revenu fixe (position neutre stratégique : 38 %) et le reste en liquidités.
Composition d’actifs recommandée
Comité des stratégies de placement RBC GMA
Nota : Au 30 novembre 2024. Source : RBC GMA