Dagmara Fijalkowski, cheffe, Titres mondiaux à revenu fixe et devises, explique les répercussions possibles des tensions géopolitiques et des déficits budgétaires sur les obligations d’État et la politique monétaire au cours de l’année à venir. En outre, Dan Mitchell, Premier directeur général et gestionnaire de portefeuille, Titres mondiaux à revenu fixe et devises, discute des facteurs qui contribuent à la stabilité des monnaies des marchés développés.
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Transcription
Dagmara Fijalkowski: Comment les tensions géopolitiques et les déficits budgétaires pourraient-ils affecter les obligations d’État et la politique monétaire au cours de l’année à venir ?
Commençons par les perspectives : sans faire d’hypothèses, nous prévoyons que les porteurs d’obligations d’État obtiendront des rendements de 5 % environ au cours de la prochaine année, tout simplement à partir des taux. Le rendement sera meilleur pour les portefeuilles qui détiennent un peu de crédit, et, bien sûr, encore meilleur si l’économie ralentit. Même si ce n’est pas ce que nous souhaitons.
L’inflation continuera probablement de se modérer, à un rythme plus lent, ce qui, combiné à l’apaisement des tensions sur les marchés du travail, permettra aux banques centrales d’assouplir la politique monétaire au deuxième semestre de l’année et de réduire les taux d’au moins une centaine de points de base au cours de la prochaine année.
Ce, en supposant qu’il n’y ait pas de récession, et encore plus si une récession devait se produire. Les risques liés à ces perspectives découlent des tensions géopolitiques et, dans une certaine mesure, des marchés du travail. La géopolitique, étant donné que les attaques contre les pétroliers de la mer Rouge se poursuivent et que la guerre engagée par la Russie continue de faire rage, et que ces tensions pourraient faire monter les prix du pétrole à un moment donné. En ce qui concerne les marchés du travail, nous sommes un peu plus optimistes quant à leur impact sur l’inflation, car nous sommes convaincus que c’est la hausse de l’inflation qui conduira à des revendications salariales, et non l’inverse.
J’aimerais conclure par quelques mots sur l’exception américaine, dans le contexte de la forte croissance économique que nous avons vue aux États-Unis. Eh bien, ce n’est pas si exceptionnel quand la croissance est alimentée par des déficits de 7 % du PIB. Ce qui est exceptionnel, c’est que ces déficits ont été autorisés alors que l’économie est en plein essor, et qu’il n’y a pas de récession.
Qui plus est, les dépenses ne seront probablement pas réduites pendant cette année marquée par les élections. En théorie, les préoccupations budgétaires pourraient exacerber les ventes et faire grimper les primes de terme. Toutefois, nous pensons que cela serait compensé par une chute du taux réel neutre, le r-étoile, du fait que l’endettement pourrait menacer la croissance économique potentielle si de plus en plus de revenus sont affectés au remboursement de la dette au détriment des dépenses discrétionnaires. Il s’agit de préoccupations à long terme, et il est peu probable qu’elles soient abordées cette année.
Dan Mitchell: Quels sont les facteurs favorables à la stabilité des devises des marchés développés?
Dans l’ensemble, les devises des marchés développés ont été très stables cette année.
Regardons l’euro, par exemple. C’est la paire de devises la plus importante au monde, en raison de son volume de négociation et aussi de son influence. Et ce taux de change est resté coincé dans une fourchette de négociation de 1 ou 7 à 110 pendant la majeure partie de l’année. C’est une fourchette exceptionnellement étroite, très inhabituelle pour une devise qui devrait normalement fluctuer beaucoup plus.
Nous pensons que la faible volatilité est attribuable au caractère synchrone des politiques des banques centrales. Même si les réductions de taux d’intérêt de la Fed ont été repoussées cette année et ne devraient pas se matérialiser avant le mois de juin, nous avons vu des reports similaires du côté de la Banque du Canada et de la Banque centrale européenne. En fin de compte, les taux d’intérêt à court terme sont un important moteur du marché des changes, et s’il n’y a pas de divergences politiques, nous ne voyons pas vraiment comment les devises pourraient fluctuer.
Maintenant, nous ne croyons pas que cela durera très longtemps. Cependant, 2024 est une année électorale importante et l’affrontement entre Trump et Biden est déjà un thème majeur sur les marchés des changes. Les négociateurs associent maintenant une éventuelle victoire de Trump à la force du dollar US, et nous sommes d’accord sur le fait que ce sera probablement l’effet à court terme. Mais à plus long terme, nous demeurons très négatifs à l’égard du dollar US.
La devise est fortement surévaluée, la crédibilité budgétaire s’effrite, et la croissance économique des États-Unis devrait ralentir par rapport à celle de bon nombre de pays. Nous prévoyons un déclin de 5 à 10 % de la devise, et pensons que la plupart des devises des pays développés et des marchés émergents en bénéficieront.