Dagmara Fijalkowski, cheffe, Titres mondiaux à revenu fixe et devises, RBC Gestion mondiale d’actifs Inc., explique comment les récentes tendances du marché, les développements budgétaires et la dynamique du marché obligataire auront une incidence sur les investisseurs.
Durée : 3 minutes, 47 secondes
Transcription
Comment les tendances récentes du marché, les évolutions fiscales et la dynamique du marché obligataire affecteront-elles les investisseurs ?
Bonjour à tous et merci de vous joindre à moi.
Les marchés ont connu des hauts et des bas ces derniers temps, les récits oscillant entre les tensions commerciales et les préoccupations budgétaires. Mais ils ont moins réagi aux événements des dernières semaines, ce qui est intéressant. L’inquiétude a atteint son paroxysme au début du mois d’avril, mais nous avons vu depuis Trump capituler à quelques reprises, permettant d’écarter le pire des scénarios sur les droits de douane.
Sur le plan des considérations budgétaires, l’adoption du projet de loi « One Big Beautiful Bill » (la grande et belle loi)par la Chambre a rapidement fait augmenter la prime de terme de 20 points de base. À l’échelle mondiale, l’accentuation des courbes de rendement est devenue un thème dominant. Et pour couronner le tout, le projet la grande et belle loi était assorti d'une menace inattendue intégrée à l’article 899. Cette disposition risque le risque de pénaliser les étrangers qui investissent dans les actifs financiers américains.
Les placements en obligations américaines restent exonérés pour l'instant, toute abrogation de cette exonération pourrait exercer des pressions haussières sur les taux obligataires, transformant la guerre commerciale en guerre fiscale. Ce scénario est peu probable, mais mérite d’être surveillé.
Autre observation clé : malgré tous les événements qui font la une des journaux, le taux moyen des obligations du Trésor américain à 10 ans s’établit à 4,41 % depuis le début de l’année, un niveau presque identique à la moyenne de 4,4 % observé depuis l’élection, et à peu près au niveau actuel.
C’est une stabilité remarquable. À l’instar de la Fed, le marché obligataire maintient une approche attentiste. La Fed dispose de marge pour réduire les taux si nécessaire, après tout, la politique reste encore relativement stricte, et de nouvelles baisses de taux pourraient accentuer davantage la pente de la courbe.
Qu’en est-il de ceux qu’on appelle les « justiciers du marché obligataire » ?
Les niveaux d’endettement élevés sont préoccupants pour la croissance à long terme, mais nous n’anticipons pas une grève imminente de la part des investisseurs. Les taux des obligations, soutenus par des taux réels supérieurs à 2 %, sont attrayants. Les banques centrales ont réduit leurs achats, mais les investisseurs institutionnels, les ménages et les investisseurs étrangers ont pris le relais. Le Trésor peut ajuster ses émissions si la demande faiblit afin de privilégier les bons du Trésor. La Fed dispose par ailleurs d’outils (abandon de l’exigence relative au taux de liquidité réglementaire) pour soutenir le marché au besoin.
Conclusion Nous pourrions dire que le marché obligataire craint notamment qu’une irresponsabilité budgétaire entraîne une hausse des taux et que la politique de Donald Trump donnant la priorité aux États-Unis provoque des difficultés économiques à court terme qui pourraient inciter la Fed à assouplir ses taux directeurs. L’équilibre de ces risques se reflète dans les taux obligataires. À ce stade, la meilleure approche consiste à adopter une stratégie attentiste, en prenant peu de risque directionnel, tout en obtenant de solides rendements réels.
Nous vous remercions de votre temps et, comme toujours, nous continuerons de surveiller la situation et de vous tenir au courant.