Les marchés boursiers mondiaux se déploient-ils ? À l’approche de la période d’annonce des résultats, le déploiement du marché reste confiné entre un groupe restreint de titres de sociétés du secteur de l’intelligence artificielle et les « autres » titres. Jeremy Richardson parle de ses attentes de rendement et du plafonnement du cycle de relèvement du taux d’intérêt.
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Transcription
Bonjour, je m’appelle Jeremy Richardson et je fais partie de l’équipe Actions mondiales RBC. Je vous présente aujourd’hui de nouvelles actualités. Voici quelques réflexions à propos de ce qui se passe sur les marchés boursiers mondiaux en ce moment. Les actions mondiales ont surpris plusieurs personnes par leur progression. Elles ont offert des rendements relativement solides depuis le début de l’année, ce qui contraste beaucoup avec la grande prudence dont ont fait preuve les investisseurs au début de l’année civile, ceux-ci craignant la survenue d’une récession au premier semestre de 2023.
La récession attendue ne s’est pas produite jusqu’à présent. Les cours des actions ont au contraire évolué positivement, faisant progresser le marché. Une grande partie de cette progression est en fait l’œuvre d’un petit groupe d’entreprises du secteur de l’intelligence artificielle. C’est un élément très positif puisqu’il s’agit d’une nouvelle dynamique et d’une technologie très intéressante qui peut permettre de rehausser la productivité de façon plus générale dans toute l’économie.
Il est également possible que ces titres soient perçus comme sûrs en cas de ralentissement économique. C’est une situation assez intéressante en ce début de période de publication des résultats, car nous voyons le marché se déployer entre ce petit groupe de titres de sociétés du secteur de l’IA qui a jusqu’ici stimulé le marché, et les autres titres qui sont restés en quelque sorte en queue de peloton.
Nous notons également un grand écart de valorisation entre ces deux groupes. Prenons par exemple l’indice S&P 500, l’indice pondéré en fonction de la capitalisation boursière. C’est l’indice qui normalement fait la une des journaux et se négocie 20 fois le ratio C/B. Beaucoup d’investisseurs le suivent et estiment qu’il est à sa juste valeur.
Cependant, en examinant la question de plus près, on se rend compte que l’indice équipondéré S&P détient exactement les mêmes sociétés à la différence que chaque société présente la même pondération que les autres, et que le ratio C/B est d’environ trois points et demi inférieur à celui de l’indice pondéré en fonction de la capitalisation boursière. Ces données étant beaucoup plus conformes aux données historiques, nous sommes en quelque sorte revenus aux valorisations qui prévalaient avant la pandémie.
La situation est plutôt intéressante. Un fait curieux a retenu notre attention au cours du mois de juillet. Même si le groupe restreint de sociétés de l’IA a alimenté une bonne partie de l’évolution du marché jusqu’à présent cette année, nous avons noté plus récemment au cours des dernières semaines des performances beaucoup plus larges sur le marché. Je pense, pour ma part, qu’il s’agit là d’une évolution plus saine pour les marchés boursiers mondiaux, le marché n’étant plus uniquement dirigé par ce petit groupe de sociétés à thème.
Cela voudrait-il dire que le développement des marchés boursiers mondiaux pourrait se déployer, et que certaines autres sociétés pourraient en quelque sorte prendre la relève et offrir un solide rendement aux investisseurs ?
Eh bien, dans une certaine mesure, nous sommes revenus au point initial en termes de perspectives économiques. Je pense que les investisseurs auront de la difficulté à prédire avec certitude la survenue ou non d’une récession. Beaucoup d’économistes réduisent les probabilités de la survenue d’une récession.
Et il est possible qu’on assiste à un atterrissage en douceur de l’économie, du moins selon le consensus. Ces prévisions s’établissent au même moment où les attentes en matière de taux d’intérêt commencent à plafonner. Le cycle de relèvement des taux d’intérêt arrive à un plafonnement et l’on se demande combien d’autres relèvements la Fed et les autres banques centrales effectueront. Que les banques centrales adoptent une pause ou anticipent un autre relèvement d’environ 25 points de base, la question continue de retenir l’attention des marchés. Un autre relèvement de 25 points de base ou pas fera très peu de différence dans le monde réel où les taux d’intérêt avoisinent les 5 %. Il est fort improbable qu’une société modifie ses décisions de placement en fonction d’un probable relèvement de 25 points de base du taux. L’on peut quasiment estimer à cette étape-ci que les dés sont jetés. Personne ne sait si les taux d’intérêt vont commencer à chuter dans un proche avenir ou s’ils vont rester plus élevés plus longtemps.
Cela dit, les investisseurs axés sur les données fondamentales, comme nous-mêmes, accueilleront avec un certain soulagement le plafonnement du cycle de taux d’intérêt, car des taux plus élevés limitent les valorisations pour les investisseurs en général, comme ce fut le cas au moins au cours des 12 derniers mois ou plus. L’incertitude créée par les taux d’intérêt plus élevés commence à diminuer et les investisseurs devraient reporter leur attention sur les fondamentaux des sociétés. Deux choses inquiètent principalement les investisseurs en matière de valorisation. La prévision des futurs bénéfices et l’actualisation des bénéfices au moyen du bon taux d’escompte. L’incertitude qui entoure ce taux d’actualisation commence à diminuer, ce qui nous donne une meilleure idée de la situation des taux d’intérêt. En théorie, ce sont les prévisions des futurs bénéfices qui stimuleront désormais le cours des actions.
C’est à ce moment-là que nous nous attendons à voir le marché se déployer. Les sociétés d’autres secteurs autres que l’IA commencent aussi à y participer. Je pense que les investisseurs qui s’intéressent aux données fondamentales des sociétés devraient aussi commencer à obtenir de meilleurs rendements, les entreprises plus solides devant être en mesure de réaliser des bénéfices supérieurs. Nous savons à long terme que ce sont ces bénéfices qui alimentent réellement la valorisation du cours des actions à long terme.
J’espère que vous avez aimé ma présentation, et j’ai hâte de vous retrouver bientôt.