Nous dirigeons-nous vers la « nouvelle normalité » ? En janvier, les prix européens du gaz naturel étaient bas, la Chine a mis fin à sa politique de tolérance zéro à l’égard de la COVID-19 et les prix des marchandises américains se sont stabilisés. Malgré une certaine incertitude qui persiste à court terme et la volatilité du marché, Jeremy Richardson croit en des perspectives économiques plus nuancées.
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Bonjour, je m’appelle Jeremy Richardson et je fais partie de l’équipe Actions mondiales RBC. Je vous présente aujourd’hui de nouvelles actualités. Le marché semble en être arrivé à la conclusion que les tensions inflationnistes sont maintenant derrière nous, que l’inflation commence à refluer aux États-Unis en particulier, et que nous pouvons donc nous préoccuper des perspectives économiques globales.
Je crois que ce point fait débat. Il y a quelques mois, la perception était que, si les taux d’intérêt allaient rester élevés, il y avait un vrai risque de récession. Une récession comme celle de 1981 en Europe et celle de 2001 aux États-Unis était évoquée.
Depuis lors, les prévisions du consensus semblent beaucoup plus rassurantes. Ce revirement peut vraisemblablement être attribué à trois changements. Tout d’abord, l’hiver a été très doux en Europe. Les températures n’ont pas chuté jusqu’aux niveaux des années précédentes et les prix du gaz naturel sont plus bas aujourd’hui qu’ils ne l’étaient juste avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Ensuite, la Chine a, contre toute attente, assoupli sa politique de zéro COVID. De nombreux observateurs pensent que cela donnerait de meilleurs résultats au printemps ou en été, car il y a alors moins de cas de maladies respiratoires. Ils ont commencé tôt. Certes, cela a malheureusement causé des perturbations très fortes à court terme, mais la relance économique de la Chine peut vraiment commencer dès à présent, ce qui est une bonne nouvelle pour la croissance économique mondiale. La Chine pourrait jouer le rôle de locomotive au cours des prochains mois.
Enfin, nous avons vu un début de stabilisation, voire un recul, des prix des marchandises, en particulier aux États-Unis. Les prix des voitures d’occasion, par exemple, sont en fait plus bas aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a quelques mois. L’effet pourrait être important parce que les tensions subsistent sur le marché du travail américain. Autrement dit, la sécurité d’emploi est bonne et les salaires progressent. Si on ajoute à cela la chute des prix des marchandises, les perspectives en matière de consommation des ménages ne sont probablement pas si mauvaises. Ces trois nouveautés ont été prises en compte par l’ensemble des analystes.
Le point de vue a évolué, car on ne parle plus d’un atterrissage brutal, mais plutôt d’un atterrissage en douceur. Dans certains cas, il n’y a même plus d’atterrissage. Les grandes économies pourraient être en mesure d’éviter complètement une récession. Qui sait ce que l’avenir nous réserve ? Après le positionnement défensif des investisseurs à la fin de 2022, on note un soulagement. Dans une certaine mesure, cela explique la forte reprise des marchés mondiaux d’actions depuis le début de l’année.
La saison de publication des résultats des entreprises commence à peine. Nous nous attendons à des bénéfices d’ampleur variable, un peu comme au troisième trimestre. En fait, leur évolution ne semble pas avoir beaucoup changé. Les premiers résultats publiés nous donnent raison. Environ les deux tiers des entreprises dépassent les prévisions. C’est un peu moins que ce à quoi nous nous attendions (plutôt les trois quarts).
L’élément central, ce sont les perspectives. Par conséquent, les investisseurs ont les yeux rivés sur les déclarations prospectives des équipes de direction. Les bénéfices évoluent et il y a des révisions. Du point de vue des investisseurs, l’horizon devrait s’éclaircir désormais. Je ne serais pas surpris de voir des révisions des prévisions de résultat. L’évolution du marché dépend en grande partie de la volatilité que pourraient provoquer ces prévisions à court terme. Certains secteurs du marché font preuve d’une belle vigueur, mais cela ne semble pas concerner celui de la consommation aux États-Unis. C’est peut-être lié au tassement actuel du marché du logement américain. Les investisseurs conservent néanmoins leur appétit pour les actions non américaines, en particulier les européennes, qui ont stimulé le rendement en raison de la baisse du prix de l’énergie, notamment de l’essence, en Europe, comme si les consommateurs et l’industrie profitaient d’une réduction d’impôt.
Le panorama à moyen et long termes est encourageant, mais il est vrai que l’incertitude règne à court terme et que le marché présente une certaine volatilité. Cependant, nous revenons de loin. Beaucoup craignaient un dérapage inflationniste et un maintien des taux d’intérêt élevés. Désormais, les points de vue sur les perspectives économiques sont plus nuancés. C’est un progrès. Nous avons franchi un cap sur la voie de la normalisation.
On peut se poser la question de savoir à quoi ressemble une situation normale. Personne ne s’attend à ce que nous renouions avec une inflation à 0 % et avec des taux d’intérêt négatifs. La situation semble se rapprocher davantage de celle des années 1990 lorsque l’inflation et les taux d’intérêt se situaient sous les 10 %. Pour de nombreux investisseurs à moyen et long terme, c’est probablement supportable.
Le contexte est donc plutôt favorable et le marché reprend lentement sa progression à mesure que se met en place la « nouvelle normalité ». J’espère que vous avez apprécié ma présentation. J’ai hâte de vous retrouver bientôt.