Que signifie la croissance de l’intelligence artificielle (IA) pour les investisseurs ? À la mi-parcours de cette période de publication des résultats, Jeremy Richardson nous parle des doutes du marché à l’égard de la Chine en tant que puissant moteur de la croissance économique, des discussions grandissantes au sujet de l’IA, et du regain d’intérêt des investisseurs pour les données fondamentales des sociétés.
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Transcription
Bonjour, je m’appelle Jeremy Richardson et je fais partie de l’équipe Actions mondiales RBC. Je vous présente aujourd’hui une nouvelle mise à jour. Je voulais vous faire part de quelques réflexions sur ce que nous avons récemment vu sur les marchés.
Nous en sommes à peu près à la moitié de la période de publication des résultats et dans l’ensemble, je dirais qu’ils sont plutôt bons. 80 % des sociétés ont surpassé les estimations – ce n’est pas une proportion inhabituelle, mais nous devons quand même reconnaître que certaines de ces estimations avaient été revues à la baisse à cause des craintes de ralentissement économique et de récession. Donc, nous pourrions penser qu’il y a moins de difficultés à surmonter. Toutefois, l’attention semble se porter davantage sur les prévisions que sur les résultats, et les investisseurs réagissent très négativement à toute déclaration plus prudente de la part des équipes de direction ou tout signe de réduction de leurs estimations pour le reste de l’année. Nous avons observé d’importantes revues à la baisse, dans plusieurs cas.
Cependant, de façon générale, il y a juste quelques détails que je voudrais mettre en avant à propos des résultats, des choses que nous devons garder à l’esprit, à mon avis, et la première concerne la Chine. Et je tiens à le mentionner, parce que nous avons eu l’espoir que la Chine serait un moteur de la reprise économique après l’abolition de la politique chinoise de zéro COVID en janvier. Et dans une certaine mesure, c’est ce qui s’est passé. Nous avons constaté de bons résultats de la part de sociétés qui vendent des produits sur le marché chinois – LVMH en est un exemple notoire. Cependant, peu de sociétés ont déclaré leurs résultats, ce qui pourrait indiquer que la reprise commence à perdre de son élan. Et nous devons peut-être réfléchir à la façon dont la pandémie s’est traduite en Chine, en comparaison avec de nombreux pays occidentaux où les confinements ont peut-être été mis en place à une échelle plus généralisée, alors qu’en Chine ils ont été déployés de manière plus régionale et sporadique, ce qui signifie qu’il n’y a peut-être pas le même potentiel pour une reprise portée par la consommation. Si nous nous étions davantage appuyés sur l’expérience de l’Occident, nous aurions peut-être mieux analysé la situation de la Chine. Peut-être que finalement, la Chine ne sera pas un moteur de croissance économique mondiale aussi puissant que le marché l’espérait ou l’attendait.
L’autre chose que je voulais souligner est la prédominance d’une expression, à savoir l’intelligence artificielle ou IA, qui ressort dans de nombreuses annonces de résultats écoutées en ce moment. Évidemment, c’est d’abord ChatGPT qui a capté l’attention de nombreux investisseurs et consommateurs, et les sociétés réfléchissent à la façon d’intégrer certaines de ces fonctions dans leurs modèles d’affaires. Mais le marché fait la différence, comme vous pouvez l’observer dans les résultats et dans sa réaction. Il distingue les sociétés qu’il considère comme capables de monétiser le potentiel de l’IA à court terme, et voit ces dernières d’un très bon œil. En revanche, le marché considère que certains modèles d’affaires seront perturbés par l’intelligence artificielle, et les sociétés en question sont lourdement pénalisées. Puis il y a un groupe, au milieu, au sujet duquel le marché n’a pas encore pris sa décision. Donc dans ce domaine, je pense que nous en saurons beaucoup plus au fil du temps. Et ce groupe du milieu va devoir décider à quel rythme il souhaite investir pour tenter d’introduire les fonctions de l’IA dans l’offre aux consommateurs.
Plus généralement, je voulais aussi partager quelques observations peut-être un peu plus pertinentes à moyen terme. Il semblerait, d’après ce que nous avons vu jusqu’à présent lors de cette période de publication des résultats, que les données fondamentales reprennent le devant de la scène. Nous observions déjà cette tendance depuis 12 ou 18 mois, ou tout du moins c’est ce que nous avons ressenti ces 12 à 18 derniers mois, c’est-à-dire que tout était dominé par la discussion sur ce que les banques centrales allaient faire ou ne pas faire, et cela semble céder la place à un regain d’intérêt des investisseurs pour les données fondamentales des sociétés. Et je pense que pour de nombreux investisseurs, cette tendance est bienvenue. Alors qu’il y a 12 à 18 mois, l’éventail des scénarios était très, très large, créant une énorme incertitude en matière de perspectives macroéconomiques, il semblerait que l’éventail des résultats possibles commence à se rétrécir. Le débat porte maintenant sur la question de savoir si nous verrons de petites différences, même en ce qui concerne les taux d’intérêt. Et il semble que dans la plupart des régions, l’inflation se soit retournée. Même si l’inflation ne diminue pas aussi rapidement que nous le souhaiterions, certains des scénarios extrêmes envisagés auparavant, comme un retour aux années 1970, semblent aujourd’hui écartés dans l’esprit des investisseurs. Et selon moi, ce rétrécissement de l’éventail des résultats donne l’occasion aux investisseurs de revenir aux données fondamentales des sociétés. Parmi ces données fondamentales, certaines vont être bonnes, d’autres mauvaises. Malgré tout, je pense que c’est une évolution très positive pour les investisseurs, en général, si, comme nous, ils se concentrent sur les placements dans les excellentes sociétés ayant des valorisations attrayantes, ce qui signifie que ces excellentes sociétés devraient continuer de progresser.
J’arrête là. Je vous remercie de votre temps et de votre attention. Au plaisir de vous reparler bientôt.