À la lumière des événements du dernier mois, Jeremy Richardson se penche sur les questions suivantes :
Démocratie : Intentions de vote serrées aux États-Unis et ce que cela peut signifier pour les investisseurs en actions.
Dette publique : Beaucoup de promesses sont faites dans le cadre des élections américaines.
Échanges commerciaux : Comme les bus londoniens, aucun ne passe, puis tout à coup trois arrivent en même temps.
(Vidéo en anglais seulement)
Durée : 6 minutes, 13 secondes
Transcription
Bonjour, je m’appelle Jeremy Richardson et je fais partie de l’équipe Actions mondiales RBC. Je vous présente aujourd’hui de nouvelles actualités. Trois choses dont il faut parler cette fois-ci. Démocratie, dette publique et échanges commerciaux.
En ce qui concerne la démocratie, des élections se tiendront aux États-Unis en novembre. Selon les sondages, les intentions ne sont pas tranchées. Il y a essentiellement quatre résultats possibles. Un parti prend le contrôle de la Maison-Blanche et du Congrès ou l’autre parti obtient les deux, ou il y a une combinaison des deux. Donc essentiellement quatre résultats. Et les résultats de sondages sont si serrés qu’il est vraiment difficile de déterminer quelle issue est la plus probable.
J’ai discuté avec des experts politiques, qui m’ont dit que les sondages sont associés à une marge d’erreur d’environ 3 à 4 %. Jusqu’à ce qu’un des candidats mène par une marge plus importante, l’écart est trop mince pour se prononcer. Mais pour les investisseurs en actions, ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, parce que si un parti prend le pouvoir de la Maison-Blanche et l’autre, du Congrès, légiférer devient très difficile ; vous courez donc moins de risques de changements significatifs. Et pour les investisseurs en actions, moins de changements aide en fait à prévoir les bénéfices des sociétés. Il n’y a donc pas nécessairement de crainte à avoir du point de vue du marché boursier.
J’ai aussi trouvé assez intéressante une recherche qui a atterri sur mon bureau aux environs de la semaine dernière, qui portait sur la trajectoire probable des marchés boursiers jusqu’aux élections. Comme les intentions de vote sont très divisées, une partie des participants à la discussion politique craint que l’autre partie ne gagne, et vice versa. Cela signifie que très peu de gens ont suffisamment confiance dans le contexte pour effectuer des achats ; après les élections cependant, tout sera clair et évident, et résultat sera probablement satisfaisant pour au moins la moitié du marché, qui procédera alors à des achats.
La trajectoire après les élections pourrait donc très bien être plus positive en quelque sorte. Il y a cependant encore des zones grises et, en tant qu’investisseur, je vais chercher à en savoir plus d’ici le jour des élections. Deux éléments précis pourraient à mon avis avoir une incidence sur la rentabilité des entreprises.
Le premier, les impôts, et le second, les tarifs douaniers. Les plateformes des deux partis divergent sur ces deux points. Certains croient que les impôts sont plus susceptibles d’augmenter sous les démocrates et que ce sera le cas des tarifs douaniers sous les républicains. On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. Selon l’issue des élections, vous pourriez obtenir quelque chose de moins utile. Encore une fois, quelque chose entre les deux perspectives pourrait offrir une certaine consolation, mais les investisseurs en actions apprécieraient probablement plus de clarté à ce sujet.
Nous ne voyons aucun de ces deux éléments encore pris en compte dans les attentes du marché sur le plan des sociétés et des prévisions de bénéfices. C’est une zone de risque à venir. Parlons maintenant un peu de la dette publique puisque de nombreuses promesses sont faites dans le cadre des élections américaines.
C’est toujours la même chose en période d’élections. Vous êtes élu sur la base de promesses, mais ces promesses ont un coût. L’ampleur du déficit budgétaire américain ne semble pas retenir beaucoup l’attention des marchés des capitaux pour le moment et pourtant, quand on regarde la trajectoire future des taux d’intérêt, la perspective du marché semble plutôt optimiste, car il s’attend à une série de baisses les faisant passer à un taux final de 3 %.
Si nous pensons que l’inflation sera en quelque sorte jugulée et que nous nous attendons à ce qu’un taux d’intérêt réel positif équilibre les besoins des épargnants et des emprunteurs, l’hypothèse me paraît assez audacieuse, pour le moment du moins, bien que des taux d’intérêt plus bas soient en fait assez favorables aux marchés des capitaux en général.
Pour conclure, je voulais parler des échanges commerciaux. Un peu comme les bus londoniens, aucun ne passe, puis tout à coup trois arrivent en même temps ; trois transactions vraiment intéressantes valent la peine d’être surveillées. La première est l’offre d’acquisition de US Steel par la japonaise Nippon Steel.
La deuxième est l’offre d’Alimentation Couche-Tard pour acquérir Seven & I, I’exploitant de dépanneurs japonais. Et la troisième est UniCredit. Cela n’a pas encore été officiellement annoncé, mais on s’attend à ce qu’elle présente une offre d’acquisition de Commerzbank. Ces trois transactions sont intéressantes pour des raisons différentes. Essentiellement, elles interpellent les gouvernements.
Les gouvernements, le gouvernement japonais, le gouvernement américain, le gouvernement allemand, croient-ils à l’ouverture et à la libération des marchés et des capitaux ? Y aura-t-il plutôt des pressions pour qu’ils interviennent dans ces transactions, pour des raisons plus nationales ? La question est vraiment intéressante, parce qu’à mon avis, elle met en lumière certaines des pressions exercées par les électeurs sur les gouvernements pour l’adoption d’une politique industrielle plus dynamique.
Mais quand nous pensons à des initiatives visant notamment à augmenter la productivité au sein de l’UE, comme en fait état le récent rapport de Mario Draghi, ou au gouvernement japonais qui tente de stimuler le rendement du capital, le point de vue semble certes plus ouvert, mais ce genre de décisions plus ouvertes n’est pas sans coût politique.
Il sera donc intéressant de voir comment ces transactions progresseront, et si elles seront autorisées. J’espère que cela vous a intéressé. Au plaisir de vous reparler bientôt.