Dagmara Fijalkowski, cheffe, Titres mondiaux à revenu fixe et devises, analyse les perspectives pour les titres à revenu fixe d’ici la fin de l’année après un premier trimestre marqué par une volatilité anormalement forte.
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Transcription
Quelles sont les perspectives pour les marchés des titres à revenu fixe en 2023 ?
Les marchés des titres à revenu fixe ont été en proie à une forte volatilité ces dernières semaines. Durant de telles périodes, l’histoire nous semble utile pour concerter nos efforts. Tel a été le cas, et nous avons fait quatre observations importantes.
Tout d’abord, les taux directeurs réels prévus sont attrayants. Ils dépassent 1,5 % et, dans le passé, les portefeuilles d’obligations ont affiché des rendements positifs après l’application de taux de ce type. Prenons par exemple les obligations à deux ans. Si l’on considérait leur niveau actuel, il faudrait que les rendements doublent pour que les investisseurs subissent des pertes sur ce type de placement.
Ensuite, au cours des 150 dernières années, les obligations du Trésor à 10 ans n’ont jamais enregistré de rendements négatifs pendant trois ans consécutifs. Nous avons connu deux années négatives, 2021 et 2022. Il est donc très peu probable que 2023 se termine en territoire négatif.
Par ailleurs, les obligations affichent généralement des rendements positifs dans les six mois avant le dernier relèvement des taux par la Fed et dans les douze mois suivant ce relèvement. Aujourd’hui, nous ne savons peut-être pas exactement où se situera le taux final, ni quand il sera atteint, mais nous sommes convaincus que la dernière hausse par la Fed aura lieu dans les six mois à venir.
Enfin, la récession approche à grands pas. Nous pensons que la courbe a atteint le point d’inversion maximale. De plus, comme le marché s’attend à ce que la Fed réduise les taux d’intérêt dans les deux prochaines années, la courbe prendra la forme d’une accentuation haussière. Et cette tendance s’est toujours caractérisée par un contexte favorable aux placements en obligations d’État et en titres à long terme.
Tous les facteurs susmentionnés favorisent les placements à revenu fixe. Il n’y a qu’un seul scénario qui nous indique d’éviter les obligations : l’accentuation baissière de la courbe. Ce scénario ressemble à celui des années 1970, où les banques centrales, comme je l’ai dit, ont perdu la tête. Nous le savons, et la Fed aussi. Et nous pouvons affirmer que la Fed a étudié en profondeur les années 1970 pour éviter de commettre les mêmes erreurs.
Au moment de choisir entre la protection de la croissance à court terme et la lutte contre l’inflation, nous pouvons être sûrs que la Fed penchera pour la deuxième option, car c’est le seul moyen de protéger la croissance à long terme.
Compte tenu de tous les points sur les obligations, nous pensons que les titres à revenu fixe seront plus susceptibles de dégager des rendements positifs en 2023.
Quelles sont les perspectives pour le dollar américain en 2023 ?
Le dollar américain s’est légèrement apprécié depuis le début de l’année, particulièrement en février et au début de mars. Le billet vert a progressé d’environ 2,5 %, mais demeure 7 ou 8 % inférieur à son sommet atteint en octobre dernier en fonction des échanges commerciaux internationaux. À cette période, tout tournait autour des taux d’intérêt. La Fed les relevait par tranches de 75 points de base, et le marché ne savait exactement à quel moment les hausses cesseraient ni quel niveau les taux atteindraient. Bien que la Fed les augmente encore, elle le fait maintenant à un rythme beaucoup plus lent et le marché anticipe la fin de ce cycle haussier.
Notons toutefois que les marchés des changes ne reposent pas uniquement sur les États-Unis, mais également sur les autres pays. Certains événements internationaux importants ont augmenté l’attrait des actifs étrangers, qui représentent une destination de placement intéressante. Par exemple, la réouverture de la Chine a stimulé la croissance ailleurs dans le monde. De plus, la baisse du prix du gaz et l’hiver clément en Europe nous ont incités à revoir à la hausse nos perspectives économiques pour ce continent. Enfin, certaines banques centrales durcissent le ton, notamment en Europe et au Japon, ce qui limite l’avantage lié aux taux d’intérêt aux États-Unis.
Le dollar américain subira-t-il un déclin à long terme ?
Nous pensons que l’appréciation du dollar américain au cours des derniers mois est temporaire. Selon nous, le sommet d’octobre dernier a marqué le début du déclin cyclique à long terme du dollar américain, qui devrait s’affaiblir de 30 à 40 % au cours des deux prochaines années.
Voilà une évolution considérable pour les marchés des changes. Comme le dollar américain y joue un rôle important, toutes les autres devises, y compris celles des marchés émergents et développés, devraient bénéficier de cette baisse.
Selon nos propres prévisions à RBC GMA, l’euro, le yen et le dollar canadien progresseront tous de plus de 10 % cette année.