L’économie mondiale a fait preuve de résilience, profitant de la stimulation découlant de la pandémie et de la forte demande comprimée. Cependant, l’augmentation rapide et massive des taux d’intérêt depuis le début de 2022 commence à se faire sentir, et des signes de faiblesse apparaissent. Les indicateurs avancés de la croissance économique indiquent une contraction de la plupart des principales économies du monde (figure 1), une perte de confiance des consommateurs, un ralentissement de la création d’emplois et une hausse des demandes de prestations de chômage. De plus, les conditions financières se sont nettement resserrées et des contraintes ont émergé dans le système financier, en particulier dans les banques régionales américaines. Les tensions posent de nouveaux défis pour les conditions de prêt, la création de crédit et l’activité économique globale (figure 2).
Figure 1 : Indices mondiaux des directeurs d’achats
Nota : Au 31 mai 2023. Sources : Macrobond, RBC GMA
Figure 2 : Sondage sur les pratiques de créditbancaire auprès des premiers agents des prêts
Nombre de banques annonçant un resserrement des normes pour les prêts commerciaux et industriels
Nota : Données au T2 de 2023. Sources : Réserve fédérale, Macrobond
L’inflation fléchit après avoir atteint des niveaux extrêmement élevés
La montée des taux d’intérêt et le ralentissement de la croissance économique ont toutefois un effet positif : ils contribuent à freiner l’inflation, qui n’a jamais été aussi forte depuis quarante ans. Le taux d’inflation de l’IPC global aux États-Unis est passé de 9,1 % en juin 2022 à 4,9 %, et divers facteurs signalent qu’il est probable que l’inflation devrait se rapprocher de la cible de 2,0 % fixée par la Fed (figure 3). La masse monétaire ne croît plus, les chaînes logistiques ont en grande partie repris leurs activités normales, les coûts de l’énergie en Europe ont presque remonté à leur niveau d’après-guerre et le rythme des augmentations de loyer a diminué. Compte tenu de tous ces facteurs, nous prévoyons que l’inflation continuera de tomber jusqu’à la fin de l’année et qu’elle chutera encore l’année prochaine, mais nous supposons que l’inflation ne reviendra pas entièrement à 2,0 % à court terme.
Figure 3 : Hausse des prix à la consommation aux États-Unis
IPC (variation annuelle en %)
Nota : Données de l’IPC au 30 avril 2023, prévision au 31 mai 2023. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Le cycle de resserrement monétaire semble tirer à sa fin
En raison de la modération de l’inflation et des signes de fissuration qui font leur apparition sur le marché du travail, la poursuite du resserrement monétaire agressif par les banques centrales est de moins en moins justifiée. De nombreuses banques centrales ont ralenti leur rythme de relèvement des taux d’intérêt, alors que d’autres ont carrément cessé de les augmenter. Les nouvelles données seront essentielles pour orienter les mesures à prendre des banques centrales, mais il convient de noter que la Réserve fédérale américaine a déjà relevé les taux d’intérêt à court terme de 500 points de base depuis mars 2022 et que les effets des changements dans la politique monétaire se répercutent souvent sur l’économie avec des retards longs et variables. Le marché des contrats à terme ne prévoit plus qu’une seule hausse de 25 points de base du taux des fonds fédéraux d’ici juillet, suivie de réductions des taux d’intérêt vers la fin de l’année et jusqu’en 2024 (figure 4).
Figure 4 : Taux implicite des fonds fédéraux
Contrats à terme sur 12 mois au 31 mai 2023
Sources : Bloomberg, Réserve fédérale américaine, RBC GMA
Le risque de valorisation des obligations d’État est limité selon nos modèles
Au cours du dernier trimestre, les taux obligataires sont demeurés dans une fourchette dans la plupart des régions, étant donné que les investisseurs ont évalué l’effet des tensions du secteur bancaire, de l’inflation et de la croissance économique sur la trajectoire des taux d’intérêt. Les taux ont d’abord reculé après la faillite de Silicon Valley Bank, mais ont rebondi vers la fin du trimestre. En effet, les données économiques ont relativement bien résisté et l’inflation s’est avérée persistante, ce qui a incité les investisseurs à ne plus croire à l’imminence d’une baisse des taux d’intérêt. Le taux des obligations américaines à 10 ans a fluctué entre 4,1 % et 3,3 %, et a clôturé le trimestre vers le milieu de cette fourchette. Selon nos modèles, le risque de valorisation des obligations d’État est maintenant limité, et le potentiel de rendement global s’est amélioré, à condition que notre point de vue sur l’économie et l’inflation s’avère exact (figure 5).
Figure 5 : Taux des obligations du Trésor américain à 10 ans
Fourchette d’équilibre
Nota : Au 31 mai 2023. Source : RBC GMA
Progression continue des actions, mais étroitesse de l’étendue des actions américaines
Les marchés mondiaux d’actions ont poursuivi leur lancée, bien qu’il existe de grandes disparités dans les expériences des investisseurs d’une région à l’autre et d’un marché à l’autre. Les actions japonaises traversent un marché haussier, avec une croissance à deux chiffres depuis le début de l’année, et ont dépassé leur plus haut niveau depuis 1990. Les actions des marchés émergents, en revanche, stagnent depuis le début de l’année, en raison de l’essoufflement de la reprise chinoise. L’étendue des marchés boursiers des pays développés a été relativement large partout dans le monde, mais elle a été particulièrement étroite aux États-Unis, où la performance de l’indice S&P 500 a été attribuable à une poignée de sociétés technologiques à mégacapitalisation. L’indice S&P 500 pondéré en fonction des capitalisations boursières augmente de 8,9 % depuis le début de l’année, mais l’indice équipondéré S&P 500 a reculé de 1,4 % sur la même période, ce qui laisse entrevoir une saine correction poindre à l’horizon (figure 6).
Figure 6 : Indice S&P 500 et indice équipondéré S&P 500
Nota : Au 31 mai 2023. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Les perspectives favorables des bénéfices sont vulnérables à la récession
Malgré la valorisation raisonnable des actions mondiales selon nos modèles de juste valeur, les perspectives pour les bénéfices des sociétés seront indispensables à la poursuite de l’appréciation des actions. En raison de la hausse des coûts et du ralentissement de la croissance, les bénéfices ont diminué au cours des deux derniers trimestres et devraient encore baisser au prochain trimestre. Toutefois, après une année d’abaissements, les prévisions des résultats pourraient se stabiliser, et les analystes s’attendent à ce que les bénéfices remontent dans le deuxième semestre de l’année et après. Selon les prévisions générales des analystes, les bénéfices devraient rester stables en 2023 par rapport à 2022, mais la croissance des bénéfices devrait s’accélérer pour atteindre 11 % en 2024 (figure 7). Les estimations reflètent une évolution favorable de l’économie. À notre avis, si une récession devait se concrétiser comme nous le prévoyons, les prévisions de bénéfices risqueraient d’être revues en baisse.
Figure 7 : Indice S&P 500
Bénéfice par action des sociétés au cours des 12 derniers mois
Nota: Les estimations sont fondées sur les prévisions générales ascendantes des analystes sectoriels
Nota: Au 26 mai 2023. Sources : Thomson Reuters, RBC GMA
Composition de l’actif – maintien d’une pondération neutre en période de grande incertitude
Nous croyons que l’éventail de scénarios possibles demeure inhabituellement large et que le contexte macroéconomique est très incertain. Selon notre hypothèse de base, les économies plongeront dans la récession au cours de l’année prochaine et, dans ce contexte, les banques centrales devraient passer du durcissement monétaire à la détente monétaire. Compte tenu des taux de rendement élevés, et surtout de la réduction possible des taux d’intérêt par les banques centrales pour soutenir une économie en déclin, les obligations d’État constituent un bon contrepoids à un repli des actions. Par ailleurs, dans le contexte actuel des taux d’intérêt, il est moins intéressant d’investir dans les actions pour la prise de risque que dans les titres à revenu fixe et même dans les liquidités. Par conséquent, nous avons réduit notre sous-pondération en titres à revenu fixe et étoffé nos placements en liquidités, car les taux d’intérêt ont augmenté au cours de la dernière année. Pendant le dernier trimestre, nous avons encore réduit notre pondération en actions de 100 points de base, et avons investi la moitié du produit dans les titres à revenu fixe et l’autre moitié dans les liquidités. Nous affichons une pondération neutre par rapport à notre position stratégique neutre. Parmi les indicateurs que nous surveillons, certains pourraient nous encourager à adopter une attitude plus prudente et à prendre moins de risques : l’amélioration des indicateurs économiques avancés, l’assouplissement des conditions financières et l’élargissement de l’étendue des marchés boursiers, en particulier aux États-Unis. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 60 % en actions (pondération stratégique « neutre » de 60 %), 38 % en obligations (pondération stratégique « neutre » de 38 %) et 2 % en liquidités (figure 8). La répartition de l’actif des fonds ou des portefeuilles de clients peut différer en fonction de la politique de placement de ces fonds.
Figure 8 : Composition d’actifs recommandée
Nota : Au 31 mai 2023. Source : RBC GMA
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