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Accepter Déclin
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Par  Eric Lascelles 3 octobre 2023

Contenu de cet article :

Regard sur les placements mondiaux

Le dernier numéro trimestriel de Regard sur les placements mondiaux vient de paraître. Voici l’article sur l’économie, intitulé « " Où est la récession ? " ». L’intégralité du rapport, qui comprend les prévisions sur l’économie et les marchés, se trouve ici.

Questions sur la récession

Il y a déjà longtemps que nous prévoyons une récession. Cette possibilité est apparue pour la première fois au printemps 2022, et nous pensons depuis un an qu’elle est sur le point de se matérialiser. Cela soulève deux questions.

  1. Pourquoi la menace de récession plane-t-elle depuis si longtemps sans se concrétiser ?

  2. Pourquoi une récession demeure-t-elle probable, du moins selon nous, malgré la résilience surprenante observée durant l’année écoulée ?

Une récession repoussée

En ce qui concerne la manière dont la récession a été repoussée depuis plus d’un an, il faut d’abord comprendre que la prévision de récession, à la fin de 2022 et au début de 2023, n’a jamais été liée aux hausses des taux d’intérêt. Certes, ces hausses ont joué un rôle, surtout quand l’effet de richesse négatif s’est manifesté. Cependant, elles prennent tellement de temps à se faire sentir dans l’économie que les répercussions du niveau maximal des taux d’intérêt devraient théoriquement se produire plus tard.

En réalité, la prévision de récession d’il y a un an s’appuyait essentiellement sur une multitude d’obstacles simultanés. L’inflation élevée n’a pas fait qu’entraîner un resserrement de la politique monétaire, elle a aussi, à elle seule, plombé la croissance économique. La guerre en Ukraine a nui aux échanges commerciaux et provoqué une flambée des prix des marchandises qui a entraîné un choc énergétique brutal. En 2022, les chaînes logistiques étaient encore minées par d’importantes perturbations. La Chine a imposé plusieurs confinements durant l’année. En Amérique du Nord, les prix des propriétés ont dégringolé.

L’ensemble de ces divers problèmes économiques était théoriquement suffisant pour déclencher une récession.

Alors, pourquoi rien ne s’est-il passé ? L’une des raisons est que l’économie a fait preuve d’une résilience impressionnante. Il s’agit là d’un thème récurrent depuis le début de la pandémie, en 2020. Cette résilience est largement attribuable aux mesures de relance des gouvernements et à la demande accumulée.

Toutefois, la principale raison pour laquelle la récession a été évitée à la fin de 2022 et au premier semestre de 2023 est qu’une bonne partie des obstacles qui devaient la causer ont commencé à disparaître, et ce, assez rapidement :

  • L’inflation a régressé et ainsi cessé de freiner la croissance.

  • Bien que la guerre en Ukraine se poursuive, malheureusement, le choc énergétique qui en résulte est bien grave.

  • Les problèmes des chaînes logistiques se sont largement dissipés.

  • Les confinements sont maintenant chose du passé en Chine.

  • Les prix des propriétés ont commencé à remonter en Amérique du Nord au début de 2023.

Faut-il encore s’attendre à une récession ?

Étant donné que tous les problèmes mentionnés sont largement résorbés et que la récession a été facilement repoussée jusqu’à présent, pourquoi penser qu’une récession demeure probable au cours des prochains trimestres ?

La principale raison est que les banques centrales ont relevé les taux à court terme à plusieurs reprises depuis l’an dernier. Les taux des obligations à long terme ont aussi poursuivi leur ascension (voir le graphique suivant). Ainsi, le taux de l’obligation américaine à dix ans se situe actuellement à son niveau le plus élevé en plus de 16 ans (voir le deuxième graphique suivant).

Les taux des obligations américaines augmentent en raison de la résilience des données économiques, et la Réserve fédérale indique que les taux d’intérêt resteront élevés plus longtemps

En date du 26 septembre 2023. Les zones ombrées représentent une récession. Sources : Tésor américain, Macrobond, RBC GMA.

Le taux des obligations américaines à 10 ans a atteint un sommet en plus de 16 ans

En date du 26 septembre 2023. Les zones ombrées représentent une récession. Sources : Tésor américain, Macrobond, RBC GMA.

La hausse du taux des obligations à 10 ans a largement dépassé ce à quoi on s’attendrait normalement en réponse au relèvement des taux d’intérêt par la banque centrale. Cela s’explique par le fait que la prime de terme a fortement augmenté et – du moins selon les estimations de la Réserve fédérale de New York – est enfin de retour en territoire positif (voir le graphique suivant). Plusieurs facteurs font grimper les taux à terme :

  • Le resserrement quantitatif,

  • La décote de la dette américaine,

  • L’important déficit budgétaire des États-Unis,

  • La croissance des taux des obligations japonaises et européennes et

  • Les efforts de la Chine pour soutenir sa monnaie

La prime de terme a augmenté récemment

En date du 26 septembre 2023. Sources : Réserve fédérale de New York, Macrobond, RBC GMA.

Effet à retardement

Le resserrement de la politique monétaire a une incidence différée sur l’économie. En fait, en moyenne aux États-Unis, on constate un décalage de 27 mois entre la première hausse des taux d’intérêt et le début d’une récession (voir le tableau suivant). Ainsi, techniquement, la fenêtre pour une récession causée par la politique monétaire vient à peine de s’ouvrir. Étant donné que la première hausse de taux de la Fed a eu lieu en mars 2022, la norme historique de 27 mois nous conduit à juin 2024 pour le début d’une récession.

Cycles économiques et de resserrement aux États-Unis. Sources : Réserve fédérale, National Bureau of Economic Research, Macrobond, RBC GMA.

Surévaluation de la sensibilité réduite aux taux

S’il est sans doute juste d’admettre que l’économie américaine en particulier est un peu moins sensible aux taux que par le passé, il ne s’agit pas d’un argument à toute épreuve. D’une part, l’ampleur du resserrement monétaire et le rythme auquel il a été mis en œuvre ont été suffisamment dynamiques pour compenser, au moins partiellement, la diminution de cette sensibilité.

D’autre part, il est essentiel de comprendre que des taux d’intérêt élevés entravent la croissance économique de diverses façons. Certes, le coût du service de la dette est l’une d’elles, et son effet est légèrement atténué compte tenu de la sensibilité réduite aux taux susmentionnée. Cela dit, ce facteur est moins englobant que bien des gens l’imaginent, car il y a toujours une partie de l’autre côté d’un prêt qui reçoit un revenu supérieur quand les taux augmentent.

Le niveau des taux d’intérêt influe sur les décisions d’avenir, peu importe le coût du service de la dette et l’envergure de celle-ci. Les entreprises qui envisagent d’investir dans une nouvelle usine doivent être convaincues que le rendement du capital investi dépassera le coût élevé du financement. Par ailleurs, pour les personnes qui veulent acquérir un nouveau véhicule ou les premiers acheteurs immobiliers, les taux d’intérêt en vigueur sont également prohibitifs. Dans la mesure où la production économique correspond à la somme des achats des entreprises et des particuliers, les taux d’intérêt élevés continuent d’avoir des répercussions majeures, sensiblement comme lors des cycles précédents.

En conséquence, nous restons enclins à penser que certains attribuent la résilience économique à la sensibilité réduite aux taux alors qu’en réalité, ils sous-estiment simplement les décalages en cause.

De nouveaux facteurs défavorables

Bien que les vents contraires de l’an dernier se soient apaisés, l’économie fait face à des difficultés nouvelles. Certaines sont temporaires et touchent surtout les États-Unis, comme les récentes grèves dans l’automobile, la reprise des versements sur prêts étudiants, l’expiration d’une aide nationale à la garde d’enfants, et la menace d’une paralysie du gouvernement (écartée, du moins pour le moment). Cela dit, elles méritent notre attention, dans la mesure où cette combinaison de facteurs pourrait mener à un retournement négatif.

Grèves des travailleurs de l’automobile

Les travailleurs syndiqués de Ford, Stellantis et General Motors sont en grève depuis plusieurs semaines. Seules quelques usines ont repris leur activité, tandis que le nombre de grévistes augmente et que la pression pour parvenir à un accord est importante.

Dans le contexte de l’inflation galopante des dernières années et des tensions sur le marché du travail, le syndicat exige une considérable hausse des salaires. Les deux camps ont fait des avancées en direction d’une solution, mais l’écart s’élève toujours à des dizaines de points de pourcentage dans les salaires. Si la grève se limite à quelque chose comme six semaines, soit la date de résolution la plus probable estimée par Good Judgement Open, les dommages économiques pourraient s’avérer relativement faibles – l’impact négatif sur le produit intérieur brut (PIB) serait alors de l’ordre de 0,2 %. Cependant, compte tenu de l’envolée du nombre de grévistes et de l’incertitude entourant la date de fin du mouvement, ce calcul est loin d’être précis.

La situation pourrait entraîner des effets secondaires, avec notamment un impact en dents de scie sur la chaîne logistique. De plus, l’augmentation des prix des voitures serait une mauvaise nouvelle à un moment où il est impératif de maîtriser l’inflation.

Expiration des mesures de stimulation économique

Nous avons abordé la reprise des versements sur prêts étudiants américains dans notre dernier #MacroMémo en date du 1er octobre. En bref, environ 44 millions d’Américains doivent recommencer à verser 503 dollars par mois en moyenne pour rembourser un encours total de prêts étudiants de 1,8 billion de dollars. Ces versements affectent les revenus personnels à hauteur de 0,2 %, et pourraient causer des dommages financiers considérables aux ménages qui ont des prêts étudiants élevés.

Le programme de 24 milliards de dollars lancé en 2021 pour soutenir les garderies en difficulté aux États-Unis, dans le contexte de la pandémie, a pris fin le 30 septembre. Étant donné que cette aide a été versée directement aux garderies, et non aux parents, on ne peut pas conclure que les 9,6 millions d’enfants qui en ont bénéficié devront se rabattre soudainement sur des services de garde hors de prix ni que le ménage moyen sentira un impact financier à court terme. Néanmoins, l’organisation The Century Foundation fait valoir que 3,2 millions d’enfants pourraient perdre leur accès aux services de garde à la suite de l’expiration du programme. Ce chiffre semble effrayant. Et il signifie surtout que les parents pourraient avoir de plus en plus de mal à faire garder leurs enfants, en raison de la montée des coûts de garde et de la réduction de l’offre. Certains parents seront peut-être même forcés d’abandonner la population active afin de s’occuper de leurs enfants.

Paralysie du gouvernement temporairement évitée

Les marchés des paris ont finalement eu tort d’attribuer une probabilité de 75 % de paralysie du gouvernement américain le 1er octobre, puisqu’une une mesure de financement provisoire a été adoptée à la toute dernière minute, déplaçant le problème au 18 novembre.

Une donne inconnue est de savoir si le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, peut survivre à sa décision de proposer un projet de loi budgétaire au mépris de certains souhaits de son parti. Dans la négative, une approche encore plus antagoniste pourrait en résulter. Les marchés financiers sont à l’affût, Moody’s menace d’emboîter le pas aux deux autres grandes agences de notation et de réduire la cote de crédit de la dette souveraine des États-Unis de AAA à AA+, à défaut d’une entente budgétaire adéquate.

Les deux partis avaient accepté d’alléger les contraintes de dépenses lorsque le plafond de la dette a été relevé fin mai, mais une faction influente du Parti républicain demande maintenant des réductions encore plus importantes.

La nécessité pressante d’adopter un budget pour l’année à venir et le grand fossé idéologique qui subsiste entre les démocrates et les républicains laisse planer la menace très réelle d’une paralysie du gouvernement à la nouvelle échéance du 18 novembre. La dernière paralysie, qui s’est échelonnée de la fin de 2018 au début de 2019, a duré 35 jours et a causé de réels dommages économiques, même si elle n’a été que partielle. On pourrait s’attendre à ce qu’une paralysie retranche 0,2 % du PIB par semaine, avant que l’économie ne rebondisse de façon marquée une fois résolue. Un facteur modérateur cette fois-ci est que les travailleurs fédéraux qui se retrouvent sans emploi en cas de paralysie seront payés rétroactivement une fois résolue – contrairement aux salaires simplement perdus lors des épisodes précédents.

En résumé, ce n’est pas tant que ces problèmes sont suffisamment importants pour plonger l’économie américaine dans une récession, mais plutôt qu’ils pourraient déséquilibrer suffisamment l’économie pour précipiter ou déclencher la récession depuis longtemps attendue en raison de la hausse des taux d’intérêt.

Élections 2024 aux États-Unis

Un bref premier commentaire sur l’élection présidentielle de 2024 aux États-Unis. Elle est encore assez éloignée, mais gagne en pertinence, même si elle n’est pas encore la préoccupation numéro un.

Beaucoup de choses pourraient encore se produire, mais à l’heure actuelle, il semble fort probable qu’elle marque une reprise des élections de 2020. C’est-à-dire un autre affrontement entre le président démocrate, Joe Biden, et l’ancien président républicain, Donald Trump. Les opinions varient quant à savoir qui en sortirait vainqueur (voir le graphique suivant). Une moyenne pondérée des sondages indique que Trump est légèrement en avance (RealClearPolitics), tout comme un site de paris (oddschecker). Inversement, le marché des probabilités maintenu par PredictIt soutient que Biden a un peu plus de chances de l’emporter.

Le résultat de l’élection présidentielle de 2024 aux États-Unis s’annonce serré : Biden contre Trump

Au 25 septembre 2023. Les moyennes des sondages de RealClearPolitics ne portent que sur l’opposition Biden-Trump. D’autres sondages reconnaissent la possibilité que d’autres candidats se présentent à l’élection. La probabilité de gagner est calculée selon les données des marchés de prédiction. La probabilité de gagner selon OddsChecker est calculée selon la médiane des cotes quotidiennes des paris. Sources : OddsChecker, PredictIt, RealClearPolitics, Macrobond, RBC GMA.

Selon OddsChecker, Joe Biden était donné vainqueur dans ce face-à-face hypothétique durant la majeure partie de 2023, avant de se faire brusquement devancer par Donald Trump au cours des dernières semaines (voir le graphique suivant).

Donald Trump est devenu le candidat favori sur les marchés des paris

Au 25 septembre 2023. La probabilité est calculée selon la médiane des cotes quotidiennes des paris sur le site oddschecker.com. Sources : OddsChecker, RBC GMA.

Même s’il est trop tôt pour parler en détail des différences politiques, il existe évidemment entre eux de potentielles grandes divergences en ce qui concerne l’appétit pour les initiatives vertes (Joe Biden), les réductions d’impôt (Donald Trump) et la politique à l’égard de l’Ukraine (Donal Trump pourrait réduire le soutien offert à l’Ukraine). En revanche, tous deux semblent avoir peu de scrupules à fonctionner avec des déficits importants et sont hostiles à la Chine.

Il faut aussi mentionner que le face-à-face entre Joe Biden et Donald Trump n’est pas tout à fait assuré. Au début de son premier mandat, Joe Biden était déjà le plus vieux candidat à être investi président et les préoccupations concernant son âge (80 ans) ont été suffisamment de fois soulevées pour que sa candidature puisse être remise en question par un autre candidat du parti démocrate ou qu’il choisisse de ne pas se représenter pour des raisons de santé. En ce qui concerne Donald Trump, il est lui aussi assez âgé (77 ans) et un grand nombre d’autres candidats cherchent activement à briguer l’investiture républicaine. Donald Trump mène largement en tête et au cours de l’année 2023, l’écart avec le gouverneur de la Floride Ron DeSantis s’est considérablement creusé. Toutefois, il n’est pas impossible qu’un candidat parmi ceux donnés perdants fasse une remontée fulgurante, ou que les divers déboires judiciaires de Donald Trump fassent de lui un candidat moins viable, voire le rendent inéligible.

Actualités économiques diverses

L’écart entre les données économiques des États-Unis et celles de la zone euro se maintient, révélant une économie américaine relativement plus résiliente (voir le graphique suivant).

Croissance économique divergente entre la zone euro et les États-Unis

Au 25 septembre 2023. Sources : Citigroup, Bloomberg, RBC GMA.

Perspectives du marché

Les pessimistes souligneront que le marché boursier s’est récemment replié, l’indice S&P 500 déclinant depuis le début du mois d’août après une période de hausse prolongée amorcée en mars. À cela s’ajoute le fait que la reprise précédemment observée ne reflétait pas la situation de l’ensemble des actions, puisque les gains étaient principalement concentrés dans les « Magnificent Seven » (sept magnifiques), des actions du secteur des technologies (voir le graphique suivant).

Les indices boursiers américains fléchissent

Nota : Au 26 septembre 2023. Les sept magnifiques constituent un indice pondéré en fonction de la capitalisation qui comprend Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla. Sources : Bloomberg, RBC GMA.

À l’inverse, les optimistes remarqueront que les écarts de taux du marché obligataire restent plutôt modestes sans être faibles, et ne laissent pas entrevoir de difficultés à court terme (voir le graphique suivant). Certes, le marché du crédit est loin d’être parfait, mais il est toutefois reconnu pour être l’un des retranchements les plus clairvoyants du marché financier.

Resserrement des écarts de crédit aux États-Unis

Nota : Au 26 septembre 2023. Écarts de l’indice ICE BofA U.S. Corporate. Les zones ombrées représentent une récession. Sources : ICE, Bloomberg, RBC GMA.

Suivi du PIB des États-Unis au troisième trimestre

Bien que le troisième trimestre de 2023 soit officiellement terminé, il faudra attendre quelque temps pour recevoir une estimation officielle de l’évolution de la croissance économique pendant cette période. Comme l’indiquait notre numéro précédent du #MacroMemo, il se peut que ce chiffre soit assez solide, puisque l’indice GDPNow de la Federal Reserve Bank d’Atlanta laisse entrevoir un gain annualisé remarquable de 4,9 %. Cela représentait plus de deux fois le taux normal de croissance économique.

D’autres réserves fédérales avancent toutefois d’autres avis crédibles. La Réserve fédérale de New York vient de reprendre la publication de ses propres prévisions immédiates du PIB. Elle prévoit un gain annualisé beaucoup plus modéré de 2,1 %. Enfin, les prévisions immédiates du PIB de la Réserve fédérale de Saint-Louis laissent entrevoir un gain annualisé s’élevant à 1,6 % seulement.

Cet important écart de 3,3 points de pourcentage est pour le moins étrange. Comment l’interpréter au juste ? La Réserve fédérale d’Atlanta est clairement en infériorité. Pourtant, c’est son modèle qui est considéré comme le meilleur des trois. En toute franchise toutefois, cette prétention de supériorité n’est plus vérifiable, car la Réserve fédérale de New York déclare avoir désormais amélioré son modèle.

À ce titre, force est de reconnaître que le troisième trimestre s’accompagne d’une incertitude exceptionnellement élevée au sens où le PIB pourrait tout aussi bien être acceptable que formidable, et qu’en tant qu’économistes, nous serons à l’affût pour voir si les nouvelles prévisions immédiates de la Réserve fédérale de New York méritent qu’on leur accorde une attention plus soutenue à l’avenir.

Suivi du PIB du Canada au troisième trimestre

Un exercice similaire peut être réalisé pour le PIB du Canada au troisième trimestre, sans que l’on dispose toutefois de modèles tiers de prévisions immédiates du PIB à l’appui.

Le PIB canadien de juillet qui vient d’être publié affiche un niveau stable de 0,0 %. Statistique Canada nous indique que le PIB d’août semble suivre une progression de +0,1 %. Notre propre calcul semble indiquer une augmentation de +0,07 %, soit un résultat identique dans les faits.

Selon notre modèle interne de prévisions immédiates, le PIB du mois de septembre a connu le plus faible recul. Une fois ces chiffres additionnés, on obtient un gain annualisé minuscule de +0,1 % du PIB au troisième trimestre. Dans la foulée des chiffres légèrement négatifs au deuxième trimestre, cela est loin de faire la part belle à l’économie canadienne.

Remontée de l’inflation

Comme prévu, les données sur l’inflation en août n’ont pas montré de nouvel allègement des pressions qui s’exercent globalement sur les prix. Aux États-Unis, compte tenu d’un effet de base moins favorable et de la remontée des prix du gaz, l’indice des prix à la consommation (IPC) global est passé de 3,2 % à 3,7 % de variation d’une année sur l’autre. Ce résultat était légèrement supérieur aux prévisions générales, mais conforme à nos propres prévisions.

Au Canada, l’indice a évolué de façon sensiblement identique, faisant toutefois un bond légèrement plus important, puisqu’il est passé de 3,3 % à 4,0 % de variation d’une année sur l’autre. L’une des différences entre les deux pays réside dans la façon de déterminer les coûts d’habitation, qui, au Canada, comprennent les intérêts hypothécaires versés. Le coût des intérêts hypothécaires s’est envolé avec la remontée des taux hypothécaires, ce qui a entraîné une forte poussée d’inflation qui, malgré la baisse du prix des propriétés, n’a pas permis de ralentir la hausse des coûts d’habitation (voir le graphique suivant).

L’inflation du logement au Canada est touchée par l’augmentation des taux hypothécaires

En date d’août 2023. Sources : Statistique Canada, Macrobond, RBC GMA.

Pour en revenir aux chiffres sur l’inflation aux États-Unis, le principal problème concernant le dernier taux d’inflation publié n’est sans doute pas tant la hausse des prix du gaz – cette hausse ayant déjà été anticipée, tout comme le fait qu’elle accentuera les pressions à la hausse sur les données de septembre – mais plutôt l’augmentation inattendue de l’inflation de base de 0,3 % entre juillet et août, contre des hausses mensuelles de 0,2 % enregistrées sur les deux mois précédents. À l’exclusion des prix du gaz, on pourrait y voir un début de reprise de l’inflation.

Fort heureusement, cette reprise est principalement attribuable aux prix des billets d’avion, qui sont simplement remontés après avoir été pendant trois mois à des niveaux très bas. D’autres composantes clés de l’IPC ont affiché de bons résultats : l’inflation du logement n’a augmenté que de 0,3 %, soit sa plus faible hausse depuis des mois (voir le graphique suivant), et l’inflation des produits alimentaires est restée relativement modérée (+0,2 %). L’étendue de l’inflation continue également de diminuer (voir le graphique suivant). En bref, nous pourrions dire que l’inflation sous-jacente demeure à un niveau acceptable. Cette situation correspond davantage à une amélioration graduelle qu’à un nouveau début de flambée problématique de l’inflation.

Baisse des coûts du logement aux États-Unis selon l’IPC

En date d’août 2023. Les zones ombrées représentent une récession. Sources : U.S. Bureau of Labor Statistics (BLS), Macrobond et RBC GMA.

L’inflation élevée est de moins en moins généralisée aux États-Unis

En date d’août 2023. Part des composantes de l’IPC dont la variation d’une année sur l’autre en % correspond aux fourchettes indiquées. Sources : Haver Analytics, RBC GMA.

Pause avec maintien d’une orientation ferme

Les banques centrales ont considérablement ralenti le rythme de leur resserrement. En effet, la Réserve fédérale américaine, la Banque du Canada et la Banque d’Angleterre ont toutes laissé leurs taux directeurs inchangés lors de leur dernière réunion, tandis que la Banque centrale européenne a indiqué que son relèvement de taux de 25 points de base en septembre pourrait bien être son dernier.

Toutes les parties dépendent beaucoup des données. Aussi, compte tenu de la très forte incertitude quant à la trajectoire à venir pour l’économie et au fait de savoir si l’inflation a réellement été vaincue, toutes sortes de scénarios sont plausibles, allant d’une nouvelle série de relèvements de taux à des mesures d’assouplissement monétaire énergiques.

Mais le scénario le plus probable est que les taux directeurs se maintiendront à ces niveaux actuels relativement élevés pendant un certain temps. L’ordre du jour est de marquer une pause tout en gardant une orientation ferme. Les banques centrales ne souhaitent pas augmenter davantage les taux à court terme, ni faire de concessions concernant des baisses de taux à venir prochainement, de peur que le marché ne les anticipe lui-même en diminuant les rendements obligataires, ce qui anéantirait une partie du travail réalisé par les banques centrales pour ralentir l’inflation.

Dans sa dernière décision, la Réserve fédérale américaine a particulièrement insisté sur sa volonté de garder une orientation ferme tout en marquant une pause. Malgré un taux des fonds fédéraux inchangé et une déclaration qui n’a guère évolué, les membres du Comité fédéral de l’open market (FOMC) ont relevé leurs prévisions de PIB et de taux de chômage, ce qui indique qu’ils sont moins pressés de réduire les taux au cours des prochaines années. En outre, une poignée de membres ont même suggéré que le taux directeur neutre pourrait être plus élevé que prévu.

Nous pourrions rétorquer que le taux neutre n’a peut-être pas augmenté autant que certains le pensent et que les baisses de taux surviennent généralement de manière plus brusque et radicale que prévu par les banques centrales au départ (et certainement plus que ce qu’elles avaient laissé entendre). Mais toutes ces hypothèses ne sont à ce stade que des spéculations, et il serait prématuré de trop miser sur des baisses de taux dans les mois à venir.

– Avec la contribution de Vivien Lee et d’Aaron Ma

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Les rendements antérieurs ne sont pas garants des résultats futurs. Comme toutes les stratégies de placement, celle-ci comporte un risque de perdre la totalité ou une partie du montant investi. Les rendements estimatifs indiqués, le cas échéant, sont présentés à titre indicatif seulement et ne constituent en aucun cas des prévisions. Les rendements réels pourraient être supérieurs ou inférieurs à ceux indiqués, et pourraient varier considérablement, surtout à court terme. Il est impossible d’investir directement dans un indice.

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