Les marchés financiers ont connu une volatilité importante ces dernières semaines, les investisseurs ayant dû composer avec une vague d’événements et de renseignements percutants. La tentative d’assassinat contre l’ancien président américain Donald Trump et le retrait du président Joe Biden de la course à la présidence ont modifié la perception des probabilités d’élection et les conséquences sur les impôts, la réglementation, le commerce, l’immigration et la politique étrangère.
Plus tard en juillet, la mort de plusieurs hauts responsables du Hezbollah et du Hamas a intensifié les tensions géopolitiques et risqué d’aggraver la situation au Moyen-Orient. La décision de la Banque du Japon de relever les taux d’intérêt et de réduire son programme d’achat d’obligations le 31 juillet a déclenché un dénouement des opérations de portage, une stratégie qui tire parti de l’écart de taux d’intérêt entre le Japon et d’autres régions.
Dans les jours suivants, les investisseurs se sont de plus en plus inquiétés des perspectives de croissance économique, les indices des directeurs d’achat (PMI) ayant reculé dans la plupart des grandes régions (figure 1). En outre, la faiblesse inattendue des données sur l’emploi aux États-Unis a encore plus troublé les marchés, car le rythme de la récente hausse du taux de chômage, même s’il partait d’un niveau bas, a déclenché un indicateur de récession efficace connu sous le nom de « règle de Sahm ».
Figure 1: Indices mondiaux des directeurs d’achats
Nota : Au 31 juillet 2024. Sources : Macrobond, RBC GMA
Malgré le ralentissement de l’économie, les données continuent de favoriser la croissance économique par rapport à la récession. L’économie américaine reste dynamique, le marché du travail étant toujours sain et les dépenses de consommation solides. En effet, depuis la flambée de volatilité du marché dans les premiers jours d’août, les données économiques telles que l’indice des directeurs d’achats du secteur des services ISM et les demandes hebdomadaires de prestations d’assurance-emploi ont dépassé les estimations et ont contribué à atténuer les craintes des investisseurs qui pensaient que l’économie pourrait connaître un ralentissement.
Par ailleurs, le sous-gouverneur de la Banque du Japon, M. Uchida, a assuré que la banque centrale ne relèverait pas les taux lorsque les marchés sont instables. Après avoir pris en compte tous ces événements, notre hypothèse de base reste celle d’un atterrissage en douceur, avec une croissance économique mondiale modeste et un fléchissement de l’inflation vers les cibles des banques centrales.
Rapprochement des obligations d’État de leur juste valeur en raison de la récente baisse des rendements en revenu
Les obligations d’État mondiales ont dégagé des rendements extraordinaires à partir de la fin d’avril, alors que l’inflation a repris sa trajectoire descendante et que les données économiques ont diminué. La baisse des rendements en revenu s’est accélérée ces dernières semaines, à mesure que les investisseurs revoyaient à la hausse leurs prévisions de récession en réaction à la faiblesse de l’indice des directeurs d’achats de l’industrie manufacturière ISM et des données sur la paie. Le taux des obligations américaines à 10 ans a reculé de 91 points de base au cours des dernières semaines, passant d’un sommet de 4,70 % le 25 avril à un creux de 3,79 % le 5 août.
Figure 2: Taux des obligations du Trésor américain à 10 ans - Fourchette d’équilibre
Nota : Au 14 août 2024. Source : RBC GMA
Par conséquent, les valorisations extrêmement intéressantes des obligations en début d’année se sont normalisées et notre modèle, ajusté en fonction de taux d’intérêt réels positifs à l’avenir, indique que le rendement en revenu actuel est approprié, à savoir près du milieu de la fourchette prévue entre 3,3 % et 4,5 % au cours des 12 prochains mois (figure 2). Cette fourchette d’équilibre reflète les attentes d’une baisse graduelle de l’inflation vers notre cible, de réductions des taux d’intérêt et d’un atterrissage en douceur de l’économie durant la période. À notre avis, les investisseurs en obligations d’État devraient obtenir des rendements totaux de 1 % à 5 % dans les 12 prochains mois.
Dénouement de la légère surpondération en obligations et passage à une répartition neutre de l’actif
Compte tenu de l’équilibre entre les risques et les occasions à court et à long terme, nous éliminons notre légère préférence pour les obligations par rapport aux liquidités et modifions notre répartition de l’actif pour atteindre la neutralité. La récente remontée des obligations reflète un cycle d’assouplissement quelque peu musclé de la banque centrale et a tempéré nos perspectives pour les obligations à l’avenir, car notre modèle indique que, à moins d’un ralentissement de l’économie, un ajustement significatif à la baisse des rendements en revenu n’est plus vraiment envisageable.
Par conséquent, nous avons liquidé notre légère surpondération en obligations de 0,5 % et transféré le produit de la vente en liquidités. Nous continuons de prévoir un meilleur rendement des actions par rapport aux obligations à long terme, mais les valorisations élevées (en particulier celles des actions de sociétés américaines à grande capitalisation) et la diminution de la prime de risque par rapport aux obligations nous ont empêchés d’augmenter notre position neutre actuelle en actions (figure 3).
Figure 3: Ratio bénéfice/cours de l’indice S&P 500
Bénéfice des 12 derniers mois/niveau de l’indice
Nota : Au 9 août 2024. Source : RBC GMA.
Nous serions plus enclins à accroître notre pondération en actions si nous constations une rotation durable des meneurs des marchés boursiers en dehors des sociétés américaines des technologies à mégacapitalisation au profit des actions de sociétés à plus petite capitalisation, de valeur, internationales ou de marchés émergents. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 60 % en actions (pondération stratégique « neutre » de 60 %), 38 % en obligations (pondération stratégique « neutre » de 38 %) et 2 % en liquidités (figure 4).
Figure 4 : Composition d’actifs recommandée Comité des stratégies de placement RBC GMA
Nota : Au 14 août 2024. Source : RBC GMA