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Accepter Déclin
Par  PH&N Institutionnel, H.Hopwood, CFAT.Ash 8 octobre 2024

PH&N Institutionnel a récemment collaboré avec les CFA Societies à Vancouver, Calgary et Ottawa afin d’organiser un webinaire intitulé « Composer avec la géopolitique dans les marchés émergents ». Nous étions très heureux de nous associer à des partenaires aussi formidables et nous sommes reconnaissants à tous ceux qui se sont joints à nous. Si vous avez manqué le webinaire, ou si vous voulez le revoir, vous pouvez accéder à la rediffusion de l’événement ci-dessous.

Le monde connaît une volatilité prolongée qui, selon les prévisions, devrait se poursuivre jusqu’en 2024-2025. Outre les nombreux conflits régionaux, près de la moitié de la population mondiale se rendra aux urnes en 2024, ce qui créera un climat d’incertitude.

Nous souhaitons la bienvenue à Haley Hopwood, CFA, gestionnaire de portefeuille institutionnel, PH&N Institutionnel, et à son collègue, Timothy Ash, premier stratégiste, Titres d’État, Marchés émergents, Titres à revenu fixe BlueBay, RBC Global Asset Management (UK) Limited, pour une discussion approfondie sur l’interaction entre les développements géopolitiques et les placements.

Les sujets abordés sont les suivants :

  • Le rôle d’un stratégiste, Placements

  • Les conflits régionaux

  • Les élections dans les marchés émergents en 2024

  • Les perspectives pour les marchés émergents

Durée : 01 heure 07 minutes (en anglais seulement)

Transcription

Joanne Tian

Je suis bénévole au sein du comité des programmes de la CFA Society de Vancouver. Bienvenue à ce webinaire intitulé « Composer avec la géopolitique dans les marchés émergents », qui vous sera présenté par Timothy Ash et Hayley Hopwood. Voici quelques points de rappel avant de commencer. Il est prévu un temps pour répondre à vos questions en fin de séance. Alors, n’hésitez pas à entrer vos questions dans la boîte de questions-réponses. Julian Klymochko, mon collègue de la CFA Society de Calgary, animera cette séance de questions et réponses. Cette présentation est enregistrée avec l’accord de nos participants. À votre demande, le lien d’accès vers cet enregistrement vous sera transmis après le webinaire. Au terme de l’heure prévue pour cette présentation, Poppy Rui, ma collègue de la CFA Society d’Ottawa, nous fera une synthèse de ce webinaire. Permettez-moi maintenant de remercier nos commanditaires annuels, RBC Gestion mondiale d’actifs et PH&N Institutionnel pour leur contribution et leur soutien continus. Je remercie également nos co-organisateurs, la CFA Society de Calgary et la CFA Society d’Ottawa. Merci de votre collaboration.

J’ai à présent le plaisir de vous présenter nos conférenciers, Timothy Ash et Haley Hopwood. Timothy Ash est premier stratégiste, Titres d’État, Marchés émergents, Titres à revenu fixe BlueBay, RBC Global Asset Management (UK) Limited. Avant d’entrer au service de l’entreprise en 2017, il a été chef, Stratégie de crédit, Europe centrale et orientale, Moyen-Orient et Afrique, pour le compte d’une société de services financiers ; chef, Recherche, Marchés émergents (sauf l’Afrique), pour une société multinationale de services bancaires ; et chef, Recherche, Titres à revenu fixe, Europe et Moyen-Orient, pour une société de services de banque d’investissement. Il a également travaillé comme économiste dans plusieurs grandes sociétés de services financiers et de veille de marché.

Hayley Hopwood est gestionnaire de portefeuille institutionnel, PH&N Institutionnel. Dans ces fonctions, elle travaille étroitement auprès des clients et de leurs conseillers en ce qui a trait à la gestion d’une vaste gamme de mandats de placements à revenu fixe, dont des obligations universelles, des obligations à long terme et des obligations de sociétés.

Avant de se joindre à l’équipe des titres institutionnels en 2012, elle a travaillé deux ans dans le groupe des ventes, Réseau des conseillers, RBC Gestion mondiale d’actifs, où elle a contribué à la promotion des fonds communs de placement PH&N et RBC auprès des conseillers financiers et des courtiers de la Colombie-Britannique.

Accueillons maintenant Timothy et Hayley. La parole est à vous.

Haley Hopwood

Parfait. Merci beaucoup, Joanne. Bonjour à tous et bienvenue.

Je vous remercie tous de vous être joints à nous aujourd’hui, que ce soit en direct ou en écoutant cet enregistrement. Nous espérons que notre discussion d’aujourd’hui vous sera enrichissante, car nous parlerons en détail du contexte géopolitique qui évolue constamment dans les marchés émergents. Tout d’abord, nous évoquerons certains des conflits régionaux en cours à travers le monde. Je suis sûre que nous suivons tous de très près les informations concernant les répercussions et les possibles règlements de ces conflits.

Ensuite, nous nous intéresserons aux élections, car il s’agit d’une année électorale très chargée. D’ici la fin de l’année 2024 seulement, près de la moitié de la population mondiale se sera rendue aux urnes, ce qui représente quelque 4 milliards de personnes dans 76 pays. Beaucoup de ces pays sont des pays émergents. Il y aura donc beaucoup de choses à dire sur ce sujet. Enfin, nous terminerons ce webinaire en vous présentant des perspectives sur les marchés émergents, avant de vous donner la parole pour poser vos questions.

Et quand je parle de nous, je parle surtout de Tim. En effet, Tim aura beaucoup de choses à vous dire aujourd’hui, car il possède de vastes connaissances dans ce domaine. Tim, peut-être qu’avant d'entrer dans le vif du sujet, vous pourriez nous expliquer en quoi consiste votre rôle en tant que stratégiste, Placements. Pourriez-vous nous le présenter brièvement, puis nous faire part de quelques-unes de vos réflexions les plus utiles sur le contexte géopolitique actuel ?

Timothy Ash

Oui, bien sûr. Je travaille au bureau d’exécution des ordres. Mon rôle est de conseiller les gestionnaires de portefeuille de RBC BlueBay, qui forment une grande équipe, à la fois sur les marchés émergents et sur les marchés développés. Les enjeux géopolitiques, surtout dans les marchés émergents, entraînent des répercussions à l’échelle mondiale. J’ai beaucoup de discussions et d’appels avec les équipes sur la façon de prendre en compte la géopolitique ou la politique dans la gestion de leurs portefeuilles. En ce qui concerne mon parcours, comme mentionné, j’ai été économiste pendant 35 ans, dont 25 ans en banque du côté vendeur et 7 ou 8 ans à RBC BlueBay évidemment.

J’ai beaucoup de chance qu’à RBC BlueBay, on m’ait permis de cumuler ces deux rôles au sein de la gestion d’actifs, ce qui est assez inhabituel. Je suis également chercheur associé à Chatham House, l’Institut royal pour les relations internationales. Je suis un expert reconnu sur la Russie, l’Ukraine et la Turquie, qui sont mon domaine de spécialité. Je suis un associé du programme Russie et Eurasie à Chatham House.

Vous savez, la géopolitique est un domaine très complexe. Personne ne détient toutes les réponses. Nous abordons ce sujet en adoptant une approche très holistique. Je visite beaucoup de pays. Je rencontre beaucoup de décideurs politiques. Je tire parti de mon rôle à Chatham House. L’institut fournit occasionnellement des prestations de services-conseils aux gouvernements occidentaux.

Je collecte beaucoup d’informations sur ce qui se passe à l’international. Si cela peut également vous intéresser, je publie et j’écris. En plus de contribuer à la page Substack de RBC BlueBay, j’écris pour Chatham House. On me considère comme un leader d’opinion. Toutefois, vous pourriez ne pas aimer ce que j’écris.

Vous pouvez bien sûr vous abonner à mes publications. J’apporte mon point de vue sur des sujets sur lesquels certaines personnes cherchent à vous influencer. J’ai donc une liste de diffusion qui regroupe des centaines de responsables gouvernementaux des États-Unis et du Royaume-Uni. Ils veulent interagir avec moi. Ils veulent connaître mon avis sur l’incidence de la géopolitique sur tel ou tel marché, mais aussi comprendre la situation de certains pays en particulier.

On me considère comme un spécialiste de l’Ukraine et de la Turquie. C’est pourquoi certaines personnes sollicitent mon point de vue. Ces interactions sont vraiment importantes, car elles m’aident à comprendre comment les gouvernements américain et britannique ou les gouvernements européens voient et envisagent certains des grands enjeux géopolitiques actuels. Je saisis ainsi toute occasion d’aiguiser et d’approfondir la perception que j’ai des pays que je couvre.

Haley Hopwood

Parfait. Très bien. Merci pour cette présentation. Votre travail semble fascinant et j’ai hâte d’entendre vos réflexions sur les sujets que nous allons aborder aujourd’hui. Alors, entrons dans le vif du sujet. Nous discuterons tout d’abord des principaux conflits régionaux en cours. La Russie et l’Ukraine sont en guerre depuis plus de deux ans. Il y a également le conflit entre Israël et Gaza au Moyen-Orient, qui dure depuis près d’un an maintenant.

Évidemment, ces guerres entraînent des pertes humaines dévastatrices et de nombreuses conséquences qui se propagent un peu partout dans le monde. Vous pourriez nous en dire un peu plus sur les événements que vous surveillez de près dans ces régions et les éléments qui évoqueraient pour vous un règlement.

Tim Ash

Oui, bien sûr. Il est intéressant de constater que la géopolitique se retrouve au centre de l’attention.

Vous ne pouvez pas ouvrir le New York Times ou le Financial Times, ou tout autre journal, sans qu’on y parle de géopolitique et de l’importance que ce sujet représente. Vous pourriez probablement rétorquer que la géopolitique est un sujet millénaire, en ce qui concerne le domaine militaire, les affaires étrangères, etc. Je pense que ce sujet revient actuellement en vogue et devient plus difficile à comprendre, car nous vivons dans un environnement mondialisé, un monde multipolaire dans lequel plusieurs pays, comme les États-Unis, l’Europe, la Chine, le Pakistan et l’Inde doivent coopérer. Les outils de pression géopolitique sont beaucoup plus variés que par le passé. J’imagine qu’avant, si un pays vous contrariait, vous pouviez renvoyer son ambassadeur ou envahir son territoire. Aujourd’hui, compte tenu de la dissuasion nucléaire, les pays sont moins enclins à déclencher une guerre.

Malheureusement, certains pays le font. Ils utilisent toutefois des outils très différents, comme les sanctions, les tarifs douaniers, etc. Nous l’avons vu avec le cas de la Russie. La Russie a, par exemple, utilisé les migrants et déstabilisé des régions comme la Syrie, en forçant les migrants à entrer en Europe pour servir ses objectifs géopolitiques. Elle a aussi lancé des cyberattaques et envoyé des gens pour tenter d’influer sur la politique d’autres pays. Les outils utilisés sont vraiment très divers, n’est-ce pas ? Il y a de nombreuses interactions en jeu et il est vraiment difficile de les comprendre.

À mon avis, lorsque les gens pensent à la géopolitique, ils abandonnent souvent le sujet en se disant qu’il est juste trop difficile d’arriver à comprendre la folie du monde dans lequel nous vivons. Nous nous retrouvons tous dans une position difficile, l’enjeu étant d’éviter une escalade. Notre monde est actuellement confronté à de terribles conflits, à des défis particulièrement difficiles.

Je suppose que mon travail consiste à déterminer leur incidence sur les marchés et en particulier sur les portefeuilles que nous gérons. Parmi les grands enjeux géopolitiques, nous avons, comme vous l’avez mentionné, la Russie, l’Ukraine et Gaza. On peut évidemment ajouter maintenant le Liban, où la situation s’embrase, la Chine et ses relations avec les États-Unis, etc.

On serait tenté de penser que tous ces enjeux entraîneront d’importantes répercussions sur les marchés mondiaux.   Quand la guerre entre la Russie et l’Ukraine a éclaté, vers la fin de 2021 ou le début de 2022, le marché a mal interprété les incidences de ce conflit particulier. Nombreux sont les investisseurs qui se sont trompés. Ils ont pris les mauvaises décisions de placement, en se retrouvant en position acheteur en Russie ainsi qu’en Ukraine, à la période où ce conflit a éclaté. Beaucoup d’entreprises se sont également retrouvées coincées en Russie. Elles ont mal analysé le risque géopolitique. Cela prouve que comprendre le contexte géopolitique peut vraiment faire une différence sur votre compte de résultat. Il est important de réfléchir à ce risque et de le comprendre.

En ce qui concerne les conflits mentionnés, les bilans sont catastrophiques. Les populations en Russie, en Ukraine, à Gaza et maintenant au Liban ont subi un grand nombre de pertes humaines et de destructions. Du point de vue des marchés, l’inquiétude porte sur le risque d’une escalade. 

 Prenons comme premier exemple, le conflit Israël-Gaza, qui inclut désormais le Hezbollah et le Liban. Le risque d’escalade du conflit à l’échelle régionale puis mondiale est clairement une préoccupation majeure. Un tel scénario contraindrait les États-Unis à se dresser aux côtés d’Israël contre l’Iran et impliquerait les États du Golfe dans ce conflit, ce qui pourrait évidemment engendrer d’énormes répercussions sur les marchés mondiaux et sur les marchés de l’énergie et du pétrole.

C’est la réaction initiale à laquelle on s’attendrait. C’était évidemment la crainte autour du 7 octobre de l’an dernier. En réalité, le conflit est demeuré relativement localisé. Comme évoqué, le bilan des événements tragiques du 7 octobre est catastrophique à Gaza. Les conséquences sont terribles pour Israël et Gaza. Les victimes se comptent par dizaines de milliers. À présent, nous voyons ce conflit s’étendre au Liban, mais nous n’assistons pas encore à une escalade.

Il ne s’agit pas encore d’une guerre entre Israël et l’Iran. Les États-Unis ne sont pas encore intervenus aux côtés d’Israël contre l’Iran. Il existe des raisons à cela, qui, si l’on fait preuve d’un peu optimisme, pourraient nous laisser penser que ce conflit peut rester localisé, que tous ces conflits peuvent maintenant demeurer contenus. À mon avis, le point essentiel, c’est que les acteurs clés ne souhaitent pas une escalade du conflit, en particulier l’administration américaine, qui est actuellement confrontée à des élections très difficiles.

Joe Biden et Kamala Harris veulent éviter que les prix de l’essence augmentent à la pompe. Ils souhaitent avant tout que cette guerre ou ces guerres restent localisées à la région. C’est pourquoi ils ont déployé beaucoup d’efforts diplomatiques pour tenter d’instaurer un cessez-le-feu à Gaza, mais aussi pour encourager Israël à modérer ses actions. Quant à l’autre protagoniste clé, je veux parler de l’Iran, ce pays sort d’une période très difficile d’instabilité politique et de menaces contre son régime.

Au cours des dernières années, l’Iran s’est pleinement lancé dans des réformes pour tenter de redresser son économie. Il a renoué des liens avec les États du Golfe, comme l’illustre l’accord conclu entre l’Iran et l’Arabie saoudite avec l’entremise de la Chine. Il pense qu’une certaine stabilité économique ou que des progrès de « normalisation » peuvent contribuer à améliorer sa situation politique intérieure. Le régime iranien ne veut pas s’engager dans une guerre directe contre Israël, et probablement aussi contre les États-Unis, qu’il risquerait de perdre lourdement. Un tel conflit reviendrait à ouvrir une boîte de Pandore qui menacerait sa stabilité politique.

L’Iran ne souhaite pas un conflit ouvert à l’échelle mondiale. Les pays voisins, la Jordanie et l’Égypte, ont des populations pauvres. Ils veulent certainement éviter l’afflux d’autres réfugiés et toute instabilité qui pourrait remettre en cause leur propre régime. C’est ce que redoute notamment le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et les États du Golfe. Ces pays ont également mis l’accent sur l’engagement de réformes ces dernières années.

La plupart de ces pays, dont l’Arabie saoudite, le Qatar et Oman, ont lancé de nouveaux programmes visant à réformer leur image et à diversifier leurs économies pour ne plus dépendre uniquement du pétrole et d’autres produits de base. Ils veulent développer principalement le tourisme et la logistique. Leurs projets et leurs programmes sont toutefois contrariés par l’insécurité et les guerres dans la région. Comme évoqué plus tôt, l’établissement ou la reprise des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran repose vraiment sur la volonté de MBS (Mohammed Ben Salman) de développer les échanges entre l’Arabie saoudite et le monde grâce aux ports saoudiens, et aussi d’attirer plus de touristes.

Ces pays aspirent à une stabilité dans la région. Par conséquent, de nombreux facteurs entrent en jeu et semblent suggérer que ces pays veulent éviter une escalade, qu’ils souhaitent écarter le pire des scénarios. Pour quelqu’un comme moi, l’une des choses qui est difficile à comprendre dans tout cela, c’est probablement que tous les pays impliqués ne poursuivent pas les mêmes intérêts ou objectifs.

Actuellement, il devient de plus en plus difficile de déchiffrer les intentions d’Israël, de savoir s’il veut ou non une escalade du conflit. Je dirais qu’en ce moment, Israël occupe en quelque sorte une position unique et intéressante dans ce conflit, dans laquelle il pourrait forcer ou encourager une escalade.

Tout d’abord, Benyamin Netanyahou est confronté à une situation politique intérieure difficile. Il a fait face à des problèmes judiciaires. Une guerre prolongée peut peut-être l’aider à remonter dans les sondages d’opinion et à repousser le moment de la sanction juridique et politique. Le fait que les autres pays impliqués ne veulent pas d’une guerre totale donne à Israël le pouvoir de décider seul d’une escalade ou non du conflit. Ensuite, la sécurité d’Israël est fondamentalement mise en péril. Le Hamas représente une menace à la sécurité des Israéliens, comme on l’a vu le 7 octobre, et le Hezbollah lance en permanence des attaques de roquettes sur le nord d’Israël. Toutefois, le problème qui compromet à plus long terme la sécurité d’Israël, c’est le programme nucléaire de l’Iran.

Israël sait désormais que l’Iran et le Hezbollah veulent éviter une guerre totale dans la région et que leurs réactions de représailles resteront limitées. Il est intéressant de souligner qu’Israël pourrait saisir cette occasion pour parvenir, au prix d’un certain effort, à affaiblir le Hamas à Gaza. C’est ce que nous observons actuellement avec le Hezbollah, au Liban.

Il est également intéressant de noter qu’Israël sait que les États-Unis n’interviendront pas pour entraver ses actions, parce que l’attention de Biden est évidemment concentrée sur les élections américaines. Celui-ci craint également de subir un contrecoup politique dans son pays s’il est perçu comme trop tolérant à l’égard de l’Iran, du Hezbollah et du Hamas ou s’il retire son soutien à Israël.

Les États-Unis se retrouvent donc dans une position délicate. Israël voit cela comme une occasion. La question est de savoir jusqu’où Israël est prêt à aller, de comprendre quels sont ses objectifs avec cette guerre. S’agit-il de réduire la capacité militaire du Hezbollah au Liban ? S’agit-il de sécuriser la zone démilitarisée au sud du fleuve Litani ? Ou s’agit-il d’aller encore plus loin ? Souhaite-t-il libérer le Liban de l’influence du Hezbollah ?

En fin de compte, Israël considère-t-il cette guerre comme une occasion d’entraîner les États-Unis dans un conflit contre l’Iran, avec pour objectif final d’affaiblir la capacité nucléaire de l’Iran ? Nous n’en savons absolument rien. Mon hypothèse de base, c’est que, malheureusement, cette guerre s’étend dans la région. Israël poursuit ses incursions militaires au Liban sous forme de frappes aériennes et potentiellement d’une invasion terrestre.

Il est possible que cela s’arrête là, qu’Israël pousse l'Iran à définir des lignes rouges, en termes d’attaque directe contre l’Iran. Cela pourrait suggérer que ce conflit en particulier reste localisé, que ses répercussions à l’échelle mondiale demeurent relativement modérées. Quand on y pense, c’est assez surprenant de voir que près d’un an après le 7 octobre dernier, les prix du pétrole sont plus bas qu’avant à l’échelle internationale. En plus des craintes initiales d’une escalade du conflit, l’attaque du Hamas sur Israël suggérait de possibles répercussions en chaîne sur les marchés mondiaux. En réalité, celles-ci sont restées plutôt modérées.

C’est tout pour Israël et Gaza. Voulez-vous que j’aborde maintenant le cas de la Russie et de l’Ukraine ? Comment souhaitez-vous poursuivre cette discussion ?

Haley Hopwood

Oui, bien sûr. Pourquoi ne pas nous parler de la Russie et de l’Ukraine ? Nous verrons ensuite quels autres sujets aborder.

Tim Ash

Avec plaisir. Encore une fois, on constate un grand nombre de victimes dans les deux camps,

de grandes inquiétudes sur une possible escalade, des risques et des interrogations quant aux lignes rouges fixées par Vladimir Poutine. L’Occident va-t-il fournir des armes ? Les États-Unis vont-ils donner leur feu vert à l’utilisation de missiles longue portée contre la Russie ? Ces décisions déclencheront-elles une réponse de la Russie ? Si l’on revient quelques années en arrière, on évoquait la possibilité que Poutine déploie en Ukraine même des armes de destruction massive ainsi que des armes nucléaires destinées au champ de bataille.

Rien de tout cela n’est arrivé. Il n’y a pas eu de guerre directe entre l’OTAN et la Russie. Ce conflit est lui aussi demeuré localisé. Selon moi, il y a des points positifs au regard de tout ce que nous avons vu jusqu’à présent. L’un de ces points positifs, c’est que la Russie n’a pas gagné. Essayez d’imaginer comment serait le monde, quelle serait la situation de l’Europe si, en février 2022, la Russie avait réussi, comme la plupart des gens l’auraient pensé, à envahir l’Ukraine en deux semaines.

Si cela était arrivé, vous auriez vu des dizaines de millions d’Ukrainiens migrer vers l’ouest. Les Ukrainiens ne seraient pas restés sous l’occupation russe. Imaginez les conséquences pour l’Europe. Populisme, il y a eu une montée des partis d’extrême droite et d’extrême gauche, lesquels pourraient continuer à invoquer cette menace. Un tel déplacement de population aurait causé d’énormes problèmes d’ordre social et politique en Europe. Il aurait également fallu que l’Europe revoie ses propres moyens de défense.

Imaginez que la Russie aurait réussi à envahir l’Ukraine en quelques semaines. Poutine se serait-il arrêté là ? Serait-il allé dans les États baltes ? Serait-il allé jusqu’en Pologne ? L’OTAN aurait-elle eu les moyens de se défendre ? Dans un tel scénario, l’OTAN aurait dû augmenter massivement ses dépenses militaires.

En réalité, l’OTAN a déjà relevé son budget de la défense, mais elle aurait dû l’augmenter encore bien plus, si l’Ukraine n’avait pas réussi à stopper la Russie comme elle l’a fait. L’Ukraine est la ligne de front. C’est donc pour moi un premier point positif. En outre, nous n’avons pas vu l’utilisation d’armes de destruction massive. Je pense que l’Occident comprend mieux les lignes rouges de Poutine.

Poutine a en réalité fixé un grand nombre de lignes rouges, quant à l’utilisation et à la fourniture de kits par l’Occident ou plus généralement, d’armements à l’Ukraine. Au début de la guerre, les Ukrainiens réclamaient des chars T-72 et des avions MiG-29. On se souvient des débats autour des chars Léopard, des armes Himars et des avions de combat F-16.

La Russie a fixé plusieurs lignes rouges et chaque fois qu’elles ont été franchies, Poutine n’a pas riposté.  Il n’a pas bombardé les routes d’approvisionnement empruntées par l’OTAN. Il aurait pu stopper les livraisons d’armes en Ukraine. Je pense que l’Occident a désormais une meilleure compréhension de Poutine. L’Occident sait que Poutine est un tyran, qu’il fixe des lignes rouges, mais qu’il n’est pas réellement en mesure de les tenir. Des contraintes pèsent aujourd’hui sur Poutine.

On peut faire une comparaison intéressante avec ce qui a été dit précédemment au sujet du Moyen-Orient et d’Israël. Israël a le pouvoir de décider seul d’une escalade, car il sait que l’autre camp n’en veut pas. Il sait qu’il peut emprunter la voie de l’escalade, car il ne se passera rien. Au début de l’invasion, nous pensions que Poutine avait ce pouvoir de décider de l’escalade du conflit.

À présent, nous savons qu’il ne détient pas ce pouvoir et nous avons compris comment l’arrêter. Nous fournissons des armes et des moyens financiers à l’Ukraine afin qu’elle puisse tenir la ligne de front contre la Russie. Nous comprenons mieux Poutine. Nous comprenons également que l’homme lui-même a été affaibli. L’influence de la Russie dans le monde a reculé. Ce conflit a remis en cause l’idée selon laquelle la technologie militaire russe est formidable, qu’elle représente une alternative à moindre coût aux kits occidentaux et que donc beaucoup de pays, comme la Turquie, l’Égypte et l’Inde, ont intérêt à acheter des systèmes S-400 à la Russie.

Ce n’est pas du tout la réalité. Au cours des deux dernières années et demie, on a globalement vu en Ukraine que la technologie et les kits de deuxième génération fournis par l’OTAN étaient plus récents que la technologie et les kits russes de quatrième génération. Je pense que la Russie a perdu de son influence diplomatique à l’échelle mondiale. Autrefois perçue comme une grande puissance, la position de la Russie s’est affaiblie.

Revenons à nouveau en février 2022, au moment où se sont déroulés les Jeux olympiques de Pékin. On a beaucoup parlé de la Russie comme d’un pays de stature équivalente à la Chine ou comme d’un partenaire dans cette relation qu’ils entretiennent compte tenu de leur frontière commune. La Russie a également été présentée comme une puissance mondiale qui pourrait rivaliser avec les États-Unis. Ce n’est clairement pas le cas aujourd’hui. Si en février 2022, la Russie n’a pas pu vaincre un grand pays comme l’Ukraine, qui n’est pourtant pas doté d’importants moyens militaires, comment peut-elle prétendre être une puissance mondiale qui dispose d’une sorte d’influence sur le monde ?

Le conflit est demeuré relativement localisé. Il y a eu des inquiétudes quant à une possible crise de l’énergie en Europe, mais cette crise n’a pas réellement eu lieu. L’Europe a réussi à passer ce premier hiver de 2022. La crise a été évitée grâce à un ajustement des prix et à une baisse de la consommation. L’Europe a accéléré sa transition vers une économie à faibles émissions de carbone et sa diversification pour ne plus dépendre de la Russie pour ses besoins énergétiques.

L’Europe est aujourd’hui mieux armée pour faire face à une guerre longue, si celle-ci devait effectivement se prolonger, et pour ne pas céder au chantage de la Russie concernant son approvisionnement en énergie. Je suppose que la question clé est désormais de savoir où ce conflit se dirige. Je parierais plutôt sur un scénario où Poutine ne sortirait pas vainqueur.

L’Europe a réussi à gagner du temps pour renforcer ses défenses. Sur le plan de l’énergie, la sécurité énergétique de l’Europe est en quelque sorte assurée. Cette guerre pourrait toutefois s’enliser. Il s’agit d’une terrible perspective pour les Ukrainiens et pour les pauvres Russes qui meurent également sur la ligne de front. En réalité, je demeure relativement optimiste à l’idée que nous puissions voir des négociations s’ouvrir très prochainement, peut-être d’ici le début de la nouvelle année.

Je pense que les deux camps ont prouvé qu’ils étaient capables de supporter une guerre longue.  Nombreux sont ceux qui soutiennent que la Russie veut faire durer le conflit, qu’elle est capable de tenir plus longtemps que l’Ukraine, et plus longtemps que l’Occident. C’est possible. La Russie peut survivre encore longtemps.

Mais les Ukrainiens le peuvent aussi, n’est-ce pas ? Contre toute attente, les Ukrainiens ont résisté à deux ans et demi de guerre. Face à la production de munitions russes, ils pourraient manquer de bras et de munitions, mais ils le compensent grâce à l’innovation et à leur volonté et à leur désir de survivre. C’est pourquoi ils peuvent tenir encore longtemps.

Du point de vue de Poutine, il doit réfléchir à l’orientation qu’il veut donner à cette guerre.

Une guerre longue signifie encore davantage de pertes de sang et de trésors. Elle comporte des risques à long terme pour Poutine. Il y a environ un an, nous étions tous devant nos écrans de télévision à regarder Evgueni Prigojine. Lui et ses troupes de soldats volontaires Iétaient arrivés à quelques centaines de kilomètres de la capitale. C’était une scène incroyable à laquelle personne ne s’attendait. Poutine ne s’y attendait pas.

Ce genre de choses est difficile à prévoir. Plus longtemps Poutine fera durer cette guerre, plus grand sera le risque de causer davantage de victimes et de dommages économiques et financiers. Et finalement, quelqu’un dans l’entourage de Poutine, une personne au sein de son régime ou proche de son régime, décidera de l’écarter du pouvoir.

C’est un risque.

Je dirais donc que, du point de vue de Poutine, s’il pouvait conclure un accord à l’heure actuelle, il le ferait. Du côté des Ukrainiens, Volodymyr Zelenski se soucie des pertes humaines, ce qui n’est pas le cas de Poutine. Il est clair que l’Ukraine pourrait devoir accepter des sacrifices en concédant éventuellement certains territoires, mais elle doit faire ces choix difficiles maintenant.

Une guerre longue pourrait être nécessaire pour libérer tout le territoire ukrainien, notamment la Crimée, la RPL (République populaire de Lougansk) et la RPD (République populaire de Donetsk).  Toutefois, les coûts sur le plan militaire et humain pour reprendre, par exemple, la Crimée seraient énormes pour l’Ukraine. Cette région a en effet servi de base militaire russe pendant plusieurs décennies et sa population est profondément attachée à la Russie, après avoir été soumise à une décennie de propagande russe, comme c’est le cas en RPD et en RPL. La résistance farouche qu’opposerait cette population pourrait entraîner la perte de centaines de milliers de vies d’Ukrainiens. Je doute que l’Ukraine veuille en arriver là. Je pense qu’un accord est envisageable. Honnêtement, l’Ukraine devrait se demander, compte tenu des élections présidentielles américaines et d’une possible victoire de Donald Trump, si les États-Unis continueront à lui apporter leur soutien.

Serait-il pertinent de conclure un accord avant les élections, durant les élections, etc. ? La base de cet accord pourrait être que Poutine retire ses forces armées et les repositionne là où elles se trouvaient en février 2022. Il est probable que des troupes seraient maintenues en Crimée, en RPD et en RPL. Il y a depuis longtemps des pourparlers autour de l’avenir de la Crimée, de la RPD et de la RPL.

Maintenant, vous pourriez vous demander comment, du point de vue des deux camps, cet accord pourrait être perçu comme une victoire de Poutine.

 Pour vendre cette idée de victoire à son pays, Poutine pourrait, à mon avis, simplement dire qu’il a combattu l’Ukraine et l’OTAN pendant deux ans et demi et que la Russie a tenu bon. Il est aussi intéressant de voir ce qui s’est passé à (inaudible) Zaporijjia, qui est ce couloir terrestre qui mène à la Crimée et qui a fait l’objet de beaucoup d’attention. La réalité, c’est que des missiles ukrainiens ont frappé la Crimée, ce qui signifie que la Crimée est considérée comme une base navale russe. Aujourd’hui, cette base n’est plus en état de fonctionner.

La Russie a dû déplacer ses ressources navales de Sébastopol vers d’autres bases. Elle ne peut plus accéder à une grande partie de la mer Noire, en raison du succès des attaques ukrainiennes. Vous pourriez proposer à Poutine un accord qui prévoit l’ouverture de négociations à long terme, sous l’égide de l’ONU, au sujet de l’avenir de la Crimée et qui lui permet d’utiliser la Crimée comme base navale dans l’intervalle. Cet accord offrirait des garanties de sécurité.

Je pense que Poutine pourrait accepter un tel accord. Rappelons-nous que Poutine contrôle la diffusion des informations chez lui. Dans son propre pays, il peut vendre n’importe quel accord comme une victoire pour lui-même et pour la Russie. Par conséquent, un tel scénario me semblerait envisageable. Vous pourriez me demander ce que les Ukrainiens en penseraient. Comme je l’ai expliqué, il serait militairement très difficile de reprendre la Crimée, la RPD et la RPL. L’Ukraine veut-elle réintégrer rapidement ces populations ?

Nous parlons de six à sept millions de personnes. Ces régions sont économiquement très peu développées. Imaginez les conséquences de la réintégration de six à sept millions d’électeurs pro-ukrainiens dans le système politique ukrainien. Ils voteraient pour les partis prorusses. Ils déstabiliseraient probablement le paysage politique de l’Ukraine pendant un certain temps. Le coût de la reconstruction de la RPD et de la RPL serait énorme.

C’est pourquoi je pense qu’il existe des arguments en faveur de pourparlers de paix. Le point clé sera d’obtenir des garanties de sécurité. L’Ukraine en aura besoin. Le sujet de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN sera évidemment abordé. Il semble peu probable que les membres actuels de l’OTAN acceptent son adhésion dans l’immédiat. Toutefois, l’Ukraine pourrait au minimum demander à ce que l’OTAN s’engage à lui fournir des kits d’armes militaires conventionnelles pour se défendre, de façon un peu similaire à la relation entre Israël et les États-Unis.

Je pense que si l’Ukraine a les moyens de se défendre contre des attaques conventionnelles de la Russie, cela lui suffirait à accepter d’aller de l’avant, avec en ligne de mire également une adhésion à l’UE, à avancer dans la reconstruction et la remise en route de son économie pour stabiliser le pays. C’est tout concernant la Russie et l’Ukraine. Je pourrais également vous donner mon point de vue sur la Chine. Voulez-vous que je vous en parle maintenant ?

Haley Hopwood

Oui. Bien sûr, les États-Unis et la Chine, et les possibles tensions qui opposent ces deux superpuissances. Passons en revue ce sujet rapidement, avant de clore cette partie sur les conflits.

Tim Ash

Entendu. Encore une fois, nous serions tentés de penser que les États-Unis et la Chine se dirigent inéluctablement vers un conflit, que leurs relations se détériorent, qu’ils vont mettre en place des tarifs douaniers, etc. Je vais adopter un point de vue légèrement différent.

En raison de la guerre en Ukraine, je dirais que les relations entre les États-Unis et la Chine sont meilleures qu’elles ne l’étaient au début de l’administration Biden. Si vous vous en souvenez, je l’ai indiqué dans la diapositive qui s’affiche ici, les deux pays étaient fâchés à Anchorage. Rappelez-vous, au tout début de l’administration Biden, Anthony Blinken a rencontré son homologue chinois à Anchorage. Le ton est monté et les échanges ont été houleux entre les deux hommes.

Leurs positions étaient trop opposées, trop divergentes. Je suppose que les États-Unis craignaient qu’après l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, la Chine apporte son soutien total à la Russie. En réalité, cela n’a pas été le cas. La Chine a fait preuve d’une grande prudence quant aux équipements qu’elle a fournis à la Russie.

Dans cette guerre, le soutien de la Chine à la Russie aurait pu être vraiment décisif et faire basculer le conflit en faveur de la Russie. Mais les choses ne se sont pas passées comme ça. Pour quelles raisons ? Nous nous sommes rendu compte que pour la Chine, il est essentiel pour elle de conserver ses relations, non pas avec la Russie, il n’est pas question ici d’une « amitié sans limites », mais en réalité avec les États-Unis.

Ce qui importe pour la Chine, c’est qu’elle puisse poursuivre son projet d’asseoir son hégémonie économique à long terme et de rivaliser avec les États-Unis. Ce projet repose sur la mondialisation, sur les échanges avec le monde et sur l’évitement de toute guerre ou de tout conflit.  Les États-Unis et l’administration Biden reconnaissent le fait que la Chine n’a pas fourni à la Russie les munitions dont celle-ci avait besoin pour gagner la guerre en Ukraine.

La preuve en est que la Russie a dû aller chercher des munitions en Iran et en Corée du Nord, ce qui indique qu’elle n’obtient pas ce qu’elle veut de la Chine.  Je pense que l’administration Biden est un peu revenue sur sa décision d’appliquer des tarifs douaniers à l’encontre de la Chine, pour montrer qu’elle reconnaît l’attitude coopérative des Chinois sur le sujet de la guerre en Ukraine.

C’est un premier point positif. Le second concerne les inquiétudes autour de Taïwan. Beaucoup de gens ont pensé que la Russie et la Chine allaient mener une action coordonnée. La Russie attaquerait l’Ukraine et la Chine en profiterait pour envahir Taïwan. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Plusieurs éléments probants suggèrent que Poutine n’a pas fait part de ses intentions à Xi Jinping et que Xi Jinping a été agacé par les actes de la Russie, car il s’agissait d’actes irréfléchis.

Les actions de la Russie ont menacé de déstabiliser les marchés mondiaux. Elles ont menacé de faire dévier la Chine de son projet d’asseoir à long terme son hégémonie économique en se servant de la mondialisation. La Chine ne veut rien qui puisse ébranler les marchés mondiaux. C’est un point important pour elle, la Chine aime le statu quo. Ce n’est pas le cas de la Russie, Poutine déteste le statu quo.

Il a essayé de changer les choses. On constate ici une amélioration des relations entre la Chine et les États-Unis, et en particulier, que les Américains ont reconnu le fait que la Chine coopère. Si vous étiez à la place des Chinois, quelles leçons auriez-vous tirées du conflit en Ukraine ? On peut établir une comparaison avec l’intervention des États-Unis en Afghanistan et en Irak. Ne vous lancez pas dans une guerre que vous ne pouvez pas gagner.

Si les Chinois attaquent Taïwan, ils doivent être sûrs de gagner. Je pense à la contre-performance de la technologie militaire russe utilisée en Ukraine. La technologie militaire des Chinois n’est en fin de compte qu’un dérivé de la technologie russe. Les Chinois doivent être vraiment inquiets et se demander si les kits qu’ils utilisent produiraient les mêmes effets qu’en Ukraine.

En réalité, je pense que la guerre en Ukraine a permis d’améliorer les relations entre les États-Unis et la Chine, et qu’elle a éloigné le spectre d’une possible attaque de la Chine contre Taïwan. C’est un autre point positif.  À mon avis, c’est la raison pour laquelle on a observé plusieurs rencontres entre les armées américaines et chinoises. Et c’est vraiment un point important. Un autre sujet qui pourrait en quelque sorte éclipser celui de Taïwan, c’est évidemment le conflit en mer de Chine méridionale.

Il s’agit toujours d’une zone de tensions majeure. À l’heure actuelle, ce conflit m’inquiète davantage que la situation de Taïwan. La conclusion que je tirerais des trois conflits que j’ai évoqués, c’est que nous avons réussi à éviter le pire des scénarios.  Nous n’avons pas vu Poutine gagner.

La Russie n’a pas utilisé d’armes de destruction massive. Nous n’avons pas utilisé d’armes de destruction massive. Je pense que c’est peut-être parce que les Chinois ont demandé à Poutine de ne pas le faire. Il s’agit d’une frontière à ne pas franchir. Cela déstabiliserait profondément les marchés mondiaux. Ce n’est pas ce que nous voulons. Les relations se sont améliorées avec les États-Unis et les risques d’un conflit à Taïwan ou au Moyen-Orient ont diminué.

Je pense qu’il existe encore des garde-fous à ces conflits, ce qui nous donne l’espoir d’éviter une escalade, dont les conséquences seraient dévastatrices à l’échelle mondiale. C’est en quelque sorte le côté positif de la situation, si l’on peut dire.

Haley Hopwood

D’accord. Parfait, pourquoi ne pas changer de sujet pour parler d’élections ? Depuis le début de l’année, un grand nombre d’élections se sont tenues dans les pays des marchés émergents, notamment en Afrique du Sud, en Inde, à Taïwan, en Corée du Sud, au Mexique, au Venezuela, juste pour n’en citer que quelques-uns.

Dans de nombreux cas, les résultats des élections ont été vivement contestés, car ils ne correspondaient pas forcément à ceux attendus. L’Afrique du Sud en est un bon exemple. À la tête du pays, le Congrès national africain, ou l’ANC, demeure le parti le plus important, mais il a obtenu beaucoup moins de voix que prévu. En Inde, Narendra Modi, le premier ministre sortant, était censé l’emporter avec une victoire franche, mais cela n’a pas été le cas.

Vous pourriez nous aider à comprendre les résultats de ces deux élections, ainsi que de toute autre élection qui vous semble importante. Vous pourriez ensuite nous faire part de vos réflexions sur leurs répercussions sur les marchés et de votre point de vue sur les élections à venir.

Tim Ash

Eh bien, je pense que les élections ont suscité beaucoup d’inquiétude tout au long de cette année. Il reste évidemment la grosse élection à venir qui aura lieu chez vos voisins, les États-Unis, dans un mois environ. Cette élection aura probablement un impact géopolitique significatif à l’échelle mondiale.

Lorsqu’on regarde les élections qui se sont déroulées dans les pays émergents, les résultats ont été de manière générale plutôt favorables aux marchés.  Je dirais que nous avons eu plutôt de bonnes surprises.

Je voudrais vous parler de la Turquie, qui me semble un cas intéressant. L’année dernière, en mai 2023, Recep Tayyip Erdogan a étonnamment remporté les élections générales. Puis, lors des élections municipales organisées en Turquie en mars de cette année, son parti a été désavoué. L’opposition a réussi à s’imposer.  En réalité, si l’on cumule les résultats de ces deux élections, le pays a connu un ajustement de politique économique bien plus favorable que quiconque ne l’avait prévu.

En effet, Erdogan a failli perdre les élections en mai 2023 et il l’a bien compris. Lors des dernières élections municipales, la population a exprimé son mécontentement. Par ce vote contestataire, les Turcs ont fait savoir qu’ils ne voulaient plus d’inflation, qu’Erdogan s’est trompé dans sa politique économique et que celui-ci doit procéder à des ajustements, notamment en ce qui concerne Poutine, (inaudible), désolé pour ce lapsus. Erdogan avait déjà vu le résultat des élections générales de l’an dernier comme un avertissement.

Il a donc ajusté sa politique. Il a nommé Mehmet Simsek en tant que ministre des Finances. Celui-ci a remis de l’ordre à la banque centrale. Pour lui, la Turquie avait adopté une politique monétaire vraiment peu orthodoxe, qui exerçait des pressions constantes sur sa monnaie et alimentait l’inflation. Nous avons vu le pays opérer un revirement en augmentant ses taux d’intérêt de 8,5 % à 50 %. Nous avons vu la Turquie durcir sa politique économique et tendre la main à ses partenaires clés, en particulier l’Occident.

Il est aussi intéressant de noter qu’Erdogan se trouve actuellement à New York, où il tente de séduire les investisseurs étrangers. Il veut les faire revenir avec la promesse que tout est pardonné. Les choses évoluent donc dans le bon sens, vous ne trouvez pas ? Par ailleurs, les marchés turcs ont dégagé de bons résultats l’an dernier. Les primes des swaps sur défaillance de crédit ont fortement baissé. La cote de crédit de la Turquie a été relevée par plusieurs agences de notation. La Turquie fait son retour et représente un grand marché liquide pour les investisseurs.

C’est une bonne nouvelle. C’est un point positif.

Le cas de l’Afrique du Sud en est un autre. Les élections ont vraiment été intéressantes. Tout le monde pensait que l’ANC obtiendrait un mauvais score, qu’il perdrait sa majorité, mais qu’il serait toujours en mesure de diriger grâce à une coalition avec quelques petits partis minoritaires. Dans les faits, l’ANC aurait continué à exercer sa domination. Ce qui s’est passé en réalité, c’est que l’ANC a réalisé un très mauvais score. Il a été forcé de former un gouvernement d’union nationale avec le principal parti de l’opposition, l’Alliance démocratique (DA).

L’ANC s’est également rapproché d’autres partis. Ces rapprochements ont contribué à renforcer la position de Cyril Ramaphosa au sein de l’ANC. Ramaphosa est un réformateur, mais ses actions demeuraient entravées par son propre parti. Au sein de l’ANC, la corruption et les idées de la « vieille garde » empêchaient toute réforme. En créant une large coalition, Cyril Ramaphosa peut aller de l’avant et engager des réformes avec le soutien de la DA.

Nous constatons aujourd’hui de réels progrès sur le plan des réformes structurelles. Regardez ce qui se passe avec Eskom, la compagnie d’électricité ou Transnet. Certains des problèmes importants de réforme structurelle sont en passe d’être résolus en Afrique du Sud. Son principal problème reste la criminalité et la corruption. La DA endosse un rôle plus actif dans le traitement de ce sujet. En Afrique du Sud, le problème de la criminalité et de la corruption éclipse tous les autres, à savoir les problèmes structurels. Je suis assez optimiste quant à ce qui se passera là-bas.

J’ai en tête beaucoup d’autres résultats d’élection qui ont été plutôt intéressants. Au Sri Lanka, les élections se sont tout juste tenues en fin de semaine dernière. C’est un néomarxiste qui a remporté l’élection présidentielle. L’information était en première page du Financial Times Le choc, l’horreur. AKK, le candidat qui a remporté l’élection, me paraît être une personne assez pragmatique. Il semble suggérer que puisque le programme du FMI est en place depuis quelques années et que ce programme a permis de restructurer la dette du Sri Lanka, il ne demandera que des modifications mineures et continuera à le mettre en œuvre.

Il semble qu’en fin de compte, les réformes seront bien maintenues. Il y a quelques années, le Sri Lanka a fait face à une terrible crise économique. Aujourd’hui, le pays amorce une renaissance. Bien que son nouveau président soit un néomarxiste, l’optimisme prévaut. Je pense que les réformes peuvent être maintenues et qu’il y a certainement une lumière au bout du tunnel pour le Sri Lanka.

Il y a plein d’autres exemples, comme l’Argentine, où l’administration de Javier Milei s’est attaquée aux problèmes structurels profondément enracinés dans le pays. Tout le monde s’accorde à dire que l’Argentine se dirige dans la bonne direction.

Le cas de l’Inde est intéressant, car c’est un pays attractif pour les investisseurs et qui est souvent privilégié pour les délocalisations, notamment la délocalisation vers un pays allié. La position politique dominante de Modi dans le pays instaure un climat de confiance. En réalité, ce qui m’inquiète en Inde, c’est la trop grande concentration du pouvoir, l’absence de contre-pouvoir et de contrôle et les problèmes liés aux inégalités sociales et aux violences ethniques en Inde. Modi prône une politique nationaliste hindoue, qui fait craindre un possible conflit interethnique.

La performance décevante de Modi lors des dernières élections en Inde reflète une remise en cause de sa politique.  Cette remise en cause nous donne une certaine assurance quant au fait que Modi devra repenser sa politique nationaliste autoritaire. Elle a finalement contribué à inciter l’Inde à s’engager sur la voie de réformes et d’un développement à long terme. Je dirais donc que le résultat de cette élection est relativement positif.

Dans l’ensemble des pays émergents, de manière générale, je dirais que les résultats des élections ont été favorables aux réformes. Il existe quelques exceptions, comme le Venezuela évidemment, où la situation est toujours très tendue. Les élections qui s’y sont déroulées ne laissent pas vraiment entrevoir un espoir de progrès.

En revanche, toutes les autres élections auxquelles je pense ont mené à un changement positif de politique. C’est à mon avis, un signe d’espoir. Je dirais que toute idée de démocratie n’est pas définitivement enterrée.

Haley Hopwood

Très bien, poursuivons sur cette note optimiste et discutons maintenant de vos perspectives sur les marchés émergents, car je sais qu’il y a beaucoup de choses positives à dire en ce moment, qu’il y a quelques bonnes nouvelles sur ces marchés.

Vous pourriez nous présenter quelques-uns des thèmes positifs sur lesquels s’appuient vos perspectives actuelles.

Tim Ash

Oui, bien sûr. La guerre en Ukraine a suscité beaucoup d’inquiétudes quant à un risque de chocs sur les prix de l’énergie et des denrées alimentaires dans les marchés émergents.   Les journalistes n’aiment pas souvent parler des bonnes nouvelles.

En réalité, la guerre en Ukraine a engendré des conséquences positives pour de nombreux pays émergents.   Il est évident que la hausse initiale des prix du pétrole a profité à une grande partie des pays émergents qui sont des exportateurs de pétrole et de produits de base, notamment les pays du Moyen-Orient et le Nigeria. La guerre en Ukraine a même bénéficié à certains importateurs d’énergie, en raison du régime des sanctions occidentales.

L’Inde est un exemple couramment cité. L’Occident a adopté des sanctions sur les exportations d’énergie russe en imposant un plafonnement des prix du pétrole. La Russie a tenté de contourner ces sanctions. Elle a été forcée de vendre beaucoup de pétrole à de nombreux pays des marchés émergents et de leur consentir des baisses de prix. L’Inde est un bon exemple. Le plafonnement des prix du pétrole imposé par le régime de sanctions a permis à l’Inde d’acheter des barils à bas prix, ce qui lui a probablement rapporté environ 40 milliards de dollars. En outre, beaucoup d’autres pays ont bénéficié de la sortie de capitaux de la Russie.

 Lorsque les sanctions ont été imposées, de nombreux Russes ont quitté le pays. Beaucoup de personnes ont essayé de faire sortir leur argent du pays. J’estimerais le montant des fuites de capitaux de la Russie à environ 200 milliards de dollars. Il est également intéressant de noter que la balance des paiements de nombreux pays s’est améliorée grâce à cette manne de capitaux en provenance de la Russie. Leurs monnaies se sont appréciées et leurs réserves de change ont augmenté. L’appréciation de leurs monnaies a contribué à ralentir l’inflation et leur a permis d’abaisser leurs taux directeurs, ce qui a encouragé une croissance plus élevée.

Le groupe de pays concernés est très divers. Il compte des pays d’Asie Centrale et du sud du Caucase, comme la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Turquie et les États du Golfe. Ces pays ont vu leur balance des paiements se transformer grâce à l’afflux de capitaux provenant de la Russie. Quelles qu’en soient les raisons, ces transferts de fonds ont permis d’améliorer le solde de leur compte courant et d’augmenter leurs réserves disponibles.

Il existe tout un groupe de pays qui demeurent passifs et silencieux, ou qui ne disent pas grand-chose. Ce sont les grands gagnants de la guerre en Ukraine.

Une autre évolution positive concerne les restructurations de dette. À la suite de la pandémie de COVID-19, beaucoup de pays étaient surendettés ou au bord du surendettement. La situation était complexe parce que, historiquement, les principaux créanciers des nombreux pays émergents qui se sont par la suite retrouvés lourdement endettés étaient les pays du Club de Paris.

Avec son projet « One Belt, One Road », la Chine est devenue le nouveau créancier des pays émergents. Par conséquent, lorsque ces pays se sont retrouvés surendettés, il a fallu inclure un nouvel acteur, la Chine, à la table des négociations sur les restructurations de dettes. Les paramètres intervenant dans ces restructurations de dette sont devenus plus complexes, ce qui a entraîné des délais de traitement bien plus longs que ce que beaucoup de personnes espéraient. Néanmoins, certains de ces accords clés de restructuration de la dette ont été conclus au titre du Cadre commun.

Le Ghana, la Zambie et le Suriname en ont bénéficié. Un accord avec le Sri Lanka est aussi sur le point d’être conclu. Il y a quelques semaines à peine, l’Ukraine a elle-aussi obtenu un accord majeur de restructuration de sa dette. Au final, un grand nombre de ces pays qui étaient coincés dans une impasse, sans aucune perspective de sortir de leur situation de défaut de paiement, parviennent soudainement à se remettre à flot grâce à un accord sur la restructuration de leurs dettes. C’est une bonne nouvelle.

Il est intéressant de noter qu’au cours de cette même période, quelques pays ont décidé de ne pas négocier une restructuration de leurs dettes et de faire face au remboursement de celles-ci, comme le Pakistan, l’Égypte et le Kenya. Si vous regardez les données macroéconomiques du Pakistan et de l’Égypte, ils y sont en quelque sorte parvenus. Ils ont procédé à des ajustements, augmenté leurs taux directeurs, resserré leurs politiques budgétaires, réduit les déficits de leurs comptes courants ainsi que leurs besoins de financement externe. Ces deux pays ont bénéficié d’un important soutien de la part de donateurs et sous forme de programmes d’aide du FMI. Une fois de plus, on a vu un ajustement se produire lorsque ces pays sont sortis de leur situation de quasi-surendettement et qu’il y avait une lumière au bout du tunnel.

 Le dernier point positif que j’aimerais mentionner concernant les marchés émergents est la crédibilité démontrée par les banques centrales de grands pays émergents, comme le Brésil et le Mexique, et aussi de certains pays d’Europe centrale.

Celles-ci ont su faire preuve d’orthodoxie monétaire en augmentant leurs taux directeurs bien avant les banques centrales des pays développés. Elles ont ainsi été les premières à observer les bénéfices du resserrement de leur politique monétaire. Nous avons alors vu l’inflation ralentir dans ces pays, ce qui a permis à certaines de ces banques centrales de réduire leurs taux directeurs. La Fed s’est invitée à la fête en décidant, comme vous le savez, d’une importante baisse de 50 points de base. En règle générale, les périodes d’assouplissement monétaire de la Fed sont profitables aux marchés émergents.

Si les États-Unis se dirigent vers un atterrissage en douceur, autrement dit qu’une récession sera évitée, et que la Fed continue à réduire ses taux parce que l’inflation devrait se maintenir à un niveau faible, le contexte devrait être plutôt favorable pour beaucoup de marchés émergents.

Haley Hopwood

Très bien. Un grand merci à vous, Tim. Cette présentation a été très intéressante. Je crois que nos auditeurs ont également quelques questions à vous poser.

Je vais laisser la parole à Julian pour animer maintenant cette séance de questions et réponses.

Julian Klymochko

Merci Haley.

Nous avons reçu de nombreuses questions. Je vais essayer d’en poser le plus possible. Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à les ajouter dans la boîte des questions-réponses. Commençons avec cette première question.

La semaine dernière, il s’est produit un événement macroéconomique majeur, puisque la Fed a abaissé ses taux directeurs de 50 points de base. Le prochain grand événement macroéconomique sera celui des élections américaines, le 5 novembre. Je me demandais quelles répercussions les élections à venir aux États-Unis pourraient avoir sur les marchés émergents.

Tim Ash

Eh bien, j’ai tendance à penser que les élections américaines auront des conséquences bien plus importantes que les décisions de la Fed, sur les marchés émergents et sur le monde. J’ai dépeint un portrait du paysage géopolitique en tentant de rester mesuré, raisonnable et calme sur ces questions.

Les élections américaines m’inquiètent, en particulier, une deuxième présidence de Trump. Un grand nombre des problèmes pour lesquels j’ai envisagé une issue favorable pourraient au contraire s’aggraver si Trump est réélu président. Je pense notamment à la situation au Moyen-Orient. Je suis inquiet, car l’administration Biden s’est efforcée d’encourager des pourparlers de paix, de concilier les différents camps et d’apaiser les tensions.

Au sein du Parti républicain, il y a clairement des personnes qui ont la mémoire longue, qui n’ont pas oublié la crise des otages en Iran, l’attaque du Hezbollah contre les Marines américains, contre l’ambassade des États-Unis et contre la base des Marines américains au Liban. Il reste en quelque sorte des comptes à régler entre les États-Unis et l’Iran. Je crains que l’administration Trump ne soit également pas en mesure de brider les faucons de son camp en ce qui concerne Israël.

Avec un second mandat de Trump, on assisterait à une escalade du conflit entre l’Iran et les États-Unis, qui entraînerait des répercussions significatives à l’échelle mondiale.

L’autre conflit qui en pâtirait serait celui de l’Ukraine. Trump a déclaré qu’il mettrait fin à cette guerre « en 24 heures », en coupant l’aide américaine à l’Ukraine. Je ne pense pas qu’il ait réellement un plan, que les choses soient aussi simples que cela. Si vous regardez l’entrevue avec J.D. Vance de la semaine dernière concernant l’Ukraine, celui-ci a laissé entendre qu’on pourrait stopper la ligne de front là où elle se trouve actuellement, que l’Ukraine devrait renoncer à son adhésion à l’OTAN et qu’il faudrait donner des garanties de sécurité à la Russie. Je pense qu’un tel plan rendrait l’Europe plus vulnérable.

Cela signifierait que les forts ont raison, que les agresseurs peuvent gagner, que vous pouvez envahir vos voisins et conserver leur territoire. Je ne suis pas sûr que les Ukrainiens eux-mêmes accepteraient un tel plan. Imaginez un scénario dans lequel Trump l’emporte. Il pourrait lui-même fournir des équipements militaires à l’Ukraine ou en financer la livraison.   Pensez-vous que les Ukrainiens cesseront de se battre ?

Faites-vous suffisamment confiance à Poutine pour penser qu’il s’arrêtera là ? Je ne pense pas qu’on peut lui faire confiance, car si vous lisez tous les messages de Poutine, vous comprendrez qu’il refuse à l’Ukraine le droit d’exister, qu’il nie toute idée de souveraineté de l’Ukraine. Il ne considère pas les Ukrainiens comme un groupe ethnique distinct des Russes. Il continuera à faire avancer ses troupes jusqu’à s’emparer de toute l’Ukraine. À l’heure actuelle, qu’est-ce que cela implique ?

Cela signifie que les Ukrainiens ne cesseront pas de se battre, que la guerre se prolongera. Vous verrez toujours des dizaines de millions de migrants ukrainiens fuir vers l’Europe de l’Ouest, ainsi que toutes les autres implications négatives que j’ai évoquées un peu plus tôt dans mon scénario d’une victoire de la Russie sur l’Ukraine en deux semaines. Ce que les lignes rouges de Poutine nous ont appris, c’est que Poutine est un patron de mafia qui respecte le pouvoir.

Vous devez lui montrer que ce qu’il a fait est inacceptable, que vous êtes prêt à fournir un soutien militaire à l’Ukraine, notamment à lui livrer des armes pour stopper la Russie. Poutine réfléchit seulement en termes de force et de pouvoir. C’est à mon avis ce que l’Occident doit faire. Le manque de compréhension fondamentale de Trump sur ces questions autour de la Russie et de l’Ukraine est vraiment inquiétant.

Julian Klymochko

Très bien, merci. Nous avons une autre question d’un de nos auditeurs liée à ce sujet. Tous les régimes ayant une fin, on se dit qu’il y aura un jour une Russie après Poutine. Selon vous, comment les relations entre la Russie et le reste du monde évolueront-elles après le départ de Poutine, que ce soit en raison de sa vieillesse, de sa mort ou de toute autre circonstance ?

Tim Ash

Eh bien, il est très tentant de penser que tout cela est entièrement lié à Poutine, et qu’après sa mort, les Russes se réveilleront. Ce sera à nouveau comme en 1991, n’est-ce pas ? Les Russes auront une autre chance.

Malheureusement, je ne le pense pas. Timothy Schneider a écrit des livres fantastiques sur la Russie et l’Ukraine, comme « Terre de sang » (Bloodlands) qui est un livre fantastique et qui vaut la peine d’être lu. Ce livre raconte le nettoyage opéré par les régimes nazi et soviétique et l’extermination des populations en Biélorussie et en Ukraine. C’est vraiment un très bon livre. Selon Snyder, la Russie n’a jamais abandonné son ancien rêve d’un grand empire. Elle agit toujours en colonisateur. Les Russes pensent encore avoir le droit de régner sur un empire, de prétendre détenir une certaine influence. Les Russes ont vraiment besoin de dépasser cette idée, un peu comme ce que le Royaume-Uni a vécu. Rappelez-vous l’intervention d’Anthony Eden en Égypte dans les années 1950.

Le Royaume-Uni s’est rendu compte qu’il ne pouvait plus agir comme s’il dominait encore un empire. Les Britanniques ont donc fini par avancer. Je pense que la Russie, que les Russes doivent abandonner cette idée qu’ils sont une grande puissance, qu’ils doivent perpétuer leur héritage impérial et qu’ils ont le droit de coloniser d’autres pays. C’est pourquoi la Russie doit être vaincue en Ukraine.

Imaginons maintenant un scénario dans lequel nous découvrons un matin que Poutine a été assassiné par une personne au sein de son régime. Disons par exemple que certains membres des forces de sécurité, les siloviki, ont décidé qu’ils en avaient assez de Poutine, qu’ils avaient envie de retourner dans leurs maisons d’été dans le sud de la France et d’avoir à nouveau accès à leurs comptes bancaires à Londres, etc.

Dans un tel scénario, il est probable que nous verrions l’Occident tendre la main au nouveau chef de file de la Russie. Les pays occidentaux feront l’effort de repartir à zéro avec la Russie. Je pense également que le nouveau chef de la Russie s’efforcera d’apaiser les tensions. Toutefois, le problème sous-jacent demeure celui des Russes eux-mêmes, car ils demeurent convaincus qu’ils ont un héritage colonial à préserver.

C’est à mon avis la réelle difficulté. C’est l’une des choses que j’ai comprises lorsque j’ai commencé des études en URSS à la fin des années 80. Je suis allé en Russie en 1987 et en Ukraine en 1988. J’ai connu toute cette période de perestroïka, la fin du pacte de Varsovie, l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 et le début de l’ère postsoviétique, durant laquelle le pays s’est rouvert sur le monde et la parole des médias a été libérée.

Vous savez ce qui me surprend aujourd’hui, c’est que les Russes croient en leur propre propagande. Ces gens ont traversé une ère soviétique où on leur a appris à ne pas croire tout ce que l’État leur disait. Les Russes ont facilement adhéré à cette idée, ce qui est assez remarquable. Je suppose qu’aujourd’hui, il est nécessaire de rééduquer la population russe, qu’elle comprenne qu’elle n’a aucun droit colonial sur l’Ukraine et sur les autres pays situés à proximité.

Si l’on revient en 2013 ou en 2014, l’année où ce conflit est présumé avoir commencé avec la décision de Poutine d’annexer la Crimée et d’intervenir dans le Donbass, on pourrait penser que Poutine aurait mieux fait de montrer aux Ukrainiens qu’il les aimait plutôt que de leur faire la guerre. Poutine aurait pu offrir à l’Ukraine de gros chèques et lui dire qu’elle pouvait s’en aller flirter avec l’Union européenne, mais qu’elle finirait par être déçue et qu’elle pourrait revenir vers la Russie.

En déclarant la guerre à l’Ukraine, il l’a perdue pour toujours. Je pense qu’il n’y a pas de retour en arrière possible entre les Russes et les Ukrainiens, parce que l’Ukraine ne pardonnera jamais les dommages que la Russie lui a infligés. La population russophone de l’est de l’Ukraine, fidèle à Moscou et qui votait historiquement pour les partis prorusses ne pardonnera pas non plus à la Russie. Avec la destruction des villes de Kharkiv et de Marioupol par l’artillerie russe, c’est cette population prorusse, russophone et d’origine russe qui a le plus souffert. Le lien entre eux est définitivement brisé.

Julian Klymochko

Merci pour ce point de vue vraiment intéressant. Cette question nous venait de Victor Samuel. La question suivante nous est posée par Joe Zhao et porte sur un sujet un peu similaire, mais qui concerne cette fois-ci la Chine. Il a quelques questions concernant les tensions entre la Chine et les États-Unis. Quelles en sont les causes profondes ?

Ont-elles une incidence négative sur la création de richesse à l’échelle mondiale ? Et enfin, ces tensions entre les États-Unis et la Chine présentent-elles des côtés positifs ou peuvent-elles engendrer certaines occasions ?

Tim Ash

On pourrait dire que les États-Unis ont longtemps été une puissance au sein d’un système unipolaire et ont été habitués à exercer une hégémonie absolue sur le monde. Quant à la Chine, elle est devenue une puissance grandissante qui tente de rivaliser avec les États-Unis.

Le problème est donc à la fois lié aux États-Unis et à la Chine. Pourquoi les relations entre ces deux pays sont-elles aussi mauvaises ? L’Occident pensait qu’accueillir la Chine au sein d’un système fondé sur le multilatéralisme et la mondialisation serait bénéfique à tous, que la Chine finirait par devenir comme nous.

Nous lui avons ouvert nos marchés. Des multinationales étrangères se sont implantées en Chine, elles ont fermé toutes leurs usines dans l’ouest et ont engrangé d’importants bénéfices grâce à l’essor des échanges avec la Chine. Le résultat final, c’est que nous avons perdu une grande partie de nos industries manufacturières au profit de la Chine, en raison d’une concurrence déloyale et d’un taux de change sous-évalué, comme en témoigne l’accumulation massive de réserves de change en Chine. Tout ceci a conduit à la situation actuelle, où l’on voit progresser le populisme, des mouvements comme le MAGA (Make America Great Again), les tarifs douaniers, etc.

Cette relation a donc clairement besoin d’être reconstruite sur de nouvelles bases. Je suppose que les deux camps ne sont pas satisfaits de la situation actuelle. Il me semble intéressant de revenir sur l’histoire des tarifs douaniers. J’aurais pu soutenir que l’hégémonie économique de la Chine était devenue inévitable.  Cela avait du sens, car la Chine avait mis en place un système de planification économique centralisé et amassé d’énormes réserves de change. Les Chinois avaient une vision à long terme et se sont unis derrière leur politique économique. Ils disposaient d’importantes ressources. Ils ne commettaient pas d’erreurs.

    En revanche, la prise de décision est plus difficile dans les démocraties libérales occidentales. Les pays se retrouvent en compétition. Nous avons tendance à nous impliquer dans des guerres, lesquelles sont de moins en moins fréquentes, en particulier pour les États-Unis. Ce qui est intéressant de relever, c’est l’imposition de tarifs douaniers sur la Chine. Je pense que cette idée de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a conduit les Chinois à commettre pour la première fois des erreurs politiques.

  Nous voyons la trop forte concentration du pouvoir entre les mains de Xi Jinping, l’absence de contre-pouvoir et de contrôle, et le projet de transformer la Chine en une forteresse économique, avec cette idée de réduire son endettement. Nous avons vu les erreurs dans le secteur de l’immobilier, dans celui de l’éducation ainsi que dans d’autres domaines. Du point de vue des États-Unis, cette guerre commerciale a été un succès, puisqu’elle a conduit la Chine à commencer à douter d’elle-même et

de son modèle. À mon avis, l’hégémonie économique de la Chine aux côtés des États-Unis n’apparaît plus comme inéluctable. Tant que la Chine pensait qu’elle pouvait gagner la partie sur le long terme, le risque d’une invasion de Taïwan par la Chine demeurait limité. Tant que celle-ci pensait pouvoir réussir à finalement imposer son hégémonie économique et battre les États-Unis, que ce soit en s’appuyant sur la mondialisation, le commerce mondial ou le multilatéralisme,

elle n’avait finalement pas d’intérêt à s’emparer de Taïwan.   On pourrait soutenir que la Chine que nous voyons aujourd’hui, qui manque de contre-pouvoir et de contrôle autour de Xi Jinping, qui commet des erreurs politiques, etc., pourrait échouer économiquement. Face à une telle situation, il y a un risque accru que Xi Jinping se tourne vers une politique de la canonnière pour régler les questions d’affaires étrangères de la Chine.

Il pourrait alors commettre l’erreur d’envisager une solution militaire à la question de Taïwan. Toutefois, nous n’en sommes pas encore arrivés là. Il s’agit d’une relation vraiment compliquée. Par rapport au début de l’administration Biden, la situation s’est améliorée. En revanche, il y a probablement beaucoup de faucons à l’égard de la Chine au sein de l’administration Trump.

Cela pourrait signifier une hausse des tarifs douaniers. Comment la Chine réagirait-elle alors ? La Chine représente aujourd’hui une menace systémique pour l’économie mondiale. En effet, si les erreurs politiques des Chinois provoquent des crises systémiques en Chine, celles-ci conduiront à une crise mondiale qui touchera tous les pays.

Julian Klymochko

Merci Tim. Malheureusement, il reste encore beaucoup de questions de nos auditeurs auxquelles nous n’aurons pas le temps de répondre. Merci de nous avoir fait part de vos questions. Pour conclure cette présentation, je vais maintenant céder la parole à Poppy, de la CFA Society d’Ottawa.

Poppy Rui

Merci Julian et merci à vous, Tim et Haley, pour cette discussion vraiment enrichissante aujourd’hui.

Je pense que nous avons tous maintenant une meilleure compréhension des enjeux complexes autour de la géopolitique et des marchés émergents. Un des points importants à retenir, à mon avis, c’est le caractère imprévisible du contexte géopolitique et les répercussions qu’il engendre sur les marchés émergents. Face à la complexité de ces enjeux, il est clair qu’il est essentiel de savoir sans cesse s’adapter.

Récapitulons les principaux points à retenir. Tout d’abord, le monde est confronté à une certaine incertitude géopolitique, qui aura sans aucun doute des répercussions sur les marchés des placements, en particulier sur les marchés émergents.

Ensuite, malgré un grand nombre de manchettes alarmantes, il n’y a pas que de mauvaises nouvelles. De nombreuses élections se sont soldées par des résultats favorables, qui devraient bénéficier aux marchés dans ces régions. L’inflation dans les marchés émergents paraît maîtrisée, ce qui permet à ces pays d’entamer un cycle de baisse des taux. Les perspectives pour les marchés émergents semblent s’améliorer progressivement. En particulier, nous voyons des occasions sur des marchés comme l’Inde, l’Indonésie, le Brésil et le Mexique.

Ces marchés présentent des signes prometteurs de stabilité et de croissance. Ils sont soutenus par des résultats électoraux favorables et par le ralentissement de l’inflation. Dans le cadre d’un portefeuille parfaitement diversifié de placements, les marchés émergents sont une composante clé. En effet, vous avez accès à des pays à forte croissance et qui représentent une part importante du PIB mondial.

Néanmoins, ces pays tendent à être un peu plus sensibles au risque géopolitique. Il est donc essentiel d’être accompagné par une équipe qui possède une expérience pratique dans le domaine des marchés émergents et une véritable expertise sur les pays dans lesquels elle investit. Nous vous enverrons demain un bref sondage pour connaître vos besoins. Nous vous remercions de prendre quelques minutes pour nous faire part de vos commentaires sur la séance d’aujourd’hui et nous indiquer les autres sujets qui seraient pertinents et utiles à aborder selon vous.

Encore une fois, nous tenons à remercier nos commanditaires annuels, RBC Gestion mondiale d’actifs et PH&N Institutionnel, ainsi que la CFA Society de Vancouver et la CFA Society de Calgary pour leur collaboration. Nos organisations sont impatientes de vous offrir d’autres présentations, en présentiel ou en ligne, alors restez à l’affût. Merci beaucoup de vous être joints à nous aujourd’hui. Merci de votre attention.

Conférenciers :

Timothy Ash, premier stratégiste, Titres d’État, Marchés émergents, Titres à revenu fixe BlueBay, RBC Global Asset Management (UK) Limited

Haley Hopwood, gestionnaire de portefeuille institutionnel, PH&N Institutionnel, RBC Gestion mondiale d’actifs Inc.

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Déclarations

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