La nature et son importance pour les investisseurs
Les services issus de la nature sont importants pour l’économie mondiale. Selon une étude du Forum économique mondial (FEM), plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) mondial dépend modérément ou fortement de la nature et de ses services1. Par exemple, l’eau douce est essentielle à de nombreux secteurs, notamment l’agriculture, l’exploitation minière et la vente au détail de produits alimentaires ; la diversité génétique dans la nature est essentielle à l’industrie pharmaceutique ; et les zones humides et les forêts intactes protègent les bâtiments et les infrastructures contre les inondations, les tempêtes et les catastrophes naturelles.
La nature désigne le monde naturel. On considère généralement qu’elle se compose de quatre domaines : terre, océan, eau douce et atmosphère. Chacun de ces éléments diffère par son organisation et sa fonction, et constitue un point de départ important pour mieux comprendre la dépendance des organisations et des individus à l’égard de la nature, ainsi que leur incidence sur cette dernière2.
Les effets systémiques possibles des facteurs liés à la nature sont également de plus en plus reconnus. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un accord juridiquement contraignant, le Cadre mondial de Kunming-Montréal pour la biodiversité, adopté par 188 pays en décembre 2022, constitue une étape importante, car il établit des objectifs, des cibles et des attentes pour les engagements nationaux visant à stopper et à renverser la perte de la nature3.
Bien que l’économie mondiale dépende de la nature, le manque de données et de méthodes uniformes et fiables a limité les efforts visant à quantifier les risques et les occasions connexes. Cela dit, des progrès ont récemment été réalisés, notamment la publication en septembre 2023 des recommandations finales du Groupe de travail sur l’information financière relative à la nature (TNFD)4. Le TNFD fournit un cadre volontaire et des lignes directrices sectorielles pour la divulgation des relations de dépendance, des répercussions, des risques et des occasions liés à la nature5.
Description des répercussions et relations de dépendance liées à la nature
Le TNFD définit les risques liés à la nature comme les menaces potentielles posées à une organisation du fait de ses relations de dépendance et de celles de l’ensemble de la société avec la nature, ainsi que des impacts sur la nature. Ceux-ci peuvent découler de risques physiques, de transition et systémiques, qui peuvent entre autres perturber les activités ou les chaînes de valeur d’un émetteur, attiser la volatilité des prix des matières premières, ou entraîner des coûts d’adaptation, le délaissement d’actifs ou la destruction du capital. Il existe également des occasions liées à la nature qui créent des résultats positifs pour les organisations et la nature du fait de la création de répercussions positives sur la nature ou de l’atténuation des répercussions négatives sur celle-ci. Citons par exemple des activités permettant de prévenir, de réduire, d’atténuer ou de gérer les risques liés à la nature, ou celles qui visent à inverser la perte de milieux naturels, notamment au moyen de la restauration ou de la régénération de la nature, et grâce à des solutions fondées sur la nature.
Les relations de dépendance vis-à-vis de la nature tiennent compte de la mesure dans laquelle le déclin d’un service écosystémique peut faire courir un risque financier à une entreprise. Par exemple, les organisations dont les activités ou les revenus dépendent fortement de l’accessibilité de l’eau peuvent être confrontées à des risques de transition et physiques, qui peuvent entraîner des surcoûts ou une baisse des activités.
Liens entre la nature et les changements climatiques
Par le passé, les risques liés à la nature, y compris ceux qui découlent de la perte de biodiversité, ont eu tendance à être abordés indépendamment des changements climatiques. On reconnaît toutefois de plus en plus les liens entre la nature et les changements climatiques. Ces derniers sont à l’origine des pénuries d’eau, de la dégradation des sols, de la perte de biodiversité et d’autres risques liés à la nature. Des écosystèmes naturels sains et fonctionnant bien absorbent et séquestrent les émissions de carbone, et contribuent à atténuer les changements de température et de précipitations, tout en améliorant l’adaptation aux changements climatiques. Ces liens justifient l’accent croissant mis sur la prise en compte des facteurs liés à la nature, outre les changements climatiques.
La biodiversité est une caractéristique de la nature et du capital naturel. Elle désigne la variété des espèces vivantes sur Terre, y compris la flore et la faune, ainsi que les bactéries, les champignons et les écosystèmes naturels. La perte de biodiversité pose des risques aux entreprises, car elle peut avoir une incidence sur les chaînes de valeur, faire augmenter le coût des intrants et des matières premières, perturber les activités, entraîner des amendes ou des responsabilités légales et, en définitive, se répercuter sur l’exploitation et la rentabilité. On estime que l’ampleur de la perte de biodiversité qui se produit actuellement constitue un risque systémique susceptible d’influer sur plusieurs catégories d’actifs et secteurs. Par conséquent, les gouvernements prennent de plus en plus de mesures réglementaires et politiques en vue de remédier à la perte de biodiversité, comme le règlement 2023 de l’UE sur les produits sans déforestation. Il peut en résulter des risques juridiques ou de poursuite supplémentaires pour les sociétés.
Le déclin de la biodiversité et la perte de milieux naturels exacerbent les effets négatifs des changements climatiques. En effet, des écosystèmes sains et riches en biodiversité jouent un rôle important dans l’absorption des émissions et de la chaleur. Ils contribuent ainsi à atténuer les changements climatiques de même qu’à améliorer la capacité de la Terre à s’adapter aux catastrophes naturelles et à y résister.
Démarche de RBC GMA en matière de protection de la nature
RBC GMA voit d’un bon œil les recommandations finales du TNFD qui, à son avis, permettront une meilleure divulgation des principaux risques et des occasions liés à la nature. Nous nous efforçons de faire preuve de transparence quant à nos opinions et activités, et nous les communiquons au moyen d’articles d’information et de rapports. Nous avons publié pour la première fois nos points de vue sur les changements climatiques et les risques liés à la nature dans notre Rapport climatique 2022, et nous avons amélioré notre divulgation d’information dans le Rapport climatique 2023 (version française à venir) afin d’y inclure notre exposition au risque que présentent les facteurs liés à la nature.
Nous pouvons être confrontés à des facteurs liés à la nature en investissant dans des sociétés émettrices qui sont elles-mêmes exposées au risque découlant de tels facteurs. Par exemple, les émetteurs des secteurs d’activité suivants peuvent connaître d’importantes répercussions ou relations de dépendance importantes provenant de la nature : agriculture, foresterie et pêches, énergie, mines, transports, produits alimentaires et boissons, vêtements, services publics, produits chimiques, fabrication et construction6. Nous pouvons aussi être exposés indirectement à un risque à cause de nos placements dans des émetteurs souverains. Par exemple, les économies qui dépendent fortement de secteurs tels que l’agriculture, la sylviculture ou l’écotourisme peuvent faire face à des risques plus élevés en raison de leur dépendance économique à l’égard des produits issus de la nature ou des services écosystémiques.
Les équipes des placements de RBC GMA intègrent des critères ESG importants dans leurs décisions de placement pour les types de placements applicables. Il peut s’agir de facteurs liés à la nature, comme la biodiversité et l’utilisation des terres, l’utilisation des ressources naturelles, le stress hydrique, la gestion durable des forêts et d’autres facteurs, lorsqu’ils sont financièrement essentiels pour un secteur ou un émetteur. Les équipes des placements ont mis en place leurs propres processus pour intégrer des critères ESG importants et en déterminer l’importance relative, en s’appuyant sur des outils comme la grille de l’importance relative Sustainability Accounting Standards Board (SASB)7, la recherche et les ressources internes, en discutant avec des experts sectoriels, et la recherche externe et orientée vendeur. Elles disposent également de données et d’informations pour gérer l’exposition au risque de leurs portefeuilles, ainsi que de données disponibles sur des facteurs très variés, y compris des facteurs financiers et liés à la nature. Les équipes des placements intègrent les critères ESG importants de manière à compléter leurs approches et mandats de placement.
L’intendance active constitue un pilier de Notre démarche en matière d’investissement responsable. Nous prenons en compte les critères ESG importants dans le cadre du vote par procuration et du dialogue avec les émetteurs pour les types de placements applicables. Depuis 2020, nous participons au programme Investor Policy Dialogue on Deforestation (IPDD), qui vise à coordonner le dialogue sur les politiques publiques avec les autorités gouvernementales et à en suivre l’évolution afin d’évaluer l’exposition aux risques financiers résultant de la déforestation. Nos équipes des placements peuvent rencontrer régulièrement les sociétés émettrices dans lesquelles nous investissons. Les critères ESG particuliers dont nous discutons diffèrent selon plusieurs aspects. En ce qui concerne les sociétés émettrices, il peut s’agir de leurs activités, de leur secteur, de leur taille, de leur empreinte géographique et de la nature de l’instrument de placement émis pour les titres achetés. Dans le cas des émetteurs souverains, l’importance relative des critères ESG peut dépendre, entre autres, du développement économique, social et politique du pays, de la disponibilité des ressources naturelles et de la dépendance à l’égard de ces ressources, et des problèmes potentiels dans les régions concernées. Les équipes peuvent également établir l’ordre de priorité de leurs efforts de communication en fonction de la taille du placement ou du niveau de risque ESG au sein du portefeuille.
Voter de façon responsable fait partie de notre devoir fiduciaire. Notre politique consiste à exercer les droits de vote des comptes que nous gérons dans l’intérêt supérieur de nos clients. Nos activités de vote par procuration sont régies par nos Directives de vote par procuration8 (directives) et les politiques régionales de vote par procuration applicables, qui définissent les procédures d’administration de nos votes, de recours hiérarchique en cas de problèmes de vote et de repérage et de gestion des conflits d’intérêts. Nos directives soulignent la façon dont nous évaluons les propositions des actionnaires liées à la nature, et stipulent que nous appuierons généralement les propositions exigeant que la société communique de l’information sur la gouvernance de l’organisation entourant les risques et occasions liés à la nature. Selon les directives, tandis que les émetteurs travaillent à mieux comprendre l’importance de ces facteurs pour leurs activités, ils devraient envisager la communication d’informations à ce sujet, en tenant compte des recommandations et des lignes directrices du TNFD.
Aperçu des engagements et des mesures de RBC GMA concernant la nature et la biodiversité
Acquérir des connaissances et une meilleure compréhension des risques importants que présentent des facteurs liés à la nature, en particulier la perte de biodiversité
Nous exprimons notre point de vue au moyen d’articles d’information sur les critères ESG. À ce jour, nous avons publié des articles sur des sujets tels que les liens entre les changements climatiques et la biodiversité, la COP15 et d’autres sujets connexes. Voir ici les articles récents.
Nous avons participé à la délégation des Principes pour l’investissement responsable (PRI) des Nations Unies à l’occasion de la COP15, conférence mondiale de la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies.
Nous avons ajouté du contenu à Notre démarche en matière d’investissement responsable, notamment sur les changements climatiques et la nature, et les facteurs ESG systémiques
Déterminer et évaluer l’importance relative des risques liés à la nature pour les placements, à la lumière des répercussions et des relations de dépendance, en nous appuyant sur les recommandations du TNFD.
Nous continuons d’évaluer les données et les outils permettant de mesurer l’exposition aux risques, aux occasions, aux répercussions et aux relations de dépendance liés à la nature.
Nous évaluons et publions l’exposition au risque présenté par les secteurs prioritaires du TNFD, ainsi que les incidences et relations de dépendance liées à la nature qui y sont associées dans nos rapports climatiques annuels. Voir ici les rapports récents.
Nous utilisons des données géolocalisées pour recenser les sociétés émettrices exerçant leurs activités dans des lieux sensibles sur le plan de la biodiversité, et nous avons évalué si elles avaient été impliquées dans des controverses liées à la biodiversité. Nous présentons cette analyse dans nos rapports climatiques annuels.
Continuer de travailler en collaboration avec d’autres investisseurs sur les questions liées à la nature, dans le cadre d’initiatives sectorielles, et recourir au dialogue et au vote par procuration réfléchi sur les sujets, le cas échéant.
Nous participons à des initiatives d'investissement responsable (IR) axées sur la nature. Ces initiatives comprennent notre soutien continu au programme IPDD et à l’initiative Farm Animal Investment Risk & Return (FAIRR).
Nos activités de vote par procuration sont régies par nos Directives de vote par procuration, qui comprennent des directives de vote sur les facteurs liés à la nature, comme l’incidence d’un émetteur sur l’environnement (p. ex. émissions toxiques, risques liés à l’eau, responsabilités environnementales). Nous exerçons nos droits de vote rattachés à nos actions de façon indépendante et les examinons au cas par cas, conformément à nos directives.
Nous menons des dialogues individuels avec les émetteurs à propos de thèmes liés à la nature, au besoin. Par exemple, l’équipe des actions de marchés émergents de RBC a mené un examen lié à la biodiversité au regard des émetteurs dans lesquels elle détient des placements, et engagé le dialogue avec les émetteurs à ce sujet.
Fournir des rapports transparents et continuer d’améliorer la communication d’informations
Nous avons publié pour la première fois nos points de vue sur les changements climatiques et les risques liés à la nature dans notre Rapport climatique 2022, et nous continuons à fournir des informations relatives à la nature dans nos rapports climatiques annuels.
RBC GMA voit d’un bon œil les recommandations finales du TNFD. Nous présentons les deux paramètres de base recommandés pour les gestionnaires d’actifs par le TNFD.
D’après cette analyse, l’incidence la plus importante liée à la nature de ces placements dans tous les secteurs concerne la pollution, et la plus importante relation de dépendance concerne la qualité et l’accessibilité de l’eau. Il convient de noter que l’importance de tout risque lié à cette exposition est influencée par les mesures prises par les émetteurs pour atténuer le risque et les répercussions éventuelles sur l’évaluation ou le cours des titres et à quel degré (voir le graphique suivant).
Placements en actions et en obligations de sociétés de RBC GMA dansles secteurs prioritaires du TNFD, et répercussions sur la nature etrelations de dépendance vis-à-vis de cette dernière.
au 31 décembre 2023
Pour plus d’informations, lisez notre Rapport Climat 2023 complet.