Les thèmes de l’investissement responsable que nous prévoyons pour les mois et l’année à venir se dérouleront dans un contexte de ralentissement économique, de risques géopolitiques, de modération de l’inflation et d’élections imminentes dans plusieurs régions. Cette situation rend les choses plus complexes et plus incertaines pour les émetteurs et les investisseurs, alors que les exigences réglementaires et les attentes liées aux critères environnement, société et gouvernance (ESG) ne cessent de croître.
L’élan réglementaire se poursuit. Les autorités réglementaires d’Europe, du Royaume-Uni, des États-Unis et du Canada continueront de demander aux émetteurs et aux gestionnaires d’actifs de publier davantage d’informations sur la durabilité et le climat, en mettant l’accent sur les déclarations des sociétés et des fonds. En Europe, les premières entreprises visées par la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises commenceront à produire des rapports cette année, des retards ayant été annoncés en janvier1 pour certaines exigences. Les efforts en faveur de l’uniformité de l’information resteront prioritaires, alors que des pays comme le Canada et le Royaume-Uni envisagent de mettre en œuvre les nouvelles normes mondiales de l’International Sustainability Standards Board (ISSB). En décembre, RBC Gestion mondiale d'actifs (GMA) s’est jointe à plus de 400 autres organisations pour appuyer l’adoption2 de la norme mondiale de divulgation sur le climat de l’ISSB. Aux États-Unis, la U.S. Securities and Exchange Commission (SEC) devrait finaliser sa très attendue règle de divulgation sur le climat d’ici le printemps 2024. La règle de la SEC devrait se heurter à des défis, mais à l’approche de 2024, la trajectoire est claire : davantage de divulgation sur les critères ESG et le climat se profile à l’horizon.
L’intelligence artificielle (IA) remodèlera le monde, mais dans quel sens ? L’année dernière a été marquée par la merveille de ChatGPT et d’autres modèles libres d’IA générative. On a accueilli cette évolution avec autant d’enthousiasme que d’inquiétude, en particulier chez les travailleurs qui ont mené des négociations sur les droits des travailleurs3 dans le domaine de l’IA. Au cours de l’année à venir, la capacité de perturbation et de transformation de l’IA sera au centre des préoccupations. L’enthousiasme sera tempéré par les inquiétudes que suscitent les hypertrucages (voir un récent hypertrucage4 visant à influencer les primaires aux États-Unis), l’utilisation des renseignements personnels et les violations de la vie privée, ainsi que les risques liés à la cybersécurité. Les discussions sur l’IA ont dominé le récent Forum économique mondial de Davos (écoutez les propos de John Stackhouse de Leadership avisé RBC) et elles devraient se poursuivre tout au long de 2024. Les investisseurs s’interrogent donc sur les conséquences pour les économies avancées par rapport aux économies en développement5, l’effet sur les marchés du travail, la réglementation nouvelle ou élargie, et la capacité à gérer les risques liés à la protection des renseignements personnels et à la cybersécurité.
Les enjeux sociaux sont toujours au cœur des préoccupations. Nous nous attendons à ce que l’accent soit mis, comme l’année dernière, sur des questions telles que les droits des travailleurs, les inégalités, la protection des renseignements personnels, l’accessibilité et l’esclavage moderne dans les chaînes logistiques. Certains de ces aspects sont liés à des réglementations, telles que la législation canadienne contre l’esclavage moderne6, qui est entrée en vigueur en janvier, et la directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité de l’UE7, qui devrait être adoptée en 2024. Les droits des travailleurs et les négociations syndicales occuperont une place importante dans les secteurs et sur les bulletins de vote, les préoccupations relatives au coût de la vie, à l’inégalité et à l’accessibilité influençant les discussions politiques lors d’élections clés.
La transition énergétique est en cours. Sa vitesse et sa trajectoire ne sont pas encore connues. La plupart des grandes économies ont désormais fixé des cibles de carboneutralité, et nombre d’entre elles ont adopté des lois, notamment le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et plusieurs pays de l’Union européenne (voir le site Web de Net Zero Tracker8). Les pays et les sociétés ont pris des engagements significatifs pour faire progresser les énergies renouvelables et à faibles émissions de carbone, améliorer l’efficacité énergétique, réduire les émissions et mobiliser les fonds (voir notre article Réflexions sur la Conférence sur les changements climatiques (COP28)). Malgré ces progrès et la promulgation de lois importantes sur le climat, comme l’Inflation Reduction Act des États-Unis, le monde n’est pas encore sur la bonne voie d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (voir nos attentes envers la COP28). Ainsi, si la transition énergétique est en cours, elle se déroule dans un contexte de conditions économiques difficiles, d’incertitude politique, de tensions commerciales et de risques géopolitiques. Cette conjoncture n’arrêtera pas la transition énergétique, mais elle pourrait en modifier la vitesse et l’orientation dans les prochaines années.
Le risque lié à la nature devient mondial. Dans le récent Global Risks Report 20249 du Forum économique mondial, les risques liés à la nature ont occupé les quatre premières places des risques les plus graves auxquels le monde sera confronté dans les dix prochaines années. Nous savons que le changement climatique et les risques liés à la nature sont interconnectés (voir notre article sur la biodiversité et le changement climatique), et les efforts pour les évaluer et les gérer ne cessent de s’intensifier. Un nouveau cadre de divulgation de l’information liée à la nature (TNFD) a été lancé l’an dernier, et plus de 300 organisations se sont engagées à publier10 des données à ce sujet. Vous pouvez en apprendre davantage sur les perspectives de RBC GMA concernant les risques liés à la nature dans notre rapport climatique annuel.