Laurence Bensafi, première directrice générale et gestionnaire de portefeuille, cheffe déléguée, Actions, Marchés émergents, RBC Global Asset Management (UK) Limited, présente un résumé du marché en 2025 pour cette catégorie d’actif et donne ses impressions pour 2026.
Cette année, les actions des marchés émergents ont enregistré un rendement deux fois supérieur à celui de l’indice S&P 500, portées par les progrès de l’IA en Chine, la vigueur des titres liés à l’IA en Corée et à Taïwan, ainsi que l’annonce de droits de douane soulignant la dépendance des États-Unis aux importations des marchés émergents.
Nous croyons que 2026 marquera un tournant pour les actions des marchés émergents, qui devraient être valorisées plus justement dans les portefeuilles, contrairement aux pays développés qui font face à une instabilité politique, à des déficits importants et à une dette élevée.
Le maintien d’une croissance durable exige des rendements boursiers plus élevés et une progression plus rapide des bénéfices dans les marchés émergents. Toutefois, des réformes récentes (p. ex., le programme de valorisation des entreprises en Corée et les rachats d’actions en Chine) indiquent une amélioration des tendances.
Les pays développés ressemblent de plus en plus aux marchés émergents d’autrefois, avec une instabilité politique, d’énormes déficits, une lourde dette et une inflation élevée. Entre-temps, les pays émergents ont tiré parti de la mondialisation et de la désindustrialisation des pays développés.
Malgré des atouts fondamentaux, la réussite des réformes et l’amélioration de la rentabilité seront essentielles pour soutenir une reprise durable à long terme.
(en anglais seulement)
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Transcription
Comment résumeriez-vous l’année 2025 pour les actions des marchés émergents ?
Laurence Bensafi
Depuis le début de l’année, les actions des marchés émergents ont très bien fait, avec des rendements deux fois supérieurs à ceux de l’indice S&P 500. Trois facteurs principaux expliquent cette bonne tenue. Premièrement, la Chine revient sur le devant de la scène. Grâce à DeepSeek, le pays a montré qu’il n’était probablement pas aussi en retard qu’on le pensait dans la course à l’IA. Deuxièmement, les titres liés à l’IA en Corée et à Taïwan ont enregistré de solides rendements. Le secteur de la technologie de l’information est désormais de loin le plus important des marchés émergents, l’ensemble de la chaîne de fabrication de l’IA étant située en Asie. Troisièmement, l’annonce des droits de douane lors du jour de la libération au début d’avril s’est retournée contre les États-Unis, en exposant leur dépendance aux importations de nombreux pays, et plus particulièrement des marchés émergents. Les actions des marchés émergents, qui étaient très bon marché et sous-pondérées, ont ainsi profité d’une reprise importante.
Quelles sont vos perspectives pour les actions des marchés émergents en 2026 ?
Laurence Bensafi
Nous pensons que 2026 marquera un tournant pour les actions des marchés émergents, qui s’apprêtent à être valorisées selon leur valeur réelle et à occuper la place qu’elles méritent dans les portefeuilles d’actions. Cette place, autrefois importante, s’est considérablement réduite, la catégorie d’actif ayant longtemps tiré de l’arrière dans un contexte de forte croissance des bénéfices aux États-Unis et d’un dollar américain très robuste.
Toutefois, lorsqu’on y regarde de plus près, on constate que les pays développés ressemblent de plus en plus aux marchés émergents d’autrefois, avec une instabilité politique, d’énormes déficits, une lourde dette et une inflation élevée. Entre-temps, les pays émergents ont tiré parti de la mondialisation et de la désindustrialisation des pays développés. De nombreuses réformes ont également été mises en œuvre. Il en résulte que la majorité des pays émergents présentent désormais des niveaux de dette et de déficit équivalant à la moitié de ceux des pays développés. Après cette forte performance récente, et pour soutenir la reprise à long terme, des rendements boursiers plus élevés et une croissance des bénéfices plus rapide seront nécessaires.
Ces deux indicateurs restent actuellement moins élevés dans les marchés émergents qu’aux États-Unis. Nous estimons toutefois que la tendance s’est récemment améliorée et qu’elle continuera de le faire, plusieurs pays ayant annoncé des réformes visant à accroître les rendements pour les actionnaires. Par exemple, grâce au programme de valorisation des entreprises en Corée, le marché a progressé de 100 % cette année, le nouveau gouvernement ayant déclaré que sa priorité numéro un est d’améliorer la qualité des sociétés. En Chine, les rachats d’actions, auparavant très rares, sont désormais très courants, ce qui montre que les choses vont dans la bonne direction. Un autre facteur pouvant améliorer les rendements serait de réduire la surcapacité et le taux d’épargne.
Comme peu de ces améliorations sont déjà intégrées dans les cours, la catégorie d’actif offre de nombreuses occasions, notamment dans les segments Qualité et Valeur. Les valorisations restent intéressantes en Chine. Sur le plan sectoriel, de nombreuses occasions existent dans la finance et la consommation de base, actuellement fortement sous-évaluées. En résumé, les actions des marchés émergents sont très bien positionnées, mais elles devront aussi répondre aux attentes, surtout au chapitre de la croissance des bénéfices et d’une meilleure rentabilité, pour soutenir une reprise durable à long terme. Les bases sont solides, mais dans les années à venir, la mise en œuvre sera déterminante.
Vidéo enregistrée le 21 novembre 2025
Intervenant :
Laurence Bensafi, Managing Director and Portfolio Manager, Deputy Head of Emerging Market Equities, RBC Global Asset Management (UK) Limited