Eric Savoie, Senior Investment Strategist, RBC Global Asset Management Inc., provides an overview of the risks and opportunities in the current market environment. He shares his outlook for interest rates and fixed income markets as well as an overview of equity market valuations.
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Quelles sont vos perspectives pour les taux d’intérêt ?
Eric Savoie
Dans le contexte macroéconomique actuel, je pense que ce n’est pas évident pour les banques centrales, c’est certain, car il y a tellement d’incertitude par rapport aux politiques, surtout les politiques commerciales de l’administration américaine. La Fed a un double mandat ; son rôle ou son objectif comporte deux volets.
Le premier est d’assurer la stabilité des prix, et l’autre est d’assurer le plein emploi. Les droits de douane appliquent une certaine pression dans des directions opposées, pour ces deux volets. Dans le cas de l’emploi, ils freinent l’activité économique, en quelque sorte. Autrement dit, les droits de douane mettent du sable dans l’engrenage de l’économie.
Dans le cas des prix, il se peut que les droits de douane fassent augmenter les coûts des entreprises, et celles-ci pourraient devoir ou vouloir transférer cette hausse au consommateur. Donc, il est possible que l’inflation augmente à court terme et que le marché du travail ralentisse. Alors, que fait la banque centrale dans cette situation ? Powell nous a offert son point de vue,
il y a quelques semaines. Lors de son discours, il a laissé entendre que le ralentissement du marché du travail est un critère plus important que les pressions inflationnistes à court terme. Autrement dit, la Fed a, en quelque sorte, indiqué qu’une baisse des taux d’intérêt est l’avenue la plus probable au cours des prochains mois ou trimestres.
La réaction des marchés a été positive. Le marché des titres à revenu fixe a commencé à anticiper une baisse de taux d’intérêt dès septembre, et d’autres baisses plus tard cette année et en 2026. Nous sommes assez d’accord avec lui. Nous prévoyons quatre baisses de taux au cours de la prochaine année. Le marché s’attend à une réduction de 100 à 125 points de base d’ici 12 mois.
Donc, nous pensons que notre prévision est bonne et que la Fed reprendra le cycle d’abaissement des taux d’intérêt et réduira les taux à plusieurs reprises au cours des 12 prochains mois.
Quelles sont vos perspectives pour les titres à revenu fixe ?
Eric Savoie
Pour ce qui est des titres à revenu fixe, les taux obligataires ont relativement peu fluctué dans la dernière année. Ils sont restés dans une fourchette assez étroite sous l’effet de plusieurs facteurs différents. Les facteurs qui ont pesé sur les taux obligataires sont la légère détérioration des données économiques, l’affaiblissement du marché du travail, et le ton un peu plus conciliant de la Fed, qui a laissé entendre que des baisses de taux d’intérêt sont à prévoir.
À l’opposé, les taux obligataires ont été tirés vers le haut par les inquiétudes liées à l’inflation et, surtout, l’endettement élevé des gouvernements, que ce soit les États-Unis ou ailleurs dans le monde. Aux États-Unis, la loi intitulée One Big Beautiful Bill, qui prévoit une augmentation des dépenses budgétaires au cours de la prochaine année, a exacerbé les préoccupations.
Quand un gouvernement déjà fortement endetté a l’intention de dépenser encore plus, la santé budgétaire devient une source d’inquiétude, comme c’est le cas aux États-Unis en particulier. Bref, ces facteurs ont exercé une pression à la hausse et à la baisse sur les taux obligataires, et ceux-ci ont été relativement stables depuis le début de l’année. Toutefois, ils ont commencé à remonter un peu, dernièrement, non seulement aux États-Unis, mais aussi ailleurs dans le monde. Nos modèles indiquent que les investisseurs peuvent obtenir de meilleurs rendements dans ce contexte.
Fait important, nos modèles indiquent aussi que la hausse des taux obligataires la plus récente est attribuable aux taux d’intérêt réels, et non aux inquiétudes liées à l’inflation. Donc, les obligations d’État offrent un rendement en revenu après inflation plus élevé aux investisseurs en titres à revenu fixe. Nous pensons que les conditions sont favorables pour les investisseurs en ce moment.
Nous sommes assez optimistes à l’égard des obligations d’État, actuellement. Nous pensons que le rendement pourra atteindre environ 5 %. Qui plus est, le risque de valorisation est assez faible – à moins que l’inflation se mette à grimper tout d’un coup, ce qui n’est pas ce que nous prévoyons. Nous pensons que l’inflation pourrait augmenter légèrement à court terme, mais qu’elle redescendra en 2026.
Bref, alors que le taux des obligations américaines à 10 ans est de 4,2 %, nous pensons que le risque de baisse est très faible et que les investisseurs pourraient même obtenir des rendements plus élevés, si l’économie devait s’essouffler.
Quelles sont vos perspectives pour les actions ?
Eric Savoie
Les marchés boursiers ont connu une année plutôt excellente, jusqu’à maintenant. Il y a eu des ventes massives plus tôt dans l’année, alors que les investisseurs étaient assez préoccupés par les menaces de droits de douane. Presque tous les principaux marchés du monde se sont fortement repliés. Mais les choses se sont calmées ensuite, au chapitre des droits de douane. L’avenir est un peu plus clair, et les investisseurs sont plus à l’aise par rapport à ce qu’il pourrait nous réserver.
Les nouvelles sur les droits de douane ne déstabilisent plus le marché comme avant. Et les principaux marchés boursiers un peu partout dans le monde ont inscrit des gains énormes. Par exemple, le S&P 500 a gagné un peu plus de 30 % par rapport à son creux, atteignant ainsi un sommet historique. Partout dans le monde, les marchés atteignent ou frôlent des sommets records.
Au départ, ce sont les actions de sociétés technologiques à grande capitalisation des États-Unis qui ont mené le bal. Puis, la reprise est devenue plus généralisée, et on a vu les cours augmenter partout dans le monde : en Europe, au Canada, dans les marchés émergents, et aussi au Japon. Alors, que nous réserve l’avenir ? À notre avis, le marché boursier poursuivra sur cette lancée tant que les investisseurs demeureront optimistes et tant que l’économie continuera de croître, ce qui permettra aux bénéfices des sociétés d’augmenter.
Toutefois, certains segments du marché ont atteint des valorisations assez exagérées. C’est le cas en particulier des actions américaines. Pas toutes, mais une petite partie d’entre elles. Ce risque de concentration nous préoccupe un peu. Par exemple, seulement dix actions représentent 40 % de la pondération du S&P 500.
Ce sont des sociétés très prospères. Elles génèrent beaucoup de profits. Mais on se fie tellement à ce que ces actions continuent à bien se comporter que, si elles devaient trébucher pour une raison ou une autre, elles risquent d’entraîner l’indice au complet dans leur chute. Donc, en dehors de ce groupe, les actions américaines ne sont pas si chères que ça. Les valorisations sont plus raisonnables dans la version équipondérée de l’indice.
Les actions de sociétés américaines à petite capitalisation ont elles aussi des cours plus raisonnables. Et si on sort complètement des États-Unis, par exemple dans les marchés émergents ou en Europe, les valorisations sont assez intéressantes. Bref, si on examine le marché mondial dans son ensemble, on constate que seule une poignée de titres sont surévalués.
e façon plus générale, le marché mondial d’actions semble être plus raisonnablement valorisé. Alors, même si les valorisations sont importantes, le facteur le plus important à long terme, c’est la durabilité de la croissance des bénéfices. Et les bénéfices ont été très élevés depuis le début de l’année. Ceux des sociétés du S&P 500 ont augmenté de 13 % d’une année sur l’autre, au deuxième trimestre.
C’est beaucoup mieux que ce qu’on prévoyait, c’est-à-dire environ 6 %. Les bénéfices continuent de dépasser les attentes. L’incidence des droits de douane a l’air assez minime. Les entreprises ont peut-être trouvé des moyens d’atténuer les répercussions ou de les contourner, ou bien elles se sont adaptées à ces nouvelles conditions, en quelque sorte. Et je trouve que les sociétés américaines ont une capacité impressionnante à continuer de faire croître leurs bénéfices en dépit des obstacles importants sur le plan macroéconomique.
D’une part, les perspectives de bénéfices nous semblent très encourageantes. Toutefois, si l’on tient compte de tous les facteurs, une grande part de cet optimisme est déjà pris en compte dans les valorisations, surtout au sein du S&P 500. Si on veut que le S&P continue à enregistrer d’excellents rendements, il faut que deux choses se produisent.
Il faut que l’optimisme persiste, et il faut que la forte hausse des bénéfices se poursuive. Le cas échéant, le marché boursier pourra continuer à progresser. Une mise en garde s’impose, toutefois : le rapport risque/rendement n’est pas aussi intéressant aux États-Unis que dans les autres régions. À notre avis, le scénario de base probable est que les rendements du S&P 500 tourneront autour de 5 %.
Mais ailleurs dans le monde, on peut s’attendre à des rendements supérieurs à 5 %, de l’ordre de 8 % ou 9 %, en Europe ou dans les marchés émergents, par exemple.
Quelle est la répartition de l’actif recommandée par RBC GMA dans le contexte actuel ?
Quand nous réfléchissons à la répartition de l’actif, nous tenons compte d’un large éventail de résultats possibles pour l’économie et les marchés financiers. Nous savons que les choses pourraient aller mieux que prévu, ou pire que prévu. Donc, nous essayons en quelque sorte de trouver un équilibre entre toutes ces possibilités.
Selon notre scénario de base, l’économie devrait poursuivre sa croissance à un rythme modéré au cours de l’année à venir. Nous pensons que l’inflation pourrait augmenter un peu à court terme, mais qu’elle redescendra en 2026. Nous pensons donc que ces conditions permettront aux banques centrales d’assouplir leur politique monétaire en réduisant les taux d’intérêt au cours des prochains mois ou trimestres.
Cela devrait donner un coup de pouce non seulement aux titres à revenu fixe, mais aussi aux actions. Du côté des titres à revenu fixe, on peut s’attendre à des rendements d’environ 5 % au cours de l’année à venir. Et nous pensons que les actions peuvent faire un peu mieux : nous prévoyons des rendements de 5 % à 9 % pour la plupart des grands marchés boursiers durant la même période.
Fait important, nous sommes un peu plus préoccupés par la hausse des valorisations des actions, surtout sur le marché américain. C’est pourquoi nous nous attendons à ce que le potentiel de rendement soit plus élevé en dehors de l’Amérique du Nord, en particulier en Europe, en Asie et dans les marchés émergents. Au cours du dernier trimestre, nous avons donc décidé d’ajouter un point de pourcentage à la part des actions, ce qui a légèrement accru leur surpondération.
Nous avons puisé ce 1 % dans les titres à revenu fixe, qui ont une légère sous-pondération. Alors, nous avons actuellement une part de 62 % d’actions. La pondération neutre pour un portefeuille mondial équilibré est de 60 %. Et nous avons 37 % de titres à revenu fixe, contre une pondération neutre de 38 %. Nous avons une légère prédilection pour les actions, en ce moment, ce qui est une bonne répartition de l’actif, selon nous, compte tenu des risques et des occasions.