Une dose de soulagement sur le plan macroéconomique
Les craintes de récession se sont estompées, mais quelques questions restent sans réponse. Écoutez notre économiste en chef, qui passe au crible les dernières données économiques et y trouve des signes rassurants. Les sujets abordés sont les suivants :
Notre dernière feuille de pointage mondiale, qui met en lumière les bonnes et les mauvaises nouvelles touchant les économies du monde entier
L’élection aux États-Unis : répercussions potentielles de la plateforme économique de Kamala Harris et des tarifs douaniers proposés par Donald Trump
Récapitulation des dernières nouvelles et données économiques aux États-Unis et au Canada
Évolution de l’inflation et des taux d’intérêt dans le monde entier
Tous ces sujets et plus encore sont abordés dans la webémission de septembre.
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Transcription
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Bonjour et bienvenue à notre nouvelle webdiffusion économique mensuelle de septembre. Je m'appelle Eric Lascelles et je suis l'économiste en chef de RBC Gestion mondiale d'actifs. Je suis très heureux de partager avec vous nos dernières réflexions macroéconomiques. Le titre de cette présentation est Une mesure de l'allègement macroéconomique. Souvenez-vous qu’il y a environ un mois, on s'inquiétait beaucoup de l'économie et de la possibilité que nous tombions soudainement en récession brutale.
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Cette crainte s'est nettement atténuée au cours du mois dernier. Il reste des questions à résoudre. Des risques subsistent, c'est certain, mais les données économiques se maintiennent un peu mieux, ce qui constitue un certain soulagement. Entrons dans le vif du sujet, comme à l’habitude.
Le bilan. Commençons par le bilan. Nous parlerons des bonnes et des mauvaises nouvelles, ainsi que des aspects que l’on pourrait qualifier d’intéressants.
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Cela nous fera un bon cadre pour le reste de la présentation. Pour ce qui est des aspects positifs, commençons par l'élément le plus important, celui qui a été si profondément perturbé il y a quelques années, à savoir l'inflation. L'inflation était anormalement élevée, et elle ne l’est tout simplement plus aujourd’hui.
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Elle continue de baisser. Elle est donc sur la bonne trajectoire. Sans être tout à fait de retour à la normale, elle n’est plus anormalement élevée. C'est donc une bonne chose. Cela a permis aux banques centrales de commencer à agir. Les États-Unis ont été l'un des pays les plus lents à le faire.
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En fait, techniquement, au moment où j'écris ces lignes, à l'extrême fin du mois d'août, la Fed (la Réserve fédérale américaine) n'a pas encore réduit ses taux d'intérêt. Beaucoup d'autres banques centrales l'ont fait, mais pas elle. Dans le contexte de l'inflation et d'autres facteurs, il semble qu'elle se sente enfin prête à entamer le processus de réduction des taux en septembre. Notre hypothèse serait une réduction de vingt-cinq points de base, selon ce qui a transpiré du sommet de Jackson Hole, où des banquiers centraux très intelligents se sont exprimés, de même que selon quelques autres sources.
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Il convient de reconnaître, comme je l’ai dit, que les réductions de taux vont bon train ailleurs, en particulier dans le monde développé. Pour dire vrai, elles gagnent en force. À titre d'exemple, la banque centrale suédoise vient de réduire ses taux pour la deuxième fois. Au Canada, il semble qu'une troisième baisse de taux aura lieu au tout début du mois de septembre. Et la liste est encore longue.
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Et nous voyons cette dynamique se renforcer. L'économie mondiale continue de croître. J’ai l’impression de me répéter tous les mois, mais c’est le cas depuis un certain temps. Normalement, il s'agirait d'une affirmation qui va de soi, mais je le mentionne parce que les inquiétudes ont été nombreuses quant au risque de récession et que nous avons connu de réelles préoccupations à cet égard.
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Mais elles ne se sont toujours pas concrétisées. L'économie est toujours en vie et, conformément au titre de cette présentation, l'économie américaine s'est un peu mieux comportée récemment. Les données économiques au cours des trois ou quatre dernières semaines sont meilleures, ce qui a calmé les esprits et rendu les gens un peu moins inquiets.
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Nos prévisions économiques de base restent donc à peu près inchangées. Nous tablons toujours sur un atterrissage en douceur, c'est-à-dire une économie qui pourrait évoluer un peu moins rapidement, mais qui éviterait finalement la récession. Nous pensons que c'est toujours le scénario le plus probable.
Du côté des aspects négatifs, la liste est plus courte. C’est peut-être significatif, mais je n'en suis pas sûr.
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Les points négatifs sont bien réels. On observe toujours que les taux d'intérêt demeurent élevés. Ils ont à peine commencé à baisser dans la partie courte de la courbe des banques centrales. Ils ont baissé de manière significative plus loin sur la courbe de rendement, mais demeurent élevés par rapport aux normes des quinze dernières années environ.
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Cela constitue un frein économique. C'est toujours douloureux. Cela ralentit la croissance plutôt que de l’accélérer.
Le marché du travail américain mérite une attention particulière. J’en parlerai davantage plus tard dans cette présentation. Je parlerai du marché du travail sous plusieurs angles, mais mentionnons qu’il s'est considérablement affaibli.
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C'est là que se situent, à mon avis, certaines des plus grandes préoccupations économiques. Continuons donc à surveiller cela et nous en reparlerons dans un instant.
Sur le plan géopolitique, les risques demeurent élevés, et ce, depuis des années. C’est vrai depuis toujours, mais ils le sont peut-être davantage depuis quelques années, notamment depuis l'automne dernier. Ils ont augmenté au cours du mois dernier, suite au conflit au Moyen-Orient et à celui entre l'Ukraine et la Russie. Nous avons vu l'Ukraine poursuivre une stratégie d'invasion du sol russe, ce qui nous fait nous demander comment réagira la Russie.
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Les risques géopolitiques sont donc plus élevés que la normale. Et pour nous, cela se traduit au niveau du prix du pétrole. Si ces conflits devaient s'intensifier ou se détériorer davantage, le prix du pétrole pourrait augmenter. Cela aurait des conséquences sur l'inflation. Ce serait mauvais pour la croissance mondiale. Mais disons-le, cela ne s'est toujours pas produit.
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En fait, je dirais que le prix du pétrole s'est remarquablement bien comporté à travers tous les événements qui se sont produits ces dernières années. Je ne m'attends pas à une flambée du prix du pétrole, mais le risque est bien réel.
En ce qui concerne le Canada, et j'en parlerai un peu plus tard, l'économie canadienne s'est affaiblie, un peu plus que beaucoup d'autres.
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Il y a une nette décélération en cours et le taux de chômage au Canada est plus élevé que dans beaucoup d'autres pays. À défaut de l’avoir évité, on a mis fin à un arrêt de travail dans le secteur ferroviaire, lequel aurait pu être très coûteux pour l’économie.
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Mais l'économie canadienne demeure en difficulté. Sans l'extraordinaire croissance démographique qui a cours en ce moment — et qui est une arme à double tranchant, il faut bien le dire —l'économie canadienne ne serait probablement pas en train de croître.
Pour ce qui est des aspects qualifiés d’intéressants, les élections américaines arrivent à grands pas.
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Difficile d’y croire, mais nous sommes à un peu plus de deux mois de l'élection présidentielle américaine et des élections législatives du 5 novembre. Je parlerai un peu plus tard des tarifs douaniers et du risque tarifaire de Trump dont il a beaucoup parlé et de ce que cela pourrait signifier.
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Soulignons que nous en savons un peu plus sur la plateforme économique de Kamala Harris, la candidate du Parti démocrate. On peut donc se pencher un peu plus sérieusement sur ce qu'elle propose. Pour faire court, on peut dire qu'elle propose des mesures fort semblables à ce que son prédécesseur et l’actuel président Biden avait proposé, mais avec quelques différences.
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Entre autres choses, en vue d’aider les familles, elle propose d'augmenter le crédit d'impôt pour enfants, de même que réduire les impôts pour les familles à faibles et moyens revenus. L'accent est mis sur les inégalités. Elle propose aussi de s'attaquer aux prix abusifs dans les magasins d'alimentation.
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Une telle mesure devrait capter l'attention et pourrait bien faire face à des oppositions. Elle s’engage dans le même processus de plafonnement des prix pour certains médicaments et se concentre également sur le logement. Dans cette optique d’aide au logement, on peut douter du bien-fondé d’orienter l’argent vers les acheteurs de maisons, ce qui, comme nous le savons tous, ne fait qu'augmenter les prix des maisons au lieu de les rendre plus abordables.
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Mais elle parle aussi de la construction de trois millions de logements supplémentaires. En s’adressant ainsi à la question de l'offre, cela pourrait être utile, une politique économique intéressante. Nous avons donc une meilleure idée de la situation. Nous sommes mieux à même de comparer et d'opposer les politiques telles qu'elles se présentent actuellement.
Voilà pour la table des matières.
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À moyen terme, les défis budgétaires demeurent importants. Nous en avons parlé le mois dernier, les déficits et les dettes publiques devront être abordés, ce qui n’est toujours pas le cas pour l’instant.
Nous avons publié notre carte de pointage du cycle économique aux États-Unis. Il s'agit d'une mise à jour trimestrielle. Elle indique toujours que les États-Unis sont en milieu ou en fin de cycle, lequel a peut-être encore quelques années devant lui, mais pas beaucoup.
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Bon, le programme est chargé, alors entrons dans le vif du sujet.
La course à la présidence des États-Unis a connu plusieurs soubresauts et elle est à nouveau très serrée. Commençons par la politique et l’état des lieux. Le bleu représente les Démocrates, donc Kamala Harris, suite au retrait de Biden. Le rouge représente Trump. Quel parcours fascinant depuis la fin juin et le mois de juillet qui ont été particulièrement mouvementés.
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Une piètre performance du candidat démocrate au débat, l'actuel président Joe Biden. Une troublante tentative d'assassinat contre Donald Trump. Après ces deux événements, la popularité de Trump avait grimpé en flèche, tout comme ses chances de l'emporter. À un moment donné, on lui donnait deux chances sur trois de remporter l'élection.
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À ce moment-là, la ligne rouge atteignait son maximum. Depuis, elle s'est vraiment estompée.
Comme on le sait, Biden s'est retiré et Harris l'a remplacé. Elle a bénéficié d'une lune de miel qui ne s'est toujours pas démentie. Arrive la convention nationale du Parti démocrate, et la ligne bleue de Harris dépasse maintenant la ligne rouge.
À ce stade, les marchés croient que les Démocrates ont un peu plus de chances de l’emporter à la Maison Blanche que les Républicains.
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Mais les sources de données sont variées. Celle-ci provient de PredictIt. Certains modèles affirment que la course est plus serrée, d’autres, que l'écart est un peu plus grand. Donc, rien n’est complètement faux pour l’instant. Ce qu'il faut en retenir, c'est que la course demeure serrée. Mais à ce stade, il est légèrement plus probable que les Démocrates remportent la présidence.
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Il faut en tenir compte.
Aperçu du programme électoral américain. Voici l'aperçu du programme électoral, pour lequel j'ai déjà vendu la mèche. Il s’agit de la toile de fond, mais j’attire votre attention au bas de l'écran sur quelques données supplémentaires.
En résumé, chez Harris, parlons d’une fiscalité en expansion au moyen de dépenses. Chez Trump, d’une fiscalité également en expansion mais par le biais de réductions d'impôts.
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On peut se perdre dans les détails et parler des crédits d'impôt sur les revenus du travail, des droits de douane et autres mesures — et nous avons certes considéré toutes ces questions — mais parfois, le meilleur indicateur de ce qu'un candidat peut signifier pour l'économie est simplement de savoir s'il a l'intention d'injecter beaucoup d'argent dans l'économie ou non.
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On peut injecter de l'argent en dépensant. On peut injecter de l'argent en réduisant les impôts. Et les deux ne sont pas identiques d'un point de vue économique. Mais la grande question pour les économistes est de savoir s'ils vont injecter encore plus d'argent. Les États-Unis ont déjà un déficit monstre. On espère qu'il ne s'agira pas de beaucoup plus d'argent.
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Pour l’instant, il semble que ni l’un ni l’autre des candidats ne veuille insister sur la nécessité d'équilibrer les budgets ou de réduire le déficit. On a l'impression que chacun déploiera autant d'argent qu'il pourra en extraire du Trésor, en fonction de ce que le Congrès l'autorisera à faire et du mandat que lui donneront les électeurs.
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À cet égard, la similitude est importante. Dans les deux cas, on ne parle pas d'austérité fiscale agressive qui pèserait sur l'économie. Pour dire vrai, le caractère stimulant ou restrictif de l’un ou l’autre de ces candidats pourrait ne relever que du Congrès, selon qu’il soit uni ou divisé derrière le président.
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Pour l'instant, on peut s'attendre à ce que le Congrès soit divisé, ce qui pourrait limiter les élans d’enthousiasme et signifier que plusieurs des points mentionnés ici pourraient ne pas se produire du tout. Voilà commence fonctionne ce système. Beaucoup de mesures tombent à l'eau. Les choses seraient différentes s’il devait y avoir un balayage, si Harris gagne et que le Sénat et la Chambre deviennent démocrates, ou si Trump gagne et que le Sénat et la Chambre passent aux Républicains.
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On pourrait alors parler de mesures plus consistantes et peut-être de plus de relance économique, au moins à court terme. À l'heure actuelle, on s'attend à ce que le Congrès soit divisé. Mais si l'un des candidats bénéficie d'une vague de soutien au cours des deux prochains mois, il n'est pas inconcevable qu’il y ait un effet d’entrainement et que le Congrès s'unisse autour d’elle ou de lui.
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Cette possibilité existe. Si l’on s’attarde à la nature exacte des politiques, passons en revue, de manière quelque peu approximative, certains de ces éléments au bas de la page.
Harris, la plus écologique des deux candidats, est probablement la moins favorable aux entreprises. Elle parle d'augmenter l'impôt sur les sociétés et de plafonner les prix, comme je l'ai dit plus tôt. En théorie, elle avait fait campagne à la gauche de Biden lorsqu'elle était en lice pour l'investiture démocrate il y a quatre ou cinq ans.
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Depuis, elle semble s'être rapprochée du centre. Elle semble approuver les opinions de Biden et faire preuve d'un certain pragmatisme. On ne peut la considérer comme plus à gauche de Biden. Comme je l'ai dit, les dépenses relatives au crédit d'impôt pour les enfants, au crédit sur le revenu gagné et au logement seraient quelques-unes des mesures qu'elle cherchera à mettre en œuvre si elle est élue.
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Du côté de Trump, on se montre également expansif sur le plan fiscal. On serait tenté de croire que Trump représenterait un atout économique à court terme avec des réductions d'impôts et des déréglementations, qui stimulent le marché boursier et aident à faire redémarrer les entreprises. À moyen terme, cependant, la mise en place de tarifs douaniers pourraient représenter un frein économique. Les tarifs douaniers, soit dit en passant, n'ont pas à être approuvés par le Congrès.
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Le président a le pouvoir de les appliquer dans les limites du raisonnable. Il s’agit donc d’un frein, comme je le dirai dans un instant. Il parle également de réduire l'immigration. En théorie, il s’agit aussi d’un frein. Il parle de mettre fin à la loi sur la réduction de l'inflation. Nous verrons si cela se produit. Mais en théorie, cela pourrait aussi être un frein.
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Au-delà de l'économie, l'élection de Trump suscite des inquiétudes d'ordre autocratique. Difficile d’en mesurer l’impact, mais je tenais à le signaler. Le reste de la planète n'est certes guère enjoué d'une présidence Trump, ne serait-ce que parce que les droits de douane nuiront aux produits qu'ils cherchent à exporter vers les États-Unis.
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Nous y reviendrons. On peut aussi évoquer une incertitude géopolitique supplémentaire dans la mesure où Trump se veut plus isolationniste que Harris. Le marché boursier pourrait bien aimer Trump, dans la mesure où il aime les réductions d'impôts sur les sociétés et la déréglementation. Des rendements plus élevés sont probables sous Trump si l'économie devait être relancée à court terme.
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Il arrive qu’on assiste à ce genre d’effet lorsque des droits de douane sont mis en place et ajoutent un peu à l'inflation. Cela pourrait être positif pour le dollar.
Mais il n'est pas certain que ce soit le cas. Il y a donc là un grand point d'interrogation. Voilà donc quelques-unes de nos réflexions à ce sujet.
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Avec un peu de recul, disons simplement qu'il s'agit d'une élection importante. Elles le sont toutes, mais le clivage économique/politique est assez important en ce moment. De plus, la course est serrée. Nous ne savons pas comment cela va se passer. Nous arrivons à un carrefour, et nous n'avons pas une idée précise de la voie qui sera empruntée.
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La plupart du temps, les marchés se comportent plutôt bien lorsqu'il y a des élections. Ils réagissent moins que ce que l'on pourrait penser, ou leur réaction est de courte durée. Les investisseurs sont conscients qu'il s'agit d'un jeu à long terme et que les présidents ont des mandats de quatre ans. Les présidents suivants n’auront qu’à réparer les pots cassés.
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Gardez cela à l'esprit. Je ne pense pas que cela doive être un thème important en regard de l'investissement, mais c'est une chose à laquelle il faut penser. Très bien.
Parlons un peu plus de l'aspect tarifaire. Si Trump est élu, il semble qu'il imposera des droits de douane. On peut débattre de leur ampleur, mais il semble bien qu'il y en aura.
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Les simulations économiques nous aident à quantifier les dommages causés par les droits de douane. Ils sont importants mais pas massifs. Voici notre grand modèle économétrique sophistiqué. Nous pouvons le secouer un peu en y appliquant les droits de douane, et voici ce qu'il indique.
Il n'est pas parfait et je doute qu'il fonctionne tout à fait comme cela, mais pour vous donner une idée, si les droits de douane de Trump sont appliqués dans leur intégralité, c'est-à-dire 10 % pour le reste du monde et 60 % pour la Chine, la première colonne montre que tout le monde est touché et qu'il n'y a pas beaucoup de gagnants.
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Pour une entreprise qui vient de perdre un concurrent étranger, c’est une bonne nouvelle. Mais au niveau de l'ensemble de l'économie, bien sûr, le consommateur américain n'est pas content de la perte de choix, du prix supplémentaire à payer ou d'un produit rendu non disponible.
Notre modélisation suggère donc que les droits de douane intégraux ont un effet négatif important sur les États-Unis et la Chine, et plus encore sur le Canada et le Mexique.
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Ces derniers sont tellement liés aux États-Unis que l'imposition de droits de douane leur serait très préjudiciable. En fin de compte, l'économie mondiale pourrait croître moins vite de 1,1 point de pourcentage au cours des deux années suivantes. Pour mettre cela en perspective, si l’on ne peut parler d’une récession, il s'agirait d'un coup important, mais pas d'un impact suffisant pour provoquer une véritable récession qui s'étalerait sur deux ans.
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L'application de droits de douane complets se traduit par une hausse de l'inflation aux États-Unis. En imposant une taxe sur tous les produits importés, on paie forcément plus cher. D'autres pays se retrouvent avec des prix plus bas, probablement parce que leurs économies sont déjà plus faibles.
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Et c'est la force dominante pour eux. Je précise que si Trump est élu, il est probable que les droits de douane ne seront pas aussi élevés qu'on l'a dit. Dans le cas d'un scénario de droits de douane partiels, comme vous pouvez le deviner, tout est en quelque sorte réduit. Les dégâts sont moindres. Beaucoup de pays perdent 0,2 %, ou 0,3 % de croissance économique sur quelques années.
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On souhaiterait ne pas perdre cette croissance s’il est possible de l'éviter, mais la situation est gérable. Les marchés ne seraient pas trop désemparés. Des tarifs moindres seraient donc préférables.
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Les plus gros joueurs seront affectés mais peut-être pas au point de provoquer une véritable récession. C'est ainsi que nous envisageons les choses pour l'instant.
Qui est le plus susceptible d'être visé par des mesures protectionnistes ? Bien sûr, la Chine est le pays qui retient le plus l'attention. C'est logique si l'on considère le déficit commercial des États-Unis. Alors, à qui la faute ?
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Je ne pense pas qu'il faille penser en termes de fautes. Un pays choisit de dépenser plus qu'il ne gagne et l'autre, de gagner plus qu'il ne dépense. Il faut être deux pour danser le tango. Mais quoiqu’il en soit, la Chine est, dit-on, responsable de près d'un tiers du déficit américain.
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Le Mexique est responsable d'environ un cinquième. L'Allemagne, d’un dixième, ou quelque chose comme ça. Et la part de tous les autres est plus petite, à des degrés divers. Le Canada est assez petit. Un vingtième du déficit américain est dû au fait que le Canada enregistre un léger excédent commercial avec eux. Logiquement, on pourrait donc penser que la Chine, le Mexique, l'Europe et le Japon font l'objet de beaucoup d'attention, mais que la Chine est de loin le plus gros contributeur.
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Qui serait le plus touché par des mesures protectionnistes générales ? Cela nous amène à nous demander qui dépend vraiment de l'économie américaine pour faire tourner la sienne. Quelle part de l'économie de votre pays exporte spécifiquement vers les États-Unis ? Personne n’atteint le niveau de 50 %. Parlons du Mexique et du Viêt Nam. Le Viêt Nam est un cas intéressant.
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Il n’est pas voisin des États-Unis mais son économie y est très orientée. 26 ou 27 % de son économie dépendent de la demande américaine, essentiellement. C'est très important. Le Canada n'est pas en reste, avec 19,7 %. Taïwan est également important, ainsi qu'un certain nombre de pays asiatiques.
Ce qui est assez fascinant, à ma grande surprise — mais je pense que les chiffres concordent, et nous avons fait une double vérification à cet égard — c'est de voir la Chine vers le bas.
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Pour la Chine, qui est la cible des droits de douane américains, 2,4 % de son économie dépend des Américains qui achètent ses produits. Cela tient à deux choses. La première est que, comme beaucoup de grandes économies, la Chine est orientée vers le marché intérieur. Certes, elle fait du commerce, mais la majeure partie de son économie est faite de l’achat de ses propres produits.
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Cela réduit l'ampleur du phénomène. Par ailleurs, la Chine commerce avec beaucoup d'autres pays, d'autres nations asiatiques et d'autres partenaires. Les États-Unis sont un partenaire commercial très important, mais pas le seul, contrairement à la relation dominante avec le Mexique et le Canada.
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C'est assez fascinant. Il est certain que si les droits de douane sont mis en vigueur, on s'inquiète de la Chine, bien sûr, mais celle-ci n'est pas aussi liée aux États-Unis qu’on le croyait. Il faut en être conscient.
En pratique, la Chine est la principale cible des droits de douane. Ceci pour confirmer que la Chine est peut-être la principale cible des tarifs douaniers, depuis la fin des années 2010 et, en réalité, depuis la première présidence de Trump et certaines des premières augmentations tarifaires mises en place.
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La ligne dorée représente les droits de douane imposés par la Chine sur les exportations américaines. Vous pouvez voir que la ligne dorée était au-dessus de la ligne bleue avant cela, en 2018. Ainsi, les États-Unis n'avaient pas tort de se plaindre de la Chine dans le contexte d’un accès commercial préférentiel. Nous avons donc vu la ligne bleue commencer à augmenter.
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Le problème, c'est que la Chine a ensuite réagi et que la ligne dorée a également augmenté. Et nous sommes toujours dans une position où la ligne dorée est un peu plus haute que la ligne bleue. Ce qui est dommage, c'est que les droits de douane, maintenant d’un peu moins de 20 %, sont quatre ou cinq fois plus importants qu'ils ne l'étaient en 2018.
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Les États-Unis n'ont donc pas encore totalement uniformisé le terrain de jeu. Malheureusement, il pourrait bien s'agir d’une petite guéguerre en termes d'augmentation des droits de douane sur la Chine et de réciprocité de la part celle-ci.
Très bien, laissons de côté les droits de douane, et ce n’est pas trop tôt. Parlons un peu de l'inflation. Une simple mise à jour, en fait.
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L'inflation mondiale est sortie de la zone de danger extrême et continue de baisser. L'inflation mondiale était très élevée. Elle l’est encore trop, mais elle continue de baisser.
Nous avons eu un moment d'inquiétude au printemps dernier. L'été a été bien meilleur. Il semble tout à fait plausible que l'inflation continue à se stabiliser progressivement. Les craintes se sont donc estompées, ce qui a permis aux banques centrales de réduire leurs taux d'intérêt.
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C'est donc très important.
L'économie américaine n'est plus en surchauffe. L'une des considérations, parmi d’autres, est de savoir si les économies sont en surchauffe. En tête de liste, l’économie des États-Unis. Il existe cinq façons d'estimer l'écart de production. Essentiellement, lorsque l'écart de production est supérieur à zéro, l'économie américaine est en surchauffe.
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Lorsqu'il est inférieur à zéro, l'économie peut être en sous-régime ou en dessous de son potentiel. Il y a différentes façons de l'évaluer. Ce n'est pas une variable directement observable. Nous avons connu une certaine surchauffe il y a quelques années. Ce n'était pas très grave. Encore une fois, je ne dirais pas que le choc inflationniste était entièrement dû à la surchauffe, mais cela l’explique en partie.
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Et sur ces cinq mesures, aujourd'hui quatre d'entre elles sont en baisse; une seule est en dessous de zéro. Une seule mesure indique que l'économie américaine n’est pas en surchauffe, mais les quatre autres sont en baisse. Je pense qu'au cours du prochain ou des deux prochains trimestres, nous pouvons raisonnablement nous attendre à ce que quelques autres lignes passent en dessous de zéro.
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On peut donc dire que cette situation a contribué à l'inflation parce que l'économie était très dynamique. Lorsque l'économie cesse d'être surchauffe, il est logique que l'inflation cesse de l’être. Nous constatons donc que la situation évolue progressivement dans la bonne direction. Et cela contribue au refroidissement de l'inflation.
Les données quotidiennes de PriceStats sur l'inflation suggèrent un rythme modéré. Ces données ne sont réellement utiles que pour les deux semaines qui suivent, mais nous aimons bien les consulter.
00:21:18:02 - 00:21:49:01
Il s'agit ici de mesures de l'inflation en temps réel pour les États-Unis et le Canada. La ligne bleue représente le temps réel. Elle nous donne un aperçu de ce que pourrait être la prochaine grande ligne dorée. Il s'agit des chiffres officiels de l'inflation mensuelle.
Il semble que les données du mois d'août et au-delà sont à l’effet que l'inflation reste maîtrisée en termes de variation mensuelle en pourcentage. Elle pourrait même avoir ralenti un peu de juillet à août comme on le verra lorsque les données du mois d'août seront publiées dans les semaines à venir.
00:21:49:01 - 00:22:06:09
Il semble donc que l'on s'achemine vers un taux d'inflation modéré. Prenons cela en compte.
L'inflation canadienne s'est beaucoup améliorée, mais le problème du logement reste entier. L'inflation canadienne, hors les coûts de logement, est représentée par la ligne bleue. Elle est excellente. Elle est déjà inférieure à 2 %. Elle est là depuis un certain temps. Elle demeure stable.
00:22:06:12 - 00:22:29:21
Tout semble aller pour le mieux. Nous ne sommes plus dans un monde où on voit des hausses de prix rapides partout, ce qui était le problème il y a quelques années. Le problème restant et la raison pour laquelle l'inflation canadienne n'est pas de 2,0 %, ou même de 1,5 %, comme on l'on observe dans le reste du panier, sont les frais de logement. La ligne dorée en pointillés est encore assez élevée, même si elle commence à baisser, ce qui est nécessaire et utile.
00:22:29:21 - 00:22:45:17
Dans les coûts de logement, les prix de l’immobilier se sont refroidis. Ce n'est pas le problème. Les paiements d'intérêts hypothécaires augmentent rapidement et sont coûteux. Malheureusement, ils vont continuer à augmenter rapidement, car les gens vont renouveler leurs hypothèques à la hausse au cours des prochaines années. Le taux d'augmentation ralentit, mais il restera une source d'inflation.
00:22:45:20 - 00:23:03:18
La situation a l’avantage d’être claire. Il s'agit d'un simple exercice mathématique, et cette source d'inflation n'empêcherait pas la Banque du Canada de réduire ses taux avec pour effet de réduire les paiements d'intérêts hypothécaires. Ce serait le seul cas où les baisses de taux réduisent la source d'inflation au lieu de l'augmenter. Mais ce n’est certes pas agréable pour ceux qui en font l'expérience.
00:23:03:18 - 00:23:24:21
Ce n'est pas une raison pour laquelle les banques centrales ne peuvent pas baisser les taux. Le problème n’est pas là mais bien au niveau des loyers. L'inflation des loyers est très élevée. Elle a commencé à se calmer un peu, très légèrement. Nous avons donc bon espoir, et nos modèles suggèrent que ce processus peut probablement se poursuivre. Les locataires n'en ont pas l'impression pour l’instant.
00:23:24:21 - 00:23:44:07
Mais la location reste beaucoup moins chère que l'achat d'une maison et le paiement d'un prêt hypothécaire. Il y a donc encore un écart entre le coût du loyer qui est attiré vers le haut avant de s’aligner au coût de la possession de la même propriété. C'est donc un élément à prendre en compte. Évidemment, la croissance démographique a été très rapide. Cela reste donc une pression à la hausse.
00:23:44:07 - 00:23:59:12
Malgré tout, notre modélisation suggère que l'inflation des loyers pourrait commencer à se calmer après avoir atteint un niveau très élevé. Elle a peut-être même déjà commencé à le faire, mais elle demeure en surchauffe. Il s’agit de la plus grande source d'incertitude dans les perspectives d'inflation au Canada.
00:23:59:13 - 00:24:21:04
L'inflation s'améliore un peu, mais cette composante-là devrait persister encore un certain temps.
L'ère des baisses de taux dans les pays développés prend de l'ampleur. Cela nous amène aux banques centrales. Nous sommes à faire le compte de qui a fait quoi. Qui a commencé à baisser ses taux et qui l'a déjà fait plus d’une fois ? Ainsi, la Suisse a procédé à la première réduction des pays développés en mars, puis la Suède en mai, le Canada et la Banque centrale européenne en juin.
00:24:21:06 - 00:24:37:06
Le Royaume-Uni s'est joint à la fête au début du mois d'août. Nous avons fait le tour et nous revenons au sommet, alors que la Suède vient de couper une deuxième fois. Le Canada a coupé une deuxième fois au moment où j'écris ces lignes et il est très proche de couper une nouvelle fois la semaine prochaine.
00:24:37:06 - 00:24:56:04
Il devrait donc y avoir trois baisses de taux avant la fin du mois de septembre. La zone euro semble vouloir réduire ses taux une deuxième fois en septembre. Il y a une dynamique qui s’installe. Et il ne s'agit pas de baisses isolées. L'expérience a réussi. L'inflation a continué à baisser. Les baisses de taux peuvent se poursuivre. Et comme je l'ai déjà dit, les États-Unis devraient réduire les leurs en septembre.
00:24:56:04 - 00:25:11:20
Le marché hésite entre une baisse standard de vingt-cinq points de base et une baisse plus importante. À moins que les choses ne tournent mal dans les prochaines semaines, nous pensons qu'il s'agira d'une réduction de vingt-cinq points de base. Et il semble que la plupart des banques centrales puissent continuer à réduire leurs taux jusqu'à la fin de l'année.
00:25:11:23 - 00:25:36:12
Il est plausible de penser que nombre d'entre elles réduiront leurs taux à la plupart des occasions. Les taux peuvent baisser un peu plus rapidement qu'on ne le pensait au début de l'été. Nous pensons qu’en 2025, en supposant que tout cela continue à se dérouler économiquement comme nous le pensons, il y aura de la place pour encore un nouvel assouplissement et que nous pourrons commencer à rapprocher les taux directeurs des niveaux neutres à la fin de l’année.
00:25:36:12 - 00:25:51:13
Personne ne connait exactement ce chiffre, celui d’un niveau neutre, mais pour les États-Unis, il pourrait se situer juste au-dessus de 3 %. Pour d'autres, 3 % ou en dessous. Le Japon, quant à lui, présente un cas différent. Nous en reparlerons un autre jour.
00:25:51:15 - 00:26:08:13
Très bien. Parlons de l'économie en général.
Un atterrissage en douceur reste probable, mais pas garanti, car l'économie ralentit. Allons-y avec un scénario. Nous n'avons pas toutes les réponses, mais nous pensons qu'un atterrissage en douceur est sur la bonne voie. Nous lui attribuons une probabilité de 60 %. Cela vous laisse deviner les chances d'un atterrissage brutal. Nous estimons à 40 % les chances d'un atterrissage brutal ou d'une récession.
00:26:08:15 - 00:26:26:14
Le risque de récession est donc réel, mais nous pensons qu'un atterrissage en douceur est plus probable. Pourquoi pensons-nous cela ? Vous avez la liste devant vous. L'économie continue de croître. C'est important. Nous pensons que, même si la hausse persistante des taux d'intérêt se fait sentir, l'économie peut décélérer sans entrer soudainement en récession.
00:26:26:14 - 00:26:51:01
On peut passer d'une croissance de 3 % à une croissance de 1,5 % sans pour autant se rapprocher d'une récession. La croissance des pays développés, en dehors des États-Unis, se poursuit. Les gens expriment des inquiétudes concernant les États-Unis, et on ne peut nier que certaines données n'ont pas été excellentes. Mais si l'Europe et le Canada sont toujours en croissance, ce sont des endroits qui sont beaucoup plus sensibles aux taux que les États-Unis.
00:26:51:01 - 00:27:09:18
Ceux-ci devraient être les plus touchés par les taux d'intérêt élevés. Il m'est donc difficile d'imaginer logiquement pourquoi les États-Unis seraient l'économie la plus touchée par la récession, alors que l'économie continue de croître. Nous pensons avoir dépassé la période de risque maximal de récession, du moins selon les normes historiques. Historiquement, il s'écoule vingt-sept mois entre la première hausse des taux et la première récession.
00:27:09:18 - 00:27:25:04
Historiquement, cela aurait indiqué une récession en avril. Nous n'en avons pas eu. Nous avons maintenant dépassé de plusieurs mois cette période de risque maximal. L'écart entre la dernière hausse de taux, il y a un an, en juillet, et une récession a été historiquement d'environ neuf mois.
00:27:25:04 - 00:27:40:09
Si une récession devait se produire dans les délais prévus, elle aurait dû se produire il y a plusieurs mois. Notons que ce type de données est très imprécis et ne garantit pas grand-chose. Mais en théorie, cela nous indique que le risque diminue et n'augmente pas, du moins du point de vue du calendrier.
00:27:40:11 - 00:27:57:02
C'est donc une bonne chose. Les banques centrales ont commencé à réduire leurs taux, alors que ce vent contraire a disparu, ce qui est une bonne chose. Et certains signaux de récession se sont inversés. Un certain nombre d'indicateurs que nous examinons prédisaient une récession et ne la prédisent plus.
00:27:57:03 - 00:28:14:23
Nous sommes donc à l’aise avec le scénario de l'atterrissage en douceur.
Cela dit, les prévisions sont une science imprécise. Nous ne pouvons pas exclure un atterrissage brutal. Ce risque pourrait même être un peu plus élevé qu'il ne l'était il y a quelques mois, simplement parce que nous constatons une certaine faiblesse sur le marché du travail, qui s’explique par les taux d'intérêt encore élevés. Le resserrement monétaire nous frappe avec un certain retard.
00:28:14:23 - 00:28:35:13
Nous ressentons donc toujours une certaine douleur, même si elle s'atténue. Nous pouvons observer que la croissance économique ralentit. Nous constatons un certain surendettement, bien qu’il soit encore relativement contenu. Mais les taux d'impayés augmentent, notamment pour les cartes de crédit et les prêts automobiles, et plus graduellement et légèrement pour les prêts hypothécaires.
00:28:35:13 - 00:28:56:14
Mais il n'en reste pas moins que le problème existe. Certains signaux de récession sont encore intacts. Nous en avons vu un autre récemment et nous ne pouvons donc pas l'exclure complètement. Je dirais que si nous devions tomber en récession, nous pensons qu'elle serait plutôt douce, plutôt modérée et plutôt courte. Je ne voudrais donc pas en faire ici le thème dominant.
00:28:56:16 - 00:29:18:10
Néanmoins, nous pensons qu'un atterrissage en douceur est le plus probable. Soutenons cette idée.
L'activité économique mondiale ralentit un peu, mais rien d'extraordinaire. Passons à l'activité économique mondiale. Il s'agit des indices des directeurs d'achat. Ils ont décéléré récemment — vous pouvez voir la flèche vers le bas à droite — mais ils restent acceptables. Ils se situent à un bon niveau, ce à quoi nous avons été habitués ces dernières années, alors que nous n’étions pas en récession.
00:29:18:12 - 00:29:34:08
L'activité aérienne mondiale commence à s'essouffler. Nous constatons que l'activité aérienne mondiale commence à s'essouffler un peu, même si les données en dent de scie nous posent un doute. Au mieux, cela soulève des questions. Pendant une période de plusieurs années, les vols mondiaux n'ont cessé d'augmenter. Aujourd'hui, ils ont en quelque sorte atteint leur maximum et sont en train de chuter légèrement. Je dirais cependant deux choses.
00:29:34:08 - 00:29:51:14
La première est que, sans surprise, nous sommes maintenant revenus à un niveau normal de vols commerciaux mondiaux. Vous pouvez voir où ils se situaient au début de l'année 2020. Il s'agit peut-être d’une tendance naturelle. On ne peut s'attendre à ce qu’ils augmentent indéfiniment.
00:29:51:14 - 00:30:07:22
L'autre idée est que les consommateurs déboursent un peu moins d'argent pour des dépenses discrétionnaires, comme le tourisme et les voyages. C'est donc logique. Nous pensons que les consommateurs vont être un peu plus prudents. Mais cela ne veut pas dire pour autant que le consommateur se trouve en grande difficulté.
Les inquiétudes concernant le marché du travail persistent, mais s'atténuent légèrement. Le marché du travail attire beaucoup l'attention.
00:30:08:02 - 00:30:24:02
Je vous montre le graphique le plus inquiétant. Les demandes hebdomadaires d'allocations chômage nous permettent de suivre avec précision l'évolution de la situation. Nous avons vu ces demandes d'allocations chômage augmenter. C'est une mauvaise chose. Les gens ont perdu leur emploi et demandent des allocations. Ces demandes sont donc en hausse.
00:30:24:04 - 00:30:39:17i
Mais elles demeurent néanmoins assez basses. Très basses, en fait. Deuxièmement, nous avions constaté une augmentation l'été dernier qui n'a pas progressé. Les demandes avaient redescendu. Il est donc possible qu'il y ait des distorsions saisonnières. Troisièmement, ces dernières semaines, les chiffres ont timidement baissé. Il n'est donc pas certain que cette tendance se poursuive.
00:30:39:23 - 00:30:58:02
Pour être honnête, je pense qu'il est probable que cela recommence à augmenter un peu, mais d’une manière relativement calme. On peut continuer à parler d'un atterrissage en douceur, vers un marché du travail durable, plutôt que de prévoir de graves et soudains problèmes à l’avenir.
00:30:58:04 - 00:31:14:23
La détérioration du marché du travail est davantage liée à l'augmentation du nombre de demandeurs d'emploi qu'à la diminution du nombre d'emplois disponibles. C'est peut-être ce qu'il faut surveiller de plus près. Il se passe beaucoup de choses ici. Je commencerai par la ligne bleue, que nous avons déjà évoquée par le passé, qui représente le taux de chômage aux États-Unis. Le taux de chômage américain a augmenté, de manière assez notable. Historiquement, il est difficile d'éviter les récessions lorsque le taux de chômage a augmenté de façon aussi importante.
00:31:14:23 - 00:31:31:01
Chaque fois qu'il a augmenté d'un demi-point de pourcentage, historiquement, il y a presque toujours eu une récession. C'est inquiétant. Et c’est l'un des signaux de récession qui s'est déclenché récemment. Toutefois, plusieurs font remarquer que celui-ci est peut-être un peu différent des autres.
00:31:31:01 - 00:31:46:13
La ligne dorée ici est le taux d'emploi, le ratio emploi/population. Il s'agit du pourcentage de la population qui travaille. Vous vous demandez si ce n’est pas là le contraire du taux de chômage ? Pas tout à fait. Le taux de chômage n'est pas le pourcentage de la population qui ne travaille pas.
00:31:46:13 - 00:32:06:03
Il est plutôt le pourcentage de gens qui veulent travailler mais qui ne le font pas. Il y a donc une distinction importante à faire.
La ligne dorée est ici inversée, mais c’est cohérent avec une hausse qui est mauvaise. Le taux d'emploi ne s'est pas autant détérioré. La principale raison pour laquelle la ligne bleue est en hausse, c'est que davantage de personnes cherchent un emploi.
00:32:06:04 - 00:32:27:06
Ce n'est pas tant parce que les entreprises embauchent moins. Il s’agit là d’une raison secondaire. Historiquement, il faudrait que le taux d'emploi se détériore considérablement davantage pour qu'il y ait un signal de récession. Il est certain que le marché du travail se refroidit. Nous pensons qu'il pourra peut-être se stabiliser d'ici peu. C'est la question du moment.
00:32:27:06 - 00:32:47:00
C'est pourquoi nous accordons une attention toute particulière au marché du travail. Très bien.
L'assouplissement des normes de prêt minimise le risque de récession. Pour vous rassurer un peu, en parlant de signaux de récession qui ont disparu, les banques américaines s’étaient vues resserrer leurs normes de prêt aux entreprises pendant un certain temps. Il s’agit de la flèche à la droite de l'écran. Puis nous avons vu ces normes de prêt commencer à s'inverser de manière significative.
00:32:47:00 - 00:33:03:02
Il y a eu un moment de flottement, ou plutôt de vacillement. Et les derniers chiffres montrent, une fois encore, une nouvelle amélioration. La baisse est une bonne chose. Les banques ne semblent pas se comporter d'une manière qui suggère qu'une récession est imminente. C'est important.
Terminons par quelques réflexions sur le Canada.
00:33:03:02 - 00:33:18:01
L'économie canadienne s'affaiblit considérablement. Voici l'économie canadienne. La ligne bleue représente la croissance du PIB d'une année sur l'autre. Il s'agit de la variation annuelle. Ne vous étonnez pas de voir la ligne bleue baisser. Elle n'aurait jamais pu se maintenir dans les 4 et les 5. Ceux-là étaient les chiffres au moment de la pandémie. C'était donc temporaire. Mais elle a beaucoup baissé.
00:33:18:03 - 00:33:33:20
Elle est plutôt faible, dans l'absolu. L'économie est faible et décélère. C'est la première chose.
Mais en réalité, c'est la ligne dorée qui est la plus préoccupante. Si l'on considère le PIB par habitant, on divise le PIB par la population.
00:33:33:21 - 00:33:48:15
Et on se demande ce qu'il en est de la personne moyenne. Est-ce que la personne moyenne achète moins ? La personne moyenne produit-elle moins de choses ? La réponse est oui. La ligne dorée est en dessous de zéro. Ce n'est donc pas très bon. Si l'économie continue de croître, c'est parce que nous avons augmenté le nombre de personnes en même temps.
00:33:48:15 - 00:34:10:07
Cela camoufle le fait que le citoyen moyen se sent moins bien et qu’il se comporte de manière prudente. Le fait que la ligne dorée ne soit pas beaucoup plus élevée que lors de récessions historiques ne me réjouit pas. On ne peut dire que la souffrance actuelle est équivalente à celle d'une récession, car ce n'est pas le cas. En effet, l'une des principales sources de souffrance lors d'une récession est la perte d'emplois à grande échelle, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent.
00:34:10:09 - 00:34:30:15
Cela provoque des dégâts durables. Les gens ne peuvent plus payer leurs hypothèques. Des problèmes en cascade que nous ne voyons pas aujourd'hui, simplement parce qu’il n’y a pas d’importantes pertes d'emploi. Néanmoins, cela témoigne d'un pays qui va mal. C'est une source d'inquiétude en ce moment.
La poussée de l'immigration canadienne a particulièrement affecté les emplois chez les jeunes. Je vais terminer par là. Regardons le chômage au Canada.
00:34:30:15 - 00:34:47:00
Tout d'abord, la ligne bleue est en nette augmentation. Il s'agit du taux de chômage global. Il avait atteint son niveau le plus bas à 4,8 %. Il est aujourd'hui à 6,4 %. Il s'agit donc d'une augmentation considérable, plus importante encore que celle qu'ont connue les États-Unis. Un marché du travail qui s'affaiblit, qui n'est plus un marché fort.
Mais la ligne dorée représente le chômage des jeunes.
00:34:47:00 - 00:35:03:17
Il s'agit des 15-24 ans. Le chômage y est toujours plus élevé. Simplement, les jeunes sont moins qualifiés et moins attachés à l'emploi. Ils n'ont pas eu le temps de faire les bons choix avec les employeurs. Le taux est donc toujours plus élevé. Il y a beaucoup d'emplois d'été ou temporaires où il est plus difficile d'entrer et de sortir constamment, avec peu de titularisation.
00:35:03:19 - 00:35:20:14
Les fluctuations sont plus nombreuses. Mais l'augmentation de cette ligne dorée a été particulièrement marquée ces derniers temps. En d'autres termes, le chômage des jeunes est encore pire que la normale par rapport à l'ensemble de la population. Cela s'explique en partie par le fait que l'économie ralentit et que le chômage augmente de toute façon.
00:35:20:14 - 00:35:40:09
Quand l’économie ralentit, les secteurs discrétionnaires comme le tourisme et la restauration sont plus touchés. De nombreux jeunes travaillent dans ces secteurs. Ce sont eux qui sont touchés en premier. Mais le mouvement que nous observons est encore plus important. Nous pensons qu'une bonne partie de l'augmentation est également due à cette incroyable vague d'immigration. Une bonne partie de cette immigration s'est faite par le biais de programmes de résidence temporaire.
00:35:40:11 - 00:35:59:17
Des programmes pour résidents temporaires peu qualifiés, ce qui entre directement en concurrence avec de nombreux jeunes qui n'ont pas encore beaucoup de compétences sur le marché du travail. Une grande partie de l'immigration s'est faite par le biais d'étudiants étrangers qui cherchaient également un emploi pour payer leurs frais de scolarité, généralement dans des emplois peu qualifiés. Nous pensons donc que toute cette immigration a particulièrement affecté l’emploi des jeunes.
00:35:59:20 - 00:36:20:13
Mentionnons quelques changements politiques progressifs sur ce front depuis le début de l'année et même un peu avant. Au moment d’enregistrer cet article, une réunion du parti libéral a permis de faire évoluer la situation. Le gouvernement prévoit de resserrer encore davantage la filière des travailleurs temporaires non qualifiés.
00:36:20:13 - 00:36:48:01
Il se peut donc que le problème ne soit plus aussi aigu. Néanmoins, ce problème persiste et il faudra un certain temps pour que l'immigration se stabilise. Et je pense que le gouvernement, reconnaissant que l'attitude du public a changé, parle à ce stade non seulement de réduire les programmes temporaires, mais aussi de réduire ses cibles d'immigration permanente jusqu'à ce que les choses se stabilisent et que le marché du logement ait une chance de se rattraper, que le chômage ait une chance de se stabiliser et que d'autres aspects se normalisent au Canada.
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Très bien. Sur cette note un peu triste, je vous remercie d'avoir passé un peu de temps avec moi. Si vous avez trouvé cela intéressant, vous pouvez toujours suivre l'actualité en temps réel via l'ex-Twitter (maintenant X), dont voici le lien, ou sur LinkedIn. Les endroits pour nous trouver sont nombreux, mais vous pouvez aussi aller directement à la source, c'est-à-dire sur rbcgam.com/perspectives. Vous y trouverez nos recherches, y compris de la part d'autres personnes très intelligentes de RBC Gestion mondiale d'actifs.
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N'hésitez pas à le faire. Encore une fois, merci pour votre temps. J'espère que vous avez trouvé cela intéressant. Je vous souhaite bonne chance dans vos investissements et je vous donne rendez-vous le mois prochain.