– Avec la collaboration de Vivien Lee, d’Aaron Ma et de Sheena Khan
Événements récents
Dernières réunions des banques centrales en 2025
En décembre, la Réserve fédérale américaine (Fed) a décrété une nouvelle baisse de 25 points de base (pb) de son taux directeur, comme elle l’avait précédemment indiqué. La baisse a été moins marquée que ce que le marché anticipait, même si l’attitude attentiste de son président, Jerome Powell, laissait clairement entrevoir une pause. Toutefois, l’intensification des préoccupations concernant le marché de l’emploi, notamment la possibilité que les créations d’emplois soient surestimées d’ici le 2 janvier et que l’économie perde probablement des postes, a semblé laisser percer un ton légèrement plus conciliant.
À titre de référence, nous avons discuté de la surestimation de la croissance de l’emploi dans une édition précédente du #MacroMémo.
Une division de plus en plus prononcée est manifeste parmi les dirigeants de la Fed : en décembre, l’un d’eux s’est montré plus conciliant (favorable à une baisse de 50 pb), alors que deux autres ont adopté un ton plus ferme (préférant ne décréter aucune baisse de taux). En outre, quatre membres non votants ont exprimé une opinion légèrement plus ferme et auraient préféré ne pas modifier les taux. Bien que la médiane du graphique à points laisse toujours entrevoir une baisse de taux l’an prochain, un groupe assez important souhaite ne pas modifier les taux, tandis que quelques autres sont en faveur d’au moins deux baisses de taux.
Le président Trump a l’intention de nommer le successeur de Jerome Powell au début de l’année prochaine. Quiconque obtiendra le poste aura du pain sur la planche pour convaincre les présidents d’antennes régionales de la Fed les plus fermes à se rallier à l’abaissement des taux. Le nouveau président de la Fed pourrait tout de même avoir suffisamment d’alliés au sein du Conseil des gouverneurs pour offrir un assouplissement un peu plus important que le laisse croire la médiane du graphique à points. Le marché table actuellement sur deux baisses de taux l’an prochain, à compter de juin, soit à la première réunion dirigée par le nouveau président de la banque centrale.
La Banque du Canada a devancé la Fed. Elle a déjà signalé une pause en octobre et maintenu son taux directeur inchangé en décembre. Son gouverneur, Tiff Macklem, a semblé quelque peu sceptique quant à la récente vigueur surprenante des données sur l’économie canadienne, ce qui porte à croire que les perspectives pour 2026 n’ont pas changé.
Le marché des contrats à terme a commencé à prendre en compte une hausse des taux l’an prochain, dans la foulée de la publication d’un autre rapport solide sur l’emploi. La déclaration de politique, tout en reconnaissant une certaine amélioration sur le marché de l’emploi, faisait aussi ressortir la faiblesse persistante des secteurs sensibles aux échanges commerciaux et les intentions d’embauche modestes.
Cela dit, M. Macklem n’a pas complètement exclu que la prochaine modification des taux puisse être une hausse, faisant valoir que la banque réagirait si une accumulation de données venait changer substantiellement les perspectives économiques. Il semble que le Conseil de direction souhaite disposer d’un plus vaste éventail d’indicateurs confirmant la vigueur récente du marché de l’emploi avant d’envisager un resserrement monétaire. Bien que nous nous attendions à ce que l’économie canadienne se raffermisse progressivement en 2026, nous croyons que les données récentes exagèrent l’élan et ne prévoyons pas que la Banque du Canada haussera les taux l’an prochain.
Au moment d’écrire ces lignes, la Banque d’Angleterre, la Banque du Japon et la Banque centrale européenne (BCE) n’ont toujours pas fait d’annonce concernant leur politique monétaire. Beaucoup s’attendent à ce que la Banque d’Angleterre abaisse son taux d’escompte pour la première fois depuis le mois d’août, étant donné que l’économie et le marché du travail continuent de se détériorer et que les pressions sur les salaires et les prix commencent enfin à s’estomper. La Banque du Japon devrait relever les taux pour la première fois depuis janvier, car l’inflation semble de plus en plus enracinée et un soutien budgétaire accru est à prévoir. La BCE devrait encore maintenir son taux directeur inchangé, comme ce fut le cas au second semestre de 2025.
Taux directeurs des banques centrales du G7
Nota : Au 12 décembre 2025. Les lignes pointillées indiquent les prix des contrats à terme. Sources : Bloomberg, RBC GMA.
L’actualité tarifaire demeure relativement calme
Notre édition précédente du #MacroMémo a été publiée sans mise à jour sur les droits de douane, pour la première fois depuis longtemps, ce qui représente à notre avis un jalon intéressant. Les événements qui se sont déroulés depuis ont été relativement mineurs.
Nous attendons toujours la décision de la Cour suprême sur la légalité des droits de douane imposés par la Maison-Blanche en vertu de la loi sur les pouvoirs économiques internationaux d’urgence (IEEPA). Les marchés des paris estiment toujours que la probabilité d’une décision en faveur de l’administration est relativement faible (22 % au moment d’écrire ces lignes). Nul ne sait si une décision sera rendue avant la fin de l’année.
Le président Trump a menacé de se retirer de l’entente commerciale AEUMC et a une fois de plus soulevé l’idée de conclure des accords distincts avec le Canada et le Mexique. Cette menace n’a rien d’étonnant et sera probablement utilisée comme levier lors des renégociations de l’accord en 2026.
Les prochains mois nous réserveront certainement des moments effrayants. L’administration doit informer le Congrès d’ici le 2 janvier de sa position et de ses objectifs en ce qui concerne la prochaine révision de l’AEUMC. Selon notre hypothèse de base, l’accord sera maintenu, malgré les changements qui ancreront certains tarifs et une transition du libre-échange à l’encadrement des échanges dans certains secteurs.
Le Canada et le Mexique ont également fait face à de nouvelles menaces de droits de douane.
Le président Trump a évoqué la possibilité de droits de douane « très importants » sur les engrais canadiens, une décision quelque peu étonnante, puisque la Maison-Blanche venait d’offrir un allègement des droits de douane sur l’importation de certains engrais. Depuis le début de l’année, le Canada a fourni 85 % des importations américaines d’engrais potassiques, dont la quasi-totalité a été exempte de droits de douane. D’autres sources ne sont pas facilement accessibles, étant donné que la Russie et le Bélarus sont les deux autres principaux producteurs mondiaux.
Par ailleurs, le Mexique a fait face à une menace de droits de douane supplémentaires de 5 % pour ne pas avoir respecté un accord sur le partage de l’eau.
En septembre, le Canada et le Mexique ont été assujettis à des taux de droits de douane réels relativement bas, soit 3,9 % et 4,7 %, respectivement, contre une moyenne de 10,7 % sur toutes les importations américaines.
Le président Trump continue de jongler avec l’idée d’envoyer des chèques de remboursement des droits de douane aux Américains en 2026. Nous suivrons l’évolution de ce débat alors que l’attention se concentre de plus en plus sur l’abordabilité, moins d’un an avant les élections de mi-mandat. Nous n’avons pas prévu de stimulation budgétaire découlant des remises de droits de douane, mais nous croyons qu’elles pourraient accélérer la croissance l’an prochain.
La publication des données des É.-U. rattrape son retard
Les organismes de statistiques continuent de rattraper leur retard à la suite de la paralysie du gouvernement américain. Plusieurs indicateurs clés seront publiés avant les Fêtes, notamment le rapport sur l’emploi d’octobre et de novembre, l’IPC de novembre et le PIB du troisième trimestre.
Le rapport sur l’emploi d’octobre révélera des pertes d’emplois au fédéral – possiblement de l’ordre de 100 000 – en raison du report des démissions découlant du DOGE en début d’année. Au moment de la rédaction, les analystes s’attendaient à un gain de 50 000 emplois en novembre et à un taux de chômage de 4,5 %, ce qui serait légèrement supérieur à celui de septembre (aucun taux de chômage ne sera estimé pour octobre).
Étant donné que M. Powell a laissé entendre que la croissance de l’emploi était surestimée d’environ 60 000 postes par mois, le gain prévu pourrait concorder avec une croissance sous-jacente nulle ou légèrement négative selon la Fed.
Le marché s’attend à ce que l’IPC global et l’IPC de base restent dans la fourchette de 3 % d’une année sur l’autre, les signes persistants de répercussion des droits de douane étant probablement compensés par un nouveau ralentissement de l’inflation des services. À titre de rappel, l’IPC d’octobre ne sera pas publié, car la plupart des données n’ont pas pu être recueillies rétroactivement.
Le PIB du troisième trimestre devrait être publié le 23 décembre, et les prévisions de la Federal Reserve Bank d’Atlanta laissent entrevoir un gain annualisé non négligeable de 3,6 %. Il s’agit d’une légère baisse par rapport à son estimation précédente, étant donné que le rapport retardé sur les dépenses de consommation de septembre s’est révélé un peu plus faible que prévu. Le ralentissement de la croissance de la consommation à l’approche du quatrième trimestre conforte notre opinion selon laquelle le rythme de croissance du troisième trimestre ne se poursuivra pas, ne serait-ce qu’en raison d’une ponction d’au moins 1 % (annualisé) attribuable à la paralysie du gouvernement.
Le Bureau of Labor Statistics (BLS) des États-Unis aura alors rattrapé son retard. Les dates initiales de publication des données sur l’emploi et l’IPC en décembre ont été confirmées. On ne sait toutefois pas encore si le Bureau of Economic Analysis (BEA) des États-Unis sera en mesure de publier les données sur le PIB du quatrième trimestre comme prévu à la fin de janvier.
Ces données permettront de combler certaines lacunes sur le rendement de l’économie américaine pour les dernières étapes de 2025. Toutefois, comme la Fed est déjà quelque peu rassurée, compte tenu de la baisse des taux en décembre, il faudrait probablement que l’économie affiche une contre-performance considérable pour que la banque centrale ne prenne pas de pause en janvier.
- JN
Fin du magasinage des Fêtes
Les données à haute fréquence sur les dépenses portent à croire que la période de magasinage intensif pour l’Action de grâce aux États-Unis, y compris pour le Vendredi fou et le Cyberlundi, a connu une croissance correcte, mais pas spectaculaire. Outre le rythme des ventes, les données révèlent des tendances intéressantes, comme une transition continue vers le commerce électronique et les commandes mobiles, le financement du type « achetez maintenant, payez plus tard », l’influence croissante de l’IA et de nouveaux signes d’une économie en forme de K.
Voici quelques points saillants tirés de divers outils de suivi des dépenses des Fêtes :
La croissance globale des ventes s’est établie entre 1 % et 5 %. Selon les données de Bank of America sur les cartes, les dépenses des Fêtes ont augmenté de 5 % d’une année sur l’autre en octobre et en novembre, mais les chiffres n’étaient pas aussi élevés aux alentours de l’Action de grâces. Mastercard estime que les ventes au détail, excluant les automobiles, ont augmenté de 3 % à 4 % aux États-Unis lors du Vendredi fou et du Cyberlundi.
Les ventes en ligne ont gagné entre 5 % et 9 %. Adobe Analytics a signalé une hausse de 7 % d’une année sur l’autre (voir le graphique), tandis que d’autres estimations étaient légèrement supérieures (Mastercard) ou inférieures (Salesforce). Les commandes mobiles représentent maintenant plus de la moitié des ventes en ligne.
Les ventes en magasin ont stagné ou baissé. RetailNext rapporte que l’achalandage en magasin a diminué de 6 % d’une année sur l’autre durant la fin de semaine du Vendredi fou et que les ventes nettes ont baissé de 4 %. Pour sa part, Mastercard indique que les ventes en magasin ont légèrement augmenté.
L’IA joue un rôle croissant. Salesforce signale que les outils et les agents d’IA (recommandations personnalisées, service conversationnel à l’intention des clients) ont influencé 20 % des commandes. Selon Adobe Analytics, le trafic influencé par l’IA (grands modèles de langage) vers les sites de vente au détail a augmenté de 7,5 fois.
Les dépenses en forme de K se sont poursuivies. Les données de Bank of America sur les cartes montrent une accélération de la croissance des dépenses chez les ménages à revenu élevé. Nous avons mentionné l’économie en forme de K dans un numéro précédent de #MacroMémo.
Le financement de type « achetez maintenant, payez plus tard » est à l’origine d’un peu plus de 7 % des ventes, soit une hausse par rapport à l’année précédente.
Hausse estimative des dépenses des Fêtes aux États-Unis de 7 % d’une année sur l’autre
Nota : Au 11 décembre 2025. Sources : Adobe Analytics, RBC GMA.
Selon Adobe Analytics, les dépenses pour l’ensemble de la période des Fêtes seront de 5 % supérieures à celles de l’an dernier. Ce pourcentage représente une baisse par rapport au gain de 8,5 % observé en 2024. Si l’on se fie à l’historique limité, ce niveau correspondrait toujours à une croissance des dépenses réelles de consommation de l’ordre de 2 % et plus au quatrième trimestre.
Nous pensons toutefois que la hausse réelle sera inférieure. Comme les employés du gouvernement fédéral n’ont pas été payés pendant la première moitié du trimestre, nous nous attendons à constater des signes de limitation des dépenses, même si la rémunération rétrospective permet des achats de rattrapage au cours du trimestre.
En effet, au-delà des dépenses des Fêtes, le suivi par Bloomberg des opérations par cartes de débit et de crédit indique un ralentissement notable au quatrième trimestre (voir le graphique). Nous pensons toutefois que ce passage à vide sera temporaire et que d’importants remboursements d’impôt au début de l’année prochaine stimuleront les dépenses de consommation.
Les données sur les achats par cartes révèlent un certain essoufflement des dépenses de consommation
Nota : Indice des dépenses de consommation Bloomberg Second Measure en date du 5 décembre 2025, dépenses personnelles de consommation en septembre 2025. Sources : BEA des É.-U., Bloomberg, Macrobond, RBC GMA.
- JN
L’IA améliore-t-elle la productivité ?
L’intelligence artificielle (IA) a empêché l’économie américaine de connaître un ralentissement plus marqué en 2025, car les investissements dans les centres de données et les effets de richesse liés aux actions ont atténué les effets négatifs des droits de douane et de l’immigration. Les gains de productivité apportés par l’IA ont-ils également joué un rôle ?
Selon toute vraisemblance, l’IA générative devrait stimuler la productivité dans les années à venir, du fait que son adoption tend à se généraliser et que les modèles deviennent encore plus performants. Toutefois, les estimations des gains potentiels varient considérablement selon les hypothèses retenues concernant les taux de déploiement, les cas d’usage et les économies de coûts (voir le graphique).
Les estimations des gains de productivité potentiels attribuables à l’IA varient fortement
Nota : Au 11 décembre 2025. Les barres pointillées indiquent la fourchette des prévisions. Sources : OCDE, Brookings, modèle budgétaire de Penn Wharton, RBC GMA.
Goldman Sachs anticipe une hausse de 1,5 % de la croissance annuelle de la productivité aux États-Unis au cours des dix prochaines années.
Les chercheurs de l’OCDE tablent sur une augmentation annuelle comprise entre 0,4 % et 0,9 %.
Daron Acemoglu, professeur au MIT, prévoit un gain cumulatif de 0,7 % de la croissance de la productivité totale des facteurs aux États-Unis sur les dix années à venir.
Le modèle budgétaire de Penn Wharton estime ce gain à 1,5 %.
Par ailleurs, le calendrier demeure incertain. Selon Goldman Sachs, les incidences de l’IA sur la productivité ne seront pas mesurables avant 2027, tandis que le modèle de Penn Wharton prévoit que les incidences les plus importantes deviendront visibles entre 2030 et 2035.
Nous reconnaissons que la majorité des gains de productivité liés à l’IA restent à concrétiser dans les années à venir. Néanmoins, nous sommes un peu plus optimistes quant aux incidences de l’IA à court terme. Les taux d’adoption augmentent, les modèles gagnent en efficacité et en puissance et les exemples de gains de productivité apportés par l’IA sur la réalisation de tâches spécifiques se multiplient.
L’IA générative est encore une technologie relativement récente, mais son utilisation se répand plus rapidement que celle des précédentes technologies à usage général, comme les ordinateurs personnels et Internet (voir le graphique). Les divers sondages donnent des résultats contradictoires sur les taux d’adoption : selon McKinsey, 71 % des organisations répondantes ont utilisé l’IA générative en 2024, tandis qu’une récente enquête du Census Bureau a révélé que 17 % des entreprises utilisaient l’IA dans au moins une fonction opérationnelle. Quoi qu’il en soit, nul ne conteste la tendance à une adoption plus généralisée de l’IA.
L’utilisation de l’IA générative croît plus rapidement que celle des autres technologies à usage général
Nota : Au 9 décembre 2025. Sources : Generative AI Adoption Tracker (Bick et al.), RBC GMA.
Les outils d’IA deviennent de plus en plus performants. Les modèles utilisés sont plus petits et moins gourmands en calcul, et sont capables de répondre à des critères de performance prédéfinis. Quant aux nouveaux modèles de raisonnement, ils s’attaquent à des problèmes plus difficiles et génèrent des réponses plus complexes. L’IA dépasse désormais les performances humaines de base dans de nombreux tests, et affiche de solides progrès face à de nouveaux critères d’évaluation plus exigeants.
Compte tenu de taux d’adoption croissants et de l’amélioration des capacités de l’IA, de plus en plus d’études empiriques attestent de gains de productivité dans de multiples cas d’usage. Selon une étude portant sur les agents de service à la clientèle, l’IA augmente leur efficacité de 14 %. Une autre étude réalisée auprès de développeurs de logiciels fait état d’un gain de productivité moyen de 26 %. En combinant les résultats de ces études et d’autres recherches (19 au total), Goldman Sachs a constaté que l’IA générative a amélioré la productivité de 27 % en moyenne. Les cas rapportés par 20 autres sociétés laissent entendre des gains d’ampleur similaire.
À un niveau plus macroéconomique, une récente enquête de la Réserve fédérale de Saint-Louis a révélé que 37 % des répondants utilisaient l’IA générative au travail.Les gains de temps moyens (parmi les utilisateurs et les non-utilisateurs) correspondaient à 1,6 % du total des heures travaillées.
Sur la base de ce constat, les chercheurs pensent que l’IA générative pourrait avoir amélioré la productivité de la main-d’œuvre aux États-Unis de 1,3 % au total entre la fin de 2022, correspondant au lancement de ChatGPT, et le milieu de 2025. Ce gain expliquerait en grande partie la récente accélération de la croissance de la productivité par rapport aux tendances observées avant la pandémie (voir le graphique). L’étude a également montré que les secteurs ayant indiqué plus de gains de temps grâce à l’IA ont eu tendance à connaître une croissance plus importante de leur productivité.
La croissance de la productivité de la main-d’œuvre aux États-Unis s’est accélérée depuis le lancement de ChatGPT
Nota : Données au T2 de 2025. Sources : Federal Reserve Bank de St. Louis, Macrobond, RBC GMA
Nous pensons qu’il est juste de dire que l’IA a contribué à la croissance de la productivité aux États-Unis en 2025. Toutefois, son incidence sur la productivité n’a peut-être pas été aussi forte que celle de la hausse des investissements dans les centres de données et des effets de richesse liés à l’IA, qui auraient chacun permis d’ajouter environ 0,5 % à la croissance du PIB cette année. Par ailleurs, ce résultat permet d’expliquer en partie la divergence récente entre la croissance relativement solide du PIB et des créations d’emplois plus modérées. Cette tendance pourrait se poursuivre l’an prochain.
Pour 2026, nous prévoyons encore une légère amélioration de la productivité, une autre hausse significative des investissements et la persistance de certains effets de richesse, même si les gains enregistrés sur les marchés boursiers ne seront pas aussi importants que ces dernières années. Les facteurs de la croissance aux États-Unis devraient toutefois s’étendre au-delà de la sphère de l’IA, compte tenu de l’atténuation des effets négatifs des droits de douane et d’un contexte budgétaire favorable qui contribuera à accélérer l’économie l’an prochain.
-JN
Modification de la doctrine Monroe
Au début du mois de décembre, le président des États-Unis, Donald Trump, a fait une déclaration officielle dans le cadre d’« America 250 ». Par cette déclaration, il a fait renaître la doctrine Monroe et en a proposé une réinterprétation. Il s’agit effectivement de la nouvelle stratégie de politique étrangère des États-Unis, qui vise plus particulièrement ses voisins de l’hémisphère occidental.
À l’origine, la doctrine Monroe était une déclaration du président James Monroe en 1823. Elle visait à empêcher les puissances européennes de récupérer leurs colonies récemment libérées en Amérique. James Monroe a déclaré que l’ingérence de l’Europe dans les affaires des Amériques serait considérée comme un acte inamical envers les États-Unis. En échange, les États-Unis ont promis de ne pas s’immiscer dans les affaires européennes.
Le président Trump n’est pas le premier à se réapproprier ce concept. En 1904, le « corollaire (Theodore) Roosevelt » a augmenté le niveau d’agressivité de cette déclaration, les États-Unis revendiquant le droit d’intervenir militairement et politiquement dans leurs pays voisins. Dans les années qui ont suivi, les États-Unis ont multiplié les interventions.
En revanche, le prétendu nouveau « corollaire Trump » a une visée moins expansionniste. Il n’affirme pas le droit d’intervenir militairement dans les pays d’Amérique latine. Malgré tout, il énonce une politique étrangère nettement plus activiste et plus axée sur l’Amérique latine qu’elle ne l’a été au cours des dernières décennies.
La nouvelle déclaration de politique étrangère repose sur plusieurs principes de base.
Priorité à l’hémisphère occidental
Les États-Unis accordent clairement la priorité à l’hémisphère occidental par rapport au reste du monde. Cette approche constitue en partie le prolongement logique des penchants isolationnistes récemment observés. À mesure que les États-Unis se retirent du reste du monde, ils tendent naturellement moins à se désengager de leurs voisins les plus proches.
Au fil des décennies, les États-Unis ont successivement défini différentes priorités régionales. La Guerre froide visait évidemment à mettre l’accent sur l’Union soviétique, l’Europe de l’Est et les autres pays communistes qui agissaient comme relais. Le déclin de l’Union soviétique puis le choc du 11 septembre ont incité les États-Unis à réorienter leurs priorités vers le Moyen-Orient. Les années 2010 ont ensuite été marquées par un virage géopolitique pour se concentrer sur l’Asie. Aujourd’hui, les priorités des États-Unis évoluent de nouveau. Cette fois-ci, ils se tournent vers l’hémisphère occidental.
Asseoir l’hégémonie américaine dans la région
À mi-chemin entre le laisser-faire relatif de la doctrine Monroe originale et l’expansionnisme du corollaire Roosevelt, le corollaire Trump proclame l’hégémonie des États-Unis dans la région. Les autres pays existent au sein du périmètre de sécurité des États-Unis, et non l’inverse.
La mise en œuvre de ce corollaire est déjà visible. Les États-Unis ont déployé dans les Caraïbes le groupe de frappe aéronaval mené par le porte-avions USS Gerald Ford et disposent maintenant d’une flotte redoutable dans cette zone. Ils ont lancé des opérations contre les trafiquants de drogue, dont des attaques visant des bateaux soupçonnés de transporter des stupéfiants.
En outre, ils ont redoublé d’efforts contre les cartels mexicains, infligé de nouvelles sanctions aux dirigeants cubains et exprimé leur soutien aux chefs politiques de droite en Argentine et au Chili. L’Argentine a également obtenu une nouvelle aide financière considérable. En revanche, les États-Unis entretiennent des relations beaucoup moins amicales avec le Brésil et son gouvernement de gauche.
Cependant, c’est au Venezuela que l’intensification des actions des États-Unis pourrait entraîner les conséquences les plus importantes. Les frictions entre ce pays, qui est depuis longtemps un État paria, et les États-Unis se sont aggravées au cours de la dernière année. Les États-Unis reprochent beaucoup de choses au gouvernement totalitaire du pays : les élections contestées de 2024, ses partenariats avec la Russie, la Chine et l’Iran (respectivement pour les armes et le renseignement, les prêts et les infrastructures, les swaps de carburant et le contournement des sanctions), et la déstabilisation de la région causée par la fuite de plus de sept millions de réfugiés. Les États-Unis ont récemment saisi un pétrolier au large du Venezuela en raison de violations présumées des sanctions. Les experts géopolitiques croient que Washington pourrait bientôt chercher à imposer un changement de régime au pays.
Polymarket évalue à 52 % la probabilité d’un affrontement armé entre les États-Unis et le Venezuela d’ici le 31 mars, et à 54 % la probabilité que le président Maduro soit évincé avant la fin de 2026.
Limiter l’influence stratégique étrangère
Les États-Unis cherchent non seulement à exercer leur hégémonie sur l’hémisphère, mais aussi à restreindre l’accès aux autres puissances mondiales. En pratique, cela signifie limiter l’emprise de la Chine, qui est récemment devenue le principal partenaire commercial de nombreux pays d’Amérique latine, notamment du Brésil (voir le graphique suivant).
Réorientation commerciale du Brésil
Nota : Données en novembre 2025. Moyenne mobile sur 12 mois des exportations et des importations mensuelles. Sources : Ministère du Développement, de l’Industrie et du Commerce extérieur du Brésil, Macrobond, RBC GMA
Selon notre analyse, les principaux pays d’Amérique devraient rester plus proches de la sphère d’influence des États-Unis que celle de la Chine. Toutefois, ce penchant en faveur des États-Unis est plutôt mince en ce qui concerne le Pérou, l’Argentine, le Brésil et le Chili. Le fait que la Chine a réduit l’écart avec cinq des sept pays examinés au cours de la dernière décennie est révélateur (voir le tableau suivant).
Nota : Au 4 juillet 2025. Les notes d’alignement vont de 1 (le moins conforme) à 5 (le plus conforme). Les notes sont calculées sur la base de 15 variables couvrant le commerce, l’investissement, les personnes et la politique. L’orientation est l’écart entre les notes attribuées aux États-Unis et à la Chine. Source : RBC GMA.
Les États-Unis mettent déjà activement ce programme en œuvre :
On s’attend à ce que les ports donnant accès au canal de Panama et détenus par des intérêts privés passent des Chinois aux Américains.
L’attention accrue que Washington porte à l’Argentine découle probablement en partie du resserrement des relations entre la Chine et ce pays. Ce resserrement se manifeste notamment par l’achat de soya pour remplacer celui produit aux États-Unis, une entente de règlement des échanges bilatéraux en renminbi plutôt qu’en dollars, et des investissements chinois de plusieurs milliards de dollars dans des projets en Argentine.
Le Mexique vient d’accepter de relever les droits de douane sur 1 400 produits chinois très variés à compter du 1er janvier.
Auparavant, le Canada avait égalé les droits de douane de 100 % imposés par les États-Unis sur les automobiles chinoises.
Motivations des États-Unis
Qu’est-ce qui incite les États-Unis à mener ce nouveau programme de politique étrangère axé sur l’hémisphère occidental ? En plus d’accaparer des ressources et des marchés et de freiner la Chine, la nouvelle doctrine Monroe s’harmonise avec les objectifs de la politique intérieure, à savoir restreindre l’immigration, s’attaquer aux stupéfiants illégaux et réduire la criminalité.
S’il est possible de stabiliser l’Amérique latine sur le plan économique et l’aligner davantage sur les États-Unis sur le plan politique, cela devrait réduire le flux d’immigrants illégaux vers les États-Unis.
Les efforts américains visant à entraver l’afflux de drogues en provenance du Mexique, du Venezuela et d’ailleurs sont directs et clairs.
La réduction espérée de la criminalité découle des deux premiers objectifs. La Maison-Blanche croit que la diminution de l’immigration illégale fera baisser la criminalité et espère qu’elle aura aussi pour effet de restreindre la disponibilité des drogues illicites (bien que la hausse des prix des stupéfiants pose le risque d’attirer des criminels plus inventifs et potentiellement plus violents).
Incidences positives
D’un point de vue économique, ce réalignement géopolitique pourrait, dans le meilleur des cas, créer une « forteresse nord-américaine ». Dans cette économie, les pays voisins de l’hémisphère occidental seraient plus étroitement intégrés, de sorte qu’une certaine autosuffisance dans la production de minéraux essentiels, de pétrole, de gaz, de cuivre, de lithium, etc., serait atteinte. (Il convient toutefois de noter que l’imposition de droits de douane à ces pays ne semble pas le plus logique des premiers pas pour avancer vers cet objectif.)
Si un changement de régime se produisait au Venezuela, la production de pétrole pourrait augmenter sensiblement. Le Venezuela est membre de l’OPEP et possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde. Cependant, l’effet conjugué des sanctions, de la détérioration de son infrastructure, de la fuite des capitaux et de l’atrophie des compétences techniques a fait chuter sa production. Elle est passée de plus de trois millions de barils par jour au début des années 2000 à environ un million de barils par jour aujourd’hui.
La reconstruction du secteur pourrait prendre des décennies. Cependant, une hausse d’un demi-million de barils par jour pourrait être réalisée dans un laps de temps relativement court. Une hausse de la production exercerait des pressions baissières sur les prix du pétrole et, par conséquent, sur l’inflation, et augmenterait l’offre à l’échelle mondiale.
Si les États-Unis parvenaient à atténuer les dommages sociétaux causés par les drogues illicites, ce serait positif. Le Mexique et une poignée d’autres pays tireraient également profit d’un déclin de leur secteur de fabrication de drogues illicites.
La nouvelle position des États-Unis pourrait aussi braquer les projecteurs sur les investissements russes et chinois dans ces marchés.
Incidences négatives
Les États-Unis risquent d’être à nouveau aspirés dans divers bourbiers géopolitiques en Amérique latine. Au début du XXe siècle, sous l’influence du corollaire Roosevelt, les États-Unis ont occupé, à différents moments, Cuba, la République dominicaine et Haïti, contribué à sortir le Panama du giron colombien, et envoyé à plusieurs reprises des troupes au Nicaragua et au Honduras.
En concentrant son pouvoir sur le continent américain, l’influence de Washington sur le reste du monde diminuera. Ce sera alors l’occasion pour des rivaux tels que la Chine, la Russie et les pays du Moyen-Orient d’accroître leur emprise.
En optant pour un cadre commercial géré dans lequel des blocs de nations sont séparés par des droits de douane et des sanctions, la démondialisation s’accélérera. Cette tendance provoquera une hausse de l’inflation et un ralentissement de la croissance économique.
Les autres pays des continents américains endurent une autonomie réduite à mesure que les États-Unis cherchent potentiellement à les acculer. Il pourrait en résulter une perte du libre accès aux produits et marchés chinois.
Pour le Canada en particulier, l’objectif d’être moins sous la coupe des États-Unis en se tournant vers la Chine est remis en question et dépendra des efforts déployés par les États-Unis pour ériger un bouclier contre la Chine. Les États-Unis pourraient s’impliquer davantage dans des questions de gouvernance arctique, et réduire ainsi implicitement la souveraineté du Canada dans le nord. En revanche, la non-réitération des aspirations précédentes des États-Unis à l’égard du Groenland et du Canada dans le programme est un grand point positif.
– EL
Incertitude politique au niveau sectoriel
L’incertitude politique aux États-Unis a dominé l’attention au cours de la dernière année, compte tenu des nombreux grands changements politiques radicaux. Cette incertitude a atteint une ampleur insensée au printemps, pour retomber (à des niveaux encore élevés) (voir le graphique suivant). Voilà un point à ne pas négliger, car un degré élevé d’incertitude peut décourager la prise de risques sur le plan économique et dans les marchés.
Incertitude de la politique économique aux É.-U.
Nota : Données de novembre 2025. La zone ombrée représente une récession. Sources : www.policyuncertainty.com, Macrobond, RBC GMA.
Ce qui est passé plus inaperçu est la possibilité d’isoler les éléments constitutifs de l’incertitude politique (voir le graphique suivant). Autrement dit, il est possible de cerner les sujets spécifiques de la politique publique qui sont jugés particulièrement incertains.
Indices catégoriels d’incertitude de la politique économique aux É.-U.
Nota : Données de novembre 2025. Trié selon le niveau de l’indice en ordre décroissant. Sources : Baker, Bloom et Davis, Bloomberg, RBC GMA
À cet égard, c’est l’incertitude entourant la politique commerciale qui demeure la plus vive, tant sur une base absolue qu’au niveau du nombre d’écarts types au-dessus de la normale.
Il est intéressant de constater que les programmes d’admission aux prestations sociales et les soins de santé viennent en deuxième position dans cette liste. Rien de plus logique : les prestations du programme Medicaid ont été revues à la baisse depuis l’adoption de la loi « One Big Big Bill Act », et certaines subventions d’assurance maladie disparaissent aussi. Le secteur est en crise. Un débat politique féroce fait rage sur la question de savoir s’il faudra faire marche arrière sur certaines de ces tendances ultérieurement – voilà le sens même de l’incertitude politique (voir le graphique suivant).
Catégorie de l’indice d’incertitude de la politique économique des É.-U. : soins de santé
Nota : Données de novembre 2025. Sources : Baker, Bloom et Davis, Bloomberg, RBC GMA
L’incertitude entourant la trajectoire de la politique monétaire s’est maintenant atténuée à la suite de la réduction des taux par la Fed au cours des derniers mois. Elle demeure néanmoins relativement élevée (voir le graphique suivant). Rien de plus logique :
Les membres du Comité fédéral de l’open market sont divisés quant au maintien ou à l’arrêt de l’assouplissement monétaire en 2026.
On ne sait pas encore qui sera le nouveau président de la Fed.
L’éventuel degré de politisation du Comité à l’avenir est incertain.
D’un autre côté, il est intéressant et a priori un peu surprenant que l’incertitude politique entourant la réglementation du secteur financier ait diminué pour s’établir à un niveau actuellement considéré comme plutôt faible (voir le graphique suivant). Ne s’agit-il pas là d’un domaine politique frénétique vu les initiatives de déréglementation ?
La réponse est oui, mais le fait est que ce domaine réserve peu de surprises. La voie à suivre est relativement claire et semble être prise en charge par des technocrates au lieu du président. Par ailleurs, aucune opposition flagrante n’est venue brouiller les pistes.
Catégorie de l’indice d’incertitude de la politique économique des É.-U. : réglementation financière
Nota : Données de novembre 2025. Sources : Baker, Bloom et Davis, Bloomberg, RBC GMA
– EL et AM
Faiblesse persistante du marché chinois du logement
En Chine, le marché du logement jouait auparavant un rôle de locomotive pour la croissance économique du pays. Le secteur est toutefois entré en crise en 2022, mettant fin à cette poussée. Le ralentissement de la croissance économique du pays depuis n’est pas une coïncidence.
Le marché immobilier a-t-il maintenant perdu suffisamment de terrain pour rebondir et retrouver une trajectoire stable ? Il y a un an, le secteur a montré de brefs signes de reprise qui ont fini par s’éteindre. Nous sommes malheureusement d’avis que la correction n’est pas encore achevée.
Bon nombre de facteurs confortent l’opinion selon laquelle le marché immobilier chinois restera morose à court terme. Le premier de ces facteurs est que l’indice de confiance à l’égard du secteur immobilier reste négatif au pays, et qu’il s’est récemment détérioré (voir le graphique suivant).
La conjoncture du marché immobilier chinois est à un creux historique
Nota : Données de novembre 2025. Sources : CNBS, Macrobond, RBC GMA
Après le faux départ observé il y a un an, les prix de l’immobilier résidentiel chinois se sont remis à chuter d’un mois à l’autre (voir le graphique suivant). C’est sans doute logique, étant donné que l’abordabilité demeure assez faible.
Les ratios prix/revenus se sont améliorés, mais se situent à plus de 10 x dans les villes de catégorie 1.
Pour les villes de catégorie 2, ce ratio reste supérieur à 8 x – également difficile à surmonter.
Les rendements locatifs se sont améliorés, mais ont du mal à dépasser 2 %, ce qui signifie qu’il est toujours plus avantageux de louer un logement que d’acheter.
Le prix des logements en Chine continue de baisser
Nota : Données de novembre 2025. Sources : CNBS, Macrobond, RBC GMA
Compte tenu des conditions encore tendues, les promoteurs continuent de limiter leurs achats de terrains (voir le graphique suivant). De même, la superficie des immeubles dont la construction a récemment commencé, des immeubles en construction et des immeubles achevés suit toujours une tendance à la baisse (voir le graphique subséquent).
L’investissement immobilier continue de baisser en Chine
Nota : Données d’octobre 2025. Sources : CNBS, Macrobond, RBC GMA
Le marché chinois du logement reste affaibli
Nota : Données de novembre 2025. Total sur périodes mobiles de 12 mois de la surface utile d’immeubles achevés et nouvellement commencés en mètres carrés ; moyenne mobile sur 12 mois de la surface utile d’immeubles en construction. Sources : CNBS, Macrobond, RBC GMA
Les ventes de logements ont également diminué, bien que ce repli ne touche que les préventes (voir le graphique suivant). Les ventes d’appartements achevés sont faibles, mais augmentent légèrement, ce qui est un facteur légèrement positif. Étant donné la diminution de la population, il est peu probable que la demande de nouvelles maisons soit particulièrement forte, même après le retour à l’équilibre du marché.
Diminution des ventes de logements en Chine entraînée par la baisse des préventes
Nota : Données de novembre 2025. Sources : CNBS, Macrobond, RBC GMA
Fondamentalement, il subsiste un énorme déséquilibre entre la superficie mise à la vente (élevée, et à la hausse) et la superficie vendue (faible, et à la baisse). Ce déséquilibre doit se résorber pour que les prix des logements puissent vraiment commencer à augmenter (voir le graphique suivant).
L’offre de logements en Chine demeure élevée, tandis que la demande n’a jamais été aussi basse depuis plusieurs décennies
Nota : Données de novembre 2025. Sources : CNBS, Macrobond, RBC GMA
Une lueur d’espoir
Malgré les perspectives moroses pour le marché immobilier chinois au cours des prochaines années, la situation s’améliore à certains égards.
Alors que les prix des propriétés diminuent, les prix dans les villes de catégorie 1 recommencent à augmenter, et ils pourraient être en voie de se stabiliser dans les villes de catégorie 2. C’est dans les villes de catégorie inférieure que les prix des propriétés continuent de chuter, ce qui fait baisser la moyenne (voir le graphique suivant).
Le prix des logements augmente de nouveau dans les villes de premier rang
Nota : Données d’octobre 2025. Sources : Bloomberg, Macrobond, RBC GMA.
Les taux hypothécaires ont fortement baissé au cours des dernières années et ils pourraient encore reculer légèrement, ce qui est encourageant pour la demande immobilière future. En même temps, étant donné que les prix des propriétés ont chuté en Chine, le rendement locatif a légèrement augmenté (voir le graphique suivant). Ce dernier se situe maintenant à son niveau le plus élevé en huit ans – une bonne nouvelle pour les acheteurs de propriétés. Cependant, les loyers demeurent bas et le taux de rendement est encore insuffisant pour attirer les investisseurs, à moins qu’il ne s’accompagne d’une hausse importante des prix des propriétés.
En Chine, les taux hypothécaires ont fortement baissé depuis le début de la crise du logement
Nota : Taux des obligations d’État chinoises au 12 décembre 2025 ; taux hypothécaires moyens pondérés au T3 2025. Rendement locatif moyen dans six villes (oct. 2025) équivalant à la moyenne équipondérée des rendements locatifs à Beijing, Chengdu, Guangzhou, Shanghai, Shenzhen et Tianjin. Sources : Banque populaire de Chine, Centaline Property Agency Ltd., Bloomberg, Macrobond, RBC GMA.
Les constructeurs continuent d’éprouver des difficultés. Les deux tiers des 50 premiers constructeurs chinois ont fait défaillance sur un engagement de paiement à un moment donné au cours des dernières années. Un certain nombre ont fait l’objet d’une restructuration ou reçu un ordre de liquidation, ce qui signifie qu’elles sont en voie de liquidation.
Sans être encourageante, la situation est beaucoup moins grave qu’elle ne l’était il y a quelques années. Les écarts de taux sur les obligations à rendement élevé liées au marché immobilier chinois ont culminé à plus de 6 000 points de base, contre environ 1 000 aujourd’hui. Autrement dit, le danger est environ six fois moins élevé. Il est devenu improbable qu’un éclatement de la bulle immobilière provoque une crise financière de grande ampleur en Chine, après plusieurs années de préoccupation à cet égard.
Bien que la diminution de la population chinoise soit un facteur déterminant pour la demande de logements, il ne faut pas en conclure que le pays n’aura pas besoin de nouveaux logements à l’avenir. Et ce, pour quatre raisons.
L’urbanisation se poursuit, attirant de nouveaux habitants dans les villes chinoises.
La plupart des logements existants sont de piètre qualité, et l’accroissement de la classe moyenne s’accompagnera d’aspirations plus élevées.
Les logements se détériorent naturellement au fil du temps et ils doivent un jour ou l’autre être remplacés.
La taille des ménages diminue (à l’échelle mondiale), ce qui se traduit par une augmentation des besoins de logement par habitant.
En attendant que le marché du logement chinois se redresse, le pays a la chance d’avoir d’autres moteurs de croissance qui compensent une grande partie de cette faiblesse, notamment grâce à une innovation impressionnante dans un éventail de technologies.
– EL et VL
Taux d’imposition des sociétés au Canada
Le régime fiscal peu concurrentiel du Canada par rapport à celui des États-Unis a suscité beaucoup de grogne au cours des dernières années, notamment en raison de la croissance anémique de la productivité canadienne.
Néanmoins, dans son budget de novembre, le Canada a annoncé avec fierté que les sociétés canadiennes bénéficient maintenant du taux effectif marginal d’imposition sur le capital le plus bas du G7.
Que faut-il en déduire ?
Définition du TEMI
Voyons d’abord en quoi le taux effectif marginal d’imposition (TEMI) est utile, et comment il est calculé.
Le premier objectif du TEMI est d’évaluer s’il est judicieux d’investir un dollar de capital de plus dans une entreprise pour étendre ses activités existantes.
Le TEMI résulte d’un calcul très simplifié qui vise à établir une comparaison, d’un pays à l’autre, du taux d’imposition applicable aux bénéfices générés par le prochain dollar de capital investi.
Le calcul tient compte non seulement du taux de l’impôt sur le revenu des sociétés, mais aussi des taux de dépréciation, des crédits d’impôt, des charges sociales, des taxes de vente sur les intrants, etc.
Pour arriver à un chiffre cohérent et de nature comparable, il est nécessaire de formuler un grand nombre d’hypothèses très spécifiques.
On suppose que le ratio capital/travail de chaque secteur est identique d’un pays à l’autre (pour faciliter le calcul de l’incidence des impôts sur la masse salariale, par exemple), de même que l’intensité capitalistique.
On suppose aussi que les entreprises sont déjà rentables et efficientes, ce qui signifie que leur stock de capital a déjà été optimisé au point qu’il leur serait indifférent d’engager plus de capital. C’est pourquoi le calcul suppose que le rendement du capital investi correspondant au dernier dollar marginal ne sera que de 7 %. (Il est nécessaire de dresser une hypothèse de rendement du capital investi, sinon il n’y aurait pas de chiffre de bénéfice marginal permettant de calculer l’impôt déduit.)
Le calcul du TEMI suppose même que les sociétés maintiennent une répartition particulière entre le financement par emprunt et par actions, afin de pouvoir évaluer les conséquences des différents régimes de déduction des intérêts et l’effet des variations du taux d’imposition sur les dividendes et les gains en capital.
Évaluation de la compétitivité fiscale du Canada
Encore une fois, selon le gouvernement du Canada, le Canada a le TEMI le plus bas du G7, soit 15,6 %. Cependant, il n’est pas le seul à tenter de mesurer ce taux (voir le graphique suivant).
Par exemple, sur la base d’hypothèses légèrement différentes, Mintz et Bazel produisent leurs propres estimations. Or, ils reprochent au gouvernement du Canada d’avoir exclu du calcul les services bancaires et d’assurance ainsi que les secteurs des mines, du pétrole et du gaz qui sont des secteurs clés pour le Canada. De plus, ils tiennent compte de considérations supplémentaires telles que les taxes foncières, les redevances sur les ressources, les taxes sur le carbone, les taxes immobilières, etc.
Malgré toutes ces différences, Mintz et Bazel concluent également que le Canada a le TEMI le plus bas du G7, et ils arrivent à un taux similaire de 15,8 %.
Comparaison des taux effectifs marginaux d’imposition (TEMI)
Nota : Le TEMI du budget du Canada est fondé sur le budget fédéral 2025 ; le TEMI du Canada tient compte des périodes précédant et suivant la superdéduction à la productivité (15,6 % et 13,2 %, respectivement) ; le TEMI de 17,6 % des États-Unis tient compte de l’OBBBA (One Big Beautiful Bill Act). Le calcul du TEMI par Mintz et Bazel est fondé sur les données de 2020 pour tous les pays du G7, à l’exception du Canada et des États-Unis, dont les taux sont fondés sur les données de 2025 après la superdéduction à la productivité et l’OBBBA. Les calculs du TEMI de l’OCDE sont fondés sur les données de 2024. Sources : Statistiques de l’OCDE sur l’impôt des sociétés 2025, budget 2025 du gouvernement du Canada, School of Public Policy de l’Université de Calgary, RBC GMA.
En revanche, l’OCDE ne partage pas cet avis. L’organisation estime que le TEMI du Canada se situe seulement au sixième rang parmi les pays du G7. (Les données datent de 2024 – on pourrait supposer que le Canada se hisserait au cinquième rang compte tenu de ses récentes initiatives budgétaires.) Fait intéressant, le taux du Canada varie à peine (16,1 %), mais les taux des autres pays ressortent à un niveau inférieur selon la version de l’OCDE. L’une des principales différences méthodologiques est que l’OCDE suppose une pondération sectorielle fixe pour tous les pays. Cela peut sembler surprenant, car certains pays ont en réalité des répartitions sectorielles très différentes comparativement à celles d’autres pays. Toutefois, si l’idée est d’obtenir des éléments comparables afin de déterminer si une entreprise moyenne préférerait mener ses activités dans un pays plutôt que dans un autre, il ne serait pas équitable de présenter un pays sous un meilleur jour qu’un autre simplement parce qu’il compte beaucoup d’entreprises appartenant à un secteur à faible taux d’imposition.
Pour compliquer encore plus les choses, on peut avancer que si l’objectif est de déterminer quels pays sont les plus attrayants pour une entreprise entrante, il faut tenir compte de son fardeau fiscal global, et non seulement du fardeau fiscal d’une entreprise existante pour chaque dollar marginal de capital investi.
Le taux effectif moyen d’imposition sur le capital est une autre mesure qui cherche à tenir compte de cette question. Le calcul ressemble beaucoup à celui du TEMI, à l’exception près que l’on suppose un rendement du capital investi beaucoup plus élevé (22 %). C’est une approche logique, puisque nous examinons désormais l’ensemble des activités générant des bénéfices pour une société, et non seulement son maigre rendement sur le prochain dollar investi. Selon cette mesure, le Canada ne se classe qu’au quatrième rang sur sept.
Cela dit, certaines entreprises ne sont pas particulièrement averties en ce qui a trait à l’évaluation du contexte fiscal, et ces entreprises pourraient se servir du taux officiel d’imposition sur le revenu des sociétés pour déterminer le pays dans lequel s’établir ou se développer. Selon cette mesure, le Canada se classe au troisième rang (voir le graphique suivant).
Mesures additionnelles de la compétitivité en matière d’imposition des sociétés
Nota : Le TIEM fait référence au taux d’imposition effectif moyen de l’OCDE en 2024. L’IS fait référence au taux d’imposition des sociétés de l’OCDE en 2025. Sources : Statistiques de l’OCDE sur l’impôt des sociétés 2025, RBC GMA.
Conclusion sur le taux d’imposition
En fin de compte, le Canada se classe entre le premier et le sixième rang sur sept, selon la mesure utilisée.
Si la question est de savoir si une entreprise préférerait exercer ses activités dans un pays plutôt que dans un autre, le Canada se trouve seulement dans la moyenne (dans ce cas, le taux effectif moyen d’imposition sur le capital est le critère le plus important).
Si la question est de savoir si une entreprise existante est bien soutenue si elle envisage de prendre de l’expansion dans le pays où elle est déjà implantée, alors le Canada semble plutôt intéressant (dans ce cas, le TEMI est le critère le plus important).
Nous avons établi une mesure très simple de la compétitivité de l’imposition moyenne des sociétés en accordant une pondération égale aux trois mesures : le TEMI (un tiers), le taux effectif moyen d’imposition sur le capital (un tiers) et le taux d’imposition sur le revenu des sociétés (un tiers). Il en résulte que le Canada se classe au premier rang des pays du G7, bien que l’écart soit très mince (voir le graphique suivant).
Compétitivité moyenne en matière d’imposition des sociétés
Nota : Moyenne pondérée fondée sur le taux effectif marginal d’imposition (TEMI) selon les calculs de Mintz et Bazel, du budget 2025 du Canada et de l’OCDE ; taux d’imposition effectif moyen (TIEM) calculé par l’OCDE ; et taux d’imposition des sociétés (IS) selon les calculs de l’OCDE. Sources : Statistiques de l’OCDE sur l’impôt des sociétés 2025, budget 2025 du gouvernement du Canada, School of Public Policy de l’Université de Calgary, RBC GMA.
Devant tous ces chiffres, il convient de garder à l’esprit une question essentielle : lorsqu’une entreprise envisage de s’implanter aux États-Unis ou au Canada, un taux d’imposition canadien similaire à celui des États-Unis pourrait ne pas suffire. L’avantage d’échelle des États-Unis est tel que le Canada devrait probablement appliquer un taux nettement inférieur pour être compétitif.
Ajoutons que l’écart de productivité du Canada n’est clairement pas entièrement attribuable aux impôts. Comme nous l’avons déjà mentionné, la sous-performance du Canada en matière de productivité par rapport aux États-Unis résulte d’une combinaison complexe de lacunes dans les politiques publiques (sans doute plus de paperasserie que d’impôts), de facteurs temporaires spécifiques (comme la hausse de l’immigration et l’augmentation du télétravail au Canada après la pandémie par rapport à d’autres pays), d’une culture insuffisamment orientée vers le risque, d’une structure économique qui privilégie certains secteurs à faible productivité et/ou à faible croissance de la productivité, et d’entreprises souvent complaisantes, investissant beaucoup moins de capital par travailleur qu’elles ne devraient.
– EL et SK