L’effervescence des marchés
De nombreuses voix se sont récemment élevées pour exprimer leurs préoccupations quant à la formation de bulles dans divers segments des marchés financiers. Les préoccupations les plus abondamment citées ont trait aux valorisations du marché boursier américain, à la viabilité des dépenses en immobilisations dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) et à la stabilité du marché du crédit privé. Voici quelques réflexions sur chacun de ces thèmes dans une perspective économique.
Inquiétudes liées au marché boursier
Bien que le marché boursier américain demeure proche de sommets record, une nervosité marquée a été observée ces dernières semaines (voir le graphique suivant). La vigueur des marchés ces dernières années a été en grande partie attribuable à une poignée d’actions de sociétés technologiques à mégacapitalisation. La question de savoir si elles pourront poursuivre leur progression ou conserver leurs valorisations actuelles dépendra de la capacité de l’IA à devenir la prochaine technologie polyvalente capable de dynamiser la prospérité économique et de faire grimper les bénéfices des sociétés pendant de longues années. Dans l’ensemble, nous sommes plutôt optimistes à l’égard de ces perspectives, même si nous reconnaissons que les valorisations sont élevées et que le risque de concentration des portefeuilles est élevé.
Il nous a donc semblé préférable de réduire graduellement nos positions sur le marché américain après y avoir enregistré des gains aussi remarquables, sans pour autant délaisser complètement ce marché. En raison de l’enchevêtrement des investissements croisés entre les principaux acteurs, il est de plus en plus difficile d’évaluer correctement les mérites individuels de chaque pays.
Soulignons qu’il existe d’importantes différences entre l’envolée en cours et la bulle du marché boursier à la fin des années 1990. Les sociétés d’aujourd’hui sont pour la plupart très rentables et leurs modèles d’affaires sont plus solides que ceux de bon nombre de sociétés vedettes de la fin des années 1990. Les valorisations aussi sont moins élevées.
De plus, même dans le cas où une bulle se formerait, le moment où cela se produirait est important. Les rumeurs concernant la formation d’une bulle avaient commencé à circuler en 1996, lorsque le président de la Fed, Alan Greenspan, a parlé d’une « exubérance irrationnelle ». Il n’avait pas tort, pourtant, le marché boursier a poursuivi sa progression pendant encore au moins trois ans, pendant lesquels la taille de l’indice S&P 500 a doublé. Autrement dit, même si des bulles étaient repérées sur les marchés boursiers, elles pourraient se prolonger pendant des années.
La volatilité boursière est révélatrice d’anxiété sur les marchés
Au 31 octobre 2025. Sources : S&P Global, Macrobond, RBC GMA
Préoccupations liées aux dépenses en immobilisations dans le domaine de l’intelligence artificielle
Deuxièmement, et dans le même ordre d’idées, la viabilité des énormes dépenses en immobilisations actuellement consacrées à l’intelligence artificielle soulève des préoccupations. On estime qu’à elles seules, les « sept magnifiques » dépenseront 373 milliards de dollars américains dans ce domaine en 2025, et encore plus dans les années à venir (voir le graphique suivant).
La croissance des dépenses en immobilisations des « sept magnifiques » ralentira au cours des prochaines années
Au 31 octobre 2025. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Soulignons que les analystes prévoient un ralentissement de la croissance des dépenses en immobilisations dans l’IA au cours des prochaines années, ce qui signifie que ce moteur de croissance économique devrait devenir moins puissant dans les prochaines années qu’il ne l’a été en 2025. Cependant, il existe une différence entre cette affirmation et celle selon laquelle des investissements improductifs généralisés auraient été effectués, soit le fondement de tout argumentaire sur les bulles.
L’efficacité des investissements dans l’IA reste à déterminer et dépend fortement de facteurs des plus imprévisibles, par exemple :
Le rythme auquel la demande de services d’IA augmentera à l’avenir (10 % par an ? 100 % par an ?)
La vitesse à laquelle les puces informatiques extrêmement coûteuses alimentant les centres de données se déprécieront ?
L’IA pourra-t-elle faire le saut entre la production d’un excellent résumé d’Internet et la capacité à parvenir toute seule à des conclusions ou des découvertes novatrices et révolutionnaires ?
À l’heure actuelle, les grandes sociétés technologiques sont engagées dans un sprint pour ne pas se laisser distancer. Et même s’il s’avérait finalement que leurs dépenses ont été trop élevées, il est peu probable que les sociétés s’arrêtent ou que cela devienne évident au cours des deux prochaines années. Heureusement, la plupart de ces sociétés tirent de solides bénéfices d’autres unités opérationnelles, et la part de leurs flux de trésorerie disponibles consacrée aux investissements dans l’IA n’est pas exagérément élevée.
Crédit privé
Il est difficile de parler intelligemment du marché du crédit privé, étant donné son opacité. Dans les faits, il n’est certainement pas idéal que ces prêteurs commencent à faire preuve de moins de discernement dans leurs activités de prêt. Fait intéressant à noter, le montant total des emprunts non bancaires dans l’économie américaine – une mesure certes générale, mais qui englobe le type de prêts sous-réglementés et à risque élevé observés dans le secteur des titres de créance privée – a en fait reculé en proportion du produit intérieur brut (PIB) au cours des cinq dernières années (voir le graphique suivant).
De plus, même si le secteur est plus important qu’il y a dix ans, l’écart au chapitre de la proportion est moindre que ce que l’on pourrait imaginer ; il est à peine passé de 21 % à 25 % du PIB. Et il n’était pas beaucoup plus modeste au début des années 1990 qu’il ne l’est aujourd’hui.
Aux États-Unis, les prêts non bancaires ont diminué depuis la pandémie
Au deuxième trimestre de 2025. La zone ombrée représente une récession. Sources : Bureau of Economic Analysis (BEA) des États-Unis, Réserve fédérale américaine, Macrobond, RBC GMA
Bien que le manque de liquidités dans le secteur du crédit privé soit souvent cité comme un facteur de la fragilité potentielle du secteur, il agit plutôt comme un bouclier, le rendant moins vulnérable à de soudaines crises de confiance susceptibles d’entraîner l’effondrement des titres de sociétés cotées en bourse.
Il y a récemment eu deux faillites assez importantes aux États-Unis, toutes deux liées au système bancaire parallèle. Bien que leurs difficultés soient en partie attribuables à des excès dans ce segment, elles peuvent aussi être attribuées à des facteurs qui touchent plus ce secteur, comme des allégations de fraude, la modification de la politique d’immigration et l’imposition de droits de douane au secteur automobile nord-américain. Le fait que les écarts de crédit demeurent faibles dans les marchés publics indique que le contexte de crédit dans son ensemble est relativement favorable.
Cela ne veut pas dire que ces trois segments n’ont pas leurs propres enjeux, voire problèmes, mais il n’est pas certain qu’ils représentent des bulles de taille.
– EL
La paralysie du gouvernement se poursuit
La paralysie du gouvernement américain se poursuit et est sur le point de battre le record de durée d’un tel épisode (35 jours en 2018-2019). Les marchés des paris estiment maintenant à un peu moins de 50 % la probabilité que la paralysie soit résolue à la mi-novembre, et à plus de 80 % qu’elle le soit d’ici la fin novembre.
Les politiciens sont toujours peu disposés à faire des compromis ; les républicains ne sont pas contre la diminution de l’interventionnisme du gouvernement qui résulte de la paralysie, et les démocrates utilisent leur influence limitée afin d’annuler les compressions en santé.
Dans ce contexte, qu’est-ce qui pourrait bien déboucher sur une résolution ? L’accroissement des irritants pour l’Américain moyen. Qu’est-ce qui pourrait les induire ? Plusieurs facteurs.
Les employés essentiels du secteur public qui travaillent sans relâche et sans rémunération (du moins jusqu’à ce que la paralysie soit résolue et qu’une rémunération rétroactive leur soit versée) sont mécontents. Déjà, les contrôleurs aériens et les travailleurs de la Transportation Security Administration (TSA) semblent ralentir le rythme pour protester contre l’absence de salaire, ce qui entraîne des retards dans les aéroports.
Le gouvernement fédéral a mis fin au programme de bons alimentaires aux alentours du 1er novembre. Certains États interviennent pour combler le gouffre financier laissé par le gouvernement fédéral, mais ils ne le font pas tous. Un juge fédéral a ordonné la reprise des flux monétaires fédéraux, mais on ne sait pas si le ministère de l’Agriculture peut ou voudra s’y conformer. Pas moins de 41,7 millions d’Américains dépendent de ce programme, soit environ 12 % de la population. La faim peut être une puissante force.
La période d’adhésion à l’Affordable Care Act est ouverte depuis le 1er novembre. Compte tenu de la réduction des subventions en santé – une préoccupation majeure pour les démocrates, qui freine leur soutien au budget –, le mécontentement à l’égard des politiciens pourrait augmenter, ce qui accentuerait la pression.
Les élections étatiques et municipales du 4 novembre permettront de savoir si les électeurs imputent la responsabilité de la paralysie à l’un ou l’autre des partis, ce qui pourrait accroître la pression en faveur d’un compromis.
Nous restons d’avis que l’économie des États-Unis est inférieure de 1,0 % à 1,25 % à ce qu’elle serait en l’absence de paralysie ; en supposant que celle-ci soit résolue à la mi-novembre, un point de pourcentage aura été retranché à la croissance annualisée du PIB au quatrième trimestre, perte qui devrait être recouvrée au premier trimestre de 2026.
– EL
Percer le brouillard à l’aide d’indicateurs non traditionnels
En ce deuxième mois de paralysie du gouvernement américain, la liste des données économiques retardées est passée à 28, y compris les données clés sur l’emploi et le PIB. De nombreux autres indicateurs, dont certains retenaient peu l’attention auparavant, aident à combler cette lacune.
Les données de substitut sur le marché de l’emploi sont parmi les plus courantes :
En septembre, ADP a publié son habituel rapport mensuel sur l’emploi dans le secteur privé, qui fait état d’un recul net inattendu de 32 000 emplois et de révisions à la baisse des données des mois précédents. Le fournisseur de services de paie a aussi publié une nouvelle estimation hebdomadaire de l’emploi qui donne à penser que 14 000 emplois en moyenne ont été créés au cours des quatre semaines terminées le 11 octobre, soit un rythme mensuel d’environ 60 000 emplois.
La publication des données nationales sur les demandes initiales de prestation d’assurance-emploi est retardée, mais notre agrégation des données étatiques révèle une tendance assez stable en octobre (voir le graphique). Combinés aux données d’ADP, ces résultats laissent croire que le marché de l’emploi reste déprimé (peu de licenciements, mais embauche limitée). Le déclin du nombre de postes affichés par Indeed annonce également un ralentissement de la demande de main-d’œuvre.
Revelio Labs, qui se sert des données accessibles au public sur les médias sociaux et des données sur les offres d’emploi pour évaluer les emplois non agricoles, estime que 60 000 emplois ont été créés en septembre. Revelio n’a pas d’antécédents particulièrement solides pour prédire les données sur l’emploi ; au cours des trois dernières années, ses estimations mensuelles accusaient un écart d’environ 100 000 emplois en moyenne.
La Réserve fédérale de Chicago a prédit, en octobre, un taux de chômage de 4,35 %, ce qui est plutôt stable par rapport à son estimation pour septembre, mais qui représente une hausse de 0,2 point de pourcentage par rapport au dernier rapport d’août du Bureau of Labour Statistics (BLS) des États-Unis. La qualité de cette estimation est altérée par l’absence de certaines données officielles et ne tient pas entièrement compte de la hausse du taux de chômage associée aux travailleurs fédéraux en chômage technique. Bloomberg produit ses propres prévisions immédiates du taux de chômage, qui cadrent avec les estimations de la Réserve fédérale de Chicago.
Les demandes de prestations d’assurance-emploi demeurent faibles aux États-Unis
Estimations de RBC GMA pour la semaine se terminant le 25 octobre 2025, selon les dernières données disponibles de chaque État. Données réelles sur les demandes d’assurance-emploi pour la semaine se terminant le 20 septembre 2025. Sources : Département américain du Travail, Haver Analytics, RBC GMA
Estimations de RBC GMA pour la semaine se terminant le 25 octobre 2025, selon les dernières données disponibles de chaque État. Données réelles sur les demandes d’assurance-emploi pour la semaine se terminant le 20 septembre 2025. Sources : Département américain du Travail, Haver Analytics, RBC GMA
Des entreprises du secteur privé, ainsi que la Réserve fédérale, qui est financée de façon indépendante, réalisent des sondages économiques suivis de près par les analystes. Ces données ne sont donc pas touchées par la paralysie du gouvernement. Les voici :
Selon le livre beige de la Fed pour le mois d’octobre, l’activité économique a peu changé dans l’ensemble, les dépenses de consommation ayant légèrement fléchi lors des dernières semaines. Les perspectives économiques sont nuancées, mais de nombreux répondants s’attendent à ce que l’incertitude élevée pèse sur l’activité. Dans l’ensemble, notre indicateur de l’humeur du marché selon le livre beige s’est légèrement détérioré au vu la dernière publication (voir le graphique).
Les enquêtes régionales de la Réserve fédérale indiquent que les conditions du secteur manufacturier varient d’une région à l’autre. L’indice des directeurs d’achats de l’industrie manufacturière ISM, qui est plus complet, a enregistré une baisse inattendue en octobre et est demeuré en territoire de contraction pour un huitième mois d’affilée. L’indice ISM (Institute for Supply Management) du secteur des services a glissé à 50 en septembre, laissant entrevoir un statu quo de l’activité économique. Le relevé du mois d’octobre sera publié dans les prochains jours. L’indice des directeurs d’achats (PMI) aux États-Unis S&P, qui n’est pas suivi d’aussi près que l’indice ISM, montre une certaine amélioration en octobre et un raffermissement généralisé de l’activité.
Les sondages sur la confiance des consommateurs de l’Université du Michigan et du Conference Board ont fléchi en octobre. L’indice de confiance selon les nouvelles quotidiennes de la Réserve fédérale de San Francisco a aussi globalement reculé au cours des deux derniers mois, mais il s’est légèrement redressé vers la fin du mois d’octobre.
L’indicateur de l’humeur du marché selon le livre beige s’affaiblit
Données en date d’octobre 2025. L’indicateur quantifie les réponses de points de contact locaux en attribuant des pondérations différentes à un éventail de mots positifs et négatifs utilisés dans le livre beige de la Réserve fédérale pour décrire le climat économique global. Sources : Réserve fédérale américaine, RBC GMA
Le BLS a réintégré ses employés en vue de compiler et de publier l’indice des prix à la consommation (IPC) pour septembre, car ces données sont nécessaires au calcul du rajustement des prestations de sécurité sociale en fonction du coût de la vie. La Maison-Blanche a toutefois prévenu que les données sur l’inflation ne seraient peut-être pas produites en octobre. Il pourrait s’agir d’une tactique de négociation. Cela dit, si le prochain relevé de l’IPC est retardé, nous nous pencherons sur d’autres indicateurs comme l’indice quotidien PriceStats de l’inflation, qui signale une possible stabilisation de l’IPC en octobre (voir le graphique).
L’indice quotidien PriceStats de l’inflation aux États-Unis donne des signes de stabilisation
Indice de l’inflation PriceStats au 31 octobre 2025. IPC en date de septembre 2025. Sources : State Street Global Markets Research, RBC GMA
En l’absence de données sur les ventes au détail et les dépenses personnelles de consommation (DPC), les opérations par cartes de crédit et de débit anonymisées donnent une idée de la trajectoire des dépenses de consommation. L’outil de suivi de Bloomberg, qui couvre plus de 20 millions de clients, signale un certain essoufflement des dépenses en octobre (voir le graphique). Les données de Bank of America sur les achats par cartes vont dans la même direction. Le ralentissement des dépenses de consommation nous semble logique, puisque sans salaires, les employés fédéraux sont susceptibles de réduire leurs achats non essentiels. Ce facteur s’ajoute à la détérioration de la confiance des consommateurs susmentionnée.
Les données sur les achats par cartes révèlent un certain essoufflement des dépenses de consommation
Au 27 octobre 2025. Sources : Bureau of Economic Analysis des États-Unis (BEA), Macrobond, RBC GMA
Il est difficile de se faire une idée de la croissance économique générale, car bon nombre des données permettant d’estimer le PIB n’ont pas encore été publiées. La Réserve fédérale d’Atlanta a réévalué ses prévisions immédiates de croissance du PIB en fonction des données du secteur privé, comme les ventes de logements existants et les sondages ISM. Elle estime le taux de croissance annualisé à 3,9 % pour le troisième trimestre. À notre avis, cette estimation est quelque peu dépassée et pourrait être révisée lorsque les données officielles sortiront. Pour sa part, l’indice économique hebdomadaire de la Réserve fédérale de Dallas signale un léger ralentissement en septembre et octobre.
Selon notre interprétation globale de ces données de remplacement, il n’y a pas eu de rupture majeure par rapport aux tendances observées avant la paralysie, le marché du travail poursuivant son déclin progressif. Étant donné que la Fed met l’accent sur l’emploi, qui constitue l’un de ses deux mandats, on aurait pu supposer que ces conditions seraient suffisantes pour l’inciter à réduire les taux en décembre. Cependant, le président Jerome Powell a au contraire indiqué que si l’absence de données officielles durait, la Fed pourrait adopter une attitude plus prudente, employant la métaphore de la conduite dans le brouillard.
Rien n’est tranché, puisque les marchés des paris donnent à penser que le gouvernement aura repris ses activités avant la prochaine rencontre de la Réserve fédérale des 9 et 10 décembre. Il faudra du temps avant que les organismes statistiques redémarrent et publient les données qui ont été retardées. À notre avis, cependant, il est fort probable que certains indicateurs clés seront disponibles pour cette réunion. Nous continuons de prévoir que la Fed décrétera une autre baisse d’ici la fin de l’année.
- JN
Dernières nouvelles concernant les droits de douane
Accord entre les États-Unis et la Chine
Après une nouvelle escalade des tensions qui a culminé par la menace des États-Unis d’imposer des droits de douane supplémentaires de 100 % à la Chine, les deux pays ont réussi à s’entendre au cours des derniers jours. Les États-Unis ont plutôt abaissé les droits de douane visant la Chine d’environ 10 points de pourcentage, faisant passer le taux moyen pondéré de 42,6 % à 32,0 %. La Chine a accepté d’augmenter ses exportations de terres rares et ses achats de soja, tandis que les États-Unis ont promis d’accroître leurs exportations de puces informatiques.
Reste à voir combien de temps cet accord durera, car les trêves précédentes survenues en 2025 ont été brèves. Nous continuons de supposer que les relations entre les deux grandes puissances mondiales demeureront généralement tendues, que les tarifs ne diminueront pas beaucoup par rapport à leur niveau actuel et que les promesses spécifiques en matière d’exportations et d’importations pourraient ne pas être entièrement respectées.
La Cour suprême entendra une contestation des droits de douane
À compter du 5 novembre, la Cour suprême des États-Unis entendra la contestation des droits de douane imposés en vertu de l’IEEPA (en gros, les droits de douane appliqués à un pays plutôt qu’à un secteur). Le verdict est attendu d’ici la fin de l’année. D’après les marchés des paris, il reste fort probable que les droits de douane imposés en vertu de l’IEEPA soient annulés. Cependant, nous doutons que le gouvernement américain doive rembourser les parties qui ont déjà payé ces droits.
La Maison-Blanche dispose de plusieurs autres lois dans ce domaine. Ainsi, les droits de douane prévus à l’article 122 pourraient remplacer rapidement (bien que temporairement) les droits de douane de l’IEEPA, puis être substitués durablement par les droits prévus à l’article 301 après une période d’enquête. Somme toute, nous supposons que la Maison-Blanche sera encore en mesure d’atteindre ses objectifs après une brève période de chaos si les droits imposés en vertu de l’IEEPA sont effectivement abrogés.
Querelle entre les États-Unis et le Canada
Après que l’Ontario a diffusé sur les marchés américains une publicité télévisée critiquant les droits de douane, la Maison-Blanche a mis fin aux négociations avec le Canada et a menacé d’augmenter les droits de douane de 10 %.
On ne sait pas très bien quels sont les produits visés par cette hausse de 10 %, soit tous les produits canadiens ou seulement les produits non conformes à l’AEUMC. Nous croyons qu’il s’agit plutôt de la deuxième catégorie, dont les droits augmenteraient de 35 % à 45 %. Dans les faits, les États-Unis n’ont pas mis en œuvre le changement et celui-ci aurait une incidence minime sur le Canada, étant donné qu’il y a peu de produits entrant aux États-Unis qui ne sont pas conformes à l’AEUMC.
Les deux pays étaient sur le point de conclure un accord commercial sur l’acier et l’aluminium. Les négociations sont à présent suspendues, mais nous nous attendons à ce qu’elles reprennent une fois les tensions apaisées. Apparemment, le Canada négociait des droits moins élevés sur les produits d’acier et d’aluminium, jusqu’à concurrence d’un certain quota. Les exportations américaines d’acier et d’aluminium vers le Canada bénéficieraient sans doute d’un allègement semblable.
L’ébauche d’accord semblait aussi comprendre un volet énergétique. Le fait que les États-Unis étaient enclins à assouplir leurs restrictions est assez encourageant, puisque le Canada n’a guère progressé par ailleurs. La renégociation de l’AEUMC sera plus importante et devait avoir lieu au cours des neuf prochains mois. Nous avons présenté les scénarios relatifs à l’AEUMC dans le dernier MacroMémo.
Nouveaux droits de douane sectoriels
Les droits de douane américains sur le secteur forestier sont entrés en vigueur à la mi-octobre. Les droits sur les camions ont quant à eux pris effet le 1er novembre. Dans l’ensemble, ils ont une incidence étonnamment négligeable sur le taux moyen des droits américains (voir le graphique suivant), même si les conséquences sont lourdes pour les secteurs touchés.
Le taux moyen des droits de douane américains (17,5 %) n’a guère changé
Les taux effectifs des droits de douane sont estimés en fonction des droits de douane en vigueur à la date précisée et jusqu’au 1er novembre 2025 ; les taux annoncés ne sont pas pris en compte. Exclut l’effet du droit de minimis – suspension de l’exemption de minimis pour la Chine et Hong Kong en mai 2025 et entrée en vigueur le 29 août pour tous les autres pays. On suppose une mise en œuvre instantanée et complète des droits de douane attendus (compte non tenu des délais d’expédition, de mise en œuvre, etc.). Sources : Evercore ISI Tariff Tracker ; Fonds monétaire international, Macrobond, RBC GMA
Corée du Sud et Japon
La récente visite du président Trump en Asie a abouti à des accords avec la Corée du Sud et le Japon.
Les États-Unis ont conclu une entente bonifiée avec la Corée du Sud, en ramenant le taux des droits généralisés imposés au pays de 25 % à 15 %. De son côté, la Corée du Sud a convenu d’investir plusieurs centaines de milliards de dollars aux États-Unis, l’objet de ces investissements ayant aussi été clarifié.
Le Japon a négocié des conditions additionnelles à l’accord conclu plus tôt, aux termes duquel il avait accepté de payer des droits de douane de 15 % et de prévoir des investissements de 550 milliards de dollars américains aux États-Unis. On sait maintenant qu’une bonne partie de ces fonds servira à financer des projets d’entreprises japonaises aux États-Unis et il est stipulé que les investissements doivent être faits avant la fin du mandat du président Trump. Un nouvel accord de coopération a été conclu pour construire des réacteurs nucléaires de nouvelle génération (le Japon les construira aux États-Unis en utilisant une technologie américaine) ainsi que pour accroître la production de terres rares.
– EL et SK
Une économie en forme de K
Pour décrire le redressement postpandémie à l’aide d’une lettre (remontée rapide en V, long creux en U, période de stagnation en L, double creux en W, etc.), de nombreux économistes ont opté pour une reprise en K. Cette lettre évoque une remontée inégale, marquée par des trajectoires divergentes selon les secteurs et les entreprises ainsi que selon les revenus des ménages.
Bien que la reprise soit terminée, on parle encore d’économie en forme de K, dans laquelle certains groupes prospèrent, alors que d’autres sont en difficulté. C’est particulièrement vrai à propos des ménages. Comment se fait-il que les dépenses de consommation tiennent bon et que la richesse des ménages s’accroisse, alors que les taux de défaillance augmentent et que l’insécurité alimentaire s’aggrave ?
Plusieurs facteurs sont favorables aux ménages à revenus élevés, tandis que les obstacles pour les Américains à faibles revenus persistent, voire s’intensifient :
La flambée de l’inflation qui a suivi la pandémie a touché de façon disproportionnée les consommateurs à faibles revenus, qui consacrent une plus grande partie de leur paie aux produits de première nécessité et qui ne peuvent guère réduire leurs dépenses. Alors que le taux d’inflation est largement revenu à la normale, quoiqu’il n’ait pas atteint la cible de 2 % de la Fed, le niveau des prix n’a pas retrouvé sa trajectoire d’avant la pandémie. Le coût de la vie reste élevé, ce qui représente un défi constant pour les ménages à faibles revenus.
Le Congrès et la Maison-Blanche ont récemment prolongé les baisses d’impôts, qui profitent de façon disproportionnée aux ménages plus fortunés, ces baisses étant en partie financées par des compressions des dépenses qui touchent les Américains à faibles revenus. Selon les estimations du Congressional Budget Office (CBO), la loi One Big Beauty Bill Act (OBBBA) entraîne une diminution de 3 % des ressources destinées aux ménages les plus pauvres, tout en augmentant d’autant les ressources destinées aux ménages fortunés (voir le graphique).
En plus de cette loi fiscale régressive, les droits de douane ont également eu des répercussions disproportionnées sur les consommateurs à faibles revenus qui consacrent une part relativement plus importante de leurs dépenses aux biens. Selon les estimations du Yale Budget Lab, le coût des droits de douane représente 3,5 % des gains des ménages à faibles revenus, tandis que les ménages à revenus élevés subissent moins du tiers de ce coût.
Les rendements boursiers substantiels (rappelons que le S&P 500 a gagné 21 % au cours de la dernière année et 17 % en moyenne au cours des cinq dernières années) ont surtout profité aux Américains les plus fortunés (voir le graphique). La tranche supérieure de 1 % des ménages selon la valeur nette détient la moitié des placements en actions de sociétés et en fonds communs de placement, tandis que la tranche suivante de 9 % des ménages les mieux nantis en détient 37 %.
Le contexte actuel de taux d’intérêt élevés profite aux épargnants et nuit aux emprunteurs. Les ménages à faibles revenus appartiennent à cette deuxième catégorie, la moitié inférieure dans la répartition des revenus dépensant plus qu’elle gagne. Les 50 % des ménages les moins fortunés représentent un peu plus de la moitié du solde des crédits à la consommation, mais ils détiennent peu d’actifs porteurs d’intérêts.
Le ralentissement du marché du travail, avec des conditions particulièrement difficiles pour les nouveaux employés et ceux qui perdent leur emploi, touche plus durement les ménages à faibles revenus. Les ménages aisés dépendent généralement davantage de revenus autres que les salaires.
Les salaires de la tranche inférieure (25e centile) ont augmenté plus rapidement que ceux de la tranche supérieure (75e centile) durant une bonne partie de la dernière décennie. Cette relation s’est cependant inversée au cours de la dernière année. Les personnes qui gagnent le plus profitent d’une hausse des salaires plus rapide (voir le graphique). Actuellement, la croissance des salaires du 25e centile ralentit et s’établit à 3,6 % d’une année sur l’autre. Ce taux dépasse à peine celui de l’inflation, qui est de 3 %. La progression des salaires réels est donc faible.
Les récents changements politiques pénalisent de façon disproportionnée les Américains à faibles revenus
Au 3 septembre 2025. Sources : Yale Budget Lab, Congressional Budget Office, RBC GMA
Les Américains les plus riches ont bénéficié de façon disproportionnée de la progression des marchés boursiers
Au deuxième trimestre de 2025. Sources : Réserve fédérale américaine, Macrobond, RBC GMA
Les salaires les plus bas augmentent moins rapidement que les salaires les plus élevés
Au 11 septembre 2025. Sources : Federal Reserve Bank d’Atlanta, RBC GMA
L’économie en forme de K se manifeste également dans le monde des affaires, avec l’IA qui explique les trajectoires divergentes :
Les plus grandes sociétés continuent de se développer. Depuis le creux cyclique atteint par l’indice S&P 500 en octobre 2022, l’indice pondéré en fonction de la capitalisation a généré un rendement supérieur de près de 30 % à celui de l’indice équipondéré, ce qui témoigne de la part croissante que représentent les plus grandes sociétés au sein de l’indice. De même, l’indice S&P 500 a surpassé l’indice Russell 2000 small cap d’environ 30 %.
Au sein du S&P 500, les cours des actions des sociétés liées à l’IA se sont envolés. Le panier Goldman Sachs d’actions de sociétés liées à l’IA dans les secteurs de la technologie, des médias et des télécommunications a enregistré une hausse de 250 % au cours des trois dernières années, une performance qui a été suivie de près par celle des actions des centres de données d’IA qui ont bondi de 225 %. Parallèlement, les actions des sociétés technologiques à grande capitalisation hors de la sphère de l’IA ont affiché des gains deux fois moins importants que ceux de l’indice S&P 500, tandis que les sociétés dans les secteurs menacés par l’IA ont vu leurs actions rester à peu près stables (voir le graphique). En dehors des sept magnifiques, les marges bénéficiaires des 493 autres sociétés du S&P diminuent en 2025, en partie à cause des droits de douane.
L’IA est un moteur important dans les dépenses d’investissement des entreprises. Les achats d’ordinateurs et de logiciels ont représenté la totalité de la croissance nette des investissements fixes non résidentiels du secteur privé au cours de la dernière année. La construction des centres de données a également contribué à la hausse des investissements, les dépenses ayant progressé d’un tiers sur une base ajustée à l’inflation. Nous pensons que les dépenses d’investissement liées à l’IA pourraient générer environ 0,5 % de croissance supplémentaire du PIB américain cette année.
Les effets de l’adoption croissante de l’IA sur le marché de l’emploi ne se font ressentir que progressivement (comme nous l’avons vu dans un récent #MacroMémo), mais de plus en plus d’entreprises ont laissé entendre que les gains d’efficacité liés à l’IA limiteront leurs besoins d’embauche au cours des prochaines années, et entraîneront dans certains cas des licenciements.
Les actions liées au thème de l’IA enregistrent des rendements supérieurs, tandis que celles non liées à l’IA demeurent à la traîne
Au 20 octobre 2025. Sources : Goldman Sachs, Bloomberg, RBC GMA
Une économie en K engendre une dépendance croissante à l’égard d’une progression rapide des dépenses d’investissement liées à l’IA, ainsi qu’à l’égard des dépenses des ménages les plus fortunés, près de la moitié des dépenses de consommation provenant désormais des 10 % des ménages les plus aisés, une part record depuis la fin des années 1980. Ces deux facteurs sont liés, puisque les gains liés à l’IA enregistrés sur le marché boursier engendrent des effets de richesse positifs chez les consommateurs les plus aisés.
Le niveau relativement élevé des valorisations boursières qui sont portées par l’engouement pour l’IA n’implique pas nécessairement une correction imminente, mais tout repli important pourrait inverser les effets de richesse qui ont soutenu la résilience des dépenses de consommation. Si les marchés boursiers restent résilients, mais que la dynamique haussière s’essouffle, les effets de richesse s’atténueront avec le temps.
Outre la vulnérabilité associée à une croissance économique qui repose sur une base étroite, une économie en K entraîne des incidences politiques, les inégalités pouvant susciter du mécontentement et une agitation sociale ainsi qu’accentuer davantage les clivages politiques. La question de l’inégalité est en elle-même entachée de partisannerie aux États-Unis, puisque selon une étude de PEW, 76 % des électeurs progressistes (démocrates) pensent que les inégalités sont un problème très important, contre seulement 30 % des électeurs conservateurs (républicains). Parmi les 15 pays sondés, il s’agit de l’écart le plus important observé entre électeurs de gauche et électeurs de droite.
Bien qu’il existe un risque de ralentissement pour ceux de la branche supérieure du K, les vents contraires qui pénalisent ceux de la branche inférieure du K pourraient s’atténuer. Nous n’anticipons pas de renversement à court terme des politiques fiscales et douanières régressives. Toutefois, si l’inflation ralentit plus que prévu et permet à la Fed d’abaisser à nouveau ses taux, le coût de la vie et le fardeau du service de la dette pourraient diminuer pour les ménages à faible revenu.
Dans nos prévisions, nous ne prévoyons pas de repli pour la branche supérieure du K, ni un redressement pour la branche inférieure du K. Nous anticipons toutefois un certain ralentissement des dépenses de consommation, car il deviendra de plus en plus difficile de compter sur les dépenses des ménages les plus aisés pour soutenir la croissance économique. Néanmoins, nous pensons que l’économie américaine continuera de croître à un rythme d’environ 2 % l’an prochain, toujours grâce à l’effet positif (quoique moins important) des dépenses d’investissement dans l’IA, de mesures accrues de soutien budgétaire et de l’atténuation des effets des droits de douane à mesure que nous avancerons dans l’année 2026.
- JN
La Chine combat la déflation
L’économie chinoise continue de lutter contre la déflation. C’est particulièrement flagrant lorsqu’on observe les prix en sortie d’usine ou les prix à la production, qui ont reculé à un rythme annualisé moyen de 3 % depuis le milieu de 2022, et de 2,3 % sur 12 mois en septembre. Ces baisses de prix sont généralisées, avec 12 des 15 groupes au sein des industries de base qui affichent des prix inférieurs à ceux d’il y a un an.
Les prix à la consommation n’ont pas chuté de façon constante et se sont à peu près stabilisés au cours des trois dernières années, malgré des baisses intermittentes, notamment un léger recul de 0,3 % au cours de la dernière année. La déflation des prix à la consommation est moins généralisée et concerne principalement les prix des aliments et du carburant, avec une accélération de l’inflation de base à 1 % sur 12 mois en septembre (voir le graphique).
En Chine, les prix à la production baissent, tandis que les prix à la consommation se sont à peu près stabilisés
En date de septembre 2025. Sources : China National Bureau of Statistics (NBS), Macrobond, RBC GMA
Rappelons que si la baisse des prix peut sembler une bonne nouvelle pour les consommateurs, elle peut avoir un effet pernicieux sur l’économie. La diminution des prix à la production érode les marges bénéficiaires (voir le graphique) et le nombre de fabricants enregistrant des pertes a augmenté de plus d’un tiers au cours des trois dernières années. Lorsque les ménages et les entreprises anticipent de futures baisses de prix, ils peuvent reporter leurs achats, ce qui crée un cercle vicieux dans lequel la baisse des dépenses entraînerait des pertes d’emploi et de nouvelles restrictions de dépenses.
La chute des prix à la production réduit les marges
En date de septembre 2025. Sources : China National Bureau of Statistics (NBS), Macrobond, RBC GMA
Pour autant, cela ne signifie pas que la Chine est aux prises avec une spirale déflationniste destructrice. En effet, le PIB réel a affiché au troisième trimestre une solide croissance de 5,2 % depuis le début de l’année, même si un certain ralentissement a récemment été observé. La hausse de l’inflation de base porte à croire qu’il est peu probable que les ménages retardent leurs achats en vue d’une baisse des prix. En effet, il est difficile de reporter les achats d’aliments et de carburant, et le recul des prix de ces produits essentiels peut inciter à dépenser ailleurs. Néanmoins, la déflation persistante des prix à la production n’est pas le reflet d’une économie en bonne santé, et les décideurs politiques ont des raisons de s’inquiéter.
Plusieurs facteurs expliquent la baisse des prix au départ de l’usine et la faiblesse de l’inflation des prix à la consommation.
Capacité excédentaire : le taux d’utilisation de la capacité industrielle chinoise est retombé à des niveaux constatés pour la dernière fois en 2015-2016 (à l’exception de la période de pandémie), lorsque des réformes gouvernementales axées sur l’offre ont limité la surproduction et mis fin à la déflation persistante des prix à la production (voir le graphique). Les secteurs ayant affiché la plus forte augmentation de capacité inutilisée – notamment l’automobile, les produits pharmaceutiques, les produits minéraux non métalliques et le charbon – sont également ceux qui connaissent la plus forte déflation des prix à la production.
Involution : ce terme, qui fait habituellement référence à une intense concurrence sociale, est à présent utilisé pour décrire les guerres de prix que se livrent les entreprises chinoises. Cette dynamique de nivellement par le bas est particulièrement visible dans les secteurs des technologies propres comme ceux des véhicules électriques, des batteries et des panneaux solaires, qui représentent les industries émergentes où la Chine cherche à dominer l’offre mondiale, ainsi que dans certaines industries lourdes comme la manufacture d’acier et de ciment. Les véhicules électriques (VE) sont devenus l’exemple type de l’involution : un nombre croissant d’entreprises nationales poussent les prix et les bénéfices vers le bas, ce qui suscite le mécontentement du gouvernement.
Faiblesse du secteur immobilier : les coûts du logement, qui représentent un quart du panier de l’IPC chinois, sont restés à peu près stables ces dernières années en raison du repli continu du marché immobilier national. L’immobilier est un instrument d’épargne clé pour les ménages chinois. Donc au-delà de la contention de l’inflation immobilière, la baisse des prix des propriétés a des retombées négatives non seulement sur la richesse, mais aussi sur la demande et sur les prix à la consommation de façon plus globale.
Baisse des prix des aliments et de l’énergie : à l’instar d’autres économies en développement, les produits alimentaires représentent une part relativement élevée (près du tiers) du panier de l’IPC chinois. Les prix des produits de base comme le porc, les œufs et les légumes frais ont tous diminué de plus de 10 % d’une année sur l’autre, ce qui s’explique en partie par la dissipation de l’impact des hausses de prix antérieures. De même que dans le reste du monde, la chute des prix du pétrole constitue un facteur de désinflation pour la Chine.
La capacité excédentaire plombe les prix au départ de l’usine en Chine
En date de juillet 2025. Sources : China National Bureau of Statistics (NBS), Macrobond, RBC GMA
La Chine a combattu avec succès la déflation des prix à la production au milieu des années 2010 en imposant des réductions de production aux secteurs ayant des capacités excédentaires, notamment dans le segment de l’acier et du charbon, et en encourageant les fusions pour affaiblir la concurrence. Cette fois-ci, la tâche pourrait être plus difficile, car le secteur privé (plutôt que les sociétés d’État) a accru son importance dans de nombreux secteurs aux prises avec une capacité excédentaire ou une concurrence intense sur les prix.
Nous sommes tout de même d’avis que tout effort visant à contrer l’involution freinera quelque peu l’économie de la Chine à court terme. La croissance du PIB de la Chine a ralenti d’un demi-pourcentage environ en 2015-2016 en raison des réformes axées sur l’offre qui ont freiné la production industrielle et les investissements en immobilisations – toutefois, des mesures de stimulation de la demande ont quelque peu compensé leurs répercussions négatives.
Dans la mesure où la déflation en Chine reflète la faiblesse de la demande dans la deuxième plus grande économie du monde, cette situation pourrait constituer une force désinflationniste à l’échelle mondiale. Toutefois, comme nous l’avons mentionné plus haut, la déflation des prix à la consommation est concentrée dans une poignée de secteurs et reflète surtout des baisses de prix spécifiques (voir le graphique). Étant donné que la Chine est un importateur net de produits alimentaires et agricoles, la baisse des prix de certains produits de base sur le marché intérieur ne devrait pas se propager au-delà de ses frontières. La demande chinoise est un facteur important dans les prix mondiaux de l’énergie, mais il est probable que le récent déclin des prix du pétrole soit surtout attribuable à l’offre. En Chine, le ralentissement du secteur immobilier et la stagnation des prix des propriétés relèvent principalement d’un problème intérieur.
Au 3 novembre 2025. Sources : National Bureau of Statistics of China, Macrobond, RBC GMA
Certains craignent que la Chine utilise sa capacité excédentaire pour inonder d’autres pays de produits bon marché, d’autant plus qu’elle est en quête de nouveaux marchés pour remplacer ses exportations vers les États-Unis. La Chine remporté un certain succès dans cette prospection, car ses exportations globales continuent de croître malgré la forte baisse des expéditions vers les États-Unis, et il y a peu de signes de dumping généralisé. Les prix à l’exportation ont décliné à peu près au même rythme que l’ensemble des prix à la production (voir le graphique), ce qui donne à penser que les entreprises chinoises ne s’efforcent pas nécessairement de vendre moins cher que leurs concurrents étrangers.
Néanmoins, certains pays mettent en place des barrières aux importations chinoises afin de protéger les industries nationales, en particulier dans le secteur automobile où les nouvelles marques chinoises de VE font concurrence aux constructeurs automobiles traditionnels. Le Canada a imposé des droits de douane de 100 % sur les importations chinoises de VE – bien que cette mesure puisse être renégociée en échange d’une réduction des droits de douane sur les exportations canadiennes de canola – tandis que l’Union européenne (UE) impose des droits compensatoires supplémentaires de 17 % à 35 % déterminés en fonction du producteur.
L’indice des prix à la production de la Chine influe sur les prix à l’exportation
En date de septembre 2025. Sources : China General Administration of Customs (GAC), China National Bureau of Statistics (NBS), Macrobond, RBC GMA
Dynamisme économique des marchés émergents
Nous avons pour habitude de commenter les perspectives à moyen terme pour les principales économies émergentes. D’après nous, la croissance de la Chine pourrait légèrement dépasser les prévisions l’an prochain, l’Inde a les moyens de poursuivre sa rapide expansion, et les perspectives sont positives dans la majeure partie de l’Asie du Sud-Est pour les années à venir.
Mais nous avons tendance à passer beaucoup moins de temps à analyser les données spécifiques à bon nombre de ces économies émergentes ou à nous pencher sur leurs perspectives à court terme. Pour améliorer nos analyses, nous sommes heureux de vous présenter notre indice de dynamisme économique des marchés émergents qui nous permet de déterminer les pays ayant produit les meilleures données économiques récentes et présentant les meilleures perspectives de croissance à court terme. L’indice est créé au moyen d’une feuille de pointage selon trois variables en entrée :
Indice des directeurs d’achats (indice PMI) du secteur manufacturier de chaque pays, qui donne une idée du comportement de ce secteur phare. L’indice PMI donne aussi un aperçu des perspectives à court terme. Nous cherchons à déterminer si l’indice est supérieur ou inférieur à la fourchette historiquement normale pour le pays en question, plutôt que son niveau absolu.
L’indice des prix à la production de la Chine influe sur les prix à l’exportation
Données en date d’octobre 2025. Les boîtes à moustaches représentent de haut en bas : maximum, 75e centile, médiane, 25e centile et minimum. Trié selon le niveau actuel en ordre décroissant. Sur la base de données mensuelles recueillies depuis 2006 ou depuis une date antérieure si des données sont disponibles. Sources : Haver Analytics, RBC GMA
L’indice de variation des données économiques Citigroup indique si les dernières données économiques d’un pays sont supérieures ou inférieures à la moyenne de l’année précédente, c’est-à-dire si l’économie s’accélère ou ralentit. Là encore, nous examinons la note par rapport à la fourchette historique du pays plutôt qu’à sa valeur absolue.
L’indice de variation des données économiques Citigroup met en avant Taïwan, la Turquie et l’Afrique du Sud.
Données en date d’octobre 2025. Les boîtes à moustaches représentent de haut en bas : 75e centile, médiane et 25e centile. Trié selon le niveau actuel en ordre décroissant. Sur la base de données mensuelles recueillies depuis 2004 ou depuis une date antérieure si des données sont disponibles. Sources : Citi, Bloomberg, RBC GMA
3 L’indice des surprises économiques Citigroup indique si les récentes données économiques sont meilleures ou pires que prévu. Même si le résultat ne veut pas dire que les données sont « bonnes » ou « mauvaises » en soi, l’indicateur est très utile, car dans la mesure où les marchés financiers, s’ils sont efficients, tiennent déjà compte de leurs prévisions de force ou de faiblesse de l’économie, une part importante de toute fluctuation subséquente repose sur la différence entre le résultat prévu et le résultat réalisé.
L’indice des surprises économiques Citigroup est orienté en faveur de Taïwan, de l’Inde et de la Thaïlande
Données en date d’octobre 2025. Les boîtes à moustaches représentent de haut en bas : 75e centile, médiane et 25e centile. Trié selon le niveau actuel en ordre décroissant. Sur la base de données mensuelles recueillies depuis 2004 ou depuis une date antérieure si des données sont disponibles. Sources : Citi, Bloomberg, RBC GMA
Ces trois indicateurs sont équipondérés dans notre indice de dynamisme économique des marchés émergents.
La toute première publication de notre indice (voir le tableau suivant) montre que l’Inde mène la course, suivie par l’Afrique du Sud, Taïwan, la Turquie et la Thaïlande qui affichent également de bons résultats. En revanche, la Russie tire de l’arrière, suivie du Mexique, de la Pologne, du Brésil et de la Chine.
Notre indice de dynamisme économique des marchés émergents place l’Inde au premier rang
Au 3 novembre 2025. Sources : Macrobond, Haver, Citi, RBC GMA
Bien entendu, rien ne garantit que les pays resteront classés dans cet ordre pendant longtemps. De par sa nature, cet indicateur est un guide de l’activité économique à court terme, et il est donc volatil. Le but est d’aider les investisseurs à tenir compte de facteurs macroéconomiques dans leur prise de décision tactique sur le plan géographique.
– EL et AM
En bref
Réserve fédérale américaine
Le 17 octobre, comme prévu, la Fed a procédé à une baisse des taux de 25 points de base qui a porté le taux des fonds fédéraux d’une fourchette de 4,00 % à 4,25 % à une fourchette de 3,75 % à 4,00 %. En outre, la Fed mettra fin à son programme de resserrement quantitatif le 1er décembre. Autrement dit, elle relâchera sa pression sur les freins (sous la forme d’une réduction de la base monétaire et de la vente d’obligations d’État) tout en appuyant sur l’accélérateur (au moyen de baisses de taux). Cette décision est motivée non seulement par le retour du bilan à une taille théoriquement souhaitable, mais aussi par de récentes tensions sur les marchés du financement qui laissent entrevoir une liquidité insuffisante.
D’importantes dissidences sont apparues lors de la réunion, où M. Miran, récemment nommé à la Maison-Blanche, s’est prononcé en faveur d’une baisse des taux de 50 points de base, tandis que le président de la Réserve fédérale de Kansas City, M. Schmid, aurait préféré laisser le taux des fonds fédéraux inchangé.
Cette réunion de la Fed, d’une importance mineure, ne prétendait pas mettre à jour les perspectives économiques de la Fed ni les prévisions du graphique à points. Le communiqué est généralement conforme aux attentes, faisant état d’une croissance économique modérée, d’un ralentissement de la création d’emplois et d’une inflation toujours élevée.
La conférence de presse a pris une tournure belliciste. Le président de la Fed, M. Powell, a en effet annoncé que les opinions divergent fortement sur la prochaine trajectoire à suivre (ce qui était sans doute prévisible compte tenu des dissensions susmentionnées). De ce fait, une nouvelle réduction du taux des fonds fédéraux en décembre n’est pas courue d’avance. Précédemment, le marché avait déjà intégré une probabilité de réduction des taux en décembre à près de 100 %. Depuis lors, celle-ci a été ramenée à environ 79 %. Cette plausibilité est sans doute exacte. Nous continuons toutefois de signaler l’éventualité où la Fed ne réduirait pas les taux autant que ce que prévoit le marché au cours de l’année prochaine.
EL et JN
Panne d’Internet
Amazon Web Services (AWS), le plus important fournisseur de services d’infonuagique au monde, a été temporairement paralysée à cause d’une mise à jour logicielle échouée le 20 octobre.
À en juger par la portée de l’externalisation d’une grande partie de leurs activités informatiques par même les sociétés les plus sophistiquées au monde, cette panne a eu des répercussions incroyables. Des centaines de grands services Internet ont été temporairement interrompus. En voici des exemples :
services de médias sociaux (Facebook, Snapchat)
vente en ligne au détail (Amazon, etc.)
assistants vocaux (Alexa)
banques et plateformes financières (Fidelity, Coinbase, Robinhood, Venmo)
jeux vidéo (Fortnite , Roblox)
sécurité résidentielle (caméras Ring)
compagnies aériennes (United)
billetterie pour les manifestations sportives
Ce n’était pas la première panne informatique de ce type. Il y a à peine plus d’un an, une grande partie des ordinateurs personnels fonctionnant sur Windows aux quatre coins du monde sont tombés en panne après une mauvaise mise à jour de CrowdStrike.
Le problème d’AWS a été résolu en 24 heures. Il s’agissait donc surtout d’un casse-tête pour les entreprises touchées et leurs utilisateurs. Pourtant, selon certaines estimations, le coût économique se chiffrerait à plusieurs milliards de dollars. Cette somme était considérable, quoiqu’insuffisante pour ébranler l’économie mondiale qui génère une valeur annuelle de plus de 100 000 milliards de dollars américains.
La toute première leçon à retenir est la suivante : la concentration des services informatiques d’entreprises auprès d’une poignée de fournisseurs de services infonuagiques représente un important risque économique. L’interruption prolongée de ces services pourrait avoir un effet boule de neige et nuire à des dizaines de secteurs d’activité. Ces pannes peuvent survenir à la suite d’une erreur interne ou d’un piratage externe. L’auteur du piratage pourrait être une organisation à but lucratif, tout comme un ennemi auquel cas la tournure des événements deviendrait une cyberguerre qui paralyserait l’économie dans le cadre d’une frappe généralisée.
Il est peu probable que les sociétés réagissent par un abandon de l’infonuagique et un retour à l’internalisation de leurs services informatiques. Une augmentation importante du nombre de fournisseurs de services infonuagiques est également improbable. Il s’ensuit donc un risque de concentration persistant. Il appartient de ce fait aux fournisseurs de services infonuagiques de continuer d’améliorer leur résilience face à de tels épisodes.
– EL
L’économie canadienne
L’économie canadienne s’est contractée de façon inattendue en août (recul de 0,3 % d’un mois sur l’autre). L’estimation provisoire laissait entrevoir un statu quo. Même si la nouvelle estimation provisoire pour septembre table sur un léger rebond de 0,1 %, la conclusion est claire : l’économie canadienne restera vacillante.
Au troisième trimestre, le PIB n’enregistre qu’une croissance annualisée de 0,4 %. Autrement dit, le pays évitera à peine un recul de la production sur deux trimestres consécutifs. De plus, les effets sur le PIB du quatrième trimestre sont maintenant décevants. En d’autres termes, la hausse de celui-ci pourrait alors être inférieure à celle prévue de 1,0 % par la Banque du Canada. Nos propres prévisions sont inférieures à ce chiffre.
Compte tenu de l’incidence négative des droits de douane, la faiblesse observée en août découle logiquement de la production de biens. Celle-ci a reculé de 0,6 % du fait de baisses généralisées, dont celle de 0,5 % dans le secteur manufacturier. À noter que la production des services a également chuté (-0,1 %), même si ce recul est en partie attribuable à la grève des agents de bord d’une compagnie aérienne.
– EL et JN
Banque du Canada
Le 17 octobre, la Banque du Canada a réduit son taux directeur de 2,50 % à 2,25 %. On peut maintenant considérer que la politique monétaire est légèrement accommodante. Ceci concorde avec les capacités excédentaires considérables de l’économie, l’inflation à peine supérieure à la cible et les prévisions de persistance des capacités excédentaires jusqu’en 2027.
La Banque du Canada laisse entendre qu’elle a fait son travail et ne prévoit pas de nouvelles mesures d’assouplissement dans l’hypothèse de l’atteinte de ses prévisions économiques. Cependant, nos propres prévisions sont légèrement inférieures aux prévisions générales du marché. Nous restons d’avis que d’autres mesures d’assouplissement monétaire pourraient être adoptées progressivement au Canada, quoique pas nécessairement en décembre.
– EL et JN
Aperçu du budget du Canada
Nous resterons succincts en ce qui concerne l’aperçu du budget du Canada, puisque sa publication est imminente. Inutile de spéculer davantage.
Premier constat : au Canada, le calendrier du dépôt du budget a maintenant changé définitivement. Après l’absence de budget pendant les dix-huit derniers mois, les prochains seront présentés en automne et non plus au printemps.
Cette édition devrait s’écarter fortement des anciens budgets, notamment à cause de la nomination d’un nouveau premier ministre et d’un nouveau gouvernement. Qui plus est, les circonstances ont changé : le Canada est aux prises avec une urgence économique, puisque son accès au marché américain est remis en cause. Une démarche audacieuse et une nouvelle vision économique sont donc de mise.
On anticipe un fort gonflement du déficit, lequel pourrait atteindre 100 milliards de dollars canadiens (les prévisions tablaient sur seulement 42,2 milliards de dollars canadiens il y a un an). Il est intéressant de noter que le déficit projeté le plus important pourrait en fait concerner 2025 et non 2026. Il en est ainsi pour diverses raisons.
Cette année 2025 a été éprouvante pour l’économie, de sorte que les recettes publiques ont probablement été inférieures aux prévisions initiales et que les stabilisateurs automatiques ont fait augmenter les dépenses.
Des fonds d’infrastructure sont déjà versés, de même que d’autres programmes nouvellement créés, p. ex., le Fonds national des corridors commerciaux et le Fonds de réponse stratégique.
Le budget suppose probablement une accélération des gains de productivité au cours des prochaines années. Le solde budgétaire s’en trouve enjolivé.
Un changement clé dans le budget concernera la séparation des dépenses d’exploitation et des dépenses en capital. L’accent sera mis sur l’équilibre du budget d’exploitation, avec notamment d’importantes coupes budgétaires liées aux programmes et au personnel, tandis que le budget d’investissement n’aura pas de contrainte imposée. Il va sans dire que toute la dynamique des entrées et sorties de fonds fera entraînera un déficit important à cause des dépenses en immobilisations prévues. L’idée qui sous-tend la distinction entre les dépenses d’exploitation et celles en capital est la suivante : ces dépenses en immobilisations devraient en théorie générer un rendement économique au fil du temps, et devenir ainsi « gratuites » ou, à tout le moins, moins chères.
L’accroissement des investissements dans les infrastructures et les ressources est une priorité essentielle de ce gouvernement : ceux-ci sont un moyen tant de renforcer l’économie et que de diversifier les échanges commerciaux en dehors des États-Unis. La Loi sur l’unité de l’économie canadienne, issue du projet de loi C-5 qui a déjà été adopté, contribue à cet objectif en simplifiant le processus d’approbation de tels projets. Le Bureau du directeur parlementaire du budget estime que le Canada réalisera de nouveaux investissements en infrastructures de 159 milliards de dollars canadiens au cours des cinq prochaines années.
La diversification des échanges commerciaux constituera également une priorité du gouvernement. L’objectif est de doubler le volume des échanges commerciaux avec d’autres pays que les États-Unis au cours des dix prochaines années. Voilà un objectif ambitieux auquel travaille déjà le Canada. Il a récemment reçu des invitations pour engager des négociations officielles avec l’Inde et la Chine, de conclure ou d’envisager des ententes commerciales avec l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines. Par ailleurs, il envisage éventuellement un vaste accord commercial avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) en 2026. On peut aussi s’attendre à un soutien budgétaire continu des secteurs directement touchés par les droits de douane américains.
Les dépenses militaires devraient continuer d’augmenter, certaines dépenses additionnelles se chevauchant avec celles d’infrastructure.
Conformément à la plateforme électorale du Parti libéral, on prévoit également des efforts pour stimuler la construction résidentielle.
Le gouvernement a déjà décrété des baisses d’impôt cette année, en abandonnant la taxe sur le carbone et en abaissant le taux d’imposition de la fourchette la plus basse. On espère voir l’adoption d’une politique d’amortissement accéléré pour encourager les entreprises canadiennes à engager plus de dépenses en immobilisations.
Le Canada devrait annoncer sa propre stratégie sur les cryptomonnaies stables. Cette forme de cryptomonnaie qui supprime la volatilité tout en conservant les avantages de la chaîne de blocs est de plus en plus mise sur le devant de la scène dans le monde entier.
En définitive, les mesures supplémentaires de stimulation budgétaire et la priorité accordée aux infrastructures à multiplicateur budgétaire élevé pourraient accélérer la croissance du PIB du Canada d’environ 0,5 %. Toutefois, le moment de cette intervention est délicat : les coupes budgétaires pourraient en effet se faire sentir immédiatement, tandis qu’il faudra du temps pour que les dépenses d’infrastructure se répercutent.
La dernière question qui saute aux yeux est de savoir si le budget sera adopté. Nous faisons l’hypothèse que oui, sans mettre la charrue avant les bœufs : les libéraux ont en effet besoin de deux sièges pour obtenir la majorité et ont perdu leur partenaire officiel d’antan. Cela dit, le Parti conservateur a fermement appuyé les initiatives auxquelles il croyait au cours des six derniers mois.
Le gouvernement libéral a indiqué qu’il serait prêt à tenir des élections à cause du budget s’il y avait lieu. Selon les sondages actuels, les libéraux ne devancent les conservateurs que de quelques points. Ils sont toutefois encore en mesure de décrocher le même nombre de sièges qu’au printemps dernier quoiqu’avec une forte marge d’erreur. Il y a même 46 % de chances que les libéraux obtiennent la majorité au gouvernement en cas d’une éventuelle élection aujourd’hui – une proposition qui a son attrait, mais dont la poursuite active semble peu probable.