L’expansion économique mondiale a ralenti en raison de plusieurs défis macroéconomiques. L’incertitude politique élevée, les droits de douane et la plus longue paralysie jamais enregistrée du gouvernement américain ont ébranlé la confiance des consommateurs. Il convient toutefois de signaler que les indicateurs avancés demeurent à des niveaux qui correspondent à une expansion économique anémique plutôt qu’à une récession (figure 1).
Jusqu’à présent, l’économie a fait preuve de résilience et, maintenant que le gouvernement a repris ses activités après une pause de 43 jours, toute perte de production économique liée à la paralysie du gouvernement devrait être récupérée au cours des prochains mois. De plus, les vents favorables attribuables au « One Big Beautiful Bill » et à l’abaissement des taux d’intérêt signifient, à notre avis, qu’une légère accélération de la croissance est à prévoir en 2026.
Principaux risques qui menacent nos perspectives : droits de douane, endettement des gouvernements et crédit privé
Les droits de douane demeurent un risque important pour les perspectives économiques, car les négociations sont très instables et susceptibles d’être modifiées à tout moment. Un certain soulagement a toutefois été observé récemment sur le plan des échanges commerciaux : les États-Unis ont conclu une entente avec la Chine et M. Trump a diminué les droits de douane sur diverses catégories d’aliments. Parmi les autres risques, mentionnons l’endettement élevé des gouvernements, qui prévoient accroître les déficits au moyen de mesures de stimulation budgétaire, ainsi que les signes de tensions sur les marchés du crédit privé, qui ont été mis en lumière à la suite de l’effondrement de First Brands et de Tricolor. Jusqu’à présent, il semble s’agir d’incidents isolés, mais si les craintes entourant le crédit privé s’intensifiaient, elles pourraient générer de la volatilité sur les marchés financiers au cours des prochains trimestres.
Figure 1 : Indices mondiaux des directeurs d’achats
Sources : Macrobond, RBC GMA
La Fed reprend l’abaissement des taux d’intérêt pour contrer le ralentissement du marché du travail
Dans ce contexte, la Réserve fédérale américaine (Fed) a repris l’abaissement des taux d’intérêt, décrétant une baisse de 25 points de base à chacune de ses réunions de septembre et d’octobre. Toutefois, rien ne nous assure que d’autres baisses seront décrétées, car les deux éléments du double mandat de la Fed, soit le plein emploi et la stabilité des prix, évoluent dans des directions opposées. Le marché du travail a ralenti, mais l’inflation de l’IPC aux États-Unis, à 3,0 %, reste supérieure à sa cible de 2,0 % (figures 2 et 3). Cela dit, le président de la Fed, Jerome Powell, a souligné que le ralentissement du marché du travail aurait la priorité sur une inflation légèrement supérieure à sa cible pour déterminer la trajectoire future des taux d’intérêt. Le marché des contrats à terme table sur une baisse d’au moins 75 points de base aux États-Unis au cours de l’année à venir, la prochaine baisse devant probablement avoir lieu le 10 décembre 2025, conformément à notre scénario de base (figure 4).
Figure 2 : États-Unis
Nota : En date de septembre 2025. Moyenne mobile de 3 mois = moyenne mobile sur 3 mois. Source : Bureau of Labor Statistics
Figure 3 : Inflation aux États-Unis
Indice de prix des dépenses de consommation personnelle
Nota : Données en date d’août 2025. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Figure 4 : Taux implicite des fonds fédéraux
Contrats à terme sur 12 mois
Sources : Bloomberg, Réserve fédérale américaine, RBC GMA
Les obligations d’État se sont négociées dans une fourchette étroite ; selon les modèles, les rendements sont comparables à ceux des liquidités
Les taux des obligations d’État ont fluctué dans une fourchette relativement étroite au cours de la dernière année, les investisseurs évaluant l’assouplissement de la politique monétaire par rapport à l’augmentation des dépenses publiques et à la hausse de l’inflation. Le taux des obligations américaines à 10 ans a oscillé entre 3,9 % et 4,8 %, se rapprochant de la partie inférieure de cette fourchette, soit à environ 4,00 %, à la fin de novembre (figure 5). Toutefois, les taux obligataires se situent près de la limite supérieure de leur fourchette de négociation sur 12 mois en Allemagne. Au Japon, où la banque centrale a relevé les taux d’intérêt et où la nouvelle première ministre Takaichi a annoncé une augmentation des dépenses budgétaires, les taux ont affiché une tendance haussière persistante par rapport à un point de départ peu élevé (figure 6). Actuellement, nos modèles indiquent que les obligations d’État offrent un potentiel de rendement au moins comparable à celui des liquidités, ainsi qu’un risque de valorisation modeste, tant que les pressions inflationnistes restent modérées et que les déficits publics peuvent être maîtrisés.
Figure 5 : Taux des obligations du Trésor américain à 10 ans
Fourchette d’équilibre
Nota : Données en date du 30 novembre 2025. Source : RBC GMA
Figure 6 : Taux des obligations japonaises à 10 ans
Fourchette d’équilibre
Nota : Données en date du 30 novembre 2025. Source : RBC GMA
Les actions connaissent un redressement impressionnant, mais certains segments restent attrayants
Les actions mondiales ont atteint de nouveaux sommets au dernier trimestre, les investisseurs ayant opté pour la prise de risques dans un contexte d’assouplissement des politiques monétaires, de solides bénéfices des sociétés et d’optimisme en ce qui concerne les avantages de l’intelligence artificielle. Depuis le début de l’année, l’indice S&P 500 a progressé de 16,4 % et l’indice NASDAQ, fortement pondéré en titres technologiques, a inscrit un excellent rendement de 21,0 %, en date du 30 novembre 2025 (figure 7). Les actions mondiales, moins chères, se sont encore mieux comportées, les principaux indices boursiers d’Europe, des marchés émergents et du Canada ayant gagné de 24 % à 31 % cette année en dollars américains.
En raison de ce solide redressement, les actions sont devenues plus chères. D’après notre indicateur composite des valorisations boursières mondiales, elles se situent à près de 14 % au-dessus de leur juste valeur (figure 8). Cela dit, la majeure partie de cette surévaluation concerne les actions de croissance de sociétés américaines à grande capitalisation, tandis que les régions en dehors de l’Amérique du Nord, en particulier l’Europe et les marchés émergents, continuent d’offrir un potentiel de hausse attrayant.
Figure 7 : Variations des cours des principaux indices en USD
Cumul annuel 2025
Nota : Au 28 novembre 2025. Les sept magnifiques sont Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Figure 8 : Indice composite des marchés boursiers mondiaux
Indices des marchés boursiers par rapport au point d’équilibre
Nota : Données en date du 28 novembre 2025. Source : RBC GMA
Les solides bénéfices des sociétés se reflètent dans les valorisations élevées de l’indice S&P 500
L’indice S&P 500 est l’un des indices boursiers les plus chers, mais cette prime peut être justifiée par sa capacité à générer une croissance rapide des bénéfices. Les bénéfices ont progressé de 14,7 % sur un an, et 83 % des sociétés ont surpassé les estimations des analystes au troisième trimestre (figure 9). En conséquence, les analystes ont révisé à la hausse leurs prévisions pour l’année à venir et s’attendent à ce que les bénéfices des sociétés de l’indice S&P 500 enregistrent une croissance de 14,3 % en 2026 (figure 10). L’une des façons dont les bénéfices pourraient continuer d’afficher une croissance à deux chiffres dans un contexte de croissance économique inférieure à 10 % consiste à accroître les marges bénéficiaires, à la faveur de l’intelligence artificielle et de la baisse des coûts d’emprunt. Cela dit, comme l’indice S&P 500 se négocie à plus d’un écart type au-dessus de la juste valeur estimée par notre modèle, la poursuite de la forte hausse des bénéfices ainsi que le maintien de la confiance accrue des investisseurs sont essentiels pour que les actions de sociétés américaines à grande capitalisation continuent de progresser (figure 11).
Figure 9 : Les sociétés faisant partie du S&P 500 publient des résultats supérieurs aux prévisions générales
Nota : Données en date du 28 novembre 2025. Source : Refinitiv
Figure 10 : Indice S&P 500
Estimations générales des bénéfices
Nota : Données en date du 28 novembre 2025. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Figure 11 : Point d’équilibre de l’indice S&P 500
Bénéfices et valorisations normalisés
Source : RBC GMA
Composition de l’actif – réduction de la surpondération des actions et affectation du produit aux liquidités
Notre répartition de l’actif reflète l’équilibre entre les risques et les occasions. D’après notre scénario de base, l’économie continuera de croître à un rythme modéré et l’inflation sera suffisamment maîtrisée pour que la Fed puisse poursuivre l’abaissement graduel des taux d’intérêt. Dans un contexte où les bénéfices des sociétés continuent de croître, les actions offrent un potentiel de rendement supérieur à celui des obligations, en particulier les actions internationales dont les valorisations sont relativement plus attrayantes. Nous reconnaissons que les actions ont connu une forte progression, que les valorisations des actions de sociétés américaines à grande capitalisation sont très élevées et que divers indicateurs techniques et indicateurs de confiance laissent croire que les valorisations des actions sont exagérées à court terme. Par conséquent, nous avons réduit la surpondération des actions d’un point de pourcentage au cours du trimestre et avons affecté le produit aux liquidités, dont la pondération est proche d’un niveau neutre, ce qui, selon nous, nous permettra de tirer parti des occasions qui se présenteront. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 61,0 % en actions (pondération stratégique « neutre » de 60 %), 37,0 % en obligations (pondération stratégique « neutre » de 38 %) et 2,0 % en liquidités (figure 12).
Figure 12 : Composition d’actifs recommandée
Comité des stratégies de placement RBC GMA
Nota : Au 2 décembre 2025. Source : RBC GMA