Nous présentons notre analyse des principaux thèmes et points de tension sur les marchés mondiaux de titres à rendement élevé, ainsi que nos perspectives pour le reste de l’année.
À notre avis, le financement à effet de levier offre aujourd’hui un potentiel de rendement particulièrement intéressant. Compte tenu des rendements en revenu actuels, nous nous attendons à ce que cette catégorie d’actif génère, en dollars, un rendement d’un peu moins de 10 %. Cette prévision s’appuie sur un portage élevé, résultant des taux de base et des écarts, mais également sur des occasions d’alpha et de rendements globaux provenant de la dispersion entre les différents secteurs et au sein de ceux-ci.
“Il s’agit d’un contexte où la combinaison d’écarts de taux élevés et d’un potentiel de rendement global s’avère attrayante et pourrait se traduire, à l’avenir, par des rendements très intéressants. ”
Même si nous estimons que les données fondamentales sous-jacentes sont solides, il est important de souligner que les données techniques demeurent favorables. Voici quelques facteurs qui expliquent cette situation.
Premièrement, le volume global des fusions et acquisitions est assez bas depuis quelques années. On s’attendait à ce qu’il se redresse cette année, mais en raison de l’incertitude macroéconomique, les fusions et acquisitions demeurent peu nombreuses. Nous ne nous attendons pas à ce qu’un fort volume de nouvelles fusions et acquisitions entraîne des émissions d’obligations à rendement élevé. Il s’agit là d’un facteur technique favorable au marché.
Deuxièmement, les entrées de capitaux dans cette catégorie d’actif continuent de croître, ce qui montre que les investisseurs restent attirés par la solidité générale de son profil de crédit. L’accent est mis sur les placements en titres de créance à rendement élevé, surtout lorsque les taux et les écarts sont aussi attrayants qu’ils le sont en ce moment. De plus, la catégorie d’actif bénéficie d’un important flux de liquidités provenant des versements de coupons. Ces versements d’intérêts ayant augmenté, les investisseurs les réinvestissent dans cette catégorie d’actif.
Les données techniques sont donc favorables, mais qu’en est-il des données fondamentales ? Du point de vue des facteurs fondamentaux, la catégorie d’actif a continué de s’améliorer considérablement. Pour évaluer les paramètres fondamentaux, nous procédons d’abord à une analyse macroéconomique globale, selon une approche descendante. L’un des points positifs est que les bilans des ménages sont sains à l’échelle mondiale. Les niveaux d’emploi sont stables, avec de faibles taux de chômage. Dans l’ensemble, même si les consommateurs ont été touchés par la hausse des coûts de l’énergie et du coût de la vie, leurs bilans sont en bonne posture.
Du côté de la politique monétaire, la BCE a abaissé les taux d’intérêt depuis plusieurs trimestres, tandis que la Fed s’est abstenue d’intervenir. Nous prévoyons encore quelques réductions de taux d’ici la fin de l’année en Europe, mais nous pensons que le principal message à retenir sur le plan de la politique monétaire est que la BCE se concentre sur la croissance.
À notre avis, quelques points clés méritent d’être soulignés concernant la situation générale. Nous continuons de prévoir que le taux de défaillance des obligations américaines à rendement élevé en 2025 sera inférieur à 2 %. Le taux de défaillance des obligations européennes à rendement élevé devrait grimper à 5-6 % en incluant les échanges de titres en difficulté, et s’établir à 1,5 % sans eux. De plus, les niveaux d’endettement restent globalement stables et raisonnables, surtout pour les entreprises européennes, même si, bien entendu, une dispersion subsiste entre les secteurs et entre les émetteurs. Par ailleurs, la répartition des cotes s’est améliorée au fil du temps. Enfin, la qualité de cette catégorie d’actif se renforce, en partie grâce à la migration des titres de créance de qualité inférieure vers le marché des titres de créance privée.
En ce qui concerne les niveaux des écarts, le graphique suivant témoigne de légères fluctuations au cours des deux ou trois derniers mois, liées à l’annonce des droits de douane du « jour de la libération ». Selon notre scénario de base, les écarts devraient se resserrer lentement d’ici la fin de l’année. Nous pouvons imaginer un scénario dans lequel de grands « anges déchus » notés BB, tels que Warner Brothers (WBD) et peut-être Ford, rejoignent les indices de titres à rendement élevé, tandis que les flux de capitaux des investisseurs restent positifs, compte tenu du risque réduit d’une récession imminente aux États-Unis et de l’absence d’une raison majeure d’allonger significativement la duration.
En résumé, pourquoi investir dans des obligations à rendement élevé maintenant ? Les points clés à souligner sont un portage élevé, un rendement en revenu intéressant et un potentiel de rendement global, soutenus par des facteurs techniques et fondamentaux solides.
Nous estimons que ce contexte de marché, bien que difficile, est très intéressant du point de vue de la sélection des titres de créance. Le potentiel d’alpha des titres individuels devrait augmenter au cours des 12 prochains mois, alors que le marché continue de différencier les émetteurs en fonction de leurs résultats et de leur accès au financement.
Écart de crédit de l’indice Global High Yield et des obligations notées BB et B
Sources : ICE BofA, Bloomberg, au 18 juin 2025. Nota : Indice ICE BofA Global High Yield Constrained, indice ICE BofA BB Global High Yield et indice ICE BofA Single B Global High Yield.