Dans cet épisode, Marcello Montanari, premier directeur général et premier gestionnaire de portefeuille, Actions nord-américaines, et Rob Cavallo, premier gestionnaire de portefeuille, Actions nord-américaines, se penchent sur les récents développements et les préoccupations entourant le financement des fournisseurs dans le secteur de la technologie et font la lumière sur les répercussions qui se font sentir. Ils discutent de l’évolution du commerce électronique à l’ère de l’intelligence artificielle, en mettant l’accent sur Shopify et l’intégration de ChatGPT à cette plateforme. Enfin, ils examinent la récente remontée du cours des actions dans le secteur des soins de santé en analysant les facteurs sous-jacents pour déterminer s’il s’agit d’une tendance durable.
(en anglais seulement)
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Transcription
Jordan Wong
Bonjour à tous. Bienvenue à Parlons technologie. Je m’appelle Jordan Wong. Je suis analyste de portefeuille au sein du groupe Services-conseils en produits de placements de RBC GMA. Comme toujours, je suis accompagné de Marcelo Montanari et de Rob Cavallo, gestionnaires de portefeuille de notre équipe Actions nord-américaines basée à Toronto. Pour ceux qui découvre l’émission, Marcello et Rob gèrent plus de 6 milliards de dollars. Ces actifs sont répartis entre plusieurs stratégies axées sur la croissance. Les deux fonds majeurs sont le Fonds de sciences biologiques et de technologie RBC et le Fonds mondial de technologie RBC. Nous nous réunissons chaque mois pour parler de tout ce qui a trait à la technologie et aux soins de santé. Ce sont deux des secteurs les plus novateurs du S&P 500. Que vous soyez ou non porteur de parts dans ces stratégies, nous pensons que c’est un excellent moyen de suivre chaque mois l’actualité de ces deux secteurs. Messieurs, merci de vous joindre à nous aujourd’hui.
Marcello Montanari
Merci.
Jordan Wong
Dans l’épisode d’aujourd’hui, comme toujours, il y a plusieurs sujets qui me semblent vraiment pertinents à aborder. Le mois dernier, nous avons commencé à nous demander si nous étions dans une bulle de l’IA. Nous avons plaisanté en disant que ce serait probablement la dernière fois que nous aborderions ce sujet. Je ne pensais pas que nous en parlerions deux épisodes d’affilée, mais il y a eu un certain nombre d’événements récents qui méritent vos commentaires. De plus, il y a eu quelques annonces importantes dans le domaine du commerce électronique, en particulier concernant l’intégration des GML et de l’IA à ces plateformes. Et enfin, les actions du secteur des soins de santé ont connu une forte hausse ces derniers temps. Robert, j’aimerais savoir ce que vous en pensez. Pour commencer, pourquoi ne pas revenir sur le débat autour de la bulle de l’IA ?
Depuis notre dernier épisode, plusieurs annonces importantes ont été faites concernant OpenAI. Les investisseurs sont, à juste titre je pense, de plus en plus inquiets face à ce phénomène de revenus circulaires. Pour ceux qui ne sont pas au courant, OpenAI a annoncé des partenariats assez importants avec NVIDIA et AMD. Marcello, Rob, pourriez-vous déjà nous donner votre avis sur ces annonces ? Que signifient-elles ? Et quelles seront les répercussions sur la chaîne logistique et sur les autres grands investisseurs ?
Rob Cavallo
Bien sûr. Je vais peut-être commencer par là. Et Marcelo, n’hésitez pas à compléter mes propos. Du point de vue purement analytique, quand les manchettes indiquent déjà que nous sommes dans une bulle, et qu’il y a ensuite des annonces massives de financement des fournisseurs qui rappellent encore plus ce qui s’est passé au plus fort de la bulle en 2000, on comprend pourquoi les esprits s’échauffent quant à la signification de tout ça. Mais je pense qu’avec du recul, ce n’est pas aussi catastrophique qu’il n’y paraît à première vue.
Je crois que nous devons examiner la situation sous différents angles, en commençant par OpenAI. OpenAI a lancé un défi aux autres fournisseurs de services infonuagiques à grande échelle en leur disant : « Nous allons jouer le coup à fond. Nous allons être ambitieux. Nous allons nous développer au-delà des fournisseurs de services infonuagiques à très grande échelle. Nous allons chercher à renforcer notre capacité de centres de données, si nécessaire, car nous avons de grandes ambitions pour l’avenir du secteur en 2030 et au-delà. Êtes-vous prêt à suivre le rythme ? Nous sommes une société fermée. Nous pouvons flamber des liquidités. Nous n’avons pas à gérer les aléas des rapports trimestriels. » Ils profitent donc actuellement de certains avantages avant un possible événement de liquidité public d’ici un an ou deux, ou autre. Je dirais que, dans l’ensemble, je ne sais pas à quel point les gens croient aux plans d’expansion qu’ils annoncent. Oui, certaines actions ont réagi, probablement plus chez AMD que chez NVIDIA ou Broadcom, car je pense qu’il y a une certaine appréhension à l’égard de la mise en œuvre de ces ambitions. Ce qui est important, c’est que ce qu’ils font n’a pas d’incidence sur le scénario de base de la croissance pour les deux à trois prochaines années provenant des dépenses de base des grands dépensiers comme Meta, Google, les États souverains, etc. En revanche, cela change peut-être le scénario haussier pour 2030.
Mais du point de vue du financement circulaire, prenons un peu de recul. OpenAI a annoncé un projet de 10 gigawatts avec NVIDIA, de 10 gigawatts avec Broadcom et de six gigawatts avec AMD. On parle de 800 à 1 000 milliards de dollars de dépenses, si ça se concrétise. Ils devront examiner toutes sortes de financements. Et cela inclura certaines parties de la chaîne logistique. NVIDIA, la première à se lancer, s’engage à prendre une participation dans OpenAI pouvant atteindre 100 milliards de dollars, à condition qu’ils déploient effectivement le projet de 10 gigawatts. En substance, NVIDIA dit : « Nous disposons de 60 milliards de dollars de liquidités au bilan. À la fin de 2027, si nous atteignons nos objectifs, nous devrions disposer de plus de 400 milliards de dollars de liquidités au bilan. Nous n’allons pas seulement racheter des actions, nous allons saisir l’occasion de financer une partie du financement massif qui sera nécessaire pour soutenir cette expansion. Cela viendra s’ajouter à nos projets ». La demande existe et ils n’ont pas besoin d’inonder le marché de liquidités pour garantir l’achat de leurs produits. Cela soutient le scénario haussier quant à l’évolution de cette expansion au cours des cinq prochaines années. Et si elle n’a pas lieu, cela ne changera en rien les prévisions pour les prochaines années. Leur situation n’est donc pas si grave si on creuse.
Même chose pour Broadcom. J’ai parlé avec le chef de la direction la semaine dernière. Il a un régime de rémunération qui le lie à l’entreprise pour les cinq prochaines années, qui est entièrement basé sur la production de revenus de l’IA. Il va toucher une somme considérable si l’entreprise parvient à générer plus de 100 milliards de dollars de revenus grâce à l’IA d’ici 2030. Et il est extrêmement optimiste. Et c’était avant même l’annonce d’OpenAI. AMD me préoccupe un peu plus. AMD a dû céder 10 % de la société pour obtenir ce projet avec OpenAI. Tout simplement parce qu’AMD est un acteur secondaire sur le marché des processeurs graphiques après NVIDIA. C’est un produit de la baie informatique évolutive qu’AMD ne possède même pas encore. Donc, en substance, AMD dit : « Nous vous donnerons 10 % des capitaux propres de notre société si vous croyez que nous déploierons ce projet et soutiendrons votre expansion au cours des cinq prochaines années. »
Financièrement, c’est donc beaucoup plus risqué pour eux que pour Broadcom ou NVIDIA. Mais il est clair que la façon dont ces projets se dérouleront aura une incidence sur cet aspect. Encore une fois, j’essaie d’être lucide, de prendre du recul et de m’assurer que je ne manque pas l’essentiel. Je ne pense pas qu’on ait atteint le pic du marché. C’est un financement créatif destiné à soutenir un projet d’expansion extrêmement cher si OpenAI peut atteindre ces chiffres, ou plutôt ses objectifs. Mais en attendant, je pense que cela pourrait inciter des sociétés comme Google et Meta à investir, qui se disent : « Nous avons des flux de trésorerie disponibles dans notre bilan. Allons-nous laisser OpenAI nous évincer de ce marché ? » Il est donc possible que les dépenses à très court terme augmentent.
Cela ne change pas mon point de vue global, mais cela incite clairement à la prudence, à faire attention à ne rien manquer. Je pense toutefois que nous n’en sommes qu’au début. Le pic n’a pas encore été atteint.
Jordan Wong
J’ai plusieurs questions pour vous. Quelle est la probabilité que d’autres entreprises tentent de conclure des ententes similaires avec OpenAI ? Évidemment, NVIDIA et AMD ne sont pas vraiment des concurrents d’OpenAI. Mais une entreprise comme Meta le serait. Cela met-il un peu de pression sur Meta pour qu’elle conclue des ententes similaires avec ces sociétés, voire avec OpenAI elle-même ?
Rob Cavallo
Je ne sais pas si ça entraînerait un partenariat avec OpenAI. Mais cela les obligerait à revoir leurs plans d’expansion en matière de capacité de calcul. Les autres sociétés similaires à Google, Amazon et Meta, dans une certaine mesure, tentent d’élaborer leurs propres puces personnalisées pour concurrencer NVIDIA et réduire leurs coûts. NVIDIA dit en substance : « D’accord, attendez votre tour, si vous ne voulez pas vous engager, vous n’obtiendrez peut-être pas votre attribution, car elle pourrait aller à quelqu’un d’autre. Et maintenant, M. Amazon, êtes-vous certain que vous pourrez construire une meilleure puce et avoir la capacité de calcul nécessaire pour concurrencer OpenAI ? » Pour NVIDIA, il s’agit aussi de s’assurer que leurs autres clients soient transparents et ne modifient pas trop leurs commandes de processeurs graphiques au cours des deux à cinq prochaines années.
Jordan Wong
Une autre question. Dans le dernier épisode, nous avons beaucoup comparé cela avec la bulle technologique du début des années 2000. Y a-t-il un précédent pour cette structure de revenus circulaires basée sur le financement des fournisseurs que nous observons ? Ou est-ce quelque chose de nouveau ?
Rob Cavallo
Non, ce n’est pas nouveau. C’est ce qui s’est produit lors de la bulle technologique et de la bulle liée au développement de la fibre. Cela se produit même en dehors des bulles, dans différentes parties du secteur. Ce n’est pas rare. Mais quand on se demande déjà si nous sommes dans une bulle, et qu’on reparle tout d’un coup du financement des fournisseurs, on pense à ce que Cisco et les autres ont fait à l’époque, et les pessimistes peuvent facilement se dire : « Ça recommence. C’est le sommet. Vendons tout, car c’est superficiel et le château de cartes est sur le point de s’effondrer. »
Ce n’est donc pas nouveau. Mais dans certains cas, comme la bulle de l’an 2000, cela ravive des souvenirs peu agréables des répercussions. Cependant, chaque situation est différente. Nous verrons a posteriori si c’est vraiment différent, ou si je passe à côté de quelque chose. L’avenir nous le dira.
Jordan Wong
C’est très éclairant.
Marcello Montanari
C’est un réflexe facile à avoir. On voit du financement par les fournisseurs dans l’ensemble de l’économie. Pensez par exemple au rôle de Ford Finance et de General Motors Finance. C’est très courant. Donc ce n’est pas spécifique à ce secteur. Mais oui, cela fait sourciller.
Rob Cavallo
Et pour rassurer les porteurs de parts, nous n’ignorons pas la situation. Nous faisons les analyses nécessaires, nous cherchons des façons de protéger les portefeuilles et nous n’investissons pas aveuglément. Nous ne sommes pas encore inquiets, mais nous sommes conscients des risques.
Jordan Wong
Oui. Excellent. Passons à un autre sujet. Peut-on parler de l’alliance entre le commerce électronique et l’IA, en particulier des annonces liées à Shopify ? Les commerçants de Shopify pourront désormais vendre directement par l’entremise de ChatGPT. Quelle est l’importance de cette annonce du point de vue de Shopify et du commerce électronique en général ?
Marcello Montanari
Oui. Je ne sais pas comment cela fonctionnera, mais il faut d’abord se demander ce qu’est Shopify. Shopify est une infrastructure pour les commerçants. Ici, la plateforme pourrait évoluer, tout comme nous sommes passés de l’ordinateur de bureau aux appareils mobiles. On pourrait donc voir un autre changement de plateforme. Shopify est là pour servir ses clients et s’assurer qu’ils sont préparés pour l’avenir. Ce qui est intéressant ici, c’est qu’il s’agit d’un grand changement en ce sens qu’historiquement, le marché de la recherche était très centré sur les mots. Vous cherchiez un mot comme « veste » ou autre. Mais maintenant, avec l’IA et les capacités des GML, vous pouvez aller beaucoup plus loin et utiliser beaucoup plus d’intégrations différentes. Maintenant, la recherche peut être détaillée, comme : « Je cherche quelque chose de chaud en laine, marron, qui ne démange pas. » Cela peut intégrer un grand nombre de produits. Shopify est en train de créer un nouveau catalogue complet dans lequel on pourra faire une recherche parmi toute une série d’intégrations. Ce catalogue serait disponible par l’entremise de ChatGPT. Ils discutent aussi avec Perplexity, Claude et d’autres entreprises d’IA. Donc ils peuvent le rendre visible grâce à ces plateformes, par l’intermédiaire de ce qu’on appelle un protocole MCP, qui est en fait une API. Il permet aux applications de communiquer entre elles. C’est ce qui permet la compatibilité.
Je pense que c’est très positif pour Shopify, car, étrangement, les petites entreprises ont de meilleurs sites Web de commerce électronique que beaucoup de grandes entreprises. Shopify y travaille tous les jours. Tous leurs employés travaillent pour offrir la meilleure expérience qui soit. La plateforme de Shopify a de meilleurs taux de vente que les autres sites. Il faut maintenant avoir recours aux capacités de l’IA, et Shopify met tout en œuvre pour y arriver. Alors que si vous êtes une grande entreprise indépendante qui exploite son propre site de commerce électronique depuis longtemps, vous avez probablement déjà pris du retard et vous devez désormais créer un catalogue avec de multiples intégrations dans lequel il est possible d’effectuer une recherche à l’aide d’un GML. Donc, je pense que ce sera vraiment positif pour Shopify, car c’est l’un des rares acteurs capables de le faire.
Nous entrons dans l’ère de l’IA agentique. Ces systèmes auront de la mémoire. Ils sauront ce que vous aimez. Ils verront ce qui vous a intéressé dans le passé. L’agent sera en mesure de vous faire des suggestions proactives. Cela va encore élargir le marché potentiel total du commerce électronique. Je crois donc que la vente au détail va s’éloigner des magasins physiques pour s’orienter vers le commerce électronique. Tout compte fait, les perspectives semblent encore plus optimistes pour le commerce électronique en général, et Shopify me semble déjà très bien positionnée.
Jordan Wong
Le magasinage de Noël sera peut-être un peu plus facile cette année. Marcelo veut donc un chandail marron qui ne démange pas. Rob, pour conclure ces dernières minutes, nous avons constaté que le secteur des soins de santé a affiché des résultats supérieurs au cours des dernières semaines, principalement grâce aux actions biopharmaceutiques. Peut-être que nous pouvons parler des facteurs de cette reprise et si elle va perdurer.
Rob Cavallo
Oui. Je vais essayer d’être bref. Les valorisations du secteur des soins de santé ont atteint l’un de leurs plus bas niveaux historiques par rapport au marché, même si les données fondamentales n’étaient pas si mauvaises. Le secteur de la biotechnologie s’est redressé depuis le « jour de la libération » au début d’avril et c’est un segment d’investissement intéressant, notamment en raison des taux. Le sentiment qui entoure l’orientation des taux de la Fed pour les 12 prochains mois a donc été favorable à ce secteur.
Récemment, les actions de sociétés pharmaceutiques et de biotechnologie à grande capitalisation ont commencé à participer au marché. Je pense que c’est parce que les doutes liés à la réglementation ont commencé à se dissiper. Nous en avons parlé dans le balado précédent, c’est un facteur à prendre en considération pour le secteur. Il y a déjà des ententes de Pfizer et d’AstraZeneca, qui donnent à l’administration Trump une certaine marge de manœuvre en matière de réduction des prix et de relocalisation des investissements aux États-Unis, et qui établissent l’orientation stratégique du secteur pour faire face à l’instabilité liée à la tarification et aux droits de douane depuis le changement d’administration. Les obstacles réglementaires s’atténuent, les chiffres du segment s’améliorent dans l’ensemble, les révisions des bénéfices reflètent une tendance positive. Comme je l’ai dit, les valorisations se situaient à un creux historique. Tout cela permet d’envisager une reprise du segment, et je pense qu’elle sera durable.
Elle ne produira peut-être pas les meilleurs rendements si l’appétit pour le risque persiste, mais je pense que c’est une excellente couverture dans notre portefeuille contre les titres technologiques. Indépendamment de cela, il existe d’autres facteurs idiosyncrasiques qui expliqueraient pourquoi le secteur pourrait bien se comporter même dans une période d’appétit pour le risque. En plus, il fournit une certaine stabilité défensive. Nous sommes donc bien plus confiants dans le secteur des soins de santé qu’il y a trois ou six mois.
Jordan Wong
C’est une excellente nouvelle. Voilà, nous avons fait le tour des sujets que je voulais aborder dans cet épisode. Une fois de plus, je tiens à vous remercier du temps que vous nous consacrez chaque mois. Si vous souhaitez en savoir plus sur des stratégies comme le Fonds de sciences biologiques et de technologie RBC et le Fonds mondial de technologie RBC, je vous invite à visiter notre site Web, rbcgam.com. Je le mentionne à nouveau, nous publions ces vidéos sur YouTube. Donc, si vous préférez regarder ces épisodes sur YouTube, il devrait y avoir un lien quelque part en bas de la page Web. Merci encore à vous tous de nous avoir suivis. Nous nous retrouverons le mois prochain.
Rob Cavallo
Merci.
Marcello Montanari
Super. Merci.
Jordan Wong
Merci. Merci à tous.