Investir dans l’égalité : la diversité et l’inclusion
La diversité des genres au sein des conseils d’administration et des équipes de haute direction des entreprises est un enjeu important pour les investisseurs depuis plus de dix ans. Les investisseurs reconnaissent les données de plus en plus nombreuses indiquant que la diversité au sein du conseil d’administration est directement liée à un certain nombre d’indicateurs de rentabilité, de santé financière et même de controverses liées aux critères ESG17
Faut-il adopter des cibles de diversité pour les minorités au sein des conseils d’administration ?
Les objectifs de diversité des conseils d’administration
Cet élan s’est renforcé au cours des cinq dernières années. En particulier, l’importance de ces questions a été soulignée par la pandémie de COVID-19, qui a fait ressortir les inégalités sociales liées au sexe et à la race, ainsi que l’importance d’une saine gouvernance d’entreprise et de pratiques de gestion du personnel.
Bien que les investisseurs comprennent en général l’importance de la diversité au sein des conseils d’administration et des effectifs, leurs opinions sur la façon de régler ces problèmes sont partagées. Par exemple, RBC GMA s’est interrogée la première fois sur les objectifs de diversité des conseils d’administration en 2020 et a constaté que 44 % des investisseurs y étaient favorables, alors que 28 % ne l’étaient pas, et que les autres étaient incertains. En 2021, 35 % des investisseurs interrogés ont déclaré qu’ils n’étaient pas en faveur des cibles. Au lieu de cela, les investisseurs semblent préférer laisser aux « forces du marché » le soin d’améliorer la diversité.
Quelle approche préférez-vous pour accroître la diversité des genres au sein des conseils
d’administration ?
Alors que des mouvements de protestation et des campagnes contre les discriminations ont lieu depuis plusieurs décennies, les événements de ces dernières années ont galvanisé de nombreuses organisations pour apporter des changements. Au sein des services financiers, les entreprises et les groupes sectoriels ont publié des déclarations de soutien et des plans d’action pour améliorer leurs compétences en matière de diversité et s’employer à résoudre les inégalités.
Au Royaume-Uni, l’Investment Association a créé plusieurs programmes visant à améliorer la diversité au sein du processus d’embauche dans l’industrie britannique de la gestion d’actifs qui s’élève à 9,4 billions de livres sterling (12,3 billions de dollars). Investment 20/20 est un projet pour l’emploi conçu pour élargir l’accès au secteur tant pour les personnes qui quittent leurs études que pour les diplômés universitaires. L’organisme a apporté son soutien au projet sur la diversité intitulée « Diversity Project » et à la charte pour les femmes dans la finance (« Women in Finance Charter ») qui traitent de l’inégalité raciale et de l’écart salarial entre les sexes18.
D’autres programmes d’investissement ont vu le jour. Ils visent à améliorer la diversité des entreprises et l’investissement dans les entreprises et les collectivités dirigées par des minorités.

Entre 2007 et 2020
38%
Selon la SEC, le nombre d’entreprises détenues par des minorités exerçant leurs activités aux États-Unis a augmenté de 38 % entre 2007 et 202019. Cependant, ces entreprises peinent souvent plus à lever des capitaux que celles dirigées par des propriétaires blancs. La SEC a trouvé un cas similaire pour les entreprises détenues par des femmes : quoique plus nombreuses, les femmes entrepreneures éprouvent plus de difficultés pour lever des capitaux que les entreprises dirigées par des hommes.
Réponse des organismes de réglementation
Les gouvernements et les organismes de réglementation de plusieurs pays et territoires réagissent à ces événements en adoptant de nouvelles règles et directives relatives à la diversité et à l’inclusion.

Au Canada, par exemple, les sociétés ouvertes sont tenues de déclarer des informations sur la diversité depuis 2014. Les femmes représentent maintenant près d’un quart (23,4 %) des membres du conseil d’administration des sociétés inscrites à la Bourse de Toronto20.
En Australie, la proportion de femmes occupant des mandats au sein des conseils d’administration des 200 plus grandes sociétés cotées du pays est passée de 26,2 % à 34,2 % entre 2017 et 202121.
Aux États-Unis, le marché boursier du NASDAQ a introduit de nouvelles règles pour que les sociétés cotées aient au moins deux « administrateurs d’origines diverses », définis comme au moins une « administratrice qui s’identifie comme une femme » et un administrateur ou une administratrice qui « s’identifie comme appartenant à une minorité sous-représentée », y compris une minorité raciale ou LGBTQ+.22
Ailleurs, le Japan Exchange Group, propriétaire de la Bourse de Tokyo, a révisé ses règles d’inscription à la cote des titres en juin 2021 afin d’obliger les sociétés cotées à adopter une politique et « des objectifs mesurables volontaires » pour la diversité au sein de la haute direction, y compris la nomination de femmes et d’experts autres que japonais23.
Les règles exigeant la déclaration de l’écart salarial entre les sexes et le profil social des conseils d’administration des sociétés ont contribué à faire la lumière sur les déséquilibres entre les sexes et les races. Partant de cela, les organismes de réglementation étudient des règles complémentaires pour imposer une plus grande diversité au niveau de la haute direction des sociétés cotées.
Dans un rapport de 2021, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a recommandé des règles de transparence salariale similaires à celles en vigueur dans 18 de ses pays membres pour « identifier et corriger l’écart salarial entre les sexes »24
Ces décisions sont fondées non seulement sur les réponses aux exigences sociétales, mais aussi sur des recherches influentes qui suggèrent que les entreprises dirigées par des conseils d’administration et des équipes de haute direction diversifiés ont tendance à se surclasser à long terme25.
En dehors des sociétés ouvertes, les gestionnaires d’actifs et les autres prestataires de service d’investissement ont également été visés par des mesures en faveur de la diversité. Des experts-conseils en placement comme Willis Towers Watson intègrent des facteurs de diversité dans les recherches et les analyses des gestionnaires, car ils ont trouvé des preuves qu’une diversité accrue est corrélée positivement avec un meilleur rendement des placements26