Principales préoccupations des investisseurs
Au cours des trois dernières années, RBC GMA a demandé aux répondants à son sondage sur l’investissement responsable de classer leurs principales préoccupations liées aux critères ESG par importance. Nous examinons ici certaines des préoccupations jugées les plus importantes au cours de la période.
2019
Cybersécurité
Changements climatiques
Lutte anticorruption
2020
Lutte anticorruption
Changements climatiques
Droits et vote des actionnaires
2021
Lutte anticorruption
Cybersécurité
Changements climatiques
I. Lutte anticorruption
La corruption sous diverses formes peut nuire à la société et aux investisseurs de plusieurs manières. Les délits d’initié et la fixation des prix sur les marchés financiers ont donné lieu à de nombreuses poursuites et amendes au cours des dernières années, tandis que l’institutionnalisation de la corruption dans certaines régions peut entraîner des risques importants en matière d’investissement et de gouvernance.
La lutte anticorruption figure parmi les principales préoccupations des répondants depuis 2019. Un investisseur sur cinq (21 %) a dit que ceci pourrait contribuer à être « déterminant dans les décisions de placement » en 2021, bien que ce pourcentage ait baissé par rapport à 2019 (34 %)36.
Selon la Banque mondiale, la corruption représente un défi majeur pour les efforts visant à éradiquer la pauvreté et à améliorer la prospérité au cours de la prochaine décennie37. Les Nations Unies et le Forum économique mondial ont lancé des initiatives mondiales de lutte anticorruption au cours des dernières années pour s’employer à résoudre ce problème.
La lutte anticorruption figure parmi les principales préoccupations des répondants depuis 2019.

II. Cybersécurité
La cybersécurité demeure l’une des principales préoccupations liées aux critères ESG à l’échelle mondiale. Il s’agit d’une question aux multiples facettes, qui touche à la technologie, à l’investissement et aux arènes sociale et politique.
En 2021, le Center for Strategic & International Studies a enregistré 122 cas de violations graves de la cybersécurité signalées ou confirmées avec la Russie, la Chine, l’Iran, la Corée du Nord et les États-Unis – ainsi que de nombreux groupes indépendants – régulièrement liés38.
Comme RBC GMA l’a souligné dans ses sondages, les cyberattaques peuvent léser l’ensemble des parties prenantes d’une entreprise, perturber ses activités, nuire à la manière dont les employés travaillent et ternir la réputation d’une marque, compromettant ainsi la fidélité et la confiance des consommateurs. Ces attaques représentent également un risque d’investissement, car les entreprises qui sont victimes d’atteintes à la cybersécurité peuvent subir des répercussions financières importantes issues des demandes de réparations légales et d’atteintes à la réputation.
La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a averti qu’une atteinte à la cybersécurité pourrait perturber gravement le système financier et menacer l’infrastructure financière essentielle et la stabilité mondiale39.
À quel point les changements climatiques vous inquiètent-ils ?
(Échelle de 1 à 5 ; 1 correspondant à « négligeable » et 5 à « déterminant dans les décisions de placement »)
III. Changements climatiques
Les changements climatiques constituent un problème généralisé susceptible d’avoir des répercussions sur les émetteurs ainsi que sur les économies, les marchés et les sociétés dans lesquels ils exercent leurs activités. Ils représentent également un risque d’investissement.
Cela se reflète dans la façon dont les investisseurs ont répondu aux sondages de RBC GMA au cours des cinq dernières années. Les changements climatiques qui se classaient au quatrième rang des préoccupations en 2019, ont grimpé d’un échelon pour occuper le troisième rang en 2021. Toutefois, à mesure que les investisseurs comprennent mieux les changements climatiques, leur importance semble avoir changé : en 2021, 16 % ont mentionné les changements climatiques comme un risque qui pourrait être « déterminant dans les décisions de placement », alors qu’en 2019, ce pourcentage était de 36 %40.
Les recherches menées par le cabinet de conseil en placement Mercer en 2019 ont modélisé l’incidence de diverses cibles de température du réchauffement planétaire sur différentes catégories d’actifs, en évaluant les effets sur chacune des mesures nécessaires pour atteindre chaque cible. Le rapport a démontré les graves répercussions économiques de scénarios dans lesquels les températures moyennes mondiales ont augmenté de 3 ou 4 °C, alors que les scénarios impliquant une hausse de 2 ˚C ou moins étaient « les plus bénéfiques »41.
Toutefois, ces risques ne se reflètent pas nécessairement dans les stratégies de placement. Le sondage de RBC GMA de 2021 a révélé que 60 % des répondants ne tenaient pas compte du risque climat dans leurs politiques de placement, et 9 % ont indiqué qu’elles n’étaient pas certaines. On note à ce titre d’importantes disparités régionales : 80 % des investisseurs européens s’intéressent au risque climat dans leurs politiques de placement et seulement 20 % des investisseurs américains indiquent s’y intéresser.

Votre politique de placement traite-t-elle du risque climatique ?
Votre politique de placement traite-t-elle du risque climatique ?
(réponses de 2021 par région)
IV. Droits et vote des actionnaires
Il n’est pas surprenant de voir que les droits de vote des actionnaires constituent une préoccupation importante chez les répondants au sondage, eux-mêmes ou leurs clients étant des actionnaires.
En Europe, l’UE a apporté des modifications à la Directive concernant les droits des actionnaires (SRD II) en 2017. La législation mise à jour vise à améliorer l’engagement des investisseurs dans les questions de gouvernance d’entreprise telles que les politiques liées aux critères ESG et est cohérente avec les objectifs de durabilité au sens large de l’UE pour le secteur des services financiers.
Pendant ce temps, aux États-Unis, la SEC a finalisé en 2020 une règle qui aurait contraint les agences en conseil de vote de fournir leurs recommandations aux sociétés bien avant les assemblées générales annuelles (AGA). Les contestataires ont fait valoir que cela entraînerait des retards inutiles dans la communication de l’information et entraverait la capacité des investisseurs d’influencer les sociétés dans lesquelles ils investissent42. . La règle a ensuite été abandonnée après la prise de fonctions de l’administration Biden.
Le Département du Travail des États-Unis a également tenté de limiter la capacité des régimes de retraite à voter aux AGA d’une entreprise par le biais d’une nouvelle règle introduite à la fin de 2021, toutefois abandonnée depuis43. L’Australie a failli adopter une règle semblable l’année dernière, mais elle a été rejetée par le Sénat australien44.
Parmi les autres principales préoccupations soulevées dans le dernier Sondage sur l’investissement responsable, mentionnons la santé et la sécurité, la rémunération des dirigeants, les énergies renouvelables et les risques liés aux chaînes logistiques.