Le rendement compte : atteindre des rendements responsables
Au cours des cinq dernières années, les systèmes d’évaluation des critères ESG et les normes de déclaration des données se sont multipliés. Des dizaines de groupes de notation ESG ont vu le jour, chacun mesurant le rendement des entreprises ou des produits de placements de différentes façons.
Ces systèmes variables mesurent l’approche des entreprises en matière de changement climatique, d’enjeux environnementaux, de diversité et d’inclusion, de droits de la personne et d’autres facteurs sociaux et de gouvernance, en attribuant des poids différents à chaque secteur pour calculer une cote finale. Cependant, la manière d’attribuer ces cotes n’est pas toujours claire.
Ces incohérences dans les méthodologies entraînent souvent l’attribution de cotes très différentes à la même entreprise dans les divers systèmes et plateformes de notation ESG. Cela signifie également que souvent les cotes ESG ne peuvent être liées directement au rendement financier.
Au lieu de cela, les investisseurs peuvent utiliser ces cotes comme un des nombreux éléments pour évaluer les risques et les occasions liés aux critères ESG. De nombreux investisseurs choisissent de se tenir à l’écart des cotes ESG de tiers et d’utiliser des données directes sur des facteurs ESG précis ou de créer leurs propres systèmes internes de cotation ESG en fonction du processus de placement propre à chaque investisseur.
Au cours des deux dernières années, un certain niveau de convergence des normes d’information des sociétés ouvertes s’est fait jour.
En mars 2021, l’IFRS Foundation a annoncé ses projets de collaborer avec le Conseil des Normes comptables internationales (IASB) et d’autres organismes pour « accélérer la convergence » des normes d’information27.
Trois mois plus tard, l’International Integrated Reporting Council et le Sustainability Accounting Standards Board annonçaient une fusion prévue pour créer la Value Reporting Foundation et s’engageaient à travailler en étroite collaboration avec l’IFRS Foundation2828. L’IFRS Foundation a ensuite formé l’International Sustainability Standards Board lors de la conférence sur le climat COP26 à Glasgow, Écosse29.

Au cours du premier semestre de 2022, le Climate Disclosure Standards Board a été intégré dans l’IFRS Foundation30, la Global Reporting Initiative a annoncé une collaboration avec l’IFRS Foundation pour harmoniser les travaux de leurs Sustainability Standards Boards respectifs31, , et la Value Reporting Foundation a été intégrée dans l’IFRS Foundation32.
Les organismes de réglementation et les investisseurs ont appuyé publiquement ces développements au fur et à mesure qu’ils s’orientent vers une approche mondiale plus standardisée des normes d’information sur la durabilité. L’harmonisation de ces normes vise à améliorer la qualité et la disponibilité des données, ce qui renforce la capacité des investisseurs à évaluer les risques et les occasions liés aux critères ESG dans l’ensemble de leurs portefeuilles.

La dimension ESG : Un générateur alpha ou un facteur d’atténuation du risque (ou aucun des deux) ?
De plus en plus de données issues d’études menées par l’industrie et les milieux universitaires établissent un lien entre les caractéristiques ESG favorables et le rendement conforme ou supérieur aux indices traditionnels.
Plus de 200 études publiées depuis 2015 ont montré que les fonds et les stratégies ESG améliorent les rendements des placements, ce qui contribue à stimuler les rentrées de capitaux des investisseurs33. Par exemple, des recherches menées par le NYU Stern Center for Sustainable Business ont démontré que les entreprises peuvent obtenir des avantages financiers au moyen d’investissements liés aux critères ESG. Parmi ces avantages, citons l’atteinte d’efficiences opérationnelles, l’investissement dans l’innovation, la réduction des risques, l’amélioration des ventes et de meilleures mobilisation et fidélisation des effectifs34.
Les sondages sur l’investissement responsable de RBC GMA ont montré que la plupart des investisseurs s’attendent à ce que les portefeuilles ayant intégré les critères ESG obtiennent d’aussi bons si pas meilleurs résultats que les stratégies non ESG. En 2021, plus de la moitié des répondants ont affirmé qu’ils estimaient que l’intégration des critères ESG pourrait contribuer à générer un alpha durable à long terme.
Toutefois, comme le montre le graphique ci-dessous, une faible minorité, quoique relativement cohérente, de répondants, reste fermement convaincue que les portefeuilles ESG enregistrent de pires rendements que ceux des placements traditionnels.
À votre avis, quel sera le rendement des portefeuilles intégrant les critères ESG par rapport à celui des portefeuilles qui ne tiennent pas compte de ces critères ?
Une méta-analyse de 2021 a révélé que, bien qu’il n’y ait pas « rendement financier démesuré pour les stratégies ESG », de nombreuses analyses ont été contestées par des données ESG incohérentes et les définitions multiples des critères ESG, de la durabilité et de l’investissement responsable. En conséquence, la comparaison de résultats est plus difficile. Quoi qu’il en soit, les recherches ont suggéré que les investissements en fonction de critères ESG donnent aux investisseurs un avantage dans certains cas de figure, surtout en ce qui concerne l’atténuation éventuelle du risque35.
Le concept d’atténuation du risque comme moteur des investissements en fonction des critères ESG est très prisé par les investisseurs. Le sondage sur l’investissement responsable de RBC GMA a démontré invariablement que de nombreux investisseurs considèrent les critères ESG comme un outil de gestion du risque et comme une stratégie génératrice d’alpha.